by Jean M. Auel
— Si ça te paraît un exploit, regarde plutôt ceci, dit-il à Tulie.
Il lança les deux mottes en l’air en même temps. Ayla les toucha l’une après l’autre, dans une explosion de poussière. Il en lança deux autres, et elle les désintégra avant qu’elles n’eussent atteint le sol.
Les yeux de Talut brillaient de surexcitation.
— Lances-en deux autres, lui dit Jondalar.
Il croisa le regard d’Ayla, ramassa lui-même deux mottes, les brandit pour les lui montrer. Elle fouilla dans le petit sac, en sortit quatre pierres, deux dans chaque main. Il allait déjà lui falloir une coordination exceptionnelle pour charger la poche de son arme successivement de quatre pierres et pour les lancer tour à tour, avant que quatre mottes de terre jetées en l’air n’eussent retrouvé le sol, mais le faire avec assez de précision pour les atteindre constituait une gageure qui mettrait son adresse à rude épreuve. Jondalar entendit Barzec et Manuv conclure un pari. Manuv misait sur la jeune femme. Après l’avoir vue sauver la vie de la petite Nuvie, il était sûr qu’elle était capable de n’importe quel exploit.
Jondalar, de sa vigoureuse main droite, lança ses deux mottes l’une après l’autre, tandis que Talut en faisait autant avec les deux autres, le plus haut possible.
Les deux premières, une de Jondalar, une de Talut, furent atteintes successivement, très vite. Mais il fallait un peu plus de temps pour passer d’une main à l’autre les deux pierres restantes. La seconde motte de Jondalar retombait déjà, et celle de Talut ralentissait en approchant de l’apogée de sa course avant qu’Ayla eût pu recharger son arme. Elle visa la cible la plus basse, qui regagnait de la vitesse dans sa chute, fit jaillir une pierre de la poche. Elle perdit un peu plus de temps qu’elle n’aurait dû à la regarder atteindre son but, avant de reprendre l’extrémité de la courroie. Elle allait devoir faire très vite.
D’un mouvement sans heurt, elle plaça la dernière pierre dans la poche de la fronde et, avec une incroyable rapidité, la lança. La dernière motte de terre explosa juste avant de toucher le sol.
Le Camp éclata en cris d’approbation et de félicitations, en bruyants applaudissements sur les cuisses.
— Superbe démonstration, Ayla, dit Tulie, chaleureusement. Je ne crois pas avoir jamais vu rien de pareil.
— Je te remercie, répondit la jeune femme.
La réaction de la Femme Qui Ordonne, tout autant que sa propre réussite, lui avait fait monter le rouge aux joues. D’autres membres du Camp se pressaient autour d’elle pour la couvrir de compliments. Elle leur sourit timidement mais chercha Jondalar : tant d’attention la mettait un peu mal à l’aise. Son compagnon s’entretenait avec Wymez et Talut qui avait placé Rugie sur ses épaules et avait Latie à côté de lui. Jondalar vit la jeune femme le regarder. Il lui sourit mais continua de parler.
— Ayla, comment as-tu pu apprendre à te servir aussi bien d’une fronde ? demanda Deegie.
— Et où ? Qui t’a entraînée ? questionna Crozie.
— Je voudrais bien apprendre à en faire autant, ajouta timidement Danug.
Le grand garçon, resté derrière les autres, posait sur Ayla des yeux emplis d’adoration. Dès la première fois qu’il l’avait vue, elle avait fait naître en lui un émoi juvénile. Pour lui, c’était la femme la plus belle qu’il eût jamais vue, et Jondalar, qu’il admirait, avait à son avis bien de la chance. Après la promenade à cheval et l’habileté dont elle venait de faire preuve, l’intérêt naissant de Danug avait pris soudain les proportions d’une passion véritable.
Ayla lui accorda un léger sourire.
— Peut-être nous donneras-tu quelques indications sur la manière de s’y prendre, quand Jondalar et toi vous nous montrerez le lance-sagaie, suggéra Tulie.
