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Short Stories in French

Page 10

by Richard Coward


  Une forme repliée sur elle-même, aux reflets noirs et lumineux comme si une énergie violette émanait d’elle, et ouverte comme si elle ne craignait pas de laisser voir la surprenante force enfouie dans ses rondeurs imperturbables qui la nourrissait, où au centre un bijou (une améthyste?) palpitait comme un œil de cyclope.

  Elle en fut fascinée. Il s’imposa d’emblée à elle. Et elle chercha quel mot pouvait bien définir cet objet-là. Il portait un titre simpliste, voire moqueur: «objet d’art». Et suivaient, sorte de sous-titre en caractères plus petits, ces mots intrigants: vidéo de roman. Il était là, prisonnier de cette cage, comme un insecte étrange, une relique de l’ère paléozoïque.5 Un film d’images incongrues défila dans sa tête. Elle n’en revenait tout simplement pas. Elle restait là, comme accrochée à sa coupe, et le scrutait. Elle avait une envie irrésistible de le toucher, de le voir se lover dans le creux de sa main, de l’effleurer de sa joue.

  Il n’y avait pas encore, à côté de lui, de point rouge. Et pour cause: le prix était exorbitant! L’objet, elle en était sûre, était conçu pour elle. Mais jamais elle n’aurait les fonds nécessaires pour se le payer, à moins d’oublier le voyage dans le Sud, mais cela était hors de question. Elle se trouvait confrontée, pensa-t-elle, à des problèmes de riche. Mais justement, elle ne l’était pas assez. Elle avait beau imaginer mille scénarios, l’objet restait hors de portée. Alors, en proie à une angoisse qu’elle jugea ridicule, elle veilla sur lui en retournant mille fois dans son cerveau des scénarios de conquête, c’est-à-dire que les mêmes chiffres brillaient dans des stratagèmes tous plus impossibles les uns que les autres. Elle restait là, à boire son vin qu’un serveur attentif remplissait avec un sourire de requin d’eau douce. Elle ne le voyait même pas. Seul l’objet comptait. Un objet pompeusement nommé «objet d’art».

  Autour d’elle et de l’objet, les gens circulaient, bavardaient. Et plus ça riait et jacassait, plus il lui semblait impérieux de le soustraire à toute cette clinquante vulgarité. Elle se savait atteinte d’une folie subite, comme si elle avait été envoûtée par un sortilège. Elle observait les gens et n’en revenait pas de tant d’inconscience. Ce monde d’artistes, de critiques, d’écrivains était là à folâtrer comme si l’exposition faisait partie de l’apéro, des courses, des affaires courantes … Alors qu’elle restait profondément troublée, comme si elle était pour la première fois de sa vie, confrontée au sacré. Il fallait absolument qu’elle le possède! Car elle en était tombée follement amoureuse. Oui, «amoureuse» était le mot juste. Et lui, il restait là, dans son écrin, à l’évaluer, à la narguer, à la séduire.

  Quand elle vit la propriétaire s’approcher avec au bout du doigt une tache rouge, elle eut un malaise. Comme si elle voyait la mort arriver. Elle se sentit au bord d’un grand malheur et seul l’objet, elle le savait maintenant, pouvait la sauver. Mais Anne lui adressa un sourire chaleureux et colla l’étiquette au bas d’un dessin insignifiant. Maintenant, elle comprenait: il lui fallait l’objet coûte que coûte. Et elle sombra dans sa contemplation. Le vernissage était une réussite. Et quiconque aurait porté la moindre attention à cette femme n’aurait vu qu’une séduisante jeune personne en train d’observer, d’étudier certains objets, là, dans une boîte transparente. Il n’aurait pu deviner qu’elle était ensorcelée. Mais elle, elle piaffait. Elle ne pouvait se libérer du joug de l’objet. Elle avait beau se traiter de folle, elle n’avait jamais vu quelque chose d’aussi beau, d’aussi inquiétant. Elle en était séduite jusqu’à l’âme. Elle le voyait dans ses moindres détails, dans ses moindres nuances, jusque dans les ombres de ses replis, de ses entrailles, jusque dans ses reflets les plus subtils, et cet œil, qui la regardait comme une étoile brûlante, jonchait, juste pour elle, l’horrible plexiglas. Il fallait qu’elle l’achète. C’était devenu une question de vie ou de mort. C’était aussi simple, aussi terrible que ça. Mais le prix! Elle avait peine à se décider.

