Complete Works of Gustave Flaubert

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Complete Works of Gustave Flaubert Page 313

by Gustave Flaubert


  La maison était en feu, les flammes s’élevaient, hautes et terribles, et, chassées par les vents, elles s’élançaient vers le beau ciel bleu d’Espagne, qui planait sur Barcelone agitée et tumultueuse, comme un voile sur des larmes.

  On voyait un homme à moitié nu, il se désespérait, s’arrachait les cheveux, se roulait par terre en blasphémant Dieu et en poussant des cris de rage et de désespoir, c’était Baptisto.

  Le moine contemplait son désespoir et ses cris avec calme et bonheur, avec ce rire féroce de l’enfant riant des tortures du papillon dont il a arraché les ailes.

  On voyait, dans un appartement élevé, des flammes qui brûlaient quelques liasses de papiers.

  Giacomo prit une échelle, l’appuya contre la muraille noircie et chancelante, l’échelle tremblait sous ses pas, il monta en courant, arriva à cette fenêtre. Malédiction ! ce n’était que quelques vieux livres de librairie, sans valeur, ni mérite. Que faire ? il était entré, il fallait ou avancer au milieu de cette atmosphère enflammée ou redescendre par l’échelle dont le bois commençait à s’échauffer. Non ! il avança.

  Il traversa plusieurs salles, le plancher tremblait sous ses pas, les portes tombaient lorsqu’il en approchait, les solives se pendaient sur sa tête, il courait au milieu de l’incendie, haletant et furieux.

  Il lui fallait ce livre ! il le lui fallait ou la mort !

  Il ne savait où diriger sa course, mais il courait.

  Enfin il arriva devant une cloison qui était intacte, il la brisa avec un coup de pied et vit un appartement obscur et étroit ; il tâtonnait, sentit quelques livres sous ses doigts, il en toucha un, le prit et l’emporta hors de cette salle. C’était lui ! lui, le Mystère de saint Michel ! Il retourna sur ses pas, comme un homme éperdu et en délire, il sauta par-dessus les trous, il volait dans la flamme, mais il ne retrouva point l’échelle qu’il avait dressée contre le mur ; il arriva à une fenêtre et descendit en dehors, se cramponnant avec les mains et les genoux aux sinuosités, ses vêtements commençaient à s’enflammer, et, lorsqu’il arriva dans la rue, il se roula dans le ruisseau pour éteindre les flammes qui le brûlaient.

  Quelques mois se passèrent, et l’on n’entendait plus parler du libraire Giacomo, si ce n’est comme un de ces hommes singuliers et étranges, dont la multitude rit dans les rues parce qu’elle ne comprend point leurs passions et leurs manies.

  L’Espagne était occupée d’intérêts plus graves et plus sérieux. Un mauvais génie semblait peser sur elle ; chaque jour, de nouveaux meurtres et de nouveaux crimes, et tout cela paraissait venir d’une main invisible et cachée ; c’était un poignard suspendu sur chaque toit et sur chaque famille ; c’était des gens qui disparaissaient tout à coup sans qu’on ait aucune trace du sang que leur blessure avait répandu ; un homme partait pour un voyage, il ne revenait plus ; on ne savait à qui attribuer cet horrible fléau, car il faut attribuer le malheur à quelqu’un d’étranger, mais le bonheur à soi.

  En effet, il est des jours si néfastes dans la vie, des époques si funestes pour les hommes, que, ne sachant qui accabler de ses malédictions, on crie vers le ciel ; c’est dans ces époques malheureuses pour les peuples que l’on croit à la fatalité.

  Une police vive et empressée avait tâché, il est vrai, de découvrir l’auteur de tous ces forfaits, l’espion soudoyé s’était introduit dans toutes les maisons, avait écouté toutes les paroles, entendu tous les cris, vu tous les regards, et il n’avait rien appris.

  Le Procureur avait ouvert toutes les lettres, brisé tous les cachets, fouillé dans tous les coins, et il n’avait rien trouvé.

