Book Read Free

Les Index Noires

Page 16

by Jules Verne


  Le déjeuner achevé, il s'agissait de se rendre au lac Katrine. Plusieurs voitures, aux armes de la famille Breadalbane — cette famille qui assurait autrefois le bois et l'eau à Rob Roy fugitif — étaient à la disposition des voyageurs et leur offraient tout ce confort qui distingue la carrosserie anglaise.

  Harry installa Nell sur l'impériale, conformément à la mode du jour. Ses compagnons et lui prirent place auprès d'elle. Un magnifique cocher, à livrée rouge, réunit dans sa main gauche les guides de ses quatre chevaux, et l'attelage commença à gravir le flanc de la montagne, en côtoyant le lit sinueux du torrent.

  La route était fort escarpée. A mesure qu'elle s'élevait, la forme des cimes environnantes semblait se modifier. On voyait grandir superbement toute la chaîne de la rive opposée du lac et les sommets d'Arroquhar, dominant la vallée d'Inveruglas. A gauche pointait le Ben Lomond, qui découvrait ainsi le brusque escarpement de son flanc septentrional.

  Le pays compris entre le lac Lomond et le lac Katrine présentait un aspect sauvage. La vallée commençait par des défilés étroits qui aboutissaient au glen d'Aberfoyle. Ce nom rappela douloureusement à la jeune fille ces abîmes remplis d'épouvante, au fond desquels s'était écoulée son enfance. Aussi James Starr s'empressa-t-il de la distraire par ses récits.

  La contrée y prêtait, d'ailleurs. C'est sur les bords du petit lac d'Ard que se sont accomplis les principaux événements de la vie de Rob Roy. Là se dressaient des roches calcaires d'un aspect sinistre, entremêlées de cailloux, que l'action du temps et de l'atmosphère avait durcis comme du ciment. De misérables huttes, semblables à des tanières — de celles qu'on appelle « bourrochs » —, gisaient au milieu des bergeries en ruine. On n'eût pu dire si elles étaient habitées par des créatures humaines ou des bêtes sauvages. Quelques marmots, aux cheveux déjà décolorés par l'intempérie du climat, regardaient passer les voitures avec de grands yeux ébahis.

  « Voilà bien, dit James Starr, ce que l'on peut plus particulièrement appeler le pays de Rob Roy. C'est ici que l'excellent bailli Nichol Jarvie, digne fils de son père le diacre, fut saisi par la milice du comte de Lennox. C'est à cet endroit même qu'il resta suspendu par le fond de sa culotte, heureusement faite d'un bon drap d'Écosse, et non de ces camelots légers de France ! Non loin des sources du Forth, qu'alimentent les torrents du Ben Lomond, se voit encore le gué que franchit le héros pour échapper aux soldats du duc de Montrose. Ah ! s'il avait connu les sombres retraites de notre houillère, il aurait pu y défier toutes les recherches ! vous le voyez, mes amis, on ne peut faire un pas dans cette contrée, merveilleuse à tant de titres, sans rencontrer ces souvenirs du passé dont s'est inspiré Walter Scott, lorsqu'il a paraphrasé en strophes magnifiques l'appel aux armes du clan des Mac Gregor !

  — Tout cela est bien dit, monsieur Starr, répliqua Jack Ryan, mais, s'il est vrai que Nichol Jarvie resta suspendu par le fond de sa culotte, que devient notre proverbe : « Bien malin celui qui pourra jamais prendre la culotte d'un Écossais ? »

  — Ma foi, Jack, tu as raison, répondit en riant James Starr, et cela prouve tout simplement que, ce jour-là, notre bailli n'était pas vêtu à la mode de ses ancêtres !

  — Il eut tort, monsieur Starr !

  — Je n'en disconviens pas, Jack ! »

  L'attelage, après avoir gravi les abruptes rives du torrent, redescendit dans une vallée sans arbres, sans eaux, uniquement couverte d'une maigre bruyère. En certains endroits, quelques tas de pierres s'élevaient en pyramides.

