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Complete Works of Gustave Flaubert

Page 503

by Gustave Flaubert


  C’est le lendemain matin, à 3 heures, que nous avons commencé notre grande tournée, expédition pour Bastia à travers la Corse. Après avoir embrassé notre excellent hôte, nous sommes partis dans sa voiture qui devait nous mener jusqu’à Bogogna. Le capitaine Laurelli nous accompagne et nous sommes conduits par l’ancien cocher de Pozzo di Borgo, le neveu du ministre russe assassiné il y a quelque temps dans sa voiture, en retournant chez lui. On nous avait montré sur la route de Vico la place où le meurtre s’accomplit, et nous vîmes les trous que les balles ont fait dans le granit de la route. Lestement emportés par nos deux chevaux arabes, nous arrivons vers midi à Bocognano, où nous déjeunons. Chemin faisant, le capitaine nous a raconté des histoires de bandits. M. Laurelli est un ancien bandit lui-même qui a tenu trois ans le maquis. Je ne me rappelle plus bien son histoire, mais c’est toujours l’injustice d’un général qui l’a forcé à fuir dans la campagne ; il était à cette époque maire de la commune cTIsolaccio. C’est lui qui, depuis, a purgé tout le Fiumorbo des bandes qui l’infestaient, et qui le premier a fait payer l’impôt à ce pays que l’on ne traversait pas, il y a vingt ans, sans faire son testament. II nous a indiqué les mouvements stratégiques opérés par les voltigeurs pour s’emparer des bandits et nous a donné sur cette matière tous les documents que nous lui avons demandés. Rarement ou, pour mieux dire, jamais un bandit ne se rend ; attaqué, il se bat tant que sa cartouchière est pleine, et sa dernière balle, il la réserve pour lui. Quelquefois, quand le maquis où il se tient est cerné de toutes parts, le bandit reste couché à plat ventre sous les broussailles et échappe ainsi à toute investigation ; c’est même la manière la plus sûre .

  Le capitaine nous raconta l’histoire d’un bandit des environs de Bastia qu’il a tué de sa main. D’une force prodigieuse et d’une férocité analogue, cet homme exerçait sur la Corse entière un absolutisme asiatique : il assignait aux pères et aux maris le jour et le lieu où ils devaient lui envoyer leurs filles et leurs femmes. Quand le capitaine l’eut tué, on fit une fête générale dans le pays, et depuis Bastia jusqu’à Isolaccio, tous les paysans se pressaient à sa rencontre pour le remercier.

  A Bocognano, nous trouvons nos chevaux et nous piquons vers la forêt de Vizzavona. Le capitaine s’est fait escorter par deux voltigeurs. Est-ce pour nous faire honneur ? Est-ce par prudence ?

  ÉCRIT AU RETOUR.

  J’en étais resté à Marseille de mon voyage, je le reprends à quinze jours de distance. Me voilà réinstallé dans mon fauteuil vert, auprès de mon feu qui brûle, voilà que je recommence ma vie des ans passés. Qu’ont donc les voyages de si attrayant pour qu’on les regrette à peine finis ? Oh ! je rêverai encore longtemps des forêts de pins où je me promenais il y a trois semaines, et de la Méditerranée qui était si bleue, si limpide, si éclairée de soleil il y a quinze jours ; je sens bien que cet hiver, quand la neige couvrira les toits et que le vent sifflera dans les serrures, je me surprendrai à errer dans les maquis de myrtes, le long du golfe de Liamone, ou à regarder la lune dans la baie d’Ajaccio.

