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Complete Works of Gustave Flaubert

Page 6

by Gustave Flaubert


  Mais d’abord pourquoi es-tu né ? est-ce toi qui l’as voulu ? t’a-t-on conseillé là-dessus ? tu es donc né fatalement parce que ton père un jour sera revenu d’une orgie, échauffé par le vin et des propos de débauche, et que ta mère en aura profité, qu’elle aura mis en jeu toutes les ruses de femme poussée par ses instincts de chair et de bestialité que lui a donnés la nature en lui faisant une âme, et qu’elle sera parvenue à animer cet homme que les filles publiques ont fatigué dès l’adolescence. Quelque grand que tu sois, tu as d’abord été quelque chose d’aussi sale que de la salive et de plus fétide que de l’urine, puis tu as subi des métamorphoses comme un ver, et enfin tu es venu au monde, presque sans vie, pleurant, criant et fermant les yeux, comme par haine pour ce soleil que tu as appelé tant de fois. On te donne à manger, u grandis, tu pousses comme la feuille ; c’est bien hasard si le vent ne t’emporte [pas] de bonne heure, car à combien de choses es-tu soumis ? À l’air, au feu, à la lumière, au jour, à la nuit, au froid, au chaud, à tout ce qui t’entoure, tout ce qui est. Tout cela te maîtrise, te passionne ; tu aimes la verdure, les fleurs, et tu es triste quand elles se fanent ; tu aimes ton chien, tu pleures quand il meurt ; une araignée arrive à toi, tu recules de frayeur ; tu frissonnes quelquefois en regardant ton ombre, et lorsque ta pensée s’enfonce dans les mystères du néant, tu es effrayé et tu as peur du doute.

  Tu te dis libre, et chaque jour tu agis poussé par mille choses, tu vois une femme et tu l’aimes, tu en meurs d’amour, es-tu libre d’apaiser ce sang qui bat, de calmer cette tête brûlante, de comprimer ce cœur, d’apaiser ces ardeurs qui te dévorent ? Es-tu libre de ta pensée ? mille chaînes te retiennent, mille aiguillons te poussent, mille entraves t’arrêtent. Tu vois un homme pour la première fois, un de ses traits te choque, et durant ta vie tu as de l’aversion pour cet homme que tu aurais peut-être chéri s’il avait eu le nez moins gros. Tu as un mauvais estomac, et tu es brutal envers celui que tu aurais accueilli avec bienveillance. Et de tous ces faits découlent ou s’enchaînent aussi fatalement d’autres séries de faits, d’où d’autres dérivent à leur tour. Es-tu le créateur de ta constitution physique et morale ? Non, tu ne pourrais la diriger entièrement que si tu l’avais faite et modelée à ta guise. Tu te dis libre parce que tu as une âme ? D’abord c’est toi qui as fait cette découverte que tu ne saurais définir, une voix intime te dit que oui ; d’abord tu mens : une voix te dit que tu es faible et tu sens en toi un immense vide que tu voudrais combler par toutes les choses que tu y jettes. Quand même tu croirais que oui, en es-tu sûr ? qui te l’a dit ? Quand, longtemps combattu par deux sentiments opposés, après avoir bien hésité, bien douté, tu penches vers un sentiment, tu crois avoir été le maître de l’avoir fait ; mais, pour être maître, il faudrait n’avoir aucun penchant. Es-tu maître de faire le bien, si tu as le goût du mal enraciné dans le cœur, si tu es né avec de mauvais penchants développés par ton éducation ? et si tu es vertueux, si tu as horreur du crime, pourras-tu le faire ? Es-tu libre de faire le bien ou le mal ? puisque c’est le sentiment du bien qui te dirige toujours, tu ne peux faire le mal.

