Les chasseurs de mammouths

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Les chasseurs de mammouths Page 16

by Jean M. Auel


  Peu à peu, elle rapprocha Whinney de l’épaulement, s’efforça de contourner lentement les bisons, afin de ne pas rompre le précaire équilibre. Elle remarqua que la vieille femelle à la corne cassée s’avançait lentement vers l’issue. Il lui déplaisait d’être ainsi retenue, et elle semblait prête à risquer le tout pour le tout.

  Barzec vit Ayla. Il lança un coup d’œil en arrière vers les autres chasseurs, regarda de nouveau la jeune femme en fronçant les sourcils. Après tous leurs efforts, il ne voulait pas la voir précipiter la fuite des bisons dans la mauvaise direction. Latie s’approcha de lui. Ils échangèrent quelques mots à voix basse. Mais il ne cessa pas d’observer avec appréhension la femme et la jument, durant tout le temps qu’il leur fallut pour parvenir jusqu’à lui.

  — Où sont les autres ? demanda-t-il.

  — Ils attendent, répondit Ayla.

  — Ils attendent quoi ? On ne peut pas contenir ces bêtes ici éternellement !

  — Ils attendent nous donner chasse à bisons.

  — Comment leur donner la chasse ? Nous ne sommes pas assez nombreux ! Déjà, ils se préparent à s’échapper. Je ne sais pas combien de temps nous pourrons les retenir ici et moins encore comment les faire entrer dans le défilé.

  — Whinney va donner chasse, affirma Ayla.

  — Le cheval va les poursuivre ?

  — Elle a déjà fait, mais est mieux si vous faites aussi.

  Danug et Druwez, qui avaient été postés plus loin pour surveiller le troupeau et lapider toute bête qui osait venir affronter les bizarres sentinelles, s’approchèrent pour entendre la discussion. Ayla, du coin de l’œil, vit un énorme jeune mâle foncer, suivi par plusieurs autres. Encore un instant, et tout serait perdu. Elle fit virer Whinney, lâcha sa sagaie et son propulseur, se jeta à la poursuite du fuyard, en attrapant au passage une tunique suspendue à une branche.

  Penchée sur l’encolure de la jument, elle fila droit vers l’animal, agita la tunique devant lui. Le bison se déroba, essaya de contourner l’obstacle. La jument pivota de nouveau, au moment où la jeune femme abattait le vêtement de cuir sur le mufle du jeune mâle. Lorsqu’il fit un autre mouvement pour se dégager, il se retrouva dans la direction de l’étroite vallée, sur le chemin des animaux qui l’avaient suivi, avec, à ses trousses, Whinney et Ayla qui agitait toujours la tunique.

  Une autre bête s’échappa, mais Ayla fit en sorte de lui faire rebrousser chemin, à elle aussi. Whinney, apparemment, savait, presque avant l’animal lui-même, quel bison allait tenter de prendre la fuite. Mais c’étaient tout autant les signaux inconscients de la jeune femme que l’intuition de la jument qui permettaient à celle-ci de se mettre en travers de la route du fuyard. Le dressage de Whinney n’avait pas été, au début, un effort délibéré de la part d’Ayla. La première fois qu’elle était montée sur le dos de la jument, elle avait obéi à une simple impulsion, sans la moindre idée de maîtriser ni de diriger l’animal. Tout était arrivé graduellement, en même temps que croissait une confiance réciproque. La jeune femme contrôlait les mouvements de sa monture par la tension de ses jambes, par de subtiles contractions de son corps. Elle avait fini par s’en servir volontairement, mais un élément d’interaction avait toujours subsisté entre la femme et la jument. Souvent, elles se mouvaient comme un seul être, comme si elles partageaient un même esprit.

