by Klopmann
La bouche gourmande, le médecin se tenait toujours là.
– Un peu, oui, pas grand-chose. Mes collègues m'ont raconté.
– Figurez-vous que je vais participer à l'enquête.
– J'en suis ravi pour vous, siffla Vespa qui s'en fichait royalement.
Il en rajouta une couche :
– Enfin, j'espère que le commissaire de police qui est là, à Cannes, ne se posera pas trop de questions, souffla Borowczyk dans un grand éclat de rire.
– Un commissaire de police à Cannes pour l'affaire de General TV ? s'inquiéta Vespa.
– Parfaitement. Mais rien d'officiel, notez. Il est venu pour me voir car je connais un peu l'âme humaine. Et General TV, accessoirement.
– C'est vrai que c'est curieux…
– Quoi donc ?
– Ces morts simultanées. Ici et là-bas. Des gens de télé… Vous savez bien : il y a eu aussi un curieux meurtre, au festival…
– Vous feriez bien de vous méfier ! lança Borowczyk en gratifiant Vespa d'une bourrade paternaliste.
Tandis que le psy s'éloignait, Vespa acheva de ficeler son paquetage d'un air soucieux. Il lista ce qu'il lui restait à faire : visionner les rushes de l'interview, sélectionner des plans d'ambiance et les vues panoramiques du congrès, mettre de côté une série de gros et moyens plans pour masquer les coupes, signer les décharges de droits pour les extraits de films illustrant le propos, se débrouiller pour qu'il n'y ait rien dans l'image qui soit plus provocant qu'une paire de seins, monter le tout – ah, téléphoner à Babette ! –, puis préparer son commentaire…
Il était 17 h 58 lorsque John Wood s'empara de la cassette que lui remit Babette Loup. Elle avait achevé seule le mixage, tandis que Vespa contemplait à l'extérieur la mer que des nuages agressifs commençaient de recouvrir par petits moutons.
Puis elle avait prié le journaliste de l'accompagner, ce qu'il ne put refuser ; et c'est ensemble qu'ils arrivèrent près du car Mobilnews. Vespa avait bien tenté de faire tomber la corvée sur les épaules de sa monteuse, mais, de toute évidence, Babette n'avait pas plus envie que lui d'être confrontée seule à John. John Wood n'était pas beau à voir. C'est peu dire qu'il n'avait pas la tête des grands jours : les effets d'une bonne éducation contenaient sa rage mêlée de perplexité, mais les cernes violets qui lui sciaient le visage ne laissaient aucun doute sur son désarroi.
– Cannes, General TV ? fit une voix dans le haut-parleur.
18 heures pile.
– On est prêts, clama Vespa au mépris des convenances, car c'était le royaume de Wood.
– C'est toi, Vespa ? John est avec toi ?
– T'inquiète pas. John, Babette, moi… On est en famille.
– Prêts pour l'injection ? reprit Wood.
– Prêts. Dis, Vespa, t'es au courant pour Marreux ?
– Il est nommé ?
– Tout juste ! Et ça fait un sacré bordel… C'est plus l'aquarium, ici, c'est le Titanic !
– On travaille, on travaille ! rappela à l'ordre John Wood qui avait un horaire à tenir.
Babette s'était posée sur le marchepied et cuvait son Frigolet. L'élixir du père Gaucher existait donc, celui que le conte de Daudet vantait si bien (elle avait écouté cent fois les Lettres de mon moulin lues par Fernandel et précieusement gravées sur de vieux 33-tours) ; un alcool doux et paradisiaque qu'une abbaye de Provence produisait encore, celle des Prémontrés. Elle en avait déniché une bouteille chez un marchand de Cannes – « Uneuh merveilleuh de la Provâan-ce ! » avait-il juré d'un accent chantant – dont l'enthousiasme n'avait rien d'excessif : c'était divin. « Buvez ceci, mon voisin ; vous m'en direz des nouvelles… » La poésie de Daudet lui revenait aux oreilles. Ne manquaient que les cigales, planquées, muettes à l'approche de la pluie. « Et, goutte à goutte, avec le soin minutieux d'un lapidaire comptant des perles, le curé de Graveson me versa deux doigts d'une liqueur verte, dorée, chaude, étincelante, exquise… J'en eus l'estomac tout ensoleillé. » Un liquide chaud coulait dans ses veines ; elle bronzait de l'intérieur.
