Unreconciled
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‘À l’angle de la FNAC bouillonnait une foule’
‘Il faudrait traverser un univers lyrique’
‘Après-midi de fausse joie’
‘Les petits objets nettoyés’
‘Ce soir, en marchant dans Venise’
‘Tres Calle de Sant’Engracia’
UNE SENSATION DE FROID
‘Pourquoi ne pouvons-nous jamais’
DIFFÉRENCIATION RUE D’AVRON
Vivre sans point d’appui, entouré par le vide
‘Vivre sans point d’appui, entouré par le vide’
‘La lumière a lui sur les eaux’
‘Chevauchement mou des collines’
‘Dans le train direct pour Dourdan’
‘Dans le métro à peu près vide’
‘La respiration des rondelles’
‘L’appartenance de mon corps’
‘Les antennes de télévision’
‘L’exercice de la réflexion’
‘La brume entourait la montagne’
‘Je flottais au-dessus du fleuve’
‘Un moment de pure innocence’
‘Les corps empilés sur le sable’
‘La peau est un objet limite’
‘Il est temps de faire une pause’
LISEZ LA PRESSE BELGE!
ATTEINDRE LA CREUSE
LES NUAGES, LA NUIT
‘Les fantômes avaient lieu de leurs mains délétères’
‘Un végétal d’abolition’
‘J’étais parti en vacances avec mon fils’
‘Nous devons développer une attitude de non-résistance au monde’
‘Les insectes courent entre les pierres’
‘Avant, il y a eu l’amour, ou sa possibilité’
DANS L’AIR LIMPIDE
‘Les hirondelles s’envolent’
ABSENCES DE DURÉE LIMITÉE
‘Exister, percevoir’
LOIN DU BONHEUR
‘L’univers a la forme d’un demi-cercle’
‘Par la mort du plus pur’
‘Disparue la croyance’
‘Je n’ai plus d’intérieur’
SO LONG
DERNIERS TEMPS
Un triangle d’acier sectionne le paysage
VARIATION 49: LE DERNIER VOYAGE
‘La première fois que j’ai fait l’amour c’était sur une plage’
17–23
‘Mon ancienne obsession et ma ferveur nouvelle’
‘Dans le matin, chaste et tranquille’
DJERBA ‘LA DOUCE’
SÉJOUR-CLUB
SÉJOUR-CLUB 2
VACANCES
‘La lumière évolue à peu près dans les formes’
‘Nulle ombre ne répond’
‘Cette envie de ne plus rien faire et surtout ne plus rien éprouver’
‘Un matin de soleil rapide’
‘L’arc aboli de tristesse élancée’
‘L’épuisement central d’une nuit sans étoiles’
LA MÉMOIRE DE LA MER
‘Elle vivait dans une bonbonnière’
‘Si calme, dans son coma’
HMT
Je suis dans un tunnel fait de roches compactes
VOCATION RELIGIEUSE
‘J’ai toujours eu l’impression que nous étions proches’
NOUVELLE DONNE
‘Quand il fait froid’
‘Traces de la nuit’
‘Comme un plant de maïs déplanté de sa terre’
‘Je suis comme un enfant qui n’a plus droit aux larmes’
‘Dehors il y a la nuit’
‘Doucement, nous glissions vers un palais fictif’
‘La texture fine et délicate des nuages’
‘Les informations se mélangent comme des aiguilles’
‘Je tournais en rond dans ma chambre’
‘Une gare dans les Yvelines’
‘Quand disparaît le sens des choses’
‘Avant, mais bien avant, il y a eu des êtres’
‘Les hommages à l’humanité’
LA DISPARITION
‘Nous roulons protégés dans l’égale lumière’
‘C’est comme une veine qui court sous la peau’
‘Il est vrai que ce monde où nous respirons mal’
LE SENS DU COMBAT
La grâce immobile
‘La grâce immobile’
‘Le bloc énuméré’
LES IMMATÉRIAUX
LE NOYAU DU MAL D’ÊTRE
‘Sublime abstraction du paysage’
‘Le TGV Atlantique glissait dans la nuit’
‘Il faisait beau’
MERCREDI. MAYENCE – VALLÉE DU RHIN – COBLENCE.
