de transports ; l’éclair aura brillé devant mes yeux et m’a laissé ensuite dans les ténèbres, sous ce paradis de pensées dont le large glaive froid de la réalité me sépare pour l’éternité.
Ah ! Prison de chair, je te maudis ! Pourquoi es-tu là ? Voyons ! Que fais-tu, misérable charogne vivante, qui traînes ta pourriture par les rues, qui bois, qui manges, qui dors et qui jouis ? Pourquoi suis-je attaché à ce cadavre qui me traîne sur la terre, moi qui veux voler dans les cieux et partir dans l’infini ? Qu’avais-tu donc fait, pauvre âme, pour venir là, dans la prison de ce corps, où tu bats en vain des ailes que tu brises aux parois qui t’entourent ? Je sens bien que tu veux partir, que tu y pleures, et lorsque je vois les étoiles tu t’élances vers elles, quand la mer est devant moi tu veux courir dessus plus vite que le regard ; et quand je vois les tombes, n’est-ce pas toi qui tends les bras vers elles tandis que le corps veut vivre ?
Tu es un chant, une note, un soupir… non, non, rien de tout cela ! Tu es le cœur gonflé, tu es cette voix qui parle et qui prie, qui sanglote et se tord en moi, tandis que mes lèvres sourient.
ô pauvre aigle, tu es là dans une cage ; à travers tes barreaux tu vois encore les hautes cimes perdues dans les nuages où tu naquis, tu vois le large ciel où tu planais ; mais tes barreaux te resserrent, tu n’as plus qu’à mettre ta tête sous ton aile et à mourir ; tu étouffes déjà, et bientôt tu ne seras plus qu’un cadavre encore tiède qu’on appelle désespoir. Alors Smarh s’éloigna, il sortit de la ville à l’heure où tout brille et crie, c’était le soir, la brume l’emplissait, il faisait froid, il marchait pieds nus dans la boue, tandis que derrière lui, à ses côtés, la matière resplendissait dans sa force, qu’elle agissait, qu’elle siégeait sur des trônes, qu’elle avait ses philosophes, p117
ses sectateurs. Aussi le poète sortit, chassé, méprisé, honni ; on ne voulait pas de lui, on le renvoya. Il partit donc, mais derrière lui tout s’écroula et il y eut un grand rire.
Il arriva dans les champs. Seul dans la campagne, au milieu des ténèbres, il se prit à pleurer ; un désespoir immense vint s’abattre sur lui comme un vautour sur un cadavre, il étendit ses larges ailes noires, se mit à manger et poussa des cris féroces. Il pleura amèrement pendant longtemps, et chacune de ses larmes était une malédiction pour la terre, c’était quelque chose du cœur qui tombait et s’en allait dans le néant ; c’était l’agonie de l’espérance, de la foi, de l’amour, du beau, tout cela mourait, fuyait, s’envolait pour l’éternité ; toute la sève, toute la vie, toutes les fraîcheurs, tous les parfums, toutes les lumières, tout ce qui navre, ce qui enchante, tout ce qui est volupté, croyances, ardeurs, avait été arraché par le vent d’éternité qui venait de la terre, rasait le sol, emportait les fleurs.
Tout allait donc finir ; le monde, épuisé, craquait en dedans, il se mourait, et l’âme, rendue folle par tant de douleurs, tournait encore, dans son agonie, au milieu d’un cercle de feu qu’elle ne pouvait franchir.
La nuit allait commencer, une nuit éternelle, sans astres, sans clarté ; Satan déjà s’étendait sur le monde palpitant, pour lui arracher son dernier mot. Smarh était resté enseveli dans son malheur, sa tête était dans ses mains, sa chevelure, couverte de poussière, venait battre sur ses yeux en pleurs. On n’entendait rien que le bruit de l’immense tempête du temps qui allait finir et jetait alors ses plus horribles sanglots. La terre déviait de sa course circulaire ; elle oscillait, ivre de fatigue et d’ennui, comme si un ouragan l’avait poussée pour la faire tomber. Le soleil s’était abaissé lentement et avait dit p118
un éternel adieu, un dernier et long baiser, à ce qu’il avait éclairé, aux bois, aux prairies, aux forêts, aux vallons déserts, à l’océan sur lequel il courait dans les longues journées ; il était parti, les astres n’étaient point venus, et ils étaient allés éclairer d’autres mondes, plus haut.
