by Jean M. Auel
Mamut avait vu Jondalar pénétrer dans l’habitation, il avait entendu Ayla et les chevaux dans leur foyer. Quelque chose allait très mal, il en avait nettement l’impression. Quand la jeune femme fit son apparition dans le Foyer du Mammouth, il remarqua le désordre de sa tenue, se demanda si elle avait fait une chute, si elle s’était blessée. Mais c’était plus grave. Quelque chose l’avait bouleversée. Dissimulé dans l’ombre de sa plate-forme, il l’observait. Elle se changeait, et il vit que ses vêtements étaient déchirés. Loup arriva à toute allure, suivi de Rydag et de Danug qui brandissait fièrement un filet où frétillaient plusieurs poissons. Ayla sourit, félicita les pêcheurs. Mais, dès qu’ils eurent pris la direction du Foyer du Lion, pour y déposer leur prise et récolter d’autres compliments, la jeune femme souleva le louveteau, le prit dans ses bras et, le tenant serré contre elle, se balança d’avant en arrière.
Inquiet, le vieil homme se leva, se dirigea vers l’autre plate-forme.
— J’aimerais reprendre encore une fois le rituel du Clan avec la racine, dit-il. Pour m’assurer que nous le suivrons très précisément.
— Quoi ?
Les yeux d’Ayla se fixèrent sur lui.
— Oh... si tu le désires, Mamut.
Elle posa Loup dans sa corbeille, mais, immédiatement, il bondit pour courir retrouver Rydag au Foyer du Lion. Il n’éprouvait pas le moindre désir de se reposer.
Visiblement, Ayla était plongée dans une méditation douloureuse. Elle avait l’air d’avoir pleuré ou d’être sur le point de le faire.
Mamut voulait tenter de la faire parler, se confier, peut-être.
— Tu m’as dit, commença-t-il, qu’Iza t’avait montré comment on préparait le breuvage.
— Oui.
— Elle t’avait dit aussi comment te préparer toi-même ? As-tu tout ce qu’il te faut ?
— Il est nécessaire que je me purifie. Je n’ai pas tout à fait les mêmes plantes : la saison est différente. Mais je peux en utiliser d’autres pour ma purification.
— Ton mog-ur, ton Creb, il était là, avec toi ?
— Oui, fit-elle, après une hésitation.
— Il devait posséder de grands pouvoirs.
— L’Ours des Cavernes était son totem. L’Ours l’avait choisi, lui avait donné ce pouvoir.
— Dans ce rituel avec la racine, y avait-il d’autres participants ? Ayla baissa la tête, avant d’acquiescer d’un signe.
Elle ne lui avait pas tout dit, pensa Mamut. Il se demandait si c’était important.
— Étaient-ils au côté du mog-ur ?
— Non, Creb avait plus de pouvoir qu’eux tous. Je le sais, je le sentais.
— Comment le sentais-tu, Ayla ? Tu ne m’en as jamais parlé. Je croyais que les femmes du Clan n’avaient pas le droit de participer aux rites les plus secrets.
— Oui, c’est vrai, marmonna Ayla.
D’un doigt, le vieil homme lui releva le menton.
— Tu devrais peut-être m’en parler, Ayla.
Elle hocha la tête.
— Iza ne m’a jamais montré comment on préparait le breuvage : il était trop sacré, disait-elle, pour être gaspillé. Mais elle a essayé de me dire exactement comment il se faisait. Quand nous sommes arrivés au Rassemblement du Clan, les mog-ur ne voulaient pas que je leur prépare le breuvage. Je ne faisais pas partie du Clan, disaient-ils. Peut-être avaient-ils raison, ajouta Ayla, en baissant de nouveau la tête. Mais il n’y avait personne d’autre.
Est-elle en train de quêter ma compréhension ? se demanda Mamut.
