Chrysis
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« Ah, ne me dis pas qu’un nouvel écrivain a débarqué en ville ! dit le barman. Tu m’avais caché ça, l’ami.
– Je ne suis pas vraiment écrivain, Jimmie. C’est juste qu’il m’arrive d’écrire des petites choses, de temps en temps.
– Oui, Bogart, c’est ce que font les écrivains, au cas où tu n’aurais pas remarqué, ils écrivent des choses.
– Eh bien, ce que j’écris ressemble plus à une liste de courses qu’à de la vraie écriture, dit Bogey. Parfois, j’écoute ces poètes français en train de discuter au Dôme ou à La Rotonde, de dadaïsme, de surréalisme, et même si je saisis en gros ce qu’ils disent, je ne comprends rien au contenu de leurs discussions.
– Je ne suis pas un intellectuel, l’ami, mais je vais te dire, je ne suis pas sûr qu’ils sachent eux-mêmes de quoi ils parlent. Si tu veux, je peux te présenter à des écrivains américains qui viennent ici. Je suis certain que tu les as déjà vus et entendus.
– C’est bon, Jimmie, je te remercie. Mais j’écris seulement pour moi, cela ne m’intéresse pas vraiment d’en parler.
– Archie m’a dit que tu étais très discret, dit Jimmie. Je n’ai pas l’intention de fourrer mon nez dans tes affaires, Bogart, mais est-ce que tu ne voudrais pas te faire des amis… peut-être même rencontrer des filles ? Ou peut-être que tu n’aimes pas les filles ? Apparemment, il y a beaucoup de ça dans le quartier, ces temps-ci. Archie ne m’a pas dit que tu en étais.
– Je n’en suis pas, Jimmy. J’aime bien les filles.
– Ouais, je sais, l’ami, j’ai vu comment tu les regardes. Je te fais marcher, c’est tout. À propos, j’ai un ami, un de ces Américains, grand fan de boxe, il aime bien monter sur le ring lui-même, mais seulement en amateur. Je veux lui faire une blague et j’aurais besoin de ton aide.
– J’ai une dette envers toi, Jimmie, et je ferai tout ce que tu me demandes, aussi longtemps qu’il ne s’agit pas de me faire boxer. J’ai pris ma retraite.
– Je sais, l’ami, répondit Jimmie. Ce ne serait pas un vrai combat, juste quelques rounds d’entraînement anodins. Je veux juste faire une blague à mon copain et je voudrais que tu m’aides.
– OK, je crois que je commence à comprendre.
– Bien sûr que tu piges, l’ami ! »
III
Le jour suivant, dans l’après-midi, Jimmie appela Bogey au bar. « Bogey, je voudrais te présenter un de mes bons amis. » Un homme de grande taille se retourna, un franc sourire aux lèvres.
« Voici Jake Barnes, il est écrivain. Jake, je te présente le dernier arrivé chez nous, Bogart Lambert. Bogey est originaire du Colorado. Et il écrit aussi.
– Ravi de te rencontrer, Jake, dit Bogey en lui serrant la main.
– Moi aussi, Bogey, dit l’homme. Je n’ai pas croisé beaucoup de gars de l’Ouest, à Paris. Qu’est-ce qui t’amène ici ?
– Je suis venu pendant la guerre. Et pour ainsi dire, je ne suis pas reparti. »
Barnes hocha la tête.
« J’étais en Italie. Service ambulancier de la Croix-Rouge. Est-ce que tu as beaucoup combattu ?
– Non, j’étais courrier, pas sur le front.
– Eh bien, tu as eu de la chance. Moi non plus, je n’étais pas censé être un combattant, mais j’ai quand même failli passer l’arme à gauche. Un tir de mortier a touché mon ambulance, deux mois après mon arrivée. J’ai passé six mois en Italie dans un hôpital avant qu’ils me renvoient à la maison. Quel genre de textes écris-tu ?
