Complete Works of Gustave Flaubert

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Complete Works of Gustave Flaubert Page 421

by Gustave Flaubert


  MARCHAIS, embarrassé : Cependant... hum !... cependant !

  LEDRU : Ah ! l’épicier ! (Tout le monde rit)

  ROUSSELIN : Encore un mot ! je vais le convaincre ! (A Marchais) On doit, - n’est-il pas vrai, - on doit, autant que possible, démocratiser l’argent, républicaniser le numéraire. Plus il circule, plus il en tombe dans la poche du peuple, et par conséquent dans la vôtre. Pour cela, on a imaginé le crédit.

  MARCHAIS : Il ne faut pas trop de crédit !

  ROUSSELIN : Parfait ! Oh ! très bien !

  LEDRU : Comment ! pas de crédit !

  ROUSSELIN, à Ledru : Vous avez raison ; car si on ôte le crédit, plus d’argent ! et d’autre part, c’est l’argent qui fait la base du crédit ; les deux termes sont corrélatifs ! (Secouant fortement Marchais) Comprenez-vous que les deux termes soient corrélatifs ? Vous vous taisez ? ce silence vous condamne, j’en prends acte !

  TOUS : Assez ! assez !

  Marchais regagne sa place.

  ROUSSELIN : Ainsi se trouve résolue, citoyens, l’immense question du travail ! En effet, sas propriété, pas de travail ! Vous faites travailler parce que vous êtes riche, et sans travail, pas de propriété. Vous travaillez, non seulement pour devenir propriétaires, mais parce que vous l’êtes ! Vos oeuvres font du capital, vous êtes capitalistes.

  L’AGRICULTEUR : Drôles de capitalistes !

  MARCHAIS : Vous embrouillez tout !

  LEDRU : C’est se ficher du monde !

  TOUS : Oui, la clôture ! à la porte ! la clôture !

  LE PRESIDENT : Cela devient intolérable ! on ne peut plus...

  LE GARDE CHAMPETRE : Je vais faire évacuer la salle !

  ROUSSELIN à part, apercevant Murel qui entre : Murel !

  LEDRU : Que le candidat justifie les éloges qu’il a donnés devant moi aux opinions du sieur Bouvigny ! (Aux ouvriers) Vous y étiez, vous autres !

  ROUSSELIN : Mais... je... je...

  LEDRU : Il est perdu !

  HEURTELOT : Tendez la gaffe !

  VOINCHET : Un médecin ! (Rire général)

  MUREL : J’étais là aussi, moi ! L’honorable M.Rousselin a paru condescendre aux idées de Bouvigny. Il ne s’en cache pas, il s’en vante !

  ROUSSELIN, fièrement : Ah !

  MUREL : Et c’était précisément à cause des électeurs qui l’entouraient, pour affermir leurs convictions, en leur faisant voir jusqu’à quel point peut aller dans la tête de certaines personnes...

  ROUSSELIN : l’obscurantisme !

  MUREL : Effectivement ! C’était, dis-je un procédé de tactique parlementaire, une ruse... bien légitime, passez-moi l’expression, pour le faire tomber dans le panneau.

  HEURTELOT : Oh ! oh ! trop malin !

  LEDRU : Alors, il s’est conduit en saltimbanque.

  MUREL : Mais je...

  HEURTELOT : Ne le défendez plus !

  LEDRU : Et voilà l’homme qui avait promis d’aller calotter le préfet !

  ROUSSELIN : Pourquoi pas ?

  LE GARDE CHAMPETRE, le frappant légèrement sur l’épaule : Doucement, monsieur Rousselin !

  TOUS : Assez ! assez ! la clôture ! la clôture !

  Tout le monde se lève. Rousselin fait un geste désespéré, puis se retourne vers le président qui sort.

  LE PRESIDENT : Une séance peu favorable, cher Monsieur ; espérons qu’une autre fois...

  ROUSSELIN, observant Murel : Murel qui s’en va ! (A Marchais qui passe devant lui) Marchais ! ah ! c’est mal ! c’est mal !

  MARCHAIS : Que voulez-vous, avec vos opinions !...

