by Jean M. Auel
— Assieds-toi, dit Ranec.
Il lui désignait une plate-forme de couchage couverte de douces et somptueuses fourrures. Elle avait maintenant le droit de satisfaire sa curiosité et elle regarda autour d’elle. Deux hommes partageaient ce foyer, mais chacun d’eux vivait de son côté du passage central, et leur cadre de vie trahissait deux tempéraments différents.
De l’autre côté du foyer central, le logement du façonneur d’outils avait un aspect de simplicité sans apprêt. On voyait une paillasse et quelques fourrures. La tenture de cuir, accrochée au petit bonheur, semblait ne pas avoir été détachée depuis des années. Quelques vêtements pendaient à des chevilles. D’autres s’empilaient le long du mur, derrière la couchette.
L’aire réservée au travail prenait presque toute la place : on la reconnaissait aux blocs, aux fragments, aux éclats de silex qui jonchaient le sol autour d’un pied de mammouth qui pouvait servir aussi bien de siège que d’établi. Divers outils, faits de pierre ou d’os, étaient bien en évidence sur le rebord de la plate-forme, au pied de la couchette. Les seuls objets décoratifs étaient une statuette en ivoire de la Mère, placée dans une niche creusée dans le mur, et, tout près, une ceinture aux ornements compliqués d’où pendait un pagne fait d’herbes séchées, fanées. Sans avoir besoin de poser la question, Ayla comprit que le vêtement avait appartenu à la mère de Ranec.
Par contraste, le logis du sculpteur pouvait être qualifié de somptueux et de bon goût. Ranec était un collectionneur mais il choisissait avec discernement. Tout était sélectionné avec le plus grand soin, chaque objet mis en valeur. Les fourrures jetées sur la couchette invitaient le contact des doigts et le récompensaient par une douceur exceptionnelle. Les rideaux drapés en plis harmonieux de chaque côté étaient faits de peau de daim veloutée, d’un brun profond ; ils exhalaient une légère odeur, pas désagréable, due à la fumée de sapin qui leur avait donné leur couleur. Le sol était recouvert de nattes tissées d’herbes aromatiques qui formaient des dessins multicolores.
Sur un prolongement de la plate-forme s’alignaient des corbeilles de tailles et de formes différentes. Les plus grandes contenaient des vêtements disposés de manière à exposer les motifs décoratifs faits de perles, de plumes et de fourrure. On voyait dans d’autres corbeilles, ou bien accrochés à des chevilles, des brassards et des bracelets d’ivoire, des colliers faits de dents d’animaux, de coquilles de mollusques d’eau de mer ou d’eau douce, de tubes de calcaire, de grains et de pendeloques d’ivoire, naturel ou teint, et, surtout, de grains d’ambre. Un grand éclat de défense de mammouth, gravé d’étranges dessins géométriques, était accroché au mur. Les armes de chasse elles-mêmes et les vêtements d’extérieur, pendus à des chevilles, ajoutaient encore à l’harmonie de l’ensemble.
Plus Ayla promenait son regard autour d’elle, plus elle découvrait d’objets remarquables. Mais ce qui parut vouloir attirer son attention et la retenir, mis à part les sculptures dispersées dans l’aire de travail, ce fut une statuette en ivoire de la Mère, superbement exécutée et placée dans une niche.
Ranec l’observait, suivait la direction de son regard, savait ce qu’elle voyait. Quand les yeux de la jeune femme se posèrent enfin sur lui, il lui sourit. Il s’assit devant son établi, le tibia d’un mammouth enfoncé dans le sol de façon que la jointure, à peine concave, arrivât au niveau de sa poitrine quand il s’asseyait sur une natte. Sur cette surface presque plate, au milieu de poinçons, de burins en silex dont il se servait pour sculpter, se trouvait l’image inachevée d’un oiseau.
— C’est la sculpture à laquelle je travaille actuellement, dit-il. Il la tendit à Ayla, épia son expression.
