by Jean M. Auel
— Des racines bouillies et écrasées.
— Ayla, tu veux bien aller prévenir Joharran de ce qui se passe et lui demander de venir ici avec quelque chose pour porter Bologan chez moi ? Et quelqu’un pour l’aider ?
— Oui, bien sûr. Je reviens tout de suite.
L’après-midi touchait à sa fin quand Ayla quitta l’habitation de Zelandoni et se dirigea vers celle du chef de la Caverne afin de l’avertir que Bologan avait repris conscience et semblait assez lucide pour parler.
Joharran l’attendait. Après son départ, Proleva proposa à Ayla :
— Tu veux manger quelque chose ? Tu as passé l’après-midi avec Zelandoni.
Ayla secoua la tête, ouvrit la bouche pour s’excuser mais la compagne de Joharran s’empressa d’ajouter :
— Une tisane, peut-être ? J’en ai préparé une : camomille, lavande et tilleul.
— D’accord, mais il faut que je rentre bientôt.
En sortant sa coupe de son sac, Ayla se demanda si le mélange de plantes avait été suggéré par Zelandoni ou si Proleva savait qu’il était recommandé aux femmes enceintes : sans danger, avec un léger effet calmant. Elle but une gorgée de l’infusion chaude, en savoura le goût.
— Comment va Bologan ? s’enquit la compagne du chef en s’asseyant près d’elle.
— Je pense qu’il s’en sortira. Il a reçu un coup sur la tête, il a saigné abondamment. Je craignais que l’os ne soit fendu, mais les blessures à la tête saignent toujours beaucoup. Nous l’avons nettoyé, nous n’avons pas vu de signe de fêlure mais il a une grosse bosse et des bleus. Il a besoin de repos et de soins, pour le moment. Manifestement, il s’est battu, et il avait bu du barma.
— C’est de cela que Joharran veut lui parler.
— Je me fais plus de souci pour le bébé, reprit Ayla. Il a besoin de téter. Les autres femmes qui nourrissent pourraient lui donner un peu de leur lait. Les femmes du Clan l’ont fait quand... quand le sein de l’une d’elles s’est tari.
Elle s’abstint de préciser que la femme en question, c’était elle. Elle n’avait encore révélé à personne qu’elle avait eu un fils lorsqu’elle vivait avec le Clan.
— J’ai demandé à Lanoga ce qu’elle lui donne, poursuivit-elle. Des racines écrasées. Je sais que des enfants aussi jeunes peuvent manger, mais les bébés ont aussi besoin de lait pour grandir.
— Tu as raison. Je crains que personne ne se soit vraiment soucié de Tremeda et de ses enfants. Nous savons qu’elle ne s’en occupe pas bien, mais ce sont ses enfants, et les gens n’aiment pas se mêler de la vie des autres. Comme c’est difficile de savoir ce qu’il faut faire, la plupart d’entre nous ferment les yeux. Je ne savais même pas qu’elle n’avait plus de lait.
— Pourquoi Laramar n’a-t-il rien dit ?
— Je doute qu’il s’en soit aperçu. Il ne s’intéresse pas aux enfants, sauf à Bologan, de temps en temps. Je ne suis pas certaine qu’il sache combien il en a. Il rentre chez lui uniquement pour manger et dormir. Quelquefois, il ne rentre même pas, ce qui vaut peut-être mieux. Quand ils sont ensemble, Laramar et Tremeda se disputent tout le temps. Ça dégénère souvent en échanges de coups, et invariablement, c’est elle qui a le dessous.
— Pourquoi reste-t-elle avec lui ? Elle pourrait le quitter.
— Pour aller où ? Sa mère est morte et il n’y a jamais eu d’homme dans leur foyer. Tremeda avait un frère plus âgé, mais il est parti avant qu’elle soit grande, d’abord pour une autre Caverne, ensuite plus loin. Personne n’a de ses nouvelles, depuis des années.
— Elle ne pourrait pas trouver un autre homme ? suggéra Ayla.
