by Klopmann
– Vous connaissez l'assassin ?
– Pas vous ?
Le ton était sec. Le jeune homme frissonna de plus belle. Il n'aurait pas tué une mouche. On n'allait quand même pas le soupçonner ? Et qu'est-ce que c'était que cette histoire d'assassin ? On lui avait dit que Verrat avait fait une crise d'allergie. Il en perdit ses moyens alors qu'il tentait de s'asseoir correctement, et dut s'y reprendre à deux fois. Solnia ne fut pas long à comprendre qu'il cachait quelque chose. L'ennui, c'est que, jusqu'à preuve du contraire, il y avait mort naturelle. Cela ne collait pas. Que pouvait-il savoir, ce môme, et sur quoi ? Il choisit de mettre le turbo à sa provocation :
– Bon, alors dites-moi. C'est qui l'assassin ?
– Mais, euh, j'en sais rien, moi, bafouilla la bouche juvénile.
Visseur vola à son secours :
– Parce que vous dites qu'il y a eu meurtre ?
– C'est dans l'ordre du possible, fit Solnia qui commençait à aimer la tournure que prenait la conversation.
Joseph Visseur semblait à son tour frappé de stupeur. Grand silence. Les deux observaient les mouvements du commissaire qu'ils voyaient comme dans un ralenti. Solnia essuya ses lunettes Armani sur le pan de sa chemise et, les réajustant, avisa le jeune homme encore déconfit :
– Finissez votre bouquin et vous saurez qui c'est, l'assassin.
Un ange passa. Vlad Solnia partit d'un grand rire.
– Bon, on va au montage ?
Visseur n'en revenait pas. Le style.
Le coordinateur entreprit de précéder le commissaire. Avant de quitter la pièce, celui-ci pivota prestement en dévisageant l'opérateur vidéo, toujours pâle, l'air amorphe, et lui lança d'un ton qui n'appelait pas la réplique :
– Vous êtes complètement brumeux, jeune homme. Pas le genre Camel Light. Vous ne devriez pas, au travail. Et puis, à l'extérieur, tâchez d'être net si vous me croisez !
Visseur jeta un regard assassin au stagiaire qui se détourna. Solnia était dehors. Visseur le rattrapa vite fait :
– Je suis absolument désolé, vraiment.
– Vous êtes son fournisseur ?
– Vous plaisantez ?
– Oui.
– Ah, lâcha Visseur, vexé.
– Vous n'avez pas à être désolé.
– Mais si, quand même. C'est gênant.
– Pas si vous n'êtes pas son fournisseur.
Ils prirent cette fois les escaliers. C'était un vrai labyrinthe. Comme les deux marchaient en silence, Solnia mémorisait le chemin. Réflexe professionnel. Un nouveau couloir découvrit un alignement de portes vitrées, une dizaine, autant de boxes de montage.
– C'est là, annonça inutilement Visseur.
Dans le premier box, un journaliste parlementaire indiquait les coupes à réaliser dans la déclaration d'un député particulièrement énervé. Le monteur fumait la pipe et, repassant plusieurs fois la bande en arrière, tendait l'oreille pour évaluer les opportunités. Elles étaient rares. Les causeurs professionnels et médiatiques connaissent la combine : en général, ils s'abstiennent presque de respirer et font des liaisons justes pour compliquer la tâche de ceux qui oseraient couper leurs divins propos. Et le plus souvent, ça marche. Celui-là posait un vrai problème, avec son verbiage taillé d'un bloc.
Le monteur les toisa, impassible. Le journaliste pensa que Visseur faisait visiter les lieux à un copain, ce qui était fréquent. Ils amenaient tous leurs amis voir les coulisses de la télé. Mais Solnia n'était pas le copain de Visseur. Il commençait même à l'agacer.
