Complete Works of Gustave Flaubert

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Complete Works of Gustave Flaubert Page 439

by Gustave Flaubert


  MADAME KLOEKHER.

  Quoi donc !

  LETOURNEUX.

  Lui apprendre ce que vous savez aussi bien que moi, parbleu ! la manière dont votre mari a volé son héritage ! Et un bon procès fera savoir à toute l’Europe...

  MADAME KLOEKHER.

  Et vous comptez sur Paul, comme si c’était possible !...

  LETOURNEUX.

  Pourquoi non ?

  MADAME KLOEKHER.

  Vous êtes trop curieux, mon cher. Cependant, pour épargner vos démarches, apprenez que Paul est un simple enfant, et qu’il m’aime !

  LETOURNEUX.

  Beau motif !

  MADAME KLOEKHER.

  Excellent, au contraire ! C’est nous, c’est moi qu’il croira et non pas vous, l’homme de bien. Allez chercher ailleurs des auxiliaires à vos turpitudes et à vos vengeances ! Quant à celui-là, je vous le répète, il m’appartient ! C’est ma chose, mon esclave ! et je pourrais, sur un signe, le faire se jeter dans un puits qu’il m’en remercierait.

  LETOURNEUX, sortant par le fond. Nous verrons ! nous verrons !

  SCÈVCE XV PAUL, MADAME KLOEKHER.

  PAUL entre lentement à droite, de derrière une cariatide.

  Vous avez raison. Madame : je suis un enfant, votre chose et votre esclave.

  MADAME KLOEKHER.

  Ciel ! ne croyez pas !...

  PAUL.

  J’ai tout entendu, j’étais là derrière cette statue, où je m’étais mis pour épier les confidences d’un autre. Le hasard m’a puni de ma jalousie, en me détrompant amèrement.

  MADAME KLOEKHER.

  Oh ! Paul !... je vous jure...

  PAUL.

  Pas de serments, ne craignez rien ; jamais je ne salirai par le scandale d’un procès la femme, quelle qu’elle soit, que j’ai... honorée de mon amour. Donc soyez ti r.nquille, je me retire !

  MADAME KLOEKHER.

  Mais vous n’avez pu comprendre, je n’y suis pour rien, c’est une trame odieuse. Je vous expliquerai... Paul ! je vous en supplie !... Paul ! Paul ! je t’aime !

  Paul s’en va par la gauche, la tète basse et lentement ; arrivé sur le seuil, il s’arrête. Letourneux sort du fond et marche vers lui.

  SCÈC^CE XVI

  MADAME KLOEKHER, PAUL, LETOURNEUX, puis Ions les personnages précédents.

  LETOURNEUX. Ah ! enfin ! je vous trouve ! Écoutez-moi !

  Paul, absorbé, reste immobile.

  Paul ! Eh bien !

  Il lui tape sur l’épaule.

  Mon ami ! mon cher ami ! ‘

  PAUL, tournant la tète lentement. .

  Que voulez-vous ?

  LETOURNEUX, élevant la voix. Je veux vous apprendre, à vous et à tout le monde ici, dans votre intérêt personnel comme dans celui de la moralité publique, et afin qu’il en résulte à la fois une réparation et un châtiment ; je veux, dis-je, vous dénoncer une infâme machination. J’en possède les témoignages authentiques, écrits ! Vous avez été indignement spolié par l’homme que voici : le banquier Kloekher !

  Murmures. Marques de surprise et d’indignation.

  PAUL, arrachant son gant blanc.

  Vous mentez impudemment, Monsieur !

  LETOURNEUX.

  Moi ?

  PAUL.

  Oui, vous misérable ! et comme gage de ce que j’affirme, je vous soufflète à la face !

  Il lui jette son gant à la face.

  LETOURNEUX.

  Ah !

  PAUL.

  Je îuij à vos ordres, Monsieur !

  LES INVITÉS.

  Sépare/-lcs ! Ils vont se battre !

  LETOURNEUX, dignement.

