Crève, l'écran

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Crève, l'écran Page 23

by Klopmann


  – Je vous ai demandé s'ils étaient morts dans la sérénité… Je pense surtout que vous allez me montrer comment. Vous envoyiez un signal d'ici, n'est-ce pas ?

  – Ils ne savaient pas qu'ils allaient mourir mais cela n'a pas compté pour eux.

  – Pour leurs proches, c'est différent, osa Solnia.

  – Tout le monde meurt un jour. Vous, moi, quelle importance ? Rien ne se construit sans ce passage. Ils sont morts pour l'accomplissement d'une ère nouvelle. Ceux qui maîtriseront l'harmonie contrôleront le monde. Nous sommes en avance parce que nous le savons, c'est tout.

  – Qui ça, nous ?

  – L'École. Notre secte, comme vous dites avec ce mépris qui caractérise les ignorants.

  Solniatcheff ne broncha pas. Elle semblait en transe et commençait imperceptiblement de se balancer de droite à gauche, sur son fauteuil. Elle avait mis en route une sorte d'enregistrement intérieur. Il sentait la bobine se dérouler et livrer comme un discours enregistré. Le commissaire se garda bien de rompre cette espèce de crise éveillée de somnambulisme et n'attendait qu'une chose : des faits.

  – Vous avez dit que vous alliez m'aider. Expliquez-moi. Éclairez-moi.

  – Je crains que ce ne soit pas notre projet qui vous intéresse. Vous êtes trop terre à terre. Vous êtes policier et vous voulez boucler un dossier, c'est tout. Sachez que rien n'arrêtera notre marche vers l'harmonie. Nous sommes au point, à présent. Nous pouvons contrôler les âmes si nous le voulons. Nous savons comment faire pour imposer notre volonté à des milliards d'êtres aussi ignorants que vous. Leur livrer des messages, les aider à passer d'un stade à un autre, nous le pouvons. La télévision n'est qu'un vecteur. Parce que c'est bien ça qui vous intrigue, n'est-ce pas ? Ce point commun d'affaires qui vous paraissent tellement liées que vous avez cru bon de faire le voyage, n'est-ce pas ?

  Elle regagnait en lucidité.

  – C'est exact, fit Solnia sans se mouiller.

  – Je vous ai promis de l'aide. Quand vous comprendrez, ce sera trop tard. Notre dessein sera accompli puisque notre système est au point. De plus, vous ne comprendrez pas tout. Vous n'avez pas la force des initiés.

  – Essayez toujours.

  – Il pourrait vous en coûter. Voulez-vous vraiment ?

  – C'est une menace ?

  – Menace de quoi ? Je tiendrai parole, vous n'avez rien à craindre. Je n'ai jamais menacé personne. La menace est l'arme de ceux qui ne savent pas imposer leur volonté. Moi, je peux. Je n'ai aucunement besoin de menacer qui que ce soit, surtout pas vous.

  Solniatcheff se sentait mal à l'aise. Le vent coulis de la climatisation, ces écrans blancs qui scintillaient en vain, l'exiguïté du banc mobile et son total isolement du monde en dépit d'une effervescence qu'il savait présente tout autour du véhicule, tout cela gênait profondément le policier qui n'aimait pas l'enfermement.

  – Puis-je vous montrer ?

  – Quoi donc ?

  – Ce que vous cherchez à comprendre.