‘Je suis difficile à situer’
NICE
L’ART MODERNE
LE JARDIN AUX FOUGÈRES
LA FILLE
VÉRONIQUE
‘Un champ d’intensité constante’
UN ÉTÉ À DEUIL-LA-BARRE
MAISON GRISE
CRÉPUSCULE
SOIR SANS BRUME
‘Quand la pluie tombait en rafales’
‘L’aube grandit dans la douceur’
‘Il existe un pays’
LES OPÉRATEURS CONTRACTANTS
LA LONGUE ROUTE DE CLIFDEN
‘Le maître enamouré en un défi fictif’
PASSAGE
‘Montre-toi, mon ami, mon double’
‘Les couleurs de la déraison’
‘Les champs de betteraves surmontés de pylônes’
‘Nous avions pris la voie rapide’
‘Nous attendions, sereins, seuls sur la piste blanche’
‘Dans l’abrutissement qui me tient lieu de grâce’
D’abord j’ai trébuché dans un congélateur
HYPERMARCHÉ – NOVEMBRE
D’abord j’ai trébuché dans un congélateur,
J’me suis mis à pleurer et j’avais un peu peur
Quelqu’un a grommelé que je cassais l’ambiance,
Pour avoir l’air normal j’ai repris mon avance.
Des banlieusards sapés et au regard brutal
Se croisaient lentement près des eaux minérales;
Une rumeur de cirque et de demi-débauche
Montait des rayonnages. Ma démarche était gauche.
Je me suis écroulé au rayon des fromages;
Il y avait deux vieilles dames qui portaient des sardines.
La première se retourne et dit à sa voisine:
‘C’est bien triste, quand même, un garçon de cet âge.’
Et puis j’ai vu des pieds circonspects et très larges;
Il y avait un vendeur qui prenait des mesures.
Beaucoup semblaient surpris par mes nouvelles chaussures;
Pour la dernière fois j’étais un peu en marge.
APRÈS-MIDI BOULEVARD PASTEUR
Je revois les yeux bleus des touristes allemands
Qui parlaient société devant un formidable.
Leurs ‘Ach so’ réfléchis, un peu nerveux pourtant,
Se croisaient dans l’air vif; ils étaient plusieurs tables.
Sur ma gauche causaient quelques amis chimistes:
Nouvelles perspectives en synthèse organique!
La chimie rend heureux, la poésie rend triste,
Il faudrait arriver à une science unique.
Structure moléculaire, philosophie du moi
Et l’absurde destin des derniers architectes;
La société pourrit, se décompose en sectes:
Chantons l’alléluia pour le retour du roi!
CHÔMAGE
Je traverse la ville dont je n’attends plus rien
Au milieu d’êtres humains toujours renouvelés
Je le connais par cœur, ce métro aérien;
Il s’écoule des jours sans que je puisse parler.
Oh! ces après-midi, revenant du chômage
Repensant au loyer, méditation morose
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sp; On a beau ne pas vivre, on prend quand même de l’âge
Et rien ne change à rien, ni l’été, ni les choses.
Au bout de quelques mois on passe en fin de droits
Et l’automne revient, lent comme une gangrène;
L’argent devient la seule idée, la seule loi,
On est vraiment tout seul. Et on traîne, et on traîne …
Les autres continuent leur danse existentielle,
Vous êtes protégé par un mur transparent,
L’hiver est revenu; leur vie semble réelle.
Peut-être, quelque part, l’avenir vous attend.
Le jour monte et grandit, retombe sur la ville,
Nous avons traversé la nuit sans délivrance
J’entends les autobus et la rumeur subtile
Des échanges sociaux. J’accède à la présence.
Aujourd’hui aura lieu. La surface invisible
Délimitant dans l’air nos êtres de souffrance
Se forme et se durcit à une vitesse terrible;
Le corps, le corps pourtant, est une appartenance.