  Scène III : Rousselin, Onésime, le garçon de café

  ROUSSELIN, redescendant : Oh ! mes rêves !... - je n’ai plus qu’à m’enfuir, ou a me jeter à l’eau, maintenant. On va faire des gorges chaudes, me blaguer ! (Considérant les chaises) Ils étaient là... oui ! et au lieu de cettefoule en délire dont j’écoutais d’avance les trépignements... (Le garçon de café entre, pour ranger les chaises) Ah ! fatale ambition, pernicieuse aux rois comme aux particuliers !... et pas moyen de faire un discours ! tous mes mots ont raté ! Comme je souffre ! comme je souffre ! (Au garçon de café) Ah ! vous pouvez les prendre ! je n’en ai plus besoin ! (A part) Leur vue me tape sur les nerfs, maintenant !

  LE GARCON DE CAFE, à Onésime, sur l’estrade, et qui se trouve caché par la contrebasse : Restez-vous là ?

  ONESIME, timidement : Monsieur Rousselin !

  ROUSSELIN : Ah ! Onésime !

  ONESIME, s’avançant : Je voudrais trouver quelque chose de convenable... pour vous dire que je participe aux désagréments...

  ROUSSELIN : Merci ! merci ! Car tout le monde m’abandonne !... jusqu’à Murel !

  ONESIME : Il vient de sortir avec le clerc de Me Dodart !

  ROUSSELIN : Si j’allais le trouver ? (Regardant dehors) Il y a encore trop de monde sur la place ; et le peuple est capable de se porter sur moi à des excès !...

  ONESIME : Je ne crois pas !

  ROUSSELIN : Cela s’est vu ! On peut être outragé, déchiré ! Ah ! la populace ! je comprends Néron !

  ONESIME : Quand mon père a reçu cette lettre du préfet qui lui enlevait tout espoir, il a été comme vous, bien triste ! Cependant il a repris le dessus, à force de philosophie !

  ROUSSELIN : Dites-moi, vous qui êtes excellent, vous n’allez pas me tromper ?

  ONESIME : Oh !

  ROUSSELIN : Est-ce que Monsieur votre père... (Se retournant vers le garçon qui remue les chaises) Il est irritant, ce garçon-là ! Laissez-nous tranquilles ! (Le garçon sort) Est-ce que votre père avait autant de voix qu’on le soutient ? Il m’a défilé une liste de communes !

  ONESIME : Il est toujours sûr de soixante-quatre laboureurs. J’ai vu leurs noms.

  ROUSSELIN, à part : C’est un chiffre, cela !

  ONESIME : Mais... j’ai quelque chose pour vous. Une vieille femme, que je ne connais pas, m’a dit comme j’entrais à la séance : “Faites-moi le plaisir de remettre ce billet à M. Rousselin” (Il le lui donne)

  ROUSSELIN : Une drôle de lettre ! Voyons un peu ! (Lisant) “Une personne qui s’intéresse à vous croit de son devoir de vous prévenir que Mme Rousselin...” (Il s’arrête bouleversé)

  ONESIME : Dois-je porter la réponse ?

  ROUSSELIN, ricanant convulsivement : La... la... la réponse ?

  ONESIME : Oui, laquelle ?

  ROUSSELIN, furieux : C’est un coup de pied pour l’imbécile qui fait de pareilles commissions ! (Onésime s’enfuit) Une lettre anonyme, après tout ! je suis bien sot de m’en tourmenter. (Il la froisse et la jette) La haine de mes ennemis n’aura donc pas de bornes ! Voilà une machination qui dépasse toutes les autres ! C’est pour me distraire de la vie politique, pour me gêner dans ma candidature ! et on m’attaque jusqu’au fond de l’honneur ! Cette infamie-là doit venir de Gruchet... Sa bonne est sans cesse à rôder autour de la maison... (Il ramasse la lettre, et lisant) “Que votre femme a un amant !” On n’est pas l’amant de ma femme ! - Quels sont les hommes qui peuvent être son amant ? Est-ce assez bête !... Cependant, l’autre soir, sous les quinconces, j’ai entendu un soufflet, presque aussitôt un baiser ! J’ai bien vu miss Arabelle, mais sûrement elle n’était pas seule, puisque d’autre part, un soufflet ? Est-ce qu’un insolent se serait permis envers Mme Rousselin ?... Oh ! elle me l’aurait dit ? Et puis, le baiser, dans ce cas-là, eût précédé le soufflet, tandis que j’ai fort bien entendu un soufflet d’abord, et un baiser, ensuite ! Bah ! n’y pensons plus ! j’ai bien d’autres choses ! Non ! non ! tout à mon affaire ! (Il va pour sortir)

  Scène IV : Rousselin, Gruchet.

