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Les refuges de pierre

Page 36

by Jean M. Auel


  Ayla fit signe à Loup et partit. Marthona n’était toujours pas rentrée chez elle et, en l’absence de Jondalar, Ayla ne savait pas quoi faire. J’aurais dû rester boire une camomille avec Proleva, pensa-t-elle de nouveau. Pourquoi ne pas y retourner ? Ayla avait envie d’en savoir davantage sur cette femme accomplie et admirée de tous. Après tout, elles seraient bientôt parentes puisque Proleva était la compagne du frère de Jondalar. Je pourrais même apporter de quoi faire une bonne infusion, se dit-elle, quelque chose avec des fleurs de tilleul séchées, pour adoucir le breuvage et lui ajouter une saveur agréable.

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  Ils avaient presque fini de creuser la fosse et n’étaient pas mécontents d’avoir terminé. Zelandoni avait invoqué pour eux la protection de la Mère avant qu’ils partent pour le lieu prêt à recevoir le corps de Shevonar, et ils avaient recouvert leurs mains de poudre d’ocre rouge, mais chacun tremblait quand même intérieurement en franchissant la barrière tracée par les poteaux.

  Les quatre fossoyeurs portaient des peaux de bêtes informes et dépourvues de décoration, sortes de couvertures percées en leur milieu pour laisser passer la tête. Une cagoule masquait leur visage, avec des trous pour les yeux, mais pas pour la bouche et le nez, ouvertures corporelles qui auraient invité les Esprits à entrer.

  Cette tenue était destinée à cacher leur identité aux Esprits qui rôdaient peut-être à proximité, en quête d’un corps vivant à investir. Aucun abelan, aucun symbole ne devait révéler qui violait le site sacré et dérangeait les Esprits. Les fossoyeurs ne parlaient pas non plus car le simple son de leur voix aurait pu les trahir. Creuser une fosse mortuaire n’était pas un travail facile, et Joharran avait estimé qu’étant celui qui avait décidé de cette chasse malheureuse, il devait faire partie des fossoyeurs. Il avait choisi pour l’assister ses deux conseillers, Solaban et Rushemar, ainsi que son frère Jondalar.

  Entamer le sol dur avec des pioches de pierre s’avéra très pénible. Le soleil était haut dans le ciel ; ils avaient chaud, ils transpiraient. Ils étouffaient sous leur cagoule de cuir mais aucun ne songea un instant à la retirer. Ils étaient capables d’affronter la charge d’un rhinocéros et de l’esquiver d’un pas de côté au dernier moment, mais il fallait bien plus de courage pour braver les dangers invisibles du site sacré.

  Aucun ne tenant à rester plus longtemps que nécessaire dans l’enclos hanté par les Esprits, ils travaillaient vite, ramassant la terre ameublie par les pioches à l’aide de pelles taillées dans les os plats de gros animaux – omoplates, os pelvien – ou la partie plate des bois palmés d’un mégacéros. Une extrémité avait été aiguisée puis sablée pour obtenir un tranchant qui facilitait le travail : l’autre était attachée à un long manche. Ils déposaient la terre sur des peaux semblables à celles qu’ils portaient afin de pouvoir déblayer ensuite les bords de la fosse et donner de la place aux nombreux Zelandonii qui se presseraient alentour.

  Joharran adressa un signe de tête aux trois autres quand les dernières pelletées de terre furent jetées hors du trou. C’était assez profond. Ils rassemblèrent leurs outils et se hâtèrent de partir. Toujours sans échanger un mot, ils s’éloignèrent des zones habitées pour se rendre en un lieu qu’ils avaient choisi auparavant et qui était peu fréquenté.

  Ils y creusèrent un autre trou, plus petit que le premier, y firent tomber les peaux et les cagoules puis le rebouchèrent. Les pelles et les pioches seraient replacées à l’endroit précis où on les gardait et les fossoyeurs prenaient garde à ce qu’aucune partie des outils ne touchât leur corps nu, excepté leurs mains rougies par l’ocre.

