Les refuges de pierre

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Les refuges de pierre Page 96

by Jean M. Auel


  — Tu dis que tu ne comptais que douze ans quand ton fils est né ? C’est très jeune. La plupart des filles ne sont pas encore des femmes à cet âge.

  — Ce n’était pas jeune pour le Clan. Certaines filles du Clan deviennent femmes à sept ans, et la plupart à dix ans. Les hommes du Clan pensaient que je ne deviendrais jamais femme. Puis ils ont dit que je n’aurais jamais d’enfants, parce que mon totem était trop fort.

  — Tu en as eu un, pourtant.

  Ayla garda un moment le silence, l’air songeuse.

  — Seules les femmes donnent le jour, dit-elle. Mais si c’est le mélange d’esprits qui les féconde, pourquoi Doni a-t-Elle créé les hommes ? Uniquement pour la compagnie ou les Plaisirs ? Je crois qu’il doit y avoir une autre raison. Les femmes peuvent se tenir compagnie, s’entraider – elles peuvent même partager les Plaisirs ensemble.

  « Attaroa des S’Armunaï haïssait les hommes, elle les gardait enfermés. Elle ne leur permettait pas de partager le Don. Les femmes vivaient avec d’autres femmes. Attaroa pensait que, si elle se débarrassait des hommes, les esprits des femmes seraient contraints de se mêler et ne donneraient que des filles, mais ce n’est pas ce qui est arrivé. Si certaines femmes partageaient les Plaisirs ensemble, elles ne pouvaient pas s’accoupler et mêler leurs essences. Très peu d’enfants naissaient.

  — Il en naissait quand même ?

  — Quelques-uns. Ce n’étaient pas tous des filles, et Attaroa avait mutilé deux des garçons. La plupart des femmes ne pensaient pas comme elle. Certaines allaient voir leur ancien compagnon en cachette, avec l’aide de celles qu’Attaroa avait chargées de garder les hommes. Les femmes pourvues d’enfants furent celles qui eurent un homme avec qui partager leur feu le jour où ils furent libérés. C’étaient celles qui étaient unies ou souhaitaient l’être. Elles avaient des enfants parce qu’elles avaient rejoint les hommes la nuit. Ce n’était pas parce qu’elles avaient partagé un foyer assez longtemps avec l’un d’eux pour que son esprit soit choisi. Elles les voyaient rarement, et juste assez longtemps pour s’accoupler. C’était dangereux. Attaroa les aurait fait exécuter si elle l’avait appris. Je suis sûre que c’est l’accouplement qui rend les femmes enceintes. Zelandoni hocha la tête.

  — Ton raisonnement est intéressant, Ayla. Nous, on nous apprend que c’est le mélange d’esprits, et cela semble répondre à la plupart des questions sur l’origine des enfants. Les Zelandonii ne mettent pas cette explication en doute, ils l’acceptent. Toi, tu as eu une enfance différente, tu es plus encline à t’interroger, mais à ta place, je choisirais avec soin ceux à qui je parlerais de mon idée. Certains seraient atterrés. Je me suis moi-même demandé pourquoi Doni avait créé les hommes. C’est vrai que les femmes pourraient prendre soin d’elles et subvenir à leurs besoins si elles le devaient. Je me suis même demandé pourquoi la Mère avait créé des animaux mâles. Les femelles élèvent souvent seules leurs petits. Mâles et femelles ne passent pas beaucoup de temps ensemble, excepté à certaines périodes de l’année, quand ils partagent les Plaisirs.

  Ayla se sentit encouragée à poursuivre son argumentation :

  — Quand j’étais chez les Mamutoï, il y avait un homme du Camp du Lion appelé Ranec qui vivait au foyer de Wymez, le tailleur de silex.

  — Celui dont parle souvent Jondalar ?

