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Complete Works of Gustave Flaubert

Page 228

by Gustave Flaubert


  Mais il était bien résolu (quoi qu’il dût faire) à changer d’existence, c’est-à-dire à ne plus perdre son cœur dans des passions infructueuses, et même il hésitait à remplir la commission dont Louise l’avait chargé. C’était d’acheter pour elle, chez Jacques Arnoux, deux grandes statuettes polychromes représentant des nègres, comme ceux qui étaient à la préfecture de Troyes. Elle connaissait le chiffre du fabricant, n’en voulait pas d’un autre. Frédéric avait peur, s’il retournait chez eux, de tomber encore une fois dans son vieil amour.

  Ces réflexions l’occupèrent toute la soirée ; et il allait se coucher quand une femme entra.

  — “C’est moi”, dit en riant Mlle Vatnaz. “Je viens de la part de Rosanette.”

  Elles s’étaient donc réconciliées ?

  — “Mon Dieu, oui ! Je ne suis pas méchante, vous savez bien. Au surplus, la pauvre fille… Ce serait trop long à vous conter.”

  Bref, la Maréchale désirait le voir, elle attendait une réponse, sa lettre s’étant promenée de Paris à Nogent Mlle Vatnaz ne savait point ce qu’elle contenait. Alors, Frédéric s’informa de la Maréchale.

  Elle était, maintenant, avec un homme très riche, un Russe, le prince Tzernoukoff, qui l’avait vue aux courses du Champ de Mars, l’été dernier.

  — “On a trois voitures, cheval de selle, livrée, groom dans le chic anglais, maison de campagne, loge aux Italiens, un tas de choses encore. Voilà, mon cher.”

  Et la Vatnaz, comme si elle eût profité à ce changement de fortune, paraissait plus gaie, tout heureuse. Elle retira ses gants et examina dans la chambre les meubles et les bibelots. Elle les cotait à leur prix juste, comme un brocanteur. Il aurait dû la consulter pour les obtenir à meilleur compte ; et elle le félicitait de son bon goût :

  — “Ah ! c’est mignon, extrêmement bien ! Il n’y a que vous pour ces idées.”

  Puis, apercevant au chevet de l’alcôve une porte :

  — “C’est par là qu’on fait sortir les petites femmes, hein ?”

  Et, amicalement, elle lui prit le menton. Il tressaillit au contact de ses longues mains, tout à la fois maigres et douces. Elle avait autour des poignets une bordure de dentelle et sur le corsage de sa robe verte des passementeries, comme un hussard. Son chapeau de tulle noir, à bords descendants, lui cachait un peu le front ; ses yeux brillaient là-dessous ; une odeur de patchouli s’échappait de ses bandeaux ; la carcel posée sur un guéridon, en l’éclairant d’en bas comme une rampe de théâtre, faisait saillir sa mâchoire et tout à coup, devant cette femme laide qui avait dans la taille des ondulations de panthère, Frédéric sentit une convoitise énorme, un désir de volupté bestiale.

  Elle lui dit d’une voix onctueuse, en tirant de son porte-monnaie trois carrés de papier :

  — “Vous allez me prendre ça !”

  C’était trois places pour une représentation au bénéfice de Delmar.

  — “Comment ! lui ?”

  — “Certainement !”

  Mlle Vatnaz, sans s’expliquer davantage, ajouta qu’elle l’adorait plus que jamais. Le comédien, à l’en croire, se classait définitivement parmi “les sommités de l’époque” . Et ce n’était pas tel ou tel personnage qu’il représentait, mais le génie même de la France, le Peuple ! Il avait “l’âme humanitaire ; il comprenait le sacerdoce de l’Art” Frédéric, pour se délivrer de ces éloges, lui donna l’argent des trois places.

  — “Inutile que vous en parliez là-bas ! — Comme il est tard, mon Dieu ! Il faut que je vous quitte. Ah ! j’oubliais l’adresse : c’est rue Grange-Batelière, 14.”

