Complete Works of Gustave Flaubert

Home > Fiction > Complete Works of Gustave Flaubert > Page 300
Complete Works of Gustave Flaubert Page 300

by Gustave Flaubert


  Rien n'est stupide comme de faire apprendre par coeur ; mais si on n'exerce pas la mémoire, elle s'atrophiera ; — et ils leur serinèrent les premières fables de La Fontaine. Les enfants approuvaient la fourmi qui thésaurise, le loup qui mange l'agneau, le lion qui prend toutes les parts.

  Devenus plus hardis, ils dévastaient le jardin. Mais quel amusement leur donner ?

  Jean-Jacques, dans Émile conseille au gouverneur de faire faire à l'élève ses jouets lui-même en l'aidant un peu, sans qu'il s'en doute. Bouvard ne put réussir à fabriquer un cerceau, Pécuchet à coudre une balle.

  Ils passèrent aux jeux instructifs, tels que des découpures, un verre ardent. Pécuchet leur montra son microscope ; — et la chandelle étant allumée, Bouvard dessinait avec l'ombre de ses doigts un lièvre ou un cochon sur la muraille. Le public s'en fatigua.

  Des auteurs exaltent comme plaisir, un déjeuner champêtre, une partie de bateau ; était-ce praticable, franchement ? Fénelon recommande de temps à autre une conversation innocente. Impossible d'en imaginer une seule !

  Ils revinrent aux leçons ; et les boules à facettes, les rayures, le bureau typographique, tout avait échoué, quand ils avisèrent un stratagème.

  Comme Victor était enclin à la gourmandise, on lui présentait le nom d'un plat : bientôt il lut couramment dans le Cuisinier français. Victorine étant coquette, une robe lui serait donnée, si pour l'avoir, elle écrivait à la couturière : en moins de trois semaines elle accomplit ce prodige. C'était courtiser leurs défauts, moyen pernicieux mais qui avait réussi.

  Maintenant qu'ils savaient écrire et lire, que leur apprendre ? Autre embarras. Les filles n'ont pas besoin d'être savantes comme les garçons. N'importe ! on les élève ordinairement en véritables brutes, tout leur bagage se bornant à des sottises mystiques.

  Convient-il de leur enseigner les langues ? L'espagnol et l'italien prétend le Cygne de Cambrais ne servent qu'à lire des ouvrages dangereux. Un tel motif leur parut bête. Cependant Victorine n'aurait que faire de ces idiomes ; tandis que l'anglais est d'un usage plus commun. Pécuchet en étudia les règles, et il démontrait, avec sérieux, la façon d'émettre le th comme cela, tiens — the, the, the !

  Mais avant d'instruire un enfant, il faudrait connaître ses aptitudes. On les devine par la Phrénologie. Ils s'y plongèrent. Puis voulurent en vérifier les assertions sur leurs personnes. Bouvard présentait la bosse de la bienveillance, de l'imagination, de la vénération et celle de l'énergie amoureuse ; vulgo : érotisme.

  On sentait sur les temporaux de Pécuchet la philosophie et l'enthousiasme, joints à l'esprit de ruse.

  Tels étaient leurs caractères.

  Ce qui les surprit davantage, ce fut de reconnaître chez l'un comme l'autre le penchant à l'amitié ; — et charmés de la découverte, ils s'embrassèrent avec attendrissement.

  Leur examen, ensuite, porta sur Marcel.

  Son plus grand défaut et qu'ils n'ignoraient pas, était un extrême appétit. Néanmoins, Bouvard et Pécuchet furent effrayés en constatant au-dessus du pavillon de l'oreille, à la hauteur de l'oeil, l'organe de l'alimentivité. Avec l'âge leur domestique deviendrait peut-être comme cette femme de la Salpêtrière, qui mangeait quotidiennement huit livres de pain, engloutit une fois douze potages — et une autre, soixante bols de café. Ils ne pourraient y suffire.

