Complete Works of Gustave Flaubert

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Complete Works of Gustave Flaubert Page 394

by Gustave Flaubert


  Sa robe en brocart d’or, divisée régulièrement par des falbalas de perles, de jais et de saphirs, lui serre la taille dans un corsage étroit, rehaussé d’applications de couleur, qui représentent les douze signes du Zodiaque. Elle a des patins très-hauts, dont l’un est noir et semé d’étoiles d’argent, avec un croissant de lune, — et l’autre, qui est blanc, est couvert de gouttelettes d’or avec un soleil au milieu.

  Ses larges manches, garnies d’émeraudes et de plumes d’oiseau, laissent voir à nu son petit bras rond, orné au poignet d’un bracelet d’ébène, et ses mains chargées de bagues se terminent par des ongles si pointus que le bout de ses doigts ressemble presque à des aiguilles.

  Une chaîne d’or plate, lui passant sous le menton, monte le long de ses joues, s’enroule en spirale autour de sa coiffure, poudrée de poudre bleue ; puis, redescendant, lui effleure les épaules et vient s’attacher sur sa poitrine à un scorpion de diamant, qui allonge la langue entre ses seins. Deux grosses perles blondes tirent ses oreilles. Le bord de ses paupières est peint en noir. Elle a sur la pommette gauche une tache brune naturelle ; et elle respire en ouvrant la bouche, comme si son corset la gênait.

  Elle secoue, tout en marchant, un parasol vert à manche d’ivoire, entouré de sonnettes vermeilles ; — et douze négrillons crépus portent la longue- queue de sa robe, dont un singe tient l’extrémité qu’il soulève de temps à autre.

  Elle dit :

  Ah ! bel ermite ! bel ermite ! mon coeur défaille !

  A force de piétiner d’impatience il m’est venu des calus au talon, et j’ai cassé un de mes ongles ! J’envoyais des bergers qui restaient sur les montagnes la main étendue devant les yeux, et des chasseurs qui criaient ton nom dans les bois, et des espions qui parcouraient toutes les routes en disant à chaque passant : « L’avez-vous vu ? »

  La nuit, je pleurais, le visage tourné vers le muraille. Mes larmes, à la longue, ont fait deux petits trous dans la mosaïque, comme des flaques d’eau de mer dans les rochers, car, je t’aime ! Oh ! oui ! beaucoup !

  Elle lui prend la barbe.

  Ris donc, bel ermite ! ris donc ! Je suis très-gaie, tu verras ! Je pince de la lyre, je danse comme une abeille, et je sais une foule d’histoires à raconter toutes plus divertissantes les unes que les autres.

  Tu n’imagines pas la longue route que nous avons faite. Voilà les onagres des courriers verts qui sont morts de fatigue !

  Les onagres sont étendus par terre, sans mouvement.

  Depuis trois grandes lunes, ils ont couru d’un train égal, avec un caillou dans les dents pour couper le vent, la queue toujours droite, le jarret toujours plié, et galopant toujours. On n’en retrouvera pas de pareils ! Ils me venaient de mon grand-père maternel, l’empereur Saharil, fils d’Iakhschab, fils d’Iaarab, fils de Kastan. Ah ! s’ils vivaient encore nous les attellerions à une litière pour nous en retourner vite à la maison ! Mais … comment ?… à quoi songes-tu ?

  Elle l’examine.

  Ah ! quand tu seras mon mari, je t’habillerai, je te parfumerai, je t’épilerai.

  Antoine reste immobile, plus roide qu’un pieu, pâle comme un mort.

  Tu as l’air triste ; est-ce de quitter ta cabane ? Moi, j’ai tout quitté pour toi, — jusqu’au roi Salomon, qui a cependant beaucoup de sagesse, vingt mille chariots de guerre, et une belle barbe ! Je t’ai apporté mes cadeaux de noces. Choisis.

  Elle se promène entre les rangées d’esclaves et les marchandises.