  Elle se tourna vers la table de contrôle et, sans mot dire, pressa une touche marquée d'un gros point bleu. Le palais apparut bientôt sur tous les écrans, puis le visage de Vespa qui faisait une intervention face à la caméra. Le son était coupé. Des scènes d'ambiance défilaient dans un silence total. La tension de Solnia était à son comble. Il fixait les écrans avec une acuité de tireur d'élite et cherchait à comprendre. Il ne vit pas le léger rosissement des joues de Babette qui commençait d'esquisser aussi un petit sourire. Elle appuya sur une autre touche qui fit ralentir le défilement de la cassette. Les scènes étaient muettes et le ralenti les rendait cotonneuses. Chaque plan mettait un temps fou à s'achever. Chaque image paraissait lisible pour elle-même. Solnia cherchait celle qui lui donnerait la clé. Une limousine blanche lâcha près du palais quelque starlette qu'il ne reconnut pas, elle se redressa avec lenteur, puis un gros plan se fit sur un fan déchaîné. La nymphe sortie de son carrosse signa des autographes, une image blanche apparut furtivement, comme un éclair, une image barrée par ces caractères : V 492.

  Babette Loup poussa un râle de jouissance en écartant les bras. Le policier se précipita comme un diable sort d'une boîte. Elle tressauta dans ses bras. Solnia ne savait comment saisir ce corps qui, visiblement, étouffait. La peau virait du pourpre au bleu mais le bouche à bouche qu'il administra à Babette ne servit à rien : la respiration bloquée, elle n'avalait pas l'air qui s'échappait comme le filet de sa vie. Solnia saisit le briquet et lui brûla l'avant-bras dans l'espoir de déclencher un réflexe, quelque chose qui puisse détourner la volonté de Babette, si c'était possible. Il fut prompt à réaliser que ça ne l'était pas. La paralysie subite et probablement contrôlée du diaphragme et des muscles respiratoires avait eu raison de leur volonté à eux deux, et c'est bien la poupée de chiffon de celle qu'il comptait arrêter pour complicité de meurtres qui, bientôt, se mit à pendre dans ses bras. Solniatcheff eut un haut-le-cœur. Il enrageait de n'avoir pu stopper le mécanisme, pis, de ne l'avoir pas prévu. Il avait le désagréable sentiment de s'être laissé mener en bateau comme un débutant. Si ç'avait été un de ses hommes, qu'est-ce qu'il aurait pris ! Babette Loup avait tenu parole en lui indiquant l'arme du crime : une image subliminale insérée dans des sujets de télévision. Il était prêt à parier qu'une autopsie révélerait qu'elle était bourrée de Drenyl. Il lui faudrait prendre des renseignements sur ce produit. Mais peut-être était-ce autre chose ? Il ferait analyser le contenu de la boîte en argent qu'il avait repérée dans son sac. Babette lui avait révélé l'arme mais pas le mode de préparation des crimes. Il était sûr à présent qu'elle avait été conditionnée, volontairement. Que Visseur et Verrat aussi avaient été conditionnés. Volontairement ou non, c'était à voir. Cela changerait grandement les qualifications pénales. Mais de qui ?

  Restait à saisir le cerveau de cette machination. Restait aussi à comprendre ce qu'avait bien pu trouver Sillagy. Ce que pouvait bien indiquer la liste de Vespa, et quel était son rôle. Comme dans toute situation de crise, son cerveau incroyablement agile opérait comme un lecteur de disquettes, passant et repassant les hypothèses en les triant ; oui, non, zéro, un… Les données se mettaient en place. Le bunker, la Croisette, les cinglés, le gourou ; son constat d'impuissance devant la mort dans ses bras de son témoin principal le dopait comme une dose de cocaïne. Au moins ce décès aurait-il servi à quelque chose. Elle n'avait pas tort, Babette : elle l'avait aidé. Il s'empara du téléphone.

  XXXVIII

  Ventura était entré dans une colère homérique. L'équipe au complet avait repris place dans la triste salle de conférences. Il allait et venait comme un fauve en cage, ponctuant ses « C'est pas possible ! » et ses « Putain, mais c'est pas vrai ! » de coups de poing qu'il infligeait aux tables, tandis que Solniatcheff, l'accusé, redressait l'échine comme pour stopper l'ouragan.

  – Si je comprends bien, elle est morte dans vos bras ! Et vous n'avez rien pu faire !

  Wolf et Vernes avaient mal pour leur patron. Encore que Wolf se sentait soulagé : il avait connu pareille mésaventure, lui !