– Vous êtes là, Cannes ? fit la voix.
Évidemment qu'ils étaient là.
– On bronze !
– Et on mate…
– On fout rien.
– Petits veinards. Bon, il est OK, votre sujet. Il est passé. On raccroche.
– OK, merci ! confirma John Wood.
Terrassée par l'alcool et le soleil, Babette s'était endormie. Vespa la prit délicatement dans les bras, cherchant à la réveiller tout en douceur, lorsqu'elle s'agrippa à lui d'un air enfantin.
– Aide-moi…
Il la souleva légèrement par le bassin, tira sa main gauche d'un geste preste et l'entoura tandis qu'elle achevait de se remettre sur pattes. Vespa crut sentir sur son cou le souffle des lèvres de Babette. Il la regarda droit dans les yeux.
– Tout va bien ?
– Je n'ai pas envie d'être seule, implora-t-elle.
XXIX
Le capitaine Ventura cherchait toujours. Le poignard de Tolède, un ouvre-lettres, ne provenait pas d'un magasin local ; il les avait tous visités. Il ruminait à cette étrange manière d'employer un objet de papeterie comme un scalpel, chirurgicalement, d'un trait… Et cette Allemande qui savait manier le bistouri ! Le coup de l'oubli éthylique, on le lui avait déjà fait et Méphisto n'y croyait guère. L'expérience de ses propres cuites, assez fréquentes, lui enseignait qu'il serait incapable, lui, de parler aussi précisément que cette Allemande au moment de dessoûler. Son assurance ne cadrait pas. Son témoignage avait été recoupé, et alors ? Il y avait ses empreintes. Elle-même ne contestait pas qu'après sa soirée à rallonge elle s'était trouvée au bon endroit au bon moment. Sauf que si elle était bourrée, elle n'aurait pu frapper juste au cœur. Aurait-elle bu… après ? Cette insistance à vouloir se montrer dans un tel état au concierge de l'hôtel ne cadrait vraiment pas. Il avait interrogé une à une toutes ses relations de travail, y compris une rousse qui se trouvait avec un journaliste dans une salle de projection au moment du meurtre – un journaliste qui en fait n'y était pas –, et la perplexité striait son haut front de barres profondes, des sourcils à la base de son crâne dégarni.
Au même moment, Vlad Solnia se promenait autour du car de Mobilnews avec la nonchalance d'un festivalier qui aurait franchi sans droit le barrage de police, et saisit au vol un baiser furtif qui le mit en joie. Il avait décidé de flâner un peu, de traverser le village TV avant de rejoindre Borowczyk, de fureter sans en avoir l'air, par curiosité autant que par déformation professionnelle, bref de gamberger en solitaire. Il commençait à regretter cette virée. Qu'est-ce qui lui avait pris de vouloir interroger lui-même le psychiatre plutôt que d'envoyer un adjoint ?
Le profil des victimes s'imposait finalement assez clairement. Rien de commun, sinon le lieu de travail. Mais cette histoire d'étouffements le tarabustait : rien de commun dans les mémoires des ordinateurs de la police. Dans sa tête, une petite voix lui disait qu'on cherchait à l'égarer. Des faits, des preuves ? Négatif, sauf que c'était une drôle de boîte, General TV. À se creuser ainsi la cervelle, il en oubliait presque le meurtre de Cannes, ce type au nom hongrois. Après tout, ce n'était pas son affaire ! Rasséréné à l'idée de manger thaï, il tenta de chasser de ses pensées la perspective d'un retour bredouille qui lui vaudrait assurément les foudres de son supérieur, déjà pas chaud à l'idée de cette coûteuse expédition. Et carrément fou de rage lorsqu'il apprendrait, dans la soirée, la mort d'un directeur de General TV sous les yeux d'un homme de Solnia, cet incapable d'Henri Wolf.