  Ce combat est la lutte de ces deux penchants et si tu fais le mal, c’est que tu es plus vicieux que vertueux et que la fièvre la plus forte a eu le dessus. Quand deux hommes se battent, il est certain que le plus faible, le moins adroit, le moins souple, sera vaincu par le plus fort, le plus adroit, le plus souple ; quelque longtemps que puisse durer la lutte, il y en aura toujours un de vaincu. Il en est de même de ta nature intérieure : quand même ce que tu sens être bon l’emporte, la victoire est-elle toujours la justice ? ce que tu juges le bien est-il le bien absolu, immuable, éternel ?

  Tout n’est donc que ténèbres autour de l’homme, tout est vide, et il voudrait quelque chose de fixe ; il roule lui-même dans cette immensité du vague où il voudrait s’arrêter, il se cramponne à tout et tout lui manque ; patrie, liberté, croyance, Dieu, vertu, il a pris tout cela et tout cela lui est tombé des mains, comme un fou qui laisse tomber un verre de cristal et qui rit de tous les morceaux qu’il a faits.

  Mais l’homme a une âme immortelle et faite à l’image de Dieu, deux idées pour lesquelles il a versé son sang, deux idées qu’il ne comprend pas : une âme, un Dieu, mais dont il est convaincu.

  Cette âme est une essence autour de laquelle notre être physique tourne comme la terre autour du soleil ; Cette âme est noble, car étant un principe spirituel, n’étant point terrestre, elle ne saurait rien avoir de bas, de vil. Cependant, n’est-ce pas la pensée qui dirige notre corps ? N’est-ce pas elle qui fait lever notre bras quand nous voulons tuer ? N’est-ce pas elle qui anime notre chair ? L’esprit serait-il le principe du mal et le corps l’agent ?

  Voyons comme cette âme, comme cette conscience est élastique, flexible, comme elle est molle et maniable, comme elle se ploie facilement sous le corps qui pèse sur elle, comme cette âme est vénale et basse, comme elle rampe, comme elle flatte, comme elle ment, comme elle trompe ! C’est elle qui vend le corps, la main, la tête et la langue ; c’est elle qui veut du sang et qui demande de l’or, toujours insatiable et cupide de tout dans son infini ; elle est au milieu de nous comme une soif, une ardeur quelconque, un feu qui nous dévore, un pivot qui nous fait tourner sur lui.

  Tu es grand, homme, non par le corps sans doute, mais par cet esprit qui t’a fait, dis-tu, le roi de la nature ; tu es grand, maître et fort.

  Chaque jour, en effet, tu bouleverses la terre, tu creuses des canaux, tu bâtis des palais, tu enfermes les fleuves entre des pierres, tu cueilles l’herbe, tu la pétris et tu la manges ; tu remues l’océan avec la quille de tes vaisseaux, et tu crois tout cela beau ; tu te crois meilleur que la bête fauve que tu manges, plus libre que la feuille emportée par les vents, plus grand que l’aigle qui plane sur les tours, plus fort que la terre dont tu tires ton pain et tes diamants et que l’océan sur lequel tu cours. Mais, hélas ! la terre que tu remues renaît d’elle-même, les canaux se détruisent, les fleurs envahissent tes champs et tes villes, les pierres de tes palais se disjoignent et tombent d’elles-mêmes, les fourmis courent sur tes couronnes et sur tes trônes, toutes tes flottes ne sauraient marquer plus de traces de leur passage sur la surface de l’océan qu’une goutte de pluie et que le battement d’aile de l’oiseau. Et toi-même, tu passes sur cet océan des âges sans laisser plus de traces de toi-même que ton navire n’en laisse sur les flots. Tu te crois grand parce que tu travailles sans relâche, mais ce travail est une preuve de ta faiblesse. Tu étais donc condamné à apprendre toutes ces choses inutiles au prix de tes sueurs ; tu étais esclave avant d’être né, et malheureux avant de vivre ! Tu regardes les astres avec un sourire d’orgueil parce que tu leur as donné des noms, que tu as calculé leur distance, comme si tu voulais mesurer l’infini et enfermer l’espace dans les bornes de ton esprit, mais tu te trompes ! Qui te dit que, derrière ces mondes de lumières, il n’y en a pas d’autres, infinis encore et toujours ainsi, que tes calculs s'arrêtent peut-être à quelques pieds de hauteur, et que là commence une échelle nouvelle des faits ? Comprends-tu toi-même la valeur des mots dont tu te sers… étendue, espace ? Ils sont plus vastes que toi et ton globe.

