Les chasseurs de mammouths

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Les chasseurs de mammouths Page 26

by Jean M. Auel


  Mais leur bonheur faisait lever en elle des pensées inquiétantes. Connaîtrait-elle jamais une telle entente ? Parviendrait-elle un jour à comprendre aussi bien un autre être ? Les yeux fixés au-delà de la rivière, elle méditait sombrement. Elle partagea ainsi avec les autres un moment de silence, tandis que le vaste paysage désert mettait en scène un impressionnant spectacle.

  Les nuages qui venaient du nord avaient étendu leur territoire, quand le Camp du Lion eut achevé son festin. Ils offraient maintenant leurs surfaces réfléchissantes à un soleil qui battait rapidement en retraite. Dans un brûlant et glorieux flamboiement, ils proclamaient leur victoire sur l’horizon lointain, ils déployaient leur triomphe en bannières éclatantes d’écarlate et d’orangé... sans se soucier d’un noir allié, l’autre face du jour. Cet orgueilleux déploiement de couleurs, dans toute son audacieuse splendeur, fut une fête de courte durée. L’inexorable avance de la nuit vint saper cet éclat fugitif et fit pâlir les couleurs jusqu’à des tons de carmin et de cornalines. Le rose vif passa au mauve cendré pour être finalement vaincu par un noir de suie.

  Avec la nuit, le vent forcit. L’abri et sa chaleur se firent attirants. Dans la lumière déclinante, chacun frotta ses assiettes avec du sable, les rinça à l’eau claire. On vida dans un récipient le reste du ragoût de Nezzie, on nettoya de la même manière la grande peau qui avait servi à le cuire, avant de la mettre à sécher au-dessus du feu. Une fois à l’intérieur, on se débarrassa des vêtements chauds, on les accrocha à des chevilles, on ranima et regarnit les feux.

  Le bébé de Tronie, Hartal, nourri et satisfait, s’endormit presque tout de suite, mais la petite Nuvie de trois ans, qui luttait pour garder les yeux ouverts, voulait à tout prix rejoindre les autres qui commençaient à s’assembler au Foyer du Mammouth. Ayla la vit trébucher. Elle l’enleva dans ses bras, la berça un instant, avant de la ramener, profondément endormie, à Tronie, avant même que celle-ci n’eût quitté son foyer.

  Au Foyer de la Grue, Tasher, le fils de Fralie, qui avait deux ans, avait mangé, pendant le festin, dans l’assiette de sa mère. Pourtant, remarqua Ayla, il cherchait encore à prendre le sein. Il se mit à grogner, à pleurer, ce qui convainquit la jeune femme que sa mère n’avait plus de lait. Il venait tout juste de céder au sommeil quand éclata entre Crozie et Frébec une querelle qui le réveilla. Fralie, trop lasse pour gaspiller de l’énergie en colère, le prit dans ses bras, mais Crisavec, qui avait sept ans, se renfrogna.

  Il partit en compagnie de Brinan et de Tusie, quand ceux-ci passèrent par le foyer. Ils rejoignirent Rugie et Rydag, et les cinq enfants, qui avaient tous à peu près le même âge, se mirent à parler par mots et par signes, au milieu de fous rires. Ils se blottirent tous sur une couchette inoccupée, voisine de celle que partageaient Ayla et Jondalar.

  Druwez et Danug étaient assis côte à côte, près du Foyer du Renard. Latie était restée debout tout à côté, mais ou bien ils ne l’avaient pas vue ou bien ils ne voulaient pas lui parler. Ayla la vit leur tourner finalement le dos et, tête basse, se diriger d’un pas traînant vers les enfants plus jeunes. La petite n’était pas encore une jeune fille, devina Ayla, mais elle n’était pas loin de le devenir. C’était une période où les filles avaient besoin d’amies à qui parler, mais il n’y en avait pas de son âge, au Camp du Lion, et les garçons ignoraient sa présence.

  — Latie, asseoir avec moi ? demanda-t-elle. La petite se rasséréna, obéit.