  Et, sur le seuil :

  — “Adieu, homme aimé !”

  — “Aimé de qui ?” se demanda Frédéric. “Quelle singulière personne !”

  Et il se ressouvint que Dussardier lui avait dit un jour, à propos d’elle : “Oh ! ce n’est pas grand-chose !” comme faisant allusion à des histoires peu honorables.

  Le lendemain, il se rendit chez la Maréchale. Elle habitait une maison neuve, dont les stores avançaient sur la rue. Il y avait à chaque palier une glace contre le mur, une jardinière rustique devant les fenêtres, tout le long des marches un tapis de toile ; et, quand on arrivait du dehors, la fraîcheur de l’escalier délassait.

  Ce fut un domestique mâle qui vint ouvrir, un valet en gilet rouge. Dans l’antichambre, sur la banquette, une femme et deux hommes, des fournisseurs sans doute attendaient, comme dans un vestibule de ministre. A gauche, la porte de la salle à manger, entrebâillée, laissait apercevoir des bouteilles vides sur les buffets, des serviettes au dos des chaises ; et parallèlement s’étendait une galerie, où des bâtons couleur d’or soutenaient un espalier de roses. En bas, dans la cour, deux garçons, les bras nus, frottaient un landau. Leur voix montait jusque-là, avec le bruit intermittent d’une étrille que l’on heurtait contre une pierre.

  Le domestique revint. “Madame allait recevoir monsieur” ; et il lui fit traverser une deuxième antichambre, puis un grand salon, tendu de brocatelle jaune, avec des torsades dans les coins qui se rejoignaient sur le plafond et semblaient continuées par les rinceaux du lustre ayant la forme de câbles. On avait sans doute festoyé la nuit dernière. De la cendre de cigare était restée sur les consoles.

  Enfin, il entra dans une espèce de boudoir qu’éclairaient confusément des vitraux de couleur. Des trèfles en bois découpé ornaient le dessus des portes ; derrière une balustrade, trois matelas de pourpre formaient divan, et le tuyau d’un narghilé de platine traînait dessus. La cheminée, au lieu de miroir, avait une étagère pyramidale, offrant sur ses gradins toute une collection de curiosités : de vieilles montres d’argent, des cornets de Bohême, des agrafes en pierreries, des boutons de jade, des émaux, des magots, une petite vierge byzantine à chape de vermeil ; et tout cela se fondait dans un crépuscule doré, avec la couleur bleuâtre du tapis, le reflet de nacre des tabourets, le ton fauve des murs couverts de cuir marron. Aux angles, sur des piédouches, des vases de bronze contenaient des touffes de fleurs qui alourdissaient l’atmosphère.

  Rosanette parut, habillée d’une veste de satin rose, avec un pantalon de cachemire blanc, un collier de piastres, et une calotte rouge entourée d’une branche de jasmin.

  Frédéric fit un mouvement de surprise ; puis dit qu’il apportait “la chose en question”, en lui présentant le billet de banque.

  Elle le regarda fort ébahie ; et, comme il avait toujours le billet à la main, sans savoir où le poser :

  — “Prenez-le donc”

  Elle le saisit ; puis, l’ayant jeté sur le divan :

  — “Vous êtes bien aimable.”

  C’était pour solder un terrain à Bellevue, qu’elle payait ainsi par annuités. Un tel sans-façon blessa Frédéric. Du reste, tant mieux ! cela le vengeait du passé.

  — “Asseyez-vous !” dit-elle, “là, plus près.” Et, d’un ton grave : “D’abord, j’ai à vous remercier, mon cher, d’avoir risqué votre vie.”

  — “Oh ! ce n’est rien !”

  — “Comment, mais c’est très beau !”

  Et la Maréchale lui témoigna une gratitude embarrassante ; car elle devait penser qu’il s’était battu exclusivement pour Arnoux, celui-ci, qui se l’imaginait, ayant dû céder au besoin de le dire.

