by Jean Cocteau
call of the earth.
Un combat de pigeons glacés en pleine figure
offerte à vos gifles drapeaux
Le gel qui gante
Aquarium océanique
Aspergé d’huile je suffoque
au bain marin
qui s’engouffre dans les narines
froide opulence
d’eau de mer
Péril de chute
La brèche
de nausée
à gauche
tente l’épaule
MU
humé
mon corps interne se pelotonne
autour du cœur
Pente infinie
A fight of frozen pigeons full in the face
offered to your wind-slapped flags
The frost which gloves
Oceanic aquarium
Sprayed with oil I suffocate
in a marine bath
which pours into my nostrils
cold opulence
of sea-water
Fear of falling
The gap
of nausea
to the left
tempts the shoulder
suntanned
inhaled
my inner body winds into a ball
around my heart
Infinite slope
Vallonnements Houle on recule
Un roi des aulnes
entre ses paumes
il masse il caresse mon cœur
Les sirènes silencieuses
dans la poitrine du pilote
enflent leur chanson aiguë
Le vol croissant signalé
par les seuls viscères
l’appareil se hissait
à rien
par flaques de hauteur
Comme poissons
muette cohue
autour d’une mie de pain fourmillent
luttant du mufle
comme
autour d’une table tournante
les morts stupides se bousculent
les nuages charmés
par l’hélice
vers nous
leur troupeau déambulait
houleusement
Undulations Swell one recedes
An erl-king
between his palms
massages caresses my heart
The silent sirens
in the pilot’s chest
increase their high-pitched song
The rising flight signalled
by reverberations, the aircraft
lifted
to nowhere
through pools of height
Like fish
mute crowd
swarming to mob a breadcrumb
fighting to muffle
as
around a turntable
the senseless dead jostle each other
the clouds charmed
by propellers
towards us
their troop was ambling
turbulently
La course inverse d’un oiseau
te fait constater ta vitesse
Alors
dans ce cyclone
si tu veux toucher l’épaule du pilote
une refale
et ton geste mort s’attarde
scaphandrier qui pioche
au fond de l’eau
Petites routes
petites forêts
petite ferme
petit quoi? lac
est-ce un lac cela
miroite
c’est un
lac
The reverse flight of a bird
makes you assess your speed
Then
in this cyclone
if you wish to touch the pilot’s shoulders
a gust
and your dead gesture lingers
diver who digs
at the bottom of the sea
Little roads
little forests
little farm
little what? lake
is it a lake it
shimmers
it is a
lake
La roue
une patte inerte pliée
tourne
caoutchouc bleu
énorme doucement
seule en relief sur les plaines
La libellule au mufle d’ébonite
chassant des copeaux de ciel
saccage la piste cube
Monte
où plus rien du sol ne gagne
le soleil y miroite à la surface des ténèbres
comme à la surface de la mer
et les poumons s’emplissent
du froid propre
d’éternité
Chute
une ébauche d’agonie
The wheel
an inert folded paw
rotates
huge blue rubber
quietly
alone in relief on the plains
The dragonfly with an ebonite nose
pursuing the sky-shavings
devastates the cubic trail
Rise
to a point of no contact with the earth
the sun sparkles at the level of cloud-haze
as on the sea’s surface
and the lungs fill
with the clean cold
of eternity
Fall
in a death-agony
aussitôt
la chute inverse
fauche mollement
l’estomac
immediately
the reverse fall
vertiginously upends
the stomach
Péninsule
de hauteur
Prisonnier sur parole de la terre
à quatre mille de hauteur
à l’infini de profondeur
Un cerf-volant de ton enfance
soudain sans fil tu t’émancipes
assis dessus
De ta main d’ours Garros
alors
tu me signales quelque chose
et je me suis penché au bord du gouffre
et j’ai vu Paris sur la terre
et plus humble ma ville
à sa mesure
déserte d’hommes
faible seule sa Seine en jade
et plus je la regardais décroître
et plus je sentais croître mon triste amour
Car celui-là qui s’éloigne de ce qu’il aime
pour détruire son triste amour
la figure de ce qu’il aime
s’isole se dépouille
cache le reste
Pensinsula
of height
Prisoner on earthly parole
at a height of four thousand metres
at the infinite zero
A kite from your childhood
suddenly without thread you free yourself
sitting on it
With your ursine hand Garros
then
