Frontiere Interdite

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Frontiere Interdite Page 10

by Rifkin,Shepard


  — Non, dit Carson.

  Il tenait un atout, mais il avait le temps de le jouer.

  — Vous voulez parler affaires ? Vous autres nord americanos, vous pensez qu'à ça, les affaires ! Bon. On y va. Première chose. Je donne du bon bétail, pas de bêtes malades. Vous envoyez une carabine, cent cartouches au Mexique, je fais passer vingt bêtes. Vous...

  — Vingt-cinq.

  — Carson, je me suis arrangé avec King Fisher avant même de connaître votre existence. Vingt...

  — Vingt-cinq.

  Le général traça un cercle dans le sable et planta son petit bâton au milieu. Sans lever la tête, il gronda :

  — Je n'aime pas beaucoup ça.

  — Moi non plus. Vingt-cinq.

  — Pas la peine de se mettre en colère. Ni vous ni moi. Il fait trop chaud. Trop de gens autour de nous avec des fusils, non ? Vingt.

  — Vingt-cinq.

  Le général se leva, s'approcha de son cheval et mit un pied à l'étrier.

  — Vous rigolez, amigo. La chaleur vous rend dingue. Si je ne prends pas vos fusils, tout ce que vous avez c'est que de la ferraille.

  — Vous avez besoin de moi, et vous le savez très bien.

  — Pourquoi, Tejano !

  Le général lança une grosse jambe par-dessus la selle et rassembla ses rênes.

  — Je parie que vous jouez bien au poker.

  — Pas mal. Peut-être on fait une partie plus tard.

  — Nous jouons, en ce moment. Vous bluffez et j'ai toutes les cartes. Revenez vous asseoir.

  — J'aime pas cette façon de parler. Qu'est-ce que vous voulez dire?

  — Dans trois jours, quatre au plus, vous aurez à combattre l'armée mexicaine. Vous aurez du mal à vous défendre. Ceux de vos hommes qui possèdent une carabine — pas plus d'un sur dix — n'ont plus que trois ou quatre cartouches.

  — Vous ouvrez les oreilles, on dirait.

  — Oui.

  — Bon. Vous savez tout. D'accord, j'ai besoin de ces armes. Vingt-cinq bêtes.

  — Plus maintenant.

  — Quoi ? Je ne comprends peut-être pas bien votre anglais. Qu'est-ce...

  — Vous comprenez très bien. La discussion m'a donné soif. Quand j'ai soif, les prix montent. C'est trente bêtes, maintenant.

  Le général considéra Carson. Ses mains se crispaient si fortement sur les rênes que les phalanges pâlissaient. Finalement, il répondit :

  — Un jour, on se retrouvera. Peut-être en enfer, ça n'a pas d'importance. Je vous attendrai, Tejano.

  — J'ai passé toute une journée et toute une nuit à penser à vous, général. Vous vous en tirez à bon compte. Si j'étais vraiment furieux, je casserais toutes ces carabines devant vous, et je vous regarderais devenir dingue. Mais je ne suis pas méchant. Parce que je vais vous permettre de combattre cette armée mexicaine avec des armes et des munitions.

  — Bon, plus de discussion. Trente bêtes, une carabine.

  — Je veux aussi autre chose.

  — Quoi ?

  — Qu'on me rende mon cheval.

  — D'accord.

  — Avec une bonne selle pour remplacer celle que vous avez esquintée.

  — D'accord. Comment vont vos fesses ? Carson éluda la question.

  — Et Luisa de Parral.

  Le général sourit. Puis il se retourna vers Pablo et lui murmura quelques mots. Pablo resta bouche bée. Le général répéta son ordre. Pablo sourit, regarda Carson, et poussa son cheval dans le fleuve.

  — Amigo, dit le général, si je n'avais pas d'armée sur le dos, vous savez ce que je ferais ?

  — Bien sûr. Vous achèveriez votre petit travail au fer rouge.

  — Tout juste.

