Complete Works of Gustave Flaubert

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Complete Works of Gustave Flaubert Page 217

by Gustave Flaubert


  A ce nom, Frédéric revit la petite Louise, sa maison, sa chambre ; et il se rappela des nuits pareilles, où il restait à sa fenêtre, écoutant les rouliers qui passaient. Ce souvenir de ses tristesses amena la pensée de Mme Arnoux ; et il se taisait, tout en continuant à marcher sur la terrasse. Les croisées dressaient au milieu des ténèbres de longues plaques rouges ; le bruit du bal s’affaiblissait les voitures commençaient à s’en aller.

  — “Pourquoi donc”, reprit M. Dambreuse, “tenez-vous au Conseil d’Etat ?”

  Et il affirma, d’un ton de libéral, que les fonctions publiques ne menaient à rien, il en savait quelque chose ; les affaires valaient mieux. Frédéric objecta la difficulté de les apprendre.

  — “Ah ! bah ! en peu de temps, je vous y mettrais.” Voulait-il l’associer à ses entreprises ?

  Le jeune homme aperçut, comme dans un éclair, une immense fortune qui allait venir.

  — “Rentrons”, dit le banquier. “Vous soupez avec nous, n’est-ce pas ?”

  Il était trois heures, on partait. Dans la salle à manger, une table servie attendait les intimes.

  M. Dambreuse aperçut Martinon, et, s’approchant de sa femme, d’une voix basse :

  — “C’est vous qui l’avez invité ?”

  Elle répliqua sèchement :

  — “Mais oui !”

  La nièce n’était pas là. On but très bien, on rit très haut ; et des plaisanteries hasardeuses ne choquèrent point, tous éprouvant cet allégement qui suit les contraintes un peu longues. Seul, Martinon se montra sérieux ; il refusa de boire du vin de Champagne par bon genre, souple d’ailleurs et fort poli, car M. Dambreuse, qui avait la poitrine étroite, se plaignant d’oppression, il s’informa de sa santé à plusieurs reprises ; puis il dirigeait ses yeux bleuâtres du côté de Mme Dambreuse.

  Elle interpella Frédéric, pour savoir quelles jeunes personnes lui avaient plu. Il n’en avait remarqué aucune, et préférait, d’ailleurs, les femmes de trente ans.

  — “Ce n’est peut-être pas bête !” répondit-elle.

  Puis, comme on mettait les pelisses et les paletots, M. Dambreuse lui dit :

  — “Venez me voir un de ces matins, nous causerons !”

  Martinon, au bas de l’escalier, alluma un cigare ; et il offrait, en le suçant, un profil tellement lourd, que son compagnon lâcha cette phrase :

  — “Tu as une bonne tête, ma parole”

  — “Elle en a fait tourner quelques-unes !” reprit le jeune magistrat, d’un air à la fois convaincu et vexé.

  Frédéric, en se couchant, résuma la soirée. D’abord, sa toilette (il s’était observé dans les glaces plusieurs fois), depuis la coupe de l’habit jusqu’au nœud des escarpins, ne laissait rien à reprendre ; il avait parlé à des hommes considérables, avait vu de près des femmes riches, M. Dambreuse s’était montré excellent et Mme Dambreuse presque engageante. Il pesa un à un ses moindres mots, ses regards, mille choses inanalysables et cependant expressives. Ce serait crânement beau d’avoir une pareille maîtresse ! Pourquoi non, après tout ? Il en valait bien un autre ! Peut-être qu’elle n’était pas si difficile ? Martinon ensuite revint à sa mémoire ; et, en s’endormant, il souriait de pitié sur ce brave garçon.

  L’idée de la Maréchale le réveilla ; ces mots de son billet : “A partir de demain soir”, étaient bien un rendez-vous pour le jour même. Il attendit jusqu’à neuf heures, et courut chez elle.

  Quelqu’un, devant lui, qui montait l’escalier, ferma la porte. Il tira la sonnette ; Delphine vint ouvrir, et affirma que Madame n’y était pas.

