Au Pays des Potirons

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Au Pays des Potirons Page 5

by L.A Speedwing

inquiète.

  « Ne reste pas à l’extérieur des barricades !! » cria Tinbred au loin. Passe par-dessus les barricades ! »

  Elle enjamba la barricade et remarqua la fée au milieu du potager. Tinbred et deux de ses compagnons Potironets étaient à ses côtés et la protégeaient. De grosses gouttes apparaissaient sur le front de la fée à mesure que les champignons courraient autour du potager et grossissaient. De nombreux chapeaux grisâtres et fortement plissés aux rayures très serrées vinrent rapidement noircir le sol dans un cercle lumineux. Une odeur douce-amère imprégna le soir.

  La fée se concentra encore si fort que ses lèvres devinrent bleues et ses yeux étaient fermés sous l’effort. Soudain sans crier gars, elle s’écroula à côté de Tinbred.

  En une seconde, Tinbred se retourna pour porter secours à la fée. Il la prit dans ses bras et regarda Merryl.

  « Elle a dû utilisée tout son pouvoir pour créer le cercle de Fées ! » dit Tinbred les larmes aux yeux.

  « « Oh non, » murmura Merryl troublée. « Mais ça va aller ? »

  Tinbred la portait déjà dans ses bras. La tête de la fée s’affaissa.

  « Il faut que je m’occupe d’elle ! » dit Tinbred en montrant à Merryl un des énormes potirons abimés. « Reste là ! »

  Merryl hocha de la tête l’air grave. Elle se mit à lancer des pierres de plus belle. Cependant les bruits de sifflements s’estompaient et finalement elle entendit plusieurs aboiements victorieux.

  « Ils sont partis ! Ils sont partis ! » Crièrent des voix autour d’elle. Sans qu’elle eut le temps de s’assoir pour se reposer, toute une invasion de Potironets arrivèrent sur elle et la félicitèrent.

  « Ce n’est rien, ce n’est rien ! Rentrez chez vous ! » dit-elle embarrassée.

  La vérité c’est qu’elle était maintenant très fatiguée et qu’elle voulait s’assoir. Elle s’assit donc et remarqua que des petites lumières apparaissaient ici et là au travers des formes oranges, vertes, jaunes et bosselées. D’autres Potironets apparurent. Ils sortaient de leurs petites maisons. Certains sautaient en l'air et d’autres se mirent à s’embrasser. Merryl sourit.

  Nous avons réussi, pensa-t-telle contente

  Merryl regarda les Potironets profiter de leur victoire. Ils se mirent à danser et boire du jus de citrouille. Plusieurs Potironets s’approchèrent d’elle pour lui en faire goûter. Elle en but six minuscules verres. C'était délicieux.

  Après un moment, ils rentrèrent chez eux. Elle étouffa un bâillement.

  Tinbred revint après ce qui lui semblait être de longues heures.

  « Alors ? » dit Merryl.

  « Notre sage s’occupe d’elle. »

  « Que va-t-il se passer maintenant ? » demanda-t-elle.

  « Nous sommes simplement sauvés. Notre sage m’a expliqué que l’odeur de ses champignons repoussera maintenant les Chat Pardeurs et les Rats Iboisées! Et grâce à ton aide ils ne sont pas prêts de revenir ! Au nom de tous les Potironets nous te remercions infiniment!»

  Merryl rougit.

  « Vraiment ce n’est rien ! » dit Merryl étouffant un nouveau bâillement.

  Tinbred montra une maison non loin du potager. Cette maison possédait deux jolies fenêtres rondes.

  Une ombre passa lentement derrière les fenêtres.

  « Oh ! » Fit Merryl. « Il y a un étranger qui vit chez vous !! »

  « Non ! Elle, c’est Béatrix ! C’est elle qui nous offre nos toits et en échange nous l’aidons à faire pousser des variétés uniques de potirons qu’elle peut vendre sur le marché. Elle avait essayé tous les produits qu’elle connaissait contre les Rats Iboisées et les Chats Pardeurs mais ils continuaient de nous attaquer mais toi et la fée Idris vous avez réussi là où tout le monde, elle, Mr Ballou et nos Sages avaient échoués. Merci ! »

  Il fit une pause et secoua sa collerette de poils.

  « Nous savons comment remercier la Fée, mais pour toi, je ne sais comment te remercier ! »

  Merryl savait.

  « Tu pourrais peut être me faire visiter vos sept Pays quand vous irez mieux? » proposa Merryl.

  Tinbred aboya.

  « C’est tout ? » ajouta Tinbred surpris.

  « Et peut-être que je pourrais goûter vos potirons aussi ? » proposa-t-elle timidement.

  « C’est accordé ! » dit-il d’un air soulagé. « Je suis désolé. Tu es fatiguée. Il faut que tu rentres et je suis d’autant plus désolé que je ne peux pas te raccompagner. Voici, une goutte de sueur de la fée Idris. Cela te protègera des Chats Pardeurs et autres rodeurs pour ce soir. Mets-là sur ton front ! »

  Elle fit comme Tinbred lui indiquait.

