by Klopmann
– Ici, par deux fois, c'est l'inverse qui s'est produit : parfaitement sain pour ce que j'ai pu en voir, le cœur s'est arrêté – ce qui a provoqué la mort – après un début d'étouffement.
– Cause à effet ? scanda Solnia.
– Aucune raison de le penser. Et aucune raison de penser le contraire. Je vous dis cela parce que c'est une curiosité, c'est tout.
– Le problème, c'est que nous ne sommes pas dans un épisode d'Enigma. Il y a deux types à General TV qui sont morts d'une manière vraiment bizarre. Vernes, vous avez fait ce que je vous ai demandé ?
– Bien sûr. J'ai contrôlé l'environnement. Le service d'hygiène n'a rien trouvé. Il y a pas mal d'années, il y a eu un problème d'amiante dans le bunker, mais ce n'est plus qu'un souvenir. Il a fallu démonter tous les planchers et les faux plafonds pour défliquer.
– Défloquer, rectifia le chef en comprimant un sourire.
– Lapsus revelati ! diagnostiqua le médecin qui n'avait jamais fait de latin (il avait pris la filière maths et physique). De toute manière, l'amiante ne tue pas subitement. C'est hautement cancérigène, donc ça développe des maladies évolutives. Nos clients, je le répète, étaient en parfaite santé. Un cancer, à l'autopsie, ça se voit, et il n'y en a pas l'ombre d'une trace.
Solnia n'appréciait pas la digression.
– Continuez, Vernes.
– L'air est salubre quoiqu'un peu chargé – ils ont un diffuseur d'ions – et la climatisation fonctionne ; pas d'émanations, suspectes ou non, rien qu'un sale air conditionné de grand magasin. On a fait passer toutes les surfaces aux révélateurs, les boutons, les machines, tout, mais à part un peu de crasse, rien. Pas de poison de contact, tout est net. On pourrait vendre du sushi sur ces surfaces. On y a passé la nuit.
Vernes, c'était le nippophile de la bande. Il passait ses loisirs à lire des récits du Soleil levant et constituer des petits origamis si savants qu'il pouvait même reproduire des portraits. Épatant. Il pouvait aussi décrire Ran plan par plan. Un fou de cinéma. Debout sur sa gauche, Wolf n'avait aucun atome crochu avec lui et personnifiait plutôt le désordre coquet, la bohème. Un autre style. Des cheveux filasse sur des vêtements toujours gris, choisis en camaïeu, sans faute : pas de gris-rouge avec le gris-jaune, bref une sorte de perfection dans l'abstraction compliquée. Le genre ruelles d'Italie. C'est lui qui s'était tapé le gros du boulot. Les interrogatoires des collègues du défunt, celui qui l'avait trouvé, comment et à quelle heure, la routine. C'était aussi le petit nouveau.
– Rien de spécial ? Un visiteur, par exemple ?
– Aucune anomalie. À 18 heures, il y avait un peu d'engorgement sur les lignes. Des images de Paris – le défilé Prada, ajouta Wolf qui aimait la mode – et d'autres de Cannes, avec la BBC en attente pour le discours de Sir Jeremy sur la fiscalité. Il était seul. La fille qui l'a découvert devait aller monter la météo et passait seulement pour dire bonjour.
– Qui ça ?
– Françoise Bolle. Une auxiliaire. Très proche de Visseur, à ce qu'on dit.
– Bibliquement ?
– À pleines dents, la pomme. En fait, ils ne se cachaient pas. Évidemment, ça tombait mal parce qu'elle a fait une crise de nerfs. Du coup, tout l'étage a rappliqué.
– De sorte que c'était la bousculade ?
– Effectivement. Et n'importe qui aurait pu retirer n'importe quoi, ajouta Wolf à l'attention de Vernes. Un inhalateur, n'importe quoi.
– Il n'a rien inhalé d'anormal, objecta le médecin.
Solnia lui coupa la parole :
– C'était qui, ce Visseur ?