— J’ai dû le faire trop fort, je pense, ou en trop grande quantité. Ils n’ont pas tout bu. Un peu plus tard, après la danse des femmes, j’ai trouvé ce qui restait. La tête me tournait, je n’avais qu’une seule pensée : Iza avait dit que le breuvage était trop sacré pour être gaspillé. Alors, j’ai bu le reste. Je n’ai pas le souvenir de ce qui s’est passé ensuite et, pourtant, je ne l’oublierai jamais. Je ne sais trop comment, j’ai retrouvé Creb et les mog-ur. Creb m’a fait remonter le temps entier, jusqu’au tout début de la mémoire. Je me rappelle avoir respiré l’eau tiède de la mer, m’être terrée dans le limon... Le Clan et les Autres, nous avons tous la même origine, le savais-tu ?
— Je n’en suis pas surpris, dit Mamut.
Il aurait donné beaucoup pour connaître la même expérience.
— Mais j’avais peur, aussi, surtout avant que Creb m’ait retrouvée pour me guider. Et... depuis... je ne suis plus la même. Parfois, mes rêves me font encore peur. Je crois que Creb m’a transformée.
Mamut hochait la tête.
— Cela expliquerait tout, dit-il. Je me demandais comment tu pouvais faire tant de choses sans avoir été initiée.
— Creb a changé, lui aussi. Durant longtemps, les relations entre nous n’ont plus été les mêmes. Avec moi, il a vu quelque chose qu’il n’avait jamais vu auparavant. Je lui ai fait du mal. Je ne sais pas comment mais je lui ai fait du mal.
Les yeux d’Ayla s’emplissaient de larmes.
Mamut l’entoura de ses bras, et elle se mit à pleurer doucement sur son épaule. Ses larmes devinrent le flot qui menaçait depuis un long moment. Elle se mit à sangloter, secouée par un chagrin plus récent. La tristesse qui l’avait envahie au souvenir de Creb amenait les larmes qu’elle avait retenues, les larmes de sa douleur, de sa confusion, de son amour contrarié.
Jondalar avait tout observé, depuis le foyer de la cuisine. Il souhaitait faire amende honorable, et il essayait de réfléchir à ce qu’il pouvait lui dire quand il vit Mamut aller parler à la jeune femme. Ayla en pleurs, il se convainquit qu’elle avait tout raconté au vieux chaman. La honte empourpra le visage de Jondalar. Il ne cessait de penser à ce qui s’était passé sur les steppes et plus il y pensait, plus il se faisait de reproches.
Et, se disait-il, après ça, tu t’es contenté de t’éloigner. Tu n’as même pas essayé de l’aider, tu n’as même pas fait l’effort de lui demander pardon, de lui dire que tu t’en voulais terriblement. Il se détestait, il avait envie de partir, d’emballer tout ce qu’il possédait et de partir, de ne plus avoir à affronter Ayla, Mamut, personne. Mais il avait promis à Mamut de rester, d’assister à la Fête du Printemps. Mamut doit déjà me trouver méprisable, se disait-il. Manquer à ma promesse y changerait-il quelque chose ? Toutefois, ce n’était pas seulement sa promesse qui le retenait. Mamut lui avait dit qu’Ayla risquait de se trouver en danger. Et Jondalar avait beau se détester, il avait beau avoir envie de se sauver, il ne pouvait laisser Ayla affronter seule ce danger.
— Te sens-tu mieux, à présent ? demanda Mamut, quand la jeune femme se redressa, s’essuya les yeux.
— Oui.
— Et tu n’as pas eu de mal ?
La question la surprit. Comment savait-il ?
— Non, pas du tout, mais il le croit. Je voudrais parvenir à le comprendre...
Les larmes, une fois de plus, menaçaient. Elle essaya de sourire.
— Je n’ai jamais autant pleuré quand je vivais avec le Clan. Ça mettait les autres mal à l’aise. Iza pensait que j’avais les yeux malades parce qu’ils s’emplissaient de larmes quand j’étais triste. Lorsque je pleurais, elle les soignait toujours avec un remède particulier. Je me demandais si j’étais un cas à part, ou si tous les Autres avaient des yeux qui se mouillaient.
— Maintenant, tu le sais, dit Mamut avec un sourire. Les larmes nous ont été données pour soulager notre peine. La vie n’est pas toujours facile.
— Creb disait souvent qu’un totem puissant ne rend pas toujours la vie facile. Il avait raison. Le Lion des Cavernes attire une puissante protection mais aussi des épreuves difficiles. J’en ai toujours tiré un enseignement, et je lui en ai toujours été reconnaissante, mais ce n’est pas facile.
