Book Read Free

Complete Works of Gustave Flaubert

Page 214

by Gustave Flaubert


  — “Qu’est-ce que je dois à ce monsieur pour lui faire des politesses ? S’il voulait de moi, il pouvait venir” Deslauriers l’entraîna.

  Ils trouvèrent leur ami dans sa chambre à coucher. Stores et doubles rideaux, glace de Venise, rien n’y manquait ; Frédéric, en veste de velours, était renversé dans une bergère, où il fumait des cigarettes de tabac turc.

  Sénécal se rembrunit, comme les cagots amenés dans les réunions de plaisir. Deslauriers embrassa tout d’un seul coup d’oeil ; puis, le saluant très bas :

  — “Monseigneur ! je vous présente mes respects”

  Dussardier lui sauta au cou.

  — “Vous êtes donc riche, maintenant ? Ah ! tant mieux, nom d’un chien, tant mieux !”

  Cisy parut, avec un crêpe à son chapeau. Depuis la mort de sa grand-mère, il jouissait d’une fortune considérable, et tenait moins à s’amuser qu’à se distinguer des autres, à n’être pas comme tout le monde, enfin à “avoir du cachet” . C’était son mot.

  Il était midi cependant, et tous bâillaient ; Frédéric attendait quelqu’un. Au nom d’Arnoux, Pellerin fit la grimace. Il le considérait comme un renégat depuis qu’il avait abandonné les arts.

  — “Si l’on se passait de lui ? qu’en dites-vous ?”

  Tous approuvèrent.

  Un domestique en longues guêtres ouvrit la porte, et l’on aperçut la salle à manger avec sa haute plinthe en chêne relevé d’or et ses deux dressoirs chargés de vaisselle. Les bouteilles de vin chauffaient sur le poêle les lames des couteaux neufs miroitaient près des huîtres il y avait dans le ton laiteux des verres-mousseline comme une douceur engageante, et la table disparaissait sous du gibier, des fruits, des choses extraordinaires. Ces attentions furent perdues pour Sénécal.

  Il commença par demander du pain de ménage (le plus ferme possible), et, à ce propos, paria des meurtres de Buzançais et de la crise des subsistances.

  Rien de tout cela ne serait survenu si on protégeait mieux l’agriculture, si tout n’était pas livré à la concurrence, à l’anarchie, à la déplorable maxime du “laissez faire, laissez passer” ! Voilà comment se constituait la féodalité de l’argent, pire que l’autre ! Mais qu’on y prenne garde ! le peuple, à la fin, se lassera, et pourrait faire payer ses souffrances aux détenteurs du capital, soit par de sanglantes proscriptions, ou par le pillage de leurs hôtels.

  Frédéric entrevit dans un éclair, un flot d’hommes aux bras nus envahissant le grand salon de Mme Dambreuse, cassant les glaces à coups de pique.

  Sénécal continuait : l’ouvrier, vu l’insuffisance des salaires, était plus malheureux que l’ilote, le nègre et le paria, s’il a des enfants surtout.

  — “Doit-il s’en débarrasser par l’asphyxie, comme le lui conseille je ne sais plus quel docteur anglais, issu de Malthus”

  Et se tournant vers Cisy :

  — “En serons-nous réduits aux conseils de l’infâme Malthus ?”

  Cisy, qui ignorait l’infamie et même l’existence de Malthus, répondit qu’on secourait pourtant beaucoup de misères, et que les classes élevées…

  — “Ah ! les classes élevées !” dit, en ricanant, le socialiste. “D’abord, il n’y a pas de classes élevées ; on n’est élevé que par le cœur ! Nous ne voulons pas d’aumônes, entendez-vous ! mais l’égalité, la juste répartition des produits.”

  Ce qu’il demandait, c’est que l’ouvrier pût devenir capitaliste, comme le soldat colonel. Les jurandes, au moins, en limitant le nombre des apprentis, empêchaient l’encombrement des travailleurs, et le sentiment de la fraternité se trouvait entretenu par les fêtes, les bannières.

