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Complete Works of Gustave Flaubert

Page 375

by Gustave Flaubert


  La trappe se ferma, le couvercle se rabattit. Mannaëi voulait étrangler Iaokanann.

  Hérodias disparut. Les Pharisiens étaient scandalisés. Antipas, au milieu d’eux, se justifiait.

  — « Sans doute, » reprit Éléazar, « il faut épouser la femme de son frère, mais Hérodias n’était pas veuve, et de plus elle avait un enfant, ce qui constituait l’abomination. »

  — « Erreur ! erreur ! » objecta le Sadducéen Jonathas. « La Loi condamne ces mariages, sans les proscrire absolument. »

  — « N’importe ! On est pour moi bien injuste ! » disait Antipas, « car, enfin, Absalom a couché avec les femmes de son père, Juda avec sa bru, Ammon avec sa soeur, Lot avec ses filles. »

  Aulus, qui venait de dormir, reparut à ce moment-là. Quand il fut instruit de l’affaire, il approuva le Tétrarque. On ne devait point se gêner pour de pareilles sottises ; et il riait beaucoup du blâme des prêtres, et de la fureur de Iaokanann.

  Hérodias, au milieu du perron, se retourna vers lui.

  — « Tu as tort, mon maître ! Il ordonne au peuple de refuser l’impôt. »

  — « Est-ce vrai ? » demanda tout de suite le Publicain.

  Les réponses furent généralement affirmatives. Le Tétrarque les renforçait.

  Vitellius songea que le prisonnier pouvait s’enfuir ; et comme la conduite d’Antipas lui semblait douteuse, il établit des sentinelles aux portes, le long des murs et dans la cour.

  Ensuite, il alla vers son appartement. Les députations des prêtres l’accompagnèrent.

  Sans aborder la question de la sacrificature, chacune émettait ses griefs.

  Tous l’obsédaient. Il les congédia.

  Jonathas le quittait, quand il aperçut, dans un créneau, Antipas causant avec un homme à longs cheveux et en robe blanche, un Essénien ; et il regretta de l’avoir soutenu.

  Une réflexion avait consolé le Tétrarque. Iaokanann ne dépendait plus de lui ; les Romains s’en chargeaient. Quel soulagement ! Phanuel se promenait alors sur le chemin de ronde.

  Il l’appela, et, désignant les soldats :

  — « Ils sont les plus forts ! je ne peux le délivrer ! ce n’est pas ma faute ! »

  La cour était vide. Les esclaves se reposaient. Sur la rougeur du ciel, qui enflammait l’horizon, les moindres objets perpendiculaires se détachaient en noir. Antipas distingua les salines à l’autre bout de la mer Morte, et ne voyait plus les tentes des Arabes. Sans doute ils étaient partis ? La lune se levait ; un apaisement descendait dans son coeur.

  Phanuel, accablé, restait le menton sur la poitrine. Enfin, il révéla ce qu’il avait à dire.

  Depuis le commencement du mois, il étudiait le ciel avant l’aube, la constellation de Persée se trouvant au zénith. Agalah se montrait à peine, Algol brillait moins, Mira-Coeti avait disparu ; d’où il augurait la mort d’un homme considérable, cette nuit même, dans Machaërous.

  Lequel ? Vitellius était trop bien entouré. On n’exécuterait pas Iaokanann. « C’est donc moi ! » pensa le Tétrarque.

  Peut-être que les Arabes allaient revenir ? Le Proconsul découvrirait ses relations avec les Parthes ! Des sicaires de Jérusalem escortaient les prêtres ; ils avaient sous leurs vêtements des poignards ; et le Tétrarque ne doutait pas de la science de Phanuel.

  Il eut l’idée de recourir à Hérodias. Il la haïssait pourtant. Mais elle lui donnerait du courage ; et tous les liens n’étaient pas rompus de l’ensorcellement qu’il avait autrefois subi.