Pourquoi donc Smarh lève-t-il la tête ? Voilà une femme à ses côtés… non, c’est un ange, elle lui a essuyé ses larmes, avec le bout de ses ailes blanches ; elle l’a relevé, l’a porté sur son cœur, elle pleure aussi, elle a les pieds en sang, elle lui dit : “ô mon bien-aimé, viens à moi, ils m’ont chassée, ils m’ont bannie, aime-moi, je suis si belle. “ et Smarh poussa un cri de joie, il se rattachait à la branche de salut d’où l’ouragan l’avait entraîné. Il s’écria tout à coup :
— oui, je t’aime ! Je t’aime ! Tu vois bien que je renais, que je vis, tu vois que le soleil reparaît, que l’herbe pousse sur les coteaux, que les fleuves coulent encore ; oui, je t’aime ! ô mon Dieu, mon Dieu, j’avais douté, j’avais pleuré, j’avais maudit, j’avais vu le monde passer comme une chaîne de squelettes dans une danse de l’enfer, et je n’avais pas compris ! Mais la providence se déroule à mes yeux, voilà l’aurore qui vient, l’horizon se déroule, s’avance, et laisse voir au fond quelque chose de resplendissant et d’éternel ; oui, je t’aime ! Si tu savais ! écoute donc ! Est-ce que c’est moi qui ai vécu si longtemps, qui ai marché sur tant de poussières, heurté tant de ruines ? Non, voilà la poussière qui monte au ciel, voilà les ruines qui se lèvent et se placent. Qu’étais-je donc ? Poète ? Oh ! Oui ! Je chanterai toujours, je chanterai encore. Oh ! Je t’aime !
Tout à l’heure j’étais dans le tombeau, je sentais un marbre lourd sur ma tête, et je me heurtais aux planches du cercueil, mais je suis au ciel ! Oh ! Je t’aime pour l’éternité ; pour l’éternité tu es à moi ! p119
Il allait étendre les bras vers elle, il allait la saisir, déjà leurs regards s’étaient confondus, leurs larmes s’étaient séchées, il y avait eu un immense espoir dans la création. Le monde s’était retourné sur son vieux lit de douleurs, il avait entr’ouvert son œil morne pour voir la dernière étoile, il avait aspiré la brise du ciel ; mais il se rendormit bientôt dans ses cendres.
Un éclair parut, Satan était là.
— arrête, dit-il, elle est à moi ! Smarh ! Arrête, te dis-je !
SMARH.
à toi ? Esprit de ténèbres, arrière !
SATAN.
Je te brise du pied, vermisseau plein d’orgueil, bulle de savon que mon souffle seul soutient.
SMARH.
Car tu es à moi ? à toi mon cœur !
SATAN.
Non ! à toi tout. La terre, usant ses dernières forces, s’écria : “aime-le, aime-le”.
L’enfer, se levant sur ses charbons, s’écria plein de rage : “aime-le, aime-le”.
Mais un rire perça l’air, Yuk parut et lui dit : — c’est pour moi, à toi l’éternité !
L’éternité en effet répéta : “c’est lui, c’est lui !” Smarh tournoya dans le néant, il y roule encore. Satan versa une larme.