  — Si vous n'étiez pas dans la ligne de mire de mon tireur d'élite. Vous avez oublié ça.

  — Ecoutez, Tejano, sans blague, venez avec moi. Je vous ferai général, comme moi, hein ? Vous amenez votre homme, celui qui tire si bien.

  Carson se leva en riant. Il se tourna vers la rive texane et hurla :

  — Une caisse de carabines, une caisse de munitions !

  Valdez et un de ses neveux les apportèrent dans l’ile. Le vieux prit un levier et souleva le couvercle d'une des caisses. Le général sourit en prenant une des carabines luisantes de graisse. Il manœuvra la culasse, caressa la crosse et reposa l'arme ; puis il s'essuya les mains sur son pantalon chamarré et leva les deux poings, en se tournant vers le Mexique. Il les ouvrit, les referma, les rouvrit trois fois. Plusieurs cavaliers disparurent dans les fourrés. Cinq minutes plus tard ils reparurent en poussant devant eux trente bêtes. Pendant qu'elles traversaient le fleuve, Carson les examina. Il en refusa deux. Le général siffla et leva deux doigts. Deux autres bœufs furent conduits dans l'eau. Les neveux et les petits-fils de Valdez allèrent à leur rencontre et les ramenèrent à la nage vers le Texas.

  — Je crois deviner qui vous a renseigné, amigo, observa le général en regardant les hommes de Valdez.

  Carson ne répondit pas. Il alla s'asseoir sur sa couverture et contempla le petit troupeau au pied de la colline. King Fisher lui avait dit de demander vingt bêtes pour chaque carabine. Il en avait obtenu trente. Donc les dix de plus étaient à lui, et si tout allait bien, s'il pouvait s'éloigner avec le bétail, et puis trouver un acheteur, il serait bientôt riche. Il savait qu'il aurait des ennuis avec King Fisher au sujet du bétail supplémentaire et de son propriétaire légitime. C'était un risque à courir. Il aurait aussi des ennuis avec un tas de gens, les inspecteurs de l'Association des éleveurs qui voudraient savoir comment il s'était procuré tant de bêtes volées, M. Bond, les Comanches ou les Apaches qui considéraient que le bétail en transit leur appartenait depuis que les bisons avaient disparu, les ranchers qui ne voudraient pas laisser son bétail boire leur eau, ou qui craindraient la fièvre aphteuse. Il courait le risque de mouvements de panique qui pouvaient faire perdre à chaque bête dix livres de bonne viande en une heure, les sables mouvants, l'herbe loco qui rendait le bétail fou.

  L'après-midi s'éternisait. Quand il fit trop sombre pour examiner le bétail, les Mexicains se retirèrent et Carson regagna la rive texane. Après une nuit agitée et inquiète, il retourna dans l'île et reprit le travail de vérification harassant. Quand Luisa apparut sur son cheval, sur la rive mexicaine, la majorité du bétail avait traversé le fleuve. Ses deux mains étaient croisées sur le pommeau de la selle que le général donnait à Carson en échange de la sienne. Pablo guidait le cheval par les rênes. Luisa montait à califourchon ; quand le cheval escalada la berge de l'île, l'eau ruissela le long de ses jambes nues.

  Carson vit qu'elle avait la joue meurtrie et que le visage de Pablo portait plusieurs égratignures qui saignaient encore. Celui-ci remarqua le regard inquisiteur de Carson et s'essuya sur sa manche, en riant. Luisa était maintenant assez près pour permettre à Carson de voir que ses mains étaient attachées au pommeau.

  — Elle ne voulait pas venir, Tejano, dit le général. Elle vous aime peut-être pas. Eh, Pablo ? La señorita prefiria permanecer con nosotros ? La señorita aime mieux rester avec nous, pas vrai ?

  — Si, si, no quiero venir aqui!

  Carson tendit la main et trancha les Liens de Luisa. Elle se massa les poignets, en regardant fixement Pablo et le général. Puis elle baissa les yeux sur les caisses d'armes et de munitions.

