Complete Works of Gustave Flaubert

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Complete Works of Gustave Flaubert Page 324

by Gustave Flaubert


  Il y avait dans cela une sauvage harmonie, Mazza l’écouta longtemps, fascinée par sa puissance ; le bruit de ces flots avait pour elle un langage, une voix ; comme elle, la mer était triste et pleine d’angoisses ; comme elle, ses vagues venaient mourir en se brisant sur les pierres et ne laisser sur le sable mouillé que la trace de leur passage. Une herbe, qui avait pris naissance entre deux fentes de la pierre, penchait sa tête toute pleine de la rosée, chaque coup de vague venait la tirer de sa racine, et chaque fois elle se détachait de plus en plus ; enfin elle disparut sous la lame, on ne la revit plus ; et pourtant elle était jeune et portait des fleurs ? Mazza sourit amèrement, la fleur était, comme elle, enlevée par la vague dans la fraîcheur du printemps.

  Il y avait des marins qui rentraient, couchés dans leur barque ; en tirant derrière eux la corde de leurs filets, leur voix vibrait au loin, avec le cri des oiseaux de nuit, qui planaient en volant de leurs ailes noires sur la tête de Mazza et qui allaient tous s’abattre vers la grève, sur les débris qu’apportait la marée. Elle entendait alors une voix qui l’appelait au fond du gouffre, et, la tête penchée vers l’abîme, elle calculait combien il lui faudrait de minutes et de secondes pour râler et mourir. Tout était triste comme elle dans la nature, et il lui sembla que les vagues avaient des soupirs et que la mer pleurait.

  Je ne sais cependant quel misérable sentiment de l’existence lui dit de vivre, et qu’il y avait encore sur la terre du bonheur et de l’amour, qu’elle n’avait qu’à attendre et espérer, et qu’elle le reverra plus tard ; mais, quand la nuit fut venue et que la lune vint à paraître au milieu de ses compagnes, comme une sultane au harem entre ses femmes, et qu’on ne vit plus que la mousse des flots, qui brillait sur les vagues comme l’écume à la bouche d’un coursier, alors que le bruit de la ville commença à s’évanouir dans le brouillard, avec ses lumières qui s’éteignaient, Mazza repartit.

  La nuit — il était peut-être deux heures — elle ouvrit ses glaces et regarda dehors. On était dans une plaine et la route était bordée d’arbres, les clartés de la nuit passant à travers leurs branches les faisaient ressembler à des fantômes aux formes gigantesques, qui couraient tous devant Mazza et remuaient au gré du vent, qui sifflait à travers leurs feuilles, leur chevelure en désordre. Une fois la voiture s’arrêta au milieu de la campagne, un trait se trouvait cassé, il faisait nuit, on n’entendait que le bruit des arbres, l’haleine des chevaux haletant de sueur, et les sanglots d’une femme qui pleurait seule.

  Vers le matin, elle vit des gens qui allaient vers la ville la plus voisine, portant au marché des fruits tout couverts de mousse et de feuillage vert ; ils chantaient aussi, et comme la route montait et qu’on allait au pas, elle les écouta longuement. “Oh ! comme il y a des gens heureux !” dit-elle.

  Il faisait grand jour, c’était un dimanche ; dans un village à quelques heures de Paris, sur la place de l’église, à l’heure où tout le monde en sortait, il y avait un grand soleil qui brillait sur le coq de l’église, et illuminait sa modeste rosace. Les portes, qui étaient ouvertes, laissaient voir à Mazza, du fond de sa voiture, l’intérieur de la nef et les cierges qui brillaient dans l’ombre sur l’autel ; elle regarda la voûte de bois, peinte de couleur bleue, et les vieux piliers de pierre nus et blanchis, et puis toute la suite des bancs où s’étalait une population entière, bigarrée de vêtements de couleur ; elle entendit l’orgue qui chantait, et il se fit alors un grand flot dans le peuple et l’on sortit. Plusieurs avaient des bouquets de fausses fleurs et des bas blancs ; elle vit que c’était une noce, on tira des coups de fusil sur la place, et les mariés sortirent.