– Pas grand-chose, dit Bogey. Jimmie exagère. Je ne suis pas vraiment écrivain.
– Tu n’as pas l’air d’une mauviette, en tout cas, Bogey, dit Barnes. T’as jamais boxé ? »
Bogey lança un coup d’œil à Jimmie derrière le bar. « Un peu quand j’étais plus jeune. »
Barnes le jaugea un moment.
« À Paris, j’ai du mal à trouver des partenaires d’entraînement dans ma catégorie, dit-il. Je crois que je fais quelques kilos de plus que toi, mais je dirais que tu es au moins mi-lourd, j’ai raison ? Jimmie, tu pourrais amener Bogey au gymnase un jour, quand vous êtes tous les deux en congé, et lui servir de soigneur. Ça te dirait de faire quelques rounds avec moi, Bogey ?
– Je suis rouillé, Jake, et on dirait que tu sais cogner. Il faudrait que tu y ailles doucement.
– Pas de problème. Juste quelques échanges tranquilles, personne ne se fera mal. Tu le sais bien, Jimmie ? »
La séance d’entraînement fut fixée à un matin, trois jours plus tard.
« Quel est son niveau, à ce gars ? demanda Bogey à Jimmie pendant le trajet en métro jusqu’au gymnase. Parle-moi de son style.
– Je te l’ai dit, l’ami, il est strictement amateur. Il n’a pas beaucoup de style, il a un très mauvais jeu de jambes. Mais il est fort et tu as raison sur un point, c’est un cogneur. Ce qu’il aime faire, surtout avec des nouveaux partenaires la première fois qu’il les amène sur le ring, c’est les frapper très vite et beaucoup plus fort qu’on le fait normalement à l’entraînement. Il aime les expédier au tapis, les faire saigner du nez, leur flanquer un œil au beurre noir et, ensuite, il s’en vante tant qu’il peut au bar. C’est exactement ce qu’il fera avec toi, il essayera de te mettre hors jeu d’emblée avec un coup puissant et de t’assommer avant que tu aies eu le temps de prendre tes marques. Mais, fais-moi confiance, tu le verras arriver, t’auras tout ton temps. Tu pourrais t’asseoir et prendre l’apéritif, le temps qu’il se prépare pour ce coup, tellement on le voit venir.
– Alors, que veux-tu que je fasse, exactement ? demanda Bogey.
– Je veux que tu attendes son fameux coup, que tu n’auras aucun mal à éviter, comme je te l’ai dit, et ensuite je veux que tu le mettes au tapis. Je ne veux pas que tu le blesses, juste que tu l’allonges. Tu sais comment faire ça, n’est-ce pas ?
– Bien sûr, Jimmy. Je sais comment faire. »
Barnes arriva au gymnase avec son soigneur, un Américain appelé Harry MacElhone, le propriétaire du Harry’s New York Bar sur la rive droite. Jimmie et Bogey étaient venus en avance pour trouver des gants pour Bogey et ils attendaient déjà sur le ring lorsque Barnes fit son entrée. Fini la jovialité qu’il affichait au bar, c’était du sérieux ; il sortit des vestiaires comme s’il s’apprêtait à monter sur le ring du Madison Square Garden pour défendre un titre, et non pas à aborder une séance d’entraînement dans un gymnase parisien un peu miteux, sautillant sur la pointe des pieds et boxant dans le vide. Bogey observa d’un œil critique les mouvements de l’homme et son physique, comme son père lui avait appris à le faire face aux boxeurs de cirque, là-bas, chez lui, et il sourit : il voyait bien que Barnes n’était pas doué de grandes qualités athlétiques. Il remarqua aussi que ses bras, bien que puissants et musclés, étaient courts, d’une portée bien inférieure à la sienne.
« Comment tu te sens, gamin ? demanda-t-il à Bogey. T’es prêt à te battre ? »
Son utilisation abusive du mot « gamin » amusa Bogey ; ils devaient avoir approximativement le même âge. « Je l’espère bien, Jake », répondit-il.
