Tempest of Stars

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Tempest of Stars Page 2

by Jean Cocteau


  Je vais je ne sais où car la mort patiente

  Embaumeuse qui fait les visages si beaux

  Me regarde glisser sur la rapide pente

  Qui meuble ses tombeaux

  POSTHUMOUS

  How is it that time’s deceptive perspectives

  take me back to the places where I wrote

  Plain-Chant? I find the same sea on these shores

  where I seemed to float

  dreaming of love, sleep, illustrious things,

  whatever youth imagines crazily,

  and while this fire activates dormant cells

  I drift with memory,

  I go I don’t know where to find my death,

  embalmer who gives back what beauty gave

  and sees me sliding on the hurried slope

  which feeds the grave

  AU RENDEZ-VOUS DES MARINIERS

  Il se peut bien, Félicienne, que je m’envole.

  Ce cendrier, il se peut aussi que je vous le vole.

  Si me voyez volant comme anse de panier,

  Ne prévenez aucun des braves mariniers:

  Juste le temps que je revienne et que je parte

  Avec l’éventail écossais du jeu de cartes.

  RENDEZVOUS WITH SAILORS

  It could be Félicienne that I’ll disappear.

  I may steal this ashtray from you.

  If you see me describing a half-ellipse,

  don’t spread the word to our sailor-group.

  I’ll be back in the time it takes to leave

  with a tartan fan of playing cards.

  MIRACLES

  Dans votre ville d’eaux, est-il vrai, Sainte Vierge,

  Que vous apparaissez aux borgnes, aux boiteux?

  Des matelots bretons vous virent dans les vergues,

  Ce n’est pas moi qui le raconte, ce sont eux.

  Vous aviez, dirent-ils, costume d’hirondelle

  Sur fond myosotis, sur papier de dentelle:

  Au cri du goéland ressemblait votre cri

  Quand vous disparaissiez, laissant leur nom écrit.

  MIRACLES

  Is it true, in your spa town, our Lady,

  that you appear to the one-eyed, the lame?

  Some Breton sailors saw you in the yards,

  and told me of it, not using your name;

  and claimed you had a swallow’s costume

  on a forget-me-not background on lace-paper:

  your cry resembled that of a seagull’s

  when you disappeared, leaving their name written.

  CLAIR DE LUNE

  Chaque moitié du cœur forte en géographie

  Montre le relief de ses départements.

  Lune par le soleil prise en photographie,

  Vous êtes le sujet de mon étonnement.

  Endymion fut-il oui ou non votre amant?

  Comme l’épingle absurde est folle de l’aimant,

  Comme le révolver la tempe terrifie,

  Comme rêve tout haut la Belle-au-bois-dormant,

  Je compte jusqu’à trois avant de dormir: Une,

  Deux, trois. Endymion décourage la lune.

  MOONLIGHT

  Each geographical half of the heart

  reveals its components in relief.

  The moon as it’s photographed by the sun

  is an illuminating study.

  Endymion was or wasn’t your lover?

  As the pin predictably flies to the magnet,

  as the revolver terrifies the temple,

  and as the sleeping beauty dreams out loud,

  I count up to three before sleeping. One,

  two, three. Endymion cold-shoulders the moon.

  LES OISEAUX SONT EN NEIGE

  Les oiseaux sont en neige et ils changent de sexe.

  Une robe de chambre a trompé nos parents

  Et le frivole amour dont Élise se vexe.

  Rébus des papillons, vous m’êtes transparents.

  Je te connais, beau masque, et saute sur ta croupe

  D’épouvantait naïf qu’une flûte charmait.

  On voit dans les romans lus par l’enfant de troupe

  Les cerisiers en fleurs, drapeaux du mois de mai.

  Lit, folle bergerie, écume Louis Seize,

  Notre épitaphe est faite en graines de pavot;

  Son souvenir, images debout sur la braise,

  D’un tendre madrigal compose un deuil nouveau.