  Quand il entra dans sa chambre, du cinnamome fumait sur une vasque de porphyre ; et des poudres, des onguents, des étoffes pareilles à des nuages, des broderies plus légères que des plumes, étaient dispersées.

  Il ne dit pas la prédiction de Phanuel, ni sa peur des Juifs et des Arabes ; elle l’eût accusé d’être lâche. Il parla seulement des Romains ; Vitellius ne lui avait rien confié de ses projets militaires. Il le supposait ami de Caïus, que fréquentait Agrippa ; et il serait envoyé en exil, ou peut-être on l’égorgerait.

  Hérodias, avec une indulgence dédaigneuse, tâcha de le rassurer. Enfin, elle tira d’un petit coffre une médaille bizarre, ornée du profil de Tibère. Cela suffisait à faire pâlir les licteurs et fondre les accusations.

  Antipas, ému de reconnaissance, lui demanda comment elle l’avait.

  — « On me l’a donnée, » reprit-elle.

  Sous une portière en face, un bras nu s’avança, un bras jeune, charmant et comme tourné dans l’ivoire par Polyclète. D’une façon un peu gauche, et cependant gracieuse, il ramait dans l’air, pour saisir une tunique oubliée sur une escabelle près de la muraille.

  Une vieille femme la passa doucement, en écartant le rideau.

  Le Tétrarque eut un souvenir, qu’il ne pouvait préciser.

  — « Cette esclave est-elle à toi ? »

  — « Que t’importe ? » répondit Hérodias.

  III

  Les convives emplissaient la salle du festin.

  Elle avait trois nefs, comme une basilique, et que séparaient des colonnes en bois d’algumim, avec des chapiteaux de bronze couverts de sculptures. Deux galeries à claire-voie s’appuyaient dessus ; et une troisième en filigrane d’or se bombait au fond, vis-à-vis d’un cintre énorme, qui s’ouvrait à l’autre bout.

  Des candélabres, brûlant sur les tables alignées dans toute la longueur du vaisseau, faisaient des buissons de feux, entre les coupes de terre peinte et les plats de cuivre, les cubes de neige, les monceaux de raisin ; mais ces clartés rouges se perdaient progressivement, à cause de la hauteur du plafond, et des points lumineux brillaient, comme des étoiles, la nuit, à travers des branches. Par l’ouverture de la grande baie, on apercevait des flambeaux sur les terrasses des maisons ; car Antipas fêtait ses amis, son peuple, et tous ceux qui s’étaient présentés.

  Des esclaves, alertes comme des chiens et les orteils dans des sandales de feutre, circulaient, en portant des plateaux.

  La table proconsulaire occupait, sous la tribune dorée, une estrade en planches de sycomore. Des tapis de Babylone l’enfermaient dans une espèce de pavillon.

  Trois lits d’ivoire, un en face et deux sur les flancs, contenaient Vitellius, son fils et Antipas ; le Proconsul étant près de la porte, à gauche, Aulus à droite, le Tétrarque au milieu.

  Il avait un lourd manteau noir, dont la trame disparaissait sous des applications de couleur, du fard aux pommettes, la barbe en éventail, et de la poudre d’azur dans ses cheveux, serrés par un diadème de pierreries. Vitellius gardait son baudrier de pourpre, qui descendait en diagonale sur une toge de lin. Aulus s’était fait nouer dans le dos les manches de sa robe en soie violette, lamée d’argent. Les boudins de sa chevelure formaient des étages, et un collier de saphirs étincelait à sa poitrine, grasse et blanche comme celle d’une femme. Près de lui, sur une natte et jambes croisées, se tenait un enfant très-beau, qui souriait toujours. Il l’avait vu dans les cuisines, ne pouvait plus s’en passer, et, ayant peine à retenir son nom chaldéen, l’appelait simplement : « l’Asiatique. » De temps à autre, il s’étalait sur le triclinium. Alors, ses pieds nus dominaient l’assemblée.