XXX
L'impuissant témoin avait écarté les intrus, dont Marreux et Antoine, et placé les quatre occupants de l'aquarium sous la surveillance de la police interne dans l'attente de Vernes. Toute personne extérieure à la rédaction était interdite de séjour et la caf', elle aussi, faisait l'objet d'une surveillance, sinon efficace, du moins visible : quatre agents en uniforme avaient été postés bien visiblement, dans le seul but de dissuader les ragots. Maigre protection, ma
is elle avait le mérite de satisfaire Temple qui commençait de paniquer. Marreux, lui, faisait des efforts pour tenter de garder son calme. Le sol se dérobait sous ses pas. Il n'avait plus d'alliés et cherchait désespérément à fuir ce cauchemar. Tous deux s'étaient enfermés dans la salle de conférences après avoir été expulsés sans ménagements de l'aquarium par Véronique Blanche, qui trouvait qu'il y avait assez de stress ambiant sans que ces deux-là en rajoutent. Wolf faisait son récit à l'attention, à la fois, de Véronique Blanche et du légiste, tous deux penchés sur le corps de Joseph Vandrisse, l'un des chefs de production du journal, un type à l'ordinaire élégant, quand il n'était pas cramoisi. L'indescriptible brouhaha de la rédaction frappait les cloisons vitrées du centre vidéo comme la marée cogne au pied du phare.
Le corps ne portait aucune marque de coup ni de perforation ; il était bleu. Toujours le même phénomène. Mais une goutte de sang semblait intriguer le toubib.
– Sans doute un phénomène postérieur à son décès, pontifia le légiste, dont c'était après tout le rôle. Une sorte de purge post mortem.
– Et vous en tirez des conclusions ? éructa Wolf, visiblement très abattu.
– Je sais que ce langage vous passe au-dessus. Vous êtes homme et femme de terrain et moi homme de science. Mais je vais vous dire ce que je vais devoir noter : on constate des hématomes irréguliers sur les deux faces du sterno-cléido-mastoïdien. Il y a même une fracture de la branche droite de l'hydoïde.
Solniatcheff leur manquait. Il savait donner la réplique à ce pisse-froid. Il pouvait être glacial et s'en faisait une spécialité dans ce genre de circonstances. Moins expérimentée, Véro Blanche devait lutter pour tenir son rang provisoire de chef d'enquête. Le toubib se penchait goulûment sur le corps inerte et poursuivait :
– On distingue les pétéchies faciales dues à de minuscules hémorragies.
– Vous voulez dire qu'il a été étranglé ? coupa Véro.
– C'est impossible. J'étais là, reprit Wolf.
– Je n'ai pas exactement dit qu'on l'avait étranglé : j'ai suggéré qu'il avait été étranglé.
– Finassez pas, doc, je vous dis que j'étais là.
– En clair, il s'est étranglé tout seul. Voyez-vous, avec les autres, il y a un petit examen pourtant simple auquel je ne me suis pas livré. Je n'avais aucune raison de le faire, d'ailleurs, puisque les collègues de l'identification judiciaire avaient épluché les mains. Ce n'est pas vraiment mon domaine, les mains. Elles délivrent des tas d'informations, mais c'est plutôt pour vous, pour l'enquête… Moi, à part les brûlures et les coupures, je n'apprends pas grand-chose des mains. D'abord, j'observe les raisons de la mort – et ici, l'auto-empoisonnement par asphyxie s'impose d'évidence. Ensuite, je graille dans les tissus. Les prélèvements, les analyses nous permettent…
– Alors, ces mains ? s'impatienta Véro.
– Approchez-vous, fit le légiste d'un ton de grand sachem. Vous voyez ces traces au bout des doigts et sur les bords de la musculation palmaire ?