  Comme le traîneau russe illumine les louves,

  À l’envers, à l’endroit, Narcisse, ton hymen

  Inhumain, est-ce un crime après tout? se retrouve,

  Trésor de l’onde froide où se lave ta main.

  THE BIRDS ARE MADE OF SNOW

  The birds are made of snow and they change sex.

  A dressing gown has deceived our parents

  and the casual love which upsets Elise.

  Rebus of butterflies, I find you transparent.

  Beautiful mask, I know you, and leap on your naive

  scarecrow’s sex that a flute could charm.

  In the novels read by a soldier-boy

  one finds flowering cherry trees. Bright flags that alarm.

  Bed, mad sheepfold, Louis XVI foam,

  our epitaph is made of poppy seeds;

  its memory, images standing on embers

  of a quiet madrigal sounding a new grief.

  As a Russian sleigh illuminates she-wolves,

  on the wrong side, the right side, Narcissus, your last stand

  marriage - is it a crime after all? - retrieves

  treasure in the cold water where you wash your hand.

  LA CABANE ABANDONNÉE

  L’écriture des églantines

  Est un vrai fantôme grivois,

  Hirondelles sont tes bottines

  Annonçant l’orage. Les voix

  (Rires et rondes enfantines)

  Doivent sortir d’un appareil

  À celui de Jeanne pareil.

  Souvent l’indiscret photographe

  Sous un jupon voit le soleil.

  Cœur tu savais mal l’orthographe,

  Mais l’ancre dénonce un marin,

  Et sa vague sur ce terrain

  Vague, te baptisa. Parrain,

  Recopiez-nous l’épitaphe.

  THE ABANDONED HUT

  The tracery of dog roses

  is a truly mischievous ghost,

  your boots are swallows

  announcing thunder. The voices,

  laughter and children’s dances

  must be coming from a camera

  similar to Jeanne’s.

  Often, the indiscreet photographer

  tented under a skirt sees the sun.

  My love, you couldn’t even spell,

  but the anchor reveals a sailor,

  and the wave tattoed on your shoulder

  identified you. Godfather,

  recopy the epitaph for us.

  HÔTEL DE FRANCE ET DE LA POÉSIE

  Arbre, bocal d’oiseaux, feu de bengale

  entre les îles!

  Le soleil fait chanter les tramways dans la ville.

  Le ciel est un marin assis sur les maisons.

  En soi-même noyé Narcisse,

  N’aime pas les glaces d’hiver.

  Les Anglais écrivent des vers

  Comme il leur pousse du gazon;

  Souvent nagent mieux que narcisses

  Entre deux eaux, entre deux draps;

  Et le cygne qui dort le menton sur son bras

  Plus blanc que la neige de Suisse.

  Flamme, petit poisson rouge du lampion.

  Orchestre par dessous, le vent venu des îles,

  Met le feu, aussitôt de terribles lions

  Sortent, qui se cachaient dans le bocal fragile.

  L’arbre et l’aérostat se dépassent chacun;

  Alors le carnaval des pompiers fend la foule.

  Parfois une maison, une rose s’écroulent,

  En soulevant une colonne de parfum.r />
  Mon cœur tourne à l’envers du vôtre, c’est la vie.

  Ce manège fait mal au cœur. Oh! que j’ai mal.

  L’âme de votre fils va vous être ravie

  Jeune mère, si Tong l’enferme dans la malle.

  HÔTEL DE FRANCE AND POETRY

  Tree, bird-bowl, Bengal light

  between the islands.

  The sun makes the city’s tramways sing.

  The sky’s a sailor perched on the rooftops.

  Narcissus, drowned within himself,

  doesn’t like the winter ice.

  The English write verse

  compact as the growth of their lawns;

  often their swimming blazes like dragonflies

  between two waters and two sheets;

  and the swan that sleeps with its chin on its arm

  is whiter than Swiss snow.

  Flame, little goldfish of the Chinese lantern.

