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Complete Works of Gustave Flaubert

Page 303

by Gustave Flaubert


  — Qu'il aille se promener avec ses bains ! Est-ce que nous avons le temps d'écrire ? Et quand ils se furent procuré une chaîne d'arpenteur, un graphomètre, un niveau d'eau et une boussole, d'autres études commencèrent.

  Ils envahissaient les demeures ; souvent les bourgeois étaient surpris d'y voir ces deux hommes plantant des jalons dans les cours. Bouvard et Pécuchet annonçaient d'un air tranquille ce qui en adviendrait. Le Public s'inquiéta car enfin, l'autorité se rangerait peut-être à leur avis ?

  Quelquefois, on les renvoyait brutalement. Victor escaladait les murs et montait dans les combles pour y appendre un signal, témoignait de la bonne volonté et même une certaine ardeur.

  Ils étaient aussi plus contents de Victorine.

  Quand elle repassait le linge elle poussait son fer sur la planche, en chantonnant d'une voix douce, s'intéressait au ménage, fit une calotte pour Bouvard, et ses points de piqué lui valurent les compliments de Romiche.

  C'était un de ces tailleurs qui vont dans les fermes, raccommoder les habits. On l'eut quinze jours à la maison.

  Bossu, avec des yeux rouges, il rachetait ses défauts corporels par une humeur bouffonne. Pendant que les maîtres étaient dehors il amusait Marcel et Victorine, en leur contant des farces, tirait sa langue jusqu'au menton, imitait le coucou, faisait le ventriloque, et le soir s'épargnant les frais d'auberge, allait coucher dans le fournil.

  Or un matin, de très bonne heure, Bouvard sentant une envie de travail vint y prendre des copeaux, pour allumer son feu.

  Un spectacle le pétrifia.

  Derrière les débris du bahut, sur une paillasse Romiche et Victorine dormaient ensemble.

  Il lui avait passé le bras sous la taille — et son autre main, longue comme celle d'un singe, la tenait par un genou, les paupières entre-closes, le visage encore convulsé dans un spasme de plaisir. Elle souriait, étendue sur le dos. Le bâillement de sa camisole laissait à découvert sa gorge enfantine marbrée de plaques rouges par les caresses du bossu. Ses cheveux blonds traînaient, et la clarté de l'aube jetait sur tous les deux une lumière blafarde.

  Bouvard, au premier moment avait ressenti comme un heurt en pleine poitrine. Puis une pudeur l'empêcha de faire un pas, un geste. Des réflexions douloureuses l'assaillaient.

  — Si jeune ! perdue ! perdue !

  Ensuite il alla réveiller Pécuchet, d'un mot lui apprit tout.

  — Ah ! le misérable !

  — Nous n'y pouvons rien ! Calme-toi !

  Et ils furent longtemps à soupirer l'un devant l'autre. Bouvard, sans redingote les bras croisés, Pécuchet au bord de sa couche, pieds nus, et en bonnet de coton.

  Romiche devait partir ce jour-là, ayant terminé son ouvrage. Ils le payèrent d'une façon hautaine, silencieusement.

  Mais la Providence leur en voulait.

  Marcel les conduisit à pas de loup dans la chambre de Victor ; — et leur montra au fond de sa commode une pièce de vingt francs. Le gamin l'avait prié de lui en fournir la monnaie.

  D'où provenait-elle ? d'un vol, bien sûr ! et commis durant leurs tournées d'ingénieurs.

  Si on la réclamait ils auraient l'air complices.

  Enfin ayant appelé Victor ils lui commandèrent d'ouvrir son tiroir ; la pièce n'y était plus.

  Tantôt, pourtant, ils l'avaient maniée et Marcel était incapable de mentir. Cette histoire le révolutionnait tellement que depuis le matin, il gardait dans sa poche une lettre pour Bouvard.

  Monsieur,

  Craignant que M. Pécuchet ne soit malade, j'ai recours a votre obligeance. De qui donc la signature ? Olympe Dumouchel, née Charpeau.

  Elle et son époux demandaient dans quelle localité balnéaire, Courseulles, Langrune ou Ouistreham, se trouvait la compagnie la moins bruyante ? tous les moyens de transport, le prix du blanchissage, mille choses.

  Cette importunité les mit en colère contre Dumouchel, puis la fatigue les plongea dans un découragement plus lourd.

  Ils récapitulèrent tout le mal qu'ils s'étaient donné, tant de leçons, de précautions, de tourments.

  — Et songer disaient-ils que nous voulions autrefois, faire d'elle une sous-maîtresse ! et de lui dernièrement un piqueur de travaux !

  — Si elle est vicieuse ce n'est pas la faute de ses lectures.

  — Moi, pour le rendre honnête, je lui avais appris la biographie de

  Cartouche.

