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Les refuges de pierre

Page 44

by Jean M. Auel


  Utilisant l’épieu comme un levier, elle libéra le gros bloc et sauta en arrière tandis qu’une cascade de pierres recouvrait le mort.

  Lorsqu’ils approchèrent d’un passage entre des masses rocheuses déchiquetées, Ayla mit pied à terre et examina le sol, n’y vit aucun excrément frais. Il n’y avait plus de douleur, le temps avait passé. La jambe avait guéri, il ne restait de la blessure qu’une grande cicatrice. Jondalar descendit lui aussi de Whinney et suivit Ayla, bien qu’il n’eût aucune envie d’être là, elle le savait.

  Elle s’engagea dans le défilé en cul-de-sac puis escalada un rocher qui s’était détaché de la paroi et se dirigea vers l’éboulis occupant le fond.

  — C’est ici, Jondalar, dit-elle en lui tendant une pochette qu’elle venait de tirer de sa tunique.

  Il avait reconnu l’endroit.

  — Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il en prenant la pochette.

  — De la terre rouge. Pour sa tombe.

  Incapable de parler, il se contenta de hocher la tête. Il sentit des larmes lui monter aux yeux et ne fit rien pour les retenir. Il prit une poignée d’ocre rouge qu’il dispersa au-dessus des pierres puis renouvela son geste. Ayla attendit pendant que, les larmes aux yeux, il fixait l’amas de pierres ; quand il pivota pour repartir, elle fit un signe au-dessus de la tombe de Thonalan.

  Ils arrivèrent au défilé jonché de gros rochers aux arêtes vives, y pénétrèrent, attirés par l’éboulis qui se trouvait au fond. Du temps avait encore passé, ils vivaient maintenant chez les Mamutoï et le Camp du Lion s’apprêtait à adopter Ayla. Ils étaient retournés dans sa vallée afin qu’elle y prît certains des objets qu’elle avait fabriqués pour les donner en cadeau à son nouveau peuple. Jondalar, qui se tenait au bas de la pente, aurait souhaité faire quelque chose pour marquer l’emplacement de la tombe de son frère. Peut-être Doni l’avait-Elle déjà trouvé puisqu’Elle l’avait rappelé si tôt à Elle. Mais il savait que Zelandoni tenterait de retrouver l’endroit où reposait l’esprit de Thonalan pour le guider vers le Monde d’Après, si elle le pouvait... Comment lui expliquer l’emplacement précis de ce lieu ? Il ne l’aurait même pas trouvé sans Ayla.

  Il remarqua qu’elle tenait à la main une pochette de cuir semblable à celle qu’elle portait au cou.

  — Tu m’as dit que son esprit doit retourner à Doni, fit-elle. Je ne connais pas les voies de la Grande Terre Mère, je connais seulement le Monde des Esprits des totems du dan. J’ai demandé à mon Lion des Cavernes de guider Thonolan jusque-là. Peut-être est-ce le même monde, peut-être ta Grande Mère en connaît-Elle l’existence, mais le Lion des Cavernes est un totem puissant et ton frère n’est pas sans protection.

  Elle lui tendit la pochette.

  — Je t’ai fabriqué un sac à amulettes. Toi aussi, tu as été choisi par le Lion des Cavernes. Tu n’es pas obligé de le porter autour du cou mais tu dois le garder sur toi. J’y ai mis un morceau d’ocre rouge afin qu’il contienne un peu de ton esprit et un peu de celui de ton totem, mais je crois qu’il faudrait y mettre encore autre chose.

  Jondalar fronça les sourcils. Il ne voulait pas offenser Ayla mais il n’était pas sûr de vouloir porter cette amulette d’un totem du Clan.

  — Tu devrais ramasser une pierre de l’éboulis qui recouvre ton frère. Elle contiendra peut-être un peu de son esprit, que tu pourras rapporter à ton peuple.

  Les plis de perplexité du front de Jondalar se creusèrent un peu plus, puis soudain tout son visage s’éclaira. Bien sûr ! Cette pierre pourrait aider Zelandoni à retrouver ce lieu dans une de ses transes. Les totems du Clan étaient peut-être plus puissants qu’il ne l’avait cru. Après tout, Doni n’avait-elle pas créé les Esprits de tous les animaux ?