  Un duel, non ! Un homme de mon caractère n’obéit pas à de pareils préjugés. La vraie force consiste plutôt à supporter les injures et à s’en venger par les voies légales. J’ai le courage civil, moi !

  Il sort fièrement.

  PAUL, à demi-voix.

  Infâme coquin !

  KLOEKHER, essayant de prendre la main de Paul.

  Ah ! c’est très bien ce que vous avez fait ! Voilà qui est d’un bon ami !... Ma reconnaissance... !

  PAUL, fièrement.

  Ne me parlez plus, Monsieur !

  Il sort.

  KLOEKHER.

  Ou’est-ce qu’il a donc ?

  LES INVITÉS.

  Quel original ! — Avez-vous vu ? — Un scandale pareil pour finir une si belle fête !... — Ah ! mon Dieu ! à quoi se trouve-t-on exposé !...

  Qyand les invités sont partis, les lustres, les girandoles et les candélabres se mettent à brûler plus fort, donnant une lumière rose, verte et bleue ; les bouquets, tombés par terre, se relèvent d’eux-mêmes et vont se placer dans les jardinières. Les fleurs fanées s’entr’ouvrent, les meubles çà et là se replacent en ordre. Les cariatides des deux côtés de la scène se meuvent et s’avancent. Ce sont les fées elles- mêmes qui se réjouissent de la vertu de Paul.

  QUATRIÈME TABLEAU

  Une chambre d’aspect misérable. A droite et à gauche, une fenêtre en tabatière. Au fond, une cheminée de plâtre, où brûlent quelques charbons à demi éteints. A côté de la cheminée, une porte. Sur la cheminée, une boite de pistolets. A gauche, au premier plan, une table et une chaise de paille. A droite, une paire de bottes vernies dans leurs embouchoirs. Auprès des bottes, contre le mur, un lit de sangle, et, sur le premier plan, à côté, un placard. — Le jour commence à paraître par les vitres sans rideaux.

  SCÈNE PREMIMÈRE

  DOMINIQUE, seul.

  Il arrive sur la scène en manches de chemise, en pantalon avec un madras autour de la tète, et il s’avance vers la cheminée en grelottant.

  Quel froid, miséricorde ! Quand Monsieur va revenir, il est capable de geler.

  Riant ironiquement. Ah I Monsieur !... Eh bien, et moi ? Est-ce que

  je ne gèle pas ? Est-ce que je ne souffre pas ? Est- ce une existence que de traîner une misère pareille ! Qu’il s’en arrange, puisque ça l’amuse ; mais moi, un homme fait tout au moins pour l’antichambre des ambassadeurs, quelle humiliation !

  Il cherche de droite et de gauche dans l’appartement.

  Et pas un cotret dans cette infernale mansarde, où il vous tombe des vents coulis...

  Il regarde encore.

  Non !... — Et voilà quatre mois que j’attends ! et qu’il est à me lanterner avec toutes ses démarches ! — D’abord, c’a été une place dans la diplomatie, puis une mission scientifique, puis un poste d’inspecteur de je ne sais quoi, puis un emploi dans une colonisation, je ne sais où ; et ce soir, enfin, il doit revenir de chez le banquier Kloekher les mains pleines, ou l’avenir assuré. — Je commence à n’y plus croire, à notre avenir ! J’ai bien envie de séparer le mien du sien et de lui donner mon compte, carrément. Monsieur est un brave jeune homme, c’est vrai ! Mais

  Se touchant le front.

  toqué ! toqué ! — Sapcrlotte ! j’ai l’onglée !

  Ses yeux rencontrent la botte de pistolets sur la cheminée.

  Tiens !... voilà une boîte qui me donne une tentation !... Ah ! doucement !... nos moyens ne nous permettent pas une flambée en acajou. Oh ! non !

  En se reculant, il trébuché contre le paillasson.

  — Eh ! tu m’embêtes, toi ! — Attends un peu...