  Dès l’instant où Ayla s’était jetée dans l’action, les autres avaient pris la mesure de la situation et s’étaient précipités pour arrêter le troupeau. Ayla, par le passé, avait déjà chassé avec Whinney des animaux en troupe mais elle n’aurait pas réussi, sans aide, à faire rebrousser chemin aux bisons. Les énormes bêtes bossues étaient beaucoup plus difficiles à maîtriser qu’elle ne l’aurait cru. Jamais encore, elle n’avait tenté de pousser des animaux dans une direction où ils ne voulaient pas aller. C’était comme si quelque instinct les mettait en garde contre le piège qui les attendait.

  Danug se jeta au secours d’Ayla, pour faire faire demi-tour aux premiers bisons. Elle concentrait si intensément son attention sur le jeune mâle qu’elle ne s’aperçut pas tout de suite de sa présence. Latie vit l’un des jumeaux se détacher de la bande. Elle arracha la branche qui soutenait l’un des épouvantails et se précipita vers lui pour lui barrer le chemin. A force de coups sur les naseaux, elle le fit reculer, tandis que Barzec et Druwez s’en prenaient à une femelle en lui jetant des pierres et en agitant une fourrure. Finalement, leurs efforts déterminés parvinrent à détourner la ruée. La vieille femelle à la corne cassée et quelques autres réussirent à s’échapper, mais la majeure partie des bisons prit sa course vers l’amont de la petite rivière.

  Les chasseurs respirèrent un peu plus librement quand le petit troupeau eut dépassé les épaulements mais ils devaient continuer à les poursuivre. Ayla s’arrêta juste assez longtemps pour se laisser glisser de sa monture, afin de ramasser son lance-sagaie et ses armes, avant de sauter de nouveau sur le dos de la jument.

  Talut venait de boire à son outre quand il crut percevoir un grondement lointain, comme celui du tonnerre. Il tourna la tête vers l’amont, écouta un moment. Il ne s’attendait pas à entendre si tôt le galop des bêtes. Il n’était même pas certain de s’attendre à les entendre du tout. Il se coucha sur le sol, colla son oreille contre la terre, se releva d’un bond.

  — Les voilà ! cria-t-il.

  Ses compagnons se bousculèrent pour retrouver leurs sagaies et se précipitèrent vers les endroits qu’ils avaient choisis. Frébec, Wymez, Tornec et Deegie se placèrent le long d’un côté de la pente abrupte, tout prêts à bloquer la barrière une fois qu’elle serait refermée. Tulie, de l’autre côté, était la plus proche de cette barrière, qu’elle repousserait dès que les animaux seraient dans l’enclos.

  Dans l’espace qui s’étendait entre la clôture et le cours d’eau tumultueux, Ranec se trouvait à quelques pas de Tulie, et Jondalar à quelques pas plus loin encore, presque au bord de l’eau. Talut choisit un emplacement non loin du visiteur, sur la berge humide. Chacun s’était muni d’un morceau de cuir ou d’un vêtement pour l’agiter devant les animaux pour les détourner, mais chacun, aussi, brandissait une sagaie – sauf Jondalar.

  L’instrument en bois, étroit et plat, qu’il tenait dans sa main droite avait à peu près la longueur de son bras, du coude à l’extrémité de ses doigts, et comportait une rainure médiane. A l’extrémité supérieure, un crochet servait de butoir ; à l’autre bout, une boucle de cuir de chaque côté permettait de passer les doigts. Jondalar plaça l’instrument horizontalement et ajusta contre le crochet la partie empennée d’une hampe légère, à l’autre extrémité de laquelle se trouvait une longue pointe effilée, taillée dans l’os, terriblement aiguë. Tout en la retenant de deux doigts passés dans les boucles de cuir, il prit de la main gauche une autre sagaie, se tint prêt à la mettre en place pour un second tir.

  Les chasseurs étaient aux aguets. Personne ne parlait, et, dans cette attente silencieuse, le moindre bruit prenait une sonorité nouvelle. Des oiseaux gazouillaient, s’appelaient. Le vent murmurait dans les branches sèches. L’eau qui cascadait sur les rochers clapotait. Les insectes bourdonnaient. Le martèlement des sabots se rapprochait.