  La bru avait un bonnet blanc et souriait en regardant le bout des pattes de sa ceinture, qui étaient de dentelle brodée ; le marié s’avançait à côté d’elle, il voyait la foule d’un air heureux et donnait des poignées de main à plusieurs. C’était le maire du pays, qui était aubergiste et qui mariait sa fille à son adjoint, le maître d’école. ·

  Un groupe d’enfants et de femmes s’arrêta devant Mazza pour regarder la belle calèche et le manteau rouge qui pendait de la portière, tout cela souriait et parlait haut. Quand elle eut relayé, elle rencontra, au bout du pays, le cortège qui entrait à la mairie, et le sourire vint sur sa bouche quand elle vit l’écume de ses chevaux qui tombait sur les mariés et la poussière de leurs pas qui salissait leurs vêtements blancs ; elle avança la tête et leur lança un regard de pitié et d’envie, car de misérable elle était devenue méchante et jalouse. Le peuple alors, en haine des riches, lui répondit par des injures et l’insulta, en lui jetant des pierres sur les armoiries de sa voiture.

  Longtemps, dans la route, à moitié endormie par le mouvement des ressorts, le son des grelots et la poussière qui tombait sur ses cheveux noirs, elle pensa à la noce du village, et le bruit du violon qui précédait le cortège, le son de l’or et les voix des enfants qui avaient parlé autour d’elle, tout cela tintait a ses oreilles comme l’abeille qui bourdonne ou le serpent qui siffle.

  Elle était fatiguée, la chaleur l’accablait sous les cuirs de sa calèche, le soleil dardait en face, elle baissa la tête sur ses coussins de drap blanc et s’endormit. Elle se réveilla aux portes de Paris.

  Quand on a quitté la campagne et les champs et qu’on se retrouve dans les rues, le jour semble sombre et baissé, comme dans ces théâtres de foire qui sont lugubres et mal éclairés. Mazza se plongea avec délices dans les rues les plus tortueuses ; elle s’enivra du bruit et de la rumeur qui venait la tirer d’elle-même et la reporter dans le monde, elle voyait rapidement, et comme des ombres chinoises, toutes les têtes qui passaient devant sa portière, toutes lui semblaient froides, impassibles et pâles ; elle regarda avec étonnement, pour la première fois, la misère qui va pieds nus sur les quais, la haine dans le cœur et un sourire sur la bouche, comme pour cacher les trous de ses haillons ; elle regarda la foule qui s’engouffrait dans les spectacles et les cafés, et tout ce monde de laquais et de grands seigneurs qui s’étale comme un manteau de couleur au jour de parade.

  Tout cela lui parut un immense spectacle, un vaste théâtre, avec ses palais de pierre, ses magasins allumés, ses habits de parade, ses ridicules, ses sceptres de carton et ses royautés d’un jour. Là, le carrosse de la danseuse éclabousse le peuple, et là l’homme se meurt de faim, en voyant des tas d’or derrière les vitres ; partout le rire et les larmes, partout la richesse et la misère, partout le vice qui insulte la vertu et lui crache à la face, comme le châle usé de la fille de joie qui effleure en passant la robe noire du prêtre. Oh ! il y a dans les grandes cités une atmosphère corrompue et empoisonnée, qui vous étourdit et vous enivre, quelque chose de lourd et de malsain, comme ces sombres brouillards du soir qui planent sur les toits.

  Mazza aspira cet air de corruption à pleine poitrine, elle le sentit comme un parfum, et la première fois, alors, elle comprit tout ce qu’il y avait de large et d’immense dans le vice, et de voluptueux dans le crime.

