Complete Works of Gustave Flaubert

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Complete Works of Gustave Flaubert Page 245

by Gustave Flaubert


  — “Comment ! Ah ! non ! — non !…”

  — “Je savais bien que je vous blesserais”, répliqua Dussardier, avec une larme au bord des yeux.

  Frédéric lui serra la main ; et le brave garçon reprit d’une voix dolente : — “Acceptez-les Faites-moi ce plaisir-là ! Je suis tellement désespéré ! Est-ce que tout n’est pas fini, d’ailleurs ? — J’avais cru, quand la révolution est arrivée, qu’on serait heureux. Vous rappelez-vous comme c’était beau ! comme on respirait bien Mais nous voilà retombés pire que jamais.”

  Et, fixant ses yeux à terre :

  — “Maintenant, ils tuent notre République, comme ils ont tué l’autre, la romaine ! et la pauvre Venise, la pauvre Pologne, la pauvre Hongrie ! Quelles abominations ! D’abord, on a abattu les arbres d’e la liberté, puis restreint le droit de suffrage, fermé les clubs, rétabli la censure et livré l’enseignement aux prêtres, en attendant l’Inquisition. Pourquoi pas ? Des conservateurs nous souhaitent bien les Cosaques ! On condamne les journaux quand ils parlent contre la peine de mort, Paris regorge de baïonnettes, seize départements sont en état de siège et l’amnistie qui est encore une fois repoussée”

  Il se prit le front à deux mains puis, écartant les bras comme dans une grande détresse

  — “Si on tâchait, cependant. Si on était de bonne foi, on pourrait s’entendre ! Mais non ! Les ouvriers ne valent pas mieux que les bourgeois, voyez-vous ! A Elbeuf, dernièrement, ils ont refusé leurs secours dans un incendie. Des misérables traitent Barbès d’aristocrate ! Pour qu’on se moque du peuple, ils veulent nommer à la présidence Nadaud, un maçon, je vous demande un peu ! Et il n’y a pas de moyen ! pas de remède ! Tout le monde est contre nous ! — Moi, je n’ai jamais fait de mai ; et, pourtant, c’est comme un poids qui me pèse sur l’estomac. J’en deviendrai fou, si ça continue. J’ai envie de me faire tuer. Je vous dis que je n’ai pas besoin de mon argent ! Vous me le rendrez, parbleu ! je vous le prête.”

  Frédéric, que la nécessité contraignait, finit par prendre ses quatre mille francs. Ainsi, du côté de la Vatnaz, ils n’avaient plus d’inquiétude.

  Mais Rosanette perdit bientôt son procès contre Arnoux, et, par entêtement, voulait en appeler.

  Deslauriers s’exténuait à lui faire comprendre que la promesse d’Arnoux ne constituait ni une donation, ni une cession régulière ; elle n’écoutait même pas, trouvant la loi injuste ; c’est parce qu’elle était une femme, les hommes se soutenaient entre eux ! A la fin, cependant, elle suivit ses conseils.

  Il se gênait si peu dans la maison, que, plusieurs fois, il amena Sénécal y dîner. Ce sans-façon déplut à Frédéric, qui lui avançait de l’argent, le faisait même habiller par son tailleur et l’avocat donnait ses vieilles redingotes au socialiste, dont les moyens d’existence étaient inconnus.

  Il aurait voulu servir Rosanette, cependant. Un jour qu’elle lui montrait douze actions de la Compagnie du kaolin (cette entreprise qui avait fait condamner Arnoux à trente mille francs), il lui dit :

  — “Mais c’est véreux ! c’est superbe !”

  Elle avait le droit de l’assigner pour le remboursement de ses créances. Elle prouverait d’abord qu’il était tenu solidairement à payer tout le passif de la Compagnie, puis qu’il avait déclaré comme dettes collectives des dettes personnelles, enfin qu’il avait diverti plusieurs effets à la Société.