Nous avons traversé fatigues et désirs
Sans retrouver le goût des rêves de l’enfance,
Il n’y a plus grand-chose au fond de nos sourires,
Nous sommes prisonniers de notre transparence.
RÉPARTITION – CONSOMMATION
I. J’entendais des moignons frotter,
L’amputé du palier traverse
La concierge avait des alliés
Qui nettoyaient après l’averse
Le sang des voisines éventrées,
Il fallait que cela se passe
Discussions sur la vérité,
Mots d’amour qui laissent des traces.
La voisine a quitté l’immeuble,
La cuisinière est arrivée;
J’aurais dû m’acheter des meubles,
Tout aurait pu être évité.
Puisqu’il fallait que tout arrive
Jean a crevé les yeux du chat
Monades isolées qui dérivent,
Répartitions et entrechats.
II. Au milieu des fours micro-ondes,
Le destin des consommateurs
S’établit à chaque seconde;
Il n’y a pas de risque d’erreur.
Sur mon agenda de demain,
J’avais inscrit: ‘Liquide vaisselle’;
Je suis pourtant un être humain:
Promotion sur les sacs-poubelle!
À tout instant ma vie bascule
Dans l’hypermarché Continent
Je m’élance et puis je recule,
Séduit par les conditionnements.
Le boucher avait des moustaches
Et un sourire de carnassier,
Son visage se couvrait de taches …
Je me suis jeté à ses pieds!
III. J’ai croisé un chat de gouttière,
Son regard m’a tétanisé
Le chat gisait dans la poussière,
Des légions d’insectes en sortaient.
Ton genou de jeune otarie
Gainé dans un collant résille
Se pliait sans le moindre bruit;
Dans la nuit, les absents scintillent.
J’ai croisé un vieux prolétaire
Qui cherchait son fils disparu
Dans la tour GAN, au cimetière
Des révolutionnaires déçus.
Tes yeux glissaient entre les tables
Comme la tourelle d’un char;
Tu étais peut-être désirable,
Mais j’en avais tout à fait marre.
L’AMOUR, L’AMOUR.
Dans un ciné porno, des retraités poussifs
Contemplaient, sans y croire,
Les ébats mal filmés de deux couples lascifs;
Il n’y avait pas d’histoire.
Et voilà, me disais-je, le visage de l’amour,
L’authentique visage;
Certains sont séduisants; ils séduisent toujours,
Et les autres surnagent.
Il n’y a pas de destin ni de fidélité,
Mais des corps qui s’attirent;
Sans nul attachement et surtout sans pitié,
On joue et on déchire.
Certains sont séduisants et partant très aimés;
Ils connaîtront l’orgasme.
Mais tant d’autres sont las et n’ont rien à cacher,
Même plus de fantasmes;
Juste une solitude aggravée par la joie
Impudique des femmes;
Juste une certitude: ‘Cela n’est pas pour moi’,
Un obscur petit drame.
Ils mourront c’est certain un peu désabusés,
Sans illusions lyriques;
Ils pratiqueront à fond l’art de se mépriser,
Ce sera mécanique.
Je m’adresse à tous ceux qu’on n’a jamais aimés,
Qui n’ont jamais su plaire;
Je m’adresse aux absents du sexe libéré,
Du plaisir ordinaire.
Ne craignez rien, amis, votre perte est minime:
Nulle part l’amour n’existe;
C’est juste un jeu cruel dont vous êtes les victimes,
Un jeu de spécialistes.
MIDI
La rue Surcouf s’étend, pluvieuse;
Au loin, un charcutier-traiteur.
Une Américaine amoureuse
Écrit à l’élu de son cœur.
La vie s’écoule à petits coups;
Les humains sous leur parapluie
Cherchent une porte de sortie
Entre la panique et l’ennui
(Mégots écrasés dans la boue).
Existence à basse altitude,
Mouvements lents d’un bulldozer;
J’ai vécu un bref interlude
Dans le café soudain désert.