— Non, mais elles sont nécessaires, je crois. Tu as été choisie dans un dessein particulier.
— Pourquoi moi, Mamut ? cria Ayla. Je ne veux pas être différente des autres. Je veux simplement être une femme, trouver un c
ompagnon, avoir des enfants, comme toute autre femme.
— Tu dois être ce que tu dois être, Ayla. C’est ton sort, ton destin. Si tu n’étais pas capable de l’assumer, tu n’aurais pas été choisie. Peut-être s’agit-il d’un rôle que, seule, une femme peut jouer. Mais ne sois pas malheureuse, enfant. Ta vie ne sera pas faite uniquement de peines et d’épreuves. Elle contiendra aussi beaucoup de bonheur. Simplement, elle ne sera peut-être pas celle que tu voulais ou que tu pensais qu’elle serait.
— Mamut, le totem de Jondalar est aussi le Lion des Cavernes. Il a été choisi et marqué, comme moi.
D’un geste inconscient, ses mains allèrent à la recherche des cicatrices qui striaient sa jambe, mais elles étaient recouvertes par les jambières.
— J’ai cru qu’il avait été choisi pour moi, parce qu’une femme protégée par un totem puissant doit avoir un homme protégé, lui aussi, par un totem semblable. Maintenant, je ne sais plus. Crois-tu qu’il sera mon compagnon ?
— Il appartient à la Mère d’en décider, et, quoi que tu fasses, tu n’y changeras rien. Mais, s’il a été choisi, il doit bien y avoir une raison.
Ranec savait qu’Ayla était partie à cheval avec Jondalar. Il était allé pêcher lui aussi, avec quelques autres hommes, mais, tout le jour, il s’était tourmenté à l’idée que le grand jeune homme séduisant pourrait reconquérir Ayla. Jondalar, dans les vêtements de Darnev, avait belle allure, et le sculpteur, avec sa profonde sensibilité d’artiste, avait parfaitement conscience de l’attirance irrésistible qu’exerçait le visiteur, en particulier sur les femmes. Il fut soulagé en constatant qu’ils n’étaient pas réunis. Toutefois, lorsqu’il demanda à Ayla de venir le rejoindre dans son lit, elle plaida la fatigue. Il sourit, lui conseilla de se reposer. Il était heureux de savoir qu’au moins, si elle ne dormait pas avec lui, elle dormirait seule.
Quand Ayla se coucha, elle n’était pas tant physiquement lasse qu’épuisée par tant d’émotions. Longtemps, elle resta éveillée, à réfléchir. Elle était heureuse que Ranec ne se fût pas trouvé là quand Jondalar et elle étaient rentrés, et reconnaissante qu’il n’ait pas répondu avec colère à son refus de le rejoindre : elle continuait à s’attendre à de l’irritation, à un châtiment si elle osait se montrer indocile. Mais Ranec n’était pas exigeant, et, devant une telle compréhension, elle faillit changer d’avis.
Elle s’efforçait d’y voir clair dans ce qui s’était passé et, mieux encore, dans ses propres sentiments. Pourquoi Jondalar l’avait-il prise, s’il ne la désirait pas ? Et pourquoi avait-il été si brutal avec elle ? Il lui avait presque rappelé Broud. Mais alors, pourquoi était-elle toujours prête à accueillir Jondalar ? Quand Broud l’avait violée, l’épreuve, pour elle, avait été effroyable. Alors, était-ce l’amour ? Éprouvait-elle les Plaisirs avec Jondalar parce qu’elle l’aimait ? Mais avec Ranec aussi, elle éprouvait les Plaisirs. Pourtant, elle n’avait pas d’amour pour lui... à moins que... ?