  — “Tout cela le rend coupable de banqueroute frauduleuse, articles 586 et 587 du Code de commerce ; et nous l’emballerons, soyez-en sûre, ma mignonne.”

  Rosanette lui sauta au cou. Il la recommanda le lendemain à son ancien patron, ne pouvant s’occuper lui-même du procès, car il avait besoin à Nogent ; Sénécal lui écrirait, en cas d’urgence.

  Ses négociations pour l’achat d’une étude étaient un prétexte. Il passait son temps chez M. Roque, où il avait commencé non seulement par faire l’éloge de leur ami, mais par l’imiter d’allures et de langage autant que possible ; — ce qui lui avait obtenu la confiance de Louise, tandis qu’il gagnait celle de son père en se déchaînant contre Ledru-Rollin.

  Si Frédéric ne revenait pas, c’est qu’il fréquentait le grand monde ; et peu à peu Deslauriers leur apprit qu’il aimait quelqu’un, qu’il avait un enfant, qu’il entretenait une créature.

  Le désespoir de Louise fut immense, l’indignation de Mme Moreau non moins forte. Elle voyait son fils tourbillonnant vers le fond d’un gouffre vague, était blessée dans sa religion des convenances et en éprouvait comme un déshonneur personnel, quand tout à coup sa physionomie changea. Aux questions qu’on lui faisait sur Frédéric, elle répondait d’un air narquois

  — “Il va bien, très bien.”

  Elle savait son mariage avec Mme Dambreuse.

  L’époque en était fixée ; et même il cherchait comment faire avaler la chose à Rosanette.

  Vers le milieu de l’automne, elle gagna son procès relatif aux actions de kaolin. Frédéric l’apprit en rencontrant à sa porte Sénécal, qui sortait de l’audience.

  On avait reconnu M. Arnoux complice de toutes les fraudes ; et l’ex-répétiteur avait un tel air de s’en réjouir, que Frédéric l’empêcha d’aller plus loin, en assurant qu’il se chargeait de sa commission près de Rosanette. Il entra chez elle la figure irritée.

  — “Eh bien, te voilà contente !”

  Mais, sans remarquer ces paroles :

  — “Regarde donc !”

  Et elle lui montra son enfant couché dans un berceau, près du feu. Elle l’avait trouvé si mal le matin chez sa nourrice, qu’elle l’avait ramené à Paris.

  Tous ses membres étaient maigris extraordinairement et ses lèvres couvertes de points blancs, qui faisaient dans l’intérieur de sa bouche comme des caillots de lait.

  — “Qu’a dit le médecin ?”

  — “Ah ! le médecin ! Il prétend que le voyage a augmenté son… je ne sais plus, un nom en ite… enfin qu’il a le muguet. Connais-tu cela ?”

  Frédéric n’hésita pas à répondre :

  — “Certainement”, ajoutant que ce n’était rien.

  Mais dans la soirée, il fut effrayé par l’aspect débile de l’enfant et le progrès de ces taches blanchâtres, pareilles à de la moisissure, comme si la vie, abandonnant déjà ce pauvre petit corps, n’eût laissé qu’une matière où la végétation poussait. Ses mains étaient froides ; il ne pouvait plus boire, maintenant ; et la nourrice, une autre que le portier avait été prendre au hasard dans un bureau, répétait :

  — “Il me paraît bien bas, bien bas !”

  Rosanette fut debout toute la nuit.

  Le matin, elle alla trouver Frédéric.

  — “Viens donc voir. Il ne remue plus.”

  En effet, il était mort. Elle le prit, le secoua, l’étreignait en l’appelant des noms les plus doux, le couvrait de baisers et de sanglots, tournait sur elle-même éperdue, s’arrachait les cheveux, poussait des cris et se laissa tomber au bord du divan, où elle restait la bouche ouverte, avec un flot de larmes tombant de ses yeux fixes. Puis une torpeur la gagna, et tout devint tranquille dans l’appartement. Les meubles étaient renversés. Deux ou trois serviettes traînaient. Six heures sonnèrent. La veilleuse s’éteignit.