  The orchestra’s below, and a wind off the islands

  catches fire, bringing out redoubtable Lions

  hidden in that fragile bowl.

  The tree and the aerostat overtake each other,

  as a carnival of firemen force through the crowd.

  Sometimes a house, a rose collapses,

  in a swirling column of perfume.

  It’s true my heart moves contrary to yours.

  The carousel induces vertigo. I’m sick.

  They’ll spirit your son’s soul away from you

  young mother, if Tong shuts himself in the trunk.

  Le fils que l’éventail fait revoir à sa mère

  Et que l’aide chinois ramène à son fauteuil

  Ne parle plus jamais … Il périra en mer.

  Dans le théâtre, un arbre avec toutes ses feuilles;

  L’arbre dormait debout, couronné d’émeraude.

  Lâchez tout!

  Gambetta part en ballon captif.

  Montgolfière d’amour, monte dans la nuit chaude;

  Les étoiles, chacune indique les récifs.

  Vieux ascenseurs fanés dont se penche la tige,

  D’être ailleurs étendu, toute l’âme à l’envers,

  Le décapité voit un drôle d’univers;

  Son corps, en un clin d’œil, succombe à ce vertige.

  Irai-je en un miroir où nous recommençons,

  Engloutir le poitrail fabuleux du quadrige

  De cuirassiers mourant parmi les écussons?

  Il est des jours, la mer, pour enjôler le mousse.

  Lui découvre ses lits, agite ses dessous,

  Débouche bruyamment un Champagne qui mousse,

  Mauvais livre de poche acheté quatre sous.

  (Ses yeux, demain, feront sourire l’équipage)

  Ballon, bocal d’oiseaux légers pris au filet.

  The fan reveals the son to his mother

  while the Chinese assistant

  reconducts him to an armchair, without

  a word … he’ll die at sea

  In the theatre, a tree in full leaf

  asleep on its feet, crowned with emeralds.

  Abandon everything!

  Gambetta’s leaving in a captive balloon.

  Love balloons, climb in the warm night;

  each star in its pointing defines a reef.

  Old faded lifts, shafts bent from their axes,

  the headless man, his soul upside down,

  sees a distorted universe;

  his body in a split-second flash knows vertigo.

  Shall I enter a mirror where we start again,

  and devour the fabulous breast of the quadriga

  of cuirassiers dying among the shields?

  Sometimes the sea reveals its beds

  to the cabin-boy, disclosures of depths,

  noisily uncorks a lively champagne,

  bad pocket-book bought for a song.

  (Tomorrow her eyes will incite the crew)

  Balloon, bowl of light, birds snared in a net.

  Le manège à vapeur enroule son voyage;

  On ne monte plus: C’EST COMPLET.

  Voici qu’on dépose l’actrice

  Et son ventriloque inhumain;

  Pour cacher quelque cicatrice

  Elle effeuille ses vieilles mains.

  Une Anglaise qui l’avait prise

  Pour Venise, part pour Venise;

  Elle se suicide en chemin.

  Adieu, bocal, vélocipèdes,

  Fantômes de visage en feu;

  La nuit n’a pas assez d’éloges

  Pour le palais du mal de mer;

  Ses opéras d’or et ses loges

  Roulent sur les vagues de l’air.

  Au milieu chante la sirène

  A cheval. Son visage vert

  Est transparent comme le verre,

  Sa robe en velours rouge traîne

  Dans les moulures de la mer.

  Parfois on la voit à l’envers

  Si elle plonge les mains jointes,

  Car les sirènes sont des saintes.

  D’autres sirènes ont des ailes

  Et des becs de chauve-souris;

  D’autres nagent sous des ombrelles

  Et on meurt si elles sourient.

  The peripatetic stream winds its course;

  No more passengers: FULL.

  Now they drop the actress

  and her inhuman ventriloquist;

  she plucks off her old hands

  rather than show a scar.