  Voici du baume de Génézareth, de l’encens du cap Gardefan, du ladanon, du cinnamone, et du silphium, bon à mettre dans les sauces. Il y a là-dedans des broderies d’Assur, des ivoires du Gange, de la pourpre d’Élisa ; et cette boîte de neige contient une outre de chalibon, vin réservé pour les rois d’Assyrie, — et qui se boit pur dans une corne de licorne. Voilà des colliers, des agrafes, des filets, des parasols, de la poudre d’or de Baasa, du cassiteros de Tartessus, du bois bleu de Pandio, des fourrures blanches d’Issedonie, des escarboucles de l’île Palaesimonde, et des cure-dents faits avec les poils du tachas, — animal perdu qui se trouve sous la terre. Ces coussins sont d’Émath, et ces franges à manteau de Palmyre. Sur ce tapis de Babylone, il y a … mais viens donc ! Viens donc !

  Elle tire saint Antoine par la manche. Il résiste. Elle continue :

  Ce tissu mince, qui craque sous les doigts avec un bruit d’étincelles, est la fameuse toile jaune apportée par les marchands de la Bactriane. Il leur faut quarante-trois interprètes dans leur voyage. Je t’en ferai faire des robes, que tu mettras à la maison.

  Poussez les crochets de l’étui en sycomore, et donnez-moi la cassette d’ivoire qui est au garrot de mon éléphant !

  On retire d’une boîte quelque chose de rond couvert d’un voile, et l’on apporte un petit coffret chargé de ciselures.

  Veux-tu le bouclier de Dgian-ben-Dgian, celui qui a bâti les Pyramides ? le voilà ! Il est composé de sept peaux de dragon mises l’une sur l’autre, jointes par des vis de diamant, et qui ont été tannées dans de la bile de parricide. Il représente, d’un côté, toutes les guerres qui ont eu lieu depuis l’invention des armes, et, de l’autre, toutes les guerres qui auront lieu jusqu’à la fin du monde. La foudre rebondit dessus, comme une balle de liége. Je vais le passer à ton bras, et tu le porteras à la chasse.

  Mais si tu savais ce que j’ai dans ma petite boîte ! Retourne-la, tâche de l’ouvrir ! Personne n’y parviendrait ; embrasse-moi ; je te le dirai.

  Elle prend saint Antoine par les deux joues ; il la repousse à bras tendus.

  C’était une nuit que le roi Salomon perdait la tête. Enfin nous conclûmes un marché. Il se leva, et sortant à pas de loup …

  Elle fait une pirouette.

  Ah ! ah ! bel ermite ! tu ne le sauras pas ! tu ne le sauras pas !

  Elle secoue son parasol, dont toutes les clochettes tintent.

  Et j’ai bien d’autres choses encore, va ! J’ai des trésors enfermés dans des galeries où l’on se perd comme dans un bois. J’ai des palais d’été en treillage de roseaux, et des palais d’hiver en marbre noir. Au milieu de lacs grands comme des mers, j’ai des îles rondes comme des pièces d’argent, toutes couvertes de nacre, et dont les rivages font de la musique, au battement des flots tièdes qui se roulent sur le sable. Les esclaves de mes cuisines prennent des oiseaux dans mes volières, et pêchent le poisson dans mes viviers. J’ai des graveurs continuellement assis pour creuser mon portrait sur des pierres dures, des fondeurs haletants qui coulent mes statues, des parfumeurs qui mêlent le suc des plantes à des vinaigres et battent des pâtes. J’ai des couturières qui me coupent des étoffes, des orfèvres qui me travaillent des bijoux, des coiffeuses qui sont à me chercher des coiffures, et des peintres attentifs, versant sur mes lambris des résines bouillantes, qu’ils refroidissent avec des éventails. J’ai des suivantes de quoi faire un harem, des eunuques de quoi faire une armée. J’ai des armées, j’ai des peuples ! J’ai dans mon vestibule une garde de nains portant sur le dos des trompes d’ivoire.

  Antoine soupire.