Yuk se mit à rire et sauta sur elle, et l’étreignit d’un baiser si fort, si terrible, qu’elle étouffa dans les bras du monstre éternel. G F. p120
14 avril 1839.
réflexion d’un homme désintéressé à l’affaire et qui a relu ça après un an de façon.
il est permis de faire des choses pitoyables, mais pas de cette trempe. Ce que tu admirais il y a un an est aujourd’hui fort mauvais ; j’en suis bien fâché, car je t’avais décerné le nom de grand homme futur, et tu te regardais comme un petit Goethe. L’illusion n’est pas mince, il faut commencer par avoir des idées, et ton fameux mystère en est veuf. Pauvre ami ! Tu iras ainsi enthousiasmé de ce que tu rêves, dégoûté de ce que tu as fait. Tout est ainsi, il ne faut pas s’en plaindre. Sais-tu ce qui me semble le mieux de ton œuvre ? C’est cette page qui, dans un an, me paraîtra aussi bête que le reste et qui suggérera encore une suite d’amères réflexions. Dans un an peut-être serai-je crevé, tant mieux ! Et pourtant tu as peur, pauvre brute, mon ami. Adieu, le meilleur conseil que je puisse te donner, c’est de ne plus écrire. Jasmin.
LES FUNÉRAILLES DU DOCTEUR MATHURIN
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Pourquoi ne t’offrirais-je pas encore ces nouvelles pages, cher Alfred ?
De tels cadeaux sont plus chers à celui qui les fai
t qu’à celui qui les reçoit, quoique ton amitié leur donne un prix qu’ils n’ont pas. Prends-les donc comme venant de deux choses qui sont à toi, et l’esprit qui les a conçues et la main qui les a écrites.
Se sentant vieux, Mathurin voulut mourir, pensant bien que la grappe trop mûre n’a plus de saveur ! Mais pourquoi et comment cela ?
Il avait bien 70 ans environ et solide encore malgré ses cheveux blancs, son dos voûté et son nez rouge, en somme c’était une belle tête de vieillard. Son œil bleu était singulièrement pur et limpide et des dents blanches et fines sous de petites lèvres minces et bien ciselées annonçaient une vigueur gastronomique rare à cet âge où l’on pense plus souvent à dire des prières et à avoir peur qu’à bien vivre.
Le vrai motif de sa résolution c’est qu’il était malade et que tôt ou tard il fallait sortir d’ici-bas. Il aima mieux prévenir la mort que de se sentir arraché par elle. Ayant bien connu sa position, il n’en fut ni étonné ni effrayé, il ne pleura pas, il ne cria pas, il ne fit ni humbles prières ni exclamations ampoulées. — Il ne se montra ni stoïcien, ni catholique, ni psychologue, c’est-à-dire qu’il n’eut ni orgueil, ni crédulité, ni bêtise. Il fut grand dans sa mort et son héroïsme surpassa celui d’Epaminondas, d’Annibal, de Caton, de tous les Capitaines de l’antiquité et de tous les martyrs chrétiens, celui du chevalier d’Assas, celui de Louis XVI, celui de saint Louis, celui de M. de Talleyrand mourant dans sa robe de chambre verte, et même celui de Fieschi qui disait des pointes encore quand on lui coupa le cou, tous ceux enfin qui moururent par une conviction quelconque, par un dévouement quel qu’il soit et ceux qui se fardèrent à leur dernière heure encore pour être plus beaux, se drapant dans leur linceul comme dans un manteau de théâtre, capitaines sublimes ! républicains stupides ! martyrs héroïques et entêtés ! rois détrônés, héros du bagne, oui tous ces courages-là furent surpassés par un seul courage, ces morts-là furent éclipsés par un seul mort, par le docteur Mathurin qui ne mourut ni par conviction, ni par orgueil, ni pour jouer un rôle, ni par religion, ni par patriotisme mais qui mourut d’une pleurésie qu’il avait depuis huit jours et d’une indigestion qu’il se donna la veille, — la première de sa vie, car il savait manger.
Il se résigna donc, comme un héros, à franchir de plain-pied le seuil de la vie, à entrer dans le cercueil la tête haute. Je me trompe car il fut enterré dans un baril. Il ne dit pas comme Caton : Vertu, tu n’es qu’un nom, ni comme Grégoire VII : J’ai fait le bien et fui l’iniquité, voilà pourquoi je meurs en exil, ni comme Jésus-Christ : Mon père, pourquoi m’avez-vous délaissé. Il mourut en disant tout bonnement : Adieu amusez-vous bien.