  — Oui. Wymez était parti pour un très long Voyage quand il était jeune, il comptait dix années de plus à son retour. Il était allé au sud de la Grande Mer en la contournant par l’est. Il s’était uni à une femme qu’il avait rencontrée là-bas et avait essayé de la ramener, avec son fils, chez les Mamutoï, mais elle était morte en chemin. Seul le fils de sa compagne le suivait à son retour. Wymez m’avait raconté que cette femme et son peuple avaient la peau presque aussi noire que la nuit. Elle avait eu Ranec après leur union, et il était différent de tous les autres enfants de là-bas parce qu’il avait la peau plus claire. A moi, elle paraissait sombre, pourtant, d’un brun presque aussi foncé que le pelage de Rapide, et il avait des cheveux noirs très bouclés.

  — Tu penses que cet homme était de couleur brune parce que sa mère était presque noire et que son compagnon avait la peau claire ? Cela pourrait aussi être dû à un mélange d’esprits, avança Zelandoni.

  — Cela pourrait, admit Ayla. C’est ce que les Mamutoï croyaient, mais si tout le monde là-bas était noir, sauf Wymez, n’y aurait-il pas eu beaucoup plus d’esprits noirs avec lesquels l’esprit de la mère aurait pu se mêler ? Ils étaient unis, ils partageaient forcément les Plaisirs.

  Ayla jeta un coup d’œil à son bébé, revint à la doniate.

  — Il aurait été intéressant de voir quelle couleur auraient eue mes enfants si je m’étais unie à Ranec.

  — C’est à lui que tu devais t’unir ?

  — Il avait des yeux rieurs, dit Ayla en souriant. Il était intelligent, drôle, il me faisait rire, et c’était le meilleur graveur que j’aie jamais vu. Il avait sculpté une donii spéciale pour moi et gravé un dessin de Whinney. Il m’aimait. Il disait qu’il désirait vivre avec moi plus qu’il n’avait jamais désiré quoi que ce soit. Il ne ressemblait à personne, il était différent. Même ses traits étaient différents. Il me fascinait. Si je n’avais pas aimé Jondalar, j’aurais pu aimer Ranec.

  — S’il était tout cela, je ne te le reproche pas, répondit Zelandoni en lui rendant son sourire. Certaines rumeurs font état d’êtres à la peau sombre qui vivraient dans une Caverne au sud, au-delà des montagnes de la côte de la Grande Mer. Un jeune homme et sa mère, dit-on. Je n’y ai jamais cru, on ne sait jamais quelle est la part de vérité dans ces histoires, et cela semblait tellement incroyable... Maintenant, je m’interroge.

  — Ranec ressemble à Wymez, malgré leur couleur et leurs traits différents. Ils ont la même taille, le même corps, et ils marchent exactement de la même façon.

  — Pas besoin d’aller si loin pour trouver des ressemblances, dit Zelandoni. Beaucoup d’enfants ressemblent au compagnon de leur mère, mais il y en a qui ressemblent à d’autres hommes de la Caverne, dont certains connaissent à peine la mère.

  — Cela aurait pu se passer pendant une fête ou une cérémonie pour honorer Doni. Je crois savoir qu’à cette occasion de nombreuses femmes partagent les Plaisirs avec des hommes qui ne sont pas leur compagnon.

  La Première réfléchit en silence.

  — Ayla, ton idée mérite examen et considération. Je ne sais si tu en saisis les implications. Si elle est juste, elle causera des changements que ni toi ni moi ne pouvons imaginer. Une révélation aussi fracassante ne peut venir que de la Zelandonia. Personne ne l’acceptera à moins qu’elle ne vienne de quelqu’un par qui parle la Grande Terre Mère. Avec qui en as-tu déjà discuté ?

  — Uniquement avec Jondalar. Et toi, maintenant.

  — Je suggère que tu n’en dises rien à personne d’autre pour le moment. Je parlerai à Jondalar, je lui ferai comprendre la nécessité de garder le secret.

  Elles se turent, s’abîmèrent un moment dans leurs pensées.

  — Zelandoni, t’es-tu jamais demandé ce que tu ressentirais si tu étais un homme ?

  — C’est une étrange question.