Le propriétaire du gymnase, un homme du nom de Patrice Lacas, lui-même un boxeur à la retraite, les avait rejoints. On fit les présentations et on fixa les règles. On s’accorda sur le fait que les conditions seraient les mêmes que celles d’un match, ce qui impliquait qu’on ne retiendrait pas ses coups, mais la durée serait limitée à trois rounds. Dans l’éventualité d’un knock-down, que ce soit par K-O ou pas, on cesserait le combat. Patrice servirait d’arbitre et si, par hasard, le score était ex-aequo après les trois rounds, des prolongations seraient ajoutées jusqu’à ce qu’un coup fatal soit porté, de manière à déclarer un vainqueur.
« Jimmie, mon ami, je n’aime pas bien l’idée de te prendre ton argent durement gagné, dit Harry MacElhone, mais que dirais-tu d’un petit pari ?
– J’attendais que tu me le demandes, Harry, répondit Jimmie. À dire vrai, je n’ai jamais vu ce jeune homme combattre et j’ai cru comprendre qu’il n’est pas mont�
� sur un ring depuis longtemps. Je suis prêt à parier avec toi, mais comme tu as un boxeur reconnu de ton côté, ainsi qu’un avantage en poids, je risque gros. »
Les deux soigneurs s’éloignèrent pour échanger sans témoin, avant de s’entendre sur leurs paris et de se serrer la main.
Patrice Lacas sonna la cloche. Dans l’intention de ne pas faire de quartier à son adversaire et de ne pas lui laisser le temps de retrouver la moindre parcelle des talents de boxeur qu’il avait peut-être eus autrefois, Barnes bondit de son coin comme un taureau en train de charger. Bogey, quant à lui, avait l’air hésitant, comme s’il avait même un peu peur de ce colosse qui fonçait droit sur lui. Barnes approcha, les poings haut, la tête rentrée ; il cogna deux fois du gauche, feignit une fois du droit, cogna deux fois encore, des directs puissants que Bogey sentit à travers ses minces gants d’entraînement lorsqu’il les dévia. Il était vrai que l’homme était fort et ses coups en imposaient. Puis il vit Barnes se préparer pour la dernière offensive, exactement comme Jimmie le lui avait dit. Il sembla à Bogey, ainsi que cela avait souvent été le cas lorsqu’il combattait sur le circuit professionnel, que tout se déroulait au ralenti, qu’il avait tout le temps qu’il voulait. Barnes exécuta son coup, Bogey l’esquiva aisément, sentant à peine le gant qui lui effleurait la joue. N’ayant pas réussi à toucher son adversaire, Jake se retrouva dans une position déséquilibrée, penché vers l’avant et sur le côté. Bogey s’avança alors, le gauche levé, bouchant partiellement la vue de Barnes, et avec une parfaite économie dans le geste il balança son uppercut du droit si caractéristique, saisissant l’autre sous le menton et le faisant chanceler. Jake fut propulsé en arrière, il essaya de retrouver ses appuis, mais il partit à la renverse, pour tomber lourdement sur son postérieur. Il resta assis sur le tapis un moment, sonné, puis il se secoua comme un chien mouillé. Il lança un coup d’œil à Jimmy posté dans le coin du ring et un sourire asymétrique se peignit sur son visage.
« Eh ben, espèce de fils de pute de poids mouche…
– Jake, fit Jimmie. Je voudrais te présenter Bogart “le Cow-Boy” Lambert, anciennement classé troisième en Écosse, dans la catégorie mi-lourds.
– Espèce de fils de pute de poids mouche… » répéta Barnes.
Bogey défit son gant droit avec ses dents et le retira en le coinçant sous son bras. Il s’approcha de Barnes, qui était toujours assis par terre, et tendit la main. « Besoin d’aide pour te relever, gamin ? » demanda-t-il.