Jetant un œil dans chaque box, Solnia finit par repérer, au numéro 08, une monteuse anorexique et lesbienne qui, avec l'assistante de production de vingt ans plus âgée et ressemblant à la couche extérieure de poupées russes, assemblait le sujet suisse « Vendanges de Farinet ». Une voix sortait de l'écran nu. Solnia observait. Tout à son travail, la brindille saphique stoppa le lecteur. Elle essayait de lier un plan difficile à couper dans le rythme.
Les deux hommes restaient dans l'encadrement de la porte. C'est la monteuse qui parla :
– Il est un peu tiré par les cheveux, ce plan. Je préfère l'autre.
– Prends-le quand même, répondit le loukoum de la Volga. L'autre, on en aura besoin plus tard.
Visseur regarda ostensiblement sa montre et lança doucement :
– Je dois retourner à l'aquarium. Je vous présente ou vous venez avec moi ?
Il s'était résigné. L'enquêteur avait encore trois heures à perdre avant de prendre connaissance des premières constatations du légiste et de tenir briefing, avec son équipe. Deux mots magiques, « mort naturelle », et c'en était fini de cette intrusion. Plus qu'à attendre.
– Non, allez-y, monsieur Visseur. J'irai boire un café en haut. Merci, mesdames, lança-t-il, soudain courtois.
Ce policier allait enfin lui lâcher les baskets. Visseur osait à peine croire en sa chance. Il n'avait pas pour vocation d'escorter les casse-pieds, et ce commissaire commençait à lui peser. Le policier boirait son verre, irait flâner dans la maison et, peut-être même – on peut toujours rêver –, rentrerait au poulailler. Une fois le commissaire à la caf', se dit Visseur, il pourrait enfin reprendre le cours normal de sa journée. Il se trompait.
VI
Chemin faisant, sous les palmiers, Vespa s'était replongé dans le film de l'année précédente. Seules les affiches avaient changé. Les abords de la Croisette ressemblaient à Piccadilly Circus. Les drapeaux claquaient au vent léger, la pub envahissait tout et les plateaux de télévision avaient été installés, comme à l'accoutumée, sur les pontons des grands hôtels. Face au Martinez, Vespa avisa celui de General TV mais décida de ne pas s'y rendre tout de suite. La foule massée derrière les barrières applaudissait le début d'un enregistrement : c'était le show de Fabien Anex. Juché sur une poubelle, Vespa fit quelques images avant de reprendre ses pérégrinations sur la longue avenue bordée de palmiers et dominant la plage.
Autrefois, de fausses Anita Ekberg y exposaient chaque jour leur étonnante plastique dans l'espoir d'attirer l'attention de producteurs. Mais le temps des starlettes était passé. Les top-models les avaient remplacées et la mode était encore aux lianes, pour peu de temps, espérait-il. Le reporter reprit son chemin sur le bitume sans même leur jeter un regard et croisa des festivaliers qu'il filma de bon cœur. Les moins connaisseurs, des touristes bardés de badges qu'ils arboraient comme des trophées, croisaient les autres qui, plus expérimentés, cachaient leur regard derrière des Ray Ban censées leur conférer un halo de mystère.
Parfois, une voiture de luxe attirait l'œil en roulant doucement. Il n'y avait pas de festival sans limousines. Les véhicules comptaient pour beaucoup dans la panoplie du paon. De même que nombre de festivaliers sans privilèges portaient le smoking pour le seul plaisir de laisser penser, le soir venu, qu'ils avaient les honneurs du grand escalier alors qu'il n'en était rien, ceux qui vraiment étaient invités aux premières aimaient à se faire déposer par d'imposantes voitures louées. Mus par la crainte de refouler Orson Welles ou le ministre de la Culture – cela s'était produit –, les gendarmes les laissaient arriver comme en parade. Le pape viendrait en bicyclette qu'il serait éconduit. Mais un parasite en Rolls louée avec chauffeur…
Il croisa des marchands de photos, filma les musiciens ukrainiens qui balalaïkaient des airs nostalgiques, cadra le type qui prêchait « Jésus revient », s'amusa des groupies amassées dans l'espoir d'apercevoir une vedette, puis se posa sur la rambarde. Là, bien calé, il attrapa encore, dans son viseur, quelques voiliers superbes qui se faisaient admirer au large des plages. Puis il remarqua, dans l'un des petits pavillons du contrebas, où les baigneurs se restaurent ordinairement, le frou-frou d'une réception mondaine. Vingt-cinq minutes à tirer avant de rejoindre le car de montage, derrière le palais. Juste le temps d'aller faire un tour près du buffet.