  Hussonnet comme poète, regrettait les bannières Pellerin aussi, prédilection qui lui était venue au café Dagneaux, en écoutant causer des phalanstériens. Il déclara Fourier un grand homme.

  — “Allons donc !” dit Deslauriers. “Une vieille bête ! qui voit dans les bouleversements d’empires des effets de la vengeance divine. C’est comme le sieur Saint-Simon et son église, avec sa haine de la Révolution française : un tas de farceurs qui voudraient nous refaire le catholicisme !”

  M. de Cisy, pour s’éclairer, sans doute, ou donner de lui une bonne opinion, se mit à dire doucement :

  — “Ces deux savants ne sont donc pas de l’avis de Voltaire ?”

  — “Celui-là, je vous l’abandonne !” reprit Sénécal.

  — “Comment ? moi, je croyais…”

  — “Eh non ! il n’aimait pas le peuple”

  Puis la conversation descendit aux événements contemporains : les mariages espagnols, les dilapidations de Rochefort, le nouveau chapitre de Saint-Denis, ce qui amènerait un redoublement d’impôts. Selon Sénécal, on en payait assez, cependant !

  — “Et pourquoi, mon Dieu ? pour élever des palais aux singes du Muséum, faire parader sur nos places de brillants états-majors, ou soutenir, parmi les valets du Château, une étiquette gothique !”

  — “, J’ai lu dans la Mode”, dit Cisy, “qu’à la Saint-Ferdinand, au bal des Tuileries, tout le monde était déguisé en chicards.”

  — “Si ce n’est pas pitoyable !” fit le socialiste, en haussant de dégoût les épaules.

  — “Et le musée de Versailles !” s’écria Pellerin. “Parlons-en ! Ces imbéciles-là ont raccourci un Delacroix et rallongé un Gros ! Au Louvre, on a si bien restauré, gratté et tripoté toutes les toiles, que, dans dix ans, peut-être pas une ne restera. Quant aux erreurs du catalogue, un Allemand a écrit dessus tout un livre. Les étrangers, ma parole, se fichent de nous !”

  — “Oui, nous sommes la risée de l’Europe”, dit Sénécal.

  — “C’est parce que l’Art est inféodé à la Couronne.”

  — “Tant que vous n’aurez pas le suffrage universel…”

  — “Permettez !” car l’artiste, refusé depuis vingt ans à tous les Salons, était furieux contre le Pouvoir. “Eh qu’on nous laisse tranquilles. Moi, je ne demande rien seulement les Chambres devraient statuer sur les intérêts de l’Art. Il faudrait établir une chaire d’esthétique, et dont le professeur, un homme à la fois praticien et philosophe, parviendrait, j’espère, à grouper la multitude. — Vous feriez bien, Hussonnet, de toucher un mot de ça dans votre journal ?”

  — “Est-ce que les journaux sont libres ? est-ce que nous le sommes ?” dit Deslauriers avec emportement. “Quand on pense qu’il peut y avoir jusqu’à vingt-huit formalités pour établir un batelet sur une rivière, ça me donne envie d’aller vivre chez les anthropophages ! Le Gouvernement nous dévore ! Tout est à lui, la philosophie, le droit, les arts, l’air du ciel ; et la France râle, énervée, sous la botte du gendarme et la soutane du calotin !”

  Le futur Mirabeau épanchait ainsi sa bile, largement. Enfin, il prit son verre, se leva, et, le poing sur la hanche, l’oeil allumé :

  — “Je bois à la destruction complète de l’ordre actuel, c’est-à-dire de tout ce qu’on nomme Privilège, Monopole, Direction, Hiérarchie, Autorité, Etat !” et, d’une voix plus haute : “que je voudrais briser comme ceci !” en lançant sur la table le beau verre à patte, qui se fracassa en mille morceaux.

  Tous applaudirent, et Dussardier principalement.