  — “Elle se moque de moi, peut-être”, songeait Frédéric.

  il n’avait plus rien à faire, et, alléguant un rendez-vous, il se leva.

  — “Eh non ! Restez !”

  Il se rassit et la complimenta sur son costume.

  Elle répondit, avec un air d’accablement :

  — “C’est le Prince qui m’aime comme ça ! Et il faut fumer des machines pareilles”, ajouta Rosanette, en montrant le narghilé. “Si nous en goûtions ? voulez-vous ?”

  On apporta du feu, le tombac s’allumant difficilement, elle se mit à trépigner d’impatience. Puis une langueur la saisit ; et elle restait immobile sur le divan, un coussin sous l’aisselle, le corps un peu tordu, un genou plié, l’autre jambe tout
e droite. Le long serpent de maroquin rouge, qui formait des anneaux par terre, s’enroulait à son bras. Elle en appuyait le bec d’ambre sur ses lèvres et regardait Frédéric, en clignant les yeux, à travers la fumée dont les volutes l’enveloppaient. L’aspiration de sa poitrine faisait gargouiller l’eau, et elle murmurait de temps à autre :

  — “Ce pauvre mignon ! ce pauvre chéri !”

  Il tâchait de trouver un sujet de conversation agréable l’idée de la Vatnaz lui revint.

  Il dit qu’elle lui avait semblé fort élégante.

  — “Parbleu !” reprit la Maréchale. “Elle est bienheureuse de m’avoir, celle-là !” sans ajouter un mot de plus, tant il y avait de restriction dans leurs propos.

  Tous les deux sentaient une contrainte, un obstacle. En effet, le duel dont Rosanette se croyait la cause avait flatté son amour-propre. Puis elle s’était fort étonnée qu’il n’accourût. pas se prévaloir de son action ; et, pour le contraindre à revenir, elle avait imaginé ce besoin de cinq cents francs. Comment se faisait-il que Frédéric ne demandait pas en retour un peu de tendresse ! C’était un raffinement qui l’émerveillait, et, dans un élan de cœur, elle lui dit :

  — “Voulez-vous venir avec nous aux bains de mer ?”

  — “Qui cela, nous ?”

  — “Moi et mon oiseau ; je vous ferais passer pour mon cousin, comme dans les vieilles comédies.”

  — “Mille grâces !”

  — “Eh bien, alors, vous prendrez un logement près du nôtre.”

  L’idée de se cacher d’un homme riche l’humiliait.

  — “Non ! cela est impossible.”

  — “A votre aise !”

  Rosanette se détourna, ayant une larme aux paupières. Frédéric l’aperçut ; et, pour lui marquer de l’intérêt, il se dit heureux de la voir, enfin, dans Une excellente position.

  Elle fit un haussement d’épaules. Qui donc l’affligeait ? Etait-ce, par hasard, qu’on ne l’aimait pas ? — “Oh ! moi, on m’aime toujours !”

  Elle ajouta :

  — “Reste à savoir de quelle manière.”

  Se plaignant, d’étouffer de chaleur ", la Maréchale défit sa veste ; et, sans autre vêtement autour des reins que sa chemise de soie, elle inclinait la tête sur son épaule, avec un air d’esclave plein de provocations.

  Un homme d’un égoïsme moins réfléchi n’eût pas songé que le Vicomte, M. de Comaing ou un autre pouvait survenir. Mais Frédéric avait été trop de fois la dupe de ces mêmes regards pour se compromettre dans une humiliation nouvelle.

  Elle voulut connaître ses relations, ses amusements ; elle arriva même à s’informer de ses affaires, et à offrir de lui prêter de l’argent, s’il en avait besoin. Frédéric, n’y tenant plus, prit son chapeau.

  — “Allons, ma chère, bien du plaisir là-bas ; au revoir !”

  Elle écarquilla les yeux ; puis, d’un ton sec :

  — “Au revoir !”