  GRUCHET : Il n’est pas là, M. Murel ?

  ROUSSELIN : Vous venez me narguer, sans doute, jouir de ma défaite, ajouter vos persiflages...

  GRUCHET : Pas du tout !

  ROUSSELIN : Au moins, faut-il se servir d’armes loyales, Monsieur !

  GRUCHET : Le droit est de mon côté !

  ROUSSELIN : Je sais bien qu’en politique...

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sp; GRUCHET : Ce n’est pas la politique qui me fait agir, mais des intérêts plus humbles... M. Murel ...

  ROUSSELIN : Eh ! je me moque de Murel !

  GRUCHET : Voilà huit jours qu’il m’échappe, malgré ses promesses. Et il se conduit d’une manière abominable ! Non content de s’être livré sur moi à des violences, - je pouvais le traduire en justice ; je n’ai pas voulu, par respect du monde et considération pour l’industrie...

  ROUSSELIN : Plus vite, je vous prie !

  GRUCHET : M. Murel s’est engagé, en arrivant ici, dans des opérations de bourse qui furent d’abord heureuses ; et il a si bien fait... que... une première fois, je lui ai prêté dix mille francs. Oh ! il me les a rendus, et même avec des bénéfices ! Deux mois plus tard, autre prêt de cinq mille ! Mais la chance avait tourné. Une troisième fois...

  ROUSSELIN : Est-ce que ça me regarde ?

  GRUCHET : Bref, il me doit actuellement trente mille deux cent vingt-six francs et quinze centimes !

  ROUSSELIN, à part : Ah ! c’est bon à savoir !

  GRUCHET : Ce jeune homme a abusé de ma candeur ! Il me leurrait avec la perspective d’une belle affaire, un riche mariage.

  ROUSSELIN, à part : Coquin !

  GRUCHET : Par sa faute, je me trouve sans argent. Depuis quelque temps, j’en ai tellement dépensé ! (Il soupire) Et, puisque vous êtes son ami, arrangez-vous, priez-le, pour qu’il me rende ce qui m’appartient.

  ROUSSELIN : Me demander cela, vous, mon rival

  GRUCHET : Je n’ai pas fait le serment de l’être toujours ! J’ai du coeur, monsieur Rousselin ; je sais reconnaître les bons offices.

  ROUSSELIN : Comment ! lorsque je possède une reconnaissance de six mille francs, prêtés autrefois pour commencer vos affaires, et dont les intérêts, depuis l’époque, montent à plus de vingt mille !

  GRUCHET : C’est même là où je voulais en venir. Donnant, donnant !

  ROUSSELIN : Je n’y suis plus du tout !

  GRUCHET : Songez donc que beaucoup de personnes dépendent de moi, et que j’ai, sans qu’il y paraisse, pas mal d’influence ! Si vous me remettiez le papier en question, on pourrait s’entendre.

  ROUSSELIN : Sur quoi ?

  GRUCHET : Je lâcherais les électeurs.

  ROUSSELIN : Et si je ne suis pas nommé ? Je perds mon argent !

  GRUCHET : Vous êtes trop modeste !

  ROUSSELIN : Hein ?

  GRUCHET : A votre guise ! Jusquà la dernière minute, il sera temps ! Mais je vous répète que vous avez tort ! (Il se dirige vers la gauche)

  ROUSSELIN : Où allez-vous donc par là ?

  GRUCHET : Dans ce cabinet, où mon ami Julien doit être à travailler sur le procès-verbal de la séance. Je vous assure que vous avez tort !