  — Je songeais à ce que Jondalar m’a répondu un jour que je voulais aller chasser, pendant la Réunion d’Été. Il n’était pas d’accord. Je sais que c’était en partie parce qu’il projetait de revenir ici pour construire notre habitation, mais il y avait autre chose. Il a parlé de la nécessité d’avoir un but dans la vie. « A quoi sert un homme si les femmes peuvent aussi subvenir aux besoins de leurs enfants ? » C’est ainsi qu’il l’a formulé. Je n’avais jamais pensé à cela. Quel effet cela me ferait-il de savoir que ma vie n’a pas de sens ?

  — Tu peux même porter l’interrogation plus loin, Ayla. Tu sais que ton rôle est en partie de faire naître la génération suivante, mais à quoi sert-il d’avoir une autre génération ? Quel est le sens de la vie ?

  — Je ne sais pas. Quel est le sens de la vie ?

 
Zelandoni s’esclaffa.

  — Si je pouvais répondre à cette question, je serais l’égale de la Grande Terre Mère. Elle seule connaît la réponse. Beaucoup pensent que nous sommes sur terre pour L’honorer. Peut-être sommes-nous là seulement pour vivre et prendre soin de la génération suivante afin qu’elle puisse vivre à son tour. C’est peut-être la meilleure façon d’honorer Doni. Le Chant de la Mère dit qu’Elle nous a créés parce qu’Elle se sentait seule, qu’Elle voulait qu’on La reconnaisse et qu’on se souvienne d’Elle. D’autres affirment que la vie n’a pas de sens. Je doute qu’on puisse répondre à cette question dans ce monde. Je ne suis même pas sûre qu’on puisse y répondre dans le Monde d’Après.

  — Au moins, les femmes savent que, sans elles, il n’y aurait pas de génération suivante. Mais comment vivre quand on sait que l’on ne sert même pas à cela ? Comment supporter l’idée que la vie se poursuivrait de la même façon, que l’on soit là ou non ?

  — Je n’ai pas eu d’enfants. Dois-je considérer que ma vie n’a pas eu de sens ?

  — Ce n’est pas la même chose. Tu es quand même une femme. Tu appartiens au genre qui donne la vie.

  — Nous sommes tous des êtres humains. Hommes et femmes maintiennent la vie jusqu’à la génération suivante. Les femmes ont autant de garçons que de filles.

  — Justement. Ce sont les femmes qui ont autant de garçons que de filles. Qu’est-ce que les hommes ont à voir là-dedans ? Si tu pensais que toi et ton genre ne contribuez pas à créer une autre génération, te sentirais-tu aussi humaine ? Ou te sentirais-tu moins importante ? Un être inutile, ajouté au dernier moment ?

  Dans le feu de la discussion, Ayla s’était penchée en avant. La Première réfléchit, regardant le visage grave de la jeune femme qui tenait le bébé endormi dans ses bras.

  — Ta place est parmi les Zelandonia, déclara la doniate. Tu argumentes aussi bien que n’importe lequel d’entre eux.

  Ayla se redressa.

  — Je ne veux pas être Zelandoni.

  — Pourquoi ? repartit la Première en la considérant d’un œil attentif.

  — Je veux simplement être une mère, et la compagne de Jondalar.

  — Tu ne souhaites pas continuer à être guérisseuse ? Tu as autant de capacités que les autres, moi comprise. Ayla plissa le front.

  — Si, répondit-elle. Je veux continuer.

  — Tu as aidé quelquefois Mamut dans ses autres tâches, m’as-tu dit. Tu ne les as pas trouvées captivantes ?

  — C’était captivant, concéda Ayla. Mais c’était effrayant, aussi.

  — Cela n’aurait-il pas été plus effrayant si tu avais été seule, et pas du tout préparée ? Ayla tu es la fille du Foyer du Mammouth. Mamut avait une bonne raison de t’adopter. Je la vois ; je crois que tu la vois aussi. Regarde en toi. As-tu déjà été effrayée par quelque chose d’étrange quand tu étais seule ?

