Au pays des ombres

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Au pays des ombres Page 16

by Gallerne


  – Moi je n’ai pas trop envie de te parler.

  – C’est important. C’est à propos de Michel.

  – Il lui est arrivé quelque chose ?

  Vincent pouvait se tromper mais il aurait juré avoir décelé une lueur d’espoir dans la question. Il ne pouvait lui en vouloir, leur divorce s’était très mal passé, d’après ce que lui en avait dit Michel.

  – Non, pas vraiment.

  – Il est avec toi ?

  – Non, et il ne sait même pas que je suis venu.

  – Qu’est-ce que tu peux vouloir après tout ce temps ? Tu ne peux pas le dire par téléphone ?

  – Non, il faut que je te voie. Je te répète que c’est très important. Je ne veux pas paraître mélodramatique, mais c’est vraiment une question de vie ou de mort.

  Brigitte soupira à l’autre bout du fil.

  – Bon sang, vous ne pouvez pas m’oublier ? Tu ne peux pas régler ça tout seul ?

  – Brigitte, je suis tout seul. J’ai besoin de quelques renseignements.

  – Je ne sais rien.

  – Tu ne sais même pas ce que je cherche !

  Devant lui, Evelyne montrait des signes d’impatience. Il voyait le moment où elle allait lui arracher le combiné des mains en prétextant en avoir besoin.

  – Brigitte, je te demande une demi-heure. On peut se rencontrer à l’extérieur si tu ne veux pas me donner ton adresse.

  L’argument parut porter. Brigitte réfléchit un instant puis capitula.

  – D’accord. Une demi-heure. Retrouve-moi au café qui se trouve en face de l’église. Celui qui a une terrasse.

  – À tout de suite, dit-il.

  Il rendit le combiné à Evelyne qui le prit en paraissant se demander si elle devrait le faire désinfecter. Il la salua et se leva. Elle entoura son nom sur le bloc devant elle. Façon de lui faire comprendre qu’elle se souviendrait de lui.

  Chapitre Quarante

  Vincent ne voulait pas risquer de se faire repérer en passant trop de temps dans les lieux publics, et il attendit donc de voir Brigitte entrer dans le café avant d’y pénétrer à son tour.

  Elle le regarda approcher, installée près de la vitre. Comme elle n’avait rien pris, il commanda deux cafés. Elle avait bien changé en quinze ans et avait vieilli, bien sûr, mais son visage ne portait pas seulement les stigmates de l’âge. Il était devenu plus dur et sa bouche avait pri un pli amer. Il hésita à l’embrasser, elle ne semblait pas le désirer, et il se contenta de la saluer d’un signe de tête.

  – Bonjour. Merci d’avoir accepté de me voir après tout ce temps.

  – Il ne tenait qu’à toi de me voir avant. Quand Michel et moi avons divorcé, tu ne t’es pas précipité pour me réconforter.

  Vincent accusa le coup. Le reproche était justifié. Michel était son ami et il avait pris son parti sans trop se poser de questions, comme il l’avait fait lorsque ce dernier avait eu maille à partir avec l’IGS.

  Brigitte était la femme de son ami, et lorsqu’ils avaient commencé à se fréquenter en dehors du service, il avait eu l’occasion de la rencontrer à plusieurs reprises. Mais lorsque le couple s’était séparé, la question de savoir vers qui irait sa loyauté ne s’était pas posée. Il avait pris fait et cause pour Michel, le croyant sur parole lorsqu’il lui disait qu’elle avait tous les torts, et ne cherchant même pas à connaître sa version à elle.

  À la vérité, elle-même n’avait pas tenté de le contacter pour lui expliquer la brutalité de leur séparation. Il avait donc laissé « couler » lâchement, et ne l’aurait jamais recontactée s’il n’avait brusquement découvert cette zone d’ombre dans le passé de son « ami », lui faisant reconsidérer l’estime aveugle qu’il lui portait. Et pour cela, son ex-épouse lui paraissait être le témoin idéal.

  – Désolé, dit-il. Tu sais ce que c’est…

  – J’ai eu tout le loisir de l’apprendre. Bon, l’heure tourne. Qu’est-ce que tu veux ? C’est Michel qui t’envoie ?

  – Non, comme je te l’ai dit, il ne sait même pas que je suis ici. En fait, je suis ici contre lui.

  Elle eut un sourire désabusé tandis que le serveur posait deux tasses devant eux.

  – Vous n’êtes plus les meilleurs amis du monde ?

  – Nous l’étions jusqu’à ce matin.

  – Et qu’est-ce qui s’est passé, ce matin ?

  – Je pense que Michel m’a livré aux flics.

  Elle regarda vers la porte, à l’autre extrémité du café, comme pour évaluer ses chances de l’atteindre avant qu’il ne lui saute dessus, et il se demanda s’il était bien prudent de se confier à cette femme qu’il n’avait pas vue depuis des années, et qui pensait, à tort ou à raison, avoir des griefs envers lui.