  Il jette le paillasson dans le feu ; puis, le regardant brûler

  — En être réduit là ! Mais ça ne peut pas durer plus longtemps ! c’est trop bête ! Et si notre sort ne change pas avant huit jours, bonsoir !

  Le feu flambe. Il se chauffe.

  Ah ! ça fait du bien ! C’est une bonne idée que j’ai eue, décidément ! Comme on a tort de se gêner ! — Et pas un bon fauteuil pour se rôtir les tibias en tisonnant. Cest honteux, un aussi piètre escabeau ! — Et puisque mon maître est en courses toute la journée, je ne vois pas pourquoi...

  Il jette dans le feu la petite chaise.

  Allons donc !

  Tout en remuant les charbons.

  Il faut convenir que je suis u
n véritable nigaud, avec mon dévouement ! On n’a jamais vu un domestique commme moi ! Nom d’un chien ! quelle gelée ! Ça disparaît comme une allumette ! — Car, enfin, de toutes ses promesses, qu’ai-je attrapé, moi ? Qu’est-ce que je gagne ? Il se moque de moi, à la fin ! Car, pendant que je suis là, à me morfondre en l’attendant, il fait le joli coco, dans les salons, près les belles dames. — Si je flanquais la table pour soutenir l’attisée ? — Non ! Ça ne durerait pas !

  Il aperçoit une paire de bottes dans leurs embouchoirs

  Ah ! les bottes !

  Il les retire des embouchoirs.

  Pourquoi pas ?

  Les lançant dans le feu.

  Aïe donc ! — Et s’il se fâche, tant pis !

  SCÈJ^E II

  DOMINIQUE, PAUL, en habit noir, sans paletot, mouillé, les mains sous les aisselles, avec un peu de tteigc sur ses vêtements.

  PAUL.

  Que fais-tu là, toi ? Je ne t’avais pas dit de m’attendre ! Va te coucher !

  DOMINIQUE.

  Mais...

  PAUL, brutalement.

  Va-t’en donc ! Va-t’en ! Laisse-moi !

  DOMINIQUE, à part.

  Oh ! oh ! il est bien fier ! — Y aurait-il pas quelque chose de bon, enfin ?

  SCÈCh£E III

  PAUL, seul.

  Apres être resté longtemps les bras croisés, avec un grand soupir.

  Ah !...

  Il jette son chapeau sur le lit de sangle.

  Quelle nuit !...

  Il regarde les murs lentement.

  et quelle chambre !...

  Puis la fenêtre.

  Tiens ! le jour qui se lève ; et la neige, encore !... iMais il ne tombera donc pas du ciel quelque chose pour les écraser tous !

  Il pleure.

  Ah ! comme je suis fatigué !...

  Il s’assoit près de la cheminée, un bras sur le chambranle.

  Sont-ils assez lâches, égoïstes, ingrats, hypocrites et cruels !... Par-dessus tout cela, des sourires, des phrases, des étreintes affectueuses, et même, ô sacrilège, des offres d’amour !... Et je prétendais trouver dans ce néant quelque chose qui désaltérât mon cœur ! — Dans combien de pays n’ai-je pas traîné mes rêves !... Partout, avec des masques et cles impudeurs différentes, j’ai rencontré les mêmes ignominies ! A présent, voilà qu’elles viennent jusqu’à moi, elles m’attaquent. Assez, assez ! je n’en veux plus ! — Pourquoi vivre alors, puisque je ne peux pas changer le monde ? Ah ! si j’avais eu pourtant quelqu’un qui m’eût aimé !...

  Il se lève.

  Allons, pas de faiblesse ! Disparaissons tout de suite, pour prévenir peut-être les défaillances, avant la première rougeur de honte et dans l’intégrité de mon orgueil, comme ces vieux rois d’Orient qui se faisaient mourir avec toutes leurs richesses !... Il ne faut que la résolution d’une minute. Ce ne doit pas être difficile ? D’ailleurs, tout m’y engage, tout m’y pousse...

  Apercevant la boîte de pistolets ouverte.

  Ah !... et jusqu’au hasard lui-même !