  Frédéric, en regardant tout cela, croyait presque rêver. Son cœur se serrait d’angoisse. Il lui semblait que cette mort n’était qu’un commencement, et qu’il y avait par derrière un malheur plus considérable près de survenir.

  Tout à coup Rosanette dit d’une voix tendre :

  — “Nous le conserverons, n’est-ce pas ?”

  Elle désirait le faire embaumer. Bien des raisons s’y opposaient. La meilleure, selon Frédéric, c’est que la chose était impraticable sur des enfants si jeunes. Un portrait valait mieux. Elle adopta cette idée. Il écrivit un mot à Pellerin, et Delphine courut le porter.

  Pellerin arriva promptement, voulant effacer par ce zèle tout souvenir de sa conduite. Il dit d’abord :

  — “Pauvre petit ange ! Ah ! mon Dieu, quel ma
lheur !”

  Mais, peu à peu (l’artiste en lui l’emportant), il déclara qu’on ne pouvait rien faire avec ces yeux bistrés, cette face livide, que c’était une véritable nature morte, qu’il faudrait beaucoup de talent ; et il murmurait :

  — “Oh ! pas commode, pas commode !”

  — “Pourvu que ce soit ressemblant”, objecta Rosanette.

  — “Eh ! je me moque de la ressemblance ! A bas le Réalisme ! C’est l’esprit qu’on peint ! Laissez-moi ! Je vais tâcher de me figurer ce que ça devait être.”

  Il réfléchit, le front dans la main gauche, le coude dans la droite ; puis, tout à coup :

  — “Ah ! une idée ! un pastel ! Avec des demi-teintes colorées, passées presque à plat, on peut obtenir un beau modelé, sur les bords seulement.”

  Il envoya la femme de chambre chercher sa boîte ; puis, ayant une chaise sous les pieds et une autre près de lui, il commença à jeter de grands traits, aussi calme que s’il eût travaillé d’après la bosse. Il vantait les petits saint Jean de Corrège, l’infante Rose de Velasquez, les chairs lactées de Reynolds, la distinction de Lawrence, et surtout l’enfant aux longs cheveux qui est sur les genoux de lady Gower.

  — “D’ailleurs, peut-on trouver rien de plus charmant que ces crapauds-là ! Le type du sublime (Raphaël l’a prouvé par ses madones), c’est peut-être une mère avec son enfant ?”

  Rosanette, qui suffoquait, sortit — , et Pellerin dit aussitôt :

  — “Eh bien, Arnoux !… vous savez ce qui arrive ?”

  — “Non ! Quoi ?”

  — “Ça devait finir comme ça, du reste !”

  — “Qu’est-ce donc ?”

  — “Il est peut-être maintenant… Pardon”

  L’artiste se leva pour exhausser la tête du petit cadavre.

  — “Vous disiez…” reprit Frédéric.

  Et Pellerin, tout en clignant pour mieux prendre ses mesures :

  — “Je disais que notre ami Arnoux est peut-être, maintenant, coffré !”

  Puis, d’un ton satisfait :

  — “Regardez un peu ! Est-ce ça ?”

  — “Oui, très bien ! Mais Arnoux ?”

  Pellerin déposa son crayon.

  — “D’après ce que j’ai pu comprendre, il se trouve poursuivi par un certain Mignot, un intime de Regimbart, une bonne tête, celui-là, hein ? Quel idiot ! figurez-vous qu’un jour…”

  — “Eh ! il ne s’agit pas de Regimbart !”

  — “C’est vrai. Eh bien, Arnoux, hier au soir, devait trouver douze mille francs, sinon, il était perdu.”

  — “Oh ! c’est peut-être exagéré”, dit Frédéric.

  — “Pas le moins du monde ! Ça m’avait l’air grave, très grave”

  Rosanette, à ce moment, reparut avec des rougeurs sous les paupières, ardentes comme des plaques de fard.