— Oui, ça ne me déplairait pas de savoir me servir comme toi d’une fronde, appuya Tornec, mais ce lance-sagaie m’a l’air vraiment intéressant, s’il possède une précision raisonnable.
Ayla recula. Toutes ces questions, tous ces gens autour d’elle la rendaient nerveuse.
— Lance-sagaie est précis... si main est précise, dit-elle.
Elle se rappelait avec quelle assiduité Jondalar et elle s’étaient entraînés. Aucune arme n’était précise par elle-même.
— C’est toujours ainsi. La main et l’œil font l’artiste, Ayla, dit Ranec.
Il lui prit la main, la regarda au fond des yeux.
— Sais-tu combien tu étais belle et gracieuse ? Tu es une artiste, avec cette fronde.
Les yeux sombres qui plongeaient dans les siens l’obligeaient à prendre conscience de son désir et arrachaient à la femme qu’elle était une réaction aussi vieille que le monde. Mais, en même temps, les battements de son cœur lui transmettaient un avertissement : cet homme n’était pas celui qui devait l’émouvoir. Ce n’était pas l’homme qu’elle aimait. L’émotion que Ranec éveillait en elle était indéniable mais d’une nature différente.
Non sans effort, elle détacha son regard du sien, chercha frénétiquement Jondalar... et le trouva. Son regard était fixé sur le couple, et ses yeux d’un bleu éclatant étaient pleins de feu, de glace et de souffrance.
Ayla arracha sa main à celle de Ranec et recula. C’en était trop. Les questions, l’empressement des membres du Camp, les émotions incontrôlables qui l’assaillaient lui devenaient insupportables. Son estomac se nouait, son cœur battait à grands coups, la gorge lui faisait mal. Il lui fallait partir. Elle vit Whinney, et Rydag encore sur son dos. Sans même réfléchir, elle se mit à courir vers la jument, ramassant au passage, de la main qui tenait encore la fronde, le petit sac de pierres.
D’un bond, elle se retrouva à califourchon sur la jument, passa autour de l’enfant un bras protecteur, se pencha en avant. Les signaux transmis par la pression, par le mouvement, et la communication subtile, inexplicable entre la femme et l’animal firent comprendre à Whinney son besoin de fuir. Elle s’élança dans un galop effréné à travers la vaste plaine. Rapide la suivit, maintenant sans effort le même train que sa mère.
Les gens du Camp du Lion en restèrent abasourdis. Pour la plupart, ils n’avaient pas la moindre idée de la raison qui avait poussé Ayla à enfourcher sa jument, et seuls quelques-uns l’avaient vue partir dans cette course folle. La femme, avec cette longue chevelure blonde qui volait au vent derrière elle, accrochée à l’encolure de la jument fougueuse, constituait un spectacle surprenant, impressionnant, et nombreux étaient ceux qui auraient volontiers changé de place avec Rydag. Nezzie sentit un instant son cœur se pincer d’inquiétude pour l’enfant, mais, elle le savait, jamais Ayla ne lui laisserait courir le moindre danger. Elle se rassura.
L’enfant ignorait pourquoi il bénéficiait de cette immense faveur, mais ses yeux étincelaient de joie. La surexcitation faisait bien battre son cœur un peu plus fort, mais, avec le bras d’Ayla autour de lui, il n’éprouvait aucune crainte, rien d’autre que l’émerveillement de filer ainsi dans le vent.
La fuite loin du théâtre de sa détresse, le contact et le bruit familiers de sa monture apaisèrent la jeune femme. Elle se détendit, prit alors conscience des battements du cœur de Rydag contre son bras avec un rythme particulier, un peu confus. Elle éprouva une inquiétude momentanée. Avait-elle été imprudente en l’emmenant avec elle ? Mais le rythme, s’il était anormal, n’était pas exceptionnellement précipité.