  Le reste des occupants du Foyer de l’Aurochs arrivaient par le passage central. Tulie et Barzec rejoignirent Talut, qui conférait avec Mamut. Deegie prit place de l’autre côté de Latie, lui sourit.

  — Où est Druwez ? questionna-t-elle. J’ai toujours su que, si j’avais besoin de lui, il me suffisait de te trouver...

  — Oh ! Il parle avec Danug, répondit Latie. Ils ne se quittent plus, maintenant. J’étais si heureuse, quand mon frère est revenu. Je me disais que nous aurions tant de choses à nous raconter, tous les trois. Mais ils veulent toujours parler en tête-à-tête.

  Deegie et Ayla se regardèrent, échangèrent un coup d’œil entendu. Le moment était venu où les amitiés enfantines devaient être considérées sous un aspect nouveau, transformées en relations adultes où chacun reconnaîtrait chez les autres des hommes et des femmes. Mais cette période pouvait être un temps de solitude et de confusion. Ayla, d’une façon ou d’une autre, avait été tenue à l’écart, éloignée durant la majeure partie de sa vie. Elle comprenait ce que pouvait être cette impression de solitude, même lorsqu’on était entouré de gens qui vous aimaient. Plus tard, dans sa vallée, elle avait trouvé le moyen de compenser ce désespoir et elle revoyait le désir et la passion qui brillaient dans les yeux de la jeune fille toutes les fois qu’elle voyait les chevaux.

  Ayla regarda Deegie, puis Latie, pour l’inclure dans la conversation.

  — Beaucoup à faire, ce jour. Beaucoup jours, trop à faire. Besoin aide. Veux m’aider, Latie ? demanda-t-elle.

  — T’aider ? Oui, bien sûr. Que veux-tu que je fasse ?

  — Avant, chaque jour, brosse chevaux, fais promenade. Maintenant, plus beaucoup temps, mais chevaux ont besoin. Peux m’aider ? Je montre.

  Latie ouvrait de grands yeux ronds.

  — Tu veux que je t’aide à prendre soin des chevaux ? murmura-telle, stupéfaite. Oh, Ayla, c’est bien vrai ?

  — Oui. Aussi longtemps je suis là, serait très utile, répondit la jeune femme.

  Tout le monde était à présent rassemblé dans le Foyer du Mammouth. Talut, Tulie et quelques autres s’entretenaient avec Mamut de la chasse au bison. Le vieil homme avait procédé à la Recherche, et les autres se demandaient s’il devait répéter le processus. Après le remarquable succès de la première expédition, une autre chasse serait peut-être possible bientôt. Mamut fut d’accord pour essayer.

  Le grand chef fit circuler la bouza, le breuvage fermenté qu’il avait préparé à partir de la fécule des racines de massettes. Pendant ce temps, Mamut se préparait pour la Recherche. Talut remplit la coupe d’Ayla. Elle avait bu une bonne partie de ce qu’il lui avait versé à l’extérieur mais elle se sentait un peu coupable d’avoir jeté le reste. Cette fois, elle en respira l’odeur, elle le fit tourner dans sa coupe, prit longuement son souffle et avala le tout d’un seul trait. Talut lui sourit, la servit de nouveau. Elle lui rendit un sourire inexpressif, but encore. Lorsqu’il revint, après avoir fait le tour de l’assemblée, il vit la coupe vide, lui versa une autre rasade. Elle n’en avait pas envie, mais il était trop tard pour refuser. Elle ferma les yeux, avala le liquide au goût très fort. Elle commençait à s’y habituer sans toutefois comprendre encore pourquoi tout le monde paraissait l’apprécier à ce point.

  Pendant qu’elle attendait, elle fut saisie d’une sorte de vertige, ses perceptions se firent confuses. Elle n’eut pas conscience du moment où Tornec se mit à frapper en cadence sur son os de mammouth ; le son lui semblait provenir de l’intérieur d’elle-même. Elle secoua la tête, s’efforça de fixer son attention. Elle se concentra sur Mamut, le vit avaler quelque chose, eut vaguement l’impression que c’était dangereux.