  — Oui, dit-il, je garderai ce sac à amulettes, et j’y mettrai une pierre ramassée sur la tombe de Thonolan.

  Il regarda l’éboulis instable de pierres aux arêtes tranchantes accumulées contre la paroi. Soudain, cédant à la force de gravité, l’une d’elles roula sur la pente et s’immobilisa aux pieds de Jondalar. Il la ramassa. A première vue, rien ne la distinguait des autres morceaux de granité et de roche sédimentaire. Mais, lorsqu’il la retourna, il découvrit avec surprise une facette opalescente là où la pierre s’était brisée. Des points d’un rouge ardent scintillaient au cœur du blanc laiteux de la roche, des veines chatoyantes de bleus et de verts dansaient au soleil à chaque mouvement de sa main.

  — Ayla, regarde, dit-il en montrant la facette d’opale de la pierre. A voir l’autre côté, on ne soupçonnerait jamais tant de beauté. On penserait que ce n’est qu’un caillou ordinaire. Mais vois, là où il s’est brisé... Les couleurs semblent provenir de l’intérieur même de la pierre, et elles sont si vives qu’elle paraît presque vivante.

  — Peut-être l’est-elle, ou peut-être est-ce un peu de l’esprit de ton frère, répondit-elle.

  Ayla prit conscience de la chaleur de la main de Jondalar et de la pierre pressée contre sa paume. La chaleur s’accrut, pas assez pour la gêner, assez pour qu’elle s’en aperçoive. Était-ce l’esprit de Thonolan qui essayait d’attirer son attention ? Elle regretta de ne pas l’avoir connu. Tout ce qu’elle avait entendu dire de lui, depuis son arrivée, indiquait qu’il avait été très estimé. Dommage qu’il fût mort si jeune. Jondalar avait souvent répété que c’était Thonolan qui avait envie de voyager. Lui-même n’avait entrepris le Voyage que parce que son frère partait... et parce qu’il ne voulait pas vraiment s’unir à Marona.

  — O Doni, Grande Mère, aide-nous à trouver le chemin de l’autre côté, de Ton monde, ce lieu situé au-delà et cependant à l’intérieur des espaces invisibles de ce monde-ci. Comme la lune expirante enserre la nouvelle lune dans ses bras minces, le Monde des Esprits, de l’inconnu, tient ce monde du tangible, de chair et d’os, d’herbe et de pierre, dans une étreinte que nul n’entrevoit. Mais avec ton aide, on peut le voir, on peut le connaître.

  Ayla entendit la supplique, chantée en une étrange psalmodie étouffée par la femme obèse. Elle commençait à se sentir étourdie, bien que le mot ne rendît pas tout à fait compte de ce qu’elle éprouvait. Elle ferma les yeux, se sentit tomber. Quand elle les rouvrit, des lumières palpitaient à l’intérieur. Elle n’y avait pas vraiment prêté attention en admirant les animaux, mais elle se souvenait d’avoir distingué également des signes et des symboles sur les parois de la grotte, et certains d’entre eux surgissaient maintenant dans ses visions, qu’elle eût les yeux ouverts ou fermés. Elle avait l’impression de choir dans un trou profond, dans un long tunnel sombre, et elle résistait, elle luttait contre cette impression.

  — Ne résiste pas. Laisse-toi aller, lui conseilla la doniate. Nous sommes tous avec toi. Nous te soutiendrons, Doni te protégera. Laisse-La t’emporter où Elle le veut. Écoute la musique, laisse-la t’aider, dis-nous ce que tu vois.

  Ayla plongeait dans le tunnel la tête la première, comme si elle nageait sous l’eau. Les murs du tunnel, de la grotte, se mirent à chatoyer puis parurent se dissoudre. Ayla voyait à travers eux, en eux ; elle découvrit une prairie et, au loin, de nombreux bisons.

  — Je vois des bisons, dit-elle, un troupeau immense sur une vaste plaine.