  (5)

  Scène V : Rousselin, puis Murel

  ROUSSELIN : Est-ce un piège, ou serait-ce la vérité ? Quant à Murel, c’est un sauteur qui faisait tout bonnement une spéculation. Oh ! je m’en doutais un peu ! Mais à présent, je ne vous pas pourquoi je me gênerais ; il a perdu son crédit sur le peuple, et ma foi ... (Il sort)

  MUREL, entre joyeux : Pardon de vous avoir quitté si vite ! Je viens de chez Dodart. Quel événement, mon cher ! Un bonheur !...

  ROUSSELIN : Ah ! vous en faites de belles ! Je suis obligé de recevoir vos créanciers. Gruchet exige trente mille francs !

  MUREL : La semaine prochaine, il les aura !

  ROUSSELIN : Encore vos forfanteries ! Jamais vous ne doutez de rien !... De même pour ma candidature ! On n’est pas en vérité moins habile ; et vous auriez dû plutôt...

  MUREL : Soutenir Gruchet, n’est-ce pas ?

  ROUSSELIN : C’est tout comme ! L’Impartial, depuis huit jours, n’a rien fait.

  MUREL : J’étais en voyage ; et je suis revenu sans même attendre...

  ROUSSELIN : Mauvaise excuse !

  MUREL : La réclamation de Gruchet est une vengeance. Je me perds à cause de vous ; heureusement que...

  ROUSSELIN : Quoi donc !

  MUREL : Vous m’avez, en quelque sorte, promis la main de votre fille...

  ROUSSELIN : Oh ! oh ! Entendons-nous !

  MUREL : Mais vous ne savez peut-être pas que je viens d’hériter !

  ROUSSELIN : De votre tante, peut-être ?

  MUREL : Certainement !

  ROUSSELIN : La plaisanterie est rebattue.

  MUREL : Je vous jure que ma tante est morte !

  ROUSSELIN : Eh bien, enterrez-la et ne me bernez pas avec vos histoires d’héritage.

  MUREL : Rien de plus vrai ! Seulement, comme la pauvre femme a trépassé depuis mon départ, on cherche si quelquefois un autre testament...

  ROUSSELIN : Ah ! il y a des si ! Eh bien, mon cher, moi, j’aime les gens sûrs des choses qu’ils disent et entreprennent.

  MUREL : Monsieur Rousselin, vous oubliez trop ce que je peux faire pour vous !

  ROUSSELIN : Pas grand’chose ! Les ouvriers ne vous écoutent plus !

  MUREL : Vraiment ! Parce qu’il y a cinq ou six braillards, peut-être... des hommes que j’avais renvoyés de ma fabriques. Mais tous les autres !

  ROUSSELIN : Pourquoi ne sont-ils pas venus ?

  MUREL : Comment les amener, étant absent ?

  ROUSSELIN, à part : Cela, c’est une raison.

  MUREL : Vous ne connaissez pas leur humeur ; et je parie que d’ici à dimanche prochain, si je voulais, j’aurais le temps... Mais non, je ne m’en même plus... et... je recommanderai Gruchet.

  ROUSSELIN, à part : Il me fait des menaces !... Est-ce que j’aurais encore des chances ? (Haut) Ainsi, vous croyez... que l’effet de la réunion... n’a pas été absolument mauvais ?

  MUREL : Ah ! vous avez blessé le peuple !

  ROUSSELIN : Mais j’en suis, du peuple ! Mon père était un modeste travailleur ! Voilà ce qu’il faut leur dire, mon bon Murel, et j’ai souffert pour eux, car le Gouvernement a mis la main sur moi, là, tout à l’heure ! Retournez à la filature.

  MUREL : Mais écoutez !... j’apporte... - on n’attend plus que le certificat de décès de mon cousin...-

  ROUSSELIN : Faites-leur comprendre !...

  MUREL : Premièrement, une ferme !

  Scène VI : les mêmes, Mme Rousselin, Louise

  MADAME ROUSSELIN, à la cantonade : Louise, suis-moi donc ! Qu’as-tu à regarder partout ? (A son mari) Ah ! je te trouve enfin ; j’étais inquiète. S’il y a du bon sens !

  ROUSSELIN : Je ne pouvais pas...

  LOUISE, apercevant Murel : Mon ami !

  MUREL : Louise !

  MADAME ROUSSELIN, scandalisée : Que signifie ? Est-ce une tenue pour une jeune personne ? Et vous-même, Monsieur, une pareille familiarité !...