  — Peut-être ont-ils manqué d'une famille, des soins d'une mère.

  — J'en étais une ! objecta Bouvard.

  — Hélas reprit Pécuchet. Mais il y a des natures dénuées de sens moral ; — et l'éducation n'y peut rien.

  — Ah ! oui ! c'est beau, l'éducation.

  Comme les orphelins ne savaient aucun métier, on leur chercherait deux places de domestiques, — et puis à la grâce de Dieu ! ils ne s'en mêleraient plus ! — Et désormais Mon oncle et Bon ami les firent manger à la cuisine.

  Mais bientôt ils s'ennuyèrent, leur esprit ayant besoin d'un travail, leur existence d'un but !

  D'ailleurs que prouve un insuccès ? Ce qui avait échoué sur des enfants, pouvait être moins difficile avec des hommes ? Et ils imaginèrent d'établir un cours d'adultes.

  Il aurait fallu une conférence pour exposer leurs idées. La grande salle de l'auberge conviendrait à cela, parfaitement.

  Beljambe, comme adjoint, eut peur de se compromettre, refusa d'abord, puis changea d'opinion, le fit dire par la servante. Bouvard dans l'excès de sa joie, la baisa sur les deux joues.

  Le maire était absent, l'autre adjoint Marescot pris tout entier par son étude, ainsi la conférence aurait lieu et le tambour l'annonça, pour le dimanche suivant à trois heures.

  La veille seulement, ils pensèrent à leur costume.

  Pécuchet, grâce au ciel, avait conservé un vieil habit de cérémonie a collet de velours, deux cravates blanches, et des gants noirs. Bouvard mit sa redingote bleue, un gilet de nankin, des souliers de castor, et ils étaient fort émus en traversant le village.

  Ici s'arrête le manuscrit de Gustave Flaubert

  The Short Stories

  ŒUVRES DE JEUNESSE

  In 1910 a collection of Flaubert’s early works was published for the first time. Many of these works have never been translated and are not available in English. However, the original French texts are provided for our readers.

  The titlepage of the first edition

  TABLE DES MATIÈRES

  ART ET PROGRÈS.

  SAN PIETRO ORNANO.

  MATTEO FALCONE

  CHEVRIN

  DERNIÈRE SCÈNE

  PORTRAIT DE LORD BYRON.

  MORT DU DUC DE GUISE

  UN PARFUM À SENTIR

  LA FEMME DU MONDE .

  LA PESTE A FLORENCE

  RAGE ET IMPUISSANCE.

  REVE D’ENFER

  MOEURS ROUENNAISES - UNE LEÇON D’HISTOIRE NATURELLE GENRE COMMIS

  QUIDQUID VOLUERIS - ETUDES PSYCHOLOGIQUES

  PASSION ET VERTU

  AGONIES .

  IVRE ET MORT.

  LES ARTS

  SMARH

  LES FUNÉRAILLES DU DOCTEUR MATHURIN

  RABELAIS.

  MADEMOISELLE RACHEL.

  NOVEMBRE .

  CHRONIQUE NORMANDE DU DIXIÈME SIÈCLE.

  LA DERNIERE HEURE.

  LA MAIN DE FER.

  ROME ET LES CÉSARS.

  ART ET PROGRÈS .

  LES SOIRÉES D’ÉTUDE,

  JOURNAL LITTÉRAIRE.

  Le rédacteur,

  Gve Flaubert.

  6e soirée.

  VOYAGE EN ENFER.

  I

  Et j’étais au haut du mont Atlas, et de là je contemplais le monde et son or et sa boue, et sa vertu et son orgueil.

  II

  Et Satan m’apparut, et Satan me dit : “Viens avec moi, regarde, vois ; et puis ensuite tu verras mon royaume, mon monde à moi.”

  III

  Et Satan m’emmena avec lui et me montra le monde.

 
IV

  Et planant sur les airs, nous arrivâmes en Europe. Là il me montra des savants, des hommes de lettres, des femmes, des fats, des pédants, des rois et des sages ; ceux-là étaient les plus fous.

  V

  Et je vis un frère qui tuait son frère, une mère qui trompait sa fille, des écrivains qui par le prestige de leur plume abusaient du peuple, des prêtres qui trahissaient les fidèles, des pédants qui faisaient languir la jeunesse, et la guerre qui moissonne les hommes.

  VI

  Là, c’était un intrigant qui, rampant dans la boue, arrivait jusqu’aux pieds des grands, leur mordait le talon ; ils tombaient, et alors il tressaillait de la chute qu’avait faite cette tête en tombant dans la boue.

  VII

  Là un roi savourait, dans sa couche d’infamie où de père en fils ils reçoivent des leçons d’adultère , il savourait les grâces de la courtisane favorite qui gouvernait la France, et le peuple, lui, applaudissait ; c’est qu’il avait les yeux bandés.