— Qui voudrait d’elle ? Elle réussit à trouver un homme pour honorer la Mère avec elle lors des fêtes, généralement quelqu’un qui a pris trop de barma ou de champignons, mais ce n’est certes pas une beauté. Et elle a six enfants à nourrir.
— Six ? J’en ai vu quatre, peut-être cinq. Quel âge ont-ils ?
— Bologan est l’aîné. Il doit compter douze années.
— C’est ce que je pensais.
— Lanoga en compte dix. Les autres doivent avoir huit, six et deux ans. Et puis il y a le bébé, qui n’a que quelques lunes, une demi-année environ. Tremeda en a eu un autre, qui aurait quatre ans maintenant, mais il est mort.
— Le bébé mourra aussi, j’en ai peur. Je l’ai examiné, il n’est pas en bonne santé. Je sais que vous partagez la nourriture, mais que deviennent les bébés qui ont besoin de lait ? Les femmes Zelandonii sont-elles prêtes à partager aussi leur lait ?
— S’il s’agissait de quelqu’un d’autre que Tremeda, je n’hésiterais pas à répondre oui.
— Ce bébé n’est pas Tremeda. C’est un nouveau-né sans défense. Si j’avais déjà le mien, je partagerais mon lait, mais le temps qu’il vienne au monde, celui de Tremeda sera peut-être mort. Même quand le tien naîtra, il sera peut-être trop tard.
Proleva baissa la tête, eut un sourire embarrassé.
— Comment le sais-tu ? Je n’en ai encore parlé à personne.
Ce fut au tour d’Ayla de se sentir gênée. Elle n’avait pas voulu se montrer indiscrète. C’était la prérogative de la mère d’annoncer qu’elle attendait un enfant.
— Je suis une guérisseuse, une femme qui soigne, expliqua-t-elle. J’ai aidé des femmes à enfanter, je connais les signes de la grossesse. Je n’avais pas l’intention d’en parler, j’étais juste préoccupée par le bébé.
— Je sais. Cela ne fait rien. Je m’apprêtais à l’annoncer, de toute façon, dit Proleva. (Elle se tut, réfléchit.) Voici ce que nous pourrions faire : je vais réunir les femmes qui ont un nouveau-né ou qui sont sur le point d’accoucher. Chez elles, la quantité de lait ne s’est pas encore ajustée aux besoins de l’enfant, elles en ont trop. Toi et moi, nous essaierons de les convaincre d’aider à nourrir le bébé de Tremeda.
— Si elles sont plusieurs, cela ne prendra que peu à chacune. Le problème, c’est que ce bébé a besoin d’autre chose que de lait. Il lui faut quelqu’un pour s’occuper de lui. Comment Tremeda peut-elle laisser un nourrisson aussi longtemps à une fillette de dix ans ? Sans parler des autres. C’est trop demander à une enfant de cet âge.
— Lanoga s’occupe mieux d’eux que Tremeda.
— Cela ne veut pas dire que quelqu’un d’aussi jeune doit s’en charger. Et Laramar ? Pourquoi ne fait-il rien ? Tremeda est sa compagne, non ? Ce sont les enfants de son foyer, non ?
— Ces questions, nous nous les sommes posées. Nous n’avons pas de réponse. Beaucoup d’entre nous ont parlé à Laramar, y compris Marthona et Joharran. Cela n’a rien changé. Laramar se fiche de ce qu’on peut lui dire. Quoi qu’il fasse, les gens voudront boire de son barma, il le sait. Et Tremeda n’est pas mieux que lui, à sa façon. Elle est si souvent abrutie par le barma qu’elle ne se rend même pas compte de ce qui se passe autour d’elle. Ni lui ni elle ne se soucient des enfants, je ne sais pas pourquoi la Grande Terre Mère continue à lui en donner. Personne ne sait quoi faire.
Il y avait de l’amertume et de la tristesse dans la voix de la compagne du chef. Ayla ne détenait pas de réponse, elle non plus, mais elle savait qu’elle devait agir.