  Enfin, plus fort que ce grondement de tonnerre, on entendit des beuglements, des grognements, des halètements, des voix humaines qui criaient. Tous les regards se tendirent pour apercevoir le premier bison qui apparaîtrait au détour de la rivière, en aval. Mais, quand il déboula, il n’était pas seul. Brusquement, le troupeau entier déboucha au galop. Les bêtes à la rude fourrure d’un brun foncé, aux longues et dangereuses cornes noires, se précipitèrent tout droit vers les chasseurs.

  Chacun rassembla toute son énergie, dans l’attente de l’assaut. En tête venait l’énorme jeune mâle qui avait bien failli s’échapper avant le début de la longue poursuite. Il vit devant lui la clôture, vira vers l’eau... et vers les chasseurs qui lui barraient le passage.

  Ayla galopait sur les talons du petit tr
oupeau, son propulseur à la main. Elle l’ajusta à l’approche du dernier virage et vit alors le jeune mâle virer de bord et foncer droit sur Jondalar. D’autres bisons le suivaient.

  Talut courut dans sa direction en agitant sa tunique. Mais le bison en avait assez de se voir assailli par des objets flottants. Il refusait de se laisser détourner. Sans prendre le temps de réfléchir, Ayla se pencha en avant, poussa Whinney à toute allure. Elle passa entre les autres bisons qui galopaient, s’approcha du grand mâle et lança sa sagaie au moment précis où Jondalar jetait la sienne. Au même instant, une troisième sagaie atteignit son but.

  La jument, dans le fracas de ses sabots, dépassa les chasseurs, éclaboussa Talut en atteignant l’eau. Ayla ralentit sa course, l’immobilisa, revint rapidement en arrière. Tout était déjà fini. L’énorme bison gisait sur le sol. Ceux qui l’avaient suivi ralentirent. Ceux qui se trouvaient le plus près de la pente n’avaient d’autre solution que d’entrer dans l’enclos. Les premiers franchirent l’ouverture, les autres les imitèrent sans même avoir besoin d’y être poussés. Tulie suivit le dernier retardataire, poussa la barrière. Celle-ci à peine refermée, Tornec et Deegie poussèrent tout contre, un bloc de pierre. Wymez et Frébec l’assujettirent solidement à des montants. Tulie poussa un autre bloc de pierre contre le premier.

  Ayla, encore bouleversée, se laissa glisser à terre. Jondalar, avec Talut et Ranec, était à genoux près du bison.

  — La sagaie de Jondalar est entrée par le cou et a transpercé la gorge. A elle seule, elle aurait tué ce mâle, je pense, mais la tienne aussi, Ayla. Je ne t’avais même pas vue arriver.

  Talut ajouta, quelque peu impressionné par l’exploit :

  — Ton arme s’est enfoncée profondément entre les côtes.

  — Mais tu courais un grand danger, Ayla. Tu aurais pu être blessée, intervint Jondalar.

  Il avait l’air furieux, mais c’était la réaction à la peur ressentie pour elle. Il se tourna vers Talut, désigna la troisième sagaie.

  — A qui appartient-elle ? Elle était bien lancée, en plein dans la poitrine. Celle-ci aussi l’aurait cloué sur place.

  — C’est la sagaie de Ranec, dit Talut.

  Jondalar se tourna vers l’homme à la peau sombre, et chacun prit la mesure de l’autre. Ils étaient différents, et des rivalités pouvaient les dresser l’un contre l’autre, mais c’étaient avant tout des êtres humains, des hommes qui partageaient un monde primitif, magnifique mais dur, où la survie de chacun, ils le savaient, dépendait de l’autre.

  — Je dois te remercier, dit Jondalar. Si ma sagaie avait manqué son but, c’est ma vie que je te devrais.

  — A condition qu’Ayla ait manqué son but, elle aussi. Ce bison a été tué trois fois. Il n’avait pas une chance en s’en prenant à toi. Tu es destiné à rester en vie, semble-t-il. Tu as de la chance, ami. Tu as les faveurs de la Mère. As-tu autant de chance en tout ? demanda Ranec.