  De ce côté-là, il y avait les prêtres et les officiers d’Antipas, des habitants de Jérusalem, les principaux des villes grecques ; et, sous le Proconsul : Marcellus avec les publicains, des amis du Tétrarque, les personnages de Kana, Ptolémaïde, Jéricho ; puis, pêle-mêle, des montagnards du Liban, et les vieux soldats d’Hérode : douze Thraces, un Gaulois, deux Germains, des chasseurs de gazelles, des pâtres de l’Idumée, le sultan de Palmyre, des marins d’Éziongaber. Chacun avait devant soi une galette de pâte molle, pour s’essuyer les doigts ; et les bras, s’allongeant comme des cous de vautour, prenaient des olives, des pistaches, des amandes. Toutes les figures étaient joyeuses, sous des couronnes de fleurs.

  Les Pharisiens les avaient repoussées comme indécence romaine. Ils frissonnèrent quand on les aspergea de galbanum et d’encens, composition réservée aux usages du Temple.

 
Aulus en frotta son aisselle ; et Antipas lui en promit tout un chargement, avec trois couffes de ce véritable baume, qui avait fait convoiter la Palestine à Cléopâtre.

  Un capitaine de sa garnison de Tibériade, survenu tout à l’heure, s’était placé derrière lui, pour l’entretenir d’événements extraordinaires. Mais son attention était partagée entre le Proconsul et ce qu’on disait aux tables voisines.

  On y causait de Iaokanann et des gens de son espèce ; Simon de Gittoï lavait les péchés avec du feu. Un certain Jésus...

  — « Le pire de tous, » s’écria Éléazar. « Quel infâme bateleur ! »

  Derrière le Tétrarque, un homme se leva, pâle comme la bordure de sa chlamyde. Il descendit l’estrade, et, interpellant les Pharisiens :

  — « Mensonge ! Jésus fait des miracles ! »

  Antipas désirait en voir.

  — « Tu aurais dû l’amener ! Renseigne-nous ! »

  Alors il conta que lui, Jacob, ayant une fille malade, s’était rendu à Capharnaüm, pour supplier le Maître de vouloir la guérir. Le Maître avait répondu : « Retourne chez toi, elle est guérie ! » Et il l’avait trouvée sur le seuil, étant sortie de sa couche quand le gnomon du palais marquait la troisième heure, l’instant même où il abordait Jésus.

  Certainement, objectèrent les Pharisiens, il existait des pratiques, des herbes puissantes ! Ici même, à Machaerous, quelquefois on trouvait le baaras qui rend invulnérable ; mais guérir sans voir ni toucher était une chose impossible, à moins que Jésus n’employât les démons.

  Et les amis d’Antipas, les principaux de la Galilée, reprirent, en hochant la tête :

  — « Les démons, évidemment. »

  Jacob, debout entre leur table et celle des prêtres, se taisait d’une manière hautaine et douce.

  Ils le sommaient de parler : — « Justifie son pouvoir ! »

  Il courba les épaules, et à voix basse, lentement, comme effrayé de lui-même :

  — « Vous ne savez donc pas que c’est le Messie ? »

  Tous les prêtres se regardèrent ; et Vitellius demanda l’explication du mot. Son interprète fut une minute avant de répondre.

  Ils appelaient ainsi un libérateur qui leur apporterait la jouissance de tous les biens et la domination de tous les peuples. Quelques-uns même soutenaient qu’il fallait compter sur deux. Le premier serait vaincu par Gog et Magog, des démons du Nord ; mais l’autre exterminerait le Prince du Mal ; et, depuis des siècles, ils l’attendaient à chaque minute.

  Les prêtres s’étant concertés, Éléazar prit la parole.

  D’abord le Messie serait enfant de David, et non d’un charpentier ; il confirmerait la Loi. Ce Nazaréen l’attaquait ; et, argument plus fort, il devait être précédé de la venue d’Élie.

  Jacob répliqua :

  « Mais il est venu, Élie !

  — « Élie ! Élie ! » répéta la foule, jusqu’à l’autre bout de la salle.