  Il retire les pistolets et les manie.

  L’armurier qui me les a vendus me faisait valoir, pour ma sécurité personnelle, la longueur de leur portée. A cette distance, je n’ai pas besoin qu’ils soient si merveilleux ! C’est une superfluité. Essayons.

  Il fait jouer la batterie.

  Bien !... Ma poudrière, où est-elle ?

  Il verse de la poudre dans le fond de sa main, puis dans le pistolet, et jette le reste dans la cheminée. Le feu je ranime, et flambe extraordinainment. Paul continue à charger son pistolet.

  La balle, une capsule, maintenant ; et je n’ai plus qu’un geste, presque un signe pour être libre !...

  Six heures sonnent à une horloge voisine.

  Au premier coup de la demie, tout sera dit !

  U promène ses yeux tout à l’entour, tt aperçoit la table où

  sont des papiers et une cassette pleine de lettres.

  Ah ! ceci que j’oubliais ! Non ! que rien de moi, ni de mon passé, ne subsiste ! Au feu, au feu, toutes mes lettres !

  Il les jette dans la cheminée. Il se rassoit.

  Ah ! que cette flamme me réchauffe ! Je ne souffre plus. Non, au contraire ! Et penser que ces cendres peut-être seront encore tièdes quand mon cadavre sera froid ! et puis tout se confondra, dispersé ! Ma vie aura passé comme ces formes fugaces, qui se dessinent sur les charbons. Tiens ! il me semble voir dans la braise des plages de pourpre s’étalant près d’un lac de feu. On dirait, à présent, de vagues édifices, des aiguilles de cathédrale, un navire. Il s’enfonce et reparaît, comme le mien autrefois. J’entends encore le vent dans les manœuvres, et les bois de ma cabine qui craquent au milieu de la nuit. — Tiens !... c’est étrange, voilà une lettre qui s’obstine à ne pas brûler ! Elle blanchit même dans la flamme. — Pourquoi ?...

  Paul la reprend.

  Elle est froide !... Comment se fait-il ?

  La cheminée, peu à peu, s’est haussée et élargie, laissant voir, au milieu des flammes, les choses mêmes que Paul rêvait, Le bord supérieur, montant toujours, a presque disparu dans les frises ; et l’on aperçoit un château tout noir, d’une architecture farouche, avec des meurtrières embrasées.

  Une forteresse ! Laquelle donc ? Je ne l’ai jamais vue.

  Le château disparaît. La lettre qu’il tient devient lumineuse. Paul lit :

  “C’est l’endroit où les Gnomes détiennent captifs les coeurs des hommes. Nous comptons sur toi pour les délivrer. — Ta récompense sera un amour au-dessus même de tes rêves. Tu rencontreras souvent celle que nous te destinons ; tâche de la reconnaître, ou sinon tu es irrévocablement perdu. — Es-lu prêt ? — LA REINE DES FEES.” — Moi !... Mais comment me guider ?

  Choeur des Fées l’encourageant.

  PAUL reste pendant quelques minutes en proie à une anxiété terrible ; puis, avec un geste de résolution héroïque.

  J’accepte ! partons !

  Deux coups frappés à la porte, l’un après l’autre.

  UNE VOIX, du dehors. Ouvre, Dominique !

  Troisième coup.

  PAUL.

  Qui est-ce ?

  Il va ouvrir.

  SCÈ^CE IV

  PAUL, JEANNETTE portant à chaque bras un gros panier.

  JEANNETTE, toute surprise. Monsieur Paul !...

  PAUL.

  Jeannette !... Comment se fait-il ?

  Elle dépose sur la table ses deux paniers, d’un air accablé. Que viens-tu faire à Paris ?

  JEANNETTE, après un silence. Mais... vendre mon lait, Monsieur.

  PAUL.

  Avec ces deux paniers-là !... et chez moi !

  Elle baisse la tète sans répondre.

  Tu me caches quelque chose, Jeannette ?

  JEANNETTE, de/endant de la main u’i des paniers près d’elle.