IV
Avec l’aide de Jimmie, Bogey trouva un minuscule studio bon marché sur la rue Boissonade ; les toilettes, qu’il partageait avec trois autres locataires, se trouvaient au bout du couloir. On était au milieu de l’hiver, l’appartement était glacial, du coup, les jours et les soirées où il ne travaillait pas, Bogey avait pris l’habitude de les passer dans les autres cafés et bars du quartier. Il y faisait toujours chaud ; il commandait un café, une bière, un whisky ou un verre de vin, selon le moment, et il restait des heures, à écrire dans son carnet, ou à lire le journal ou un livre. De nombreux écrivains avaient cette même habitude et un certain nombre de peintres venaient faire des croquis dans les cafés, qui leur servaient à tous de bureau ou d’atelier.
Bogey commença à rencontrer des gens. Un jour, il était en train d’écrire à La Rotonde lorsqu’un Indien d’Amérique entra. Il tenait un bloc à dessins ; il s’assit à une table à côté de Bogey et se mit à dessiner. Lorsque le serveur s’approcha pour prendre sa commande, l’Indien lui parla dans un français parfait, sans accent. Le serveur se tourna alors vers Bogey et lui demanda s’il désirait un autre café. Une fois que Bogey eut répondu, l’Indien s’adressa à lui et lui demanda en anglais : « Vous êtes américain ? »
Bogey éclata de rire.
« C’est si facile à deviner !
– D’où venez-vous ?
– Du nord du Colorado. Et vous ?
– De l’est du Montana, à l’origine.
– Vous êtes Cheyenne du Nord ?
– Comment le savez-vous ?
– J’allais faire des rodéos dans ce coin-là, dit Bogey. J’ai été dans votre réserve. Comment se fait-il que vous parliez un français aussi parfait ?
– Mes parents faisaient partie de la troupe du Wild West Show de Buffalo Bill. Nous sommes venus en France en 1905, je n’étais qu’un petit garçon. Ils ont aimé ce pays et, lorsque la tournée a été terminée, ils ont quitté la troupe et sont restés. Buffalo Bill Cody avait été généreux et ils ont pu acheter une petite propriété en Camargue avec leurs économies. C’est là que j’ai grandi. Mes parents élèvent et dressent des chevaux camarguais. C’est une race ancienne, qui leur rappelle les chevaux sauvages de la Grande Prairie de leurs ancêtres. De temps en temps, il leur arrive encore de présenter des numéros d’équitation dans des cirques, des rodéos ou des foires.
– Comment vous appelez-vous ?
– Jerome Running Bear.
– Enchanté, Jerome. Je suis Bogart Lambert, la plupart du temps, on m’appelle Bogey. »
C’est ainsi que Jerome Running Bear devint, après Jimmie, le deuxième ami que Bogey se fit à Paris, et parfois, lorsqu’ils se rencontraient par hasard dans l’un ou l’autre des bistrots du quartier, ils s’asseyaient à la même table. Jerome dessinait, Bogey écrivait, deux Américains côte à côte, le cow-boy et l’Indien. Bogey apprit que Jerome avait étudié les beaux-arts à Paris.
« Nous avions de remarquables artistes dans ma tribu, autrefois, dit-il à Bogey, et ils étaient fort honorés. Mais ils n’ont jamais appris la perspective ; tout, dans nos arts premiers, était plat et unidimensionnel, à la manière des dessins d’enfants. Comme j’ai grandi en France, évidemment, j’ai été exposé à de grandes formes artistiques et j’ai appris une autre manière de peindre. »
Avec la discrétion taciturne qui caractérise les Indiens, Jerome n’interrogea pas Bogey sur les endroits où il était allé ou les raisons qui l’avaient amené à Paris. Mais il sentait d’instinct que Bogey avait été un guerrier et qu’il était dans un entre-deux, dans une espèce d’espace intermédiaire, entre deux vies. C’était quelque chose que les Indiens comprenaient, même ceux qui étaient déracinés depuis une ou deux générations, parce qu’ils vivaient eux-mêmes dans un entre-deux, entre le monde tel qu’ils l’avaient connu autrefois et celui qu’il était devenu sous le règne de l’homme blanc.