La question s'adressait à Véro. Véronique Blanche, c'était la biographe du groupe. La quarantaine joyeuse, licence de psycho en poche, elle n'avait pas son pareil pour fouiller les archives et sonder les personnalités. Elle mêlait les faits et les hypothèses, et dressait, mi-psychologiques et mi-signalétiques, d'habiles portraits des macchabées du département. Pas une profileuse genre série télé américaine – pas encore dans les mœurs –, mais une psychologue, ça pour sûr. C'est fou ce qu'on peut se tromper en regardant un mort. On lui prête une vie et, en creusant, on découvre que ce n'est pas du tout ça. Dans les placards des cadavres, il y a souvent d'autres cadavres. La vie, quoi. Son boulot, dans l'équipe, sinon en titre, c'était de raconter les comportements. Pas seulement les faits.
– Un type assez transparent, ce Visseur. Sa famille, c'était General TV. Douze ans de boîte, une réputation de pipelette et un profil plutôt bon pote ; d'excellents états de service. Il était bon nageur, voyageur style plan-plan – l'exotisme mais dans de bons hôtels –, et il avait visité le Kazakhstan durant l'hiver. Il sortait beaucoup : boîtes, concerts squatts, cinémas… Joueur d'échecs, aussi.
– Un joueur d'échecs n'est jamais transparent. C'est opaque, un joueur d'échecs. Mauvais pour lui.
– Laissez-la terminer, toubib.
– Appartement confortable, branché mais sans luxe, des tonnes de BD et un répertoire sans grande audace côté CD : Mozart et Vivaldi, les Beatles, Bruce Springsteen, Elton John… Pas même un petit Miles. Peu de livres mais des dictionnaires, et une série d'encyclopédies d'art probablement achetée sur publicité ; vous savez, le premier volume gratuit et ensuite on en reçoit un par mois. Elles n'ont pas l'air d'avoir été souvent ouvertes. Ordonné, l'homme. Tout était bien rangé. Il a mis une clé au bout de son tube dentifrice, pour ne rien perdre. Deux brosses à dents, et une boîte de tampons sous le lavabo de la salle de bains… Françoise Bolle, ou une autre, devait y avoir ses aises. On ne laisse pas ses tampons traîner chez un amant de passage. Ah, une chose encore : du Drenyl dans la pharmacie.
– Traitement de l'anxiété, précisa le praticien qui savait que, sur ce terrain, Solnia ne l'interromprait pas.
– En somme, les deux morts sont des gens sans histoires ?
– L'autre était musicien. Aucun rapport. Pas d'amis communs, semble-t-il ; du moins à lire leurs agendas.
– Vous avez fait ça ? demanda le médecin. C'est très indiscret.
– Pas plus que de lire dans les boyaux. Et puis, c'est plus parlant, glissa Solnia, retors.
– C'est intéressant, le Drenyl, remarqua Vernes. Parce que l'un des deux, je ne sais plus lequel (il consulta son carnet) était en thérapie. Ah ! Visseur, justement.
– Coïncidence, docteur ?
– Sans doute. C'est un produit très courant qu'on administre suite à une dépression.
Vernes feuilleta à nouveau son calepin.
– Effectivement, il était en thérapie chez Tadeusz Borowczyk.
– Ah oui, la star des médias.
– Je sais. Ce soir, c'est l'invité de Médecine santé.
Solnia s'était posé sur son armoire basse, à côté du matériel audiovisuel.
– Tout colle, fit Véro qui commençait aussi à avoir envie de s'asseoir. Tout colle parce que justement, cette nuit – le chef du personnel n'était pas content du tout –, je me suis fait sortir le dossier de Visseur : il a fait une déprime de six mois il y a bientôt deux ans. Tous symptômes disparus, disait la note. Je résume.
– De qui, la note ?
– De son patron, Dauteuil, je crois, fit Véronique Blanche. Et c'était contresigné par le chef du personnel.