  Tous, par l’imagination, apercevaient un vieillard sous un vol de corbeaux, la foudre allumant un autel, des pontifes idolâtres jetés aux torrents ; et les femmes, dans les tribunes, songeaient à la veuve de Sarepta.

  Jacob s’épuisait à redire qu’il le connaissait ! Il l’avait vu ! et le peuple aussi !

  — « Son nom ? »

  Alors, il cria de toutes ses forces :

  — « Iaokanann ! »

  Antipas se renversa comme frappé en pleine poitrine. Les Sadducéens avaient bondi sur Jacob. Éléazar pérorait, pour se faire écouter.

  Quand le silence fut établi, il drapa son manteau, et comme un juge posa des questions.

  — « Puisque le prophète est mort... »

  Des murmures l’interrompirent. On croyait Élie disparu seulement.

  Il s’emporta contre la foule, et, continuant son enquête :

  — « Tu penses qu’il est ressuscité ?

  — « Pourquoi pas ? » dit Jacob.

  Les Sadducéens haussèrent les épaules ; Jonathas, écarquillant ses petits yeux, s’efforçait de rire comme un bouffon. Rien de plus sot que la prétention du corps à la vie éternelle ; et il déclama, pour le Proconsul, ce vers d’un poëte contemporain :

  Nec crescit, nec post mortem durare videtur.

  Mais Aulus était penché au bord du triclinium, le front en sueur, le visage vert, les poings sur l’estomac.

  Les Sadducéens feignirent un grand émoi ; — le lendemain, la sacrificature leur fut rendue ; — Antipas étalait du désespoir ; Vitellius demeurait impassible. Ses angoisses étaient pourtant violentes ; avec son fils il perdait sa fortune.

  Aulus n’avait pas fini de se faire vomir, qu’il voulut remanger.

  — « Qu’on me donne de la râpure de marbre, du schiste de Naxos, de l’eau de mer, n’importe quoi ! Si je prenais un bain ? »

  Il croqua de la neige, puis, ayant balancé entre une terrine de Commagène et des merles roses, se décida pour des courges au miel. L’Asiatique le contemplait, cette faculté d’engloutissement dénotant un être prodigieux et d’une race supérieure.

  On servit des rognons de taureau, des loirs, des rossignols, des hachis dans des feuilles de pampre ; et les prêtres discutaient sur la résurrection. Ammonius, élève de Philon le Platonicien, les jugeait stupides, et le disait à des Grecs qui se moquaient des oracles. Marcellus et Jacob s’étaient joints. Le premier narrait au second le bonheur qu’il avait ressenti sous le baptême de Mithra, et Jacob l’engageait à suivre Jésus. Les vins de palme et de tamaris, ceux de Safet et de Byblos, coulaient des amphores dans les cratères, des cratères dans les coupes, des coupes dans les gosiers ; on bavardait, les coeurs s’épanchaient. Iaçim, bien que Juif, ne cachait plus son adoration des planètes. Un marchand d’Aphaka ébahissait des nomades, en détaillant les merveilles du temple d’Hiérapolis ; et ils demandaient combien coûterait le pèlerinage. D’autres tenaient à leur religion natale. Un Germain presque aveugle chantait un hymne célébrant ce promontoire de la Scandinavie, où les dieux apparaissent avec les rayons de leurs figures ; et des gens de Sichem ne mangèrent pas de tourterelles, par déférence pour la colombe Azima.

  Plusieurs causaient debout, au milieu de la salle ; et la vapeur des haleines avec les fumées des candélabres faisait un brouillard dans l’air. Phanuel passa le long des murs.

  Il venait encore d’étudier le firmament, mais n’avançait pas jusqu’au Tétrarque, redoutant les taches d’huile qui, pour les Esséniens, étaient une grande souillure.

  Des coups retentirent contre la porte du château.

