closed up inside a man?
VII
C’est de la côté d’Adam
qu’on a retiré Ève;
mais quand sa vie s’achève,
où va-t-elle, mourant?
Adam serait-il son tombeau?
Faut-il, lorsqu’elle se lasse,
lui ménager une place
dans un homme bien clos?
Light
Can it be this light
that gives us the world?
Or is it the shadow, new
and tender as it trembles,
that keeps us here?
That shadow resembles us,
trembles and twists
around whatever holds it up.
The shadows of frail foliage
that fall on path and field
make a sudden movement
that announces their kinship to us,
the way we are blended
with the young, clear light.
45
Cette lumière peut-elle
tout un monde nous rendre?
Est-ce plutôt la nouvelle
ombre, tremblante et tendre,
qui nous rattache à lui?
Elle qui tant nous ressemble
et qui tourne et tremble
autour d’un étrange appui.
Ombres des feuilles frêles,
sur le chemin et le pré,
geste soudain familier
qui nous adopte et nous mêle
à la trop neuve clarté.
Winter’s United Silence
Winter’s united silence
is replaced in the air
by the silence of warbling:
each voice rushing in
contributes a brushstroke
to perfect the image.
But the heart lives
far beyond
the whole complex
design of this silence, full
of unspeakable audacity,
only a starting point.
47
Le silence uni de l’hiver
est remplacé dans l’air
par un silence à ramage;
chaque voix qui accourt
y ajoute un contour,
y parfait une image.
Et tout cela n’est que le fond
de ce qui serait l’action
de notre cœur qui surpasse
le multiple dessin
de ce silence plein
d’inexprimable audace.
Nature Reveals Herself
There is a sublime moment,
between the misty mask and the verdant one,
when nature reveals herself
more fully than is her custom.
What beauty! Look at her shoulder,
the courage to be that transparent. . . .
Soon she’ll play her role again
in summer’s grassy theater.
48
Entre le masque de brume
et celui de verdure,
voici le moment sublime où la nature
se montre davantage que de coutume.
Ah, la belle! Regardez son épaule
et cette claire franchise qui ose . . . .
Bientôt de nouveau elle jouera un rôle
dans la pièce touffue que l’été compose.
The Flame
Out is the candle, and space
reclaims the room; we feel
the fire graze our cheeks,
a homeless, suffering flame.
Let’s bury it in the subtle grave
behind our eyelids,
and cry like a mother who knows
all about danger.
51
À la bougie éteinte,
dans la chambre rendue à l’espace,
on est frôlé par la plainte
de feu la flamme sans place.
Faisons-lui un subtil
tombeau sous notre paupière,
et pleurons comme une mère
son très familier péril.
The Approach
The long life of the landscape, the bell,
the pure deliverance of evening—
all this prepares us for the approach
of a kindly, unfamiliar figure. . . .
Our life goes on, strangely suspended
between the faraway bow and the stab of the arrow,
between a world that hesitates to seize the angel
and She whose powerful presence prevents it.
52
C’est le paysage longtemps, c’est une cloche,
c’est du soir la délivrance si pure—;
mais tout cela en nous prépare l’approche
d’une nouvelle, d’une tendre figure . . . .
Ainsi nous vivons dans un embarras très étrange
entre l’arc lointain et la trop pénétrante flèche:
entre le monde trop vague pour saisir l’ange
et Celle qui, par trop de présence, l’empêche.
A Question
We arrange and rearrange
these words every which way,
but will this ever result
in anything worthy of the rose?
If we tolerate the strange
pretense of this game, it’s only
to provide sport for the angel,
who comes to tease us a bit.
53
On arrange et on compose
les mots de tant de façons,
mais comment arriverait-on
à égaler une rose?
Si on supporte l’étrange
prétention de ce jeu,
c’est que, parfois, un ange
le dérange un peu.
In the Eyes of Animals
In the eyes of animals I’ve seen
lasting peace, the impartial
calm of nature
that cannot be shaken.
Every animal knows what fear is;
nevertheless, it moves along,
and on its field of plenty
grazes a presence
that has no taste for elsewhere.
54
J’ai vu dans l’œil animal
la vie paisible qui dure,
le calme impartial
de l’imperturbable nature.
La bête connaît la peur;
mais aussitôt elle avance
et sur son champ d’abondance
broute une présence
qui n’a pas le goût d’ailleurs.
The Doe
Doe, the deep, ancient beauty
of forests flows in your eyes,
circles of trust shot through
with utter fear.
The lively grace of your leaping
expresses all these things,
yet nothing can shake
a look of calm unknowing
on your face.
57: La Biche
Ô la biche: quel bel intérieur
d’anciennes forêts dans tes yeux abonde;
combien de confiance ronde
mêlée à combien de peur.
Tout cela, porté par la vive
gracilité de tes bonds.
Mais jamais rien n’arrive
à cette impossessive
ignorance de ton front.
Let’s Chat for a While
Let’s stay here and chat for a while.
I’m the one who stopped again tonight,
and again you’re the one who’s listening.
Later others will play at being
neighbors on this road under trees
whose lovely shade we’re borrowing.
58
Arrêtons-nous un peu, causons.
C’est encore moi, ce soir, qui m’arrête,
c’est encore vous qui m’écoutez.
Un peu plus tard d’autres joueront
aux voisins sur la route
sous ces beaux arbres que l’on se prête.
Good-Bye
I’ve said my goodbyes. Since childhood
countless departures have gradually honed me.
But I return, I begin again,
which is what sets my attention free.
All I can do now is fill my gaze.
All I can do, without holding back,
is feel the joy of having loved what reminds me
of all the losses that move us.
59
Tous mes adieux sont faits. Tant de départs
m’ont lentement formé dès mon enfance.
Mais je reviens encor, je recommence,
ce franc retour libère mon regard.
Ce qui me reste, c’est de le remplir,
et ma joie toujours impénitente
d’avoir aimé des chose ressemblantes
à ces absences qui nous font agir.
When I Go Page 11