  Les têtes de leurs élèves n'avaient rien de curieux. Ils s'y prenaient mal sans doute ? Un moyen très simple développa leur expérience. Les jours de marché ils se faufilaient au milieu des paysans sur la Place, entre les sacs d'avoine, les paniers de fromages, les veaux, les chevaux, insensibles aux bousculades — et quand ils trouvaient un jeune garçon, avec son père, ils demandaient à lui palper le crâne dans un but scientifique.

  Le plus grand nombre ne répondait même pas. D'autres croyant qu'il s'agissait d'une pommade pour la teigne refusaient vexés — quelques-uns par indifférence se laissaient emmener sous le porche de l'église, où l'on serait tranquille.

  Un matin que Bouvard et Pécuchet commençaient leur manoeuvre le curé, tout à coup, parut ; et voyant ce qu'ils faisaient accusa la phrénologie de pousser au matérialisme et au fatalisme. Le voleur, l'assassin, l'adultère, n'ont plus qu'à rejeter leurs crimes sur la faute de leurs bosses.

  Bouvard objecta que l'organe prédispose à l'action, sans pourtant vous y contraindre. De ce qu'un homme a le germe d'un vice, rien ne prouve qu'il sera vicieux. Du reste, j'admire les orthodoxes ; ils soutiennent les idées innées, et repoussent les penchants. Quelle contradiction !

  Mais la Phrénologie, suivant M. Jeufroy, niait l'omnipotence divine, et il était malséant de la pratiquer à l'ombre du saint-lieu, en face même de l'autel. Retirez-vous ! non ! retirez-vous.

  Ils s'établirent chez Ganot, le coiffeur. Pour vaincre toute hésitation Bouvard et Pécuchet allaient jusqu'à régaler les parents d'une barbe ou d'une frisure.

  Le docteur, un après-midi vint s'y faire couper les cheveux. En s'asseyant dans le fauteuil, il aperçut reflétés par la glace, les deux phrénologues, qui promenaient leurs doigts sur des caboches d'enfant.

  — Vous en êtes à ces bêtises-là ? dit-il.

  — Pourquoi, bêtises ?

  Vaucorbeil eut un sourire méprisant ; puis affirma qu'il n'y avait point dans le cerveau plusieurs organes. Ainsi, tel homme digère un aliment que ne digère pas tel autre. Faut-il supposer dans l'estomac autant d'estomacs qu'il s'y trouve de goûts ?

  Cependant, un travail délasse d'un autre, un effort intellectuel ne tend pas à la fois, toutes les facultés. Chacune a donc un siège distinct.

  — Les anatomistes ne l'ont pas rencontré dit Vaucorbeil.

  — C'est qu'ils ont mal disséqué reprit Pécuchet.

  — Comment ?

  — Eh ! oui ! Ils coupent des tranches, sans égard à la connexion des parties, phrase d'un livre — qu'il se rappelait. Voilà une balourdise ! s'écria le médecin. Le crâne ne se moule pas sur le cerveau, l'extérieur sur l'intérieur. Gall se trompe et je vous défie de légitimer sa doctrine, en prenant au hasard, trois personnes dans la boutique.

  La première était une paysanne, avec de gros yeux bleus.

  Pécuchet, dit en l'observant :

  — Elle a beaucoup de mémoire.

  Son mari attesta le fait, et s'offrit lui-même à l'exploration.

  — Oh ! vous mon brave, on vous conduit difficilement.

  D'après les autres il n'y avait point dans le monde un pareil têtu.

  La troisième épreuve se fit sur un gamin escorté de sa grand-mère.

  Pécuchet déclara qu'il devait chérir la musique.

  — Je crois bien ! dit la bonne femme montre à ces messieurs pour voir !

  Il tira de sa blouse une guimbarde — et se mit à souffler dedans. Un fracas s'éleva. C'était la porte, claquée violemment par le docteur qui s'en allait.

  Ils ne doutèrent plus d'eux-mêmes, et appelant les deux élèves recommencèrent l'analyse de leur boîte osseuse.