  VIII

  Et je vis deux géants : le premier, vieux, courbé, ridé et maigre, s’appuyait sur un long bâton tortueux appelé pédantisme ; l’autre était jeune, fier, vigoureux, avait une taille d’hercule, une tête de poète et des bras d’or, il s’appuyait sur une énorme massue que le bâton tortueux avait pourtant abîmée ; la massue, c’était la raison.

  IX

  Et tous deux se battaient vigoureusement, et enfin le vieillard succomba. Je lui demandai son nom.

  — Absolutisme, me dit-il.

  — Et ton vainqueur ?

  — Il a deux noms.

  — Lesquels ?

  — Les uns l’appellent : Civilisation, et les autres : Liberté.

  X

  Et puis Satan me mena dans un temple, mais un temple en ruines.

  XI

  Et le peuple fondait des cercueils pour en faire des boulets, et la poussière qui y était s’envolait de dépit ; c’est que ce siècle-là, c’était un siècle de sang.

  XII

  Et les ruines restèrent désertes. Et un homme, un pauvre homme en guenilles, à la tête blanche, un homme chargé de misère, d’infamie et d’opprobre, un de ceux dont le front, ridés de soucis renferme à vingt ans les maux d’un siècle, s’assit là au pied d’une colonne.

  XIII

  Et il paraissait comme la fourmi aux pieds de la pyramide.

  XIV

  Et il regarda les hommes longtemps, tous le regardèrent en dédain et en pitié, et il les maudit tous ; car ce vieillard, c’était la Vérité.

  XV

  — Montre-moi ton royaume ? dis-je à Satan.

  — Le voilà !

  — Comment donc ?

  Et Satan me répondit :

  — C’est que le monde, c’est l’enfer.

  7e soirée.

  UNE PENSÉE.

  Des fous bondissent, s’élancent et se redressent, fiers et aigus, c’est la valse, c’est le galop.

  Et parmi toutes ces fleurs, une s’est élevée plus grande, plus belle et plus odoriférante.

  Parmi toutes ces robes, qui m’ont froissé en me faisant tressaillir d’envie, une m’a fait plus tressaillir que les autres.

  Parmi toutes ces tailles qui tourbillonnent, ces seins qui se gonflent, ces beaux yeux bleus qui regardent, une a tourbillonné près de moi, un sein a palpité pour moi, des yeux bleus m’ont regardé.

  Je l’invite, elle danse ; je presse sa taille, je lui souris à elle, elle, et encore à elle. Se penchant sur moi comme fatiguée, ses lèvres brûlantes me disent un soupir… et je comprends ce soupir. Je la regarde, elle est heureuse, et j’oublie la valse et le monde et toutes ces femmes qui tourbillonnent et ces glaces qui reluisent et ces lumières qui flamboient. Mais le matin arrive, adieu !

  Mais la pensée s’est envolée comme la rose qui se flétrit.

  Une pensée d’amour c’est une rose de printemps.

  Gve Flaubert.

  11e soirée.

  NOUVELLES.

  La nouvelle que nous avions annoncée dimanche dernier, sur le duel de M. de Saint-Léger avec M. Lireux, est fausse.

  Le bal Lalanne a été magnifique, les toilettes étaient superbes et les costumes riches et frais.

  Quant au cheval, qu’en dirons-nous ? On nous en dit du bien et du mal.

  Il ne pouvait, dit-on, se tenir sur ses pieds de derrière.

  Je vous apprendrai que tous les professeurs ont lu mon journal ; dans le prochain numéro, je vous donnerai des détails sur cette affaire.

  12e soirée. THÉTRES.

  Le bruit court que Mlle Cœline, chargée de dettes, a décampé de Rouen sans tambour ni trompette.

  Le fameux Martin a manqué d’être avalé par son ours Néron. Dans une représentation à Besançon, une lutte cruelle s’est engagée entre l’homme et l’animal, le public effrayé a exigé qu’on baissât le rideau. Pourtant Martin, par l’ascendant qu’il a sur les animaux, est parvenu à renverser son ours.

  (Revue du théâtre.)

  La Fille de l’avare a été traduite en anglais et a obtenu peu de succès.

  Nous recommandons la lecture des poésies de Chevalier rivalisant avec les Feuilles d’automne.

  La Porte-Saint-Martin s’est un peu ressuscitée par la Nonne sanglante ; elle recommence à rentrer dans son tombeau.

  À l’Ambigu, foule, foule et toujours foule.

  Bocage fait sa tournée en province et y fait aussi sa petite récolte.

  Herbin a fait un nouveau drame (l’Athée).

  Nous perdons Mme Salard, Mme Lavry ! Pleurons !

  G. Flaubert.

  SAN PIETRO ORNANO.

  (HISTOIRE CORSE.)