  – Rien. Mais il y a une chose que je sais : elle nous a donné la clé en se suicidant.

  – Ah, parce que, d'après vous, elle s'est suicidée, à présent. Comme vos clients de General TV, qui, eux, ont été tués… Et vous trouvez que c'est cohérent ?

  Solnia trouvait surtout que Méphisto en faisait un peu trop. Il déplaisait fortement au commissaire de passer pour un bleu, ce qu'il fit vertement savoir :

  – Avez-vous demandé une autopsie ?

  – Vous allez me dire qu'elle se shootait au Drenyl, et alors ?

  – Votre légiste vous dira plutôt qu'elle est morte d'avoir absorbé du cyanure. Elle pue l'amande amère. Délai de réaction : quatre minutes tout compris. À moins de croire que c'est moi qui le lui aie fait absorber, c'est elle qui a fait ça.

  – À votre insu ?

  – Probablement en saisissant une cigarette. À ce moment-là, elle avait détourné mon regard sur les écrans.
/>   – Ah ! Bravo !

  Wolf intervint :

  – Vous ne pourriez pas vous détendre un peu ? Nous, les petits, on se fiche pas mal de vos rivalités de chefs. On a une drôle d'affaire sur les bras, et c'est tout. On est tous concernés.

  Solnia profita de la diversion et reprit :

  – J'ai saisi une des pastilles que contenait sa boîte à pilules. Vous la ferez analyser mais je ne doute pas du résultat : ce n'est pas du Drenyl et je suis prêt à parier qu'elle avait plusieurs de ces saloperies sur elle. En mourant, elle m'a indiqué un modus operandi mais elle s'est défilée quant aux conséquences. Alors voilà. C'est elle qui envoyait au siège les signaux auxquels Visseur et Verrat, et même Vandrisse ont réagi. Ils sont morts parce qu'ils avaient été conditionnés. La vue d'une image subliminale – V 492, allez savoir pourquoi – devait déclencher chez eux un mécanisme d'étouffement que l'usage de certaines drogues favorisait. Encore qu'à mon avis cela ne suffisait pas. Il y a autre chose, je pense.

  – Ouais, mais notre client à nous, c'est le nommé Sillagy. Il a été poignardé.

  – Je suis prêt à parier qu'il avait découvert ce petit jeu d'images greffées aux sujets de Vespa, le journaliste. On a voulu le faire taire. Peut-être même ne s'était-il pas interrogé, mais c'était plus sûr. Babette Loup est une criminelle d'appoint mais le cerveau court toujours, et je prétends qu'il est dans la ville. Et que vous n'êtes pas au bout de vos peines, parce que c'est un gros calibre.

  Méphisto prit un air inspiré et pontifia un brin :

  – Il n'y a pas de petit ou gros calibre. Il y a des coupables et des innocents, c'est tout.

  – Si j'ose me permettre…, risqua N'Dyaye.

  – Osez.

  – Eh bien, je crois qu'on devrait surveiller d'un peu plus près ce journaliste.

  – J'allais vous en prier, fit Méphisto, qui, manifestement, perdait pied.

  Solniatcheff ne dit rien. Ventura le dévisagea.

  – Donnez-moi ces pastilles.

  Le commissaire sortit de sa poche un petit sachet en plastique.

  – Les autres sont encore dans son sac. J'ai déjà eu affaire à ce genre de bonbons. Un pharmacien amateur peut les préparer. Ou un ancien étudiant en médecine, par exemple.

  – Je dois vous dire que Mme Rückstühl a été relâchée, si c'est à elle que vous pensez. Nous n'avions aucune charge pour la détenir plus longtemps. Un procès-verbal lui sera adressé pour fumette de crack et cela se terminera par la procédure ordinaire : nous n'avons rien trouvé qui puisse accréditer la thèse d'un trafic.

  – Nom de Dieu ! Mais où est-elle ?

