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Les refuges de pierre

Page 30

by Jean M. Auel


  — Et je ne les connais pas bien non plus. Bon, profites-en pour prendre des paniers à porter, et un bol pour Loup. Peut-être aussi les fourrures de couchage. Qui sait où nous dormirons cette nuit... Emporte aussi la bride de Whinney.

  Ils rattrapèrent le reste des chasseurs au moment où ceux-ci atteignaient le Rocher des Deux Rivières et pataugeaient le long de la rive gauche après avoir traversé la Rivière.

  — Je commençais à me demander si vous nous rejoindriez avant que nous nous mettions en route, dit Kareja. Je suis passée prendre un déguisement pour toi, Ayla.

  La compagne de Jondalar la remercia mais se demanda de nouveau ce qu’était un déguisement et à quoi cela servait. Au confluent des deux cours d’eau, le groupe s’engagea dans la Vallée des Prairies. Kimeran et quelques membres de la Deuxième Caverne se joignirent au groupe et remontèrent la rivière avec les autres sur une courte distance avant de faire halte pour discuter de la chasse. Ayla et Jondalar descendirent de cheval et s’approchèrent pour écouter.

  — ... d’après Thefona, les bisons se dirigeaient vers le nord il y a deux jours, disait Manvelar. Ils auraient dû être en bonne position aujourd’hui, mais ils ont obliqué vers l’est, loin de l’enceinte. Thefona est l’un de nos meilleurs guetteurs, elle voit plus loin que n’importe qui, et elle observe ce troupeau depuis quelque temps. Je pense qu’ils seront bientôt en position pour s’engouffrer dans le piège, mais pas aujourd’hui. C’est pour cette raison que nous avons pensé qu’il valait mieux choisir les grands cerfs. Ils se sont arrêtés en amont pour boire, et ils broutent maintenant des feuilles d’arbuste près des hautes herbes.

  — Combien y en a-t-il ? demanda Joharran.

  — Trois femelles adultes, un jeune mâle d’un an, trois petits tachetés et un cerf avec des bois de bonne taille, répondit Thefona.

  — Je veux tuer plusieurs animaux, mais pas tous. C’est pourquoi j’ai choisi les bisons, ils se déplacent en troupeaux plus grands, expliqua Joharran.

  — A l’exception des rennes, la plupart des animaux à bois ne se déplacent pas en troupeaux, dit Thefona. Ils aiment les arbres et les lieux boisés, où il est plus facile de se cacher. La harde comporte rarement plus de quelques mâles, une femelle ou deux et leurs petits, sauf à la saison où cerfs et biches se rassemblent.

  Ayla était sûre que Joharran savait tout cela, mais Thefona était jeune, fière des connaissances qu’elle avait acquises en guettant les troupeaux. Joharran l’avait laissée répéter ce qu’elle avait appris.

  — Nous devrions épargner le cerf et au moins l’une des biches. Ainsi qu’un petit si nous pouvons être certains que c’est le sien, dit-il.

  Sage décision, pensa Ayla Une fois encore, Joharran l’avait impressionnée et elle l’observa plus attentivement. Il mesurait près d’une tête de moins que son frère mais sa constitution puissante ne laissait aucun doute sur le fait qu’il égalait en force la plupart des hommes. Ses épaules supportaient aisément la responsabilité d’une Caverne nombreuse et parfois indocile. Il respirait la confiance en soi. Brun, le chef de son clan, l’aurait compris, se dit-elle. Lui aussi avait été un bon chef... à la différence de Broud.

  La plupart des chefs Zelandonii qu’elle avait rencontrés semblaient à leur place. Les Cavernes les choisissaient en général avec discernement, mais, si Joharran s’était révélé incapable d’assumer son rôle, sa Caverne l’aurait tout bonnement remplacé par un autre, plus compétent. Sans cérémonie : il n’y avait pas de procédure pour destituer un chef, les autres auraient simplement cessé de le suivre.