  – Tout a commencé il y a environ un an, avec le suicide de ma femme.

  – Tu t’es marié ?

  – L’année qui a suivi votre divorce.

  – Et ta femme s’est suicidée ?

  – C’est ce que je croyais jusqu’à ces jours-ci. Maintenant, je pense qu’on l’a tuée. Et je me demande si l’assassin ne serait pas Michel.

  Elle le regarda en portant sa tasse à ses lèvres, comme si cette accusation ne la surprenait pas.

  – Juste avant sa mort, Alexandra a rencontré un homme. Un garagiste à qui elle confiait l’entretien de sa voiture, et qui était mouillé dans un trafic de véhicules volés. Il s’est retrouvé en prison juste après qu’Alexandra… Bref, il est sorti de prison la semaine dernière, et il a foncé à Cabourg où j’étais en vacances avec ma fille.

  – Tu as une fille ?

  – Julia. Elle a douze ans.

  À ce moment précis, il réalisa que Julia lui manquait. Il se demanda fugitivement s’il aurait le temps de la revoir, de l’embrasser, avant qu’on ne l’arrête.

  – Ce type s’est fait tuer pratiquement devant chez moi avec mon adresse dans sa poche. Je ne comprenais pas ce qu’il me voulait et je suis devenu le suspect numéro un. On s’est aperçu que je l’avais arrêté voici une vingtaine d’années avec Michel. Mais je ne m’en souvenais plus, et Michel faisait semblant de l’avoir oublié.

  Il décida de passer sous silence le meurtre de la femme et du fils de Kervalec.

  – J’ai décidé d’enquêter sur ce garagiste ; je suis remonté à son enfance et je viens de découvrir que Michel le connaissait depuis l’école.

  – Et il ne t’en avait pas parlé.

  – Il prétendait ne pas le connaître.

  – Et qu’est-ce que je viens faire là-dedans ?

  – J’étais dans le coin. J’ai pensé à toi. Je découvre une facette de la personnalité de Michel que je ne soupçonnais pas et qui me force à remettre en question tout ce que je croyais savoir de lui. Mais toi, tu as vécu avec lui. Tu as été très intime. Tu sais peut-être quelque chose…

  – Et comme notre divorce s’est mal passé, tu as imaginé que je pourrais tout te balancer ?

  Il haussa les épaules. Il y avait un peu de cela dans sa démarche. Il espérait que Brigitte aurait conservé suffisamment de rancœur après leur séparation pour lui fournir les pièces du puzzle qui lui manquaient. Mais il avait compté sans la crainte qu’il lisait toujours dans son regard, quinze ans après.

  – Je ne ferai rien contre Michel, dit-elle. Il m’a oubliée, et c’est très bien ainsi.

  – Tu as peur de lui ?

  Elle sortit une cigarette de son sac, se souvint qu’elle n’avait pas le droit de fumer dans le café, la tritura nerveusement, traçant des figures géométriques dans la marque laissée par la soucoupe.

  – Michel peut être très violent.

  – Il te battait ?

  C’était un aspect de leur relation que Vincent n’avait jamais envisagé. Manifestement, il était passé à côté d’une partie importante de l’histoire de leur couple, à l’époque. Il était même passé à côté de beaucoup d’autres choses…

  – Je suis désolée, je ne peux rien pour toi.

  – S’il te battait, pourquoi n’as-tu r
ien dit lors du divorce ?

  – Parce que je voulais divorcer, pas me suicider. Et puis il était flic, quel poids j’aurais eu ?

  – Cela ne se passe pas comme ça…

  – Bien sûr.

  Elle ficha la cigarette entre ses lèvres serrées, et ramassa ses affaires d’une main fébrile.

  – Je suis désolée, dit-elle à nouveau. Je ne peux rien. C’est trop loin. C’est du passé. Je veux oublier.

  Elle se leva. Il lui agrippa le poignet, mais le relâcha aussitôt en voyant le regard meurtrier qu’elle lui jetait.

  – Pour moi ce n’est pas du passé, dit-il.

  – Je n’y peux rien. Ce n’est pas mon affaire. Comme mon histoire n’était pas ton affaire à l’époque.

  Elle partit en direction de la porte du café, et il comprit qu’il avait fait chou blanc. Il ne lui restait d’autre solution que de rentrer à Paris et de se livrer.

  Brigitte posait la main sur la poignée de la porte. Elle s’immobilisa, prit une profonde inspiration comme si elle faisait un gros effort sur elle-même. Elle revint vers la table.

  – Tu as une fille, disais-tu ?

  – Oui.

  – Ne la laisse pas seule avec lui. Jamais. C’est pour ça que je suis partie. Mais ne lui dis pas que je t’en ai parlé, il me tuerait. Il me l’a juré.