Avec le plus grand soin, elle prit à deux mains la figurine d’ivoire, l’examina, avant de la retourner pour la regarder de plus près. D’un air intrigué, elle revint à la première face, puis à l’autre.
— Est oiseau quand regarde ce côté, dit-elle à Ranec. Mais, maintenant, sur l’autre, est femme !
— Merveilleux ! Tu as vu cela immédiatement. C’est une représentation que j’essaie depuis longtemps de réaliser. Je voulais montrer la transformation de la Mère, Sa forme spirituelle. Je désire La montrer quand Elle prend Sa forme d’oiseau pour s’envoler d’ici vers le monde des esprits, mais sans cesser d’être la Mère, une femme. Je cherche à incorporer les deux formes en une seule !
Les yeux sombres de Ranec jetaient des éclairs, il ne parvenait plus à parler assez vite. Ayla souriait de son enthousiasme. C’était là un aspect de sa personnalité qu’elle ne connaissait pas encore. D’ordinaire, il semblait beaucoup plus détaché, même lorsqu’il riait. L’espace d’un instant, il lui rappela Jondalar, à l’époque où il cherchait à développer l’idée du propulseur de sagaies. A ce souvenir, elle fronça les sourcils. Ces jours d’été dans la vallée lui paraissaient si lointains. Jondalar, maintenant, ne souriait presque jamais. Quand cela lui arrivait, il se montrait furieux l’instant d’après. La conviction lui vint tout à coup que Jondalar n’aimerait pas la savoir là, en conversation avec Ranec qui lui découvrait sa joie, son enthousiasme. Elle en fut malheureuse, un peu irritée aussi.
11
— Ah, te voici, Ayla, s’exclama Deegie qui traversait le Foyer du Renard. La musique va commencer. Viens. Toi aussi, Ranec.
En parcourant tout l’abri, Deegie avait rassemblé la plus grande partie des membres du Camp du Lion. Elle portait, remarqua Ayla, le crâne de mammouth, et Tornec l’omoplate peinte en rouge de lignes régulières et de figures géométriques. Et Deegie, cette fois encore, avait prononcé le mot qui n’était pas familier à la jeune femme. Ayla et Ranec suivirent les autres dehors.
Des traînées de nuages, dans le ciel qui s’assombrissait, couraient vers le nord. Le vent se levait, bousculait la fourrure des capuchons et des pelisses. Mais personne, parmi tous ceux qui s’assemblaient en cercle, ne semblait s’en soucier. Le foyer extérieur, qui avait été formé de monticules de terre et de quelques pierres, pour tirer profit du vent du nord dominant, brûla plus fort et plus haut quand on y ajouta des os et un peu de bois. Mais les flammes étaient une présence invisible, vaincue par l’éblouissante lumière qui envahissait le couchant.
Quelques ossements massifs paraissaient avoir été abandonnés sur le sol au petit bonheur. Mais ils prirent une signification particulière lorsque Deegie et Tornec rejoignirent Mamut et s’en firent des sièges. Deegie posa le crâne de mammouth sur deux autres gros os qui le surélevaient par-devant et par-derrière. Tornec tenait l’omoplate dans une position verticale. Avec un instrument fait d’un bois de cerf en forme de marteau, il se mit à la frapper en différents endroits pour en ajuster légèrement la position.
Ayla était stupéfaite des sons qu’il produisait : ils étaient différents de ceux qu’elle avait entendus à l’intérieur. On avait l’impression d’un roulement de tambour. Pourtant, le bruit était particulier, il ne ressemblait à rien de ce qu’elle avait connu auparavant, tout en gardant la qualité obsédante d’un souvenir familier. Dans leurs variations, les sonorités lui rappelaient des voix. C’était un peu comme les sons qu’elle modulait parfois en sourdine pour elle-même, mais en plus distinct. Était-ce cela, la musique ?