  Un matin pourtant, Barcelone avait quitté sa robe de deuil pour aller s’entasser dans les salles de la Justice où l’on allait condamner à mort celui que l’on supposait être l’auteur de tous ces horribles meurtres. Le peuple cachait ses larmes dans un rire convulsif, car lorsqu’on souffre et qu’on pleure c’est une consolation bien égoïste, il est vrai, mais enfin, celle de voir d’autres souffrances et d’autres larmes.

  Le pauvre Giacomo, si calme et si paisible, était accusé d’avoir brûlé la maison de Baptisto, d’avoir volé sa Bible ; il était chargé encore de mille autres accusations.

  Il était donc là, assis sur les bancs des meurtriers et des brigands, lui, l’honnête bibliophile ; le pauvre Giacomo, qui ne pensait qu’à ses livres, était donc compromis dans les mystères de meurtre et d’échafaud.

  La salle regorgeait de peuple. Enfin le Procureur se leva et lut son rapport ; il était long et diffus, à peine si on pouvait en distinguer l’action principale des parenthèses et des réflexions. Le Procureur disait qu’il avait trouvé dans la maison de Giacomo la Bible qui appartenait à Baptisto, puisque cette Bible était la seule en Espagne ; or il était probable que c’était Giacomo qui avait mis le feu à la maison de Baptisto pour s’emparer de ce livre rare et précieux. Il se tut et se rassit essoufflé.

  Quant au moine, il était calme et paisible et ne répondit pas même par un regard à la multitude qui l’insultait.

  Son avocat se leva, il parla longtemps et bien ; enfin quand il crut avoir ébranlé son auditoire, il souleva sa robe et en tira un livre, il l’ouvrit et le montra au public. C’était un autre exemplaire de cette Bible.

  Giacomo poussa un cri, et tomba sur son banc en s’arrachant les cheveux. Le moment était critique, on attendait une parole de l’accusé, mais aucun son ne sortit de sa bouche ; enfin il se rassit, regarda ses juges et son avocat comme un homme qui s’éveille.

  On lui demanda s’il était coupable d’avoir mis le feu chez Baptisto.

  — Non, hélas ! répondit-il.

  — Non ?

  — Mais allez-vous me condamner ? Oh ! condamnez-moi, je vous en prie ! la vie m’est à charge, mon avocat vous a menti, ne le croyez pas. Oh ! condamnez-moi, j’ai tué don Bernardo, j’ai tué le curé, j’ai volé le livre, le livre unique, car il n’y en a pas deux en Espagne. Messeigneurs, tuez-moi, je suis un misérable.

  Son avocat s’avança vers lui et lui montrant cette Bible :

  — Je puis vous sauver, regardez !

  Giacomo prit le livre, le regarda.

  — Oh ! moi qui croyais que c’était le seul en Espagne ! Oh ! dites-moi, dites-moi que vous m’avez trompé. Malheur sur vous !

  Et il tomba évanoui.

  Les juges revinrent et prononcèrent son arrêt de mort.

  Giacomo l’entendit sans frémir et il parut même plus calme et plus tranquille. On lui fit espérer qu’en demandant sa grâce au pape il l’obtiendrait peut-être, il n’en voulut point, et demanda seulement que sa bibliothèque fût donnée à l’homme qui avait le plus de livres en Espagne.

  Puis lorsque le peuple se fut écoulé, il demanda à son avocat d’avoir la bonté de lui prêter son livre ; celui-ci le lui donna.

  Giacomo le prit amoureusement, versa quelques larmes sur les feuillets, le déchira avec colère, puis il en jeta les morceaux à la figure de son défenseur, en lui disant :

  — Vous en avez menti, monsieur l’avocat ! Je vous disais bien que c’était le seul en Espagne !

  RAGE ET IMPUISSANCE .

  CONTE MALSAIN

  POUR LES NERFS SENSIBLES ET LES MES DÉVOTES.