— Nous pouvons au moins parler à ces femmes pour le lait, dit-elle. Ce serait un début. (Elle remit sa coupe dans sa poche, se leva.) Il faut que je parte, maintenant.
En sortant de chez Proleva, elle ne se rendit pas directement chez Zelandoni. Elle s’inquiétait pour Loup et se rendit à l’habitation de Marthona, où elle trouva toute la famille, Loup compris. Il se précipita à sa rencontre, et elle perdit presque l’équilibre lorsqu’il se dressa sur ses pattes de derrière et posa celles de devant sur les épaules de la jeune femme. Elle le laissa saluer à sa manière le chef de la meute en lui léchant le cou et en prenant délicatement sa mâchoire entre ses crocs.
— Je frémis quand il te fait ça, dit Willamar en se levant d’un coussin posé sur le sol.
— Moi aussi, j’étais effrayé au début, reconnut Jondalar. Maintenan
t, j’ai confiance en lui, je n’ai plus peur pour Ayla. Je sais qu’il ne lui fera aucun mal, et j’ai vu ce qu’il est capable de faire à quelqu’un qui se risque à la toucher.
Le Maître du Troc pressa brièvement sa joue droite contre celle d’Ayla. Elle avait appris que c’était une façon de se saluer entre membres d’une même famille ou amis proches.
— Je regrette de ne pas avoir pu venir voir les chevaux avec toi ce matin, s’excusa Folara, l’accueillant de la même manière.
— Tu auras tout le temps d’apprendre à les connaître plus tard, assura Ayla.
Elle pressa sa joue contre celle de Marthona, passa à Jondalar, avec qui le contact fut plus long et plus fort, presque une étreinte.
— Je dois retourner chez Zelandoni, prévint-elle. Je voulais voir si Loup était revenu ici. Je suis contente qu’il l’ait fait : cela signifie qu’il considère cet endroit comme son foyer, même si je n’y suis pas.
— Comment va Bologan ? demanda Marthona.
— Il a repris connaissance, il peut parler.
Ayla hésitait à leur faire part de ses préoccupations quant au bébé de Tremeda. Elle n’était encore qu’une étrangère et ce n’était peut-être pas à elle de soulever la question. Cela pouvait passer pour une critique de la Neuvième Caverne, mais personne ne semblait au courant de la situation et, si elle n’en parlait pas, qui s’en chargerait ?
— J’ai discuté avec Proleva d’une chose qui me tracasse, dit-elle enfin.
— Qu’est-ce qui te tracasse ? s’enquit Marthona.
— Savez-vous que Tremeda n’a plus de lait ? Elle n’est pas rentrée depuis l’enterrement de Shevonar, elle a laissé Lanoga s’occuper seule du bébé et des autres enfants. Cette petite fille n’a que dix ans, elle ne peut pas donner le sein. Le bébé ne mange que des racines écrasées. Comment voulez-vous qu’il se développe, sans lait ? Où est Laramar ? Est-ce qu’il s’en moque ? débita Ayla sans reprendre son souffle.
Jondalar regarda autour de lui. Folara était abasourdie, Willamar un peu surpris, et Marthona prise au dépourvu, ce qu’elle n’appréciait pas. Il retint un sourire en voyant leurs expressions. Il n’était pas étonné, lui, de la réaction d’Ayla envers quelqu’un qui avait besoin d’aide. Laramar, Tremeda et sa famille constituaient depuis longtemps une source d’embarras pour la Neuvième Caverne. La plupart de ses membres évitaient d’en parler, et Ayla venait d’aborder le sujet.
— Proleva ne savait pas que le sein de Tremeda s’était tari, poursuivit-elle. Elle va réunir les femmes qui pourraient apporter leur aide, nous leur parlerons, nous leur expliquerons ce dont le bébé a besoin, nous leur demanderons de donner un peu de leur lait. Elle a pensé que nous pourrions nous adresser à celles qui viennent d’être mères ou à celles qui sont sur le point de l’être. Dans une Caverne aussi grande, elles doivent être nombreuses à pouvoir aider à nourrir ce bébé.