  Ils allèrent dans une petite grotte vers le fond de la vallée, devant laquelle était planté un poteau sculpté portant l’abelan Zelandonii et d’autres marques. Ils remirent les outils à leur place puis repartirent aussitôt, étreignant le poteau à deux mains au passage et murmurant à mi-voix quelques mots pour demander la protection de la Mère. Ils empruntèrent ensuite un sentier sinueux menant à une autre grotte, sur les hauteurs, utilisée principalement par les Zelandonia pour les cérémonies rassemblant les hommes et les jeunes garçons.

  Les six Zelandonia des Cavernes qui avaient pris part à la chasse tragique les y attendaient avec plusieurs acolytes. Ils avaient préparé de l’eau très chaude, presque bouillante, et diverses variétés de plantes contenant de la saponine. La mousse devint rouge en se mêlant à l’ocre quand les fossoyeurs se lavèrent les mains. Puis ils les rincèrent à l’eau chaude, au-dessus d’un trou creusé dans la terre, et les lavèrent de nouveau. Ils curèrent même le dessous de leurs ongles avec de petits bâtons pointus. Après une troisième ablution, les mains furent inspectées et relavées au besoin, jusqu’à ce que chaque Zelandonii fût satisfait.

  Une fois leurs mains purifiées, ils prirent des paniers d’eau chaude, d’autres racines de saponaire et se lavèrent entièrement le corps, cheveux compris. Ce ne fut qu’après avoir été autorisés à remettre leurs vêtements qu’ils respirèrent mieux. Celle qui Était la Première leur donna une coupe d’un breuvage brûlant et amer, leur demanda de se rincer d’abord la bouche, de cracher dans un trou spécialement creusé, puis d’avaler le reste. Ils s’exécutèrent et partirent, soulagés que leur rôle fût terminé. Personne n’aimait se trouver au contact d’une magie aussi puissante.

  En pénétrant chez Joharran, Jondalar et les autres fossoyeurs parlaient à voix basse, encore ébranlés d’avoir rôdé à proximité des Esprits.

  — Ayla est passée, elle te cherchait, dit Proleva à Jondalar. Elle est partie puis elle est revenue avec une infusion délicieuse. Nous avons bavardé un peu, ensuite les autres sont venus discuter de l’organisation du repas. Elle a proposé son aide mais j’ai répondu que Zelandoni avait sans doute d’autres projets pour elle. Il n’y a pas longtemps qu’elle est partie. Je dois y aller, moi aussi. J’ai laissé de la nourriture et de la tisane chaude pour vous dans la pièce à cuire.

  — Ayla t’a dit où elle allait ? demanda Jondalar.

  — Chez ta mère.

  — Merci. Je vais voir ce qu’elle voulait.

  — Mange d’abord quelque chose. Le travail était rude. Il se restaura rapidement puis sortit en disant :

  — Préviens-moi quand les Zelandonia seront prêts, Joharran.

  Il trouva tout le monde assis autour de la table de pierre et buvant le vin de Marthona quand il entra chez elle.

  — Va chercher ta coupe, je vais te servir, lui dit-elle. La journée a été dure et elle n’est pas encore terminée. Nous devrions tous nous reposer un peu.

  — Tu as l’air tout propre, Jondalar, remarqua Ayla.

  — Oui, récuré et content d’avoir fini. Je tiens à prendre ma part du travail mais j’ai horreur de creuser la terre sacrée, fit-il en frissonnant.

  — Je sais ce que tu ressens, dit Willamar.

  — Si tu as creusé, comment se fait-il que tu sois si propre ? s’étonna Ayla.

  — Il a dû se purifier complètement après avoir dérangé les Esprits, expliqua Willamar. Avec de l’eau très chaude et des racines de saponaire, plusieurs fois.

  — Cela me rappelle la source des Losadunaï. Tu t’en souviens, Jondalar ?