– Depassy, rectifia le commissaire.
– On a un point commun ! s'exclama Georges Béroud, le plus vieux, pilote expert et enquêteur méticuleux.
Homme de peu d'imagination, il n'ouvrait pas la bouche d'habitude, se contentant d'enregistrer les instructions qu'il appliquait ensuite à la lettre. Le coursier parfait. Tous les regards se tournèrent vers lui.
– L'autre aussi déprimait. C'est son batteur qui me l'a dit. Il loupait les répétitions quand il broyait du noir. Parce que le monde est moche, disait-il.
– Pour ça, il était aux premières loges.
– L'autre aussi.
– Pas très original, tout ça. Bon, deux déprimes et un traitement semblable. And so what ?
Solnia en avait assez entendu. Il allai
t congédier la petite troupe et la mettre sur le terrain, le temps de clarifier ses idées. C'était bien décousu, tout ça. Il jeta un coup d'œil à sa montre – 9 h 45 – et distribua les devoirs.
– Merci à tous. Docteur, n'oubliez pas mes poisons. Véro, vous me creusez les traitements médicamenteux. Béroud, je veux tout savoir de leurs faits et gestes ces derniers jours. Faites ça avec Wolf. Au fait, Wolf, n'oubliez pas de me donner la déposition de la copine de Visseur, celle qui l'a trouvé. Et l'autre, ce Verrat, il en a une, de copine ?
– Aucune idée. La première fois, on n'est pas vraiment partis dans cette direction.
– Bon, regardez. Vous, Vernes, vous allez camper au journal. Faites des interviews. Officiellement, vous prenez des dépositions ; commencez par les chefs. Pas tous, parce que vous en auriez pour des années ; mais je veux qu'ils se sentent importants. Valorisez-les, flattez-les… Ils adorent ça ! Qu'ils croient que l'enquête n'avancera pas sans eux. Mais n'oubliez pas qu'en réalité c'est surtout radio-couloirs qui m'intéresse… Je veux tous les bruits, toutes les rumeurs. Les pachas, vous me les triez, mais les ragots, je les veux tous à plat ! J'ai l'impression que tant qu'on ne sait pas où ça brûle, on ferait bien de renifler les fumées.
– Et vous, Vladimir ?
C'était Véro. Elle était la seule à lui donner du prénom complet. Les autres préféraient Vlad. Ils devaient trouver cela plus viril. Solnia avait proscrit depuis longtemps les appellations usuelles, « chef » ou « patron », à ses yeux parures et défenses des faibles. Il comptait, lui, sur son autorité naturelle et sur sa manie du vouvoiement pour marquer la distance que ses rides juvéniles ne permettaient pas d'établir.
– Moi ? Eh bien, je vais regarder la télé…
Il voulait visionner quelques cassettes, histoire de se mettre dans la peau des morts. Parce qu'il n'y avait pas que cette histoire de traitement post-déprime… D'ailleurs, lui aussi prenait parfois du Drenyl. Mais c'était un de ses petits secrets, car sa santé ne regardait que lui. L'autre point commun, celui qui l'intéressait, c'était que tous ingurgitaient des news toute la journée. Solnia voulait voir personnellement quel effet ça faisait. Il leva le camp d'une phrase tranchante et précéda les autres en direction, d'abord, de la machine à café.
De retour dans sa niche et renversé en arrière dans son fauteuil de cuir bon marché, les pieds sur l'armoire basse, il commença par une cassette de matière première, les images brutes. Il se passa ensuite l'enregistrement du journal qu'il n'avait pas vu. Sur le plateau, le ministre des Finances tentait d'expliquer qu'il n'y aurait pas d'impôt nouveau mais des taxes. Les journalistes avaient préparé de méchantes petites questions pour le contraindre à expliquer la nuance. Puis la guerre en Palvonie. Encore des réfugiés. Le HCR ne savait plus où donner de la tête. À propos, celle du journaliste qui faisait son speech en parka aurait pu être coiffée… Il dormait sûrement dans un quatre-étoiles, lui.