Oui, mais le feront-elles ? se demanda Jondalar, qui croyait savoir à qui revenait cette initiative. Il n’ignorait pas qu’il arrivait à des femmes de donner le sein à d’autres enfants que les leurs, mais c’était en général pour le bébé d’une sœur ou d’une amie proche.
— L’idée me paraît admirable, dit Willamar.
— Si elles sont disposées à accepter, objecta Marthona.
— Pourquoi refuseraient-elles ? repartit Ayla. Les femmes Zelandonii ne laisseraient quand même pas un bébé mourir faute d’un peu de lait ! J’ai promis à Lanoga de retourner là-bas demain matin pour lui apprendre à préparer autre chose que des racines écrasées.
— Qu’est-ce qu’on peut donner à un bébé, à part du lait ? voulut savoir Folara.
— Beaucoup de choses, répondit Ayla. Si tu grattes de la viande cuite, tu obtiens quelque chose de mou qu’un bébé peut manger. Ils peuvent aussi boire le jus dans lequel on a fait bouillir la viande. Des noisettes écrasées avec un peu d’eau, du grain moulu et cuit. On peut faire cuire n’importe quel légume jusqu’à ce qu’il soit mou ; les fruits, il suffit de les presser et d’enlever les pépins. Moi, je verse leur jus sur un bouquet de gratterons frais, leurs épines s’emmêlent, retiennent les pépins. Les bébés peuvent manger presque tout ce que leur mère mange, pourvu que ce soit écrasé.
— Comment sais-tu tout cela ? demanda Folara. Déconcertée, Ayla rougit. Elle ne s’attendait pas à cette question. Elle savait que l’alimentation des bébés ne se limitait pas au sein de la mère parce que Iza lui avait appris à préparer à manger pour Uba, sa fille, lorsque son sein s’était tari. Mais les connaissances d’Ayla en la matière s’étaient enrichies à la mort d’Iza. Anéantie par la perte de la seule mère qu’elle eût connue, Ayla n’avait plus de lait pour son fils. Les autres femmes qui allaitaient avaient toutes nourri Durc mais Ayla avait dû lui apporter d’autres aliments.
Elle n’était pas encore prête à parler de son fils à la famille de Jondalar. Tous venaient de se déclarer prêts à l’accepter parmi les Zelandonii, bien qu’elle eût été élevée par ceux qu’ils appelaient les Têtes Plates et qu’ils considéraient comme des animaux. Ayla n’oublierait jamais la peine qu’elle avait éprouvée devant la première réaction de Jondalar lorsqu’elle lui avait appris qu’elle avait un fils appartenant aux deux peuples, un esprit-mêlé. Étant donné que l’esprit d’un de ceux qu’il prenait pour des animaux s’était mêlé à celui d’Ayla pour faire naître une vie en elle, il l’avait regardée comme une hyène répugnante et l’avait traitée d’abomination. Elle était pire que cet enfant parce qu’elle l’avait engendré. Depuis, Jondalar avait appris à connaître le Clan et ne pensait plus la même chose, mais comment réagirait sa famille, son peuple ?
Ayla réfléchit rapidement. Que dira Marthona si elle apprend que la femme à qui son fils veut s’unir est une abomination ? Ou Willamar, Folara ou bien le reste de la famille ? Ayla regarda Jondalar, et bien qu’elle pût d’habitude deviner ses sentiments et ses pensées à son expression ou à son comportement, elle en fut cette fois incapable.
Elle avait été élevée dans l’idée qu’à une question directe il fallait une réponse directe. Depuis, elle avait appris qu’à la différence du Clan, les Autres, les êtres comme elle, pouvaient affirmer des choses qui n’étaient pas vraies. Ils avaient même un mot pour cela : le mensonge. Un moment, elle envisagea de mentir, mais que dire ? Ils le sentiraient si elle essayait de travestir la vérité ; elle ne savait pas mentir. Tout au plus pouvait-elle mentir par omission, mais il était difficile de ne pas répondre à une question directe.