Elle ralentit l’allure de la jument, lui fit décrire un large cercle pour reprendre le chemin du retour. En approchant du terrain de lancer, ils passèrent près d’un couple de lagopèdes. Leur plumage tacheté n’avait pas encore entièrement pris le blanc de l’hiver. Ils se cachaient dans les hautes herbes, mais les chevaux les levèrent, et ils s’envolèrent. Mue par la force de l’habitude, Ayla prépara sa fronde. En baissant les yeux, elle vit que Rydag avait dans sa main deux pierres prises au sac qu’il tenait devant lui. Elle s’en empara et, guidant Whinney par la pression de ses cuisses, elle abattit d’abord l’un des gros oiseaux au vol bas, puis l’autre.
El
le immobilisa Whinney et, sans lâcher Rydag, se laissa glisser au sol. Elle le posa à terre, alla ramasser les oiseaux, leur tordit le cou et, avec quelques hautes tiges d’herbe fibreuse, elle lia les quatre pattes emplumées. Les lagopèdes, quand ils le voulaient, étaient capables de voler vite et loin, mais ils n’émigraient pas vers le sud. Ils se couvraient en hiver d’un épais plumage blanc qui réchauffait et camouflait leur corps et faisait de leurs pattes des raquettes à neige. Ils supportaient ainsi la saison froide, se nourrissaient de graines et de ramilles. Quand une tempête se déchaînait, ils se creusaient de petites grottes dans la neige pour en attendre la fin.
Ayla remit Rydag sur le dos de Whinney.
— Veux-tu tenir les lagopèdes, lui demanda-t-elle par signes.
— Tu veux bien ? répondit-il dans le même langage.
La joie se lisait dans toute sa personne. Jamais encore il n’avait couru vite pour le simple plaisir de courir vite : pour la première fois, il découvrait ce que l’on peut ressentir. Jamais il n’avait chassé ni même réellement compris les émotions complexes nées de l’exercice conjoint de l’intelligence et de l’habileté dans le but de trouver sa propre subsistance et celle des siens. Il venait de toucher de près ces émotions ; jamais il n’en approcherait davantage.
Ayla sourit. Elle plaça les oiseaux en travers du garrot de la jument, devant Rydag. Après quoi, à pied, elle prit la direction du terrain de lancer. Whinney la suivit. La jeune femme n’était pas pressée de rentrer : elle restait bouleversée au souvenir de l’expression furieuse de Jondalar. Pourquoi se met-il ainsi en colère ? se demandait-elle. Un instant, il l’avait contemplée en souriant, tout heureux... quand tout le monde se pressait autour d’elle. Mais, quand il avait vu Ranec... Elle rougit, en revoyant les yeux sombres, en ré-entendant la voix douce. Les Autres ! pensa-t-elle. Elle secoua la tête, comme pour s’éclaircir les idées. Je ne les comprends pas, tous ces Autres !
Le vent qui la poussait lui jetait au visage des mèches de ses longs cheveux. Agacée, elle les repoussait de la main. Plusieurs fois, elle avait songé à se faire des tresses, comme lorsqu’elle vivait seule dans sa vallée. Mais Jondalar aimait voir ses cheveux en liberté, et elle les laissait ainsi. C’était parfois très gênant. Sur quoi, avec une certaine irritation, elle s’aperçut qu’elle tenait toujours sa fronde à la main parce qu’elle n’avait pas d’autre endroit où la mettre, pas de lanière où la glisser. Avec ces vêtements qu’elle portait parce qu’ils plaisaient à Jondalar, elle ne pouvait même pas avoir sur elle son sac de guérisseuse : elle l’avait toujours attaché à la lanière qui retenait fermée la peau dont elle s’enveloppait naguère.
Elle leva la main pour repousser une fois de plus les cheveux qui lui voilaient les yeux et, pour la seconde fois, remarqua sa fronde. Elle s’arrêta, rassembla sa chevelure en arrière, passa autour de sa tête la souple courroie de cuir. Elle sourit. Apparemment, c’était la bonne solution. Ses cheveux retombaient toujours librement dans son dos, mais la courroie les empêchait de revenir sur ses yeux, et il lui paraissait commode de porter ainsi sa fronde sur sa tête.