  En se retrouvant chez elle, il lui sembla qu’il y avait longtemps qu’elle était partie, tant elle avait souffert et vécu en peu d’heures. Elle passa la nuit à pleurer, à rappeler sans cesse son départ, son retour ; elle voyait de là les villages qu’elle avait traversés, toute la route qu’elle avait parcourue ; il lui semblait encore être sur la jetée, à regarder la mer et la voile qui s’en va ; elle se rappelait aussi la noce avec ses habits de fête, ses sourires de bonheur ; elle entendait de là le bruit de sa voiture sur les pavés, elle entendait aussi les vagues qui mugissaient et bondissaient sous elle ; et puis elle fut effrayée de la longueur du temps, elle crut avoir vécu un siècle et être devenue vieille, avoir les cheveux blancs, tant la douleur vous affaisse, tant le chagrin vous ronge, car il est des jours qui vous vieillissent comme des années, des pensées qui font bien des rides.

  Elle se rappela aussi, en souriant avec regret, les jours de son bonheur, ses vacances paisibles sur les bords de la Loire, où elle courait dans les allées des bois, se jouant avec les fleurs, et pleuran
t en voyant passer les mendiants ; elle se rappela ses premiers bals, où elle dansait si bien, où elle aimait tant les sourires gracieux et les paroles aimables ; et puis encore ses heures de fièvre et de délire, dans les bras de son amant, ses moments de transport et de rage, où elle eût voulu que chaque regard durât des siècles et que l’éternité fût un baiser elle se demanda alors si tout cela était parti et effacé pour toujours, comme la poussière de la route et le sillon du navire sur les vagues de la mer.

  V

  Enfin la voilà revenue, mais seule ! plus personne pour la soutenir, plus rien à aimer. Que faire ? quel parti prendre ? oh ! la mort, la tombe cent fois, si, malgré son départ et son ennui, elle n’avait eu au cœur un peu d’espérance.

  Qu’espérait-elle donc ?

  Elle l’ignorait elle-même, seulement elle avait encore foi à la vie ; elle crut encore qu’Ernest l’aimait, lorsqu’un jour elle reçut une de ses lettres ; mais ce fut une désillusion de plus.

  La lettre était longue, bien écrite, toute remplie de riches métaphores et de grands mots ; Ernest lui disait qu’il ne fallait plus l’aimer, qu’il fallait penser à ses devoirs et à Dieu, et puis il lui donnait en outre d’excellents conseils sur la famille, l’amour maternel, et il terminait par un peu de sentiment, comme M. de Bouilly ou Mme Cottin.

  Pauvre Mazza ! tant d’amour, de cœur et de tendresse pour une indifférence si froide, un calme si raisonné ! Elle tomba dans l’affaissement et le dégoût. “Je croyais, dit-elle un jour, qu’on pouvait mourir de chagrin !”. Du dégoût elle passa à l’amertume et à l’envie.

  C’est alors que le bruit du monde lui parut une musique discordante et infernale, et la nature une raillerie de Dieu ; elle n’aimait rien et portait de la haine à tout ; à mesure que chaque sentiment sortait de son cœur, la haine y entrait si bien qu’elle n’aimait plus rien au monde, sauf un homme. Souvent, quand elle voyait dans les jardins publics, des mères avec leurs enfants, qui jouaient avec eux et souriaient à leurs caresses, et puis des femmes avec leurs époux, des amants avec leurs maîtresses, et que tous ces gens-là étaient heureux, souriaient, aimaient la vie, elle les enviait et les maudissait à la fois ; elle eût voulu pouvoir les écraser tous du pied, et sa lèvre ironique leur jetait en passant quelque mot de dédain, quelque sourire d’orgueil.

  D’autres fois, quand on lui disait qu’elle devait être heureuse dans la vie, avec sa fortune, son rang, que sa santé était bonne, que ses joues étaient fraîches et qu’on voyait qu’elle était heureuse, que rien ne lui manquait, elle souriait cependant, la rage dans l’âme : “Ah ! les imbéciles, disait-elle, qui ne voient que le bonheur sur un front calme et qui ne savent pas que la torture arrache des rires.”