  Ses yeux fixés sur Ayla exprimaient de l’admiration, mais plus encore.

  A la différence de Talut, Ranec avait vu arriver la jeune femme. Sans prendre garde aux longues cornes acérées, les cheveux au vent, les yeux pleins de terreur et de fureur, elle ressemblait à un esprit vengeur ou à n’importe quelle mère de n’importe quelle créature, qui avait dû un jour défendre son enfant. Peu lui importait, aurait-on dit, de risquer d’être éventrée, tout comme son cheval. On avait un peu l’impression de voir un Esprit de la Mère, capable de maîtriser le bison aussi aisément que le cheval. Jamais Ranec n’avait rencontré une femme comme elle. Elle était tout ce qu’il avait pu désirer : belle, forte, intrépide, tendre, protectrice. Une femme, dans toute l’acception du terme.

  Jondalar vit l’admiration dans le regard de Ranec et sentit se déchirer ses entrailles. Impossible à Ayla de ne pas y répondre. Il redoutait de la perdre au profit de cet homme sombre, si attirant, et il ne savait que faire pour empêcher ce malheur. Les dents serrées, le front contracté par la colère et la frustration, il se détourna pour tenter de cacher ses émotions.

  Il avait vu des hommes et des femmes se comporter comme lui-même. Il avait éprouvé pour eux une pitié mêlée de mépris. C’était là l’attitude d’un enfant sans expérience, qui ignorait tout de la manière de se conduire avec sagesse dans le monde. Il croyait avoir dépassé ce stade. Ranec était intervenu pour lui sauver la vie. C’était un homme. Pouvait-il lui en vouloir d’être attiré par Ayla ? N’avait-elle pas le droit de faire son propre choix ? Il se détestait de réagir ainsi, mais il ne pouvait s’en empêcher. Il arracha sa sagaie qui était restée fichée dans le bison, et s’éloigna.

  Le massacre avait déjà commencé. A l’abri de la clôture, les chasseurs lançaient leurs projectiles sur les animaux épouvantés qui beuglaient et se bousculaient dans le piège. Ayla escalada la clôture, trouva un endroit où elle pouvait se tenir sans difficulté. De là, elle vit Ranec lancer son arme avec force et précision. Une femelle énorme vacilla, tomba sur les genoux. Druwez visa la même bête, et, d’une autre direction – la jeune femme n’en vit pas l’origine –, vint une dernière sagaie. L’animal à la rude toison s’affaissa, sa tête massive tomba en avant. Les propulseurs n’étaient ici d’aucune utilité, se dit Ayla. La méthode des chasseurs était tout à fait efficace.

  Brusquement, un mâle se lança contre la barrière, avec toute la force d’une masse de plusieurs tonnes. Le bois vola en éclats, les lanières cédèrent, les montants verticaux furent arrachés. Ayla sentit la clôture trembler. Elle sauta à terre. Toute la structure était ébranlée. Le bison s’y était pris les cornes ! Dans ses efforts pour se dégager, il secouait la clôture tout entière. Ayla avait l’impression que tout allait s’écrouler.

  Talut grimpa sur la barrière instable et, d’un seul coup de son énorme hache, ouvrit le crâne du puissant animal. Du sang lui jaillit au visage, la cervelle se répandit. Le bison s’affaissa, les cornes toujours prises, entraînant avec lui la barrière et Talut lui-même.

  Adroitement, le géant se dégagea, au moment où la structure s’abattait sur le sol. Il fit quelques pas, écrasa d’un autre coup de hache le crâne du dernier bison encore debout. La barrière avait fait son office.

  — Et maintenant, au travail, s’écria Deegie.

  Elle désignait d’un geste l’espace cerné par la clôture de fortune. Les bêtes abattues formaient comme autant de monticules de laine d’un brun sombre. Elle s’avança vers le premier, tira de son fourreau son couteau de silex, tranchant comme un rasoir, et, à califourchon sur la tête du bison, lui fendit la gorge. Le sang d’un rouge vif jaillit de la jugulaire. Le jet se ralentit, forma autour de la bouche et des naseaux une flaque d’un cramoisi plus sombre, qui s’élargit lentement, teignit en noir la terre d’un brun grisâtre.

