Opération bague au doigt
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Je me lève, je prends mon sac et je passe pour la dernière fois une main tremblante sur mes cheveux. Puis je me dirige vers la porte d’où j’ai vu émerger d’autres gens plus grands, plus jeunes et bien plus beaux que moi. Je franchis le seuil du bureau pour découvrir ce que le destin, ou du moins Viveca Withers, me réserve.
Si j’ai été surprise par l’exiguïté de la salle d’attente, je le suis encore plus en découvrant Viveca Withers ! Elle a l’air encore plus minuscule et un peu plus jeune que la quasi-cinquantenaire rencontrée il y a un an.
Enfin, quand je dis « plus jeune », pas exactement ! Au moment où elle me serre la main et me lance un sourire engageant (si j’ose dire), je la trouve plus tendue. Autour des yeux et du menton. Je ne suis pas médisante, mais j’ai comme l’impression que Viveca s’est fait un peu tirer la peau depuis notre dernière rencontre…
— Merci d’avoir accepté de me voir, mademoiselle Withers.
— Je vous en prie, appelez-moi Viveca, s’empresse-t-elle de me dire. Si nous sommes amenées à travailler ensemble, nous devons nous appeler par nos prénoms.
Elle me passe longuement en revue de ses yeux bruns surmontés de sourcils blonds teintés de la même couleur que ses cheveux courts coiffés en pétard.
Dites-moi, pas mal pour un début, non ? Ça démarre même en flèche. Je lui rends son sourire et m’assieds sur la chaise qu’elle m’indique d’un geste.
Nouveau sourire de sa part. Cette fois, je vois nettement que la peau qui entoure sa bouche a du mal à suivre le mouvement… Elle aurait dû payer plus cher son lifting ! Je suis au bord de la nausée en imaginant tout ce qu’elle a dû subir pour en arriver là. C'est bizarre, la façon dont bouge sa peau… C'est l’impression que je ressens chaque fois que je vois Michael Jackson (dernière version !). J’ai des visions de scalpel, de sang, de souffrance…
Brrr… J’en ai des frissons dans le dos.
— Vous avez froid ?
— Moi ? Oh, non…, ça va très bien.
Ce n’est pas le moment de lui montrer que son visage me met mal à l’aise. Au fait, où sont les cicatrices ? « Cesse de la regarder ! » me souffle une petite voix. Je focalise mon attention sur la petite ride entre ses deux sourcils. Apparemment, aucune chirurgie ne peut venir à bout de ce petit morceau de peau-là !
— Alors, ça se passe comment à Réveil tonique ?
— Bien. Je dirais même, merveilleusement bien.
Je me dis que j’en fais peut-être un peu trop !
— A vrai dire, je me suis aperçue que j’avais envie de changer, et c’est la raison pour laquelle j’ai sollicité cet entretien. Je travaille pour Réveil tonique depuis six mois. Je ne sais pas si vous avez déjà vu l’émission…
Mon Dieu, pourvu que non ! Comme ça, je pourrai continuer à mettre en avant ma longue expérience devant les caméras de télé… Alors que ça n’a rien de glorieux.
— Oui, je l’ai vue. Vous êtes très… souple, dit-elle en me gratifiant d’un nouveau sourire éprouvant pour son épiderme.
Le regard rivé sur l’unique ride de son visage pour n’être pas tentée de faire la grimace, je réponds :
— Merci.
— Ce n’est pas inintéressant. Je crois savoir que vous avez reçu un prix dans la catégorie Emissions pour enfants ?
— En effet. Le Prix du meilleur programme de fitness pour enfants.
Inutile de préciser que c’est la seule émission télé dans cette catégorie.
— Et si je suis bien informée, deux grandes chaînes s’intéressent à cette émission ?
Dites-moi, on dirait que les nouvelles vont vite…
— Oui. D’après ma productrice, certains producteurs ont manifesté leur intérêt.
La voilà qui hausse les sourcils. Je dirais presque qu’elle a l’air guilleret, si son front ne menaçait pas à tout instant de tirer vers le haut tout le reste de sa figure : nez, menton et lèvre supérieure…
— Vous comprenez bien que si une grande chaîne s’approprie l’émission, il pourrait y avoir un très gros contrat à la clé. Ce qui signifie beaucoup plus d’argent.
Ses mots commencent à m’effrayer davantage que sa figure.
— Mais ce que j’espère, enfin je veux dire ce que je veux, c’est prendre un virage. Je ne suis pas contre le fait de travailler pour la télévision. Ni de faire un film. Mais ce qui m’intéresse, c’est de trouver un rôle… un peu différent.