Les camions de régies mobiles et les cars de montage étaient parqués dos à la mer, museau collé contre l'arrière du palais, près de l'entrée de se
rvice. Alignés comme des perles, à deux pas d'un village de toile où certains techniciens avaient pris leurs aises, ils constituaient ce par quoi le festival existait : le centre de diffusion des images. Souveraine, la production des films gérait militairement les interventions des artistes chargés, selon l'expression de Simone Signoret, d'« astiquer les cuivres ». Cela faisait partie du contrat.
Le sol était jonché de câbles qu'il valait mieux avoir à l'œil si on ne voulait pas s'étaler. Lunettes dans les cheveux, une femme en jean et chemisier strict prenait des notes sur un petit écritoire, entre deux camions, tandis qu'un quadragénaire bedonnant, en short, sifflait une bière le regard perdu vers la mer. On entendait les aller-retour des bandes sonores qui s'échappaient des cars par les portes latérales que la chaleur, en dépit de l'air conditionné, recommandait de laisser ouvertes.
Vespa observa que BGS, une boîte anglaise, disposait d'une nouvelle régie : un gigantesque camion noir aux lettres d'or devant lequel un réalisateur fluet fumait une cigarette à bout doré. Le dispositif n'attendait plus que le direct. BGS travaillait pour une chaîne concurrente de General TV, dont le plateau réduit, mais luxueux, bordait la piscine du Carlton. Vespa aperçut enfin, à une trentaine de mètres, son car de montage, une occasion qu'il avait rachetée à General TV afin d'assurer son indépendance. Il louait les services de monteurs pour un temps limité, faisait équipe et fournissait ainsi « clés en main » les sujets qui lui assuraient sa réputation, autant qu'un cachet correct. Il avait fait affaire, cette année, avec Babette Loup.
Solide monteuse dans la cinquantaine, Babette Loup avait travaillé sur d'importants longs métrages avant de se retirer dans une sorte d'ashram installé en Californie, où, sous la conduite d'un médecin qui avait viré gourou, elle s'était refait, estimait-elle, une santé mentale. De retour en Europe, elle avait choisi de travailler au coup par coup. L'acuité de son regard et la vivacité de son esprit en faisaient une monteuse très appréciée, d'autant que son caractère agréable n'était jamais pris en défaut. Animée d'un véritable goût de bien faire, c'était une collaboratrice hors pair. Vespa avait eu de la chance de l'engager pour quinze jours. Il s'y était pris très à l'avance et avait déniché pour elle, afin d'achever de la convaincre, un logement charmant dans une petite résidence meublée où elle appréciait sa liberté : elle pouvait même y cuisiner.
– Salut Gino ! fit-elle en l'apercevant, d'un ton enjoué qui lui réjouit le cœur.
– Hi, Babette ! Content de te revoir. Dommage qu'on n'ait pas le temps de se faire des salamalecs. Dis quand même, ça va, ta vie, depuis la dernière fois ?
– Zen, mon vieux. Zen. Il y a des moments pour stresser et d'autres pour se calmer. J'ai monté un documentaire pour Heinz Scholl, c'était l'horreur. Un truc sur Ben Laden. Après, je suis repartie me ressourcer quelques semaines en Californie… À présent, je suis fauchée. En rentrant, j'ai juste eu le temps de faire des news dans un mobile à la conférence d'Athènes, quelques jours. Heureusement que je t'ai maintenant, hein ! C'est mon problème : je me détache de la vie matérielle mais, en même temps, j'y reviens toujours.
