Frontiere Interdite

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Frontiere Interdite Page 16

by Rifkin,Shepard


  — Des tripes de mouton, voilà ce que vous avez, grogna-t-il et il se dirigea en titubant vers la porte.

  — Où tu vas ? cria Bearclaw en lui barrant le passage.

  — Boire un coup aussi vite qu'un Indien va chier ! Ote-toi de là !

  — Non, écoute...

  — Fous-moi le camp, je te dis !

  — Allez, fous-lui la paix, lança Archie. Laisse-le, il devient vraiment mauvais.

  — C'est pas le tord-boyaux qui le rendra gentil.

  — Laisse-le sortir, Bearclaw, grogna King Fisher complètement dégoûté.

  Bearclaw s'écarta de mauvaise grâce.

  — Ça fait un homme de moins, observa Bond.

  — Il nous en reste bien assez.

  Un bruit de sabots résonna soudain dans la rue. Un vaquero se pencha sur sa selle et cria :

  — Mi gêneral !

  Le général courut à la porte.

  — Alla vienen quatre nombres, una mujer, dona de Parral !

  Le général fit signe au vaquero d'aller se poster de l'autre côté de la rue. L'homme sauta à terre, claqua la croupe de son cheval et tandis que l'animal trottait docilement vers son écurie, il traversa la rue en courant et s'engouffra dans une ruelle.

  — Mon plan est foutu, bon Dieu ! grogna King Fisher. Dispersez-vous tous et tâchez de vous servir de votre jugeote. Si vous en avez, ce qui m'étonnerait.

  Les hommes se dispersèrent. Certains coururent dans la rue, d'autres montèrent au premier. Bond tomba à genoux derrière son bureau.

  — Qu'est-ce que vous foutez ? demanda King Fisher. Vous faites votre prière ?

  Bond ouvrit un des tiroirs et en tira un colt.

  — Je me mets à l'abri, c'est tout. Ce bureau est en chêne massif et je ne vais pas bouger de là.

  — A quinze contre cinq, vous avez encore la trouille ? Et un des cinq est une femme ! (Il se mit à rire.) Tiens, j'y pense, le vieux Dave nous l'a bien dit, qu'on avait des tripes de mouton.

  — Qu'est-ce que vous racontez ? bredouilla Bond, affolé. Ils sont déjà en vue ?

  Calmement, King Fisher alla jeter un coup d'œil dans la rue.

  — Pas encore... Si ! Les voilà. Avec notre M. Carson en tête, annonça King Fisher, tout en s'assurant que ses hommes étaient bien postés. Vous savez, Bond, je n'ai jamais tiré dans le dos de personne, je n'ai jamais tendu d'embuscade. Je suis un Fisher, et si ça se trouve, j'aurai honte de moi dans cinq minutes.

  Il se tourna vers Archie, qui souriait et remuait les lèvres. Il le vit prendre une cartouche, la porter à sa bouche et la glisser dans le barillet. Le claquement sec fit sursauter Bond.

  — Où sont-ils maintenant?

  — Plus bien loin, Bond. Vous le saurez pour sûr quand la fusillade commencera.

  — Oye, hombres! cria le général posté sur le toit.

  Trois de ses hommes levèrent le nez. Il leur ordonna de s'asseoir sur le trottoir et de continuer leur partie de cartes.

  — Oye, King Fisher ! ajouta-t-il.

  — Qu'est-ce que vous voulez?

  — Les souris sont là pour le fromage. Pas d'entourloupes avec l'argent, comprende ?

  Quand le groupe fut à cinquante pas du bureau de Bond, le général hurla :

  — Tiran !

  Le cheval de Luisa trébucha. Les trois hommes à qui on avait dit de jouer aux cartes plongèrent précipitamment dans le bureau et se mirent à tirer. Carson saisit la bride du cheval de Luisa mais il était déjà mort et il s'écroula, plaquant Luisa au sol sous lui. Un des neveux de Valdez tomba mort, abattu de trois balles dans le dos ; son cheval partit au galop en traînant son cavalier dont un éperon restait accroché à l'étrier. Un des Mexicains sortit en courant du bureau, arracha la carabine des mains inertes du mort et comme il la brandissait triomphalement, Carson l'abattit d'une balle dans les reins.