  Non, Monsieur, je vous jure !...

  PAUL, éclairé par le geste de Jeannette.

  C’est là-dedans, alors ? Qu’y a-t-il ?

  Il relève la toile couvrant le panier.

  Des foulards, mes chemises, tout mon linge !

  Il la regarde d’une façon sévère.

  JEANNETTE, vivement. Oh ! ne vous fâchez pas !... Si vous le trouvez trop mal, je recommencerai. Silence. Elle baisse la tète.

  PAUL.

  Ainsi, c’est Mademoiselle Jeannette qui était ma blanchisseuse !... Pourquoi ne pas l’avouer ?

  JEANNETTE, embarrassée. C’est que...

  PAUL.

  Eh bien ?

  Même silence. A part. Comment ?... Quand Dominique m’avait dit... Voyons l’autre ?

  JEANNETTE, l’arrêtant par le bras. Prenez garde de les casser !

  PAUL.

  Quoi donc ?

  JEANNETTE.

  Les œufs !

  PAUL, examinant l’intérieur du panier.

  Des fruits... une galette... jusqu’à des petits pots de crème !... Et c’était...

  Il l’interroge du regard ; elle lui répond par un
signe de tête ajffîrmatif.

  pour moi ! Jusqu’à présent, en effet, je n’ai rien payé de ces choses ! — Ah ! je devine !... l’amitié de mon domestique me réduit aux charités d’une paysanne !

  Brutalement.

  Remporte tout cela, Jeannette ! Je n’en veux plus ! Va-t’en !

  JEANNETTE, pleurant.

  Si j’avais su vous fâcher, je ne l’aurais pas fait !

  PAUL, à part.

  Elle pleure !... Et dans ma vanité imbécile, je la repousse !... Combien donc y en a-t-il d’un dévouement pareil ? Haut.

  Non, reste ! Pardonne-moi ! C’est que je suis malade, quelquefois !... Et il y a longtemps que IU viens ainsi tous les jours ?

  JEANNETTE.

  Depuis un mois, bientôt !

  PAUL.

  Et tu ne t’en vantes pas, toi !... Tu faisais le bien naïvement, dans la candeur de ton âme !

  Il lui prend les mains.

  Mais comme ta poitrine bat vite ! Tu as de beaux yeux, ma Jeannette !...

  A part.

  Je ne l’avais pas seulement regardée, sot que j’étais ! Et ces pauvres petites mains, sais-tu qu’enfermées dans des gants de peau fine, plus d’une belle dame les envierait !

  JEANNETTE.

  Vous êtes bien bon, Monsieur.

  PAUL, s’écartant d’elle. A part.

  Il faut pourtant que je trouve quelque chose à lui donner.

  La contemplant de loin.

  Mais elle est charmante !... Il y a sous ces simples vêtements une distinction, je ne sais quoi de pur, de fin... que je n’ai jamais vu !... Et cette douceur des attitudes, ce rayonnement dans leregard ! Serait-ce... ? Pourquoi pas ?... Jeannette ?

  JEANNETTE.

  Monsieur ?

  PAUL.

  Tu dois être lasse de ta condition ? N’arrive- t-il jamais dans ton esprit des pensées qui te surprennent ? iNe sens-tu pas au fond de toi-même comme une sollicitation vers des destinées plus hautes ? une envie de t’enfuir... quelque part... bien loin ?

  JEANNETTE.

  M enfuir !... Et où ça ?... Je ne connais pas les routes.

  PAUL, avec un geste de dépit. A part.

  Eh ! c’est mon langage qu’elle n’entend pas !

  Haut.

  Dis-moi, quand tu es toute seule, dans les champs, à quoi penses-tu ?

  JEANNETTE.

  Dame ! à rien.

  PAUL.

  Cherche un peu.

  JEANNETTE.

  Ah ! si... Je pense aux vaches !... à la noire, surtout, qui me suit comme un caniche. Et puis je regarde si les avoines poussent, et combien il y aura de boisseaux de pommes aux arbres.

 

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