  Le spectacle des injustices lui faisait bondir le cœur. Il s’inquiétait de Barbès ; il était de ceux qui se jettent sous les voitures pour porter secours aux chevaux tombé s. Son érudition se bornait à deux ouvrages, l’un intitulé Crimes des rois, l’autre Mystères du Vatican. Il avait écouté l’avocat bouche béante, avec délices. Enfin, n’y tenant plus :

  — “Moi, ce que je reproche à Louis-Philippe, c’est d’abandonner les Polonais !”

  — “Un moment !” dit Hussonnet. “D’abord, la Pologne n’existe pas ; c’est une invention de Lafayette ! Les Polonais, règle générale, sont tous du faubourg Saint-Marceau, les véritables s’étant noyés avec Poniatowski.” Bref, “il ne donnait plus là-dedans”, il était “revenu de tout ça !” C’était comme le serpent de mer, la révocation d
e l’édit de Nantes et “cette vieille blague de la Saint-Barthélemy !”

  Sénécal, sans défendre les Polonais, releva les derniers mots de l’homme de lettres. On avait calomnié les papes, qui, après tout, défendaient le peuple, et il appelait la Ligue “l’aurore de la Démocratie, un grand mouvement égalitaire contre l’individualisme des protestants.”

  Frédéric était un peu surpris par ces idées. Elles ennuyaient Cisy probablement, car il mit la conversation sur les tableaux vivants du Gymnase, qui attiraient alors beaucoup de monde.

  Sénécal s’en affligea. De tels spectacles corrompaient les filles du prolétaire ; puis on les voyait étaler un luxe insolent. Aussi approuvait-il les étudiants bavarois qui avaient outragé Lola Montés. A l’instar de Rousseau, il faisait plus de cas de la femme d’un charbonnier que de la maîtresse d’un roi.

  — “Vous blaguez les truffes !” répliqua majestueusement Hussonnet. Et il prit la défense de ces dames, en faveur de Rosanette. Puis, comme il parlait de son bal et du costume d’Arnoux :

  — “On prétend qu’il branle dans le manche ?” dit Pellerin.

  Le marchand de tableaux venait d’avoir un procès pour ses terrains de Belleville, et il était actuellement dans une compagnie de kaolin bas-breton avec d’autres farceurs de son espèce.

  Dussardier en savait davantage ; car son patron à lui, M. Moussinot, ayant été aux informations sur Arnoux près du banquier Oscar Lefebvre, celui-ci avait répondu qu’il le jugeait peu solide, connaissant quelques-uns de ses renouvellements.

  Le dessert était fini ; on passa dans le salon, tendu, comme celui de la Maréchale, en damas jaune, et de style Louis XVI.

  Pellerin blâma Frédéric de n’avoir pas choisi, plutôt, le style néo-grec ; Sénécal frotta des allumettes contre les tentures, Deslauriers ne fit aucune observation. Il en fit dans la bibliothèque, qu’il appela une bibliothèque de petite fille. La plupart des littérateurs contemporains s’y trouvaient. Il fut impossible de parler de leurs ouvrages, car Hussonnet, immédiatement, contait des anecdotes sur leurs personnes, critiquait leurs figures, leurs mœurs, leur costume, exaltant les esprits de quinzième ordre, dénigrant ceux du premier, et déplorant, bien entendu, la décadence moderne. Telle chansonnette de villageois contenait, à elle seule, plus de poésie que tous les lyriques du XIXe siècle ; Balzac était surfait, Byron démoli, Hugo n’entendait rien au théâtre, etc.

  — “Pourquoi donc”, dit Sénécal, “n’avez-vous pas les volumes de nos poètes-ouvriers ?”

  Et M. de Cisy, qui s’occupait de littérature, s’étonna de ne pas voir sur la table de Frédéric “quelques-unes de ces physiologies nouvelles, physiologie du fumeur, du pêcheur à la ligne, de l’employé de barrière” .