  — Talut ! appela Deegie.

  Elle était passée à un autre monticule de rude fourrure. La longue hampe de sagaie qui sortait du flanc vibrait encore.

  — Viens achever celui-ci mais cette fois essaie de conserver un peu de cervelle. J’en ai besoin.

  Talut eut tôt fait de mettre fin aux souffrances du bison.

  Venait ensuite une besogne sanglante : il fallait éviscérer, dépouiller et débiter les animaux. Ayla aida Deegie à retourner une grosse femelle, afin d’exposer son ventre. Jondalar s’approchait des deux jeunes femmes, mais Ranec, plus proche, arriva le premier. Jondalar s’immobilisa : il se demandait si les trois autres allaient avoir besoin de lui, ou si un quatrième larron serait tout bonnement gênant.

  En partant de l’anus, ils fendirent l’abdomen de l’animal, mirent de côté les mamelles gonflées de lait. Ayla d’un côté, Ranec de l’autre s’attaquèrent à la cage thoracique. Ils en écartèrent les deux moitiés. Après quoi, avec l’aide de Deegie, presque engagée dans la cavité encore chaude, ils retirèrent les organes internes : l’estomac, les intestins, le cœur, le foie. Ce fut très vite fait, afin de ne pas laisser aux gaz, qui n’auraient pas tardé à gonfler la carcasse, le temps de donner mauvais goût à la viande.
Ils s’attaquèrent ensuite à la peau.

  Visiblement ils n’avaient pas besoin d’aide. Jondalar vit Latie et Danug s’attaquer à la cage thoracique d’une bête plus petite. Il écarta Latie et, des deux mains, la colère aidant, ouvrit d’un seul effort l’animal. Mais le dépeçage était un dur travail, et, quand ils se trouvèrent prêts à écorcher le bison, la colère de Jondalar s’était émoussée.

  Ayla connaissait le travail, elle l’avait accompli seule bien des fois. Plutôt que de taillader la peau, on préférait la détacher du corps. Une fois tranchée le long des jambes, elle se séparait assez facilement des muscles, et l’on pouvait la soulever de l’intérieur avec le poing ou simplement tirer dessus. Quand un ligament la retenait, il était plus facile de le couper : on se servait pour cela d’un couteau spécial, dont le manche était fait d’os, et dont la lame, affilée sur les deux tranchants, était arrondie à l’extrémité, afin de ne pas percer la peau. Ayla, accoutumée à tenir à pleine main couteaux et outils, avait quelque peine à se servir d’une lame emmanchée mais elle sentait déjà qu’elle aurait plus de force et d’habileté quand elle s’y serait habituée.

  Les tendons des pattes et du dos étaient mis à nu : on s’en servait pour toutes sortes d’usages, depuis le fil à coudre jusqu’aux collets. La peau deviendrait cuir ou fourrure. Les longs poils étaient transformés en cordes ou cordages de différentes grosseurs, en filet pour pêcher ou en lacets pour prendre des oiseaux, de petits animaux à la bonne saison. On mettait de côté les cervelles et un certain nombre de sabots : bouillis avec des os et des morceaux de cuir, ils donneraient de la colle. On attachait un grand prix aux longues cornes, qui pouvaient faire jusqu’à trois mètres. La partie effilée, pleine, soit le tiers de la longueur, était débitée en leviers, chevilles, coins, poignards ; la partie creuse fournissait des tubes coniques, utilisés pour souffler sur les feux, ou des espèces d’entonnoirs pour remplir les sacs de peau de liquides, de poudres ou de graines et pour les vider à nouveau. La partie centrale, si on réservait un peu de la section compacte pour le fond, pouvait servir de gobelet. Les minces découpes transversales devenaient des boucles, des bracelets, des anneaux.

 

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