  Elle nota le sourire subtil et sensuel qui apparut sur les lèvres de son compagnon et repensa à cet après-midi si agréable près de la source chaude naturelle. Elle détourna les yeux en s’efforçant de ne pas répondre à son sourire.

  — Tu te souviens de cette mousse qu’ils obtenaient avec de la graisse fondue et des cendres ? ajouta-t-elle.

  — Oui, elle nettoyait bien. Elle enlevait tout goût et toute odeur...

  Il ne souriait plus mais elle savait qu’il la taquinait avec ses sous-entendus. Il lui avait dit ce jour-là, quand ils avaient partagé les Plaisirs, qu’il ne sentait même pas le goût de son corps.

  Évitant les regards amoureux de Jondalar et tachant de garder son sérieux, Ayla reprit :

  — Cette mousse pourrait être utile pour les purifications. Des femmes losadunaï m’ont indiqué co
mment la fabriquer, mais c’est compliqué et ça ne marche pas toujours. Je devrais peut-être essayer d’en faire pour le montrer à Zelandoni.

  — Je ne vois pas comment de la graisse et des cendres peuvent nettoyer, objecta Folara.

  — Je ne le croirais pas moi-même si je ne l’avais vu. Quand on les mélange d’une certaine façon il se passe quelque chose. Tu n’as plus de la graisse et des cendres mais autre chose. Il faut ajouter de l’eau aux cendres, les cuire un moment puis laisser refroidir le liquide avant de le filtrer. Il devient très fort, il peut même te donner des ampoules si tu n’y prêtes pas attention. C’est comme du feu, mais sans chaleur. Tu ajoutes ensuite la graisse fondue, la même quantité, et les deux liquides doivent être à peu près aussi chauds que la peau de l’intérieur de ton poignet. Si tu as tout fait bien, tu obtiens en mélangeant une mousse qui nettoie parfaitement. Quand tu la rinces, elle entraîne la saleté. Tu peux même enlever des taches de graisse. Folara exprima son étonnement :

  — Comment quelqu’un a-t-il pu avoir l’idée de mélanger de la graisse et du jus de cendres filtré ?

  — La première fois, c’était le hasard. La femme qui m’en a parlé faisait fondre de la graisse au-dessus d’un feu allumé dans une fosse, dehors, quand il s’est mis à pleuvoir très fort. Elle a couru s’abriter et, quand elle est revenue, la graisse avait débordé dans la fosse pleine de cendres et d’eau de pluie. Pour récupérer la louche de bois dont elle s’était servie et à laquelle elle tenait – il avait fallu longtemps pour la sculpter –, elle a plongé la main dans une mousse glissante, et lorsqu’elle a rincé cette mousse, elle s’est aperçue qu’elle partait facilement et qu’elle laissait sa main et la louche parfaitement propres.

  Ayla ignorait que la lessive obtenue à partir de cendres de bois provoquait, mélangée à de la graisse à une certaine température, une réaction qui donnait du savon. Elle n’avait pas besoin de savoir pourquoi on obtenait une mousse nettoyante, elle constatait simplement qu’on l’obtenait. Ce n’était pas la première fois, et ce ne serait pas la dernière, qu’une découverte était due au hasard.

  — Je suis sûre que Zelandoni serait intéressée, dit Marthona.

  Jondalar n’était pas aussi subtil qu’il le croyait. Elle avait remarqué les regards échangés entre son fils et la jeune femme, et elle tentait d’aider Ayla à maintenir la conversation dans un registre sérieux. Ils assisteraient bientôt à un enterrement, ce n’était guère le moment de penser aux Plaisirs.

  — J’ai aussi découvert quelque chose par hasard en fabriquant du vin, poursuivit-elle. Depuis, il est toujours bon.

  — Tu vas enfin nous révéler ton secret, mère ? dit Jondalar.

  — Quel secret ?

  — Comment t’arranges-tu pour que ton vin soit toujours meilleur que celui des autres et ne tourne jamais à l’aigre ? Elle eut un hochement de tête agacé.