  – Elle est rentrée en Allemagne, précisa Ventura. Bien sûr, nous avons informé nos collègues des soupçons qui pèsent sur elle, pour Sillagy. Elle sera sous surveillance dès son arrivée à l'aéroport de Francfort, soit (il consulta sa montre) dans dix minutes environ.

  Wolf s'impatientait.

  – Quels sont les ordres ?

  Ventura interroge Solnia du regard.

  – Vous êtes chez vous, fit Vlad.

  – Bon, Ruckstuck (il déforma ce nom qui ne lui était pas aussi familier qu'aux autres), je m'en fiche. Trouvez n'importe quoi, lança-t-il à l'adresse de l'unique policière présente, mais passez le car au peigne fin. Je me charge moi-même de suivre l'autopsie.

  – Il faudrait que je vous laisse mes empreintes, observa Solnia. Sinon, vous aurez du mal à vous dépatouiller. Il doit y en avoir des tas, dans le car.

  – C'est clair. Au fait, qu'allez-vous faire, vous ?

  – Me mettre à disposition. Mes hommes aussi.

  – Sans vouloir vous offenser, je n'aurai pas besoin de vous. Si vous souhaitez vous reposer…

  Solnia n'en attendait pas tant. Pour la sieste, c'était à voir, mais pour ce qui était du temps libre, il savait quoi en faire.

  – Alors, si vous permettez…

  Et faisant signe à ses lieutenants de le suivre, le commissaire se leva et salua. Ventura fut d'autant plus aimable qu'il se réjouissait de voir les intrus tourner talons. Sitôt dehors, Vernes sortit prestement de sa poche un paquet de Gauloises.

  – Pas de blague, hein ? fit Solnia.

  XXXIX

  Véronique Blanche avait mis la gomme. La révélation tenait à l'histoire propre des victimes : trois d'entre elles appartenaient à l'École d'équilibre, ce qu'indiquait un dossier informatique saisi, sur commission rogatoire du Parquet, aux États-Unis par la Financière qui la suspectait, là-bas, d'extorsions variées. La branche européenne, d'après l'Observatoire des sectes et les rapports croisés de tous les offices concernés, n'était qu'embryonnaire. Cette bande-là formait sans doute l'élite d'une « chevalerie » naissante. Elle avait chargé Béroud d'étudier l'agenda de chacun. Sans doute se retrouvaient-ils régulièrement. À défaut, si la secte était cloisonnée comme les organisations mafieuses, au moins découvrirait-on quelques points communs permettant de remonter au chef. Derrière toute manipulation, il y a une tête. Et cette tête, elle s'en était persuadée, c'était Temple.

  Le directeur de la chaîne de télévision avait hésité entre deux attitudes : coup de gueule ou douceur complice. Depuis deux jours qu'il cherchait à en savoir plus, on ne l'avait pas autorisé à pénétrer dans l'enclave des policiers squatters. Et voici qu'on l'y convoquait à présent comme un malfrat ! C'était plus qu'il ne pouvait supporter, surtout devant ses collaborateurs. Au vu de la mine renfrognée de la jeune femme qui, installée dans le meilleur fauteuil, ne lui proposa qu'une simple chaise, il choisit l'option douce. Temple portait une cravate bleue à pois, façon Gilbert Bécaud, sur un col un peu trop serré pour ne pas accentuer sa rougeur. Il n'était pas à l'aise. Véronique en profita :

  – Cher monsieur, vous m'avez menti. C'est grave.

  Temple aurait pu monter sur ses grands chevaux, faire des moulinets de ses bras trop longs, protester de sa bonne foi, en appeler à ses relations dans la hiérarchie, mais non, il ne dit rien. Rien durant un long moment. Puis il murmura sans prendre de risque :

  – À quel sujet ?

  – Y en aurait-il plusieurs ? Parlez-moi chantage.

  Il ne put masquer son étonnement.

  – Je suis au courant, fit mystérieusement Véro.