  Le serveur remplit son verre et lui adressa la parole: «Il fait chaud, n’est-ce pas?» Elle le regarda. D’abord elle ne le vit pas, puis elle aperçut des dents se préciser, blanches et droites, en un sourire de publicité pour pâte dentifrice. Elle essaya d’en faire autant. «Vous vous sentez bien?» Elle hocha la tête en signe d’affirmation. Du fond de l’enfance remonta alors cette image de l’ange rose, dans la crèche, qui remercie les fidèles quand les sous tombent dans la fente de son cou. Elle eut un fou rire, ce qui encouragea le jeune serveur à poursuivre: «Il y a tellement de monde, n’est-ce pas?» De sa main gauche, elle lui toucha le coude. Il frissonna. Elle ne s’en aperçut pas et réussit à lui marmonner qu’elle voulait voir Anne, immédiatement. Il répliqua – et elle put alors voir une langue se tordre en un humide point rouge prêt à se coller sur son front: «La propriétaire?» Elle hocha la tête à nouveau. Cérémonieusement, il s’inclina comme un valet dans un film muet et disparut. Mais tout ce monde n’en finissait pas d’aller et de venir. Elle fixa l’objet et se sentit mieux. Elle avait enfin pris sa décision.

  Quand Anne se pointa, l’index à nouveau tatoué d’un cercle rouge, elle paniqua. Mais Anne l’apposa au bas d’un autre dessin, quelconque. Puis Anne vint vers elle. Elle était toute menue et son visage était comme séparé en deux. En haut, les yeux étaient tristes: en bas, le sourire était radieux. Alors on ne savait jamais si Anne était heureuse ou malheureuse. Ce qui faisait qu’on gardait toujours une certaine distance, un certain malaise quand on ne la connaissait pas vraiment. Elles échangèrent des banalités d’usage puis elle lui désigna l’objet. Anne rentra ses lèvres, contrariée. Un silence singulier s’ensuivit, que la foule autour mettait en exergue. Puis Anne, de sa voix rauque lui dit: «Bien entendu, tu ne peux pas savoir que c’est la première fois que l’artiste consent à le mettre en vente?» Bouleversée, elle regarda Anne. «Tu vois, elle n’a jamais voulu s’en défaire. Elle dit que c’est son porte-bonheur. Mais comme elle veut retourner au Tibet, cette fois pour très longtemps, elle a besoin d’amasser le plus d’argent possible. Mais je te l’avoue bien sincèrement, elle espérait que personne ne l’achèterait.» «Mais, je le veux.» Cette réplique, dite sèchement, cingla Anne qui leva la main gauche comme pour conjurer un mauvais sort. Pendant de longues secondes le silence engonça leur regard, puis finalement Anne s’en ella en lui disant «Puisque tu y tiens, alea jacta est.»6 La phrase sembla menaçante. En tremblant, elle déposa sa coupe au-dessus de l’objet, sur le carré de plexiglas, puis fouilla dans son sac de cuir noir qu’elle portait en bandoulière. Elle avait mis une robe à col roulé, en laine noire, d’où s’échappaient de longues jambes finement aiguisées par des souliers pointus, noirs eux aussi, aux talons d’une hauteur vertigineuse. Elle trouva son carnet de chèques de la Caisse Populaire Saint-Louis-de-France. Elle vit le nom et l’adresse clignoter. Les mots semblaient s’éloigner puis se rapprocher, rapetisser et grandir, comme si le nom du saint passait successivement à travers ses yeux et à travers une loupe. Elle s’appuya légèrement et entendit un craquement: l’assemblage de plastique s’écroulait dans un tintamarre effrayant et elle roulait au milieu des débris, tenant, entre ses mains ensanglantées, l’objet tant convoité. Elle se remit d’aplomb. Elle avait peine à respirer. Elle secoua la tête comme pour chasser ces hallucinations. Anne réapparut et lui demanda: «Ça va?» Elle fit signe que oui. En guise d’excuse, elle désigna la foule tout autour. Mais Anne ne semblait pas convaincue. Elle réussit à trouver un stylo et remplit le chèque, en bonne et due forme, comme une automate. Elle émit une profonde respiration qui inquiéta Anne. «Ça peut attendre tu sais.» Elle la torpilla aussitôt d’un regard où se mêlaient la surprise et la peur. Anne, sidérée, refit ce geste de la main gauche qui semblait signifier cette fois: «Comme tu voudras!» Alors, Anne prit le chèque, la remercia et, le temps de le dire, marqua d’un point sanglant le i du vidéo, et disparut, happée par la foule bruyante. Elle était enfin seule avec lui, maintenant «son objet d’art». Enfin à elle! Si seulement elle avait eu le temps d’y toucher, mais Anne
avait agi avec tellement de dextérité, de vitesse … «en cachette», songea-t-elle. Elle prit son verre. Comme par magie le serveur était là, toutes canines sorties. Elle lui sourit, cette fois pour vrai, soulagée. Il vola vers elle pour remplir sa coupe. Il était fasciné par sa beauté, par ses yeux de cette couleur incroyable. Mais ne se souciant absolument pas de lui, elle retourna à sa conversation privée avec l’objet, entrecoupée de moult toasts intimes. Elle but. Et elle but.