  Elle prit la vie, dés lors, comme un long cri de douleur. Si elle voyait des femmes qui se paraient de leur vertu, d’autres de leur amour, elle raillait leur vertu et leurs amours ; quand elle trouvait des gens heureux et confiants en Dieu, elle les tourmentait par un rire ou par un sarcasme ; les prêtres ? elle les faisait rougir, en passant devant eux, par un regard lascif, et riait à leurs oreilles ; les jeunes filles et les vierges ? elle les faisait pâlir par ses contes d’amour et ses histoires passionnées. Et puis l’on se demandait quelle était cette femme pâle et amaigrie, ce fantôme errant, avec ses yeux de feu et sa tête de damnée ; et si on venait à vouloir la connaître, on ne trouvait au fond de son existence qu’une douleur et dans sa conduite que des larmes.

  Oh ! les femmes ! les femmes ! elle les haïssait dans l’âme, les jeunes et les belles surtout, et quand elle les voyait dans un spectacle ou dans un ball, à la lueur des lustres et des bougies, étalant leur gorge ondulante, ornées de dentelles et de diamants, et que les hommes empressés souriaient à leurs sourires, qu’on les flattait et les vantait, elle eût voulu froisser ces vêtements et ces gazes brodées, cracher sur ces figures chéries, et traîner dans la boue ces fronts si calmes et si fiers de leur froideur. Elle ne croyait plus à rien, qu’au malheur et à la mort.

  La vertu pour elle était un mot, la religion un fantôme, la réputation un masque imposteur comme un voile qui cache les rides. Elle trouvait alors des joies dans l’orgueil, des délices dans le dédain, et elle crachait en passant sur le seuil des églises.

  Quand elle pensait à Ernest, à sa voix, à ses paroles, à ses bras qui l’avaient tenue si longtemps palpitante et éperdue d’amour, et qu’elle se trouvait sous les baisers de son mari, ah ! elle se tordait de douleur et d’angoisse et se roulait sur elle-même, comme un homme qui râle et agonise, en criant après un nom, en pleurant sur un souvenir. Elle avait des enfants de cet homme, ces enfants ressemblaient à leur père, une fille de trois ans, un garçon de cinq, et souvent, dans leurs jeux, leurs rires pénétraient jusqu’à elle ; le matin, ils venaient l’embrasser en riant, quand elle, elle leur mère, avait veillé toute la nuit dans des tourments inouïs et que ses joues étaient encore fraiches de ses larmes.

  Souvent, quand elle pensait à lui, errant sur les mers, ballotté peut-être par la tempête, à lui qui se perdait peut-être dans les flots, seul et voulant se rattacher à la vie, et qu’elle voyait de la un cadavre bercé sur la vague, ou vient s’abattre le vautour, alors elle entendait des cris de joie, des voix enfantines qui accouraient pour lui montrer un arbre en fleurs, ou le soleil qui faisait reluire la rosée des herbes. C’était pour elle comme la douleur de l’homme qui tombe sur le pavé et qui voit la foule rire et battre des mains.

  Alors que pensait Ernest, loin d’elle ? Parfois, il est vrai, quand il n’avait rien à faire, dans ses moments de loisir et de désœuvrement, en pensant à elle, à ses étreintes brûlantes, à sa croupe charnue, à ses seins blancs, à ses longs cheveux noirs, il la regrettait, mais il s’empressait d’aller éteindre dans les bras d’une esclave le feu allumé dans l’amour le plus fort et le plus sacré ; d’ailleurs, il se consolait de cette perte avec facilité, en pensant qu’il avait fait une bonne action, que cela était agir en citoyen, que Franklin ou Lafayette n’auraient pas mieux fait, car il était alors sur la terre nationale du patriotisme, de l’esclavage, du café et de la tempérance, je veux dire l’Amérique.