Ayla avait toujours pensé que le peuple de Jondalar finirait par apprendre l’existence de Durc. Il revenait souvent dans ses pensées, et elle savait que viendrait un moment où elle oublierait d’éviter de prononcer son nom.
— Je sais ce qu’il faut donner à manger aux bébés parce que, peu après la naissance d’Uba, Iza n’a plus eu de lait et qu’elle m’a appris à préparer de la nourriture pour sa fille. Un bébé peut manger tout ce que mange sa mère si on rend les aliments mous et faciles à avaler.
C’était la vérité, mais pas toute la vérité. Elle n’avait pas parlé de son fils.
— Tu fais comme ça, Lanoga, dit Ayla. Tu passes le grattoir sur la viande, pour faire sortir le plus nourrissant et laisser la partie fibreuse. Tu vois ? Essaie, maintenant.
— Qu’est-ce que tu fais ici ?
Ayla sursauta au son de la voix et découvrit Laramar en se retournant.
— Je montre à Lanoga comment préparer à manger pour ce bébé puisque sa mère n’a plus de lait, répondit-elle.
Elle fut presque sûre de voir une expression de surprise passer sur le visage de Laramar. Ainsi, il l’ignorait.
— Pourquoi tu t’occupes de ça ? Tout le monde s’en moque, grommela-t-il.
Toi compris, pensa-t-elle, mais elle retint cette réplique.
— Les gens ne s’en moquent pas, répliqua-t-elle. Ils ne savaient pas. Nous l’avons appris quand Lanoga est allée prévenir Zelandoni que Bologan était blessé.
— Bologan
? Qu’est-ce qu’il a ?
Il y avait cette fois de l’inquiétude dans la voix de Laramar.
Proleva a raison, pensa Ayla, il a un peu d’affection pour l’aîné.
— Il a bu de ton barma et...
— Bu de mon barma ! Où il est ? Je vais lui apprendre à toucher à mon barma ! tempêta l’ivrogne.
— Pas la peine, quelqu’un s’en est chargé. Il s’est battu, quelqu’un l’a frappé violemment à la tête, ou bien il est tombé. Lanoga l’a trouvé chez toi, évanoui, elle a prévenu Zelandoni. C’est chez elle qu’il est maintenant. Il a perdu beaucoup de sang, mais, avec du repos et des soins, il s’en sortira. En attendant, il refuse de dire à Joharran qui l’a frappé.
— Je m’en occupe, je sais comment le faire parler.
— Je ne vis pas dans cette Caverne depuis très longtemps, et je n’ai pas à donner de conseils, mais je pense que tu devrais en discuter d’abord avec Joharran. Il est furieux, il veut savoir qui a fait cela et pourquoi. Bologan a eu de la chance de s’en tirer.
— Tu as raison, tu n’as pas à donner de conseils. Je sais ce que je dois faire.
Ayla garda le silence. Elle ne pouvait rien tenter, excepté en parler à Joharran. Elle se tourna vers la fillette.
— Viens, Lanoga. Prends la petite Lorala, nous partons, dit-elle en soulevant son sac mamutoï.
— Vous allez où ?
— Nager et nous laver avant de rencontrer certaines des femmes qui allaitent ou qui le feront bientôt, pour leur demander une partie de leur lait. Sais-tu où est Tremeda ? Il faudrait qu’elle nous accompagne.
— Elle n’est pas là ?
— Non. Elle a laissé les enfants à Lanoga, elle n’est pas rentrée depuis l’enterrement de Shevonar. Au cas où cela t’intéresserait, le reste des enfants est avec Proleva.
C’était Proleva qui avait suggéré à Ayla de nettoyer un peu Lanoga et le bébé. Les femmes hésiteraient peut-être à serrer contre elles un enfant aussi malpropre, de peur de salir leur bébé.
Comme Lanoga prenait Lorala dans ses bras, Ayla fit signe à Loup, qui observait la scène, tapi derrière un rondin. En voyant l’animal se redresser, Laramar écarquilla les yeux, recula et adressa à l’étrangère un sourire hypocrite.