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Complete Works of Gustave Flaubert

Page 332

by Gustave Flaubert


  SATAN.

  Pur ? Mais il n’y a rien que le souffle du démon ne puisse flétrir. Tu ne savais pas qu’il remue tout dans ses mains armées de griffes, et que tout ce qu’il remuait il le déchirait, les âmes et les corps, l’infini et la terre ? Partout est la puissance du mal, elle s’étend sur tout cela, et l’homme s’y jette, avide de pâture et d’erreurs.

  SMARH.

  Le péché seul est pouvoir du démon, c’est lui qui l’enfante ; mais le bien ?

  SATAN.

  Où est-il ? Dis-moi donc quelque chose qui soit bien ? Pourquoi cela est bien ? Qui donc a établi les lois du bien et du mal ? Montre-moi dans la création quelque chose fait pour ton bonheur, quelque chose de vrai, de saint, d’heureux ? Dis-moi, n’as-tu jamais senti ta volonté s’arrêter à de certaines limites et ne pouvoir les franchir, tes larmes couler, la tristesse inonder ton âme, le mystère apparaître et t’envelopper ? N’as-tu jamais contemplé le regard creux d’une tête de mort et tout ce qu’il y avait d’inculte et de néant dans ces os vides ? Pourquoi donc les fleurs que tu portes à tes narines se flétrissent-elles le soir ? Pourquoi, quand p39

  tu prends un serpent, il te pique ? Pourquoi, quand tu aimes un homme, te trahit-il ? Pourquoi, quand tu veux marcher, la terre s’abaisse-t-elle sous ton pied ? Pourquoi, quand tu veux marcher sur les flots, s’abaissent-ils sous toi pour t’engloutir ? Pourquoi faut-il te vêtir, te nourrir toi-même, avoir besoin de quelque chose, dormir, marcher, manger ? Pourquoi sens-tu le poignard entrer dans tes chairs ? Pourquoi tout ce qui est autour de toi s’est-il conjuré pour te faire souffrir ? Pourquoi vis-tu enfin pour mourir ?

  SMARH.

  Oui, le repos est dans la tombe.

  SATAN.

  Non ! Je trouble la paix des tombes, moi ! Non ! La mort donne la vie, et la création serait de la corruption, le fumier fertilise et le bourbier féconde.

  SMARH.

  N’est-ce pas la perpétuité de l’existence, l’immortalité des choses ?

  SATAN.

  Oui, l’immortalité des vers de la tombe et des pourritures. Il faut que tout vive, que tout renaisse et souffre encore.

  SMARH.

  Pourquoi, comme tu le dis, cela est-il manqué ? Pourquoi le souffle du mal féconde-t-il la terre ? Pourquoi n’est-ce pas comme je le pensais ? Pourquoi es-tu venu me troubler dans ma béatitude, me réveiller de ce songe ? Placé sur cet infini, je sens mon âme défaillir de tristesse et d’amertume.

  SATAN.

  C’est le mystère du mensonge et de la vie ; le p40

  vrai n’est que le vautour que tu as en toi et qui te ronge.

  SMARH.

  Dieu est donc méchant ? Moi qui le bénissais !

  SATAN.

  Tu ne peux savoir si son œuvre est bonne ou mauvaise, car tu n’as pas vécu, tu es à peine un enfant sorti de ses langes et de sa crédulité. Oui, celui qui a fait tout cela est peut-être le démon de quelque enfer perdu, plus grand que celui qui hurle maintenant, et la création elle-même n’est peut-être qu’un vaste enfer dont il est le dieu, et où tout est puni de vivre.

  SMARH.

  Oh ! Mon Dieu ! Mon Dieu ! J’aimais à croire, à rêver à ton paradis, aux joies promises ; j’aimais à te prier, j’aimais à t’aimer ; cette foi me remplissait l’âme, et maintenant j’ai l’âme vide, plus vide et plus déserte que les gouffres perdus dans l’immensité qui m’enveloppe. J’aimais à voir les roses où ta rosée déposait des larmes qui tombaient avec les parfums qu’elles contiennent, j’aimais à les cueillir, à me plonger dans le nuage d’encens… à répandre des fleurs sur ton autel.