  « Ce sont des cairns, dit James Starr. Chaque passant, autrefois, devait y apporter une pierre, pour honorer le héros couché sous ces tombes. De là est venu le dicton gaélique : « Malheur à qui passe devant un cairn sans y déposer la pierre du dernier salut ! » Si les fils avaient conservé la foi de leurs pères, ces amas de pierres seraient maintenant des collines. En vérité, dans cette contrée, tout contribue à développer cette poésie naturelle innée au cur des montagnards ! Il en est ainsi de tous les pays de montagne. L'imagination y est surexcitée par ces merveilles, et, si les Grecs eussent habité un pays de plaines, ils n'auraient jamais inventé la mythologie antique ! »

  Pendant ces discours et bien d'autres, la voiture s'enfonçait dans les défilés d'une vallée étroite, qui eût été très propice aux ébats des brawnies familiers de la grande Meg Mérillies. Le petit lac d'Arklet fut laissé sur la gauche, et une route à pente raide se présenta, qui conduisait à l'auberge de Stronachlacar, sur la rive du lac Katrine.

  Là, au musoir d'une légère estacade, se balançait un petit steam-boat, qui portait naturellement le nom de Rob-Roy. Les voyageurs s'y embarquèrent aussitôt : il allait partir.

  Le lac Katrine ne mesure que dix milles de longueur, sur une largeur qui ne dépasse jamais deux milles. Les premières collines du littoral sont encore empreintes d'un grand caractère.

  « Voilà donc ce lac, s'écria James Starr, que l'on a justement comparé à une longue anguille ! On affirme qu'il ne gèle jamais. Je n'en sais rien, mais ce qu'il ne faut point oublier, c'est qu'il a servi de théâtre aux exploits de la Dame du lac. Je suis certain que, si notre ami Jack regardait bien, il verrait glisser encore à sa surface l'ombre légère de la belle Hélène Douglas !

  — Certainement, monsieur Starr, répondit Jack Ryan, et pourquoi ne la verrais-je point ? Pourquoi cette jolie femme ne serait elle pas aussi visible sur les eaux du lac Katrine, que le sont les lutins de la houillère sur les eaux du lac Malcolm ? »

  En cet instant, les sons clairs d'une cornemuse se firent entendre à l'arrière du Rob-Roy.

  Là, un Highlander en costume national préludait, sur son « bag-pipe » à trois bourdons, dont le plus gros sonnait le sol, le second le si, et le plus petit l'octave du gros. Quant au chalumeau, percé de huit trous, il donnait une gamme de sol majeur dont le fa était naturel.

  Le refrain du Highlander était un chant simple, doux et naïf. On peut croire, véritablement, que ces mélodies nationales n'ont été composées par personne, qu'elles sont un mélange naturel du souffle de la brise, du murmure des eaux, du bruissement des feuilles. La forme du refrain, qui revenait à intervalles réguliers, était bizarre. Sa phrase se composait de trois mesures à deux temps, et d'une mesure à trois temps, finissant sur le temps faible. Contrairement aux chants de la vieille époque, il était en majeur, et l'on eût pu l'écrire comme suit, dans ce langage chiffré qui donne, non les notes, mais les intervalles des tons :

  5 | 1.2 | 3525 | 1.765 | 22.22

  ···

  1.2 | 3525 | 1.765 | 11.11

  ···

  Un homme véritablement heureux alors, ce fut Jack Ryan. Ce chant des lacs d'Écosse, il le savait. Aussi, pendant que le Highlander l'accompagnait sur sa cornemuse, il chanta de sa voix sonore un hymne, consacré aux poétiques légendes de la vieille Calédonie :

  Beaux lacs aux ondes dormantes,

  Gardez à jamais

  Vos légendes charmantes,

  Beaux lacs écossais !

  Sur vos bords on trouve la trace

  De ces héros tant regrettés,

  Ces descendants de noble race,

  Que notre Walter a chantés !