Une voix s’éleva soudain. Ayla tourna la tête, vit Barzec. La tête rejetée en arrière, il émettait un hululement perçant qui déchirait l’atmosphère. Il descendit jusqu’à un vibrato grave, qui serra la gorge de la jeune femme et termina sur un brusque cri aigu, qui faisait l’effet d’une question laissée en suspens. En réponse, les trois musiciens se mirent à marteler les os de mammouth sur un rythme rapide. Ils reproduisaient le son émis par Barzec, s’accordaient à lui par le ton et par l’émotion, d’une manière inexplicable pour Ayla.
Bientôt, d’autres se joignirent au chant, sans paroles articulées mais seulement par des modulations de leurs voix, accompagnées par les instruments en os de mammouth. Au bout d’un moment, la musique changea, prit par degrés un caractère différent. Elle se fit plus lente, cré
a une impression de tristesse. Fralie se mit à chanter, d’une voix haute et douce, cette fois sur des mots. Elle contait l’histoire d’une femme qui avait perdu son compagnon, et dont l’enfant était mort. Ayla en fut touchée au plus profond d’elle-même : elle pensait à Durc, et les larmes lui vinrent aux yeux. Quand elle releva la tête, elle vit qu’elle n’était pas la seule à ressentir pareille émotion mais elle fut plus remuée encore en voyant Crozie : la vieille femme regardait droit devant elle d’un air impassible, son visage était sans expression, mais des larmes ruisselaient sur ses joues.
Fralie répéta les dernières phrases de son chant. Tronie se joignit à elle, puis Latie. Pour la répétition suivante, la phrase se modifia. Nezzie et Tulie, au contralto grave et profond, chantèrent avec les trois autres. Sur une nouvelle modification, d’autres voix intervinrent. La musique changea une fois encore de caractère. Elle devint une histoire de la Mère, la légende des Mamutoï, du monde des esprits et de leurs origines. Quand les femmes en arrivèrent au moment où l’Esprit de l’Homme était né, les hommes se joignirent à elles. La musique alterna entre les voix féminines et masculines, et un amical esprit de compétition se glissa dans le chœur.
La musique devint plus rapide, plus scandée. Dans un élan d’exubérance, Talut se débarrassa de la fourrure qu’il portait à l’extérieur. Il bondit au centre du cercle, en dansant, en claquant des doigts. Parmi les rires, les cris d’approbation, les piétinements, les claquements des mains sur les cuisses, Talut en vint à exécuter une danse athlétique, accompagnée de frappements de pieds et de sauts démesurés, au rythme de la musique. Barzec ne voulut pas être en reste : il entra dans le cercle à son tour. Quand ils parurent se fatiguer, ce fut Ranec qui les relaya. Une danse aux pas plus rapides, aux figures plus compliquées lui valut des acclamations, des applaudissements nourris. Sans s’arrêter, il appela Wymez. Celui-ci, d’abord réticent, se vit encourager par tous les assistants. Il entama une danse d’un caractère totalement différent.
Ayla joignit son rire et ses acclamations à ceux des autres. Elle prenait plaisir à la musique, au chant, à la danse mais surtout à l’enthousiasme général, à la gaieté ambiante qui lui faisaient du bien. Druwez prit son tour, pour exécuter un numéro de danse acrobatique. Brinan, ensuite, tenta de l’imiter. Sa danse n’avait pas la perfection de celle de son frère aîné, mais on applaudit ses efforts, ce qui encouragea Crisavec, le fils aîné de Fralie, à se joindre à lui. Tusie, à son tour, décida qu’elle avait envie de danser. Barzec, avec un tendre sourire, prit ses deux mains dans les siennes et dansa avec elle. Inspiré par cet exemple, Talut alla chercher Nezzie, l’amena au centre du cercle. Jondalar essaya d’entraîner Ayla, mais elle refusa. Elle vit les yeux brillants de Latie fixés sur les danseurs, poussa du coude son compagnon pour la lui désigner.