  Il repassa par le salon jaune et par la seconde antichambre. Il y avait sur la table, entre un vase plein de cartes de visite et une écritoire, un coffret d’argent ciselé. C’était celui de Mme Arnoux ! Alors, il éprouva un attendrissement, et en même temps comme le scandale d’une profanation. Il avait envie d’y porter les mains, de l’ouvrir. Il eut peur d’être aperçu, et s’en alla.

  Frédéric fut vertueux. Il ne retourna point chez Arnoux.

  Il envoya son domestique acheter les deux nègres, lui ayant fait toutes les recommandations indispensables ; et la caisse partit, le soir même, pour Nogent. Le lendemain, comme il se rendait chez Deslauriers, au détour de la rue Vivienne et du boulevard, Mme Arnoux se montra devant lui, face à face.

  Leur premier mouvement fut de reculer ; puis, le même sourire leur vint aux lèvres, et ils s’abordèrent. Pendant une minute, aucun des deux ne parla.

  Le soleil l’entourait ; — et sa figure ovale, ses longs sourcils, son châle de dentelle noire, moulant la forme de ses épaules, sa robe de soie gorge-de-pigeon, le bouquet de violettes au coin de sa capote, tout lui parut d’une splendeur extraordinaire. Une suavité infinie s’épanchait de ses beaux yeux ; et, balbutiant, au hasard, les premières paroles venues :

  — “Comment se porte Arnoux ?” dit Frédéric.

  — “Je vous remercie.”

  — “Et vos enfants ?”

  — “Ils vont très bien.”

  — “Ah !… ah… Quel beau temps nous avons, n’est-ce pas ?”

  — “Magnifique, c’est vrai.”

  — “Vous faites des courses ?”

  — “Oui.”

  Et avec une lente inclination de tête :

  — “Adieu !”

  Elle ne lui avait pas tendu la main, n’avait pas dit un seul mot affectueux, ne l’avait même pas invité à venir chez elle, n’importe ! il n’eût point donné cette rencontre pour la plus belle des aventures ; et il en ruminait la douceur tout en continuant sa route.

  Deslauriers, surpris de le voir, dissimula son dépit, — car il conservait par obstination quelque espérance encore du côté de Mme Arnoux ; et il avait écrit à Frédéric de rester là-bas, pour être plus libre dans ses manœuvres.

  Il dit cependant qu’il s’était présenté chez elle, afin de savoir si leur contrat stipulait la communauté ; alors, on aurait pu recourir contre la femme ; “et elle a fait une drôle de mine quand je lui ai appris ton mariage.”

  — “Tiens ! quelle invention !”

  — “Il le fallait, pour montrer que tu avais besoin de tes capitaux ! Une personne indifférente n’aurait pas eu l’espèce de syncope qui l’a prise.”

  — “Vraiment ?” s’écria Frédéric.

  — “Ah ! mon gaillard, tu te trahis ! Sois franc, voyons !”

  Une lâcheté immense envahit l’amoureux de Mme Arnoux.

  — “Mais non !… je t’assure !… ma parole d’honneur”

  Ces molles dénégations achevèrent de convaincre Deslauriers. Il lui fit des compliments. Il lui demanda “des détails” . Frédéric n’en donna pas, et même résista à l’envie d’en inventer.

  Quant à l’hypothèque, il lui dit de ne rien faire, d’attendre. Deslauriers trouva qu’il avait tort, et même fut brutal dans ses remontrances.

  Il était d’ailleurs plus sombre, malveillant et irascible que jamais. Dans un an, si la fortune ne changeait pas, il s’embarquerait pour l’Amérique ou se ferait sauter la cervelle. Enfin il paraissait si furieux contre tout et d’un radicalisme tellement absolu que Frédéric ne put s’empêcher de lui dire :

  — “Te voilà comme Sénécal.”

  Deslauriers, à ce propos, lui apprit qu’il était sorti de Sainte-Pélagie, l’instruction n’ayant point fourni assez de preuves, sans doute, pour le mettre en jugement.