  — Ce n’est pas un secret.

  — Tu n’as jamais expliqué à personne comment tu t’y prends.

  — Je n’étais pas sûre que cela changeait quelque chose. Ou que cela marcherait pour tout le monde. Je ne sais pas pourquoi j’ai essayé la première fois, mais j’avais vu Zelandoni faire la même chose pour l’un de ses remèdes et cela lui donnait une force magique. Je me suis demandé si je ne pouvais pas ajouter aussi un peu de magie à mon vin. Apparemment, c’est efficace.

  — Alors, dis-nous, insista Jondalar. J’ai toujours su que tu ajoutais quelque chose.

  — J’avais vu Zelandoni mâcher des herbes quand elle préparait certains remèdes, alors quand j’ai écrasé des baies pour faire du vin, j’en ai mâché quelques-unes et j’ai craché le jus dans le moût avant qu’il fermente. Je trouve curieux que cela suffise à faire la différence, mais c’est ce qui se passe, semble-t-il.

  — Iza m’a appris que pour certains remèdes, et certains breuvages, il faut mâcher les herbes, confirma Ayla. Peut-être qu’en mélangeant aux baies un peu de jus de bouche, on y ajoute un ingrédient spécial. Elle n’y avait jamais songé auparavant mais c’était possible.

  — J’invoque toujours aussi l’aide de Doni pour que le jus des fruits écrasés se transforme en vin, précisa Marthona. C’est peut-être cela, le vrai secret. Si nous ne demandons pas trop, la Mère nous l’accorde parfois. Cela marchait toujours pour toi quand tu étais petit, Jondalar. Chaque fois que tu voulais vraiment quelque chose et que tu le demandais à Doni, tu l’obtenais. C’est toujours vrai ?

  Jondalar rougit légèrement. Il aurait dû se douter que sa mère le savait.

  — En général, répondit-il en évitant son regard.

  — Est-ce qu’il est arrivé qu’Elle te refuse ce que tu demandais ? le pressa Marthona.

  — Une fois, fit-il, mal à l’aise. Elle le regarda, hocha la tête.

  — J’imagine que tu avais trop demandé et que même la Grande Terre Mère ne pouvait te l’accorder. Je ne crois pas que tu le regrettes, maintenant.

  Tout le monde semblait déconcerté par la conversation assez mystérieuse entre la mère et le fils. Ayla les observa puis comprit soudain que Marthona parlait de Zelandoni, ou plutôt de Zolena.

  — Sais-tu, Ayla, que creuser en terre sacrée est l’unique chose que seuls les hommes peuvent faire ? dit Willamar, changeant de sujet pour mettre fin à ce moment de gêne. Ce serait trop dangereux d’exposer les Élues de Doni à des forces aussi néfastes.

  — Je m’en réjouis, déclara Folara. C’est déjà dur de devoir laver et habiller quelqu’un dont l’esprit est parti. Je déteste ça ! J’étais très contente quand tu m’as demandé de m’occuper de Loup, Ayla. J’ai invité tous mes amis, avec leurs petits frères et sœurs. Loup a rencontré plein de monde.

  — Pas étonnant qu’il soit aussi fatigué, observa Marthona, jetant un coup d’œil à l’animal allongé dans son coin. Moi aussi, je dormirais après une journée pareille.

  — Je ne crois pas qu’il dorme, dit Ayla, qui savait reconnaître les postures de son animal. Tu as raison, cependant, il est fatigué. Il adore les enfants mais ils l’épuisent.

  Tous sursautèrent, bien qu’ils se fussent attendus à ce bruit, quand on frappa doucement près de la paroi de l’entrée.

  — Les Zelandonia sont prêts, annonça la voix de Joharran.

  Ils avalèrent tous les cinq le reste de leur vin et sortirent. Loup les suivit, mais Ayla l’attacha avec sa corde à un poteau solidement planté non loin de la demeure de Marthona pour le laisser à l’écart de la cérémonie à laquelle tous devaient prendre part.