  — Suis-je échangée contre des fusils ? demandât-elle.

  — Pas précisément, répondit Carson. Vous représentez plutôt une condition.

  — Est-ce que vous aidez ce... cet animal à lutter contre le Mexique?

  Au mot « animal », le général avait rougi. Sa main saisit sa cravache, mais Pablo lui retint le bras.

  Le général suivit son regard. La main de Carson était posée sur la crosse de son colt.

  — Vous avez tout le bétail, à présent, dit-il en tournant le dos à la fille.

  — J'ai ce que je voulais. Vous n'avez aucune raison de traîner ici plus longtemps.

  Le général secoua la tête.

  — Momen
tito, général, lança ironiquement Luisa. Il ne se détourna pas mais fit signe à Pablo.

  — Vamos...

  — Si les gens de votre espèce, déclara-t-elle dans son espagnol parfait, ont toujours été battus par les Parral, et vos femmes prises par les hommes de ma famille, c'est que vous n'êtes que de la vermine.

  Elle n'avait pas élevé la voix, mais le général tira brusquement sur ses rênes et s'immobilisa. Elle reprit :

  — Puisque vous êtes des animaux, il faut vous traiter comme des porcs ou des serpents. Un jour, je vous écraserai la gorge sous mon talon et je vous tuerai.

  Le général la regarda fixement.

  — Adios, putal fit-il enfin, et il cracha dans l'eau.

  Il tourna son cheval vers le Mexique. Elle se pencha vivement et tira le colt de Carson de l'étui ; avant qu'il ait le temps de réagir, elle avait rabattu le chien. Il lui souleva brutalement le bras. Le coup de feu lui brûla la joue mais la balle alla se perdre au loin. Avant qu'elle tire une deuxième fois, il lui avait arraché le colt de la main, mais entre-temps le général avait fait pivoter son cheval et revenait. Il cravacha violemment la joue de Luisa. D'un geste vif et précis, Carson abattit le canon de son colt sur celle du général. Le coup déchira les chairs jusqu'à l'os, puis Carson enfonça rageusement l'arme dans le ventre du bandit qui se plia en deux, son visage ensanglanté touchant le pommeau. Carson se redressa et menaça Pablo de son colt, mais Pablo avait tiré sa machette et s'apprêtait à la lui abattre sur le crâne. La balle de la Springfield d'Archie lui trancha le poignet. Pablo hurla, lâcha le long couteau et serra de la main gauche ses os brisés.

  — Muy buenas tardes, lança sèchement Carson, en agitant son colt pour leur indiquer le fleuve.

  Le général se redressa et, cramponné au pommeau gluant de sang, il haleta :

  — On se reverra, Tejano ! Attends un peu ! Et elle aussi !

  Carson les suivit des yeux, le colt posé sur sa cuisse. Ce fumier d'Archie, pensait-il, maintenant je lui dois de la reconnaissance.

  XVI

  — Qu'est-ce qu'il va foutre de ces trente carabines qui nous restent? demanda Archie.

  Il était assis avec Bearclaw près du petit feu de camp ; derrière eux se dressait la masse sombre du ranchito des Valdez. La lune s'était levée, avec une brise légère. Archie nettoyait sa Springfield.

  — Qu'est-ce qu'il va foutre...

  — Ah, ta gueule, on n'entend que toi. Et parle pas si fort, il a des oreilles.

  Archie se retourna vers le ranchito.

  — Bla bla bla, comme une vieille squaw, ricana-t-il, mais il baissa tout de même la voix. Comment on va faire pour ramener cinq mille têtes ? On aurait besoin de quinze hommes ! Où on va les trouver ? Faudra trois semaines pour arriver au ranch. J'ai pas envie d'avaler toute cette poussière.

  — Si ça prend trois semaines, ça prend trois semaines, foutu morveux. Et tu avaleras la poussière comme nous autres. On devrait te mettre un mors à la bouche, Archie.