  Broud, lui, n’avait pas été choisi. Dès sa naissance, il était destiné à devenir chef. Parce qu’il était né de la compagne d’un chef, on supposait qu’il aurait en mémoire les qualités pour tenir ce rôle. Et il les possédait peut-être, mais à des degrés divers. Certains traits utiles à un chef, comme la fierté, le besoin d’être respecté, étaient accentués chez Broud. La fierté de Brun venait des prouesses de son clan, qui lui valaient aussi d’être respecté. Celle de Broud confinait à un orgueil démesuré, il voulait être respecté pour ses exploits. Bien que Brun se fût efforcé de l’aider, Broud n’était jamais devenu un chef aussi capable que lui. Comme la réunion touchait à sa fin, Ayla murmura à Jondalar :

  — J’ai envie de partir devant avec Whinney pour essayer de trouver les bisons. Tu crois que Joharran verrait un inconvénient à ce que je demande à Thefona où elle les a aperçus pour la dernière fois ?

  — Non, je ne crois pas, mais pose-lui la question toi-même. Ils s’approchèrent tous deux du chef et, quand Ayla lui exposa son plan, il répondit :

  — Tu penses pouvoir repérer ces bisons ?

  — Je ne sais pas, mais ils ne doivent pas être très loin, et Whinney est plus rapide que n’importe quel chasseur.

  — Tu n’avais pas l’intention de chasser le grand cerf avec nous ?

  — Si, et je pense pouvoir être de retour à temps.

  — C’est vrai que j’aimerais bien savoir où sont les bisons, admit Joharran. Allons interroger Thefona.

  — J’irai avec Ayla, dit Jondalar. Elle ne connaît pas encore la région, elle pourrait ne pas comprendre les indications de Thefona.

  — Allez-y, mais j’espère que vous serez de retour à temps. Je voudrais voir vos lance-sagaies en action. S’ils sont à moitié aussi efficaces que vous le prétendez, cela pourrait changer beaucoup de choses.

  Ayla et Jondalar partirent au galop avec Loup tandis que le reste des chasseurs continuait à remonter la Rivière des Prairies. Le territoire des Zelandonii offrait un paysage spectaculaire sculpté en relief, avec des parois abruptes, de larges vallées, des collines ondulantes et de hauts plateaux. Les rivières serpentaient parmi les prés, bordées d’une galerie d’arbres, ou coulaient au pied de hautes falaises. Les habitants de la région étaient habitués à ce paysage varié et s’y déplaçaient aisément, qu’ils dussent gravir une colline escarpée, escalader une paroi quasi verticale, sauter sur des pierres glissantes pour traverser une rivière ou nager contre son courant, marcher sur une longue file entre une paroi rocheuse et un torrent bouillonnant ou se déployer dans une plaine découverte.

  Les chasseurs se divisèrent en petits groupes quand ils s’engagèrent dans l’herbe haute mais encore verte de la vallée. Joharran ne cessait de guetter le retour de son frère et de sa curieuse escorte – une étrangère, deux chevaux et un loup – dans l’espoir qu’ils seraient de retour à temps, bien qu’il sût que cela ne changerait pas grand-chose. Avec autant de chasseurs pour une si petite harde, ils réussiraient sans difficulté à abattre tous les animaux qu’ils désiraient.

  Au milieu de la matinée, les chasseurs repérèrent le cerf aux bois immenses et s’arrêtèrent pour dresser leur plan. Joharran entendit un bruit de sabots, se retourna. Avec une exactitude involontaire mais parfaite, Ayla et Jondalar venaient d’arriver.

  — Nous les avons trouvés ! annonça Jondalar dans un murmure après être descendu de cheval. (Il aurait crié s’il n’avait remarqué la présence du grand cerf à proximité.) Ils ont de nouveau changé de direction, ils vont vers l’enceinte ! Je suis sûr que nous pourrions leur faire accélérer l’allure.