  Puis elle sortit, le laissant abasourdi par cette révélation.

  Chapitre Quarante et Un

  Vincent resta un moment devant son café qui refroidissait. Ce que Brigitte avait voulu lui dire était clair. Inutile de chercher des explications là où une seule suffisait, évidente.

  Michel, un pédophile ?

  C’était impossible. Depuis qu’il le connaissait, il s’en serait aperçu… Sans doute fallait-il mettre cette révélation sur la volonté de Brigitte de se venger à bon compte de l’homme qui l’avait fait souffrir.

  C’était la seule explication possible. Leur divorce s’était très mal passé. Vincent ignorait ce qui s’était dit et fait exactement à l’époque, mais à en juger par le peu que lui en rapportait Michel, c’était la guerre à l’intérieur du couple.

  Brigitte avait tout d’abord refusé de l’aider, pour ensuite revenir sur sa décision et lui asséner brutalement cette révélation. Ainsi, tentait-elle de se venger de Michel, quinze ans après, et de lui par la même occasion, lui qui, à l’époque, avait choisi son camp et l’avait ignorée, ne se rappelant à son souvenir que lorsqu’il avait eu besoin d’elle ?

  Vincent n’était pas très fier de son comportement, mais cette culpabilité-là était le cadet de ses soucis pour le moment. Se pouvait-il que Brigitte dise la vérité ? Elle avait manifestement peur de Michel. Aurait-elle pris le risque de proférer cette accusation voilée, si elle n’était pas fondée ?

  Il avait rarement vu Michel avec une femme depuis son divorce, et ne lui connaissait pas de liaison régulière. Il y avait dans son raffinement, dans sa façon de vivre seul et de tenir impeccablement sa maison quelque chose qu’il associait difficilement avec l’image du célibataire endurci coureur de jupons.

  Et des jupons, il n’en avait jamais beaucoup vus dans l’entourage de son « ami ».

  Ce même « ami » venait peut-être de le livrer aux policiers, lui qui avait sans doute violé un condisciple lorsqu’il était au pensionnat. Ne s’agissait-il que d’un bizutage qui avait très mal tourné, ou bien ce viol était-il l’expression de la personnalité profonde de Michel ? Lui qui avait caché qu’il connaissait Kervalec lorsqu’ils l’avaient arrêté, pour le relâcher quelques heures plus tard sans en parler à personne. Qu’avait-il exigé en échange ? S’était-il servi du receleur comme indic ? Mais avec le temps, Vincent en aurait eu forcément des échos.

  Avait-il d’autres intérêts à renouer avec cette relation ? Les mobiles évoqués par l’IGS pour exiger sa démission étaient-ils fondés, contrairement à ce qu’il avait prétendu ? Vincent avait toujours accepté sa version des faits, sans jamais la remettre en question. Michel avait-il relâché Kervalec en échange d’un pourcentage sur ses combines ? Ou bien sa motivation était-elle plus sombre encore ? Au collège, il voulait faire de Kervalec « sa chose ». Le garagiste était-il vraiment devenu sa chose ?

  Était-ce ce chantage que Kervalec était venu révéler à Vincent avant d’être abattu sur le pas de sa porte ? Mais pourquoi seulement aujourd’hui, si longtemps après ? Si Michel l’avait exploité à quelque niveau que ce soit depuis dix-huit ans, qu’est-ce qui avait soudain poussé le garagiste à venir en parler à Vincent ?

  Ou bien Kervalec venait-il lui parler de sa fille ?

  Michel avait-il… S’il avait osé toucher à Julia…

  La main de Vincent se porta à sa hanche, mais le Glock ne s’y trouvait pas. Il l’avait laissé dans le bureau de Castelan. Qu’importe. S’il avait touché à sa fille, il le tuerait de ses mains nues.

  Vincent promena un regard hagard sur le petit café où il n’y avait que deux autres clients solitaires. Il fut pris tout à coup de sueurs froides. Derrière le bar, des rangées de bouteilles attendaient les consommateurs. Toutes sortes de whiskies : J&B, Jack Daniel’s, Chivas, Johnny Walker, Black & White, Long John, Ballantine’s, Talisker…

  Un Talisker. C’était ce qu’il lui fallait pour chasser le froid qui s’était emparé de lui depuis que Brigitte avait décoché sa flèche empoisonnée avant de partir. Il leva la main et le serveur tourna la tête dans sa direction.

  Non. Il avait promis à sa fille. Sa fille qui avait besoin de lui. Il devait encore garder les idées claires, garder lucide sa tête habitée de résolution et de colère.

  – Un café, demanda-t-il.