La plupart des Mamutoï supposaient que la fuite précipitée d’Ayla sur son cheval et la folle chevauchée suivie de son tir réussi sur les lagopèdes faisaient partie de sa démonstration à la fronde. Sans les détromper, elle évita de regarder dans la direction de Jondalar et de Ranec.
Quand elle avait fait volte-face pour s’enfuir, Jondalar avait eu la certitude que c’était sa faute. Il le regrettait, s’en voulait, mais il avait peine à voir clair dans des émotions complexes qui ne lui étaient pas familières et il ne savait comment en parler à Ayla. Ranec, lui, n’avait pas mesuré toute la profondeur du désarroi de la jeune femme. Qu’il éveillât en elle une certaine réaction, il le savait et il soupçonnait qu’il y avait peut-être là une des raisons à cette fuite éperdue sur le cheval. Mais, à ses yeux, il s’agissait là d’une conduite naïve et charmante. Il n’en était que plus attiré vers elle. Jusqu’à quel point, se demandait-il, éprouvait-elle un sentiment profond pour le grand homme blond ?
Au retour d’Ayla, les enfants s’étaient remis à courir d’un bout à l’autre du terrain. Nezzie vint chercher Rydag, prit en même temps les oiseaux. Ayla laissa les chevaux aller où bon leur semblait. Ils s’éloignèrent un peu, se mirent à paître. La jeune femme s’attarda encore un moment : une discussion amicale avait amené quelques personnes à disputer une épreuve improvisée de lancement de sagaie. Cela les conduisit à une activité qui échappait aux limites de l’expérience d’Ayla. Ils se livraient à un jeu. Elle comprenait les concours, les compétitions qui mettaient à l’épreuve des talents nécessaires – à celui qui courait le plus vite ou qui lançait une sagaie le plus loin, par exemple –, mais pas une activité dont le seul objet semblait être le plaisir, et où la mise à l’épreuve ou l’amélioration d’un talent essentiel étaient purement accessoires.
On apporta de l’abri plusieurs cerceaux. De la circonférence d’une cuisse à peu près, ils étaient faits de bandes de cuir brut, tressées et séchées pour les durcir, et étroitement gainés d’une herbe résistante. Des sagaies aiguisées et emperinées – sans pointes d’os ou de silex faisaient aussi partie du matériel.
On faisait rouler les cerceaux sur le sol et on les visait avec les sagaies. Quand quelqu’un en arrêtait un en projetant son arme à travers le cercle, ce qui le couchait sur le sol, des cris, des applaudissements saluaient l’exploit. Le jeu, dont les mots qui servaient à compter faisaient également partie, tout comme cette chose qu’on appelait gageure, avait éveillé une grande excitation, et Ayla était fascinée. Les femmes, tout comme les hommes, y participaient mais, comme s’ils s’opposaient les uns aux autres, ils prenaient leur tour pour faire rouler les cerceaux et pour lancer les sagaies.
Finalement, on parvint à une mystérieuse conclusion. Plusieurs personnes reprirent le chemin de l’habitation. Deegie, toute rouge d’enthousiasme, faisait partie du groupe. Ayla la rejoignit.
— Cette journée se transforme en une véritable fête, on dirait, remarqua Deegie. Des concours, des jeux, et il semble que nous allons faire un vrai festin. Le ragoût de Nezzie, la bouza de Talut, le plat de Ranec. Que vas-tu faire de tes lagopèdes ?
— Ai façon à moi de cuire. Tu penses je dois faire ?
— Pourquoi pas ? Le festin sera encore plus grand avec un autre plat.
Avant même d’atteindre l’habitation, on avait un avant-goût du repas de fête grâce aux odeurs délicieuses qui assaillaient les narines de tentantes promesses. Le ragoût de Nezzie en était responsable pour une grande part. Il mijotait doucement dans la grande peau à cuisiner sous la surveillance de Latie et de Brinan, mais chacun à son tour semblait participer d’une manière ou d’une autre à l’élaboration du repas. Ayla s’était intéressée vivement aux préparatifs du ragoût et elle avait regardé Nezzie et Deegie mettre en route sa cuisson.