  Voici la tour où les sorcières

  Préparaient leur repas frugal;

  Là, les vastes champs de bruyères,

  Où revient l'ombre de Fingal.

  Ici passent dans la nuit sombre

  Les folles danses des lutins.

  Là, sinistre, apparaît dans l'ombre

  La face des vieux Puritains !

  Et parmi les rochers sauvages,

  Le soir, on peut surprendre encore

  Waverley, qui, vers vos rivages,

  Entraîne Flora Mac Ivor !

  La Dame du Lac vient sans doute

  Errer là sur son palefroi,

  Et Diana, non loin, écoute

  Résonner le cor de Rob Roy !

  N'a-t-on pas entendu naguère

  Fergus au milieu de ses clans,

  Entonnant ses pibrochs de guerre,r />
  Réveiller l'écho des Highlands

  Si loin de vous, lacs poétiques,

  Que le destin mène nos pas,

  Ravins, rochers, grottes antiques,

  Nos yeux ne vous oublieront pas !

  Ô vision trop tôt finie,

  Vers nous ne peux-tu revenir

  A toi, vieille Calédonie,

  A toi, tout notre souvenir !

  Beaux lacs aux ondes dormantes,

  Gardez à jamais

  Vos légendes charmantes,

  Beaux lacs écossais !

  Il était trois heures du soir. Les rives occidentales du lac Katrine, moins accidentées, se détachaient alors dans le double cadre du Ben An et du Ben venue. Déjà, à un demi-mille, se dessinait l'étroit bassin, au fond duquel le Rob-Roy allait débarquer les voyageurs, qui se rendaient à Stirling par Callander.

  Nell était comme épuisée par la tension continue de son esprit. Un seul mot sortait de ses lèvres : « Mon Dieu ! mon Dieu ! » chaque fois qu'un nouveau sujet d'admiration s'offrait à sa vue. Il lui fallait quelques heures de repos, ne fût-ce que pour fixer plus durablement le souvenir de tant de merveilles.

  A ce moment, Harry avait repris sa main. Il regarda la jeune fille avec émotion et lui dit :

  « Nell, ma chère Nell, bientôt nous serons rentrés dans notre sombre domaine ! Ne regretteras-tu rien de ce que tu as vu pendant ces quelques heures passées à la pleine lumière du jour ?

  — Non, Harry, répondit la jeune fille. Je me souviendrai, mais c'est avec bonheur que je rentrerai avec toi dans notre bien-aimée houillère.

  — Nell, demanda Harry d'une voix dont il voulait en vain contenir l'émotion, veux-tu qu'un lien sacré nous unisse à jamais devant Dieu et devant les hommes ? veux-tu de moi pour époux ?

  — Je le veux, Harry, répondit Nell, en le regardant de ses yeux si purs, je le veux, si tu crois que je puisse suffire à ta vie... » Nell n'avait pas achevé cette phrase, dans laquelle se résumait tout l'avenir d'Harry, qu'un inexplicable phénomène se produisait.

  Le Rob-Roy, bien qu'il fût encore à un demi-mille de la rive, éprouvait un choc brusque. Sa quille venait de heurter le fond du lac, et sa machine, malgré tous ses efforts, ne put l'en arracher.

  Et si cet accident était arrivé, c'est que, dans sa portion orientale, le lac Katrine venait de se vider presque subitement, comme si une immense fissure se fût ouverte sous son lit. En quelques secondes, il s'était asséché, ainsi qu'un littoral au plus bas d'une grande marée d'équinoxe. Presque tout son contenu avait fui à travers les entrailles du sol.