  SATAN.

  Va, les fleurs les plus belles sont celles qui croissent sur les tombes ; elles rendent hommage à la majesté du néant, elles parfument les charognes sous les couvercles de leurs pierres.

  SMARH.

  Je pensais que tout était grand, insensé que j’étais ! Sot que j’étais dans mon cœur ! Ce bonheur était celui de la brute. Le bonheur est donc pour l’ignorance ; maintenant que je sais, je vois qu’il n’y a rien, et p41

  cependant j’ai peur. C’est donc le mal qui a créé toutes ces beautés, c’est l’enfer qui a fait toutes ces choses ? Oh ! Non, non, j’aime encore, j’ai en moi l’amour qui gonfle ma poitrine. Cependant celui qui me conduit jusqu’ici est fort et vrai, sans cela l’aurait-il pu ?

  SATAN.

  Oui, celui qui te mène ici, celui qui se joue avec toi et qui fait trembler le monde, est fort car il brave tout, et vrai car il souffre. Ils montent encore.

  SMARH.

  Oh ! Grâce ! Grâce ! Assez ! Assez ! Je tremble, j’ai peur, il me semble que cette voûte va s’écrouler sur moi, que l’infini va me manger, que je vais m’anéantir aussitôt !

  SATAN.

  Et tout à l’heure tu te sentais grand ! à la stupeur première avait succédé l’enivrement de la science, tu te regardais déjà comme un dieu pour être monté si haut dans l’infini, et tu as peur de ce qui faisait ta gloire !

  SMARH.

  Plus on avance dans l’infini, plus on avance dans la terreur.

  SATAN.

  Quelle terreur peut assaillir la créature de Dieu ? Tu étais si grand, si haut, si heureux ! Et maintenant tu es si bas, si tremblant, si petit ! C’est donc cela, un homme ? De la grandeur et de la petitesse, de l’insolence et de la bêtise ! Orgueil et néant, c’est là ton existence.

  SMARH.

  Non ! Non ! Je ne sais rien, et c’est cela qui me fait mal ; je ne sais rien, l’angoisse me ronge, et tu sais, toi ! Mais pourquoi donc ces mondes ? … pourquoi p42

  tout ? … pourquoi suis-je là ? … oh ! Il y a deux infinis qui me perdent : l’un dans mon âme, il me ronge ; l’autre autour de moi, il va m’écraser.

  SATAN.

  Ah ! Ton ignorance te pèse et les ténèbres te font horreur ? Tu l’as voulu !

  SMARH.

  Qu’ai-je voulu ?

  SATAN.

  La science. Eh bien, la science, c’est le doute, c’est le néant, c’est le mensonge, c’est la vanité.

  SMARH.

  Mieux vaudrait le néant !

  SATAN.

  Il existe, le néant, car la science n’est pas. Veux-tu monter encore ? Veux-tu avancer toujours ? Oh ! L’horrible mystère de tout cela, si tu le connaissais ! Ta peau deviendrait froide, et tes cheveux se dresseraient, et tu mourrais, épouvanté de tes pensées.

  SMARH.

  Oh ! Non, non, j’ai peur ! Cet infini me mange, me dévore ; je brûle, je tremble de m’y perdre, de rouler comme ces planches emportées par les vents et de brûler comme elles par des feux qui éclairent ; assez ! Grâce !

  SATAN.

  Cependant je t’aurais poussé bien loin dans le sombre infini.

  SMARH.

  Mais toujours dans le néant. Non, non, fais-moi redescendre sur ma terre, rends-moi ma cellule, ma p43

  croix de bois, rends-moi ma vallée pleine de fleurs, rends-moi la paix, l’ignorance. (ils descendent.) merci ! Ou plutôt fais-moi connaître le monde, mène-moi dans la vie ; tu m’as montré Dieu, montre-moi les hommes.

  SATAN.