  An English woman who had taken

  her for Venice leaves for Venice;

  a suicide en route.

  It’s goodbye to the bowl and cycles,

  ghosts of burning cheeks;

  the night lacks a eulogy

  for the sea-sickness palace;

  its golden operas and boxes

  roll on the air-waves.

  In the middle the siren sings

  on horseback. Her green face

  has the transparency of glass,

  her red velvet dress trails

  in ruchings of the sea.

  Sometimes, she can be seen upside down

  if she dives with clasped hands,

  for sirens are most often saints.

  Other sirens have the wings

  and nose-buds of a bat;

  some swim under jellyfish.

  Death’s the penalty if they smile.

  Perle, perles, je vous rapporte

  Du fond des miroirs machinés;

  Jeunesse, épave des mers mortes,

  Miroirs déformants de l’amour

  Où chacun cherche à se puiser;

  Une femme, une aérogyne,

  En nous envoyant des baisers

  Faisait de gracieux mensonges;

  Elle a découvert la machine

  Qui permet de voler en songe.

  C’était simple comme bonjour.

  Pearl, pearls, I’m retrieving you

  from the back of false mirrors;

  youth, wreck of the dead seas,

  distorting mirrors of love

  in which each tries to draw himself;

  a woman, an aeronaut,

  blowing us kisses,

  expounded the most charming lies;

  she has discovered the machine

  which permits one to fly in a dream.

  It was as easy as ABC.

  LE BON ÉLÈVE ET L’APPRENTI

  La beauté prise au ralenti,

  L’accélération des roses,

  L’ange devenu tout petit

  Sont du ciel la moindre des choses,

  (De la mort je suis l’apprenti)

  Cyclistes vos mollets d’eau douce

  Vos cuisses coulent sans secousse:

  Chaque tour change le décor;

  Du sommeil je suis bon élevé.

  Ne réveillesz pas Dieu, il dort

  Profondément, c’est moi son rêve …

  Le réveiller serait ma mort.

  THE GOOD PUPIL AND THE APPRENTICE

  Bea
uty observed in slow motion,

  the acceleration of roses,

  the angel become diminutive

  are the least of things in the sky.

  I am apprenticed to death.

  Cyclists, your fluid calves

  and smoothly running thighs

  change the scene with each pedal-spin.

  Summer finds me elevated.

  Don’t wake God, he sleeps

  deeply: I am his dream.

  Waking him would be my death.

  À MINERVE

  Si de Minerve la fleur est une lance

  Appuyée à son front pas doux,

  Il faut saluer bas sa bienveillance

  Pour les guerriers confondus sans courroux.

  De ces luttes où ne préside point la haine,

  Elle porte l’écharpe de couleur,

  Et les écoute comme les belles d’Henri Heine,

  À la fenêtre, entre les pots de fleurs.

  TO MINERVA

  If Minerva’s flower is a spear

  resting against her plated forehead

  one must bow that her benevolence extends

  to confused soldiers lacking the instinct to kill.

  She carries a coloured banner

  for such neutral combatants,

  and listens to them at the window between

  flowerpots like one of Heine’s beautiful women.

  À LA MÉMOIRE DE CLAUDE DEBUSSY

  Les vagues, les feuilles, le vent

  Et autres bêtes sans visage

  T’aiment, charmeur de paysages,

  Et te savent toujours vivant.

  Une Reine-Claude se tue

  Sa blessure saigne de l’or

  Marbre n’écrase pas ce mort

  Dont un nuage est la statue.

  IN MEMORY OF CLAUDE DEBUSSY

  The waves, the leaves, the wind

  and other faceless creatures

  love you, and know you’re still alive,

  conjurer of landscapes.

  A greengage immolates itself,

  its gash bleeds gold;

  marble won’t weigh on this man

  whose statue is a cloud.

  L’INVITATION À LA MORT

  Premier vol avec Garros;

  appel de la terre.

  INVITATION TO DEATH

  First flight with Garros;

 

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