  De nombreux Zelandonii s’étaient déjà regroupés autour de l’abri funéraire. On avait ôté les panneaux afin que tous puissent voir le corps de Shevonar étendu sur la natte et le filet qui seraient plus tard repliés autour de lui. D’abord on le porterait au Champ de Rassemblement, assez vaste pour que tous les habitants des six Cavernes qui avaient pris part à la chasse s’y réunissent.

  Jondalar partit avec son frère et quelques autres peu après l’arrivée de leur groupe. Marthona et Willamar, qui connaissaient leur rôle dans les rites, s’empressèrent de prendre leur place. Ayla ne savait pas quoi faire et se sentait perdue. Elle décida de rester à l’écart et d’observer, en espérant qu’elle ne commettrait aucune bévue.

  Folara présenta à quelques-uns de ses amis – plusieurs jeunes filles et deux jeunes garçons – la femme étrangère que son frère avait ramenée. Ayla bavarda avec eux, ou du moins essaya. Ils avaient déjà entendu tant d’histoires sur son compte qu’ils étaient fort impressionnés. Soit ils avaient la langue liée de timidité, soit ils jacassaient pour compenser. Elle n’entendit pas tout d’abord qu’on l’appelait.

  — Ayla, je crois qu’ils ont besoin de toi, dit Folara en voyant Zelandoni se diriger vers eux.

  — Il va falloir l’excuser, lança la doniate un peu sèchement au groupe d’admirateurs. Elle doit être devant avec les Zelandonia.

  Ayla suivit Zelandoni, laissant derrière elle des jeunes gens plus impressionnés encore. Quand les deux femmes furent à quelque distan
ce, la doniate dit à voix basse :

  — Les Zelandonia ne mangent pas pendant les funérailles. Tu marcheras avec nous, mais tu rejoindras ensuite Jondalar et Marthona pour le repas.

  Ayla ne demanda pas pourquoi elle marcherait avec les Zelandonia et mangerait ensuite avec la famille de Jondalar. Elle n’avait aucune idée de ce qu’on attendait d’elle. Elle se contenta de suivre quand le cortège traversa le pont menant à En-Aval et poursuivit en direction du Champ de Rassemblement.

  Les doniates ne mangeaient pas parce qu’il fallait jeûner pour communiquer avec le Monde d’Après, et la Première savait qu’elle devrait y faire une longue incursion pour prendre contact avec l’esprit de Thonolan. C’était toujours difficile mais elle était désormais habituée. Le jeûne faisait partie de la vie des Zelandonia, et elle ne s’expliquait pas pourquoi elle continuait à grossir alors qu’elle se privait souvent de repas. Peut-être compensait-elle le lendemain mais elle n’avait pas l’impression de manger plus que d’ordinaire. Elle n’ignorait pas qu’aux yeux de beaucoup sa corpulence contribuait à sa présence imposante et à son ascendant spirituel. Le seul inconvénient, c’était qu’elle avait de plus en plus de mal à se mouvoir. Se pencher, gravir une pente, s’asseoir par terre, ou plutôt se relever ensuite, tout devenait difficile, mais la Mère voulait apparemment qu’elle soit énorme, et si c’était Sa volonté, la doniate s’y pliait.

  A en juger par la quantité de nourriture disposée le long de la paroi rocheuse, au fond, loin de l’endroit où se trouvait le corps, de nombreux Zelandonii avaient participé à la préparation du repas.

  Ayla entendit quelqu’un dire : « c’est comme une petite Réunion d’Été », et pensa : Si c’est « petit », à quoi ressemble une vraie Réunion d’Été ? Avec près de deux cents personnes rien que pour la Neuvième Caverne, et presque toutes celles des cinq autres, fortement peuplées elles aussi, elle ne se souviendrait jamais de tout le monde. Elle n’était même pas sûre qu’il y eût assez de mots pour compter autant de gens, et elle ne pouvait en concevoir le nombre qu’en termes de grand troupeau de bisons.

 

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