Les deux ne voyaient rien du tout.
– Elles sont très légères mais très révélatrices. De deux choses l'une. Soit il a serré de toutes ses forces un tissu, un appareil, je ne sais pas, moi ; quelque chose d'arrondi en tout cas. Soit il a serré un cou.
– Le sien. C'est comme ça que ça s'est passé.
– Tu l'as vu faire, Wolf ?
– Comme les autres, d'après ce qu'on nous a raconté. Une sensation subite d'étouffement ; une vraie crise, sauf qu'au lieu de chercher à se ventiler, l'autre malade, là, il serrait son cou à n'en plus pouvoir.
– Ma parole, c'est Les Sept Boules de cristal, lâcha le médecin dans un souffle d'humanité très inattendu. J'ai déjà vu toutes sortes de suicides ; par noyade, pendaison, armes diverses et variées, défenestration, électrocution, oxyde de carbone, barbituriques et j'en passe… Mais je n'ai jamais vu personne choisir de s'étrangler à mains nues. Il faut une force, une volonté surhumaines pour faire cela. Les réflexes fondamentaux de survie ont été comme effacés.
– Tu étais vraiment là, Wolf ? interrogea Blanche d'un air soupçonneux.
– Évidemment que j'étais là, puisque je te le dis ! Un pur hasard, c'est vrai. Je n'avais aucune raison d'y être. Pas plus que de ne pas y être, d'ailleurs. Je voulais voir tout ça de plus près. Curiosité, rien d'autre. Et voilà qu'il s'est mis à suffoquer en beuglant ! Je me suis précipité sur lui ; les autres étaient pétrifiés mais à bonne distance. Je l'ai secoué comme un prunier mais ça n'a servi à rien.
– Vous auriez mieux fait de lui saisir les mains, observa le médecin.
– J'ai essayé mais il était couché sur la console. J'ai d'abord voulu le retourner pour voir ce qui se passait. C'était comme s'il avait vu un démon. Il m'a frappé d'une main, la droite je crois, puis a remis ses pognes à son cou. Je croyais qu'il étouffait, qu'il cherchait l'air, alors j'ai fait monter le ventilateur. Le temps que je revienne, il tremblait comme un marteau-piqueur, puis il s'est arrêté. Il s'était retourné, et c'est comme ça qu'il est tombé. Je n'ai touché à rien, ça va de soi.
– Je crois qu'il a fait un arrêt cardiaque, intervint le légiste qui continuait de flairer le cadavre encore chaud. N'ayez pas de remords : si j'ai raison, vous ne pouviez rien faire.
– C'est pas un étranglement ?
– Je pense qu'il est mort avant l'asphyxie complète. Comme les autres. Une surtension – le sang versé par la narine indique cette hypothèse – et un arrêt cardiaque. Il faudra que je voie s'il y a des modifications fibrinoïdes dans les reins ou un début de néphrosclérose. Il pourrait aussi y avoir des modifications dans certains alvéoles cérébraux. Avant tout, il me faudra consulter son dossier médical.
– Mais je l'ai vu faire !
– Et vous avez voulu l'aider. C'est comme si son corps avait réagi par induction, accélérant le processus mortel.
– Mais c'est dingue ! siffla Véronique. On ne se suicide pas comme ça !
– Avant que t'en remettes une couche, je te le redis : personne n'a touché à Vandrisse ! Ni après, ni avant. Il était là parce que j'étais là – la direction nous a à l'œil – et pour donner le change, il a fait mine d'avoir à faire quelque chose. J'étais pas dupe ; moi, ça me faisait plutôt marrer. Il s'est assis là et il a regardé les sujets passer sur le moniteur, celui-ci, le petit. Moi, je regardais celui-là.
Devant Vandrisse, c'était un écran tout ce qu'il y avait de plus banal, un peu à l'écart des autres, comme un témoin annexe de l'activité du poste de pilotage. Le comptoir était dénué des touches et des manettes qui faisaient ressembler l'autre à un piano, mais il y avait un micro et des touches d'appel.