  Maintenant, les arbres ici n’ont plus de feuilles, et la boue est dans les chemins. J’entends encore le chant de nos guides et le bruit du vent dans les châtaigniers ; c’est pour cela que je reprendrai souvent ces notes interrompues et reprises à des places différentes, avec des encres si diverses qu’elles semblent une mosaïque. Je les allongerai, je les détaillerai de plus en plus, ce sera comme un homme qui a un peu de vin dans son verre et qui y met de l’eau pour délayer son plaisir et boire plus longtemps. Quand on marche on veut l’avenir, on désire avancer, on court, on s’élance, regardant toujours en avant et, la route à peine finie, on détourne la tête et l’on regrette les chemins parcourus si vite, de sorte que l’homme, quoi qu’on en dise, aspire sans cesse au passé et à l’avenir, à tout ce qui n’est pas de sa vie actuelle en un mot, puisqu’il se reporte toujours vers le matin qui n’est plus, vers la nuit qui n’est pas encore (réflexion neuve).

  Notre guide s’appelle Francesco, et nous faisons connaissance avec lui. Nous n’avons pas voulu reprendre celui qui nous avait conduits à Vico. Charles était un gros garçon joufflu, gai, obséquieux les premiers jours, mais d’une tendresse si exagérée pour ses chevaux qu’il nous défendait presque de les faire trotter. Nous nous sommes débarrassés de sa tutelle, et son successeur parait plus complaisant ; petit, maigre et hâve, il forme en tous points contraste parfait avec l’autre ; le temps nous dira si nous avons gagné au change.

  A une lieue environ de Bocognano, au haut de la vallée dont ce village tient la base, on quitte la grande route d’Ajaccio à Bastia et l’on entre dans la forêt de Vizzavona. Le chemin devient de plus en plus ardu et difficile, si bien qu’il faut mettre pied à terre. Chacun marche comme il peut. Vers les 4 heures du soir nous sommes arrivés sur un plateau où nos montures et nous-mêmes avons soufflé à l’aise. Tout à l’heure nous avons failli peut-être avoir une aventure : un coup de fusil est parti devant nous sur la montagne, le capitaine s’arrête, appelle un de ses hommes, lui demande sa carabine, l’arme, et marche devant nous en nous disant de le suivre. Les arbres étaient si hauts, le soleil si resplendissant, toute la nature en un mot était si belle que nous n’avions guère peur, car on ne se figure bien une tragédie que de nuit et par un orage ; mais en plein jour, sous un beau ciel, quand les oiseaux chantent dans le bois, quand, les pieds tout fatigués, on se repose à marcher sur les tapis d’herbes, le cœur se dilate, s’épanouit, aspire en lui la vie luxuriante qui l’entoure, les couleurs qui brillent, tout le bonheur qui se présente. Comment croire alors à quelque chose de triste ? Cela pouvait être pourtant un bandit qui eût quelque querelle avec le capitaine, une vengeance à assouvir sur lui, mille choses probables. Comment se fait-il alors que ces préparatifs de guerre m’aient paru ridicules, et que je me sois diverti de penser qu’ils n’étaient pas peut-être inutiles ? Et à quelques pas de là nous avons rencontré des chasseurs. On voit dans les forêts, de temps en temps, de grands arbres calcinés qui sont encore debout au milieu de leurs frères tout verts et tout chargés de feuilles. Quand les bergers y ont rallumé le feu, et qu’il fait un orage, ils se brisent et tombent par terre ; quelquefois, leurs branches s’embarrassent dans celles des arbres voisins, et ils restent ainsi suspendus dans leurs bras ; les vivants tiennent embrassés les morts qui allaient tomber. Nous avons laissé passer devant nous nos compagnons et nous sommes restés, M. Cloquet et moi, à nous amuser comme des enfants, à faire les hercules du Nord, en soulevant avec une main des arbres de trente pieds et nous les brisant sur le dos en riant aux éclats. C’était chose assez comique que de nous voir enlever de terre des poutres énormes et les lancer à quarante pas aussi facilement que nous eussions fait d’une badine. Après nous être ainsi divertis une bonne demi-heure et avoir ri tout notre soûl, nous avons rejoint nos gens à qui nous avons dit que nous venions de faire des observations botaniques. II était tard quand nous sommes arrivés à Ghisoni, maigre village où il me semblait impossible de loger des honnêtes gens. On nous a conduits devant une grande maison grise et délabrée. Quoiqu’il fût nuit, je ne voyais aucune lumière aux fenêtres, et la porte qui s’ouvrait sur la rue était celle d’une salle basse où grognaient des pourceaux. A un angle de cette pièce enfumée était placée une large échelle en bois et dont les marches peu profondes ne permettaient de monter qu’en se tournant de côté. Nous avons trouvé le mahre et sa femme qui ne nous attendaient que le lendemain. Ils se sont donc beaucoup excusés sur ce qu’ils avaient déjà dîné, et se sont mis tout de suite à préparer notre repas. La maîtresse était une grande femme maigre, vêtue d’une robe bleue faite sans doute d’après une gravure de mode du temps de l’Empire, c’est là, du reste, tout ce que je puis dire d’elle, car elle ne nous a pas adressé un mot et nous a servis silencieusement et respectueusement comme une servante. C’est, du reste, une chose à remarquer en Corse que le rôle insignifiant qu’y joue la femme ; si son mari tient à la garder pure, ce n’est ni par amour ni par respect po
ur elle, c’est par orgueil pour lui-même, c’est par vénération pour le nom qu’il lui a donné. D’ailleurs, il n’y a entre eux deux aucune communication d’idées et de sentiments ; le fils, même enfant, est plus respecté et plus maître que sa mère(1).