  Un moment, les murs se solidifièrent de nouveau mais les bisons restèrent. Ils recouvraient les parois là où il y avait eu les mammouths.

  — Ils sont sur les murs, peints en rouge et en noir, avec la forme voulue. Ils sont beaux, parfaits, pleins de vie, comme Jonokol les a représentés. Vous ne les voyez pas ? Regardez, là-bas.

  Les murs fondirent de nouveau ; elle voyait en eux, à travers eux.

  — Ils sont dans une plaine, tout un troupeau, ils se dirigent vers l’enceinte... Non, Shevonar ! Non ! s’écria-t-elle soudain. Pas par là, c’est dangereux !

  Puis, avec tristesse et résignation :

  — C’est trop tard. J’ai tenté tout ce que j’ai pu pour le sauver.

  — La Mère voulait un sacrifice pour que les hommes comprennent qu’eux aussi doivent quelq
uefois faire don d’un des leurs, dit la Première, qui était là-bas avec Ayla. Tu ne peux plus demeurer ici, Shevonar. Tu dois retourner à la Mère, maintenant. Je t’aiderai. Nous t’aiderons. Nous te montrerons le chemin. Viens avec nous, Shevonar. Oui, il fait sombre, mais ne vois-tu pas la lumière devant ? Une lumière éclatante ? Va dans cette direction. La Mère t’attend là-bas.

  Ayla pressa la main chaude de Jondalar. Elle sentait auprès d’eux la forte présence de Zelandoni et celle d’une quatrième personne, la jeune femme à la main molle, Mejera, mais elle était ambiguë, sans consistance. Elle se manifestait de temps à autre avec vigueur puis retombait dans l’incertitude.

  — Le moment est venu, reprit la doniate. Va rejoindre ton frère, Jondalar. Ayla peut t’aider, elle connaît le chemin.

  Ayla sentit la pierre qu’ils tenaient dans leurs mains et pensa à la magnifique facette d’un blanc bleuté piqueté de points rouges. La pierre grandit jusqu’à remplir tout l’espace autour d’elle, et Ayla y plongea. Elle nageait si vite qu’elle volait. Elle filait au-dessus d’un paysage de prairies et de montagnes, de forêts et de rivières, de grandes mers intérieures et de vastes steppes herbeuses, et de la profusion d’espèces animales que ces habitats accueillaient.

  Les autres étaient avec elle, se laissaient mener. Jondalar était le plus proche, et Ayla sentait sa présence, mais aussi celle de la puissante doniate. Celle de l’autre femme était si faible qu’elle la remarquait à peine. Ayla les conduisit directement au défilé sans issue, dans les steppes de l’Est.

  — C’est l’endroit où je l’ai vu, dit-elle. De là, je ne sais plus où aller.

  — Pense à Thonolan, appelle son esprit, dit Zelandoni à Jondalar.

  — Thonolan ! Thonolan ! s’écria-t-il. Je le sens. Je ne sais pas où il est mais je le sens.

  Ayla eut une vision de son compagnon avec quelqu’un d’autre, sans pouvoir distinguer qui. Elle sentit d’autres présences, d’abord quelques-unes, puis un grand nombre, qui les appelaient. De la foule, deux se détachèrent... non, trois. L’une d’elles portait un nouveau-né.

  — Est-ce que tu voyages, est-ce que tu explores toujours, Thonolan ? dit Jondalar.

  Ayla n’entendit pas de réponse mais perçut un rire et eut ensuite le sentiment d’une infinité d’espaces à parcourir et de lieux où aller.

  — Jetamio est avec toi ? continua Jondalar. Et son enfant aussi ?

  Là encore, Ayla ne put discerner les mots mais sentit une vague d’amour émanant de la forme diffuse.

  Ce fut alors la Première qui s’adressa par ses pensées à l’élan du mort :

  — Thonolan, je connais ton goût pour les voyages et l’aventure. Mais la femme qui est avec toi veut retourner à la Mère. Elle t’a suivi uniquement par amour mais elle est prête à partir. Si tu l’aimes, va les chercher, elle et l’enfant. Il est temps, Thonolan. La Grande Terre Mère te réclame.