  Frédéric insista, pria. Il avait à lui communiquer quelque chose de très grave, un simple mot. Enfin l’argument de la pièce de cent sous réussit, et la bonne le laissa seul dans l’antichambre.

  Rosanette parut. Elle était en chemise, les cheveux dénoués ; et, tout en hochant la tête, elle fit de foin avec les deux bras, un grand geste exprimant qu’elle ne pouvait le recevoir.

  Frédéric descendit l’escalier, lentement. Ce caprice-là dépassait tous les autres. Il n’y comprenait rien.

  Devant la loge du portier, Mlle Vatnaz l’arrêta.

  — “Elle vous a reçu ?”

  — “Non !”

  — “On vous a mis à la porte ?”

  — “Comment le savez-vous ?”

  — “Ça se voit ! Mais venez ! sortons ! j’étouffe !”

  Elle l’emmena dans la rue. Elle haletait. Il sentait son bras maigre trembler sur le sien. Tout à coup elle éclata.

  — “Ah ! le misérable !”

  — “Qui donc ?”

  — “Mais c’est lui ! lui ! Delmar !”

  Cette révélation humilia Frédéric ; il reprit :

  — “En êtes-vous bien sûre ?”

  — “Mais quand je vous dis que je l’ai suivi !” s’écria la Vatnaz ; “je l’ai vu entrer ! Comprenez-vous maintenant ? Je devais m’y attendre, d’ailleurs c’est moi, dans ma bêtise, qui l’ai mené chez elle. Et si vous saviez, mon Dieu ! Je l’ai recueilli, je l’ai nourri, je l’ai habillé ; et toutes mes démarches dans les journaux ! Je l’aimais comme une mère !” Puis, avec un ricanement : “Ah ! c’est qu’il faut à Monsieur des robes de velours ! une spéculation de sa part, vous pensez bien ! Et elle ! Dire que je l’ai connue confectionneuse de lingerie ! Sans moi, plus de vingt fois, elle serait tombée dans la crotte. Mais je l’y plongerai ! oh oui ! Je veux qu’elle crève à l’hôpital On saura tout !”

  Et, comme un torrent d’eau de vaisselle qui charrie des ordures, sa colère fit passer tumultueusement sous Frédéric les hontes de sa rivale.

  — “Elle a couché avec Jumillac, avec Flacourt, avec le petit Allard, avec Bertinaux, avec Saint-Valéry, le grêlé. Non ! l’autre ! Ils sont deux frères, n’importe ! Et quand elle avait des embarras, j’arrangeais tout. Qu’est-ce que j’y gagnais ? Elle est si avare ! Et puis, vous en conviendrez, c’était une jolie complaisance que de la voir, car enfin, nous ne sommes pas du même monde ! Est-ce que je suis une fille, moi ! Est-ce que je me vends ! Sans compter qu’elle est bête comme un chou ! Elle écrit catégorie par un th. Au reste, ils vont bien ensemble ; ça fait la paire, quoiqu’il s’intitule artiste et se croie du génie ! Mais, mon Dieu ! s’il avait seulement de l’intelligence, il n’aurait pas commis une infamie pareille ! On ne quitte pas une femme supérieure pour une coquine ! Je m’en moque, après tout. Il devient laid ! Je l’exècre ! Si je la rencontrais, tenez, je lui cracherais à la figure.” Elle cracha. “Oui, voilà le cas que j’en fais maintenant ! Et Arnoux, hein ? N’est-ce pas abominable ! Il lui a tant de fois pardonné ! On n’imagine pas ses sacrifices ! Elle devrait baiser ses pieds ! Il est si généreux, si bon !”

  Frédéric jouissait à entendre dénigrer Delmar. Il avait accepté Arnoux. Cette perfidie de Rosanette lui semblait une chose anormale, injuste ; et, gagné par l’émotion de la vieille fille, il arrivait à sentir pour lui comme de l’attendrissement. Tout à Coup, il se trouva devant sa porte ; Mlle Vatnaz, sans qu’il s’en aperçût, lui avait fait descendre le faubourg Poissonnière.