Sa peau retombe lourdement et sa bouche fait un mouvement qui ressemble à s’y méprendre à une moue. Que se passe-t-il donc ? Viveca Withers ne veut tout de même pas que je fasse carrière à Réveil tonique ! Si ça se trouve, elle aussi est tentée par ce contrat, et elle ne pense qu’au pourcentage qu’elle peut en tirer… sur mon dos en m’incitant à suivre une voie que précisément je n’ai plus envie de suivre.
Si c’est le cas, il est grand temps de remettre les pendules à l’heure.
— En tant qu’actrice, je me sens un peu… frustrée dans ce rôle. Je voudrais faire quelque chose…
Quelque chose où j’ai autre chose à dire que : « Regardez en l’air, levez bien la tête ! »
— … quelque chose de plus gratifiant.
Mais Viveca ne me regarde déjà plus. Elle est en train de prendre des notes sur son bloc d’une main nerveuse. Sur son visage, je lis : « J’ai déjà entendu ce refrain des millions de fois. »
Pourtant, ça ne me décourage pas. Je ne quitterai pas cette pièce tant que Viveca ne s’engagera pas à guider mes pas pour accomplir de grandes choses. Enfin, quand je dis grandes, c’est peut-être un peu précipité. Dans ce métier, les moments de grandeur sont rares. Disons simplement, pour m’aider à faire autre chose…
— J’ai amené quelques clichés de moi ainsi que mon CV.
Elle relève brusquement la tête, et me regarde à présent comme si j’étais devenue une menace, et non une nouvelle cliente potentielle pleine d’avenir.
— Très bien, vous pouvez me les laisser, j’y jetterai un coup d’œil, lâche-t-elle d’une voix qui laisse filtrer un profond ennui.
Je m’empresse de sortir la chemise de mon sac et je la lui tends.
Je la regarde faire sans en perdre une miette. Elle l’ouvre et se met à étudier le visage frais de la jeune fille qu’hélas je ne suis plus.
— On a déjà dû vous dire que vous ressemblez un peu à Marisa Tomei.
Je me sens fière, mais ça ne dure pas longtemps. Elle lève la tête pour étudier de nouveau mon visage et lâche :
— Mais comme vous n’êtes pas Marisa Tomei, ça n’a aucun intérêt.
Je sens mon estomac faire des nœuds.
— Avez-vous déjà envisagé de vous faire refaire le nez ? Il faudrait peut-être en affiner un peu l’arête, et retrousser légèrement la pointe. Cela rendrait votre visage un peu moins… typé.
Horrifiée, je touche mon nez pour voir s’il est bien là, comme si elle avait approché un scalpel de mon visage.
— Je… je crois que j’aime bien mon nez tel qu’il est.
Et ma mère aussi. Elle est très fière que je n’aie pas hérité d’un nez en bec d’aigle. C’est comme si elle l’avait sculpté elle-même, ce nez…
— Oublions ça. Bien, écoutez, je vous appelle si j’entends parler de quelque chose.
On dirait qu’elle est presque en colère contre moi. Son visage a perdu toute chaleur.
— Alors, c’est tout ? Pas de contrat à signer ? Enfin, vous voyez ce que je veux dire…
J’ai encore un peu d’espoir. Je sais que lorsqu’un agent s’engage vis-à-vis d’un client, il y a des tas de paperasses à remplir et des commissions à négocier.
— Nous allons d’abord voir comment vous vous en tirez, si j’arrive à trouver des auditions qui correspondent à votre profil. Après, nous aviserons. D’accord ?
Puis elle se rend compte qu’elle m’a parlé d’un ton sec sans aucune raison, si ce n’est que j’aime mon nez, alors qu’elle ne l’aime pas. Elle étire une dernière fois sa peau pour un dernier sourire u
n peu forcé.
— Je vous appellerai si une opportunité se présente.
En quittant le petit bureau et en passant près des mannequins en herbe de la salle d’attente et des masses de photos sur le mur, je sens bien que la seule chose qui puisse m’arriver dans l’immédiat, c’est de vomir les deux bouchées de mon omelette jambon-fromage et mon Coca Light.
En sortant, je fonce tout droit chez Kirk. Parce que son appartement n’est qu’à deux pas d’ici… et que j’ai besoin de quelqu’un pour me rassurer sur mon visage après ce rejet de la part de Viveca. Il est là, bien entendu. Il travaille, forcément… Mon irruption imprévue a l’air de le perturber un peu, mais je m’en fiche totalement. J’ai besoin de lui maintenant.
Sans doute est-il frappé par le désespoir qui se lit sur mon visage lorsque je lui explique que Viveca m’a conseillé une chirurgie du nez. Car il condescend à se laisser distraire du curseur qui clignote sur son écran pour m’apporter le réconfort dont j’ai tant besoin.
Il m’embrasse sur le bout de nez.
— Mon avis à moi, c’est que tu as un très joli nez.