  Tandis que vous voyez l’homme bien vêtu, portant une veste de velours, un bon pantalon de gros drap, la pipe à ia bouche et le fusil sur l’épaule, chevauchant à son aise sur une bonne bête, sa femme, à quelques pas de là, le suit pieds nus et portant tous les fardeaux. Vous voyagerez dans toute la Corse, vous y serez partout bien reçu, on vous accueillera d’une manière cordiale qui vous ira jusqu’au cœur, et le lendemain matin votre hôte pleurera presque en vous quittant ; de sa famille, vous ne connaîtrez que lui. En descendant de cheval vous avez bien vu des enfants jouer devant la porte, ce sont les siens, mais ils ne paraissent pas à table ; leur mère ne se montre presque jamais et reste avec eux tant qu’ils sont jeunes. Les liens de famille sont forts, il est vrai, mais à la manière antique, entre frères,

  O Dans un curieux mémoire que M. Lauvergne a publié sur la Corse, il dit qu’il a vu un jeune garçon de douze ans environ s’amuser à tenir sa mère couchée en joue au bout de son fusil ; il lui faisait faire ainsi toutes les évolutions qu’il lui commandait et la faisait danser comme un chien avec un fouet. Le père était à deux pas de là et riait beaucoup de cette plaisanterie barbare. entre cousins, entre alliés, même à des degrés éloignés. Quand un membre de la famille est insulté, tout le reste est solidaire de sa vengeance ; s’il succombe c’est à eux de le remplacer, de sorte qu’instantanément il se forme une association de cinquante à soixante hommes, tous servant la même cause, gardant le même secret, animés de la même haine.

  La femme compte pour peu de chose et on ne fa consulte jamais pour prendre mari. Quand un fils a 14 ou 15 ans, son père lui dit qu’il est temps d’être homme, qu’il faut se marier ; if lui choisît lui-même une femme, les deux familles négocient longtemps l’affaire et avec toutes les précautions possibles, le pacte d’alliance se conclut, les noces se font avec pompe, on y chante des chansons guerrières ; puis les enfants arrivent dans le ménage, on leur apprend à tirer le fusil, on leur enseigne un peu de français, ils vont à la chasse et c’est là toute fa vie, une vie de paresse, d’orgueil et de grandeur.