  Quand elle s’aperçut que la foule s’était éclaircie elle envoya, en catimini, un baiser à l’objet qui sembla lui faire un clin d’œil retentissant. Elle sursauta. Elle vida son verre. Elle n’eut aucune peine à se rendre jusqu’au portique où l’attendait le serveur. Il l’aida à enfiler son ample manteau de drap noir acheté à la boutique Parachute de Soho à New York. Il lui dit des insanités qu’elle avait entendues des milliers de fois. Anne la remercia à nouveau et lui dit que l’artiste aimerait la voir. Mais elle rétorqua qu’elle était trop fatiguée et qu’elle lui parlerait une autre fois. Elle aurait aimé amener l’objet avec elle, mais elle connaissait les règles du jeu: une fois l’exposition terminée, elle pourrait le récupérer, pas avant. Mais comme elle l’aurait voulu tout de suite! Elle garda ce désir secret. A contrecœur, elle descendit les marches. Anne, songeuse, la regarda partir. Une fois dehors, le vent froid la gifla brutalement. A côté, l’Express était bondé, comme à l’accoutumée. Elle y entra, et put prendre par miracle la place d’un client qui réglait son addition. Elle commanda du vin rouge, une bavette cuite à point et les frites qu’elle adorait. Elle mangea et but avec appétit. Tout allait comme dans le meilleur des mondes. Elle venait de sacrifier son voyage dans les Antilles pour un objet qui peut-être n’en valait pas la peine. «So what!», se répéta-t-elle. Elle avait bien sacrifié douze ans de sa vie, immolé sa jeunesse, pour quelqu’un qui n’en valait pas la peine, alors où était le drame? Elle but. Elle refit deux fois son maquillage dans les toilettes. Ses yeux chatoyaient dans le miroir comme des lunes sur le Nil. Elle se savait de plus en plus soûle et, en même temps, de plus en plus lucide. Elle se dédoublait, s’analysait et s’étonnait d’elle-même. Dehors, la poudrerie commençait.