  Oui, viens, suis-moi, je te montrerai le monde et tu reculeras peut-être aussi épouvanté ; viens, viens, je vais te montrer l’enfer de la vie ; tu vois les tortures, les larmes, les cris, viens, je vais déployer le linceul, en secouer la poussière, je vais étendre la nappe de l’orgie pour le festin ; viens à moi, créature de Dieu, viens dans les bras du démon, qui te berce et t’endort. La mer, des prairies, de hautes falaises ; temps calme ; le soleil se couche sous les flots.

  SMARH.

  Me voilà enfin sur la terre ! L’homme naturellement s’y sent bien, il y est né.

  SATAN.

  Pourquoi la maudit-il toujours ?

  SMARH.

  Moi, je suis fait pour y vivre ; comme cette nature est belle !

  SATAN.

  Et comme tu la comprends bien, n’est-ce pas ? Comme ses mystères te sont dévoilés ?

  SMARH.

  Tu as beau m�
��entourer de tes subterfuges et de tes sophismes, je ne suis plus ici dans les régions du ciel, où tous ces mondes errants m’effrayaient ; p44

  non, j’étais fait pour celui-ci, c’est sur lui qu’il faut vivre.

  SATAN.

  Et mourir aussi, n’est-ce pas ? Il y a longtemps que tu y respires, que tu y souffres, créature humaine ; explique-moi donc le mystère d’un de ces grains de sable que tu foules à tes pieds ou celui d’une goutte d’eau de l’océan ?

  SMARH.

  Mais regarde toi-même comme la mer est douce et comme les rayons du soleil lui donnent des teintes roses sous ces ondes vertes ! Sens-tu le parfum de la vague qui mouille le sable, comme les flots sont longs et forts, comme ils roulent, comme ils s’étendent ? Vois donc cette bande d’écume qui festonne le rivage avec des coquilles et des herbes ; regarde comme cela est loin et large, quelle beauté ! Nieras-tu que mon âme ne s’ouvre pas à un pareil spectacle, quand j’entends cette mer qui roule et meurt à mes pieds, quand je vois cette immensité que j’embrasse de l’œil ?

  SATAN.

  Aussi loin que ton œil peut voir, oui ; tu vois l’infini, jusqu’à l’endroit où ton esprit s’arrête, et tu crois l’avoir saisi quand tu as glissé dessus.

  SMARH.

  Mais non, tout cela est trop beau pour n’être pas fait pour l’homme, pour son bonheur, pour sa joie. Vois donc aussi ces hautes falaises blanches sur lesquelles plane la mouette aux cris sauvages, aux ailes noires ; vois plus loin ce pâturage touffu avec ses herbes tassées et ses fleurs ouvertes.

  SATAN.

  Et regarde aussi comme tu es petit au pied des p45

  rochers, comme tu es petit même auprès des brins d’herbe que foulent les bœufs et qui se redressent après. Oui, tu es plus faible que ces cailloux que la mer roule en criant, comme si elle avait des chaînes dans le ventre.

  SMARH.

  Mais le caillou est immobile et mon pied le pousse.

  SATAN.

  Et toi donc ? N’y a-t-il pas un pied aussi qui t’écrase sous son talon invisible ? écrase donc un grain de sable, homme fort !

  SMARH.

  Mais je marche sur l’océan, je me dirige sans sentier et sans chemin.

  SATAN.

  Traces-en un qui dure une seconde, avec la quille de mille flottes.

  SMARH.

  J’évite sa colère.

  SATAN.

  Fais-en une semblable.

  SMARH.

  J’échappe à ses coups.

  SATAN.

  Quand ils ne sont plus. Tout cela, te dis-je, m’a été donné par Dieu. N’ai-je pas une intelligence qui m’a fait le roi de la création, qui m’a placé au premier rang, qui dompte la nature, la maîtrise et la bâillonne ? N’est-ce pas moi qui remue p46

  la terre, bâtis des villes, dirige le cours des fleuves ? Dis, nieras-tu la puissance de l’homme ?

  SATAN.