  I

  Une superbe frégate à la taille élancée et svelte entrait à voiles déployées dans le port de Gênes. Tout en elle indiquait la maîtresse et la souveraine, jusqu’à sa flamme blanche qui se laissait flotter à la brise du soir avec orgueil et majesté.

  L’on voyait sur le gaillard d’arrière un homme qui paraissait le maître, quoiqu’il ne prit aucune part à la manœuvre ; son costume était à moitié grec et italien ; la tête, belle et fière, était entourée de longs cheveux qui venaient s’appuyer en boucles sur ses épaules nues et basanées ; un riche poignard et un long cimeterre pendaient à sa ceinture blanche et bleue, et dont le nœud doré, tombant jusqu’à terre, venait de temps en temps essuyer sur ses sandales rouges, un peu de cendre échappée de sa large pipe de jonc.

  Enfin le navire s’était arrêté. Ornano en descendit ; son regard était hautain, et il semblait mépriser toute cette multitude qui montrait du doigt, avec respect et crainte, un homme qui, naguère paysan de Corse aux mains pleines de goudron, n’avait eu d’autre éducation que celle de dompter la tempête, de faire sauter une sainte-barbe, ou de bombarder une ville ; un homme qui n’avait d’autre nom que Pietro Ornano, d’autre seigneurie que sa frégate et d’autres sujets que ses marins. Mais ce paysan, ce corsaire, cet homme aux manières rustiques et sauvages, venait dans Gênes imposer des conditions et faire trembler un doge sur son trône.

  La France était en guerre avec Gênes ; elle avait trouvé en Corse un puissant auxiliaire en la personne de San Pietro. C’était une de ces âmes vigoureusement trempées dans les vertus poussées jusqu’à l’excès ; il n’avait d’autre pensée que la gloire, d’autre idole que la gloire, d’autre religion que la gloire ; il ne connaissait d’autre plaisir que de commander ses matelots, de fumer son tabac d’Italie, de regarder l’horizon qui s’enfonce sous les vagues, et de se laisser ballotter par le roulis lorsque la mer est calme, lorsque le vent souffle à peine, lorsque les hirondelles viennent sur le beaupré.

  Pourtant depuis quelques jours il était triste, son front se ridait souvent, et l’on pouvait deviner à ses soupirs réitérés, à ses longues rêveries, que quelque chose lui déchirait le cœur et que son âme était en proie à des sentiments inconnus jusqu’alors.

  II

  Les portes du palais s’ouvrirent devant le marin ; les gardes lui présentèrent les armes, l
e grand escalier fut couvert de tapis, son nom résonna dans la salle du trône, et le doge lui-même descendit pour le recevoir.

  — Je suis venu, dit San Pietro, pour traiter avec toi des conditions de la paix. La France, mon alliée, pour prix de mes services, m’a donné le pouvoir de les faire à mon gré. Écoute, je ne te demande ni or ni sang, mais je te demande ce qui m’est plus cher, à moi, que tous tes sujets, fussent-ils des rois, que ton trône, fût-il celui du monde ; je te demande ta fille, je te demande Vanina.

  — À lui, Vanina ? répétèrent sourdement tous les courtisans assemblés.

  — Oui, continua le corsaire, oui, à moi Vanina ! ou demain je fais bombarder Gênes, demain j’aurai Vanina ; et à toi l’esclavage et le malheur. Ton trône ? je le foulerai aux pieds, et ton palais, j’en ferai une prison pour toi. Vous pensiez donc qu’aucun sentiment ne pouvait m’émouvoir, vous croyiez que l’amour ne pouvait surgir de ce cœur de marin ; vous croyez que les passions ne remuent pas aussi fort le cœur d’un paysan que celui d’un roi ? Et pourtant s’il est ici une tête couronnée et un corsaire, le corsaire est roi et le monarque est esclave.

  — Soit, répondit le doge, tu peux être le maître, mais souviens-toi de mes paroles, San Pietro : jamais, jamais, tu n’auras ma fille, je te la refuse ; et si tu peux conquérir ce trône, si tu peux, dans ta rage de tigre, le souiller et l’anéantir, si tu peux dans ta vengeance féroce incendier ce palais, si tu peux, démon, briser mon sceptre et ma couronne…, jamais tu n’auras Vanina, et Gênes sera plutôt ton esclave que ma fille ta maîtresse ! En effet, quelquefois la servitude forcée ennoblit les rois, mais le déshonneur volontaire les souille et les flétrit.

  — Eh bien, demain, tu n’auras plus Vanina, dit le corsaire d’un ton solennel ; dans trente jours tu n’auras plus Gênes et dans trente et un jours, à un seul mot du corsaire, cette tête tombera.

  Puis il descendit les degrés du palais, et, se retournant tout à coup avec ironie et dédain :

  — Il est dommage, dit-il, de brûler une si belle colonnade !

 

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