  Elle paya avec sa carte American Express et sortit. Le vent maintenant fouettait la nuit sans pudeur. Elle traversa la rue et s’engouffra un peu plus haut dans un bar qu’elle aimait bien et dont un de ses amis, Julien, avait trouvé le nom: le Passeport. C’était archiplein. Les décibels secouaient la place. Elle laissa son manteau au vestiaire, et se dirigea vers le bar du fond. Colette, sa barmaid préférée, l’accueillit en levant les bras en l’air et en lui disant qu’elle paraissait en superforme. Elle lui demanda, comme d’ordinaire, du rouge. Colette lui suggéra du vin nouveau, ce qui lui parut une excellente idée. Elle but et le reste de l’univers se perdit peu à peu dans un flou aux couleurs délavées que transperçait par intermittence l’œil violet de «l’objet d’art». Quand elle se sentait trop dériver, elle allait sur la piste de danse et virevoltait comme une plume arrachée sous les étoiles artificielles. Elle passa ainsi le reste de la soirée à boire et à danser. Puis, Colette l’invita à aller dans un endroit où l’on servait illégalement de l’alcool après les heures de fermeture, mais elle refusa. Elle voulait rester seule pour mieux rêver à lui, à «l’objet d’art».

  Elle ressortit pour se retrouver sur le trottoir métamorphosé en une peau de zèbre tourmentée et glaciale ou aucun taxi n’attendait. Elle releva le col de son manteau pour défier la tempête. Elle n’avait pas d’autre choix. Elle retraversa la rue et passa devant la galerie Aurore. Toutes les fenêtres étaient noires. Mais elle savait que derrière, au fond d’un sarcophage vitreux, un œil mystérieux brillait. L’Express était fermé. Seules quelques pâles lumières veillaient sur les fantômes de la soirée. En face, l’entrée du nouveau Théâtre d’Aujourd’hui7 avait l’air d’un aquarium vide. Mais le vent froid et la poudrerie l’empêchèrent de s’arrêter. Elle ferma les yeux et songea que maintenant elle avait son talisman. Rendue devant le fleuriste Marcel Proulx, elle s’agrippa à un petit arbre squelettique, gracieuseté de la ville de Montréal. La vitrine du fleuriste, où s’étalaient des fleurs magnifiques aux coloris séduisants, lui rappela méchamment qu’elle venait de sacrifier son voyage vers leurs contrées chéries, et chaque pétale d’un hibiscus écarlate sembla lui adresser un reproche sanguinolent. Puis, au coin de la rue Roy, elle vit poindre un taxi au bout de la rue Berri. Mais il tourna à droite, passa entre l’église Saint-Louis-de-France et la Caisse Populaire où aboutirait dans quelques heures un chèque faramineux signé de son nom, et il s’éclipsa au bout de Roy où, sur une petite place déprimante, gisent des chaises dont personne ne sait que faire. Le taxi allait sans doute emprunter la rue Saint-André pour répondre à l’appel d’une personne impatiente de partir en voyage, et dont l’avion décolle au petit matin pour un pays ensoleillé. Elle se vit comme Alice au pays des merveilles à la croisée des chemins: ou tourner à gauche et affronter le vent diabolique qui, comme dans une chasse-galerie, chialait et jurait, empalé au clocher de l’église, ou continuer tout droit et essayer par la suite de se faufiler devant la maison dite «des sourds et muets» où était mort Louis Fréchette,8 le poète de La légende d’un peuple. Elle opta pour ce dernier trajet. La neige lui coulait dans le cou et son foulard mouillé ne servait plus à grand-chose. Ses souliers à talons hauts sortaient d’un cauchemar intégral. Le froid lui serrait les chevilles et menaçait de la clouer à même les interstices du trottoir qu’elle devinait à travers ses larmes. Quand elle était petite et qu’elle jouait à la marelle, elle gagnait à coup sûr le paradis, mais maintenant, son ange gardien l’avait abandonnée dans cet enfer blanc où elle dérivait comme une aile brisée. Elle maudit ce pays au climat barbare et seule l’encouragea l’idée de jouir de ce spectacle, une fois installée dans la chaleur de l’appartement, même si de puissantes bourrasques l’assaillaient de toutes parts. Rendue devant le café Cherrier, déserté lui aussi, elle put respirer. En face, les arbres du carré9 Saint-Louis gémissaient comme des fantômes d’opéra. Médusée, elle s’arrêta pour écouter ces plaintes saisissantes, puis elle repartit de plus belle. Encore une centaine de mètres et ça y était. Elle aurait voulu piquer vers le building recouvert de tôles grises, le plus laid de la ville, où siégeait l’Institut d’hôtellerie, échoué là bêtement comme un sosie minable du Darth Vader de La guerre des étoiles, mais elle savait qu’à cette heure-là les portes du métro étaient verrouillées. Donc, il n’y avait pas moyen de prendre le tunnel qui reliait les sorties ouest et est de la station Sherbrooke pour ainsi profiter de ce bras souterrain et entrer directement dans son building. Elle s’enhardit à franchir le triple tronçon de l’artère Berri. Sous le viaduc, le vent lui fonça dessus en hurlant comme un maniaque et la rattrapa. Il l’étouffait lentement comme une pieuvre cruelle sortie des abysses de la ville. Mais de se savoir si près de chez elle lui redonna des forces. Elle se jeta littéralement en avant. Elle perdit conscience du temps et finit par se retrouver sous la marquise de son immeuble injustement baptisé place du Cercle. Elle s’engouffra dans le portique en faux marbre beige et se cala contre la porte. L’odyssée venait enfin de se terminer. En tremblotant, elle tira les clefs de son sac et réussit à ouvrir l’autre porte d’entrée. Ses doigts gelés semblaient un refuge pour toutes les aiguilles du monde. L’ascenseur l’attendait. Elle parvint à appuyer sur le chiffre quatorze. Comme au ralenti la cage se referma. Elle arriva au bon étage et prit une autre clef pour déver-rouiller la porte du 1404. Elle fut accueillie par le magnifique spectacle de la tempête qui se déroulait sur l’écran des fenêtres. Elle resta un moment éberluée de comprendre qu’elle venait de traverser cette tourmente-là. Elle se laissa tomber dans un fauteuil. Puis elle commença à retirer ses vêtements. Elle se brossa vigoureusement les dents, se démaquilla en catastrophe. Le vent brassait les fenêtres. Les lumières de la ville vacillaient comme des phares en folie. «La première tempête de neige, à Montréal, est toujours fas
cinante», murmura-t-elle avant de sombrer dans le lac calme de ses draps roses. Mais elle rêva à d’immenses sculptures de glace, noircies par des tourbillons de fumée qui entouraient un cratère rougeoyant au centre duquel palpitait un iris violet qui l’aspira.