  — Et la fille, poursuivit Archie comme s'il n'avait pas entendu. Une bonne femme dans un convoi de bétail, j'ai jamais vu ça ! Et toi ?

  Bearclaw racla le fond de son écuelle, mangea les derniers haricots, s'essuya la bouche et but une gorgée de café.

  — T'as jamais conduit un troupeau nulle part, dit-il enfin. Tout ce que t'as fait dans ta vie, c'est de traîner dans les salles de billard et emmerder les filles, mais elles voulaient pas de toi, espèce de boutonneux. Alors boucle-la. Moi je vais dormir. Tu prends le premier tour de veille. Et fous la paix à la fille, elle te mettra la figure en lambeaux avec ses ongles si t'essayes de te placer.

  Il étala sa toile par terre, s'enroula dans sa couverture, la tête appuyée presque verticalement contre la selle, puis il tira son sombrero sur son front et ferma les yeux.

  — Il selle son cheval, dit Archie. Où est-ce qu'il va comme ça ?

  — Demande-lui. Archie ne répondit pas.

  Carson rentra dans le ranchito. Quand il passa près du lit de Luisa, elle murmura :

  — Señor Carson?

  — Oui?

  — Vous me laissez toute seule ?

  — Je vais revenir.

  Elle se redressa. Une de ses longues nattes se mit à se balancer. Elle la saisit et l'immobilisa. Carson réprima l'envie de toucher ses cheveux.

  — Pablo m'a violée cet après-midi, dit-elle. Quand il est venu me chercher pour me conduire dans l’île.

  Carson sentit son cœur battre si fort que Luisa devait l'entendre, il en était sûr ; et la señora Valdez, de son petit lit au fond de la salle, devait l'entendre aussi. Il se dit que s'il n'avait pas insisté pour remmener, elle n'aurait pas été violentée, que dans la fuite devant l'armée fédérale, les bandits l'auraient oubliée.

  — Je m'arrangerai pour vous faire conduire à La Nouvelle-Orléans, dit-il en regardant le feu.

  Ses joues brûlaient, et ses mains lui paraissaient soudain énormes. Il ne savait pas où les mettre.

  — Là-bas, vous pourrez prendre un bateau pour Veracruz. Et vous...

  — Mon fiancé est à Mexico. Il ne voudra plus de moi, maintenant.

  — Mais votre hacienda ? Elle haussa les épaules.

  — Où voulez-vous aller, alors ?

  Elle se laissa retomber sur ses oreillers, sans le quitter des yeux.

  — Vous m'emmenez avec vous, maintenant?

  — Demain.

  — Mais pas ce soir ?

  Carson dégaina son colt, s'assura qu'il était chargé et le lui tendit. Elle parut soulagée.

  — Vous reviendrez?

  — Plus tard, oui.

  — Et vous ne me laisserez plus toute seule ?

  — Non.

  Elle sourit et ferma les yeux.

  Carson arriva à Isleta deux heures plus tard. Le saloon était à moitié vide. Bond n'y était pas. La jument de Carson repartit ; la poussière étouffait le martèlement de ses sabots. Bond habitait une maison de bois à proximité de son bureau. Carson mit pied à terre, tira sa Winchester du fourreau de selle, et descendit lentement la rue, un sac de toile au bras. Entre les rideaux mal tirés, il vit Bond assis à une table sous une lampe à pétrole. Il mangeait un épais sandwich, tout en alignant des chiffres dans un registre. Derrière lui, Carson distinguait la masse noire d'un grand coffre-fort. Il y avait un colt sur la table.

  Carson frappa discrètement au carreau. Bond posa son sandwich et saisit son colt, puis il tira les verrous et jeta un coup d'œil dans la nuit.

  — Qui est là ?

  — Un message du général, répondit Carson en espagnol, d'une voix bourrue, en brandissant une feuille de papier pliée.

  — Pas si fort, dit Bond d'un ton inquiet. Entrez.