  Ayla détourna les yeux pour échapper au regard de Zelandoni mais finit par acquiescer d’un léger hochement de tête.

  — Tu sais qu’il y a quelque chose de différent en toi, poursuivit la doniate. Tu essaies de l’ignorer, de le chasser de ton esprit, mais c’est quelquefois difficile, n’est-ce pas ?

  Ayla leva les yeux. Zelandoni la fixait, la forçant à soutenir son regard comme lors de leur première rencontre.

  — Oui, murmura-t-elle. C’est quelquefois difficile.

  — Personne ne devient Zelandoni sans se sentir appelé, dit l’énorme femme avec douceur. Mais que se passerait-il si tu te sentais appelée sans avoir été préparée ? Ne crois-tu pas qu’il vaudrait mieux acquérir une certaine formation, à tout hasard ? Tu as beau la nier, cette possibilité existe.

  — S’y préparer ne la rendrait-elle pas plus probable ? objecta Ayla.

  — Si. Mais l’expérience pourrait être utile. Je serai franche avec toi. J’ai besoin d’une acolyte. Je n’ai plus tellement d’années devant moi. Je souhaite que celle qui me succédera soit formée par moi. La Neuvième est ma Caverne. Je veux le meilleur pour elle. Je suis la Première parmi Ceux Qui Servent la Grande Terre Mère. Je ne le dis pas souvent mais je ne le suis pas sans raison. Personne ne peut former mieux que moi une personne douée. Tu es douée, Ayla. Peut-être plus douée que moi. Tu pourrais devenir Première.

  — Et Jonokol ?

  — Tu devrais connaître la réponse. Jonokol est un artiste exceptionnel. Il se satisfaisait de rester acolyte. Avant que tu lui montres cette grotte, il n’avait aucune envie d’être Zelandoni. Tu sais bien qu’il sera parti l’été prochain. Il s’installera là-bas dès qu’il aura convaincu la Zelandoni de la Dix-Neuvième Caverne de l’accepter et inventera une excuse pour me quitter. Il veut cette grotte, Ayla, et je pense qu’il doit l’avoir. Non seulement il la rendra belle, mais il y fera vivre le Monde des Esprits.

  — Regarde ça, Ayla ! s’exclama Jondalar en montrant une pointe de sagaie. J’ai chauffé le silex comme le fait Wymez. J’ai su que j’avais réussi quand il s’est refroidi, parce que la pierre était brillante et lisse, presque comme si on l’avait huilée. Je l’ai ensuite retouchée sur les deux faces en utilisant les techniques de pression qu’il a mises au point. Je n’atteins pas encore la même qualité que lui mais avec de la pratique je m’en approcherai peut-être. Cela ouvre toutes sortes de possibilités. Je peux maintenant détacher de longs éclats minces et donc obtenir des pointes presque aussi fines que je le désire ou donner à un couteau un long tranchant droit, sans cette courbure qu’il a toujours quand on commence avec une lame détachée d’un rognon. Je peux même redresser les lames courbes plus facilement en retouchant le bord intérieur aux deux extrémités. Je peux tailler toutes les encoches que je veux. Je peux fabriquer des pointes avec une embase ou une soie pour les emmancher. Tu n’imagines pas la maîtrise que cela me donne ! C’est presque comme si je pliais la pierre à mon gré. Ce Wymez est un génie ! Ayla sourit.

  — Wymez est peut-être un génie mais tu es aussi bon que lui, assura-t-elle.

  — Si seulement c’était vrai ! Il a mis au point le procédé, je me contente de l’imiter. Dommage qu’il vive aussi loin ! En tout cas, je lui suis reconnaissant du temps que j’ai passé auprès de lui. Je regrette que Dalanar ne soit pas ici. Lui aussi devait essayer de chauffer le silex cet hiver, j’aurais aimé pouvoir en discuter avec lui.

  Jondalar examina la lame d’un œil critique puis leva les yeux et sourit à sa compagne.