— Veux-tu me montrer les pas, Latie ? demanda-t-il à la jeune fille. Elle gratifia le visiteur d’un sourire de gratitude, le sourire de Talut, remarqua de nouveau Ayla. Le couple alla rejoindre les autres. Latie était mince et grande pour ses douze ans. Ses mouvements étaient gracieux. Ayla, qui la comparait aux autres femmes, se dit qu’elle deviendrait un jour une femme très séduisante.
D’autres femmes se mirent à danser. Quand la musique changea de rythme une fois encore, presque tout le monde dansait en mesure. Certains se mirent à chanter. Ayla se trouva entraînée dans la ronde qui s’était formée. Entre Jondalar d’un côté et Talut de l’autre, elle faisait un pas en avant, un pas en arrière, tournait, tournait, dansait et chantait, et la musique, de plus en plus rapide, les entraînait tous.
Finalement, elle s’arrêta, sur une dernière clameur. Tous riaient, parlaient, reprenaient leur souffle, les musiciens comme les danseurs.
— Nezzie ! Le repas n’est pas encore prêt ? J’en ai senti l’odeur toute la journée et je meurs de faim ! tonitrua Talut.
— Regardez-le, fit Nezzie, avec un signe de tête vers le colosse. Ne dirait-on pas qu’il meurt de faim ?
Les autres se mirent à rire.
— Oui, le repas est prêt. Nous attendions seulement que tout le monde soit prêt à manger.
— Eh bien, moi, je suis prêt, répliqua Talut.
Pendant que les uns allaient chercher leurs assiettes, d’autres, ceux qui avaient fait la cuisine, apportaient les plats. Les assiettes étaient des biens personnels. Les plats étaient souvent faits d’omoplates ou d’os de bassin de bison ou de cerf. Les tasses, les bols étaient parfois de petits paniers faits d’herbes étroitement tressées, de manière à les rendre imperméables. Parfois aussi, il s’agissait de l’os frontal, en forme de coupe, d’un daim auquel on avait enlevé les cornes. Des coquillages, acquis, comme le sel, de voyageurs qui étaient allés jusqu’à la mer ou qui vivaient sur ses rivages, servaient d’assiettes plus petites, de pelles à main ou de cuillers. On servait la nourriture à l’aide de grandes louches, taillées dans l’os, l’ivoire ou la corne, et avec des baguettes habilement manipulées comme des pinces. D’autres baguettes, avec les couteaux de silex, servaient à manger. Le sel, rare et très apprécié dans ces territoires de l’intérieur, était présenté à part, dans le plus beau des coquillages.
Le ragoût de Nezzie, qui ne faisait pas mentir son arôme, était savoureux, gras à souhait. Il s’accompagnait des petits pains de Tulie, faits de grain pilé, qui avaient cuit dans la sauce du ragoût. Deux oiseaux ne pouvaient guère nourrir tout le Camp affamé, mais chacun goûta les lagopèdes d’Ayla. Cuites dans le trou creusé en terre, les volailles étaient si tendres que la chair se détachait toute seule. Les Mamutoï n’étaient pas habitués à l’assaisonnement complexe qu’elle avait imaginé, mais celui-ci n’en flatta pas moins les palais du Camp du Lion. Tout fut mangé, jusqu’à la dernière miette. Ayla elle-même décida que la farce était savoureuse.
Vers la fin du repas, Ranec apporta le plat qu’il avait préparé. La surprise fut générale : il ne s’agissait pas de sa spécialité habituelle. Il passa à la ronde des petites galettes croquantes. Ayla en goûta une, tendit la main pour en prendre une autre.
— Comment faire ça ? demanda-t-elle. Est si bon.