V
Un soir, Bogey et Jerome étaient en train de prendre un verre dans un petit bar ouvrier sur l’avenue du Maine. C’était un de ces débits de boissons anonymes qui n’avaient ni enseigne ni nom. Ils étaient debout à l’extrémité du comptoir lorsque entrèrent trois marins américains, déjà à moitié ivres et parlant très fort. Le gouvernement américain avait récemment envoyé en France trois bâtiments, qui mouillaient au Havre, et le quartier était envahi, depuis plusieurs jours, de marins profitant de permissions prolongées.
« Eh bien, regarde donc ça, Randy, dit l’un d’eux. On dirait que c’est cette fiote de Peau-Rouge qui a essayé de te tailler une pipe hier soir, non ?
– Ouais, c’est bien lui, fit celui qui répondait au nom de Randy, s’avançant jusqu’au bar sur la droite de Jerome. M’a proposé de me payer pour me la sucer. »
Les deux autres marins s’étaient installés au bar, sur la gauche de Bogey.
« C’est ton petit ami, grand chef ? demanda le deuxième marin à côté de Bogey. Est-ce qu’il est au courant de ce que son guerrier préféré voulait faire, hier soir ? »
Bogey se tourna vers Jerome et lui parla en français.
« Tu sais te battre ?
– Non, je suis non violent, répondit Jerome.
– Un Cheyenne homosexuel non violent, ça alors… fit Bogey.
– J’essaie de ne pas correspondre au stéréotype du Peau-Rouge.
– Alors, les deux tantes, on se crêpe le chignon ? dit le marin immédiatement à gauche de Bogey. T’es fâché, le Frenchy ? Juste parce que tu viens d’apprendre que ton chéri
voulait sucer de la bite de marin ? Et qu’est-ce que c’est que cet attirail de cow-boy ? C’est comme ça que vous prenez votre pied, vous, les pervers français – en jouant aux cow-boys et aux Indiens ? »
Bogey se tourna vers le marin. « Écoute, gamin, dit-il en anglais. Tu n’as aucun intérêt à me chercher des noises, crois-moi. Tes amis et toi, vous allez tout de suite tourner les talons et sortir d’ici. Vous êtes bruyants et vous nous dérangez. »
Le marin éclata de rire. « Tu es américain, toi aussi. Tu crois qu’on a peur d’un couple de tantes, français ou américain ? »
Bogey se tourna vers Jerome et parla à nouveau français. « Quand ça commencera, contente-toi de t’écarter. » Puis il se retourna vers le marin et, d’un mouvement parfaitement efficace de la main gauche, il l’attrapa par la nuque et lui écrasa la tête sur le bar. L’homme dégringola sur le sol avec un grognement. Presque simultanément, de la main droite, Bogey décocha un direct qui pulvérisa le nez du second marin ; il tomba à genoux et colla ses deux mains sur son visage pour essayer d’endiguer le flot de sang.
« Putain ! Tu m’as cassé le nez, espèce de fils de pute », gémit-il. Bogey constata que Jerome s’était réfugié à bonne distance. Il n’eut pas besoin de s’attaquer au troisième larron – l’homme levait les deux mains, suppliant.
« Tout va bien, m’sieur, dit-il. Je ne veux pas d’ennuis avec vous. C’était tout de ma faute. On s’en va tout de suite. Je suis vraiment désolé. »
Bogey sortit quelques billets de sa poche, les fit claquer sur le bar, présenta ses excuses au barman pour le dérangement et, alors que Randy essayait de relever ses deux amis, Jerome et lui sortirent du bar.