Au fond, se dit le flic, pour qu'une guerre existe, il faut des généraux mais aussi des reporters… Pas d'images, pas d'attention : guerre oubliée. Qui se soucie encore du Jiristan occidental ? Vingt ans qu'on s'y mitraille par clans. Les journalistes s'en sont lassés et on n'en entend plus parler, sauf quand un réfugié se fait pincer à la frontière.
En Palvonie, le journaliste aux cheveux explosés, très correspondant de guerre – sauf qu'il était juste là pour trois jours – s'était fait filmer devant un char d'assaut. Un char loyaliste. Pourquoi loyaliste et pas indépendantiste ? Sont-ils témoins ou sont-ils complices quand ils filment depuis les lignes de l'un des camps ? Perplexe, Solnia débattit avec lui-même. Tu mènes une guerre de « libération », tu ratisses des champs de mines, tu prends en otages les passagers d'un bateau, s'il n'y a pas de caméra, tu n'existes pas. Alors, tu convoques, choisis, filtres les journalistes, et puis tu finis par maîtriser l'image. Peu importe ce qu'ils en diront, puisqu'ils l'auront montrée, ta guerre. Solnia commençait de comprendre quelques mécanismes. Ensuite : à Cannes, l'hommage à Kurosawa. Tiens, ça plairait à Vernes, se dit-il. Ce Vespa racontait ça très bien. Puis la météo. Présentation parfaite, Dimitri Antoine masquait parfaitement l'émotion qu'il avait dû subir aussi, avec ce mort qui avait remué tout le monde.
C'était un Belge qui était « monté à Paris », formule idiote, géographiquement. Une vedette. L'œil bleu et perçant, la cinquantaine sportive, il maîtrisait ses pupilles jusqu'à donner l'impression de parler à un ami, alors qu'en fait il lisait son texte au prompteur face à un robot. Et lui, je le retrouverai tout cramoisi demain ? Solnia s'extrayait de son cuir, la mine insatisfaite. Il n'avait cessé de se faire des remarques in petto et, finalement, n'avait rien ressenti du tout. Dans ces cas-là, il n'y avait qu'une chose à faire. Marcher, puis boire un thé chez Bovet. Lire Le Monde et Le Figaro, potions équilibrées, et le mercredi Le Canard enchaîné (sa petite horloge interne le lui rappelait toujours). Attendre que ses limiers aient pu commencer vraiment, avant de les harceler. Ou peut-être aller au cinéma ? Après tout, on ne parle que de ça. Il pivota et pressa une touche de l'interphone.
– Vernes ?
– Oui ?
– Il faut voir quoi, au cinéma ?
– Aujourd'hui ?
– Aujourd'hui.
– Vous préférez le cinéma à la télé ?
– Oui.
– Et vous voulez aller au cinéma… maintenant ?
– Bon, vous n'avez pas envie de m'aider.
Solnia laissait ainsi imaginer qu'il nourrissait un plan secret. L'autre tomba dans le panneau :
– Bien sûr que je veux vous aider. N'importe quel genre, le film ?
– Un bon.
– Allez voir Citizen Kane. On le donne en alternance avec L'Atalante au Studio rétro. Kane, c'est d'Orson Welles. Une histoire de pouvoir et de fragilité. Vous aimerez. L'autre, L'Atalante, c'est de Jean Vigo. Un génie qui, en 1934…
Solnia coupa court :
– Avec qui ?
– Michel Simon. Prodigieux, surtout quand il dit : « Ah ! Shanghai, Yokohama… » Un Suisse que les Français disent français, puisqu'il est prodigieux.
– Connais pas. Welles m'intéresse plus.
– Le découpage est formidable. Vous savez, au cinéma, c'est comme dans la vie : tout est dans l'image et dans l'esprit.