  Celle de Victorine était généralement unie, marque de pondération — mais son frère avait un crâne déplorable ! une éminence très forte dans l'angle mastoïdien des pariétaux indiquait l'organe de la destruction, du meurtre ; — et plus bas, un renflement était le signe de la convoitise, du vol. Bouvard et Pécuchet en furent attristés pendant huit jours.

  Il faudrait comprendre le sens des mots ; ce qu'on appelle la combativité implique le dédain de la mort. S'il fait des homicides, il peut de même produire des sauvetages. L'acquisivité englobe le tact des filous et l'ardeur des commerçants. L'irrévérence est parallèle à l'esprit de critique, la ruse à la circonspection. Toujours un instinct se dédouble en deux parties, une mauvaise, une bonne ; on détruira la seconde en cultivant la première ; et par cette méthode, un enfant audacieux, loin d'être un bandit deviendra un général. Le lâche n'aura seulement que de la prudence, l'avare de l'économie, le prodigue de la générosité.

  Un rêve magnifique les occupa ; s'ils menaient à bien l'éducation de le
urs élèves, ils fonderaient un établissement ayant pour but de redresser l'intelligence, dompter les caractères, ennoblir le coeur. Déjà ils parlaient des souscriptions et de la bâtisse.

  Leur triomphe chez Ganot les avait rendus célèbres — et des gens les venaient consulter, afin qu'on leur dise leurs chances de fortune.

  Il en défila de toutes les espèces : crânes en boule, en poire, en pains de sucre, de carrés, d'élevés, de resserrés, d'aplatis, avec des mâchoires de boeuf, des figures d'oiseau, des yeux de cochon — Tant de monde gênait le perruquier dans son travail. Les coudes frôlaient l'armoire à vitres contenant la parfumerie, on dérangeait les peignes, le lavabo fut brisé ; — et il flanqua dehors tous les amateurs, en priant Bouvard et Pécuchet de les suivre, ultimatum qu'ils acceptèrent sans murmurer, étant un peu fatigués de la cranioscopie.

  Le lendemain, comme ils passaient devant le jardinet du capitaine, ils aperçurent causant avec lui Girbal, Coulon, le garde champêtre, et son fils cadet Zéphyrin, habillé en enfant de choeur. Sa robe était toute neuve, il se promenait dessous avant de la remettre dans la sacristie — et on le complimentait.

  Placquevent pria ces Messieurs de palper son jeune homme, curieux de savoir ce qu'ils penseraient.

  La peau du front avait l'air comme tendue ; un nez mince, très cartilagineux du bout, tombait obliquement sur des lèvres pincées ; le menton était pointu, le regard fuyant, l'épaule droite trop haute.

  — Retire ta calotte lui dit son père.

  Bouvard glissa les mains dans sa chevelure couleur de paille ; puis ce fut le tour de Pécuchet ; et ils se communiquaient à voix basse leurs observations.

  — Biophilie manifeste. Ah ! ah ! l'approbativité ! Conscienciosité absente !

  Amativité nulle !

  — Eh bien ? dit le garde champêtre.

  Pécuchet ouvrit sa tabatière, et huma une prise.

  — Rien de bon ! hein ?

  — Ma foi répliqua Bouvard ce n'est guère fameux.

  Placquevent rougit d'humiliation. — Il fera, tout de même, ma volonté.

  — Oh ! oh !

  — Mais je suis son père, nom de Dieu, et j'ai bien le droit !…

  — Dans une certaine mesure reprit Pécuchet.

  Girbal s'en mêla :

  — L'autorité paternelle est incontestable.

  — Mais si le père est un idiot ?

  — N'importe dit le Capitaine son pouvoir n'en est pas moins absolu.

  — Dans l'intérêt des enfants ajouta Coulon.

  D'après Bouvard et Pécuchet, ils ne devaient rien aux auteurs de leurs jours, et les parents, au contraire, leur doivent la nourriture, l'instruction, des prévenances, enfin tout !

  Les bourgeois se récrièrent devant cette opinion immorale. Placquevent en était blessé comme d'une injure.