  « Mes amis, s'était écrié James Starr, comme si la cause du phénomène se fût soudain révélée à son esprit, Dieu sauve la Nouvelle-Aberfoyle ! »

  XIX. Une dernière menace

  Ce jour-là, dans la Nouvelle-Aberfoyle, les travaux s'accomplissaient d'une façon régulière. On entendait au loin le fracas des cartouches de dynamite, faisant éclater le filon carbonifère. Ici, c'étaient les coups de pic et de pince qui provoquaient l'abatage du charbon; là, le grincement des perforatrices, dont les fleurets trouaient les failles de grès ou de schiste. Il se faisait de longs bruits caverneux. L'air aspiré par les machines fusait à travers les galeries d'aération. Les portes de bois se refermaient brusquement sous ces violentes poussées. Dans les tunnels inférieurs, les trains de wagonnets, mus mécaniquement, passaient avec une vitesse de quinze milles à l'heure, et les timbres automatiques prévenaient les ouvriers de se blottir dans les refuges. Les cages montaient et descendaient sans relâche, halées par les énormes tambours des machines installées à la surface du sol. Les disques, poussés à plein feu, éclairaient vivement Coal-city.

  L'exploitation était donc conduite avec la plus grande activité. Le filon s'égrenait dans les wagonnets, qui venaient par centaines se vider dans les bennes, au fond des puits d'extraction. Pendant qu'une partie des mineurs se reposait après les travaux nocturnes, les équipes de jour travaillaient sans perdre une heure.

  Simon Ford et Madge, leur dîner terminé, s'étaient installés dans la cour du cottage. Le vieil overman faisait sa sieste accoutumée. Il fumait sa pipe bourrée d'excellent tabac de France. Lorsque les deux époux causaient, c'était pour parler de Nell, de leur garçon, de James Starr, de cette excursion à la surface de la terre. Où étaient-ils ? Que faisaient-ils en ce moment ? Comment, sans éprouver la nostalgie de la houillère, pouvaient-ils rester si longtemps au-dehors ?

  En ce moment, un mugissement d'une violence extraordinaire se fit soudain entendre. C'était à croire qu'une énorme cataracte se précipitait dans la houillère.

  Simon Ford et Madge s'étaient levés brusquement.

  Presque aussitôt les eaux du lac Malcolm se gonflèrent. Une haute vague, déferlant comme une lame de mascaret, envahit la rive et vint se briser contre le mur du cottage.

  Simon Ford, saisissant Madge, l'avait rapidement entraînée au premier étage de l'habitation.

  En même temps, des cris s'élevaient de toutes parts dans Coalcity, menacée par cette inondation subite. Ses habitants cherchaient refuge jusque sur les hautes roches schisteuses, qui formaient le littoral du lac.

  La terreur était au comble. Déjà quelques familles de mineurs, à demi affolées, se précipitaient vers le tunnel, pour gagner les étages supérieurs. On pouvait craindre que la mer n'eût fait irruption dans la houillère, dont les galeries s'enfonçaient jusque sous le canal du Nord. La crypte, si vaste qu'elle fût, aurait été entièrement noyée. Pas un des habitants de la Nouvelle-Aberfoyle n'eût échappé à la mort.

  Mais, au moment où les premiers fuyards atteignaient l'orifice du tunnel, ils se trouvèrent en face de Simon Ford, qui avait aussitôt quitté le cottage.

  « Arrêtez, arrêtez, mes amis ! leur cria le vieil overman. Si notre cité devait être envahie, l'inondation courrait plus vite que vous, et personne ne lui échapperait ! Mais les eaux ne croissent plus ! Tout danger paraît être écarté.

  — Et nos compagnons qui sont occupés aux travaux du fond ? s'écrièrent quelques-uns des mineurs.

  — Il n'y a rien à craindre pour eux, répondit Simon Ford. L'exploitation se fait à un étage supérieur au lit du lac ! »

  Les faits devaient donner raison au vieil overman. L'envahissement de l'eau s'était produit subitement; mais, réparti à l'étage inférieur de la vaste houillère, il n'avait eu d'autre effet que de surélever de quelques pieds le niveau du lac Malcolm. Coal-city n'était donc pas compromise, et l'on pouvait espérer que l'inondation, entraînée dans les plus basses profondeurs de la houillère, encore inexploitées, n'aurait fait aucune victime.