  Elle se mit près du carton et regarda. Pellerin fit signe qu’il se taisait à cause d’elle. Mais Frédéric, sans y prendre garde :

  — “Cependant, je ne peux pas croire…”

  — “Je vous répète que je l’ai rencontré hier”, dit l’artiste, “à sept heures du soir, rue Jacob. Il avait même son passeport, par précaution ; et il parlait de s’embarquer au Havre, lui et toute sa smala.”

  — “Comment ! Avec sa femme ?”

  — “Sans doute ! Il est trop bon père de famille pour vivre tout seul.”

  — “Et vous en êtes sûr ?”

  — “Parbleu ! Où voulez-vous qu’il ait trouvé douze mille francs ?”

  Frédéric fit deux ou trois tours dans la chambre. Il haletait, se mordait les lèvres, puis saisit son chapeau.

  — “Où vas-tu donc ?” dit Rosanette.

  Il ne répondit pas, et disparut.

  CHAPITRE 5

  Il fallait douze mille francs, ou bien il ne reverrait plus Mme Arnoux ; et, jusqu’à présent, un espoir invincible lui était resté. Est-ce qu’elle ne faisait pas comme la substance de son cœur, le fond même de sa vie ? Il fut pendant quelques minutes à chanceler sur le trottoir, se rongeant d’angoisses, heureux néanmoins de n’être plus chez l’autre.

  Où avoir de l’argent ? Frédéric savait par lui-même combien il est difficile d’en obtenir tout de suite, à n’importe quel prix. Une seule personne pouvait l’aider, Mme Dambreuse. Elle gardait toujours dans son secrétaire plusieurs billets de banque. Il alla chez elle ; et, d’un ton hardi :

  — “As-tu douze mille francs à me prêter ?”

  — “Pourquoi ?”

  C’était le secret d’un autre. Elle voulait le connaître. Il ne céda pas. Tous deux s’obstinaient. Enfin, elle déclara ne rien donner, avant de savoir dans quel but. Frédéric devint très rouge. Un de ses camarades avait commis un vol. La somme devait être restituée aujourd’hui même.

  — “Tu l’appelles ? Son nom ? Voyons, son nom ?”

  — “Dussardier !”

  Et il se jeta à ses genoux, en la suppliant de n’en rien dire.

  — “Quelle idée as-tu de moi ?” reprit Mme Dambreuse. “On croirait que tu es le coupable. Finis donc tes airs tragiques ! Tiens, les voilà ! et grand bien lui fasse !”

  Il courut chez Arnoux. Le marchand n’était pas dans sa boutique. Mais il logeait toujours rue Paradis, car il possédait deux domiciles.

  Rue Paradis, le portier jura que M. Arnoux était absent depuis la veille ; quant à Madame, il n’osait rien dire ; et Frédéric, ayant monté l’escalier comme une flèche, colla son oreille contre la serrure. Enfin, on ouvrit. Madame était partie avec Monsieur. La bonne ignorait quand ils reviendraient ; ses gages étaient payés ; elle-même s’en allait.

  Tout à coup un craquement de porte se fit entendre.

  — “Mais il y a quelqu’un ?”

  — “Oh ! non, monsieur ! C’est le vent.”

  Alors, il se retira. N’importe, une disparition si prompte avait quelque chose d’inexplicable.

  Regimbart, étant l’intime de Mignot, pouvait peut-être l’éclairer ? Et Frédéric se fit conduire chez lui, à Montmartre, rue de l’Empereur.

  Sa maison était flanquée d’un jardinet, clos par une grille que bouchaient des plaques de fer. Un perron de trois marches relevait la façade blanche ; et en passant sur le trottoir, on apercevait les deux pièces du rez-de-chaussée, dont la première était un salon avec des robes partout sur les meubles, et la seconde l’atelier où se tenaient les ouvrières de Mme Regimbart.