  On savait maintenant que Iaokanann s’y trouvait détenu. Des hommes avec des torches grimpaient le sentier ; une masse noire fourmillait dans le ravin ; et ils hurlaient de temps à autre : — « Iaokanann ! Iaokanann ! »

  — « Il dérange tout ! » dit Jonathas.

  — « On n’aura plus d’argent, s’il continue ! » ajoutèrent les Pharisiens.

  Et des récriminations partaient :

  — « Protège-nous !

  — « Qu’on en finisse !

  — « Tu abandonnes la religion !

  — « Impie comme les Hérode !

  — « Moins que vous ! » répliqua Antipas. « C’est mon père qui a édifié votre temple ! »

  Alors les Pharisiens, les fils des proscrits, les partisans des Matathias, accusèrent le Tétrarque des crimes de sa famille.

  Ils avaient des crânes pointus, la barbe hérissée, des mains faibles et méchantes, ou la face camuse, de gros yeux ronds, l’air de bouledogues. Une douzaine, scribes et valets des prêtres, nourris par le rebut des holocaustes, s’élancèrent jusqu’au bas de l’estrade ; et avec des couteaux ils menaçaient Antipas, qui les haranguait pendant que les Sadducéens le défendaient mollement. Il aperçut Mannaëi, et lui fit signe de s’en aller, Vitellius indiquant par sa contenance que ces choses ne le regardaient pas.

  Les Pharisiens, restés sur leur triclinium, se mirent dans une fureur démoniaque. Ils brisèrent les plats devant eux. On leur avait servi le ragoût chéri de Mécè
ne : de l’âne sauvage, une viande immonde.

  Aulus les railla à propos de la tête d’âne, qu’ils honoraient, disait-on, et débita d’autres sarcasmes sur leur antipathie du pourceau. C’était sans doute parce que cette grosse bête avait tué leur Bacchus ; et ils aimaient trop le vin, puisqu’on avait découvert dans le Temple une vigne d’or.

  Les prêtres ne comprenaient pas ses paroles. Phinées, Galiléen d’origine, refusa de les traduire. Alors sa colère fut démesurée, d’autant plus que l’Asiatique, pris de peur, avait disparu ; et le repas lui déplaisait, les mets étant vulgaires point déguisés suffisamment ! Il se calma, en voyant des queues de brebis syriennes, qui sont des paquets de graisse.

  Le caractère des Juifs semblait hideux à Vitellius. Leur dieu pouvait bien être Moloch, dont il avait rencontré des autels sur la route ; et les sacrifices d’enfants lui revinrent à l’esprit, avec l’histoire de l’homme qu’ils engraissaient mystérieusement. Son coeur de Latin était soulevé de dégoût par leur intolérance, leur rage iconoclaste, leur achoppement de brute. Le Proconsul voulait partir. Aulus s’y refusa.

  La robe abaissée jusqu’aux hanches, il gisait derrière un monceau de victuailles, trop repu pour en prendre, mais s’obstinant à ne point les quitter.

  L’exaltation du peuple grandit. Ils s’abandonnèrent à des projets d’indépendance. On rappelait la gloire d’Israël. Tous les conquérants avaient été châtiés : Antigone, Crassus, Varus...

  — « Misérables ! » dit le Proconsul ; car il entendait le syriaque. Son interprète ne servait qu’à lui donner du loisir pour répondre.

  Antipas, bien vite, tira la médaille de l’Empereur, et, l’observant avec tremblement il la présentait du côté de l’image.

  Les panneaux de la tribune d’or se déployèrent tout à coup ; et à la splendeur des cierges, entre ses esclaves et des festons d’anémones, Hérodias apparut, — coiffée d’une mitre assyrienne qu’une mentonnière attachait à son front ; ses cheveux en spirales s’épandaient sur un péplos d’écarlate, fendu dans la longueur des manches. Deux monstres en pierre, pareils à ceux du trésor des Atrides se dressant contre la porte, elle ressemblait à Cybèle accotée de ses lions ; et du haut de la balustrade qui dominait Antipas, avec une patère à la main, elle cria :

 

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