  Il abaissa son colt et recula. Carson entra. Bond repoussa les verrous et se retourna en tendant la main pour prendre le message. Il se trouva nez à nez avec le canon de la carabine.

  — Tout doucement, dit Carson. Bien lentement. Donnez-moi ce colt.

  Bond blêmit. Il obéit. Carson recula dans un coin de la pièce, de façon à ne pas être vu de la rue.

  — Maintenant, fermez les rideaux. Bond les ferma.

  — Asseyez-vous, monsieur Bond.

  Bond retourna à sa place ; ses doigts se crispèrent sur le rebord de la table.

  — Finissez votre sandwich pendant que je parle. Bond prit le sandwich, en mordit une petite bouchée, mais ne put l'avaler.

  — La gorge sèche, peut-être ? Buvez donc votre bière.

  Carson s'assit en face de Bond, sa carabine sur les genoux. Bond tendit la main vers sa chope, et Carson ajouta aimablement :

  — Ce truc est braqué sur votre ventre. N'essayez pas de me jeter la bière à la figure, ni de me renverser la table dessus. La carabine est armée et la détente est très douce.

  — Qu'est-ce que vous voulez?

  Bond avait une barbe de deux jours dont les nombreux poils gris lui donnaient l'air vieux et malade. Carson eut presque pitié de lui.

  — Vous n'allez pas me souhaiter la bienvenue au Texas ?
demanda-t-il.

  Bond ne répondit pas. Carson se pencha en avant et lui enfonça le canon de la carabine dans le ventre.

  — Soyez le bienvenu, marmonna Bond.

  — Comme ça, c'est mieux. Après mon séjour au Mexique, que vous avez fait de votre mieux pour me rendre agréable, je me suis habitué à la coutume mexicaine qui veut qu'on parle du temps qu'il fait et de sa famille avant d'aborder les sujets sérieux. Comment va votre femme?

  Pas de réponse. Carson poussa de nouveau le canon de la carabine. Bond grogna et rentra le ventre.

  — Très bien, gémit-il.

  — Votre père ?

  — Il est mort.

  — Sincères condoléances. Et votre sœur ?

  — J'en ai pas.

  — Un peu de pluie ne ferait pas de mal aux récoltes. Pas vrai?

  — Si.

  — Bien. On ne peut pas dire que vous êtes un grand bavard, mais enfin ça peut aller. Maintenant parlons affaires. Je pourrais vous tuer tout de suite et me tailler. Personne ne pourrait m'agrafer ni même savoir que j'ai fait le coup. Et vous ne pourriez pas m'en vouloir. N'est-ce pas ?

  Bond regarda fixement Carson. Il avait les lèvres aussi grises que sa barbe et Carson faillit encore le prendre en pitié ; mais au souvenir de la nuit passée les bras tordus et levés en l'air derrière lui, tout sentiment de compassion disparut.

  — Regardez mes yeux, monsieur Bond, et dites-moi ce que vous y voyez.

  Bond s'humecta les lèvres.

  — Ils sont un peu rouges.

  — Vous savez pourquoi ?

  — Non...

  — Votre ami le général possède le sens de l'humour au plus haut degré. Je ne suis pas de très bonne humeur mais on peut quand même conclure un marché. J'ai deux mille sept cents têtes de bétail, des bêtes de deux ans en pleine forme. Elles sont à vous à vingt dollars pièce. Vous voulez les acheter, pas vrai ?... Pas vrai, monsieur Bond ? insista Carson en poussant la carabine.

  Bond laissa échapper un petit bêlement de douleur et hocha vigoureusement la tête.

  — Bon. Alors ça fait cinquante-quatre mille dollars. Et avec les bêtes, je vous propose trente carabines. A l'état de neuf ; on a juste essuyé la graisse, et après une journée d'exercice on les a remises dans les caisses, comme neuves. Je vous les fais cent dollars pièce. Une affaire en or.

 

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