  MUREL : Mon Dieu, Madame, M. Rousselin pourra vous dire :

  MADAME ROUSSELIN : Je suis curieuse, en effet, de voir pour quelles raisons, ma fille...

  ROUSSELIN : Ma chérie, d’abord tu comprendras...

  LOUISE, à Murel, à part : C’est moi qui ai poussé ma mère à venir ; je ne vous savais pas ici ; pas d’autre moyen !...

  MUREL, de même : Il faut brusquer tout ; je vous dirai pourquoi. (S’avançant vers M. et Mme Rousselin) Madame, bien qu’on ait l’habitude d’employer pour de telles démarches des intermédiaires, je m’en passe forcément, et je vous prie de m’accorder en mariage Mlle Louise.

  MADAME ROUSSELIN : Monsieur, mais Monsieur ! on ne prend pas les gens...

  MUREL, vite : Ma nouvelle position de fortune me permet...

  ROUSSELIN : Ah ! il faut voir !

  MADAME ROUSSELIN : Cela est si en dehors des procédés ordinaires...

  LOUISE, souriant : Oh ! maman !

  MADAME ROUSSELIN : Et cette inconvenance, dans un endroit public !

  Julien entre par la porte de gauche.

  Scène VII : les mêmes, Julien.

  JULIEN, à Rousselin : Je viens, Monsieur, me mettre à votre disposition.

  ROUSSELIN : Vous ?

  JULIEN : Oui, moi, absolument !

  MUREL, à part : Qui l’a
mène ?

  JULIEN : Mon journal ayant une autorité de vieille date dans le pays, je peux vous être utile.

  ROUSSELIN, ébahi : Mais Murel ?

  JULIEN : J’ai entendu à travers cette cloison tout ce qui s’est passé à la séance ; et il m’est facile d’en faire un compte-rendu favorable (désignant Murel), avec la permission, toutefois, de mon chef.

  MUREL : Parbleu ! depuis assez longtemps...

  ROUSSELIN : Comment vous exprimer...

  MADAME ROUSSELIN, bas à son mari : Tu vois que j’ai réussi, hein ? (Bas à Julien) Je vous remercie.

  JULIEN, de même : Vos yeux me soutenaient ! c’est fait !

  ROUSSELIN, à sa femme : Il est charmant ! - Défendu par vous, qui êtes un polémiste !...

  MUREL : Un talent flexible, clair, pittoresque !

  ROUSSELIN : Je crois bien !

  MUREL : Et d’une violence quand il veut s’en donner la peine. (Bas à Julien) Dites que l’idée vient de moi, vous m’obligerez.

  JULIEN : Malgré les arguments de notre ami Murel, - car il vous prône avec une ardeur !... - je demeurais dans mon obstination (regardant Mme Rousselin) mais tout à coup, comme éclairé par une lumière, et obéissant à une voix, j’ai vu, j’ai compris.

  ROUSSELIN : Ah ! cher Monsieur, je suis pénétré de reconnaissance !

  JULIEN, bas à Mme Rousselin : Quand vous reverrai-je ?

  MADAME ROUSSELIN, de même : Je vous le ferai savoir.

  ROUSSELIN, à Julien : Par exemple, je ne sais pas comment vous vous y prendrez !

  JULIEN, gaiement : Ceci est mon affaire !

  ROUSSELIN, à sa femme : Prie donc M. Julien de venir ce soir dîner chez nous, en famille.

  MADAME ROUSSELIN, faisant une révérence : Mais certainement, avec le plus grand plaisir.

  JULIEN, saluant : Madame !

  ACTE QUATRE

  Le cabinet de Rousselin. Au fond, une large ouverture avec la campagne à l’horizon. Plusieurs portes. A gauche, un bureau sur lequel se trouve une pendule.

  Scène I : Pierre, puis le garde champêtre, puis Félicité.

  PIERRE, à la cantonade, d’une voix très haute : François, allez prendre dans le char à bancs huit messieurs à Saint-Léonard, et vous ne refermerez pas la grille ! - Il faut qu’Elisabeth porte encore des bulletins. - Vous n’oublierez pas, en revenant, le papetier pour les cartes de visite. Entre un commissionnaire qui halète sous un ballot de journaux.

 

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