  Tu es grand et tu meurs, comme le chien et la fourmi, avec plus de regret qu’eux ; et puis tu pourris, et je te le demande, quand les vers t’ont mangé, quand ton corps s’est dissous dans l’humidité de la tombe et que ta poussière n’est plus, où es-tu, homme ? où est même ton âme ? cette âme qui était le moteur de tes actions, qui livrait ton cœur à la haine, à l’envie, à toutes les passions, cette âme qui te vendait et qui te faisait fuite tant de bassesses, où est-elle ? Est-il un lieu assez saint pour la recevoir ? Tu te respectes et tu t’honores comme un Dieu, tu as inventé l’idée de dignité de l’homme, idée que rien dans la nature ne pourrait avoir en te voyant ; tu veux qu’on t’honore et tu t’honores toi-même, tu veux même que ce corps, si vil pendant sa vie, soit honoré quand il n’est plus. Tu veux qu’on se découvre devant ta charogne humaine, qui se pourrit d
e corruption, quoique plus pure encore que toi quand tu vivais. C’est là ta grandeur, grandeur de poussière, majesté de néant !

  XXI

  J’y revins deux ans plus tard ; vous pensez où : elle n’y était pas.

  Son mari était seul, venu avec une autre femme, et il en était parti deux jours avant mon arrivée.

  Je retournai sur le rivage ; comme il était vide ! De là, je pouvais voir le mur gris de la maison de Maria ; quel isolement !

  Je revins donc dans cette même salle dont je vous ai parlé ; elle était pleine, mais aucun des visages n’y était plus, les tables étaient prises par des gens que je n’avais jamais vus ; celle de Maria était occupée par une vieille femme qui s’appuyait à cette même place où si souvent son coude s’était posé.

  Je restai ainsi quinze jours ; il fit quelques jours de mauvais temps et de pluie que je passai dans ma chambre où j’entendais la pluie tomber sur les ardoises, le bruit lointain de la mer, et, de temps en temps, quelque cri de marins sur le quai ; je repensai à toutes ces vieilles choses que le spectacle des mêmes lieux faisait revivre.

  Je revoyais le même océan avec ses mêmes vagues, toujours immense, triste et mugissant sur ses rochers ; ce même village avec ses tas de boue, ses coquilles qu’on foule, et ses maisons en étage. Mais tout ce que j’avais aimé, tout ce qui entourait Maria, ce beau soleil qui passait à travers les auvents et qui dorait sa peau, l’air qui l’entourait, le monde qui passait près d’elle, tout cela était parti sans retour. Oh ! que je voudrais seulement un seul de ces jours sans pareils ! entrer sans y rien changer !

  Quoi ! rien de tout cela ne reviendra ? Je sens comme mon cœur est vide, car tous ces hommes qui m’entourent me font un désert où je meurs. Je me rappelai ces longues et chaudes après-midi d’été où je lui parlais sans qu’elle se doutât que je l’aimais, et où son regard indifférent entrait comme un rayon d’amour jusqu’au fond de mon cœur. Comment aurait-elle pu en effet voir que je l’aimais, car je ne l’aimais pas alors, et en tout ce que je vous ai dit, j’ai menti ; c’était maintenant que je l’aimais, que je la désirais ; que, seul sur le rivage, dans les bois ou dans les champs, je me la créais là, marchant à côté de moi, me parlant, me regardant. Quand je me couchais sur l’herbe, et que je regardais les herbes ployer sous le vent et la vague battre le sable, je pensais à elle, et je reconstruisais dans mon cœur toutes les scènes où elle avait agi, parlé. Ces souvenirs étaient une passion.