  — Ils sont loin d’ici ? s’enquit Joharran. Nous devons marcher, nous. Nous n’avons pas de chevaux.

  — Pas très loin, répondit Ayla. Si tu préfères le bison au cerf, tu peux encore changer d’avis.

  — Grand frère, tu pourrais chasser les deux, insista Jondalar.

  — Un cerf en vue vaut mieux que deux bisons dans une lointaine enceinte, raisonna Joharran. Mais si nous n’en avons pas pour trop longtemps avec le cerf, nous essaierons ensuite le bison. Vous voulez vous joindre à nous ?

  — Oui, répondit Jondalar.

  — Oui, dit Ayla, presque en même temps. Attachons les chevaux à cet arbre, là-bas, près de la rivière. Loup aussi, peut-être. La chasse pourrait l’exciter et lui donner envie de nous « aider », mais cela gênerait peut-être les autres chasseurs.

  Pe
ndant qu’on décidait de la tactique à suivre, Ayla observa la petite harde, en particulier le mâle. Elle se rappela sa première rencontre avec un cerf géant dans la force de l’âge, et celui-ci était presque aussi imposant. On les appelait cerfs géants parce que, plus grands qu’un cheval, ils étaient les plus massifs de tous les cervidés. Ce n’était cependant pas la taille de l’animal qui le rendait impressionnant mais la dimension de sa ramure. Les énormes bois en forme de palme qui poussaient sur sa tête croissaient chaque année et, chez un mâle adulte, pouvaient avoir plus de douze pieds de long.

  Cette ramure démesurée lui interdisait l’habitat boisé que fréquentaient souvent ses cousins : le mégacéros était le cerf des plaines découvertes. Bien qu’il pût se nourrir d’herbe, et qu’il en consommât plus que n’importe quel autre cerf, il préférait brouter les feuilles de jeunes arbres ou de plantes herbacées près des rivières.

  Quand un cerf géant parvenait à l’âge adulte, son corps cessait de se développer, mais les bois continuaient de croître et donnaient l’impression que la hauteur et la largeur du mâle augmentaient à chaque saison. Pour soutenir une telle ramure, il fallait des épaules et un cou puissants, et le mégacéros présentait une bosse au garrot, là où muscles et tendons se regroupaient. C’était une caractéristique de l’espèce. Même les femelles avaient cette bosse, quoique moins prononcée. Cette lourde musculature faisait paraître la tête plus petite, et chez le mâle elle semblait minuscule quand il arborait son immense ramure.

  Une fois les décisions prises, on distribua les déguisements puis Joharran et quelques autres firent passer des sacs de peau remplis de graisse. Ayla fronça le nez de dégoût en sentant leur odeur.

  — C’est fait avec les glandes à musc logées entre les pattes des cerfs, mélangées à la graisse qui se trouve juste au-dessus de la queue, expliqua Jondalar. Cela couvrira notre odeur au cas où le vent tournerait brusquement.

  Ayla hocha la tête, étala la substance grasse sur ses bras et ses aisselles, ses jambes et son giron. Pendant que Jondalar enfilait son déguisement de cerf, elle se débattait en vain avec le sien.

  — Laisse-moi te montrer, dit Kareja déjà déguisée :

  Ayla eut un sourire reconnaissant, et la femme lui fit voir comment porter l’espèce de cape en peau de cerf à laquelle la tête demeurait attachée. Elle souleva les bois, fixés sur une sorte de couronne, mais ne comprit pas à quoi servaient les bâtons qui en partaient.

  — C’est lourd ! fit-elle, surprise par le poids, quand elle coiffa la couronne d’andouillers.

  — Pourtant, c’est une ramure de jeune mâle. Il ne faudrait pas que ce grand cerf te prenne pour un rival, dit Kareja.

  — Comment cela tient-il en place quand on bouge ? demanda Ayla, essayant de donner à la couronne une meilleure position.