  Dans la joie de cette délivrance, Dussardier voulut “offrir un punch”, et pria Frédéric “d’en être”, en l’avertissant toutefois qu’il se trouverait avec Hussonnet, lequel s’était montré excellent pour Sénécal.

  En effet, le Flambard venait de s’adjoindre un cabinet d’affaires, portant sur ses prospectus : “Comptoir des vignobles. — Office de publicité. — Bureau de recouvrements et renseignements, etc.” Mais le bohème craignait que son industrie ne fît du tort à sa considération littéraire, et il avait pris le mathématicien pour tenir les comptes. Bien que la place fût médiocre, Sénécal, sans elle, serait mort de faim. Frédéric ne voulant point affliger le brave commis, accepta son invitation.

  Dussardier, trois jours d’avance, avait ciré lui-même les pavés rouges de sa mansarde, battu le fauteuil et épousseté la cheminée, où l’on voyait sous un globe une pendule d’albâtre entre une stalactite et un coco. Comme ses deux chandeliers et son bougeoir n’étaient pas suffisants, il avait emprunté au concierge deux flambeaux ; et ces cinq luminaires brillaient sur la commode, que recouvraient trois serviettes, afin de supporter plus décemment des macarons, des biscuits, une brioche et douze bouteilles de bière. En face, contre la muraille tendue d’un papier jaune, une petite b
ibliothèque en acajou contenait les Fables de Lachambeaudie, les Mystères de Paris, le Napoléon, de Norvins — et, au milieu de l’alcôve, souriait, dans un cadre de palissandre, le visage de Béranger !

  Les convives étaient (outre Deslauriers et Sénécal) un pharmacien nouvellement reçu, mais qui n’avait pas les fonds nécessaires pour s’établir ; un jeune homme de sa maison, un placeur de vins, un architecte et un monsieur employé dans les assurances. Regimbart n’avait pu venir. On le regretta.

  Ils accueillirent Frédéric avec de grandes marques de sympathie, tous connaissant par Dussardier son langage chez M. Dambreuse. Sénécal se contenta de lui offrir la main, d’un air digne.

  Il se tenait debout contre la cheminée. Les autres, assis et la pipe aux lèvres, l’écoutaient discourir sur le suffrage universel, d’où devait résulter le triomphe de la Démocratie, l’application des principes de l’Evangile. Du reste, le moment approchait ; les banquets réformistes se multipliaient dans les provinces ; le Piémont, Naples, la Toscane…

  — “C’est vrai”, dit Deslauriers, lui coupant net la parole, “ça ne peut pas durer plus longtemps !” Et il se mit à faire un tableau de la situation.

  Nous avions sacrifié la Hollande pour obtenir de l’Angleterre la reconnaissance de Louis-Philippe ; et cette fameuse alliance anglaise, elle était perdue, grâce aux mariages espagnols ! En Suisse, M. Guizot, à la remorque de l’Autrichien, soutenait les traités de 1815. La Prusse avec son Zollverein nous préparait des embarras. La question d’Orient restait pendante.

  — “Ce n’est pas une raison parce que le grand-duc Constantin envoie des présents à M. d’Aumale Il pour se fier à la Russie. Quant à l’intérieur, jamais on n’a vu tant d’aveuglement, de bêtise ! Leur majorité même ne se tient plus Partout, enfin, c’est, selon le mot connu, rien ! rien ! rien Et, devant tant de hontes”, poursuivit l’avocat en mettant ses poings sur ses hanches, “ils se déclarent satisfaits”

  Cette allusion à un vote célèbre provoqua des applaudissements. Dussardier déboucha une bouteille de bière la mousse éclaboussa les rideaux, il n’y prit garde ; il chargeait les pipes, coupait la brioche, en offrait, était descendu plusieurs fois pour voir si le punch allait venir ; et on ne tarda pas à s’exalter, tous ayant contre le Pouvoir la même exaspération. Elle était violente, sans autre cause que la haine de l’injustice ; et ils mêlaient aux griefs légitimes les reproches les plus bêtes.

 

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