  Si je me rappelais l’avoir vue marcher en un endroit, j’y marchais ; j’ai voulu retrouver le timbre de sa voix pour m’enchanter moi-même ; cela était impossible. Que de fois j’ai passé devant sa maison et j’ai regardé à sa fenêtre !

  Je passai donc ces quinze jours dans une contemplation amoureuse, rêvant à elle. Je me rappelle des choses navrantes ; un jour, je revenais, vers le crépuscule, je marchais à travers les pâturages couverts de bœufs, je marchais vite, je n’entendais que le bruit de ma marche qui froissait l’herbe, j’avais la tête baissée et je regardais la terre. Ce mouvement régulier m’ endormit pour ainsi dire, je crus entendre Maria marcher près de moi ; elle me tenait le bras et tournait la tête pour me voir, c’était elle qui marchait dans les herbes. Je savais bien que c’était une hallucination que j’animais moi-même, mais je ne pouvais me défendre d’en sourire et je me sentais heureux. Je levai la tête, le temps était sombre ; devant moi, à l’horizon, un magnifique soleil se couchait sous les vagues, on voyait une gerbe de feu s’élever en réseaux, disparaître sous de gros nuages noirs qui roulaient péniblement sur eux, et puis un reflet de ce soleil couchant reparaître plus loin derrière moi dans un coin du ciel limpide et bleu.

  Quand je découvris la mer, il avait presque disparu ; son disque était à moitié enfoncé sous l’eau et une légère teinte de rose allait s’élargissant et s’affaiblissant vers le ciel.

  Une autre fois, je revenais à cheval en longeant la grève. Je regardais machinalement les vagues dont la mousse mouillait les pieds de ma jument, je regardais les cailloux qu’elle faisait jaillir en marchant et ses pieds s’enfoncer dans le sable ; le soleil venait de disparaître tout à coup et il y avait sur les vagues une couleur sombre comme si quelque chose de noir eût plané sur elles. À ma droite, étaient des rochers entre lesquels la mousse s’agitait au souffle du vent comme une mer de neige, les mouettes passaient sur ma tête et je voyais leurs ailes blanches s’approcher tout près de cette eau sombre et terne. Rien ne pourra dire tout ce que cela avait de beau, cette mer, ce rivage avec son sable parsemé de coquilles, avec ses rochers couverts de varechs humides d'eau, et la mousse blanche qui se balançait sur eux au souffle de la brise.

  Je vous dirais bien d’autres choses, bien plus belles et plus douces, si je pouvais dire tout ce que je ressentis d’amour, d’extase, de regrets. Pouvez-vous dire par des mots le battement du cœur ? pouvez-vous dire une larme et peindre son cristal humide qui baigne l’œil d’une amoureuse langueur ? Pouvez-vous dire tout ce que vous ressentez en un jour ?

  Pauvre faiblesse humaine ! avec tes mots, tes langues, tes sons, tu parles et tu balbuties ; tu définis Dieu, le ciel et la terre, la chimie et la philosophie, et tu ne peux exprimer, avec ta langue, toute la joie que te cause une femme nue… ou un plum-pudding.

  XXII

  Ô Maria ! Maria, cher ange de ma jeunesse, toi que j’ai vue dans la fraîcheur de mes sentiments, toi que j’ai aimée d’un autour si doux, si plein de parfum, de tendres rêveries, adieu !

  Adieu ! d’autres passions reviendront, je t’oublierai peut-être, mais tu resteras toujours au fond de mon cœur, car le cœur est une terre sur laquelle chaque passion bouleverse, remue et laboure sur les ruines des autres. Adieu !

  Adieu ! et cependant comme je t’aurais aimée, comme je t’aurais embrassée, serrée dans mes bras ! Ah ! mon âme se fond en délices à toutes les folies que mon amour invente. Adieu !