  Non ! Honneur à l’homme qui bâtit, bouleverse, remue, qui s’agite, qui construit, qui meurt ! Honneur aussi à la mort qui fait les poussières et les ruines, qui dévore le passé, qui abat les palais construits ! Honneur à la nature qui fait naître l’homme, qui le conduit avec des guides de bronze, qui le maîtrise par tous les sens, qui le tourmente sous toutes les formes, qui le fait mourir, le dissout et le reprend dans son sein ! Puissance et éternité pour l’homme qui vit et qui souffre, pour ses œuvres indestructibles, pour ses ouvrages sans fin, pour sa poussière immortelle !

  SMARH.

  Le peu de durée de nos œuvres n’en prouve pas moins la puissance.

  SATAN.

  C’est-à-dire que ta force prouve ta faiblesse ; tu es éternel et tu meurs, tu es fort et tout te dompte, tes œuvres sont durables et elles périssent ; le palais que tu as habité dure moins que la tombe qui renferme ta poussière, et l’un et l’autre deviennent poussière aussi ; puis rien, comme toi.

  SMARH.

  Les œuvres de l’homme ont changé la face du globe.

  SATAN.

  Oui, la terre avait des forêts et tu les as coupées, les prairies avaient de l’herbe et tes troupeaux l’ont mangée, elle renfermait un principe de création et tu l’as épuisée par la culture. Tu crois que tes moyens artificiels et le misérable fumier que tu répands feront p47

  une création quelconque, une fécondité, non, non, te dis-je ; jeté sur le monde, tu as voulu, dans ton orgueil immense, dompter cette nature qui t’environne, tu as voulu être grand auprès de cette grandeur, tu as cru être immortel auprès de la vie, et tu n’as que la faiblesse et le néant.

  SMARH.

  Oh ! Tu mens ! Je me sens fort.

  SATAN.

  Vraiment ! Comment donc ?

  SMARH.

  Sur tout ; sur les animaux d’abord.

  SATAN.

  Par ta ruse, c’est-à-dire que tu as pris la pierre et tu l’as élevée unie, mais la pierre tombe et roule, et les champs sont maintenant où il y avait des tours, et les pyramides sont moins hautes que les herbes, sous la terre ; tu as resserré les fleuves, mais les fleuves se sont répandus dans tes campagnes ; tu as voulu arrêter la mer dans des quais, et tu t’es cru grand parce que chaque jour elle venait battre à la même place, mais peu à peu elle a mangé lentement la terre, chaque jour elle la dévore.

  SMARH.

  Est-ce que tout, au contraire, dans la création n’est pas ordonné sur une échelle de forces et d’intelligences successives ?

  SATAN.

  Oui, et de misères. Continue.

  SMARH.

  Est-ce que je ne suis pas supérieur au cheval, et le cheval à la fourmi, et la fourmi au caillou ? p48

  SATAN.

  Oui, puisque tu es sur le cheval et que tu l’accables, et que le cheval écrase la fourmi, et que la fourmi creuse la terre.

  SMARH.

  Est-ce que je n’ai pas une âme, une âme qui entend, qui sent, qui voit ?

  SATAN.

  Qui souffre aussi ! Oui, tu es plus grand par tes malheurs que tout ce qui t’entoure, grandeur digne d’envie ! Le géant souffre plus que les insectes ! Tu te crois le maître de l’océan, de la terre, tu fonds les métaux, tu cisèles la pierre, tu fends l’onde, eh bien, quand la fournaise bout et que l’airain ruisselle à flots rouges, quand la pierre crie sous ton marteau, quand la terre gémit sous tes coups, quand les vagues murmurent en battant la proue de tes navires, oui, tout cela souffre moins que toi seul, ici, sans travail, sans rien qui te déchire la peau, ni t’arrache les entrailles, ni te lime la chair, mais seulement les yeux levés vers le ciel, l’abîme, et demandant pourquoi cela ? Pourquoi ceci ?

  SMARH.

  C’est vrai, comment donc ?

  SATAN.