  — J’oubliais de te dire que j’ai décidé de garder Matagan comme apprenti après cet hiver. Pendant sa visite à la Caverne, j’ai pu juger de ses capacités. J’en ai discuté avec sa mère et son compagnon, et Joharran est d’accord.

  — J’aime bien Matagan. Je suis heureuse de savoir que tu le formeras. Tu as une patience infinie et tu es le meilleur tailleur de silex de la Neuvième Caverne, probablement même de tous les Zelandonii.

  Le compliment le fit sourire. Une compagne fait toujours des comparaisons flatteuses, se dit-il, mais au fond de lui il pensait que c’était peut-être vrai.

  — Tu crois qu’il pourrait loger chez nous ? demanda-t-il.

  — J’en serais contente. Nous avons tellement de place dans la pièce principale que nous pourrions lui en réserver une partie où il installerait sa couche. J’espère que le bébé ne le dérangera pas. Jonayla se réveille encore la nuit.

  — Les jeunes gens ont le sommeil profond. Je suis sûr qu’il ne l’entendra même pas.

  — Je voulais te parler d’une proposition que Zelandoni m’a faite... commença Ayla.

  Jondalar trouva qu’elle paraissait un peu troublée mais se dit que c’était probablement un effet de son imagination.

  — Elle veut que je devienne son acolyte, débita-t-elle d’un trait.

  Il releva soudain la tête.

  — Je ne savais pas que tu songeais à entrer dans la Zelandonia.

  — Je n’y songeais pas, et je ne suis même pas sûre d’y songer maintenant. Elle m’avait déjà dit que j’y avais ma place mais, la première fois qu’elle m’a deman
dé d’être son acolyte, c’était tout de suite après la naissance de Jonayla. Elle a besoin de quelqu’un et j’ai déjà des connaissances dans l’art de guérir. En tout cas, être acolyte n’implique pas nécessairement de devenir un Zelandoni. Jonokol a été acolyte longtemps...

  Elle se tut, baissa les yeux vers les légumes qu’elle coupait. Jondalar s’approcha d’elle et lui releva le menton pour la regarder dans les yeux. Elle avait l’air hésitante.

  — Ayla, tout le monde sait que, si Jonokol est l’acolyte de Zelandoni, c’est en raison de son talent de peintre. Il a l’art de saisir l’Esprit des animaux, Zelandoni a besoin de lui pour les cérémonies. Il ne sera jamais doniate.

  — Si, peut-être. Zelandoni dit qu’il veut rejoindre la Dix-Neuvième Caverne.

  — C’est à cause de cette grotte que tu as trouvée, n’est-ce pas ? S’il quelqu’un doit la décorer, c’est bien lui. Mais si tu deviens acolyte, tu deviendras aussi Zelandoni, non ?

  Ayla demeurait incapable de refuser de répondre à une question directe ou de proférer un mensonge.

  — Je pense qu’un jour je deviendrai Zelandoni, si j’entre dans la Zelandonia. Mais pas tout de suite...

  — C’est ce que tu veux ? Ou Zelandoni a-t-elle réussi à te convaincre d’accepter parce que tu es guérisseuse ?

  — Elle dit que je suis déjà Zelandoni, en un sens. Elle a peut-être raison, je ne sais pas. D’après elle, dans mon intérêt, il vaudrait mieux que je sois formée. Ce serait très dangereux pour moi si je me sentais appelée sans y avoir été préparée.

  Ayla n’avait pas révélé à Jondalar les choses étranges qui lui arrivaient parfois, et cette omission lui pesait comme un mensonge. Elle ne pouvait cependant se résoudre à lui en parler.

  Ce fut à lui d’avoir l’air troublé.

  — Je ne peux pas dire grand-chose, dans un sens ou dans un autre. A toi de choisir, Ayla. Il vaut sans doute mieux que tu sois préparée. Tu ne soupçonnes pas à quel point j’ai eu peur quand Mamut et toi avez fait cet étrange Voyage. Je te croyais morte, j’ai imploré la Grande Mère de te ramener à la vie. Je crois que je n’avais jamais autant supplié... J’espère que tu ne recommenceras pas.

 

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