  King Fisher entendit le général descendre bruyamment. Sebastiano avait été atteint à la mâchoire inférieure. La balle était ressortie par le haut en emportant la moitié du crâne. Il était couché sur le dos, près du cheval de Luisa, vivant mais évanoui.

  Carson avait sauté à terre et s'était précipité avec Ricardo Valdez dans un restaurant. La cuisinière poussait des hurlements, blottie dans un coin près de son fourneau. Carson l'empoigna par le bras ; elle glapit de plus belle. Il la tira et la jeta par terre. Elle ferma les yeux sans cesser de crier.

  — Bouclez-la et ne bougez pas, ordonna Carson.

  Des trous apparurent dans les vitres, dans le comptoir. Une bouteille de sauce tomate explosa sur une étagère. La femme fut couverte de sauce et de débris de verre. Elle rouvrit les yeux, et à la vue de la tomate, se remit à hurler.

  — Ne bouge pas ! cria Carson à Luisa. (Elle l'entendit et cessa de se débattre.) Ricardo, il y a quelqu'un à la fenêtre du premier, voyez si...

  — Patron, murmura Ricardo.

  Carson se retourna. La clavicule droite du Mexicain avait volé en éclats, du sang coulait de la manche. Carson s'empara d'une pile de torchons, en enfonça un dans la plaie et déchira l'autre pour en faire une écharpe. Des volées de plomb se déversaient sur le restaurant. Les hurlements de la femme s'étaient transformés en un long gémissement aigu et monotone. Au-dessus de la tête des deux hommes, le comptoir se fendit, criblé de balles. De temps en temps, de la poussière blanche tombait sur eux quand une balle arrachait le pisé des murs.

  King Fisher contemplait la scène. Il n'avait pas tiré une seule fois.

  Pablo regardait Sebastiano ; le mourant leva une jambe, l'agita, la laissa retomber. Du sang coulait de sa bouche ; il avait les yeux grands ouverts mais il était évanoui.

  — Oye, Carson ! Valdez voudrait mourir et il y arrive pas !

  Pablo se mit à ramper dans la poussière, vers Luisa et le cheval mort. Dans sa chute, elle avait lâché sa carabine qui se trouvait non loin d'elle, mais hors de sa portée. Quand elle vit arriver Pablo, elle essaya désespérément d'attraper la carabine. Impossible. Pablo l'atteignit et lança l'arme derrière lui. De rage, Luisa griffa la poussière. Il était tout près d'elle, à présent. Il dégaina son colt. Carson tira et la balle brisa le barillet du colt. Pablo secoua sa main douloureuse et se jeta à plat ventre en riant. Il tendit le bras et saisit une des nattes de Luisa.

  — Buenas tardes, señorita, dit-il en tirant si violemment que sa tête heurta son épaule droite.

  Elle se débattit, tenta de se libérer. Sa main griffait toujours le sol, et soudain, elle prit une poignée de poussière et la lança à la figure de Pablo. Il recula, en toussant et en crachant, son œil unique aveuglé. Mais il ne lâcha pas la natte.

  — Espère poquito, grommela-t-il, vamos à ver momentito.

  Un colt à la crosse d'ébène incrustée de petites cartes à jouer en argent glissa dans la poussière, tournoya et vint s'arrêter contre le bras de Luisa. Elle s'en empara vivement et l'arma. Pablo secoua la tête, ouvrit son œil larmoyant et dégaina son couteau. Il le leva et elle tira.