  — Avec cela, ils sont jolis, ceux que vous ramassez sur les grandes routes ! ils iront loin ! Prenez garde.

  — Garde à quoi ? dit aigrement Pécuchet.

  — Oh ! je n'ai pas peur de vous !

  — Ni moi, non plus.

  Coulon intervint, modéra le garde champêtre, et le fit s'éloigner.

  Pendant quelques minutes on resta silencieux. Puis il fut question des dahlias du capitaine qui ne lâcha point son monde, sans les avoir exhibés l'un après l'autre.

  Bouvard et Pécuchet rejoignaient leur domicile, quand à cent pas devant eux, ils distinguèrent Placquevent, et Zéphyrin près de lui, levait le coude en manière de bouclier pour se garantir des gifles.

  Ce qu'ils venaient d'entendre exprimait sous d'autres formes les idées de M. le comte ; mais l'exemple de leurs élèves témoignerait combien la liberté l'emporte sur la contrainte. Un peu de Discipline était cependant nécessaire.

  Pécuchet cloua dans le muséum un tableau pour les démonstrations ; on tiendrait un journal où les actions de l'enfant notées le soir seraient relues le lendemain. Tout s'accomplirait au son de la cloche. Comme Dupont de Nemours, ils useraient de l'injonction paternelle d'abord, puis de l'injonction militaire et le tutoiement fut interdit.

  Bouvard tâcha d'apprendre le calcul à Victorine. Quelquefois, il se trompait ; ils en riaient l'un et l'autre ; puis le baisant sur le cou, à la place qui n'a pas de barbe, elle demandait à s'en aller ; il la laissait partir.

  Pécuchet aux heures des leçons avait beau tirer la cloche, et crier par la fenêtre l'injonction militaire, le gamin n'arrivait pas. Ses chaussettes lui pendaient toujours sur les chevilles ; à table même, il se fourrait les doigts dans le nez, et ne retenait point ses gaz. Broussais là-dessus défend les réprimandes ; car il faut obéir aux sollicitations d'un instinct conservateur.

  Victorine et lui, employaient un affreux langage, disant mé itou pour moi aussi, bère pour boire, al pour elle, un deventiau, de l'iau ; mais comme la grammaire ne peut être comprise des enfants, — et qu'ils la sauront s'ils entendent parler correctement, les deux bonshommes surveillaient leurs discours jusqu'à en être incommodés.

  Ils différaient d'opinions quant à la géographie. Bouvard pensait qu'il est plus logique de débuter par la commune. Pécuchet par l'ensemble du monde.

  Avec un arrosoir et du sable il voulut démontrer ce qu'était un fleuve, une île, un golfe ; et même sacrifia trois plates-bandes pour les trois continents ; mais les points cardinaux n'entraient pas dans la tête de Victor.

  Par une nuit de janvier, Pécuchet l'emmena en rase campagne. Tout en marchant, il préconisait l'astronomie ; les navigateurs l'utilisent dans leurs voyages ; Christophe Colomb sans elle n'eût pas fait sa découverte. Nous devons de la reconnaissance à Copernic, Galilée, Newton.

  Il gelait très fort et sur le bleu noir du ciel, une infinité de lumières scintillaient.

  Pécuchet leva les yeux. Comment ? pas de grande ourse ; la dernière fois qu'il l'avait vue, elle était tournée d'un autre côté ; enfin il la reconnut puis montra l'étoile polaire, toujours au Nord, et sur laquelle on s'oriente.

  Le lendemain, il posa au milieu du salon un fauteuil et se mit à valser autour.

  — Imagine que ce fauteuil est le soleil, et que moi je suis la terre !

  Elle se meut ainsi.

  Victor le considérait plein d'étonnement.

  Il prit ensuite une orange, y passa une baguette signifiant les pôles puis l'encercla d'un trait au charbon pour marquer l'équateur. Après quoi, il promena l'orange à l'entour d'une bougie, en faisant observer que tous les points de la surface n'étaient pas éclairés simultanément, ce qui produit la différence des climats, et pour celle des saisons, il pencha l'orange, car la terre ne se tient pas droite ce qui amène les équinoxes et les solstices.