  Ils arrivèrent à l’agacer tellement, qu’il eut envie de les pousser dehors par les épaules. “Mais je deviens bête !” Et, prenant Dussardier à l’écart, il lui demanda s’il pouvait le servir en quelque chose.

  Le brave garçon fut attendri. Avec sa place de caissier, il n’avait besoin de rien.

  Ensuite, Frédéric emmena Deslauriers dans sa chambre, et, tirant de son secrétaire deux mille francs :

  — “Tiens, mon brave, empoche ! C’est le reliquat de mes vieilles dettes.”

  — “Mais… et le Journal ?” dit l’avocat. “J’en ai parlé à Hussonnet, tu sais bien.”

  Et, Frédéric ayant répondu qu’il se trouvait “un peu gêné, maintenant”, l’autre eut un mauvais sourire.

  Après les liqueurs, on but de la bière ; après la bière, des grogs ; on refuma des pipes. Enfin, à cinq heures du soir, tous s’en allèrent ; et ils marchaient les uns près des autres, sans parler, quand Dussardier se mit à dire que Frédéric les avait reçus parfaitement. Tous en convinrent.

  Hussonnet déclara son déjeuner un peu trop lourd. Sénécal critiqua la futilité de son intérieur. Cisy pensait de même. Cela manquait de “cachet”, absolument.

  — “Moi, je trouve”, dit Pellerin, “qu’il aurait bien pu me commander un tableau.”

  Deslauriers se taisait, en tenant dans la poche de son pantalon ses billets de banque.

  Frédéric était resté seul. Il pensait à ses amis, et sentait entre eux et lui comme un grand fossé plein d’ombre qui les séparait. Il leur avait tendu la main cependant, et ils n’avaient pas répondu à la franchise de son cœur.

  Il se rappela les mots de Pellerin et de Dussardier sur Arnoux. C’était une invention, une calomnie sans doute ? Mais pourquoi ? Et il aperçut Mme Arnoux, ruinée, pleurant, vendant ses meubles. Cette idée le tourmenta toute la nuit ; le lendemain, il se présenta chez elle.

  Ne sachant comment s’y prendre pour communiquer ce qu’il savait, il lui demanda en manière de conversation si Arnoux avait toujours ses terrains de Belleville.

  — “Oui, toujours.”

  — “Il est maintenant dans une compagnie pour du kaolin de Bretagne, je crois ?”

  — “C’est vrai.”

  — “Sa fabrique marche très bien, n’est-ce pas ?”

  — “Mais… je le suppose.”

  Et, comme il hésitait :

  — “Qu’avez-vous donc ? vous me faites peur !”

  Il lui apprit l’histoire des renouvellements.

  Elle baissa la tête, et dit :

  — “Je m’en doutais”

  En effet, Arnoux, pour faire une bonne spéculation, s’était refusé à vendre ses terrains, avait emprunté dessus largement, et, ne trouvant point d’acquéreurs, avait cru se rattraper par l’établissement d’une manufacture. Les frais avaient dépassé les devis. Elle n’en savait pas davantage ; il éludait toute question et affirmait continuellement que “ça allait très bien” .

  Frédéric tâcha de la rassurer. C’étaient peut-être des embarras momentanés. Du reste, s’il apprenait quelque chose, il lui en ferait part.

  — “Oh ! oui, n’est-ce pas ?” dit-elle, en joignant ses deux mains, avec un air de supplication charmant.

  Il pouvait donc lui être utile. Le voilà qui entrait dans son existence, dans son cœur.

  Arnoux parut.

  — “Ah ! comme c’est gentil, de venir me prendre pour dîner !”

  Frédéric en resta muet.

  Arnoux paria de choses indifférentes, puis avertit sa femme qu’il rentrerait fort tard, ayant un rendez-vous avec M. Oudry.

  — “Chez lui ?”

  — “Mais certainement, chez lui.”

  Il avoua, tout en descendant l’escalier, que, la Maréchale se trouvant libre, ils allaient faire ensemble une partie fine au Moulin-Rouge ; et, comme il lui fallait toujours quelqu’un pour recevoir ses épanchements, il se fit conduire par Frédéric jusqu’à la porte.