  La balle fit tomber Pablo sur le flanc. Il se souleva sur les genoux, baissa la tête et constata qu'il était blessé à la poitrine. Il leva de nouveau le couteau et Luisa tira trois fois, en sanglotant et en jurant à chaque fois. Il retomba, se releva et rampa vers elle à quatre pattes. Elle tira deux fois et le manqua. Pablo ricana, la main gauche pressée contre sa poitrine. Il leva le couteau, très haut, et l'abattit de toutes ses forces. Au dernier instant, Luisa roula sur elle-même et le couteau s'enfonça dans la terre tandis que Pablo mourait.

  King Fisher jeta rageusement son cigare.

  — Bon Dieu, grommela-t-il, dire que j'avais si bien combiné mon coup...

  Il sortit dans la rue, sa carabine sous le bras. Les coups de feu s'espacèrent, puis cessèrent tout à fait. Les hommes suivaient Fisher des yeux avec perplexité.

  Il traversa la rue, atteignit le cheval abattu et Luisa leva les yeux vers lui, en le menaçant de son colt. Il sourit :

  — Je sais compter, señorita. Vous avez tiré six fois.

  Il posa sa carabine, appuya son épa
ule contre le garrot du cheval mort et poussa. La carcasse fut soulevée. Luisa se dégagea.

  — Votre jambe ? Elle n'est pas cassée ? demanda-t-il.

  — Non.

  Il ramassa sa carabine et alla tirer le colt de Sebastiano de l'étui. Il souleva une des paupières du vieux et la laissa retomber, puis il prit Luisa par le bras et l'entraîna vers le restaurant. Carson leva sa Winchester dès qu'ils entrèrent.

  — Qu'est-ce que je dois faire ? Me rendre ? Je vous tiens en joue, King Fisher !

  — Posez ça, petit.

  Fisher lança le colt de Sebastiano à Carson, qui l'attrapa machinalement.

  — Couchez-vous, dit-il à Luisa et il passa derrière le comptoir où il s'accroupit.

  Carson le regarda faire, l'air intrigué.

  — Vous venez parlementer ?

  — Non. Rien de personnel. Je me contente d'égaliser les chances.

  — Pourquoi ?

  — Disons que c'est plus marrant comme ça. Vous pouvez pas faire taire cette vieille pute ?

  — Non.

  King Fisher se mit à rire, et désigna d'un signe de tête la vitrine et la rue.

  — Ils ont pas encore pigé ce qui se passe. Ils comprendront bientôt. Qu'est-ce qui ne va pas, petit?

  — Je ne vous comprends pas.

  — Faut toujours avoir un pas d'avance sur la foule. Deviner ce que le plus malin de vos ennemis pense que vous allez faire, et puis avancer d'un pas de plus.

  — Qu'est-ce que vous avez à gagner, en venant ici ? Maintenant ils vont tous vous en vouloir à mort !

  — Mettons que c'était trop facile, avec moi là-bas. J'ai pas rigolé comme ça depuis des années et ça va être encore plus marrant bientôt. Alors bougez pas, détendez-vous pendant que ma famille commence à gueuler.

  — Je ne vous comprends toujours pas.

  — J'aime bien un homme qui prend des risques. Maintenant j'en prends et je me sens bien. Allez, empilez toutes vos cartouches et préparons-nous.

  — Hé, Bearclaw ! lança Archie sans quitter l'abri de son pilier.

  — Ouais ?

  — T'as vu ce salaud lancer son colt à la fille ?

  — Je l'ai vu. Il est devenu dingue. Qu'est-ce qu'il fout là-bas avec eux, maintenant?

  — Je me suis dit qu'il allait discuter, et puis qu'ils ont dû le garder en otage pendant qu'ils se tirent.

  — Alors pourquoi qu'il lui a lancé son colt?

  — Pour montrer qu'il voulait faire amis, probable. Merde, je comprends pas... Hé! King Fisher ! Ça va?

  King Fisher, allongé derrière le comptoir, sourit et rugit:

  — Ouais ! Au poil !

  — Ils ont un flingue braqué sur lui, dit Bearclaw.

  — Ecoute, s'il était tué... s'il se faisait tuer accidentellement...

  — Ouais, je sais, ils le tueront si on les laisse pas filer peinards.