J’ai l’impression d’être redevenue une toute petite fille. Je suis là, toute rouge, en nage, les yeux emplis de larmes en train d’expliquer à Kirk en pleurnichant que Viveca Withers n’a pas sauté de joie à la perspective de signer un contrat avec moi.
Mais peu m’importe. Pour l’instant, je me fous complètement de Viveca Withers et de son sourire de masque de cire… Ce dont j’ai éperdument besoin, c’est de sentir les bras de Kirk m’enlacer, et ses mains me caresser doucement le dos. J’ai besoin de voir ses yeux me dévorer le visage et d’y lire le désir qu’il ressent pour moi. Oui, j’ai besoin de me sentir désirée pour oublier ce que je viens d’entendre.
Et Kirk s’emploie à me le prouver, là, à même le sol de la cuisine… Dans un élan de passion que je ne lui ai pas connu depuis que j’ai mis en œuvre ma petite stratégie de frustration. Et il me donne autre chose aussi dont j’ai sérieusement besoin : à manger ! Du poulet au sésame, du bœuf à l’orange qu’il vient de commander à la hâte à Jimmy Chen avant même que j’aie eu le temps de remettre mon soutien-gorge.
Je n’ai besoin de rien d’autre, me dis-je, assise en tailleur sur le lit en face de Kirk pendant que nous dînons.
Non, rien.
11
Quand la vie vous presse comme un citron, laissez tomber la limonade. Vous avez besoin d’un vrai cocktail
Apparemment, je ne dois pas m’attendre à quelques câlins supplémentaires… Je n’ai pas encore attaqué mon gâteau surprise que Kirk commence déjà à jeter des coups d’œil anxieux du côté de son portable, lequel trône sur le bureau où il l’a laissé, l’écran toujours allumé.
J’ai compris, il doit retourner travailler. Je décide donc de reprendre le cours de ma vie que j’ai tendance à considérer de façon moins pessimiste bien qu’elle n’ait pas beaucoup changé.
Eh bien si, figurez-vous ! Il y a quelque chose de changé : mon appartement. Car en rentrant, je trouve Justin debout sur une échelle. Il vient de suspendre au plafond une sorte de hamac…
— Salut, Ange ! Comment s’est passé ton rendez-vous?
Il descend de l’échelle pour reprendre contact avec le sol, le visage radieux.
En examinant sa dernière trouvaille pour meubler notre nid douillet, j’en oublie Viveca.
— C’est quoi, ce machin ?
— Un truc pour se balancer. C'est la femme de C.J. qui me l’a donné quand je suis allé les voir dans le Westchester, il y a deux mois. On leur en avait fait cadeau pour leur pendaison de crémaillère, mais ils n’avaient pas d’arbre assez solide dans leur jardin…
Il me parle de ce hamac comme si on en trouvait dans tous les appartements de New York…
— Justin, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, je te signale que nous, nous n’avons pas d’arbre du tout !
— Je sais, mais ça marche aussi à l’intérieur. Je me demande pourquoi C.J. n’y a pas pensé.
Et il fait une traction sur le hamac en regardant le crochet qui le fixe au plafond.
Ce que je me demande, moi, c’est comment Justin a eu cette idée ! Inutile de se creuser la tête, c’est parce qu’il aime que ses acquisitions aient leur utilité.
— Regarde, ça marche, dit-il en s’asseyant au fond du hamac, l’œil pétillant. Et tu ne peux pas t’imaginer comme c’est confortable. Viens essayer, Ange !
Il se lève et m’offre galamment sa place.
Je m’assieds, puis je me décide à m’allonger. Les filets se referment sur moi. Ça ressemble à un hamac, mais en plus « vertical ». On dirait un siège.
— C'est vrai qu’on est bien là-dedans.
— Maintenant, tourne-toi. J’ai mis un crochet mobile pour qu’on puisse se mettre face à la fenêtre.
Je fais un demi-tour sur moi-même et je constate que Justin a poussé le bureau loin de la fenêtre pour qu’on ait l’azalée directement en ligne de mire. Elle est splendide ! C'est fou ce qu’elle a grandi. Les branches sont aussi plus fournies, probablement grâce aux soins attentifs de Justin. Mais je peux quand même survoler du regard la cour et ses charmants pavés de grès. Je sens le bien-être envahir mon corps tandis que je me balance doucement.
— Alors, tu te décides à me dire comment s’est passé cet entretien à l’Actors’ Forum ?
Mon corps se raidit instantanément.
— Pas très bien.
— Pourquoi?
— Elle… elle trouve que je devrais me faire refaire le nez, dis-je en touchant mon nez d’un air chagrin.
— Quoi ? Mais ton nez est super ! C’est le nez des DiFranco!
Il a l’air outré pour moi.
— En fait, c’est le nez des Caruso.
Caruso est le nom de famille de ma mère. C’est d’elle que j’ai hérité de cet illustre pif.