  — “Nous y voilà”, dit-elle. “Moi, je ne peux pas monter. Mais vous, rien ne vous empêche ?”

  — “Pour quoi faire ?”

  — “Pour lui dire tout, parbleu !”

  Frédéric, comme se réveillant en sursaut, comprit l’infamie où on le poussait.

  — “Eh bien ?” reprit-elle.

  Il leva les yeux vers le second étage. La lampe de Mme Arnoux brûlait. Rien effectivement ne l’empêchait de monter.

  — “Je vous attends ici. Allez donc !”

  Ce commandement acheva de le refroidir, et il dit :

  — “Je serai là-haut longtemps. Vous feriez mieux de vous en retourner. J’irai demain chez vous.”

  — “Non, non !” répliqua la Vatnaz, en tapant du pied. “Prenez-le ! emmenez-le ? faites qu’il les surprenne”

  — “Mais Delmar n’y sera plus”

  Elle baissa la tête.

  — “
Oui, c’est peut-être vrai ?”

  Et elle resta sans parler, au milieu de la rue, entre les voitures ; puis, fixant sur lui ses yeux de chatte sauvage :

  — “Je peux compter sur vous, n’est-ce pas ? Entre nous deux maintenant, c’est sacré ! Faites donc. A demain !”

  Frédéric, en traversant le corridor, entendit deux voix qui se répondaient. Celle de Mme Arnoux disait :

  — “Ne mens pas ! ne mens donc pas !”

  Il entra. On se tut.

  Arnoux marchait de long en large, et Madame était assise sur la petite chaise près du feu, extrêmement pâle, l’oeil fixe. Frédéric fit un mouvement pour se retirer. Arnoux lui saisit la main, heureux du secours qui lui arrivait.

  — “Mais je crains…”, dit Frédéric.

  — “Restez donc !” souffla Arnoux dans son oreille. Madame reprit :

  — “Il faut être indulgent, monsieur Moreau ! Ce sont de ces choses que l’on rencontre parfois dans les ménages.”

  — “C’est qu’on les y met”, dit gaillardement Arnoux.

  — “Les femmes vous ont des lubies ! Ainsi, celle-là, par exemple, n’est pas mauvaise. Non, au contraire ! Eh bien, elle s’amuse depuis une heure à me taquiner avec un tas d’histoires.”

  — “Elles sont vraies !” répliqua Mme Arnoux impatientée. “Car, enfin, tu l’as acheté.”

  — “Moi ?”

  — “Oui, toi-même ! au Persan !”

  — “Le cachemire !” pensa Frédéric.

  Il se sentait coupable et avait peur.

  Elle ajouta, de suite :

  — “C’était l’autre mois, un samedi, le 14.”

  — “Ah ! ce jour-là, précisément, j’étais à Creil ! Ainsi, tu vois.”

  — “Pas du tout ! Car nous avons dîné chez les Bertin, le 14.”

  — “Le 14… ?” fit Arnoux, en levant les yeux comme pour chercher une date.

  — “Et même, le commis qui t’a vendu était un blond !”

  — “Est-ce que je peux me rappeler le commis !”

  — “Il a cependant écrit, sous ta dictée, l’adresse : 18, rue de Laval.”

  — “Comment sais-tu ?” dit Arnoux stupéfait.

  Elle leva les épaules.

  — “Oh ! c’est bien simple : j’ai été pour faire réparer mon cachemire, et un chef de rayon m’a appris qu’on venait d’en expédier un autre pareil chez Mme Arnoux.”

  — “Est-ce ma faute, à moi, s’il y a dans la même rue une dame Arnoux ?”

  — “Oui ! mais pas Jacques Arnoux”, reprit-elle.

  Alors, il se mit à divaguer, protestant de son innocence. C’était une méprise, un hasard, une de ces choses inexplicables comme il en arrive. On ne devait pas condamner les gens sur de simples soupçons, des indices vagues ; et il cita l’exemple de l’infortuné Lesurques.