  Nous avons dîné tard ; le capitaine nous a servis, comme s’il eût été le maitre de la maison. Un avoué de Corte, attiré dans le pays par les affaires de la Compagnie Corse, se chauffait au coin de la cheminée et nous a tenu conversation, car notre hôte restait à distance et avait l’air tout humilié de recevoir des personnages. Après le dîner, on m’a conduit dans une pièce délabrée où je devais coucher. Les murs étaient barbouillés de chaux, une petite gravure noire représentant un moine italien canonisé était à la tête du grand lit qui en occupait l’angle ; la petite fenêtre donnait sans doute sur la campagne ; la lune n’était pas encore levée, je me mis à me déshabiller, éclairé par un flambeau à l’huile placé sur une chaise près de mon chevet et dont la faible lueur néanmoins me faisait très bien voir que les draps n’étaient ni propres ni de fine toile. Je fis alors des réflexions philosophiques et je me dis que sans doute les gens qui dormaient dans ce lit-là devaient y bien dormir n’ajant ni amour contenu, ni ambition rentrée, ni aucune des passions du monde moderne. Tout cela était si loin de la France, si loin du siècle, resté à une époque que nous rêvons maintenant dans les livres, et je me demandais (tout en graissant d’huile mes cuisses rougies) si après tout, quand on voyagera en diligence, quand il y aura au lieu de ces maisons délabrées des restaurants à la carte, et quand tout ce pays pauvre sera devenu misérable grâce à la cupidité qu’on y introduira, si tout cela enfin vaudra bien mieux ; et je comparais le bruit du vent dans les arbres, celui des clochettes de chèvres sur les montagnes, au roulement des voitures dans la rue de Rivoli, au bruit des pompes à feu dans la vallée de Déville. Je me rappelais alors la baie d’Ajaccio et la molle langueur qui vous prend dans la plaine de Liamone, en vue de ces trois lacs que j’aime tant ; je me’ rappellerai le soleil de midi, les jours fuyants sur le tronc des hêtres, la lune le matin dans la vallée de Bocognano, et reportant les jeux sur cette chambre si calme, si paisible, je pensais à d’autres chambres où il y a des tapis, des velours, des rideaux de mousseline, etc. Je m’endormis enfin, m’amusant peu de mes réflexions et harassé de la course du jour et de mes exercices acrobatiques. Non, non, on ne dort pas mieux (de corps du moins) à Ghisoni que dans des lits de pourpre (style poétique, car je n’ai jamais couché que dans des draps blancs) ; cela veut dire que les puces m’ont tenu éveillé pendant trois heures, quelque invention que j’aie prise pour les fuir. J’avais éteint mon flambeau, et la lune avec tous ses rayons entrait dans ma chambre et m’éclairait comme en plein jour. Je me levai et je regardai la campagne, je voyais les chèvres marcher dans les sentiers du maquis et sur les collines ; çà et là les feux de bergers, j’entendais leurs chants ; il faisait si beau qu’on eût dit le jour, mais un jour tout étrange, un jour de lune. Etant arrivé de nuit dans le village, je n’avais pu voir le paysage où il se trouve placé, mais il m’était maintenant facile d’en saisir tous les accidents, tout aussi bien qu’en plein soleil. Entre les gorges des montagnes il y avait des vapeurs bleues et diaphanes qui montaient et qui semblaient se bercer à droite et à gauche, comme de grandes gazes d’une couleur indéfinissable qu’une brise aurait agitées sur le flanc de toutes ces collines. Leur grande silhouette se projetait en avant, de l’autre côté de la vallée ; la lumière s’étendait, claire et blanche, autour de la lune, et devenait de plus en plus humide et tendre en s’approchant du haut faite inégal des montagnes. Tous les contours, toutes les lignes saillissaient librement, grâce à leur teinte grise qui surplombait les grandes masses noires du maquis. Le ciel semblait haut, haut, et la lune avait l’air d’être lancée et perdue au milieu ; tout alentour elle éclairait l’azur, le pénétrait de blancheur, laissant tomber sur la vallée en pluie lumineuse ses vapeurs d’argent qui, une fois arrivées à la terre, semblaient remonter vers elle comme de la fumée.