  Au lieu d’entrer, il se promena sur le trottoir, en observant les fenêtres du second étage. Tout à coup les rideaux s’écartèrent.

  — “Ah ! bravo ! le père Oudry n’y est plus. Bonsoir !” C’était donc le père Oudry qui l’entretenait ? Frédéric ne savait que penser maintenant.

  A partir de ce jour-là, Arnoux fut encore plus cordial qu’auparavant ; il l’invitait à dîner chez sa maîtresse, et bientôt Frédéric hanta tout à la fois les deux maisons.

  Celle de Rosanette l’amusait. On venait là le soir, en sortant du club ou du spectacle ; on prenait une tasse de thé, on faisait une partie de loto ; le dimanche, on jouait des charades ; Rosanette, plus turbulente que les autres, se distinguait par des inventions drolatiques, comme de courir à quatre pattes ou de s’affubler d’un bonnet de coton. Pour regarder les passants par la croisée, elle avait un chapeau de cuir bouilli ; elle fumait des chibouques, elle chantait des tyroliennes. L’après-midi, par désœuvrement, elle découpait des fleurs dans un morceau de toile perse, les collait elle-même sur ses carreaux, barbouillait de fard ses deux petits chiens, faisait brûler des pastilles, ou se tirait la bonne aventure. Incapable de résister à une envie, elle s’engouait d’un bibelot qu’elle avait vu, n’en dormait pas, courait l’acheter, le troquait contre un autre, et gâchait les ét
offes, perdait ses bijoux, gaspillait l’argent, aurait vendu sa chemise pour une loge d’avant-scène. Souvent, elle demandait à Frédéric l’explication d’un mot qu’elle avait lu, mais n’écoutait pas sa réponse, car elle sautait vite à une autre idée, en multipliant les questions. Après des spasmes de gaieté, c’étaient des colères enfantines ; ou bien elle rêvait, assise par terre, devant le feu, la tête basse et le genou dans ses deux mains, plus inerte qu’une couleuvre engourdie. Sans y prendre garde, elle s’habillait devant lui, tirait avec lenteur ses bas de soie, puis se lavait à grande eau le visage, en se renversant la taille comme une naïade qui frissonne — , et le rire de ses dents blanches, les étincelles de ses yeux, sa beauté, sa gaieté éblouissaient Frédéric, et lui fouettaient les nerfs.

  Presque toujours, il trouvait Mme Arnoux montrant à lire à son bambin, ou derrière la chaise de Marthe qui faisait des gammes sur son piano ; quand elle travaillait à un ouvrage de couture, c’était pour lui un grand bonheur que de ramasser, quelquefois, ses ciseaux. Tous ses mouvements étaient d’une majesté tranquille ; ses petites mains semblaient faites pour épandre des aumônes, pour essuyer des pleurs ; et sa voix, un peu sourde naturellement, avait des intonations caressantes et comme des légèretés de brise.

  Elle ne s’exaltait point pour la littérature, mais son esprit charmait par des mots simples et pénétrants. Elle aimait les voyages, le bruit du vent dans les bois, et à se promener tête nue sous la pluie. Frédéric écoutait ces choses délicieusement, croyant voir un abandon d’elle-même qui commençait.

  La fréquentation de ces deux femmes faisait dans sa vie comme deux musiques : l’une folâtre, emportée, divertissante, l’autre grave et presque religieuse ; et, vibrant à la fois, elles augmentaient toujours, et peu à peu se mêlaient ; — car, si Mme Arnoux venait à l’effleurer du doigt seulement, l’image de l’autre, tout de suite, se présentait à son désir, parce qu’il avait, de ce côté-là, une chance moins lointaine ; — et, dans la compagnie de Rosanette, quand il lui arrivait d’avoir le cœur ému, il se rappelait immédiatement son grand amour.

 

‹ Prev