  Elle aurait voulu l’empêcher de boire mais elle resta où elle était. C’était Mamut, il devait savoir ce qu’il faisait.

  Le vieil homme grand et maigre, à la barbe et aux longs cheveux blancs, était assis en tailleur derrière un autre crâne de mammouth. Il prit un marteau fait dans un bois de cerf et, après avoir écouté un instant, se mit à frapper au rythme de Tornec, avant de se lancer dans une mélopée. Celle-ci fut reprise par d’autres. Bientôt, presque toute l’assemblée participait à une cérémonie qui la magnétisait. Elle consistait en phrases répétitives, psalmodiées sur un rythme insistant, avec de rares modulations de ton, qui alternaient avec des battements arythmiques plus modulés que les voix. Un autre tambour se mit à résonner, mais Ayla remarqua seulement que Deegie n’était plus assise auprès d’elle. Le battement des tambours s’accordait à celui qui résonnait dans la tête de la jeune
femme. Bientôt, elle crut percevoir autre chose que la mélopée et le rythme des instruments. Les tons modulés, les différentes cadences, les changements de timbre et de volume commencèrent à évoquer des voix, des voix qui lui parlaient, dont les paroles lui étaient presque compréhensibles sans qu’elle les saisît entièrement. Elle voulut concentrer son attention, se contraindre à écouter, mais elle n’avait pas l’esprit clair : plus elle s’efforçait, et moins les voix des tambours lui paraissaient compréhensibles. Finalement, elle renonça, céda au vertige tourbillonnant qui semblait l’engloutir.

  Alors, de nouveau, elle entendit les tambours et, soudain, elle se sentit emportée.

  Elle survolait, très vite, les plaines mornes et glacées. Dans le paysage désert qui s’étendait au-dessous d’elle, tout s’enveloppait d’un voile de neige balayée par le vent. Lentement, elle s’aperçut qu’elle n’était pas seule. Un autre voyageur contemplait ce même paysage et, de quelque manière inexplicable, exerçait un certain contrôle sur leur vitesse et leur direction.

  Alors, faiblement, comme un lointain signal sonore, elle entendit des voix psalmodier, des tambours lui parler. Dans un moment de lucidité, elle perçut un mot, prononcé dans un étrange staccato vibrant qui approchait, sans les reproduire exactement, le timbre, la résonance d’une voix humaine.

  — Raaaleeentiiis. Et, de nouveau :

  — Raaaleeentiiis iiiciii...

  Elle sentit leur vitesse diminuer, regarda au-dessous d’elle, vit quelques bisons serrés les uns contre les autres à l’abri d’un escarpement de rivière. Les énormes animaux supportaient avec une stoïque résignation la violente tempête. La neige s’accrochait à leur poil bourru. Leurs têtes plongeaient vers le sol, comme écrasées par le poids des massives cornes noires. Seule, la vapeur qui montait des naseaux de leurs mufles courts laissait supposer qu’il s’agissait de créatures vivantes et non pas d’accidents de terrain.

  Ayla se sentit attirée vers le bas, assez près pour compter, pour distinguer chaque animal. Un jeune fit quelques pas pour venir se serrer contre sa mère. Une vieille femelle, qui avait perdu la pointe d’une corne, secoua la tête et renâcla. Un mâle gratta la terre pour écarter la neige et grignota la touffe d’herbe sèche qu’il avait mise à nu. Au loin, un hurlement s’éleva. Le vent, peut-être.

  Le panorama s’élargit de nouveau. Ayla entrevit quatre formes silencieuses, à quatre pattes, qui avançaient furtivement mais d’une allure décidée. La rivière coulait entre deux épaulements rocheux, au-dessous des bisons. En amont, la plaine alluviale, où les bisons avaient cherché asile, se resserrait entre deux hautes levées de terre. La rivière suivait tumultueusement une gorge abrupte faite de rochers déchiquetés et bouillonnait ensuite en rapides et en petites cascades. La seule issue était un défilé rocheux, qui servait de canal d’écoulement aux crues de printemps et par lequel on pouvait remonter vers les steppes.

  — Aaaa laaa maiaiaison.