  Véronique Blanche ne parlait de rien en particulier : elle prêchait l'incertain pour savoir le vrai. Elle ne s'attendait pas à un tel succès au premier coup. Un truc de Solnia qu'elle avait parfaitement assimilé.

  – Vous savez déjà que j'ai reçu des notes mystérieuses.

  – On a surtout voulu vous faire chanter et vous avez voulu nous le cacher. Vous aviez parfaitement compris que ces notes curieuses, qui vous terrorisaient, et la demande de rançon dont vous avez omis de nous parler pouvaient être liées…

  – J'admets que j'y ai songé. Encore que « terrorisaient », c'est un peu fort…

  – Savez-vous que General TV est infiltrée par les adeptes d'une secte qui tente de s'implanter dans le coin ?

  – Non.

  – L'École d'équilibre.

  – Jamais entendu parler.

  – Je pense, moi, que votre entreprise est infestée de gens ayant le sentiment de faire partie d'un grand projet prétendument mystique, mais en réalité purement crapuleux. Des gogos bien employés. Des marionnettes.

  – C'est monstrueux !

  – Effectivement. Ce qui l'est aussi, c'est qu'en laissant faire sans nous informer, vous vous êtes fait complice de meurtres.

  – Je ne suis ni coupable, ni complice !

  – Pas sûr. Vous oubliez de dire qu'on a voulu vous extorquer de l'argent.

  Véronique jouait son va-tout. Temple desserra sa cravate à pois et ne biaisa pas davantage.

  – Alors, ce chantage ?

  Soupir.

  – Dix millions. Un type m'a demandé dix millions. Il a appelé sur ma ligne directe, ce qui m'a frappé. Je n'ai pas reconnu la voix. Elle semblait masquée.

  – Dix millions comment ?

  – Je ne sais pas. Il devait me rappeler, il ne l'a jamais fait.
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  – Et vous n'avez jamais fait le rapprochement…

  – Vous n'allez pas m'accuser, tout de même ?

  – Il sera difficile d'éviter une inculpation, mais ce ne sera pas mon fait. Moi, j'enregistre que vous m'avez menti en niant tout chantage, alors que l'idée nous en avait traversé l'esprit ; que vous avez voulu détourner aussi notre attention sur Dimitri Antoine quand vous avez compris que cette liste avait son importance.

  – Mais je n'ai rien compris du tout !

  – Oh, si ! Sans quoi vous n'auriez pas triché. Vous avez cru pouvoir noyer le poisson, gagner du temps, sauver la face et celle de General TV… La suite, vous la connaissez : un désastre. Vous serez cité à comparaître chez un juge. C'est lui qui décidera de ce qu'il fera de vous.

  – Mais je n'ai rien fait !

  – Vous avez fait obstruction à l'enquête. Vous avez aussi laissé se commettre deux meurtres, peut-être trois. Cela ne vous suffit pas ?

  – Je ne pouvais pas avouer qu'on nous faisait chanter. Imaginez les conséquences…

  – Vous trouvez que c'est mieux maintenant ? Le chantage, nous l'aurions gardé pour nous. Ce que vous méritez, c'est que je vous fasse arrêter à la cafétéria, devant tout le monde.

  Temple se liquéfia. Changeant d'attitude, Blanche tenta la conciliation : la bête était piégée, inutile de l'achever.

  – Je vous laisse une chance de nous aider. Je veux tout savoir sur Marreux et sur Vespa. Marreux, parce que tout le monde a l'air de lui en vouloir et que je veux savoir pourquoi ; Vespa, parce qu'il est peut-être derrière tout ça. Sortez-moi leurs fiches. Faites une déposition complète. J'enverrai un de mes hommes (elle avait dit « mes hommes » pour se mettre en valeur) dans votre bureau, où vous êtes consigné jusqu'à nouvel ordre. Ne le quittez pas sans m'en informer. Vous connaissez le numéro interne…

 

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