  — Sers-toi de ça, conseilla Kareja en utilisant les bâtons pour redresser les bois.

  — Pas étonnant que les cerfs géants aient d’aussi gros cous ! Il faut du muscle rien que pour maintenir ces choses droites !

  Les chasseurs approchaient contre le vent, qui emportait l’odeur d’homme loin des narines sensibles des animaux. Ils s’arrêtèrent à bonne distance de la harde qui broutait les jeunes feuilles tendres de broussailles basses.

  — Regarde-les, murmura Jondalar. Tu vois comme ils mangent un moment et relèvent la tête ? Puis ils avancent de quelques pas et recommencent à se nourrir. Nous allons les imiter. Tu fais quelques pas vers eux, tu baisses la tête, comme si tu étais un jeune cerf qui vient de découvrir des feuilles et s’arrête pour les brouter. Ensuite tu relèves la tête. Tu ne bouges plus. Tu surveilles le grand cerf et tu restes immobile si tu vois qu’il te regarde.

  « Nous allons nous déployer à leur façon, pour leur faire croire que nous sommes une autre harde. Il faut garder les sagaies hors de vue le plus possible, les tenir derrière les andouillers en avançant, et ne pas avancer trop vite.

  Ayla écoutait les instructions avec attention. C’était intéressant. Elle avait passé des années à observer les animaux, surtout les carnivores. La jeune femme avait étudié chaque détail de leur comportement. Elle avait appris à les pister et finalement à les chasser, mais jamais elle n’avait fait semblant d’être l’un d’entre eux. Elle observa d’abord les autres chasseurs puis les cerfs.

  L’apprentissage des signes et des gestes du Clan lui procurait un avantage. Elle avait l’œil pour déceler le moindre mouvement des animaux, assimiler chaque détail. Elle examina leur façon de secouer la tête pour chasser les insectes et apprit rapidement à les imiter. Elle espaçait les mouvements, estimant combien de temps ils gardaient la tête baissée, combien de temps ils regardaient autour d’eux. Elle était à la fois excitée et intriguée par cette nouvelle façon de chasser. Elle avait presque l’impression d’être un cerf, tout en avançant vers le gibier avec les autres chasseurs.

  Ayla choisit la proie qu’elle comptait abattre et se dirigea lentement vers elle. Elle avait d’abord jeté son dévolu sur une femelle grasse, mais, comme elle voulait des bois, elle changea d’avis et prit le jeune mâle pour cible. Jondalar lui avait expliqué que la viande serait répartie entre tous, mais que la peau, les bois, les tendons revenaient à celui qui avait tué l’animal.

  Quand les chasseurs parvinrent presque au sein de la harde, Joharran donna le signal convenu. Les Zelandonii levèrent leurs sagaies ; Ayla et Jondalar placèrent les leurs dans les propulseurs. Ayla savait qu’elle aurait pu lancer sa sagaie depuis longtemps mais son coup aurait fait fuir le reste de la harde avant que les autres soient assez proches.

  Voyant que tous étaient prêts, Joharran donna un autre signal. Presque en même temps, les chasseurs lancèrent leur sagaie. Plusieurs bêtes relevèrent la tête, détalèrent avant de se rendre compte qu’elles étaient déjà touchées. Le mâle orgueilleux brama comme pour donner le signal de la fuite, mais seuls une biche et son petit le suivirent. Les autres chancelèrent en essayant de faire un pas, tombèrent à genoux cependant que le grand cerf s’enfuyait en bondissant.

  Les chasseurs s’approchèrent de leurs proies pour achever les animaux qui vivaient encore et voir à qui il fallait attribuer chaque bête. Les lances de chacun portaient des décorations qui identifiaient le propriétaire. Tous les chasseurs savaient reconnaître leurs armes mais les symboles distinctifs ne laissaient aucun doute et évitaient les disputes. Si plusieurs sagaies avaient atteint le même animal, on s’efforçait de déterminer laquelle avait porté le coup mortel. Quand ce n’était pas évident, on partageait la bête.