  Nous sommes repartis le lendemain de bonne heure, après que M. Cloquet eut vu, je crois, tous les malades du pays qui encombraient la maison de notre hôte avec les curieux venus pour nous voir. Ils sont amenés par un pharmacien italien, grand gaillard blond aux jeux bleus, qui a plutôt l’air d’un Bas-Normand que d’un Parmesan, sauf toutefois la vivacité faciale. C’est un réfugié politique qui paraît fort patriote ; il attend le signal de l’autre rivage pour laisser là la Corse et se mettre le fusil sur l’épaule ; il nous parle beaucoup de M. Libri dont il se dit l’ami intime.

  Chemin faisant, je raconte au capitaine mes doléances et mes malédictions de la nuit passée ; ce pauvre Laurelli avait été encore plus mal traité que moi, il ne s’est pas déshabillé et s’est couché sur une malle.

  La route est étroite, monte et descend continuellement. Nous sommes au fond d’une vallée dont les deux côtés sont couverts de pins immenses qui font partie de la forêt de Sorba.

  Nous nous arrêtons à une rivière qui sépare celle-ci de la forêt de Marmano. Là nous nous sommes assis, et avons dévoré les provisions que le capitaine avait fourréésédans ses sacoches. On a monté dans les arbres pour casser des branches vertes pour nos chevaux qui nous regardent d’un œil d’envie. L’herbe est fraîche, de grands troncs dépouillés et tout blancs s’étendent en travers du torrent, les rochers et les pierres qui sont dans son lit le font murmurer ; les grands arbres nous entourent, et sur leur faîte le soleil commence à darder vigoureusement.

  Nous sommes accompagnés par un brave homme de Ghisoni qui doit nous indiquer la route d’isolaccio, qu’ignorent également notre guide et le capitaine. II marche à côté de ce dernier et lui parle sans s’arrêter pendant plus d’une heure, sans que celui-ci lui réponde un seul mot.

  Nous avons monté depuis le matin et nous entrons dans la forêt de Marmano. Le chemin est raide et va en zigzag à travers l
es sapins, dont le tronc a des lueurs du soleil qui pénètre à travers les branches supérieures et éclaire tout le pied de la forêt ; l’air embaume de l’odeur du bois vert. II ne faut pas écrire tout cela.

  De temps en temps les arbres avaient l’air de nous quitter, et nous passions alors devant des huttes de bergers, faites de cailloux rapportés et de branchages morts. Enfin nous parvînmes, vers le soir, sur le plateau appelé le Prato. Nous étions placés sur une des plus hautes montagnes de la Corse et nous voyions à nos côtés toutes les vallées et toutes les montagnes qui s’abaissaient en descendant vers la mer ; les ondulations des coteaux avaient des couleurs diversement nuancées suivant qu’ils étaient couverts de maquis, de châtaigniers, de pins, de chênes-liège ou de prairies ; en face de nous et dans un horizon de plus de trente lieues, s’étendait la merTyrrhénienne, comprenant l’île d’Elbe, Sainte-Christine, les îles Caprera, un coin de la Sardaigne ; à nos pieds s’étendait la plaine d’Aleria, immense et blanche comme une vue de l’Orient, où allaient se rendre toutes les vallées qui partaient en divergeant du centre où nous étions ; et là, en face, au fond de cette mer bleue où les rayons de soleil tracent sur les flots de grandes lignes qui scintillent, c’est la Romagne, c’est l’Italie ! Nous étions descendus de nos chevaux et nous les avions laissé aller brouter l’herbe courte qui pousse entre le granit. Nous nous sommes avancés pour contempler plus à notre aise un roc escarpé en espèce de promontoire. On ne saurait dire ce qui se passe en vous à de pareils spectacles ; je suis resté une demi-heure sans remuer, et regardant comme un idiot la grande ligne blanche qui s’étendait à l’horizon. Isolaccio est situé au fond des gorges que nous dominions. Du Prato il faut bien trois heures pour y atteindre. Nous avons descendu par des chemins abrupts, à l’aventure, comme nous avons pu.

 

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