  J’ai des attelages de gazelles, des quadriges d’éléphants, des couples de chameaux par centaines, et des cavales à crinière si longue que leurs pieds y entrent quand elles galopent, et des troupeaux à cornes si larges que l’on abat les bois devant eux quand ils pâturent. J’ai des girafes qui se promènent dans mes jardins, et qui avancent leur tête sur le bord de mon toit, quand je prends l’air après dîner.

  Assise dans une coquille, et traînée par les dauphins, je me promène dans les grottes écoutant tomber l’eau des stalactites. Je vais au pays des diamants, où les magiciens mes amis me laissent choisir les plus beaux ; puis je remonte sur la terre, et je rentre chez moi.

  Elle pousse un sifflement aigu ; — et un grand oiseau, qui descend du ciel, vient s’abattre sur le sommet de sa chevelure, dont il fait tomber la poudre bleue.

  Son plumage, de couleur orange, semble composé d’écaillés métalliques. Sa petite tête, garnie d’une huppe d’argent,
représente un visage humain. Il a quatre ailes, des pattes de vautour, et une immense queue de paon, qu’il étale en rond derrière lui.

  Il saisit dans son bec le parasol de la Reine, chancelle un peu avant de prendre son aplomb, puis hérisse toutes ses plumes, et demeure immobile.

  Merci, beau Simorg-anka ! toi qui m’as appris où se cachait l’amoureux !

  Merci ! merci ! messager de mon coeur !

  Il vole comme le désir. Il fait le tour du monde dans sa journée. Le soir, il revient ; il se pose au pied de ma couche ; il me raconte ce qu’il a vu, les mers qui ont passé sous lui avec les poissons et les navires, les grands déserts vides qu’il a contemplés du haut des cieux, et toutes les moissons qui se courbaient dans la campagne, et les plantes qui poussaient sur le mur des villes abandonnées.

  Elle tord ses bras, langoureusement.

  Oh ! si tu voulais, si tu voulais !… J’ai un pavillon sur un promontoire au milieu d’un isthme, entre deux océans. Il est lambrissé de plaques de verre, parqueté d’écailles de tortue, et s’ouvre aux quatre vents du ciel. D’en haut, je vois revenir mes flottes et les peuples qui montent la colline avec des fardeaux sur l’épaule. Nous dormirions sur des duvets plus mous que des nuées, nous boirions des boissons froides dans des écorces de fruits, et nous regarderions le soleil à travers des émeraudes ! Viens !…

  Antoine se recule. Elle se rapproche ; et d’un ton irrité :

  Comment ? ni riche, ni coquette, ni amoureuse ? ce n’est pas tout cela qu’il te faut, hein ? mais lascive, grasse, avec une voix rauque, la chevelure couleur de feu et des chairs rebondissantes. Préfères-tu un corps froid comme la peau des serpents, ou bien de grands yeux noirs, plus sombres que les cavernes mystiques ? regarde-les, mes yeux !

  Antoine, malgré lui, les regarde.

  Toutes celles que tu as rencontrées, depuis la fille des carrefours chantant sous sa lanterne jusqu’à la patricienne effeuillant des roses du haut de sa litière, toutes les formes entrevues, toutes les imaginations de ton désir, demande-les ! Je ne suis pas une femme, je suis un monde. Mes vêtements n’ont qu’à tomber, et tu découvriras sur ma personne une succession de mystères !

  Antoine claque des dents.

  Si tu posais ton doigt sur mon épaule, ce serait comme une traînée de feu dans tes veines. La possession de la moindre place de mon corps t’emplira d’une joie plus véhémente que la conquête d’un empire. Avance tes lèvres ! mes baisers ont le goût d’un fruit qui se fondrait dans ton coeur ! Ah ! comme tu vas te perdre sous mes cheveux, humer ma poitrine, t’ébahir de mes membres, et brûlé par mes prunelles, entre mes bras, dans un tourbillon …

  Antoine fait un signe de croix.

  Tu me dédaignes ! adieu !

  Elle s’éloigne en pleurant, puis se retourne :

  Bien sûr ? une femme si belle !

  Elle rit, et le singe qui tient le bas de sa robe, la soulève.