  Les chasseurs constatèrent que la sagaie d’Ayla, plus courte, plus légère, avait atteint le jeune mâle. L’animal broutait un peu à l’écart du reste des cerfs, du côté opposé aux chasseurs. Il ne constituait pas une proie facile, et apparemment, personne d’autre ne l’avait pris pour cible ; du moins aucun autre projectile ne l’avait-il touché. Les Zelandonii commentèrent non seulement la portée du propulseur mais aussi l’adresse d’Ayla et se demandèrent combien de temps il leur faudrait pour l’égaler. Certains avaient envie d’essayer ; d’autres, tenant compte du succès de la chasse, n’étaient pas sûrs d’avoir besoin de fournir cet effort.

  Manvelar rejoignit Joharran et plusieurs autres membres de la Neuvième Caverne, notamment Jondalar et Ayla.

  — Quoi de neuf pour les bisons ? demanda-t-il.

  Les préparatifs de la chasse avaient suscité dans le groupe une vive excitation, mais les chasseurs avaient traqué et abattu les cerfs si vite et avec une telle efficacité qu’il leur restait un surcroît d’énergie inutilisée.

  — Le troupeau se dirige de nouveau vers le nord, répondit Jondalar.

  — Tu penses qu’il pourrait s’approcher assez de l’enceinte pour que nous en fassions usage aujourd’hui ? demanda Joharran. Il est encore tôt, cela ne me déplairait pas de tuer quelques bisons.

  — Nous pouvons nous arranger pour qu’ils s’en approchent, assura Jondalar.

  — Comment ? fit Kareja d’un ton qu’il jugea moins sarcastiq
ue que la veille.

  — Manvelar, tu sais où est l’enceinte et combien de temps il faudrait aux chasseurs pour y aller ? demanda Jondalar.

  — Oui, mais Thefona te le dira mieux que moi.

  La jeune femme s’avança quand Manvelar lui fit signe.

  — Nous sommes loin de l’enceinte ?

  Elle réfléchit, regarda la position du soleil dans le ciel puis répondit :

  — En marchant d’un bon pas, nous pourrions y être avant que le soleil soit au plus haut, je crois. Mais la dernière fois que je les ai vus, les bisons n’étaient pas très près du piège.

  — Quand nous les avons repérés, ils allaient dans cette direction, dit Jondalar, et je crois qu’avec l’aide des chevaux et de Loup nous pourrions les faire avancer plus vite. Ayla l’a déjà fait.

  — Et si vous ne réussissez pas ? intervint Kimeran. Si nous ne trouvons aucun bison en arrivant là-bas ?

  Il n’avait pas beaucoup vu Jondalar depuis son retour, et s’il avait entendu maintes choses sur son ami et la femme qui l’accompagnait, il n’avait pas, comme d’autres, découvert les surprises qu’ils avaient rapportées. C’était la première fois qu’il les voyait sur les chevaux et il s’interrogeait encore sur leur compte.

  — Alors rien ne viendra récompenser nos efforts, mais ce ne serait pas la première fois, repartit Manvelar. Kimeran haussa les épaules, eut un sourire désabusé.

  — C’est juste.

  — Quelqu’un d’autre s’oppose-t-il à ce que nous tentions notre chance avec les bisons ? demanda Joharran. Nous pouvons nous contenter des cerfs. Il faut commencer à les dépecer, de toute façon.

  — Je suis d’accord, dit Manvelar. Thefona peut vous conduire à l’enceinte, elle connaît le chemin. Moi, je retourne au Rocher des Deux Rivières, j’envoie un groupe commencer le dépeçage et un messager demander de l’aide aux autres Cavernes. Il nous faudra du monde si la chasse au bison est bonne.

 

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