  Ayla perçut de la confusion, un sentiment d’être perdu.

  — Je te montrerai le chemin, promit la doniate. Suis-moi.

  Ayla se sentit entraînée avec les autres au-dessus d’un paysage qui lui aurait paru familier si les détails n’en étaient pas aussi flous et s’il ne commençait pas à faire sombre. Elle s’agrippait à la chaude main, à sa droite, et sentait, à gauche, une main qui pressait fébrilement la sienne. Une lumière éclatante apparut devant eux, au loin, comme un grand feu, et s’intensifia à mesure qu’ils approchaient. Ils ralentirent.

  — D’ici, tu peux trouver ton chemin, affirma Zelandoni.

  Ayla sentit le soulagement des élan puis la séparation. L’obscurité les cerna ; en l’absence totale de lumière, un silence envahissant les enveloppa. Puis, faiblement, dans un calme anormal, une musique se fit entendre, une mélodie fluctuante de flûtes, de voix et de tambours. Ayla sentit un mouvement. Ils accéléraient de nouveau, mais cette fois cela semblait venir de la main de gauche. Mejera, apeurée, déterminée à regagner leur monde au plus vite, pressait plus fort encore la main d’Ayla et entraînait tout le monde dans son sillage.

  Quand ils s’arrêtèrent, Ayla sentit les deux mains tenant les siennes. Ils étaient de retour dans la grotte, au contact immédiat de la musique. Elle ouvrit les yeux, vit Jondalar, Zelandoni et Mejera. La lampe placée entre eux grésillait ; elle ne contenait presque plus de graisse et une seule mèche brûlait. Dans l’obscurité qui s’étendait au-delà, Ayla vit la flamme d’une lampe bouger, apparemment d’elle-même, et frissonna. Ils étaient assis sur la couverture de cuir, mais à présent, malgré sa tunique, elle se sentait glacée. Sur un signe de Zelandoni, un acolyte apporta une autre lampe, qui remplaça celle qui agonisait.

  Ils se lâchèrent les mains – Ayla et Jondalar gardèrent les leurs unies un battement de cœur ou deux après les autres – et changèrent de position. Celle Qui Était la Première se joignit aux chanteurs et amena la mélodie à son terme. Les Zelandonia allumèrent d’autres lampes, se mirent à bouger. Certains se levèrent, avancèrent de quelques pas.

  — Je voudrais te demander quelque chose, Ayla, dit la doniate. Tu as vu des bisons sur les parois ?

  — Oui. On avait peint sur les mammouths pour les transformer en bisons, coloré la tête et la bosse du dos pour qu’elles ressemblent à la grosse bosse que les bisons ont au garrot. Puis les parois ont disparu et ils sont devenus de vrais bisons. Il y avait d’autres animaux, les chevaux, ainsi que les rennes se faisant face, mais j’ai vu cet endroit comme une caverne de bisons.

  — Je pense que tu as eu cette vision à cause de la récente chasse aux bisons et de ce qui a suivi. Tu étais au cœur de cette tragédie, tu as soigné Shevonar. Mais je crois aussi que ta vision a un sens. Elle signifie que l’Esprit du Bison veut que les Zelandonii cessent de chasser le bison pour le reste de l’été, expiation qui permettra de conjurer le mauvais sort.

  Il y eut des murmures d’assentiment. Les Zelandonia étaient soulagés de savoir qu’ils pouvaient faire quelque chose pour apaiser l’Esprit du Bison et éloigner la malchance que cette mort inattendue laissait présager. Ils informeraient leur Caverne de l’interdiction de la chasse au bison.

  Les acolytes rassemblèrent les objets qu’ils avaient apportés dans la grotte, rallumèrent toutes les lampes pour éclairer le chemin du retour. Le cortège quitta la salle, remonta la galerie dans l’autre sens. Lorsqu’ils parvinrent à la terrasse devant la grotte, le soleil se couchait en un déploiement de rouges ardents, de jaunes et d’ors. Personne ne semblait avoir envie de parler de ce qu’il venait de vivre dans la grotte. Tandis que les Zelandonia quittaient le groupe pour regagner leurs cavernes respectives, Ayla se demandait s’ils avaient éprouvé le même émerveillement qu’elle mais répugnait à aborder le sujet. Même si les questions se bousculaient dans son esprit, elle n’était pas sûre de vouloir connaître les réponses.