  Dieu n’est qu’un mot rêvé pour expliquer le monde.

  Alp. de Lamartine.

  Tout dormait calme et paisible dans le village de Mussen. De toutes les lumières qui avaient disparu lentement et les unes après les autres, une seule brillait encore aux vitres de ce bon monsieur Ohmlin, le médecin du pays.

  Minuit venait de sonner à la petite église, la pluie tombait par torrents, et la neige, sortie des flancs du mont Pilate, tourbillonnait dans l’air emportée par les rafales de l’avalanche, la grêle résonnait sur les toits.

  Cette lumière isolée éclairait une chambre basse, où était assise une femme d’environ soixante et quelques années. Elle était voûtée et couverte de rides, elle cousait, mais la fatigue souvent, surmontant son courage, lui faisait fermer les yeux et pencher la t�
�te ; puis, si quelque coup de vent plus furieux et plus bruyant que tous les autres venait à faire craquer les auvents, si la pluie redoublait de violence, alors elle se réveillait de son assoupissement, tournait ses petits yeux creux sur la chandelle, dont la longue flammèche jetait encore quelque lueur autour d’elle, frissonnait, rapprochait son fauteuil de la cheminée, puis faisait un signe de croix. C’était une de ces bonnes et honnêtes filles qui naissent et meurent dans les familles, qui servent leurs maîtres jusqu’à la mort, prennent soin des enfants et les élèvent.

  Celle-ci avait vu naître M. Ohmlin, elle avait été sa nourrice, plus tard sa servante ; aussi tremblait-elle alors pour son pauvre maître, parti dès le matin dans les montagnes et qui n’était point encore de retour ; elle n’osait plus reprendre son ouvrage, se tenait assise prés du foyer, les bras croisés, les pieds sur l’âtre et la tête baissée sur ses mains ; elle écoutait avec terreur le vent qui sifflait dans la serrure et hurlait sur la montagne. Triste et pensive, elle tâchait de se rappeler une de ces légendes si terribles et si sanglantes qu’on contait chez elle, jadis, dans sa jeunesse, quand toute la famille, réunie autour du Foyer, écoutait avec plaisir une histoire de meurtre ou de fantôme qui se passait aussi dans les montagnes, par une nuit d’hiver bien sombre et bien froide, au milieu des glaciers, des neiges et des torrents.

  C’est dans ces souvenirs d’enfance qu’errait ainsi son imagination, et la vieille Berthe se retraçait ainsi toute sa vie, qui s’était passée monotone et uniforme, dans son village, et qui, dans un cercle si étroit, avait eu aussi ses passions, ses angoisses et ses douleurs.

  Mais bientôt elle entendit sur le pavé de la place voisine, avec les aboiements sinistres et lugubres d’un chien, le pas saccadé d’un mulet ; elle tressaillit, se leva de sa chaise en s’écriant : “c’est lui !”, puis elle courut à la porte et l’ouvrit. Après quelques instants, un homme parut dans la salle, il était entouré d’un large manteau brun tout blanc de neige, l’eau ruisselait sur ses vêtements.

  — Du feu, Berthe, dit-il en entrant, du feu ! je me meurs de froid.

  La vieille fille sortit, puis revint au bout de quelques minutes, apportant dans ses bras des copeaux et un fagot qu’elle alluma avec les tisons blanchis qui jetaient encore quelque chaleur dans la cheminée. Aussitôt un feu clair et pétillant éclaira l’appartement, M. Ohmlin retira son manteau, qui laissa voir un homme de taille ordinaire, maigre, mais fort de complexion. Ses joues étaient creuses et pâles, et quand il eut ôté son chapeau, on vit un crâne large et blanc, couvert de peu de cheveux noirs. Il avait l’aspect sérieux et réservé, sa barbe noire lui donnait un aspect triste et sombre, tempéré par un sourire bienveillant qui régnait sur ses lèvres.