– Oh, tu sais, la vie, ça va, ça vient. Et puis, sauf ton respect, c'est assez banal comme situation…
– Je suis au courant, figure-toi. La vie n'est qu'illusion, ce monde est purgatoire, je connais mes classiques. Mais sincèrement, je suis contente de retravailler avec toi. Scholl est un timbré. J'ai besoin d'un peu de sérénité. Au fait, je ne t'ai pas dit ? Je retourne à l'école…
Vespa n'imaginait vraiment pas Babette Loup sur un pupitre à jouer les étudiantes. Elle perçut son étonnement.
– Psychologie du comportement. J'essaie de comprendre mes semblables. Tu sais, je crois que les gens ne se comprennent pas parce qu'ils ne se connaissent pas.
Babette avait ainsi le don de proférer des banalités en prenant un air inspiré. Cela faisait partie de son charme. Cette candeur amusait Vespa, d'autant qu'elle se doublait d'un débordement d'énergie auquel il n'était pas insensible. Il n'y avait pas femme plus douée qu'elle pour remonter le moral. Le sien était encore au beau fixe mais, en cas de déprime, il savait pouvoir compter sur Babette. Il n'avait pas vu son car depuis plusieurs semaines. C'est Babette qui avait pris la route. Il était arrivé, lui, directement de Bruxelles, où une occupation purement alimentaire l'avait accaparé dans les coulisses d'un congrès. Ces retrouvailles le comblaient d'aise.
Bien installée dans un petit fauteuil pliant, Babette était prête à visionner. Vespa avait sorti sa cassette de la caméra, une bande de vingt minutes qu'il s'était arrangé à ne pas charger de plans inutiles. Il n'était pas du genre à filmer interminablement : au montage, surtout dans des conditions un peu précaires, la multiplication des cassettes est toujours source d'ennuis.
– Premier sujet, clap ! plaisanta Babette. On doit faire combien ?
– Deux minutes maxi. On va viser une minute quarante-cinq. Je ne veux pas leur laisser le plaisir de couper.
– On ne respecte pas assez les artistes, professa Babette.
Le temps se resserrant et l'expérience aidant, le duo décida de ne pas relire les images à vitesse normale mais de les passer tout de suite en accéléré. Babette connaissait le style de Vespa. Pilotage automatique, en somme. Tournage sobre, sec et propre – clinique. Seules les interviews méritaient, dans un premier temps, une écoute à vitesse normale. Babette et Vespa prenaient simultanément des notes en relevant des chiffres qui, sur la table de montage, indiquaient le minutage exact de la bande.
– On commence par quoi ?
– Regarde vers 11'35. Le reflet des palmiers sur la Bugatti. On est tout de suite dans le sujet. Je l'aimerais genre kitch et clinquant ; de toute manière, il ne s'est encore rien passé. C'est climatique.
– Climakitch, fit-elle.
Le plan apparut sur l'écran. C'était bien vu, il faisait tout à fait l'affaire. La vieille complicité de la monteuse et du reporter faisait merveille. En quarante minutes le sujet était bouclé, temps record pour un minutage final d'une minute quarante-huit. Plus qu'à rédiger le commentaire. Il écrivait à haute voix, sur un coin de la table de montage, et mettait ses phrases « en bouche » afin de tester leur sonorité. Babette pendant ce temps prenait l'air. Un dirigeable orné du portrait d'Arnold Schwarzenegger traversa un ciel encore bleu. Elle siffla un thé glacé sans s'éloigner du car. Si Vespa était en forme, l'enregistrement ne durerait guère plus que quelques minutes. Lorsque le moustachu refit surface, elle s'approcha de lui et questionna :
– Tout joue ?
– Je crois que c'est bon. Première prise, je n'en reviens pas.
– C'est à quelle heure, la ligne ?