  Tu te repentiras, bel ermite, tu gémiras ! tu t’ennuieras ! mais je m’en moque ! la ! la ! la ! oh ! oh ! oh !

  Elle s’en va la figure dans les mains, en sautillant à cloche-pied.

  Les esclaves défilent devant saint Antoine, les chevaux, les dromadaires, l’éléphant, les suivantes, les mulets qu’on a rechargés, les négrillons, le singe, les courriers verts, tenant à la main leur lis cassé ; — et la Reine de Saba s’éloigne, en poussant une sorte de hoquet convulsif, qui ressemble à des sanglots ou à un ricanement.

  III.

  Quand elle a disparu, Antoine aperçoit un enfant sur le seuil de sa cabane.

  C’est quelqu’un des serviteurs de la Reine, pense-t-il.

  Cet enfant est petit comme un nain, et pourtant trapu comme un Cabire, contourné, d’aspect misérable. Des cheveux blancs couvrent sa tête prodigieusement grosse ; et il grelotte sous une méchante tunique, tout en gardant à sa main un rouleau de papyrus.

  La lumière de la lune, que traverse un nuage, tombe sur lui.

  ANTOINE

  l’observe de loin et en a peur.

  Qui es tu ?

  L’ENFANT répond :

  Ton ancien disciple Hilarion !

  ANTOINE

  Tu mens ! Hilarion habite depuis longues années la Palestine.

  HILARION

  J’en suis revenu ! c’est bien moi !

  ANTOINE

  se rapproche, et il le considère.

  Cependant sa figure était brillante comme l’aurore, candide, joyeuse.

  Celle-là est toute sombre et vieille.

  HILARION

  De longs travaux m’ont fatigué !

  ANTOINE

  La voix aussi est différente. Elle a un timbre qui vous glace.

  HILARION

  C’est que je me nourris de choses amères !

  ANTOINE

  Et ces cheveux blancs ?

  HILARION

  J’ai eu tant de chagrins !

  ANTOINE

  à part :

  Serait-ce possible ?…

  HILARION

  Je n’étais pas si loin que tu le supposes. L’ermite Paul t’a rendu visite cette année, pendant le mois de schebar. Il y a juste vingt jours que les Nomades t’ont apporté du pain. Tu as dit, avant-hier, à un matelot de te faire parvenir trois poinçons.

  ANTOINE

  Il sait tout !

  HILARION

  Apprends même que je ne t’ai jamais quitté. Mais tu passes de longues périodes sans m’apercevoir.

  ANTOINE

  Comment cela ? Il est vrai que j’ai la tête si troublée ! Cette nuit particulièrement …

  HILARION

  Tous les Péchés Capitaux sont venus. Mais leurs piètres embûches se brisent contre un Saint tel que toi !

  ANTOINE

  Oh ! non !… non ! A chaque minute, je défaille ! Que ne suis-je un de ceux dont l’âme est toujours intrépide et l’esprit ferme, — comme le grand Athanase, par exemple.

  HILARION

  Il a été ordonné illégalement par sept évêques !

  ANTOINE

  Qu’importe ! si sa vertu …

  HILARION

  Allons donc ! un homme orgueilleux, cruel, toujours dans les intrigues, et finalement exilé comme accapareur.

  ANTOINE

  Calomnie !

  HILARION

  Tu ne nieras pas qu’il ait voulu corrompre Eustates, le trésorier des largesses ?

  ANTOINE

  On l’affirme ; j’en conviens.

  HILARION

  Il a brûlé, par vengeance, la maison d’Arsène !

  ANTOINE

  Hélas !

  HILARION

  Au concile de Nicée, il a dit en parlant de Jésus : « L’homme du

  Seigneur. »

  ANTOINE

  Ah ! cela c’est un blasphème !

  HILARION

  Tellement borné du reste, qu’il avoue ne rien comprendre à la nature du

  Verbe.

  ANTOINE

  souriant de plaisir :

  En effet, il n’a pas l’intelligence très … élevée.