  « Tu peux passer par là, » dit-il lui indiquant un passage derrière les sapins. Je ne suis désolé de ne pas pouvoir te raccompagner mais je dois veiller auprès de la Fée. Je me sens responsable. Tu comprends ? »

  Merryl fit oui de la tête. Elle remarqua le ciel rougeoyant et regarda l’heure. Il était 22h ! Pierette et Daddy seraient furieux contre elle. Mais pour l’instant elle ne voulait pas y penser.

  Elle était un peu déçue de ne pas faire le trajet retour avec Tinbred mais elle serra la petite patte de Tinbred et ils se promirent de se revoir.

  Elle se mit à marcher du plus vite qu’elle put. Elle avait du mal à voir où elle posait ses pieds tant elle tombait de fatigue.

  Elle ne rencontra aucune bête ou bruit suspect excepté le bruissement des ailes d’une luciole.

  Elle était trop fatiguée pour se demander pourquoi une luciole la devançait mais Brennie - c’était le nom de la luciole - lui dit qu’elle avait le devoir de lui montrer le chemin et de l’éclairer sur ordre de Tinbred. Merryl sourit et suivit Brennie.

  Après le jardin de Béatrix, elle traversa un autre long et étroit jardin, puis un autre et un autre. Elle passa sept jardins par mille et un passage secrets avant qu’elle ne retrouve celui de Mr Ballou non sans trembler, et celui de Mme Crome et enfin, son propre jardin.

  Cela fait dix jardins à partir de celui de Mr Ballou, se dit-elle. Ah c’était donc ça les dix Vallées qu’avait mentionné Tinbred. Ce n’était que dix jardins en fait. Mais pour un Potironet, ça devait faire un très long voyage.

  Merryl s’arrêta un instant. Elle était toute rouge de fatigue et de sueurs. Elle remercia Brennie et franchit non sans peine les derniers mètres qui la menaient à la buanderie. Il y avait toujours de la lumière chez elle. Ce n’était pas bon signe.

  Elle était sur le pas de la cuisine quand Pierrette se retourna, le téléphone portable dans les mains pendant que Daddy était assis à la table le visage caché. Pierrette aussi était toute rouge mais d’avoir pleuré. Cela surprit Merryl.

  Quand Pierrette la vit, elle se remit à pleurer. Elle allait dire quelque chose mais Pierrette la prit soudain très fort dans ses bras pour la serrer contre elle.

  Merryl en resta bouche bée.

  « Nous étions morts d’inquiétude ! » disaient Pierrette et Daddy en boucle.

  Daddy était tout blanc. Et Pierrette toute rouge.

  « Mais qu’est-ce qui t’es arrivée, ma puce ? » dit-il d’une toute petite voix.

  Des égratignures dans le dos et couvertes de poussières vertes, de boue et d’épluchures de pomme de terre de la tête au pied, Merryl faisait triste mine.

  Merryl expliqua. Pierrette pleura. Papa s’énerva. Il s’était fait un sang d’encre. Cela faisait deux heures qu’ils l’attendaient. Deux heures ! Ils avaient appelé tout le voisinage, mais la plupart des voisins était en vacances ou ne répondaient pas. Ils étaient prêts à appeler la police.

  Après toutes ses aventures, et la fatigue et la peur, ce fut au tour de Merryl de pleurer. Elle hoqueta qu’elle s’était perdue dans un des jardins voisins, qu’elle était tombée sur des chats sauvages qui l’avaient attaqué. Une dame habitant plus loin l’avait alors aidé et lui avait indiqué le chemin du retour.

  Pierrette et Daddy la prirent dans ses bras, lui firent promettre de ne plus jamais les
inquiéter de la sorte. Ils l’aidèrent à prendre sa douche. Il l’avait à peine posé dans le lit qu’elle s’endormit aussitôt.

  Le lendemain, Pierrette l’accueillit de sa grosse voix et la serra très fort contre elle. Puis elle se tourna vers le plan de travail.

  « J’ai fait des crêpes, » dit Pierrette tout simplement. Cette aventure avait fait beaucoup réfléchir Merryl. Peut-être que Tinbred avait raison. Peut-être que Pierrette n’était pas aussi dure que Merryl le croyait. Et peut-être même que Pierrette avait juste une grosse voix et qu’elle l’aimait bien au final.

  Merryl lui sourit.

  « Oh j’ai droit à un sourire maintenant ? » demanda Pierrette.

  « Oui, pourquoi pas ? » dit Merryl en riant.

  « Je ne sais pas. Mais ça doit être ma fête aujourd’hui ! » ajouta Pierrette. « Tiens, je vais aller chercher le courrier. Vu comme j’ai de la chance, j’aurais sûrement reçu une bonne nouvelle ! » Pierrette n’avait plus les yeux accusateurs que Merryl lui connaissait mais des yeux malicieux.

  Merryl allait répondre qu’elle allait le faire mais Pierrette était déjà de retour avec un gigantesque panier des plus beaux potirons qu’elles n’aient jamais vu.

  « Je te l’avais dit ! Regarde ce que j’ai trouvé sur le seuil de la porte ! Et apparemment, c’est pour nous !»

  Merryl regarda Pierrette un moment. Elle avait dit « nous ». Ça lui faisait bizarre. Mais elle aimait bien.

  Pierrette lui tendit une note.

  « Tiens, lis ! »

  Merryl prit la note et la lut.

  « Avec gratitude pour Merryl qui a fait preuve d’un grand courage. A manger sans

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