  Archie lui jeta un regard méprisant.

  — S'il est tué, alors c'est nous qu'on hérite.

  — S'il est tué ? Archie ne répondit pas.

  — Merde, souffla Bearclaw en comprenant enfin. Par accident.

  — Ouais. Accidentellement, je te dis, espèce d'enflé.

  — C'est toi le tireur d'élite. Je te conseille de faire gaffe à tirer le meilleur coup de ta vie... accident ou pas !

  — Tu voudrais que je tue mon oncle ?

  — Je suis scandalisé, fiston.

  — Faut pas, Bearclaw.

  — Tire-la donc, cette balle qui nous vaudra pas loin de 1 million d'hectares, 11 000 têtes de bétail, 15 puits artésiens, 100 lieues de barbelés, sans compter le gouverneur du Texas qui viendra nous lécher les bottes et faire le beau chaque fois qu'on ira à Austin lui donner des ordres. Alors vise bien, Archie !

  — Et la deuxième balle sera pour Carson ; c'est lui que j'attends depuis longtemps, Bearclaw.

  — Vous connaissez le tir d'Archie ? murmura King Fisher, songeur.

  — Ouais.

  — Passez-moi votre chapeau.

  Carson le lui donna. King Fisher le souleva, le fit dépasser du comptoir.

  Archie tira. Sa balle emporta le fourneau d'une lampe à trente centimètres du chapeau.

  — Il va pas crever un chapeau vide, ce môme-là. C'est sa façon de nous dire d'aller nous faire foutre. Faudra trouver un truc pour le forcer à sortir, il est trop malin pour se laisser, avoir au coup du chapeau.

  Il se tourna vers Luisa et lui demanda son colt à crosse d'ébène. Elle le fit glisser sur le plancher. Il le chargea posément.

  — Bon, dit-il enfin. Préparez-vous.

  Carson s'accroupit sur les talons, prêt à bondir et tirer au signal.

  King Fisher poussa un profond soupir et avança sa main armée du colt au bord du comptoir.

  Archie ouvrit des yeux ronds en reconnaissant le large anneau d'or de son oncle ; il tira instantanément. Carson se dressa d'un bond et tira à son tour, au moment où Archie éjectait sa douille. Mais il manoeuvra si rapidement la culasse qu'il tira encore quand la balle de Carson le frappa au ventre. L'impact violent fit dévier le coup. Il tomba contre le pilier, s'y retint un instant, puis il avança très lentement sur le trottoir. Il s'assit. Puis il se releva et fit encore quelques pas chancelants. Il s'adossa au mur, se retourna, s'accrocha au rebord d'une fenêtre, le dos à la rue. Puis il tomba à la renverse et ne bougea plus.

  — Un échange honnête, dit King Fisher.

  Il leva sa main droite ; l'index avait été arraché. Il s'enveloppa la main d'un torchon.

  Le général avait réquisitionné un chariot et construit dessus une barricade de sacs de maïs. Plusieurs de ses hommes y étaient installés, la carabine pointée vers le sol. Le chariot passa bruyamment et les hommes déclenchèrent un tir nourri. De leur position élevée, il leur était facile de canarder le restaurant. Une balle effleura le bras de la cuisinière. Elle poussa un seul cri, puis se tut.

  Le chariot fit demi-tour et amorça un second passage. Carson se leva. King Fisher tirait sur Bearclaw et les autres pour les forcer à rester à l'abri. Quand le chariot s'approcha, Carson tira froidement sur les chevaux. Les bêtes s'écroulèrent en hennissant et en se débattant dans les traits. Alors Carson abattit les hommes, l'un après l'autre. Au bout du troisième, les autres s'enfuirent. King Fisher courut à la porte et tira sur le dernier.

  Une balle lui effleura le visage. En face, Bearclaw manœuvrait fébrilement le levier de culasse.

  King Fisher tira le premier. Bearclaw poussa un cri de lapin en portant une main à sa gorge, tomba à genoux et, en suffoquant, s'affala de tout son long dans la poussière qui absorba comme un buvard le sang de sa carotide tranchée.