you point out something to me
and I bend over the edge of the abyss
and I see Paris below
and my city humbler
in its scale
deserted
vulnerable alone its jade coloured Seine
and the more I watch it diminish
the greater my sad love grows
For who goes away from what he loves
to destroy his sad love
and its figure
isolates himself divests himself
hides the rest
et davantage le tourmente
et celui-là qui monte
s’il se penche
et voit les pauvres lieux du monde
baisse la tête
et souhaite revenir à sa prison
Un univers nouveau
chavire
roule des spasmes de nuit verte
étouffe le noyé buveur
ivre de mort limpide
J’embarque à f
ond de cale
un paquet de ciel froid
Une pâle géographie
L’alcool des atmosphères
où la maison
devient énorme
avec aisance
and increases his torment
and he who ascends
if he bends
and sees the poor places of the world
lowers his head
and wishes to return to his prison
A new universe
capsizes
rolls spasms of green night
suffocates the drowning drinker
intoxicated with limpid death
I embark in the hold
a parcel of cold sky
A pale geography
The alcohol of atmospheres
where the house
becomes huge
with facility
et rapetisse vite
Herbier de paysages vides
Faudra-t-il
redescendre
où subsiste un fléau fabuleux de Genèse
Les Sodome les Gomorrhe
du fond visibles aux nageurs
de la mer morte
à dessous
Le fleuve même pétrifié
coupe net en deux la lune
Lorsque nous atterrîmes
je crus que nous volions encore à deux mille mètres
ô surprise
car pour une forêt profonde je prenais
les bruyères de la prairie
and as rapidly shrinks
Herbarium of empty landscapes
Must one
go down again
to what remains of the fabulous plague of Genesis
Sodom and Gomorrah
visible on the bottom to swimmers
in the dead sea
The river itself petrified
cut nearly in two the moon
When we landed
I thought we were still flying at two thousand metres
o surprise
that I take for a deep forest
the meadow heather
LES HANGARS
Les hangars de Billancourt
où se construisent les
aéroplanes
Far West Texas la Prairie
ranchos
districts cités de planches
une jeunesse de fantômes
sous le ciel de Billancourt
ALDA ALDA la véranda
Les dirigeables paissent le gaz
dans les parcs aérostatiques
Garçons jupés de chèvre ils dansent
Les feutres les gants crispins
Le mouchoir autour de cou
doit être rouge
Valse de croupes Demi-tour
feu! Feu! Feu!
On pendait le voleur de chevaux à un eucalyptus
de la Cordillère des Andes
allo! allo! Post office?
Le laid Antinoüs à son comptoir de zinc
débite le gin atout bas les vestes
La rixe entre les chercheurs d’or
MON CHER DURKE
LE CHEF DES INDIENS REFUSE DE CÉDER SON PATRIMOINE À N’IMPORTE QUEL PRIX, JE DONNE L’ORDRE DE POURSUIVRE LES TRAVAUX. ON NE PEUT INTERROMPRE
THE HANGARS
The hangars of Bilianeourt
in which aeroplanes are built
Far West Texas the Prairies
ranchos
districts wooden cities
a ghostly youth
under the sky of Billancourt
ALDA ALDA the veranda
The airships graze the gas
in the aerostatic parks
boys in leather skirts dance
felt hats gauntlets
The handkerchief around the neck
has to be red
An assing waltz About turn
fire! fire! fire!
One hanged the horse-thief on a eucalyptus
in the Andean Cordillera
Hello! Hello! Post office?
The ugly Antinous at his zinc counter
rings up gin trumps jackets off
A skirmish between gold-prospectors
MY DEAR DURKE
THE INDIAN CHIEF REFUSES TO GIVE UP HIS INHERITANCE AT ANY PRICE. I HAVE GIVEN ORDERS TO PURSUE THE WORK. YOU CAN’T INTERRUPT A RAILWAY UNE LIGNE DE CHEMIN DE FER POUR UNE OPPOSITION STUPIDE. JE VIENDRAI DIMANCHE À LA FERME.
VOTRE ONCLE
WILSON
Programme périmé
La machine Underwood très douce
Détective
hop en selle
et forte au revolver
la téléphoniste de Los Angelès
ressuscite
un vieux galop
Les Indiens sur leurs petits poneys
Locomotive 1203
Maud épouse le cow boy
la géante rougit d’un beau sang noir
une palissade ingénue de cils charbonne
au plâtre superbe des joues
couple de plus en plus fantôme
jusqu’à cet écusson de foudres
AMERICAN VITAGRAPH
LINE BECAUSE OF STUPID OPPOSITION. I’LL COME TO THE FARM ON SUNDAY.