Comme un week-end en autobus,
Comme un cancer à l’utérus,
La succession des événements
Obéit toujours à un plan.
Toutefois, les serviettes humides,
Le long des piscines insipides
Détruisent la résignation
Le cerveau se met en action
Il envisage les conséquences
De certaines amours de vacances,
Il aimerait se détacher
De la boîte crânienne tachée.
On peut nettoyer sa cuisine,
Dormir à la Mépronizine,
La nuit n’est jamais assez noire
Pour en finir avec l’histoire.
JIM
Tant que tu n’es pas là, je t’attends, je t’espère;
C’est une traversée blanche et sans oxygène.
Les passants égarés sont bizarrement verts;
Au fond de l’autobus je sens craquer mes veines.
Un ami de toujours m’indique l’arrêt Ségur.
C’est un très bon garçon, il connaît mes problèmes;
Je descends je vois Jim, il descend de voiture,
Il porte à son blouson je ne sais quel emblème.
Parfois Jim est méchant, il attend que j’aie mal;
Je saigne sans effort; l’autoradio fredonne,
Puis Jim sort ses outils; il n’y a plus personne,
Le boulevard est désert. Pas besoin d’hôpital.
J’aime les hôpitaux, asiles de souffrance
Où les vieux oubliés se transforment en organes
Sous les regards moqueurs et pleins d’indifférence
Des internes qui se grattent en mangeant des bananes.
Dans leurs chambres hygiéniques et cependant sordides
On distingue très bien le néant qui les guette
Surtout quand le matin ils se dressent, livides,
Et réclament en geignant leur première cigarette.
Les vieux savent pleurer avec un bruit minime,
Ils oublient les pensées et ils oublient les gestes
Ils ne rient
plus beaucoup, et tout ce qui leur reste
Au bout de quelques mois, avant la phase ultime,
Ce sont quelques paroles, presque toujours les mêmes:
Merci je n’ai pas faim, mon fils viendra dimanche,
Je sens mes intestins, mon fils viendra quand même.
Et le fils n’est pas là, et leurs mains presque blanches.
Tant de cœurs ont battu, déjà, sur cette terre
Et les petits objets blottis dans leurs armoires
Racontent la sinistre et lamentable histoire
De ceux qui n’ont pas eu d’amour sur cette terre.
La petite vaisselle des vieux célibataires
Les couverts ébréchés de la veuve de guerre
Mon Dieu! Et les mouchoirs des vieilles demoiselles
L’intérieur des armoires, que la vie est cruelle!
Les objets bien rangés et la vie toute vide
Et les courses du soir, restes d’épicerie,
Télé sans regarder, repas sans appétit
Enfin la maladie, qui rend tout plus sordide,
Et le corps fatigué qui se mêle à la terre,
Le corps jamais aimé qui s’éteint sans mystère.
La mort est difficile pour les vieilles dames trop riches
Entourées de belles-filles qui les appellent ‘ma biche’,
Pressent un mouchoir de lin sur leurs yeux magnifiques,
Évaluent les tableaux et les meubles antiques.
Je préfère la mort des vieux de HLM
Qui s’imaginent encore jusqu’au bout qu’on les aime,
Attendant la venue du fils hypothétique
Qui paierait le cercueil en sapin authentique.
Les vieilles dames trop riches finissent au cimetière
Entourées de cyprès et d’arbustes en plastique
C’est une promenade pour les sexagénaires,
Les cyprès sentent bon et chassent les moustiques.
Les vieux de HLM finissent au crématoire
Dans un petit casier à l’étiquette blanche.
Le bâtiment est calme: personne, même le dimanche,
Ne dérange le sommeil du très vieux gardien noir.
Mon père était un con solitaire et barbare;
Ivre de déception, seul devant sa télé,
Il ruminait des plans fragiles et très bizarres,
Sa grande joie étant de les voir capoter.
Il m’a toujours traité comme un rat qu’on pourchasse;
La simple idée d’un fils, je crois, le révulsait,