  Adieu, et cependant je penserai toujours à toi ; je vais être jeté dans le tourbillon du monde, j’y mourrai peut-être écrasé sous les pieds de la foule, déchiré en lambeaux. Où vais-je ? que serai-je ? Je voudrais être vieux, avoir les cheveux blancs ; non, je voudrais être beau comme les anges, avoir de la gloire, du génie, et tout déposer à tes pieds pour que tu marches sur tout cela ; et je n’ai rien de tout cela et tu m’as regardé aussi froidement qu’un laquais ou qu’un mendiant.

  Et moi, sais-tu que je n’ai pas passé une nuit, pas un jour, pas une heure, sans penser à toi, sans te revoir sortant de dessous la vague, avec tes cheveux noirs sur tes épaules, ta peau brune avec ses perles d’eau salée, tes vêtements ruisselants et ton pied blanc aux ongles roses qui s’enfonçait dans le sable, et que cette vision est toujours présente, et que cela murmure toujours à mon cœur ? Oh ! non, tout est vide.

  Adieu, et pourtant, quand je te vis, si j’avais été plus âgé de quatre à cinq ans, plus hardi… peut-être… Oh ! non, je rougissais à chacun de tes regards. Adieu !

  XXIII

  Quand j’entends les cloches sonner et le glas frapper en gémissant, j’ai dans l’âme une vague tristesse, quelque chose d’indéfinissable et de rêveur, comme des vibrations mourantes. Une série de pensées s’ouvre au tintement lugubre de la cloche des morts. Il me semble voir le monde dans ses plus beaux jours de fête, avec des cris de triomphe, des chars et des couronnes, et, par-dessus tout cela, un éternel silence et une éternelle majesté.

  Mon âme s’envole vers l’éternité et l’infini et plane dans l’océan du doute, au son de cette voix qui annonce la mort. Voix régulière et froide comme les tombeaux et qui cependant sonne à toutes les fêtes, pleure à tous les deuils, j’aime à me laisser étourdir par ton harmonie, qui étouffe le bruit des villes ; j’aime, dans les champs, sur les collines dorées de blés mûrs, à entendre les sons frêles de la cloche du village qui chante au milieu de la campagne, tandis que l’insecte siffle sous l’herbe et que l’oiseau murmure sous le feuillage.

  J’ai longtemps resté, dans l’hiver, dans ces jours sans soleil, éclair�
�s d’une lumière morne et blafarde, à écouter toutes les cloches sonner les offices. De toutes parts sortaient les voix qui montaient vers le ciel en réseau d’harmonie, et je condensais ma pensée sur ce gigantesque instrument. Elle était grande, infinie ; je ressentais en moi des sons, des mélodies, des échos d’un autre monde, des choses immenses qui mouraient aussi. Ô cloches ! vous sonnerez donc aussi sur ma mort, et une minute après pour un baptême ; vous êtes donc une dérision comme le reste et un mensonge comme la vie, dont vous annoncez toutes les phases : le baptême, le mariage, la mort. Pauvre airain, perdu et penché au milieu des airs, et qui servirait si bien en lave ardente sur un champ de bataille ou à ferrer les chevaux !

  FIN

  MADAME BOVARY

  Translated by Eleanor Marx-Aveling

  Widely considered to be his masterpiece, Flaubert began writing Madame Bovary in 1851, completing the novel in 1856 for serial publication in La Revue de Paris. It tells the story of doctor's wife Emma Bovary, who has adulterous affairs and lives beyond her means in order to escape the monotony and emptiness of her provincial life. At the time, the novel was attacked for obscenity by public prosecutors, resulting in a famous trial in January 1857. After acquittal on 7 February 1857, Madame Bovary became an instant bestseller when published in book format in April 1857.

  The novel takes place in provincial northern France, near the town of Rouen in Normandy. The story begins and ends with Charles Bovary, a stolid, kindhearted man without much ability or ambition. As the novel opens, Charles is a shy, oddly-dressed teenager arriving at a new school amidst the ridicule of his new classmates. Later, Charles struggles his way to a second-rate medical degree and becomes an officier de santé in the Public Health Service. His mother chooses a wife for him, an unpleasant but supposedly rich widow, and Charles sets out to build a practice in the village of Tostes.

 

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