Un poète romantique aurait acheté un banneau de charbon de terre et serait mort au bout d’une heure en faisant de mauvais vers et en avalant de la fumée ; un autre se serait donné l’onglée en se noyant dans la Seine au mois de janvier, les uns auraient bu une détestable liqueur qui les aurait fait vomir avant de se rendormir — pleurant déjà sur cette bêtise. — Un martyr se serait amusé à se faire couler du plomb dans la bouche et à gâter ainsi son palais, un républicain aurait tenté d’assassiner le roi, l’aurait manqué et se serait fait couper la tête. Voilà de singulières gens. Mathurin ne mourut pas ainsi. Sa philosophie lui défendait de se faire souffrir.
Vous me demanderez pourquoi on l’appelait Docteur. — Vous le saurez un jour car je peux bien vous le faire connaître plus au long, ceci n’étant que le dernier chapitre d’une longue œuvre qui doit me rendre immortel comme toutes celles qui sont inédites. Je vous raconterai ses voyages, j’analyserai tous les livres qu’il a faits, je ferai un volume de notes sur ses commentaires et un appendice de papier blanc et de
points d’exclamation à ses ouvrages de science. Car c’était un savant des plus savants, en toutes les sciences possibles, sa modestie surpassait encore toutes ses connaissances. On ne croyait même pas qu’il sût lire, il faisait des fautes de français il est vrai, mais il savait l’hébreu… et bien d’autres choses.
Il connaissait la vie surtout, il savait à fond le cœur des hommes, et il n’y avait pas moyen d’échapper au critérium de son œil pénétrant et sagace, quand il levait la tête, abaissait sa paupière, et vous regardait de côté en souriant, vous sentiez qu’une sonde magnétique entrait dans votre âme et en fouillait tous les recoins.
Cette lunette des contes arabes avec laquelle l’œil perçait les murailles, je crois qu’il l’avait dans sa tête, c’est-à-dire qu’il vous dépouillait de vos vêtements et de vos grimaces, de tout le fard de vertu qu’on met sur ses rides, de toutes les béquilles qui vous soutiennent, de tous les talons qui vous haussent, il arrachait aux hommes leur présomption, aux femmes leur pudeur, aux héros leur grandeur, au poète son enflure, aux mains sales leurs gants blancs. Quand un homme avait passé devant lui, avait dit deux mots, avancé deux pas, fait un moindre geste, il vous le rendait nu, déshabillé, et grelottant au vent.
Avez-vous quelquefois dans un spectacle à la lueur du lustre aux mille feux, quand le public s’agite tout
palpitant, que les femmes parées battent des mains et qu’on voit partout sourires sur des lèvres rouges, diamants qui brillent, vêtements blancs, richesses, joie, éclat, vous êtes-vous figuré toute cette lumière changée en ombre, ce bruit devenu silence et toute cette vie rentrée au néant et à la place de tous ces êtres décolletés, aux poitrines palpitantes, aux cheveux noirs nattés sur des peaux blanches, mis de suite, des squelettes creux, jaunis, des squelettes qui seront longtemps sous la terre où ils ont marché et réunis ainsi tous dans un spectacle pour s’admirer encore, pour voir une comédie qui n’a pas de nom, qu’ils jouent eux-mêmes, dont ils sont les acteurs éternels et immobiles.
Mathurin faisait à peu près de même, car à travers le vêtement il voyait la peau, la chair sous l’épiderme, la moelle sous l’os et il exhumait de tout cela lambeaux sanglants, pourriture du cœur, et souvent sur des corps sains vous découvrait une horrible gangrène.