  Il s’assit, mit ses pieds sur les chenets et caressa un de ces beaux chiens des Alpes assis à ses côtés ; l’animal regardait tristement son maître et lui léchait ses mains humides, rougies par le froid.

  — Eh bien, comment ça va-t-il ? dit Berthe en se rapprochant, vos dents ?

  — Mal, Berthe, oh ! bien mal ! cet air froid des montagnes me fait souffrir ; il y a quatre nuits que je n’ai fermé l’œil, ce n’est pas cette nuit que je dormirai.

  — Ici, Fox ! (c’était le nom du chien favori qui était étendu aux pieds du médecin).

  Fox se mit à faire entendre ce son singulier et traînard que Berthe avait entendu lorsqu’il était arrivé avec son maître.

  — Tais-toi, Fox, tais-toi !

  La pauvre bête se mit à geindre, comme quelqu’un qui souffre ou qui pleure.

  — Tais-toi, Fox, poursuivit Berthe, tais·toi !

  Et elle le repoussa rudement du pied.

  — Pourquoi veux-tu le faire taire ? dit M. Ohmlin, il est de mauvaise humeur ; dame ! c’est tout simple, il est fatigué et il a faim.

  — Tiens ! dit Berthe en lui jetant un morceau de pain, qu’elle alla chercher dans une armoire placée à côté de la cheminée, tiens ! Fox vit le pain d’un œil terne et humide, tourna sa belle tête noire vers son maître et le regarda tristement.

  — Pauvre bête, dit-il, qu’as-tu ?

  — C’est signe de malheur, dit Berthe ; Dieu et saint Maurice nous en préservent !

  — Vieille Folle ! il est malade.

  — Avez-vous Faim ? Que voulez-vous ?

  — Moi, oh ! rien, je vais dormir s’il m’est possible, ou plutôt non, j’ai encore quelques pilules d’opium, je vais en essayer ; adieu, Berthe, éteins le feu et dors bien, ma brave fille. Quant à toi, Fox, à la niche !

  Et il ouvrit la porte qui donnait sur la cour. Fox n’obéit point, il se coucha par terre et se traîna aux pieds de M. Ohmlin ; celui-ci, impatienté, le laissa et monta précipitamment dans sa chambre, il se coucha même avec le frisson de la fièvre, avala son opium et s’endormit dans des rêves d’or.

  Quant à Berthe, elle dormait profondément et était pourtant réveillée quelquefois par les gémissements plaintifs du pauvre Fox, qui était resté dans l’escalier. La neige avait diminué, les nuages s’étaient évanouis et la lune commençait à se montrer derrière les sommets du mont Pilate.

  Le matin, vers les neuf heures, la vieille Berthe s’éveilla, fit sa prière et descendit dans la salle ; la porte n’était point ouverte, elle s’en étonna : “Comme il dort aujourd’hui, le pauvre homme ! se dit-elle, probablement il va bientôt sortir”, mais aussitôt maître Bernardo arriva ; c’était un médecin des environs.

  — Où est-il ? dit-il en entrant.

  — Dans sa chambre, je pense ; allez voir, il dort encore.

  Celui-ci monta et entra sans cérémonie en criant :

  — Allons ! levez-vous donc ! il est tard. M. Ohmlin ne répondit pas, sa tête était penchée hors de son lit, et ses bras étaient étendus hors de la couche. Bernardo s’en approcha et le remuant avec violence :

  — Diable ! il a le sommeil dur !

  Mais le corps céda aux mouvements de la main et retomba dans sa position première, comme un cadavre.

  Bernardo pâlit, il prit ses mains, elles étaient froides ! il s’approcha de sa bouche, il ne respirait pas ! il mit ses doigts sur sa poitrine, pas un battement !

  Il resta pâle et stupéfait, regarda les paupières et les ouvrit, pas un regard ! il ne vit que cet œil terne et à demi fermé qu’ont les morts dans leur sommeil.

  Bernardo sortit de la chambre du médecin en courant, Berthe lui demanda ce qu’il avait, il ne répondit pas ; seulement il était pâle et ses lèvres étaient blanches.