  Quant à cette inondation, si elle était due à l'épanchement d'une nappe intérieure à travers les fissures du massif, ou si quelque cours d'eau du sol s'était précipité par son lit effondré jusqu'aux derniers étages de la mine, Simon Ford et ses compagnons ne pouvaient le dire. Quant à penser qu'il s'agissait là d'un simple accident, tel qu'il s'en produit quelquefois dans les charbonnages, cela ne faisait doute pour personne.

  Mais, le soir même, on savait à quoi s'en tenir. Les journaux du comté publiaient le récit de cet étrange phénomène, dont le lac Katrine avait été le théâtre. Nell, Harry, James Starr et Jack Ryan, qui étaient revenus en toute hâte au cottage, confirmaient ces nouvelles, et apprenaient, non sans grande satisfaction, que tout se bornait à des dégâts matériels dans la Nouvelle-Aberfoyle.

  Ainsi donc, le lit du lac Katrine s'était subitement effondré. Ses eaux avaient fait irruption à travers une large fissure jusque dans la houillère. Au lac favori du romancier écossais, il ne restait plus de quoi mouiller les jolis pieds de la Dame du Lac, — du moins dans toute sa partie méridionale. Un étang de quelques acres, voilà à quoi il était réduit, là où son lit se trouvait en contrebas de la portion effondrée.

  Quel retentissement eut cet événement bizarre ! C'était la première fois, sans doute, qu'un lac se vidait en quelques instants dans les entrailles du sol. Il n'y avait plus, maintenant, qu'à rayer celui-ci des cartes
du Royaume-Uni, jusqu'à ce qu'on l'eût rempli de nouveau — par souscription publique —, après avoir préalablement bouché la fissure. Walter Scott en fût mort de désespoir, — s'il eût encore été de ce monde !

  Après tout, l'accident était explicable. En effet, entre la profonde cavité et le lit du lac, l'étage des terrains secondaires se réduisait à une mince couche, par suite d'une disposition géologique particulière du massif.

  Mais, si cet éboulement semblait être dû à une cause naturelle, James Starr, Simon et Harry Ford se demandèrent, eux, s'il ne fallait pas l'attribuer à la malveillance. Les soupçons étaient revenus avec plus de force à leur esprit. Le génie malfaisant allait-il donc recommencer ses entreprises contre les exploitants de la riche houillère ?

  Quelques jours après, James Starr en causait au cottage avec le vieil overman et son fils.

  « Simon, dit-il, suivant moi, bien que le fait puisse s'expliquer de lui-même, j'ai comme un pressentiment qu'il rentre dans la catégorie de ceux dont nous recherchons encore la cause !

  — Je pense comme vous, monsieur James, répondit Simon Ford; mais, si vous m'en croyez, n'ébruitons rien et faisons notre enquête nous-mêmes.

  — Oh ! s'écria l'ingénieur, j'en connais le résultat d'avance !

  — Eh ! quel sera-t-il ?

  — Nous trouverons les preuves de la malveillance, mais non le malfaiteur !

  — Cependant il existe ! répondit Simon Ford. Où se cache-t-il ? Un seul être, si pervers qu'il soit, pourrait-il mener à bien une idée aussi infernale que celle de provoquer l'effondrement d'un lac ? vraiment, je finirai par croire, avec Jack Ryan, que c'est quelque génie de la houillère, qui nous en veut d'avoir envahi son domaine ! »

  Il va sans dire que Nell, autant que possible, était tenue en dehors de ces conciliabules. Elle aidait, d'ailleurs, au désir qu'on avait de ne lui en rien laisser soupçonner. Son attitude témoignait, toutefois, qu'elle partageait les préoccupations de sa famille adoptive. Sa figure attristée portait la marque des combats intérieurs qui l'agitaient.

 

‹ Prev