  Zelandoni demanda à Jondalar s’il était content d’avoir trouvé l’esprit de son frère et aidé son élan à gagner le Monde d’Après. Il répondit que si Thonolan était content, il l’était aussi, mais Ayla se dit qu’il était surtout soulagé. Il avait fait ce qu’il avait pu, bien que ce ne fût pas facile ; ce souci ne pesait plus sur lui. Lorsque Ayla, Jondalar, Zelandoni et Jonokol parvinrent à la Neuvième Caverne, seuls les points scintillants trouant la nuit et les petites flammes de leurs lampes de pierre et de leurs torches éclairaient leur chemin.

  Ayla et Jondalar étaient tous deux fatigués quand ils arrivèrent chez Marthona. Après avoir salué la famille et réconforté Loup, inquiet de l’absence d’Ayla, ils prirent un repas léger et se couchèrent peu après. Ces dernières journées avaient été difficiles.

  — Je peux t’aider à préparer à manger, ce matin ? proposa Ayla à Marthona.

  Levées les premières, les deux femmes savouraient tranquillement une infusion ensemble pendant que tous les autres dormaient encore.

  — Je te remercie de ton offre, Ayla, mais ce matin, nous sommes tous invités à partager le repas de Joharran et Proleva. Zelandoni est invitée, elle aussi. Proleva fait sou
vent à manger pour elle, et Joharran doit trouver qu’il n’a pas eu vraiment le temps de parler à Jondalar depuis son retour. Je crois qu’il voudrait en savoir plus sur la nouvelle arme.

  A son réveil, Jondalar se rappela la discussion sur les abelan, et l’importance pour Ayla de sentir qu’elle avait trouvé sa place. Comme elle n’avait aucun souvenir de son peuple, plus aucun lien avec celui qui l’avait élevée, c’était compréhensible. Elle avait même quitté les Mamutoï, qui l’avaient adoptée, pour l’accompagner chez les Zelandonii. Cette pensée occupa son esprit pendant le repas avec la famille de Joharran. Toutes les personnes présentes appartenaient aux Zelandonii ; elles étaient de sa famille, de sa Caverne, de son peuple. Sauf Ayla. Certes, ils seraient bientôt unis, mais elle resterait « Ayla des Mamutoï, unie à Jondalar des Zelandonii ».

  Après une discussion avec Joharran sur le lance-sagaie, un échange d’anecdotes de voyage avec Willamar et des remarques de tous sur la Réunion d’Été, la conversation porta sur l’union de Jondalar et d’Ayla aux premières Matrimoniales. Marthona expliqua à la jeune femme qu’il y avait deux séries de cérémonies chaque été. La première, généralement la plus importante, avait lieu le plus tôt possible. La plupart de ceux qui seraient unis ce jour-là avaient pris leurs dispositions depuis longtemps. La seconde, qui se déroulait peu avant le départ, unissait ceux qui avaient décidé pendant la réunion même de nouer le lien. Il y avait aussi deux cérémonies marquant le passage des jeunes filles au statut de femme, l’une peu après leur arrivée, l’autre juste avant la fin de la Réunion d’Été.

  Sur une impulsion, Jondalar interrompit les explications de sa mère :

  — Je voudrais qu’Ayla ait sa place parmi nous. Quand nous serons unis, je voudrais qu’elle soit « Ayla de la Neuvième Caverne des Zelandonii », pas « Ayla des Mamutoï ». Je sais que cette décision appartient d’habitude à la mère, ou à l’homme du foyer de la personne qui veut changer de Caverne ou de peuple, ainsi qu’aux chefs et à la Zelandonia, mais Mamut a laissé Ayla libre de choisir quand elle est partie. Si elle le souhaite, puis-je compter sur ton accord, mère ?

 

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