  Victor n'y avait rien compris. Il croyait que la terre pivote sur une longue aiguille et que l'équateur est un anneau, étreignant sa circonférence.

  Au moyen d'un atlas, Pécuchet lui exposa l'Europe ; mais ébloui par tant de lignes et de couleurs, il ne retrouvait plus les noms. Les bassins et les montagnes ne s'accordaient pas avec les royaumes, l'ordre politique embrouillait l'ordre physique.

  Tout cela, peut-être, s'éclaircirait en étudiant l'Histoire.

  Il eût été plus pratique de commencer par le village, ensuite l'arrondissement, le département, la province. Mais Chavignolles n'ayant point d'annales, il fallait bien s'en tenir à l'Histoire universelle.

  Tant de matières l'embarrassent qu'on doit seulement en prendre les

  Beautés.

  Il y a pour la grecque : Nous combattrons à l'ombre, l'envieux qui bannit Aristide et la confiance d'Alexandre en son médecin ; pour la romaine : les oies du Capitole, le trépied de Scévola, le tonneau de Régulus. Le lit de roses de Guatimozin est considérable pour l'Amérique ; quant à la France, elle comporte le vase de Soissons, le chêne de saint Louis, la mort de Jeanne d'Arc, la poule au pot du Béarnais, — on n'a que l'embarras du choix. Sans compter À moi d'Auvergne, et le naufrage du Vengeur !

  Victor confondait les hommes, les siècles et les pays.

  Cependant, Pécuchet n'allait pas le jeter dan
s des considérations subtiles et la masse des faits est un vrai labyrinthe.

  Il se rabattit sur la nomenclature des rois de France. Victor les

  oubliait, faute de connaître les dates. Mais si la mnémotechnie de

  Dumouchel avait été insuffisante pour eux, que serait-ce pour lui !

  Conclusion : l'Histoire ne peut s'apprendre que par beaucoup de lectures.

  Ils les feraient.

  Le dessin est utile dans une foule de circonstances ; or Pécuchet eut l'audace de l'enseigner lui-même, d'après nature ! en abordant tout de suite le paysage. Un libraire de Bayeux lui envoya du papier, du caoutchouc, deux cartons, des crayons, et du fixatif pour leurs oeuvres — qui sous verre et dans des cadres orneraient le muséum.

  Levés dès l'aurore, ils se mettaient en route, avec un morceau de pain dans la poche ; — et beaucoup de temps était perdu à chercher un site. Pécuchet voulait à la fois reproduire ce qui se trouvait sous ses pieds, l'extrême horizon et les nuages. Mais les lointains dominaient toujours les premiers plans ; la rivière dégringolait du ciel, le berger marchait sur le troupeau — un chien endormi avait l'air de courir. Pour sa part il y renonça.

  Se rappelant avoir lu cette définition : Le dessin se compose de trois choses : la ligne, le grain, le grainé fin, de plus le trait de force — mais le trait de force, il n'y a que le maître seul qui le donne il rectifiait la ligne, collaborait au grain, surveillait le grainé fin, et attendait l'occasion de donner le trait de force. Elle ne venait jamais tant le paysage de l'élève était incompréhensible.

  Sa soeur, paresseuse comme lui, bâillait devant la table de Pythagore. Mlle Reine lui montrait à coudre — et quand elle marquait du linge, elle levait les doigts si gentiment que Bouvard ensuite, n'avait pas le coeur de la tourmenter avec sa leçon de calcul. Un de ces jours, ils s'y remettraient.

  Sans doute, l'arithmétique et la couture sont nécessaires dans un ménage. Mais il est cruel, objecta Pécuchet, d'élever les filles en vue exclusivement du mari qu'elles auront. Toutes ne sont pas destinées à l'hymen, et si on veut que plus tard elles se passent des hommes il faut leur apprendre bien des choses.

 

‹ Prev