– Il n'a rien dit ?
– Il a poussé un hurlement.
– De douleur ?
– Non, plutôt un de ces cris que poussent les Japonais quand ils se donnent de l'énergie.
– Banzaï ?
Le toubib haussa les épaules.
– Non, pas banzaï. Plutôt (il jeta un œil circulaire), disons… (Il prit une pause pour se concentrer.) Houaaaââârrrrrrghhh. En beaucoup plus fort, bien sûr. Quelque chose comme ça.
– Longtemps ?
– Ben non, c'était court. Mais ça m'a fait bondir. D'abord, j'ai cru qu'il s'était pris une décharge électrique ou que le plafond lui était tombé sur la tête. La suite, vous savez. Ça n'a pas duré deux minutes. Et j'ai rien pu faire.
– À ce moment-là, vous l'avez touché ? fit le médecin.
– Comme je vous ai dit.
– Alors, c'est une bonne chose que l'électricité n'y soit pour rien. Vous seriez resté collé. C'est très dangereux, les espadrilles, très conducteur.
Il regardait avec dédain le policier, des pieds aux cheveux filasse, soulagé d'être, lui, chaussé italien du meilleur goût. La remarque crispa Wolf.
– Le cuir aussi, c'est conducteur. Surtout verni.
– Bon, ce n'était pas ça, trancha Véro. Et pourquoi ce cri ?
– Il s'es
t donné du courage, répondit le légiste. Et très vite, il a manqué d'air : c'est pour ça que le cri s'est étouffé, si je puis dire.
Ce n'était pas que Wolf manquait d'humour, mais celui du médecin le dépassait vraiment. Il explosa :
– Alors, il s'est suicidé, oui ou merde ? Toubib !
– Faites attention à votre tension. Je dirais qu'il a été victime d'un sort qui nous échappe. Oui, je sais, l'explication n'est pas très satisfaisante. Je suis un homme de science et, croyez-moi, cette hypothèse me déplaît. Mais je me demande si on ne leur a pas jeté un sort à la manière des vaudous.
– Les Sept Boules de cristal ! soupira Véronique Blanche qui s'affala dans une chaise à roulettes.
– Je sais que c'est invraisemblable mais j'ai cité ce titre à dessein. Je crois que cet homme-là était en transe. À 18 heures il devait se serrer le cou et à 18 h 02, grâce au cœur qui y a mis du sien pour écourter le passage, il était mort. Personne n'aurait pu le retenir.
– Pas même Stallone, fit Wolf.
– Qui c'est, Stallone ? demanda le médecin.
– Une sorte d'Hercule des temps modernes. Au cinéma.
– Je ne vais jamais au cinéma, fit le légiste d'un ton fier.
Le cinéma, justement, c'était le sujet d'ouverture du journal. C'est dire si l'actualité était calme. Mais Cannes est Cannes, et le sujet de Vespa avait fait mouche. Les trois s'accordèrent une pause tandis que les photographes judiciaires commençaient leur travail. Wolf était consterné. Il savait qu'il devrait déposer et que sa nouvelle qualité de témoin lui interdirait probablement de poursuivre l'enquête. Véronique nageait et le patron qui n'était pas là… Il s'empara d'autorité du téléphone, chercha dans son bloc-notes le numéro du boui-boui de Solnia qu'il s'imaginait être un palace et laissa un message à une mégère tout endormie qui devait faire office de femme de chambre, téléphoniste et gardienne des clés.
– Qu'il rappelle d'urgence la maison Poulaga. Pou-la-ga, oui, L-A-G-A, épela-t-il à l'adresse du loir qui devait être un gros loir, à en juger au caractère rauque et profond de la voix. Oui, c'est de la volaille en gros. Non, vous n'avez pas besoin de préciser, il connaît. Le message est simplement : « Rappelez d'urgence la maison Poulaga. »