  Elle se réveilla en fin d’avant-midi,10 mal en point, la tête lourde, le cœur sur pilotis. Elle avala deux aspirines et se recoucha. Par les fenêtres, elle était agressée par un ciel d’un bleu vif, saupoudré d’une légère neige que le vent ballottait dans des torrents d’air glacial, pendant que les buildings de la ville perçaient le ciel de leurs scalpels miroitants. En tremblant elle alluma une cigarette et, en même temps, la radio. C’était l’heure des informations régionales, à Radio-Canada. Quand l’annonceur parla d’un sinistre sur le Plateau Mont-Royal ayant nécessité à l’aube trois alertes, elle cessa de fumer. Il donna l’adresse du triplex qui abritait deux logements occupés et une galerie d’art. Personne n’avait perdu la vie mais les dommages étaient considérables. La possibilité d’un incendie criminel n’était pas écartée. Le bulletin de la météo suivait: «Un ciel dégagé pour aujourd’hui et cette nuit, mais du temps froid. Il fait présentement moins deux degrés à Dorval. Ce qui est un peu en-dessous de la normale … Au signal sonore, il sera midi.» Même la radio fermée, ce son lancinant continua d’allonger dans sa tête une ligne noire comme une épitaphe sans mots. Elle pleurait.

  The Objet d’art

  To Annie Molin Vasseur

  ‘We are never completely cured of an evil that we have loved.’

 

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