  C’était un de ces gens chez qui le jugement et la raison occupent une si grande place qu’ils ont mangé le cœur comme un voisin incommode ; un monde les séparait, car Mazza, au contraire, était plongée dans le délire et l’angoisse, et tandis que son amant se vautrait à plaisir dans les bras des négresses et des mulâtresses, elle se mourait d’ennui, croyant aussi qu’Ernest ne vivait que pour elle et ressentait un mal dont il se moquait dans son rire bestial et sauvage ; il se donnait à une autre. Tandis que cette pauvre femme pleurait et maudissait Dieu, qu’elle appelait l’enfer à son secours et se roulait en demandant si Satan enfin n’arriverait pas, Ernest, peut-être, au même moment où elle embrassait avec frénésie un médaillon de ses cheveux, au même moment peut-être, il se promenait gravement sur la place publique d’une ville des États-Unis, en veste et en pantalon blanc comme un planteur, et allait au marché acheter quelque esclave noire qui eût des bras forts et musclés, de pendantes mamelles et de la volupté pour de l’or.

  Du reste, il s’occupait de travaux chimiques, il y avait plein deux immenses cartons de notes sur les couches de silex et les analyses minéralogiques, et d’ailleurs le climat lui convenait beaucoup, il se portait à ravir dans cette atmosphère embaumée d’académies savantes, de chemins de Fer, de bateaux à vapeur, de cannes à sucre et d’indigo.

  Dans quelle atmosphère vivait Mazza ? Le cercle de sa vie ni était pas si étendu, mais c’était un monde à part, qui tournait dans les larmes et le désespoir, et qui enfin se perdait dans l’abîme d’un crime.

  VI

  Un drap noir était tendu sur la porte cochère de l’hôtel, il était relevé par le milieu et formait une espèce d’ogive brisée, qui laissait voir une tombe et deux flambeaux, dont les lumières tremblaient, comme la voix d’un mourant, au souffle froid de l’hiver qui passait sur ces draps noirs tout étoilés de larmes d’argent. De tem
ps en temps, les deux fossoyeurs qui avaient soin de la fête se rangeaient de côté pour faire place aux conviés arrivant l’un après l’autre, tous vêtus de noir avec des cravates blanches, un jabot plissé et des cheveux frisés ; ils se découvraient en passant preès du mort, et trempaient dans l’eau bénite le bout de leur gant noir.

  C’était dans l’hiver, la neige tombait ; après que le cortège fut parti, une jeune femme, entourée d’une mante noire, descendit dans la cour, marcha sur la pointe des pieds à travers la couche de neige qui couvrait les pavés, et elle avança sa tête pâle entre ses voiles noirs pour voir le char funèbre qui s’éloignait ; puis elle éteignit les deux bougies qui brûlaient encore, elle remonta, défit son manteau, réchauffa ses sandales blanches au feu de sa cheminée, détourna la tête encore une fois, mais elle ne vit plus que le dos noir du dernier des assistants qui tournait à l’angle de la rue.

  Quand elle n’entendit plus le ferraillement monotone des roues du char sur le pavé, et que tout fut passé et parti, les chants des prêtres, le convoi du mort, elle se jeta sur le lit mortuaire, s’y roula à plaisir, en criant dans les accès de sa joie convulsive : “Arrive maintenant ! à toi, à toi tout cela ! Je t’attends ! viens donc ! A toi, mon bien-aimé, la couche nuptiale et ses délices ! à toi, à toi seul, à nous deux un monde d’amour et de voluptés ! Viens ici, je m’y étendrai sous tes caresses, je m’y roulerai sous tes baisers”. Elle vit sur sa commode une petite boîte en palissandre que lui avait donnée Ernest. C était comme ce jour-la, un jour d’hiver, il arriva, entouré de son manteau, son chapeau avait de la neige, et quand il l’embrassa, sa peau avait une fraîcheur et un parfum de jeunesse qui rendait les baisers doux comme l’aspiration d’une rose. Cette boîte avait, au milieu, leurs chiffres entrelacés M et E, son bois était odoriférant, elle y porta ses narines et y resta longtemps contemplative et rêveuse.

 

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