  Quelques heures après, une douzaine de médecins, tous tristes et calmes, entouraient le lit de leur confrère, et un seul mot errait sur leurs lèvres : il est mort !

  Chacun s’approchait du corps inanimé, le retournait dans tous les sens, puis s’écartait avec horreur et dégoût en disant : il est mort !

  Un seul d’entre eux osa croire que ce cadavre n’était qu’endormi, et manquant de preuves, il ne put appuyer sa prévision et finit par se rendre à l’avis des autres médecins.

  C’était un de ces jours d’hiver tristes et pluvieux, une pluie fine battait dans l’air, et des flocons de neige blanchissaient les rues du village. Ce jour-là il était triste aussi, le village ! son père, son bienfaiteur était mort ! Les maisons étaient fermées, on ne se parlait pas, les enfants ne riaient plus sur la place, les hommes étaient attendris et l’on pleurait.

  Le modeste convoi s’avançait vers le cimetière, beau de sa douleur ; quelques hommes, vêtus de noir, portaient le cercueil dont le drap noir se blanchissait de neige ; les enfants aux têtes blondes suivaient par derrière, silencieux et étonnés ; les prêtres chantaient tout bas, car les larmes couvraient leurs voix.

  Un ami suivait le mort dans sa tombe, mais celui-là, sa douleur était profonde et triste, plus désespérée et plus certaine que celle de tous ces hommes ; celui-là était-ce une femme ? un enfant ? une maîtresse ? un ami ? Non ! c’était un chien, le pauvre Fox, marchant la tête baissée, suivant son maître avec des cris plaintifs et des larmes aussi grosses que celles d’un homme.


  Le cimetière était à mi-côte, le chemin était glissant et boueux, on n’entendait que le pas des prêtres et des hommes dont les gros souliers ferrés s’enfonçaient dans la boue ; puis le chant des morts, la neige qui tombait, la pluie qui roulait dans les ornières et le vent qui agitait le drap du cercueil.

  Enfin on creusa la terre, on y déposa le coffre avec quelques prières et pour l’éternité, le fossoyeur jeta dessus quelques pelletées de terre, qui résonnèrent sur le bois de chêne en rendant un son vide et creux.

  On se sépara, la grille de fer résonna dans ses gonds, et le cimetière redevint silencieux et paisible.

  De tous les amis du convoi, un seul était resté, Fox, couché sur la terre et regardant avec tristesse les bougies vacillantes qui s’éloignaient dans le brouillard, et ces longs vêtements noirs qui s’abaissaient lentement et comme des ombres, dans la vallée brumeuse.

  La nuit arriva bientôt, belle et blanche de sa lune, dont la lueur mélancolique s’abattait sur les tombes comme le doute sur le mourant.

  M. Ohmlin dormait toujours d’un sommeil lourd et pesant ; il rêvait et c’étaient des songes beaux d’illusions, voluptueux d’amour et d’enchantements. Il rêvait l’Orient ! l’Orient, avec son soleil brûlant, son ciel bleu, ses minarets dorés, ses pagodes de pierre ; l’Orient ! avec sa poésie toute d’amour et d’encens ; l’Orient ! avec ses parfums, ses émeraudes, ses fleurs, ses jardins aux pommes d’or ; l’Orient ! avec ses Fées, ses caravanes dans les sables ; l’Orient ! avec ses sérails, séjour des fraîches voluptés. Il rêvait, l’insensé, des ailes blanches des anges qui chantaient les versets du Coran aux oreilles du Prophète ; il rêvait des lèvres de femmes pures et rosées, il rêvait de grands yeux noirs qui n’avaient d’amour que pour lui, il rêvait cette peau brune et olivâtre des femmes de l’Asie, doux satin qu’effleure si souvent dans ses nuits le poète qui les rêve ; il rêvait tout cela ! Mais le réveil allait venir, morne, impitoyable, comme la réalité qu’il apporte.

 

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