Dans un grand trou creusé près d’un feu, on avait posé des charbons ardents sur un lit de cendres accumulées par de précédentes cuissons. On avait versé par-dessus de la bouse de mammouth séchée et réduite en poudre et l’on avait posé sur le tout une grande pièce de peau de mammouth très épaisse, soutenue par un cadre et remplie d’eau. Les braises qui couvaient sous la bouse de mammouth avaient commencé à chauffer l’eau, mais, quand la bouse avait pris feu, il y avait eu assez de combustible consumé pour que le cuir ne touchât plus les flammes. L’eau bouillait, à présent, mais, en suintant lentement, elle empêchait la peau de prendre feu. Une fois tout le combustible épuisé, on entretenait l’ébullition du ragoût en y ajoutant des galets de rivière qu’on avait chauffés au rouge. Quelques enfants étaient chargés de cette tâche.
Ayla pluma les grues, les vida à l’aide d’un petit couteau de silex. Il n’avait pas de manche, mais on en avait émoussé l’un des tranchants pour éviter tout risque de coupure. Juste derrière la pointe, on avait pratiqué une échancrure. On plaçait de chaque côté le pouce et le majeur, on posait l’ind
ex sur l’échancrure, et l’on pouvait ainsi guider aisément le couteau. Il n’était pas fait pour un travail de force mais servait uniquement à trancher de la viande et du cuir. Ayla avait appris à s’en servir depuis son arrivée. Elle le trouvait très commode.
Elle avait toujours fait cuire les lagopèdes dans un trou tapissé de pierres. Elle y allumait un feu, le laissait brûler jusqu’au bout, avant de placer les animaux dans le trou et de les recouvrir. Mais on avait peine à trouver de grosses pierres dans les environs. Elle avait donc décidé d’adapter à ses propres besoins la technique de cuisson du ragoût. Ce n’était pas la bonne saison pour les herbes qu’elle aimait utiliser – du pas-d’âne, de l’ortie, de l’ansérine – et pour les œufs de lagopèdes, dont elle aurait aimé farcir les oiseaux. Mais certaines des herbes contenues dans son sac de guérisseuse, si on les employait en petites quantités, étaient aussi bonnes pour l’assaisonnement que pour les remèdes, et le foin dont elle enveloppait les grues allait leur prêter une saveur subtile très particulière. Quand elle en aurait fini, le plat ne serait peut-être plus celui qu’avait préféré Creb, mais il serait bon, se disait-elle.
Lorsqu’elle eut fini de nettoyer les oiseaux, elle retrouva Nezzie qui allumait un feu.
— Voudrais cuire lagopèdes dans trou, comme tu cuis ragoût dans trou. Peux avoir braises ? demanda Ayla.
— Bien sûr. As-tu besoin d’autre chose ?
— J’ai herbes séchées. Aime légumes frais dans oiseaux. Mauvaise saison.
— Va voir dans la réserve. Il y a quelques autres légumes dont tu as peut-être envie, et nous avons aussi du sel, proposa Nezzie.
Du sel, pensa la jeune femme. Elle n’avait pas mis de sel dans sa cuisine depuis son départ du Clan.
— Oui, aimerais sel. Peut-être légumes. Vais voir. Où trouve braises ?
— Je t’en donnerai un peu, dès que ce feu aura pris.
Ayla regarda Nezzie alimenter son feu, d’abord sans y prêter grande attention. Mais elle fut assez vite intriguée. Les Mamutoï, elle le savait sans jamais y avoir vraiment réfléchi, n’avaient pas beaucoup d’arbres. Ils se servaient d’os comme combustible, et l’os ne brûle pas facilement. Nezzie avait emprunté à un autre foyer une braise, avec laquelle elle avait enflammé le duvet de certaines gousses qu’on recueillait pour en faire des mèches. Elle ajouta un peu de bouse séchée qui produisait une flamme plus vive et plus chaude et, ensuite, des copeaux et des éclats d’os, qui avaient du mal à prendre.