  — “Enfin, j’affirme que tu te trompes ! Veux-tu que je t’en jure ma parole ?”

  — “Ce n’est point la peine.”

  — “Pourquoi ?”

  Elle le regarda en face, sans rien dire ; puis allongea la main, prit le coffret d’argent sur la cheminée, et lui tendit une facture grande ouverte.

  Arnoux rougit jusqu’aux oreilles et ses traits décomposés s’enflèrent.

  — “Eh bien ?”

  — “Mais…” répondit-il, lentement, “qu’est-ce que ça prouve ?”

  — “Ah” fit-elle, avec une intonation de voix singulière, où il y avait de la douleur et de l’ironie. “Ah !”

  Arnoux gardait la note entre ses mains, et la retournait, n’en détachant pas les yeux comme s’il avait dû y découvrir la solution d’un grand problème.

  — “Oh ! oui, oui, je me rappelle”, dit-il enfin. “C’est une commission. — Vous devez savoir cela, vous. Frédéric ?” Frédéric se taisait. “Une commission dont j’étais chargé… par… par le père Oudry.”

  — “Et pour qui ?”

  — “Pour sa maîtresse.”

  — “Pour la vôtre !” s’écria Mme Arnoux, se levant toute droite.

  — “Je te jure…”

  — “Ne recommencez pas ! Je sais tout !”

  — “Ah ! très bien ! Ainsi, on m’espionne !”

  Elle répliqua froidement :

  — “Cela blesse, peut-être, votre délicatesse ?”

  — “Du moment qu’on s’emporte”, reprit Arnoux, en cherchant son chapeau, “et qu’il n’y a pas moyen de raisonner”

  Puis, avec un grand soupir :

  — “Ne vous mariez pas, mon pauvre ami, non, croyez-moi !”

  Et il décampa, ayant besoin de prendre l’air.

  Alors, il se fit un grand silence ; et tout, dans l’appartement, sembla plus immobile. Un cercle lumineux, au-dessus de la carcel, blanchissait le plafond, tandis que, dans les coins, l’ombre s’étendait comme des gazes noires superposées ; on entendait le tic-tac de la pendule avec la crépitation du feu.

  Mme Arnoux venait de se rasseoir, à l’autre angle de la cheminée dans le fauteuil ; elle mordait ses lèvres en grelottant ; ses deux mains se levèrent, un sanglot lui échappa, elle pleurait.

  Il se mit sur la petite chaise ; et, d’une voix caressante, comme on fait une personne malade :

  — “Vous ne doutez pas que je ne partage… ?”

  Elle ne répondit rien. Mais, continuant tout haut ses réflexions :

  — “Je le laisse bien libre ! Il n’avait pas besoin de mentir !”

  — “Certainement”, dit Frédéric.

  C’était la conséquence de ses habitudes sans doute, il n’y avait pas songé, et peut-être que, dans des choses plus graves…

  — “Que voyez-vous donc de plus grave ?”

  — “Oh ! rien !”

  Frédéric s’inclina, avec un sourire d’obéissance. Arnoux néanmoins possédait certaines qualités ; il aimait ses enfants.

  — “Ah ! et il fait tout pour les ruiner !”

  Cela venait de son humeur trop facile ; car, enfin, c’était un bon garçon.

  Elle s’écria :

  — “Mais qu’est-ce que cela veut dire, un bon garçon !”

  Il le défendait ainsi, de la manière la plus vague qu’il pouvait trouver, et, tout en la plaignant, il se réjouissait, se délectait au fond de l’âme. Par vengeance ou besoin d’affection, elle se réfugierait vers lui. Son espoir, démesurément accru, renforçait son amour.