— Peu importe, c’est ton nez. Il convient à ton visage.
— Elle m’a dit qu’il me donnait l’air trop… typé.
— Typé ? Et alors, quel mal y a-t-il à ça ? C’est ce genre de look qui a lancé la carrière de DeNiro, de Pacino, de Turturro… C'est le visage de New York ! Celui des immigrants qui ont envahi Ellis Island quand tes ancêtres ont eu le courage de mettre les premiers le pied dans cette belle ville. C'est...
— D’accord, j’ai compris.
J’essaie de lui sourire. Je ne peux pas m’en empêcher, il est si mignon quand il part dans ses envolées sur New York, ou sur les Italiens de New York. Je comprends chaque jour davantage pourquoi ma mère a fait de Justin un « Italien honoraire » dès leur première rencontre. Par moments, j’ai l’impression que Justin aurait voulu être italien, comme le réalisateur qu’il vénère tant, Martin Scorsese. Ou alors être un authentique New-Yorkais et non un gars du Midwest transplanté dans la ville avec un penchant pour la sauce piquante.
— Tu vas chercher un autre agent ?
— Je ne sais pas. Elle m’a parlé du contrat de Réveil tonique avec beaucoup d’enthousiasme… Et si elle avait raison de considérer que c’est une occasion à ne pas rater ? En tout cas, il y aura certainement un gros salaire à la clé. Et la sécurité sociale.
Je vois Justin se rembrunir.
— La sécurité sociale, tu l’as déjà grâce à Lee & Laurie.
— Je sais. Mais je n’ai pas l’intention de travailler chez eux le restant de mes jours.
— Qui te parle de ça ? Ce boulot te permet d’attendre qu’une meilleure occasion se présente, un rôle. Tu as quand même de l’expérience. Tu as joué Fefu… Bon sang, tu as même failli gagner un Obie Award !
— Je sais, mais jusqu’à présent, ça ne m’a pas menée très loin.
— Ne me dis pas que tu envisages de signer ce contrat si les choses se précisent ?
Je me mords les lèvres. Je sais que Justin va me baratiner pour me pousser à y renoncer. Il va essayer de me convaincre que ce dont j’ai besoin, c’est battre le pavé en quête d’un rôle pour lequel je ne serai ni t
rop typée, ni trop petite, ni trop… ordinaire. Mais je ne suis pas certaine d’avoir envie d’entendre ce genre de propos. J’en ai tellement marre de croire en des choses qui n’arriveront sans doute jamais.
— Kirk est d’avis que c’est un bon boulot pour moi.
J’ai dit « pour moi » en pensant pour nous… C'est que Justin ignore toujours combien nous nous sommes rapprochés, Kirk et moi. Je n’ai pas envie qu’il donne à cette azalée plus d’importance qu’elle n’en a.
— Et qu’est-ce qu’il en sait, lui, de ce qui est bon pour toi?
Il a l’air presque en colère. C'est surprenant de la part de Justin sur lequel tout « glisse ». Même les gens…
Mais au lieu d’analyser cet accès de colère, je la retourne contre lui.
— Lui, il sait au moins qu’il faut travailler pour avoir ce qu’on veut dans la vie. Et qu’on ne peut pas se contenter de rester assis à bâtir des châteaux en Espagne sans rien faire de concret. Toi, par exemple, tu n’arrêtes pas de parler de musique et de faire des concerts dans toute la ville, mais tu passes ton temps sur ce merveilleux sofa qui encombre notre appartement à plaquer trois accords de guitare quand ça te chante !
En voyant la tristesse envahir son visage, je regrette aussitôt ce que je viens de dire. Mais Justin se défend :
— J’y arriverai ! Il faut juste que je coordonne l’ensemble, c’est tout. Ça prend du temps, tu sais ? Le succès ne te tombe jamais du jour au lendemain. Pas dans ce métier.
Il a raison. Il arrive même que le succès ne vienne jamais. Et au rythme où vont les choses, je me demande s’il arrivera un jour.
Si j’ai des doutes sur le fait que Justin puisse réaliser ses rêves un jour, avec les contacts qu’il a, avec son charme naturel, son physique de play-boy aux cheveux blonds et son talent manifeste pour tout ce qu’il entreprend, comment voulez-vous que j’aie confiance en mes propres atouts ? J’ai peut-être « un nez de future star », mais ça n’a pas l’air de suffire…
Dans les semaines qui suivent, force m’est de constater que je ne peux compter que sur moi-même.
Kirk est débordé, et c’est à peine si je le vois de temps en temps. Il travaille comme un fou pour finir son projet avec Norwood, tout en assurant le suivi de ses autres clients. Et les rares nuits où nous nous retrouvons, je passe généralement mon temps à le regarder dormir… Il tombe littéralement d’épuisement dans son lit dans l’heure qui suit mon arrivée.