Cette perspicacité qui a fait les grands politiques, les grands moralistes, les grands poètes, n’avait servi qu’à le rendre heureux, c’est quelque chose quand on sait que Richelieu, Molière et Shakespeare ne le furent pas. — Il avait vécu poussé mollement par ses sens, sans malheur ni bonheur, sans effort, sans passion et sans vertu, ces deux meules qui usent la lame des tranchants. Son cœur était une cuve où rien de trop ardent n’avait fermenté et dès qu’il l’avait crue assez plein, il l’avait vite fermée laissant encore de la place pour du vide, pour la paix. Il n’était donc ni poète ni prêtre, il ne s’était pas marié, il avait le bonheur d’être bâtard, — ses amis étaient en petit nombre, et sa cave était bien garnie. Il n’avait ni maîtresses qui lui cherchaient querelle ni chien qui le mordît. Il avait une excellente santé et un palais extrêmement délicat. Mais je dois vous parler de sa mort.
Il fit donc venir ses disciples (il en avait deux) et il leur dit qu’il allait mourir, qu’il était las d’être malade et d’avoir été tout un jour à la diète.
C’était la saison dorée, où les blés sont mûrs, le jasmin déjà blanc embaume le feuillage de la tonnelle, on commence à courber la vigne, les raisins pendent en grappes sur les échalas, le rossignol chante sur la haie, on entend des rires d’enfants dans les bois, les foins sont enlevés. Oh jadis les nymphes venaient danser sur la prairie et se formaient des guirlandes avec les fleurs des prés, la fontaine murmurait un roucoulement frais et amoureux, les colombes allaient voler sur les tilleuls, le matin encore quand le soleil se lève l’horizon est toujours d’un bleu vaporeux et la vallée répand sur les coteaux un frais parfum humide des baisers de la nuit et de la rosée des fleurs.
Mathurin couché depuis plusieurs jours dormait sur sa couche. Quels étaient ses songes ? Sans doute comme sa vie, calmes et purs. La fenêtre ouverte laissait entrer à travers sa jalousie des rayons de soleil. La treille grimpant le long de la muraille grise nouait ses fruits mûrs aux branches mêlées de la clématite. Le coq chantait dans la basse-cour, l
es faneurs reposaient à l’ombre sous les grands noyers aux troncs tapissés de mousses. Non loin et sous les ormeaux il y avait un rond de gazon où ils allaient souvent faire la méridienne et dont la verdure touffue n’était seulement tachée que d’iris et de coquelicots. C’est là que couchés sur le ventre ou assis et causant ils buvaient ensemble pendant que la cigale chantait, que les insectes bourdonnaient dans les rayons du soleil. Les feuilles remuaient sous le souffle chaud des nuits d’été.
Tout était paix, calme et joie tranquille. C’est là que dans un oubli complet du monde, dans un égoïsme divin ils vivaient — inactifs, inutiles, heureux — Ainsi pendant que les hommes travaillaient, que la société vivait avec ses lois, avec son organisation multiple, tandis que les soldats se faisaient tuer, et que les intrigants s’agitaient, eux ils buvaient, ils dormaient. Accusez-les d’égoïsme, parlez de devoir, de morale, de dévouement. Dites encore une fois qu’on se doit au pays, à la société, rabâchez bien l’idée d’une œuvre
commune, chantez toujours cette magnifique trouvaille du plan de l’univers, vous n’empêcherez pas qu’il y ait des gens sages et des égoïstes qui ont plus de bon sens avec leur ignoble vice que vous autres avec vos sublimes vertus.
Ô hommes, vous qui marchez dans les villes, faites les révolutions, abattez les trônes, remuez le monde, et qui pour faire regarder vos petits fronts, faites bien de la poussière sur la route battue du genre humain, je vous demande un peu si votre bruit, vos chars de triomphe et vos fers, si vos machines et votre charlatanisme et vos vertus, si tout cela vaut une vie calme et tranquille où l’on ne casse rien que des bouteilles vides, où il n’y a d’autre fumée que celle d’une pipe, d’autre dégoût que celui d’avoir trop mangé.
Complete Works of Gustave Flaubert Page 339