  Jamais elle ne lui avait paru si captivante, si profondément belle. De temps à autre, une aspiration soulevait sa poitrine ; ses deux yeux fixes semblaient dilatés par une vision intérieure, et sa bouche demeurait entre-close comme pour donner son âme. Quelquefois, elle appuyait dessus fortement son mouchoir ; il aurait voulu être ce petit morceau de batiste tout trempé de larmes. Malgré lui, il regardait la couche, au fond de l’alcôve, en imaginant sa tête sur l’oreiller et il voyait cela si bien, qu’il se retenait pour ne pas la saisir dans ses bras. Elle ferma les paupières, apaisée, inerte. Alors, il s’approcha de plus près, et, penché sur elle, il examinait avidement sa figure. Un bruit de bottes résonna dans le couloir, c’était l’autre. Ils l’entendirent fermer la porte de sa chambre. Frédéric demanda, d’un signe, à Mme Arnoux, s’il devait y aller.

  Elle répliqua “oui” de la même façon ; et ce muet échange de leurs pensées était comme un consentement, un début d’adultère.

  Arnoux, près de se coucher, défaisait sa redingote.

  — “Eh bien, comment va-t-elle ?”

  — “Oh ! mieux !” dit Frédéric. “Cela se passera !”

  Mais Arnoux était peiné.

  — “Vous ne la connaissez pas ! Elle a maintenant des nerfs… ! Imbécile de commis ! Voilà ce que c’est que d’être trop bon ! Si je n’avais pas donné ce maudit châle à Rosanette !”

  — “Ne regrettez rien ! Elle vous est on ne peut plus reconnaissante !”

  — “Vous croyez ?”

  Frédéric n’en doutait pas. La preuve, c’est qu’elle venait de congédier le père Oudry.

 
; — “Ah ! pauvre biche !”

  Et, dans l’excès de son émotion, Arnoux voulait courir chez elle.

  — “Ce n’est pas la peine ! j’en viens. Elle est malade !”

  — “Raison de plus !”

  Il repassa vivement sa redingote et avait pris son bougeoir. Frédéric se maudit pour sa sottise, et lui représenta qu’il devait, par décence, rester ce soir auprès de sa femme. Il ne pouvait l’abandonner, ce serait très mal.

  — “Franchement, vous auriez tort ! Rien ne presse, là-bas ! Vous irez demain ! Voyons faites cela pour moi.” Arnoux déposa son bougeoir, et lui dit, en l’embrassant :

  — “Vous êtes bon, vous !”

  CHAPITRE 3

  Alors commença pour Frédéric une existence misérable. Il fut le parasite de la maison.

  Si quelqu’un était indisposé, il venait trois fois par jour savoir de ses nouvelles, allait chez l’accordeur de piano, inventait mille prévenances ; et il endurait d’un air content les bouderies de Mlle Marthe et les caresses du jeune Eugène, qui lui passait toujours ses mains sales sur la figure. Il assistait aux dîners où Monsieur et Madame, en face l’un de l’autre, n’échangeaient pas un mot : ou bien, Arnoux agaçait sa femme par des remarques saugrenues. Le repas terminé, il jouait dans la chambre avec son fils, se cachait derrière les meubles, ou le portait sur son dos, en marchant à quatre pattes, comme le Béarnais. Il s’en allait enfin — , et elle abordait immédiatement l’éternel sujet de plainte : Arnoux.

  Ce n’était pas son inconduite qui l’indignait. Mais elle paraissait souffrir dans son orgueil, et laissait voir sa répugnance pour cet homme sans délicatesse, sans dignité, sans honneur.

  — “Ou plutôt il est fou !” disait-elle.

  Frédéric sollicitait adroitement ses confidences. Bientôt, il connut toute sa vie.

  Ses parents étaient de petits bourgeois de Chartres. Un jour, Arnoux, dessinant au bord de la rivière (il se croyait peintre dans ce temps-là), l’avait aperçue comme elle sortait de l’église et demandée en mariage ; à cause de sa fortune, on n’avait pas hésité. D’ailleurs, il l’aimait éperdument. Elle ajouta :

  — “Mon Dieu, il m’aime encore à sa manière !”

  Ils avaient, les premiers mois, voyagé en Italie.

 

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