  Il réalisa alors que, depuis la mort d’Alexandra, pas une seule fois, Michel n’avait tenté de le dissuader de boire. Au contraire, combien de fois était-il ressorti de chez lui ivre mort ? Comme si son « ami » cherchait à le faire sombrer davantage dans l’alcoolisme.

  Pour avoir le champ libre ?

  Plus il réfléchissait, plus il croyait ce que Brigitte lui avait suggéré. Elle ne voulait pas parler parce qu’elle avait peur de Michel. Elle allait partir. Et elle était revenue sur ses pas pour le mettre en garde. Elle était sincère, il en aurait mis sa main au feu.

  Et, soudain, sa dernière conversation avec Castelan lui revint en mémoire. Le fils de Kervalec allait à la même école que Julia. C’était peut-être là que Kervalec et Alexandra s’étaient rencontrés, avant qu’elle ne lui confie sa voiture. Il devait savoir que son mari était policier. Et si Michel avait touché aussi au fils de Kervalec… Vincent imaginait la scène. Kervalec l’apprenant, revivant brutalement ce qu’il avait subi trente ans plus tôt, et découvrant que c’était le même homme qui infligeait à son fils l’humiliation à laquelle il avait été soumis, au même âge…

  Sans doute Kervalec avait-il eu envie de le tuer depuis trente ans. Mais, trop faible de caractère, il s’était retenu et avait préféré taire son secret. Refermé sur lui, il avait accepté toutes les humiliations, toutes les brimades… Découvrir que son fils subissait à présent le même calvaire avait dû ranimer son courage. Il avait acheté un pistolet pour éliminer enfin celui qu’il haïssait depuis tant d’années.

  Mais Kervalec demeurait un faible. Il n’avait pas osé passer à l’acte. C’est alors qu’il avait pensé à Alexandra, après avoir probablement découvert que Michel avait jeté son dévolu sur Julia… Ou simplement, par hypothèse, se doutant des liens qui les unissaient. Il avait invité Alex à déjeuner et lui avait révélé ce qu’il savait, ou croyait savoir. Les larmes de la jeune femme auraient pu s’expliquer pour moins que ça.

  L’erreur d’Alexandra avait été de vouloir vérifier avant d’en parler à son mari. Elle s’était confrontée à Michel…

  Et elle en était morte.

  Vincent se leva, des sueurs froides lui coulaient dans le dos.

  – Je peux utiliser votre téléphone ? demanda-t-il.

  Le cafetier lui désigna l’appareil accroché au mur, au fond de la salle.
/>   Vincent piocha de la monnaie dans sa poche et commença à garnir l’appareil. Puis il sortit son mobile et prit le risque de remettre la batterie en place et de l’allumer, le temps de retrouver le numéro de Muriel. Il le mémorisa et éteignit à nouveau le portable.

  Il fut soulagé d’entendre Muriel décrocher à la troisième sonnerie. Il devait absolument mettre sa fille hors de portée de Michel le temps de rentrer à Paris. Ensuite, il règlerait la situation.

  – Muriel ? Bonjour, c’est Vincent. Tout va bien ?

  – Bien sûr, pourquoi ? Où es-tu ?

  – Je vais rentrer. C’est à propos de Julia, je voudrais te demander de l’éloigner.

  – L’éloigner ? Mais elle n’est plus ici.

  Et il comprit ce qu’elle allait lui dire avant même qu’elle prononce ces mots :

  – Michel est passé la prendre, comme tu l’as demandé.

  Il resta sans voix, et Muriel comprit que quelque chose d’anormal venait de survenir.

  – Que se passe-t-il ? Je n’aurais pas dû la lui confier ? Il m’a dit que c’était toi qui le demandais, qu’ils allaient te rejoindre… Tu lui avais donné mon adresse. Et comme c’est ton meilleur ami…

  – Si… si… non…, c’est bon ! J’avais oublié. Je pensais qu’il ne serait pas encore passé. Tout va bien, excuse-moi de t’avoir dérangée. Il est venu quand ?

  – Ce matin, en fin de matinée.

  – C’est ça. Ok, merci.

  – Tu es sûr que tout va bien ?

  – Très bien. Ne t’inquiète pas. Merci.

  Il raccrocha avant de devoir donner davantage d’explications. Muriel n’était sans doute pas convaincue, mais c’était le cadet de ses soucis.

  Michel détenait Julia.

  Chapitre Quarante-Deux

  Le premier réflexe de Vincent fut de composer le numéro de Michel pour le menacer de le tuer si jamais il touchait à sa fille.

  Il avait déjà formé les premiers chiffres quand il suspendit son geste. Non. Il fonçait bille en tête, une fois de plus. Michel, lui-même, le lui avait pourtant assez souvent fait remarquer lorsqu’ils jouaient aux échecs. Il se faisait régulièrement battre parce qu’il plongeait dès qu’il voyait une ouverture, sans prendre le temps de peser toutes les données du problème.

 

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