  HILARION

  Si l’on t’avait mis à sa place, c’eût été un grand bonheur pour tes frères comme pour toi. Cette vie à l’écart des autres est mauvaise.

  ANTOINE

  Au contraire ! L’homme, étant esprit, doit se retirer des choses mortelles. Toute action le dégrade. Je voudrais ne pas tenir à la terre, — même par la plante de mes pieds !

  HILARION

  Hypocrite qui s’enfonce dans la solitude pour se livrer mieux au débordement de ses convoitises ! Tu te prives de viandes, de vin, d’étuves, d’esclaves et d’honneurs ; mais comme tu laisses ton imagination t’offrir des banquets, des parfums, des femmes nues et des des foules applaudissantes ! Ta chasteté n’est qu’une corruption plus subtile, et ce mépris du monde l’impuissance de ta haine contre lui ! C’est là ce qui rend tes pareils si lugubres, ou peut-être parce qu’ils doutent. La possession de la vérité donne la joie. Est-ce que Jésus était triste ? Il allait entour�
� d’amis, se reposait à l’ombre de l’olivier, entrait chez le publicain, multipliait les coupes, pardonnant à la pécheresse, guérissant toutes les douleurs. Toi, tu n’as de pitié que pour ta misère. C’est comme un remords qui t’agite et une démence farouche, jusqu’à repousser la caresse d’un chien ou le sourire d’un enfant.

  ANTOINE

  éclate en sanglots.

  Assez ! assez ! tu remues trop mon coeur !

  HILARION

  Secoue la vermine de tes haillons ! Relève-toi de ton ordure ! Ton Dieu n’est pas un Moloch qui demande de la chair en sacrifice !

  ANTOINE

  Cependant la souffrance est bénie. Les chérubins s’inclinent pour recevoir le sang des confesseurs.

  HILARION

  Admire donc les Montanistes ! ils dépassent tous les autres.

  ANTOINE

  Mais c’est la vérité de la doctrine qui fait le martyre !

  HILARION

  Comment peut-il en prouver l’excellence, puisqu’il témoigne également pour l’erreur ?

  ANTOINE

  Te tairas-tu, vipère !

  HILARION

  Cela n’est peut-être pas si difficile. Les exhortations des amis, le plaisir d’insulter le peuple, le serment qu’on a fait, un certain vertige, mille circonstances les aident.

  Antoine s’éloigne d’Hilarion. Hilarion le suit.

  D’ailleurs, cette manière de mourir amène de grands désordres. Denys, Cyprien et Grégoire s’y sont soustraits. Pierre d’Alexandrie l’a blâmée, et le concile d’Elvire …

  ANTOINE

  se bouche les oreilles.

  Je n’écoute plus !

  HILARION

  élevant la voix :

  Voilà que tu retombes dans ton péché d’habitude, la paresse. L’ignorance est l’écume de l’orgueil. On dit : « Ma conviction est faite, pourquoi discuter ? » et on méprise les docteurs, les philosophes, la tradition, et jusqu’au texte de la Loi qu’on ignore. Crois-tu tenir la sagesse dans ta main ?

  ANTOINE

  Je l’entends toujours ! Ses paroles bruyantes emplissent ma tête.

  HILARION

  Les efforts pour comprendre Dieu sont supérieurs à tes mortifications pour le fléchir. Nous n’avons de mérite que par notre soif du Vrai. La Religion seule n’explique pas tout ; et la solution des problèmes que tu méconnais peut la rendre plus inattaquable et plus haute. Donc il faut, pour son salut, communiquer avec ses frères, — ou bien l’Église, l’assemblée des fidèles, ne serait qu’un mot, — et écouter toutes les raisons, ne dédaigner rien, ni personne. Le sorcier Balaam, le poëte Eschyle et la sibylle de Cumes avaient annoncé le Sauveur. Denys l’Alexandrin reçut du Ciel l’ordre de lire tous les livres. Saint Clément nous ordonne la culture des lettres grecques. Hermas a été converti par l’illusion d’une femme qu’il avait aimée.

 

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