  Les syllabes indéfiniment prolongées retentirent aux oreilles d’Ayla en vibrations intenses. Elle se retrouva rapidement entraînée au-dessus des plaines.

  — Ayla ! Tout va bien ? disait Jondalar.

  La jeune femme sentit un spasme violent ébranler tout son corps. Elle souleva les paupières, vit deux yeux d’un bleu éclatant fixés sur elle d’un air inquiet.

  — Euh... oui, je crois.

  — Que s’est-il passé ? Latie nous a dit que tu étais tombée en arrière sur le lit, que tu t’étais raidie avant d’être prise de convulsions. Après ça, tu t’es endormie, et personne ne parvenait à te réveiller.

  — Sais pas...

  — Tu es venue avec moi, voilà tout, Ayla. A la voix de Mamut, le couple se retourna.

  — Moi ? Aller avec toi ? Mais où ? demanda Ayla.

  Le vieil homme scruta son visage. Elle a peur, pensait-il. Rien d’étonnant, elle ne s’attendait pas à cette épreuve. C’est déjà bien assez effrayant la première fois quand on y est préparé. Je n’avais pas soupçonné que son pouvoir naturel serait aussi grand. Elle n’avait pas même pris le somuti. Elle a un don trop puissant. Elle doit être formée pour sa propre protection, mais puis-je tout lui enseigner dès maintenant ? Je ne veux pas qu’elle considère son Talent comme un fardeau qu’elle devra porter sa vie entière. Je veux qu’elle sache qu’il s’agit d’un don, même s’il entraîne une lourde responsabilité... Mais la Mère n’a pas coutume d’accorder Ses Dons à ceux qui sont incapables de les accepter. La Mère doit nourrir un dessein particulier pour cette jeune femme.

  — Où crois-tu que nous soyons allés, Ayla ? questionna le vieux chaman.

  — Pas sûre. Dehors... Étais dans blizzard et vois bisons... avec corne brisée... près rivière.

  — Tu as bien vu. J’ai été surpris en sentant ta présence auprès de moi. Mais j’aurais dû envisager cette éventualité car je sentais en toi grand pouvoir. Tu as un don, Ayla, mais tu as besoin d’être initiée, guidée.

  Ayla se redressa :

  — Un don ? demanda-t-elle.

  Elle fut secouée d’un frisson glacé, éprouva un instant de peur. Elle ne voulait pas posséder des dons particuliers. Elle désirait seulement un compagnon, des enfants, comme Deegie ou toute autre femme.

  — Quelle sorte de don, Mamut ?

  Jondalar la vit pâlir. Elle a l’air si épouvantée, si vulnérable, pensa-t-il. Il l’entoura de son bras. Il voulait uniquement la serrer contre lui, la protéger de tout mal, l’aimer. Ayla se laissa aller contre la chaleur de son corps, sentit son appréhension s’atténuer. Mamut prit note de ce subtil échange, l’ajouta à ses précédentes réflexions sur cette mystérieuse jeune femme qui avait fait parmi eux une soudaine apparition. Pourquoi chez eux ? se demandait-il.

  Ce n’était pas le hasard, il en était convaincu, qui avait conduit Ayla au Camp du Lion. Rencontres fortuites, coïncidences ne tenaient pas une grande place dans sa conception du monde. Mamut était persuadé que tout avait un but, une orientation voulue, une raison d’être, qu’il fût ou non à même de la saisir. La Mère, il en était sûr, avait eu un motif pour diriger Ayla vers eux. Il s’était livré à son propos à quelques déductions avisées. Maintenant, il en savait davantage sur sa vie passée et il se demandait si elle ne leur avait pas été envoyée en partie à cause de lui. Plus que quiconque, il le savait, il était en mesure de la comprendre.

  — Je ne sais pas très bien de quelle nature est ce don, Ayla. Un don de la Mère peut prendre de multiples formes. Tu possèdes, semble-t-il, le don de Guérison. Sans doute ton entente avec les animaux est-elle un don, elle aussi.