Dans l'image et dans l'esprit. Puisque les images d'actualité n'avaient pas parlé à Solnia, restait l'esprit. Il lui fallait en savoir plus sur Visseur et Verrat.
– Vernes ?
– Toujours là.
– Merci du coup de main. Dites à Véro de forcer sur le profil psychologique. C'est important. Je vous assure que vous m'avez aidé !
Et il raccrocha.
IX
Huit cerbères encadraient l'entrée du Xanadu. Il y avait foule. Vespa venait de quitter une sieste réparatrice et avait déjà téléphoné à General TV, s'assurant que son sujet était passé et qu'il avait été apprécié. Incapable de donner la moindre indication précise quant au contenu du suivant, il décida d'avaler un café sur la terrasse d'à côté afin de reprendre ses esprits. Il avait mis en boîte deux interviews et collecté des extraits de films diffusables sans droits, mais tout cela ne faisait pas son beurre. Il s'était un peu fâché avec un producteur du journal qui aurait voulu connaître les détails de sa prochaine intervention et ça lui avait mis les nerfs en boule. Son sujet suivant, il n'en avait pas la moindre idée. Il plaida :
– Tu sais, on avance un peu au pifomètre. Cet après-midi, il y a une réception hyper-chic. Je vais essayer de m'infiltrer et je te tiendrai au courant. Si ça foire, j'ai des cartes de rechange. La première de Redford, par exemple. Je suis invité. Ou le congrès Psychiatrie et Cinéma : c'est un peu incongru, non ? Ils se passent des films érotiques pour en étudier l'impact sur la société de 1897 à nos jours, disséquer le rôle des images dans l'évolution de la pensée et des mœurs ; ils analysent perversion et tabou, et dissertent sur le sexe des anges. Des vieux profs qui se parlent cul sous couvert d'un travail académique… C'est très porteu
r, non ?
– Donc, tu n'es pas décidé. Et je leur dis quoi, aux autres ?
– Que je bosse.
– Sous les palmiers, ouais !
Vespa détestait ce genre d'allusions. Il se savait envié mais n'avait pas volé ses privilèges. Un festival, c'était éprouvant. Cependant, il ne fallait pas trop tirer sur cette corde-là : on ne le croirait pas.
– Et nous pendant ce temps, on a des morts à la rédaction ! Tu te rends compte ?
Le reporter fut rapidement informé des remous au bunker. Bertrand ou Babette avaient peut-être eu des contacts avec eux. Il leur raconterait. Le café éclusé, Vespa – qui savait switcher mentalement pour changer de monde – reprit son observation des gorilles du Xanadu. Il n'aurait pas la tâche facile. Les monstres effectuaient deux contrôles des cartes d'invitation et les accréditations au festival ne servaient à rien : c'était une soirée privée organisée par la Paramount. La rumeur racontait que la famille White au grand complet y serait pour lancer sa nouvelle société, Basic Business. Il lui fallait absolument entrer : il y aurait tout le gratin. Dépliant la petite antenne de son portable, il passa un coup de sans-fil. Il avait noté le numéro sur son agenda festivalier et composa le 67 89 41…
– Passez-moi Maggie Blum, je vous prie. Vespa. Oui, j'attends, merci.
Il pouvait toujours essayer.
– Allô ?
Elle était là. Il ne s'agissait pas de flancher.
– Salut ma belle ! Vespa. Alors, ça boume, les mecs ?
– Si tu crois que j'ai le temps ! Bon, je suis contente de t'entendre mais je te vois venir : t'as quelque chose à demander. On ne s'est pas vus depuis Berlin…
– Justement : j'ai envie de te voir. Dis-moi, ça te dirait de m'accompagner au Xanadu ? C'est la réception des White aujourd'hui.
– Je suis au courant, figure-toi. Mon bôoss est furâax parce qu'il n'a pas reçu d'invitation.
– Justement : ça te dirait d'y aller, toi ?
– T'as une câarte ? fit-elle de son français parfait de l'université de Boston, plein d'accents circonflexes sur les a et les o.