– À 18 heures. On balance depuis le car de Bertrand, comme l'année passée. Il est au courant mais je n'ai pas eu le temps de le voir. C'est à cinquante mètres ; lui non plus n'a pas bougé depuis l'année dernière. Tant mieux.
– Oh, tu sais, tout est assez rigide ici. Tu es passé à ton hôtel ?
– Oui. Sinistre. J'aurais préféré un hospice pour jeunes filles.
– À cause des jeunes filles ? Tu serais peut-être étonné, tu sais.
– Plutôt pour le style. Bon, on y va ? Parce qu'il y a encore du boulot.
– Rentre, si tu veux. Le montage est fait. Je peux mixer et porter la cassette à Bertrand. Ne t'inquiète de rien, je n'oublierai pas.
À vrai dire, c'était une proposition bienvenue. Vespa en avait eu sa dose. Il avait envie d'une bonne douche. Avec Babette, pas de problème, il travaillait en confiance. De toute manière, il ne pouvait rien faire durant le mixage. Il passerait quand même voir Bertrand Sillagy, en allant à l'hôtel. C'est lui qui allait se charger de l'expédition des images vers General TV, par faisceau. Il n'avait jamais commis d'erreur, du moins pas dans la longue histoire de sa collaboration avec Vespa. Confiance.
– S'il y a un pépin, tu m'appelles sur mon portable ? J'ai noté le numéro sur le bloc du car.
– Va te détendre, fit-elle. T'es tendu comme un arc.
–
OK. Je te laisse aussi les rushes mais j'embarque la caisse. (Il appelait sa caméra sa « caisse ».) T'as une cassette vierge, des fois que je tomberais sur la reine d'Angleterre ?
– J'en ai quarante-huit. Tu devrais le savoir, c'est toi qui fais l'inventaire. Sers-toi, elles sont sous la banquette. Tu vois bien que je n'oublie rien !
Les fils s'étaient retendus et la toile tenait : il ne fut pas mécontent de retrouver son petit monde, comme toujours bien au point. À peine s'il avait conscience du fait que, depuis son dernier séjour cannois, une année s'était écoulée. C'était comme s'il n'avait eu qu'à rebrancher la prise. L'accueil que lui fit Bertrand dans le car d'envoi, un peu plus loin, le conforta dans cette idée. Casque d'écoute vissé sur les oreilles, il visionnait un reportage danois auquel il ne comprenait rien – drôle de langue – mais c'était juste pour vérifier le son. Pure routine. En plein boulot, Bertrand avisa du coin de l'œil l'intrus qui, respectueux, avançait à pas de loup.
– Salut, Vespa. J'ai pas le temps maintenant. Ton sujet, c'est bien – il consulta sa planche de liaisons – à 18 heures, n'est-ce pas ?
– Tout juste. C'est Babette qui te portera la cassette.
– Tu lui as dit de venir cinq minutes à l'avance ?
– Tu peux compter sur elle.
– Et je peux te joindre ?
Vespa lui donna le numéro de son portable.
– Je vais à l'hôtel. Elle est en train de mixer. Je vous fais entièrement confiance, aux deux. Je ne te dérange pas plus ; je te laisse à ton cours Berlitz.
Vespa fit un petit signe de la main et, frappé soudain d'un coup de pompe d'après-stress, reprit sa route en direction de l'igloo qui lui servait de refuge.
VII
Vladimir Solniatcheff sirotait son café en observant une scène délassante. Une animatrice de jeux très en vogue, qui faisait parfois la couverture de magazines, racontait deux tables plus loin des blagues cochonnes à un auditoire masculin aux anges. Il avait payé de sa personne pour atteindre la cafétéria. Négligeant les ascenseurs, il avait préféré les escaliers afin de mieux s'imprégner de l'odeur du bunker. Il visualisait les lieux et commençait à comprendre qui travaillait où, ou, plutôt, comment étaient répartis les secteurs. L'exploration lui avait pris une grosse demi-heure qu'il n'avait pas regrettée. Il se sentait comme un gosse dans les coulisses du théâtre d'ombres.