  Ayla lui sourit. Si la magie de guérison apprise auprès d’Iza était un don, elle l’acceptait volontiers. Si Whinney, Rapide et Bébé lui venaient de la Mère, elle Lui en était reconnaissante. Elle croyait déjà que l’Esprit du Grand Lion des Cavernes les lui avait envoyés. Peut-être la Mère y était-elle pour quelque chose, elle aussi.

  — Après ce que j’ai appris aujourd’hui, reprit Mamut, je suis prêt à penser que tu possèdes un don de Recherche. La Mère a été pour toi prodigue de Ses Dons, Ayla.

  L’inquiétude plissait le front de Jondalar. L’excès des faveurs de Doni n’était pas nécessairement désirable. On lui avait assez répété qu’elle lui en avait largement dispensé et il n’en avait pas tiré tant de bonheur. Il se remémora tout à coup les paroles du vieux guérisseur qui servait la Mère dans le peuple des Sharamudoï. Le shamud lui avait dit un jour que la Mère lui avait accordé de ne voir aucune femme capable de lui résister. Elle-même ne pouvait rien lui refuser. Tel était le Don qu’il avait reçu. Mais il l’avait averti de se montrer prudent. Les Dons de la Mère n’étaient pas des bénédictions sans mélange, elles faisaient de vous des débiteurs. Cela signifiait-il qu’Ayla avait une dette envers la Mère ?

  Ayla ne savait trop si elle appréciait ce dernier don.

  — Ne connais pas Mère, ni dons. Crois Lion des Cavernes, mon totem, envoyé Whinney.

  Mamut parut surpris.

  — Le Lion des Cav
ernes est ton totem ?

  Elle vit son expression, se rappela avec quelle difficulté le Clan en était venu à accepter qu’une créature femelle pût avoir un puissant totem mâle pour protection.

  — Oui, Mog-ur dit à moi : Lion des Cavernes choisit moi, fait marque. Je montre, expliqua Ayla.

  Elle dénoua la lanière de ses jambières, les descendit juste assez pour découvrir sa cuisse gauche et les quatre cicatrices parallèles faites par des griffes acérées, preuve de sa rencontre avec un lion des cavernes.

  Les marques étaient anciennes, depuis longtemps cicatrisées, remarqua Mamut. Elle devait être très jeune, à l’époque. Comment une fillette avait-elle pu échapper à un lion des cavernes ?

  — Comment as-tu été marquée ainsi ? questionna-t-il.

  — Pas rappeler... mais fais rêve.

  L’intérêt de Mamut s’accentua.

  — Un rêve ? encouragea-t-il.

  — Revient, quelquefois. Suis dans un endroit sombre, petit. Lumière vient par petite ouverture. Et puis... (Elle ferma les yeux, avala sa salive.)... quelque chose empêche lumière. Peur... Alors, grosse patte de lion passer, griffes pointues. Je crie, je me réveille.

  — J’ai rêvé récemment de lions des cavernes, dit Mamut. Voilà pourquoi je m’intéressais tant à ton rêve. J’ai rêvé d’une bande de lions des cavernes qui prenaient le soleil sur les steppes par une chaude journée d’été. Il y a deux petits. L’un des deux, une femelle, essaie de jouer avec le grand mâle, qui a une crinière rousse. Elle tend une patte, lui donne une petite tape sur le museau, plutôt comme si elle avait simplement envie de le toucher. Le grand mâle la repousse, avant de la plaquer au sol d’une énorme patte et de la lécher de sa longue langue râpeuse.

  Ayla et Jondalar l’écoutaient avec passion. Mamut continua :

  — Mais, soudain, quelque chose intervient. Une harde de rennes galope droit sur les lions. J’ai d’abord pensé qu’ils attaquaient : les rêves ont souvent un sens caché. Mais ces rennes sont affolés et, à la vue des lions, ils se dispersent. Dans l’aventure, le frère de la petite lionne est piétiné. Quand tout est fini, la lionne s’évertue à faire lever le petit mâle, mais elle ne peut lui redonner la vie. Finalement, elle part, avec la petite femelle, le mâle et le reste de la bande.

 

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