  Toutes étaient convaincues que Monsieur avait de grandes occupations, de grandes relations, que c’était un homme complètement hors ligne. Quand il traversait le couloir, avec son chapeau à bords retroussés, sa longue figure sérieuse et sa redingote verte, elles en interrompaient leur besogne. D’ailleurs, il ne manquait pas de leur adresser toujours quelque mot d’encouragement, une politesse sous forme de sentence et, plus tard, dans leur ménage, elles se trouvaient malheureuses, parce qu’elles l’avaient gardé pour idéal.

  Aucune cependant ne l’aimait comme Mme Regimbart, petite personne intelligente qui le faisait vivre avec son métier.

  Dès que M. Moreau eut dit son nom, elle vint prestement le recevoir, sachant par les domestiques ce qu’il était à Mme Dambreuse. Son mari “rentrait à l’instant même” ; et Frédéric tout en la suivant, admira la tenue du logis et la profusion de toile cirée qu’il y avait. Puis il attendit quelques minutes dans une manière de bureau, où le Citoyen se retirait pour penser.

  Son accueil fut moins rébarbatif que d’habitude.

  Il conta l’histoire d’Arnoux. L’ex-fabricant de faïences avait enguirlandé Mignot, un patriote, possesseur de cent actions du Siècle, en lui démontrant qu’il fallait, au point de vue démocratique, changer la gérance et la rédaction du journal ; et, sous prétexte de faire triompher son avis dans la prochaine assemblée des actionnaires, il lui avait demandé cinquante actions, en disant qu’il les repasserait à des amis sûrs, lesquels appuieraient son vote ; Mignot n’aurait aucune responsabilité, ne se fâcherait avec personne ; puis, le suc
cès obtenu, il lui ferait avoir dans l’administration une bonne place, de cinq à six mille francs pour le moins. Les actions avaient été livrées. Mais Arnoux, tout de suite, les avait vendues ; et, avec l’argent, s’était associé à un marchand d’objets religieux. Là-dessus, réclamations de Mignot, lanternements d’Arnoux ; enfin, le patriote l’avait menacé d’une plainte en escroquerie, s’il ne restituait ses titres ou la somme équivalente : cinquante mille francs.

  Frédéric eut l’air désespéré.

  — “Ce n’est pas tout”, dit le Citoyen. “Mignot, qui est un brave homme, s’est rabattu sur le quart. Nouvelles promesses de l’autre, nouvelles farces naturellement. Bref, avant-hier matin, Mignot l’a sommé d’avoir à lui rendre dans les vingt-quatre heures sans préjudice du reste, douze mille francs.”

  — “Mais je les ai !” dit Frédéric.

  Le Citoyen se retourna lentement :

  — “Blagueur !”

  — “Pardon ! ils sont dans ma poche. Je les apportais.”

  — “Comme vous y allez, vous ! Nom d’un petit bonhomme ! Du reste, il n’est plus temps ; la plainte est déposée, et Arnoux parti.”

  — “Seul ?”

  — “Non ! avec sa femme. On les a rencontrés à la gare du Havre.”

  Frédéric pâlit extraordinairement. Mme Regimbart crut qu’il allait s’évanouir. Il se contint, et même il eut la force d’adresser deux ou trois questions sur l’aventure. Regimbart s’en attristait, tout cela en somme nuisant à la Démocratie. Arnoux avait toujours été sans conduite et sans ordre.

  — “Une vraie tête de linotte ! Il brûlait la chandelle par les deux bouts ! Le cotillon l’a perdu ! Ce n’est pas lui que je plains, mais sa pauvre femme !” car le Citoyen admirait les femmes vertueuses, et faisait grand cas de Mme Arnoux. “Elle a dû joliment souffrir !”

  Frédéric lui sut gré de cette sympathie ; et, comme s’il en avait reçu un service, il serra sa main avec effusion.

  — “As-tu fait toutes les courses nécessaires ?” dit Rosanette en le revoyant.

  Il n’en avait pas eu le courage, répondit-il, et avait marché au hasard, dans les rues, pour s’étourdir.

 

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