— A moins de provoquer chaque fois une épreuve de force, je ne crois pas qu’on pourra en refaire facilement. Je me suis servi du grain réduit en poudre, je l’ai mélangé à de la graisse de mammouth fondue, j’y ai ajouté des mûres, j’ai persuadé Nezzie de me donner un peu de miel et j’ai fait cuire le tout sur des pierres brûlantes. Wymez m’a bien dit que le peuple de ma mère se servait pour la cuisine de graisse de sanglier mais il ne savait plus très bien comment ils l’utilisaient. Comme je ne me rappelle pas avoir jamais vu un sanglier, j’ai pensé que je me contenterais de graisse de mammouth.
— Goût presque pareil, dit Ayla, mais rien est bon comme ça. Fond dans la bouche.
Elle leva un regard pensif sur l’homme à la peau brune, aux yeux noirs, aux cheveux crépus qui, en dépit de son aspect étrange, était, comme tous les autres, un Mamutoï du Camp du Lion.
— Pourquoi faire cuisine ? Il se mit à rire.
— Pourquoi pas ? Nous ne sommes que deux, au Foyer du Renard, et j’aime assez ça, tout en étant heureux de manger la plupart du temps au foyer de Nezzie. Pourquoi cette question ?
— Hommes de Clan pas faire cuisine.
— Beaucoup d’hommes ne la font pas, s’ils n’y sont pas obligés.
— Non, hommes de Clan pas capables. Pas savoir comment. Pas souvenirs pour cuisine.
Ayla n’était pas certaine de se faire bien comprendre, mais, à ce moment, Talut survint : il servait à chacun son breuvage fermenté. La jeune femme remarqua alors que Jondalar l’observait, tout en s’efforçant de garder un visage impassible. Elle tendit une coupe taillée dans un os, regarda Talut la remplir de bouza. Le breuvage ne lui avait pas beaucoup plu, la première fois qu’elle l’avait goûté, mais tous les autres semblaient le déguster avec plaisir, et elle décida de faire un nouvel essai.
Après avoir servi tout le monde, Talut reprit son assiette pour aller se se
rvir de ragoût pour la troisième fois.
— Talut ! Tu en reprends encore ? fit Nezzie, d’un ton faussement grondeur.
C’était sa façon à elle, Ayla commençait à le comprendre, de dire au colosse qu’était le chef du camp qu’elle était contente de lui.
— Mais tu t’es surpassée. Ce ragoût est le meilleur que j’aie jamais mangé.
— Voilà que tu exagères encore. Tu me dis ça pour que je ne te traite pas de glouton.
— Voyons, Nezzie...
Talut posa son assiette. Tout le monde, en souriant, échangeait des regards entendus.
— Quand je dis que tu es la meilleure, je le pense vraiment. Il la souleva de terre, fourra le nez au creux de son épaule.
— Talut ! Espèce de gros ours. Lâche-moi.
Il obéit, non sans lui caresser un sein en lui mordillant l’oreille.
— Tu as raison, je pense. Qui a besoin de reprendre du ragoût ? Je vais achever mon repas avec toi, je crois. Ne m’as-tu pas fait une promesse, tout à l’heure ? répliqua-t-il, avec une innocence bien jouée.
— Talut ! Tu es pire qu’un taureau en rut !
— D’abord, je suis un glouton, ensuite un ours, et me voilà maintenant transformé en aurochs.
Il éclata d’un grand rire.
— Mais, toi, tu es la lionne. Viens avec moi à mon foyer, dit-il. Il faisait mine de vouloir la soulever pour l’emporter.
Elle céda soudain, se mit à rire, elle aussi.
— Oh, Talut ! Comme la vie serait triste sans toi !
Le géant la gratifia d’un large sourire. Ils échangèrent un regard où brûlaient l’amour et la complicité. Ayla en sentit la chaleur. Au fond d’elle-même, elle devinait que cette étroite entente était née de toute une vie d’expériences partagées, au cours de laquelle ils avaient appris à s’accepter l’un l’autre.