YOUR UNCLE
WILSON
An out-of-date programme
The smooth-running Underwood machine
Detective
loads in the saddle
the Los Angeles telephonist
revives
an old gallop
The Indians on their little ponies
Locomotive 1203
Maud marries the cowboy
the giantess reddens with rich black blood
an ingenious fence of eyelashes blacken
the superb plaster of her cheeks
couple more and more phantasma
until this lightning insignia
AMERICAN VITAGRAPH
Les hussardes les lucioles
dans la nuit
de notre loge en pleine mer
Un corbillard allègre à Budapest
La soliste chante
au Grand Canal des pupitres
ignorant le tourisme d’Alpe
où se dépêche un attelage en réalité
fainéant
Bonjour d’aviateur posthume
Coupes de bois en Norvège
et de nouveau l’idylle américaine
cataleptique
en plein soleil clair de lune
Le cheval au profil de craie
Là-haut tricote à sa lucarne
la vieille électricité
The hussars the fireflies
in the night
of our lodge in the middle of the sea
A cheerful hearse in Budapest
The soloist sings
to the Grand Canal of lecterns
ignoring Alpine tourism
where a speeded-up team is in reality
leisurely
Greetings from a posthumous pilot
Wood felled in Norway
and the new American idyll
cataleptic
in the middle of the sun – and moonlight
The chalk profile of a horse
Up there the old electricity
knits by its skylight
Billancourt ciel de Billancourt
Das le premier hangar
les os les pennes les tubulures
rouages
des chérubins
la forge chaude
une apparence de mains d’hommes
le moteur gèle
sa ruche blanche
Dans le second hangar
on agglutine
la toile mauve
jeux scie varlope ripolin
joies pirogues
les numéros au pochoir
vous n’avez qu’à suivre à droite
Dans le troisième hangar
on ajuste les pièces
pour le carnaval debout sur les chars
où cahotent replié
s
les papillons de la féerie
FIAT banlieue aux membres grêles
Billancourt sky over Billancourt
In the first hangar
bones pinions piping
cog-wheels
of cherubim
the glowing forge
an appearance of men’s hands
the engine freezes
its white ruff
In the second hangar
one sticks together
the mauve canvas
games saw plane enamel-paint
skiffs canoes
stencilled numbers
all you have to do is turn right
In the third hangar
one adjusts spare parts
for the carnival standing on floats
where the folded
extravagant butterflies jolt
FIAT suburb of spindly limbs
frrrrrrr allez oiseaux
et il y eut un soir
et il y eut un matin
et ce fut le cinquième jour du monde
Le dernier hangar
s’ouvre à pic
au bord des eaux légères
frrrrrrr the birds take flight
and there was an evening
and there was a morning
and it was the fifth day of the world
The last hangar
opens up vertically
on the brink of the buoyant waters
GRÉCO
Puis-je, grenouille morte, en l’eau vous trouver laide,
Semblable aux jeunes gens du peintre de Tolède,
Ainsi leur jambe flotte et leurs doigts écartés.
Les nuages de linge et d’électricité,
Bâtissent les maisons, les rocs de leur cité.
Ils attirent la foudre, ils appellent à l’aide.
Morte vue à l’envers et de tous les côtés.
GRECO
Dead frog in the water, can I find you ugly,
like the youths depicted by the Toledo painter,
their legs fluttery, toes open.
Clouds of linen and electricity
build the houses, the rocks of their city.
They attract lightning and call for help.
Dead woman seen from all sides, the wrong way round.
LE SECRET DU BLEU
Le secret du bleu est bien gardé. Le bleu arrive de là-bas. En route, il durcit et se change en montagne. Le cigale y travaille. Les oiseaux y travaillent. En réalité, on ne sait rien. On parle du bleu de Prusse. A Naples, la Sainte-Vierge reste dans les trous des murs quand le ciel se retire.
Mais ici tout est mystère. Mystère le saphir, mystère la Sainte- Vierge, mystère le siphon, mystère le col du matelot mystère les rayons bleus qui rendent aveugle et ton œil bleu qui traverse mon cœur.
THE SECRET OF BLUE
The secret of blue is well kept. Blue comes from far away. On its way, it hardens and changes into a mountain. The cicada works at it. The birds assist. In reality, one doesn’t know. One speaks of Prussian blue. In Naples, the virgin stays in the cracks of walls when the sky recedes.
But it’s all a mystery. The mystery of sapphire, mystery of Sainte Vierge, mystery of the siphon, mystery of the sailor’s collar, mystery of the blue rays that blind and your blue eye which goes through my heart.