  Le général, Carson et Fisher tirèrent ensemble. Le général, qui avait fui le chariot et regagné son poste sur le toit, parut surpris et vaguement irrité. Il hocha lentement la tête et regarda sa poitrine où s'élargissaient deux grandes taches rouges. Il avait l'expression perplexe d'un homme qui ne comprend pas une énigme posée dans un langage difficile et mal connu. Il regarda King Fisher, leva une main pour se signer, mais son cœur s'arrêta sans lui laisser le temps d'achever son geste. Il tomba à la renverse ; une de ses jambes glissa et pendit dans le vide en se balançant lentement. Les pesos d'argent scintillaient au soleil couchant.

  King Fisher avait senti un choc sourd à l'épaule gauche, et une douleur aiguë dans la région du cœur. Il crut d'abord que Carson l'avait heurté sans le faire exprès du canon de sa Winchester, en se retournant pour viser le général sur le toit. Ce fut seulement quand il sentit du sang couler dans son dos qu'il comprit qu'il était blessé. Il eut soudain l'impression que sa colonne vertébrale était réduite en purée et il se replia sur lui-même comme un accordéon. Il ne souffrait pas, il assistait en spectateur à ce qui lui arrivait. Ses genoux fléchirent. L'expression étonnée, puis inquiète de Carson l'amusa. Sa tête tomba sur sa poitrine et il se retrouva sur le sol. Il se sentait un peu las mais vraiment détendu. Il ouvrit les yeux et contempla le plafond crasseux.

  Carson et Luisa le r
egardaient. A l'autre bout de la ville, on entendait le clop-clop régulier des chevaux de la cavalerie entrant dans Isleta.

  Carson se releva, prudemment, et jeta un coup d'oeil sur la rue. Tout le monde disparaissait dans les ruelles. Un Mexicain s'empara du cheval du vieux Dave, l'enfourcha et s'éloigna sans hâte.

  « Aujourd'hui, c'est pas mon jour de chance », pensa King Fisher.

  — Nous l'avons eu tous les deux, dit-il à voix haute. Malgré ma foutue main blessée, je revendique la moitié de la gloire.

  Il fut de nouveau amusé par l'air perplexe de Carson, qui se pencha :

  — Je ne vous entends pas.

  King Fisher comprit alors qu'il allait mourir.

  — Bon, hurla-t-il. Feriez bien de vous tirer en vitesse !

  A son expression, il était manifeste que Carson l'entendait à peine, mais Fisher poursuivit :

  — Trop de gens vont se mettre à poser des questions...

  — King Fisher...

  — Laisse-moi finir... je t'entends mal... Plus beaucoup de temps. Vous deux... vous traversez le Rio au galop. Vous l'avez déjà fait. Prenez mon colt, donnez-le à votre premier-né qu'il se fasse les dents dessus. Vous entendez ? Prenez-le, nom de Dieu, pendant que j'y vois encore ! Carson prit le colt incrusté d'argent.

  — Carson... toi et moi on aurait dû être des Comanches y a cent ans. Si le bison revient demain, je me fous un pagne et j'échange K. F. tout entier pour un poney à bison et une lance. Mais regarde ma famille, ils vont tout perdre, tout boire, tout foutre en l'air. Je voulais que ce soit ton ranch un jour, bougre de salaud, mais t'as été trop malin pour toi-même... pour moi... Adios mes grands corrals, ma marque... qui se les rappellera. Dans cinq ans d'ici, qui s'en souviendra ? Personne. Personne sauf toi, Carson... Carson...

  King Fisher se rendit compte soudain que Carson n'avait pas entendu un seul mot de ce discours, et dans les trois secondes de vie qui lui restaient, il entendit Luisa murmurer :

  — Adios, Tejano.

  King Fisher caressa pour la dernière fois la crosse d'ébène incrustée d'argent et sa tête retomba sur le plancher.

 

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