  C’est que le ciel te montre ses feux, mais ses feux te brûlent ; que la mer s’étend devant toi, ouvre sa surface, mais elle t’engloutit ; c’est que ton intelligence te sert, mais te trahit et te fait souffrir ; c’est que l’infini est ouvert devant toi, mais sans bornes et sans fin, et qu’il te perd. Les oiseaux de nuit, des vautours, des mouettes sortent des rochers et viennent planer alentour. De temps en temps ils s’abattent sur le rivage en troupes et vont tirer des varechs ou des débris dans la mer. Les vagues bondissent, et leur bruit retentit dans les cavernes. p49

  SMARH.

  Cette nature est sombre.

  SATAN.

  Tout à l’heure tu la trouvais si riante.

  SMARH.

  Il en est ainsi quand le soleil n’éclaire plus et que les ténèbres enveloppent la terre.

  SATAN.

  Comme des langes qui la couvrent. L’écume saute sur les rochers à fleur d’eau et, quand le flot s’est retiré, un silence se fait et l’on n’entend plus que le clapotement, toujours diminuant, des derniers battements de la vague entre les grosses pierres, puis, au loin, un bruit sourd. Les oiseaux de proie redoublent leurs cris déchirants.

  SMARH.

  ô puissance de Dieu, que vous êtes grande !

  SATAN.

  Et terrible, n’est-ce pas ? Ne sens-tu rien dans ton cœur
qui fléchisse et qui te crie que tu es faible, humble et petit devant tout cela ?

  SMARH.

  Oui, la nature fait peur ; ici tout n’est donc que crainte, appréhension ?

  SATAN.

  Quand l’homme marche, son pied glisse, il tombe ; quand sa pensée travaille, il glisse aussi, il tombe encore, il roule toujours, tu sais. Les étoiles disparaissent au ciel, de gros nuages passent sur la lune, la lueur blanche de celle-ci perce à travers ; bientôt les ténèbres couvrent le ciel, et l’obscurité n’est interrompue que par les lignes blanches que font les vagues sur les brisants. On entend des cris sauvages, les vagues sont furieuses. p50

  SMARH.

  Comme la mer mugit ! Sa colère est terrible.

  SATAN.

  Ce sont les œuvres de Dieu, elles frappent, elles déracinent, elles dévorent. Vois comme les rochers sont frappés ; entends-tu l’océan qui les ébranle et qui voudrait les déraciner pour les rouler dans son sein avec les grains de sable ?

  SMARH.

  Comme les vagues sont hautes ! (il se rapproche de lui.) celle-ci monte, elle va me prendre dans son vaste filet d’écume pour me rouler avec elle… ah ! Elle tombe, elle meurt… au secours ! Au secours ! Il veut fuir. Satan l’arrête.

  SATAN.

  Que crains-tu donc, homme fort ? Tâche de donner un coup de pied à l’océan, ta colère ne fera pas seulement jaillir un peu d’eau. Smarh veut courir, il trébuche, il tombe sur les pierres ; Satan le traîne pour le relever. Les vautours battent des ailes contre les rochers et ne peuvent monter plus haut. De grosses vagues noires se gonflent en silence et s’abaissent, la mer semble lassée.

  SMARH.

  Grâce ! Grâce ! Satan le traîne sur les genoux. Debout ! Debout ! Homme fort, la tête haute devant la tempête ! Est-ce de cela que tu as peur ? Une vague, qu’est-ce donc ? N’as-tu pas une âme immortelle ? Que te fait la vie ?

  SMARH.

  Pitié ! Pitié ! p51

  SATAN.

  Allons donc, image de Dieu, sois aussi grand que la pierre qui résiste.

  SMARH.

  Tout me manque. Si cette mer allait avancer encore ! Si ces rochers allaient marcher vers le rivage ! … la mer va m’entraîner ! Quels horribles cris ! Les herbes marines, déracinées, flottent sur la mousse des flots ; les vagues sont fortes et cadencées ; un bruit rauque se fait entendre quand le flot se retire. On dirait que la mer veut arracher le rivage, elle se cramponne aux galets, mais elle glisse dessus.

 

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