Si, peut-être, d’une certaine façon. Mais ce n’était pas ce qui était en cause. L’impatience de Jondalar lui avait rappelé son expérience avec Broud, mais ce n’était pas la même chose. Il s’était montré brutal, surexcité mais il ne l’avait pas prise de force. Elle reconnaissait la différence. L’unique but de Broud avait été de lui faire mal, de la réduire à sa merci. Jondalar, lui, la désirait. Elle avait répondu à son désir de tout son être, du plus profond d’elle-même. Elle s’était sentie satisfaite, comblée. Elle n’aurait pas éprouvé une telle plénitude s’il lui avait fait mal. L’aurait-il prise de force si elle l’avait repoussé ? Non, se disait-elle, certainement pas. Si elle avait résisté, si elle l’avait repoussé, il ne serait pas allé plus loin, elle en était convaincue. Mais elle n’avait opposé aucune résistance, elle l’avait accueilli, désiré, et il avait dû le sentir.
Il la désirait, certes, mais l’aimait-il ? Le fait qu’il eût envie de partager les Plaisirs avec elle ne signifiait pas qu’il l’aimât encore. L’amour apportait peut-être aux Plaisirs une joie supplémentaire, mais il était possible de connaître les uns sans éprouver l’autre. Ranec lui en donnait la preuve. Ranec l’aimait, elle n’en doutait pas. Il voulait s’unir à elle, vivre avec elle, il voulait ses enfants. Jondalar ne lui avait jamais offert de s’unir à elle, il n’avait jamais dit qu’il désirait ses enfants.
Pourtant, il l’avait aimée, naguère. Peut-être éprouvait-elle les Plaisirs parce qu’elle l’aimait, même si lui ne l’aimait plus. Mais il la désirait encore et il l’avait prise. Pourquoi, ensuite, s’était-il montré si froid ? Pourquoi l’avait-il de nouveau rejetée ? Pourquoi avait-il cessé de l’aimer ? Elle avait cru le connaître, dans le temps. Maintenant, elle ne le comprenait plus du tout...
Elle se retourna dans ses fourrures, se roula en boule, se remit à pleurer silencieusement. Elle pleurait du désir de voir Jondalar l’aimer de nouveau.
— Je suis content d’avoir pensé à inviter Jondalar pour la première chasse au mammouth, déclara Talut à Nezzie.
Ils venaient de regagner le Foyer du Lion.
— Il a passé toute la soirée à façonner cette sagaie. Il doit vraiment avoir envie de venir, je crois.
Nezzie leva les yeux vers lui, haussa un sourcil, secoua la tête.
— Rien n’est plus loin de son esprit que la chasse au mammouth, dit-elle.
Elle remonta une fourrure autour de la tête blonde de sa fille cadette, profondément endormie, et sourit tendrement devant les formes déjà presque féminines de son aînée, blottie contre sa jeune sœur.
— L’hiver prochain, il faudra penser à trouver une place séparée pour Latie, elle sera femme. Mais elle manquera à Rugie.
Talut jeta un coup d’œil derrière lui. Le visiteur débarrassait sa lame d’éclats de silex, tout en essayant de voir Ayla au-delà des foyers intermédiaires. Il ne la distinguait pas. Il porta alors son regard vers le Foyer du Renard. Talut tourna la tête, vit Ranec se mettre au lit. Il était seul mais il ne cessait, lui aussi, de regarder dans la direction de la couche d’Ayla. Nezzie doit avoir raison, se dit Talut.
Jondalar s’était attardé dans le foyer de la cuisine, seul. Il travaillait sur une longue lame de silex qu’il fixerait ensuite à une hampe solide, comme le faisait Wymez. Il apprenait à faire une lance mamutoï pour la chasse au mammouth en en fabriquant d’abord une réplique exacte. Une partie de son esprit se concentrait sur ce façonnage auquel il était familiarisé pour lui apporter certaines améliorations, ou envisager d’autres méthodes, mais, pour le reste, il était incapable de penser à autre chose qu’à Ayla, et, s’il était à l’ouvrage, c’était uniquement pour éviter la compagnie des autres et leur conversation. Il préférait être seul avec ses pensées.
En voyant la jeune femme aller se coucher seule, il éprouva un profond soulagement. Il n’aurait pas supporté qu’elle rejoigne le lit de Ranec. Il plia soigneusement ses nouveaux vêtements, avant de se glisser entre les fourrures neuves qu’il avait étendues sur les anciennes. Les mains croisées derrière la tête, il regardait le plafond trop familier du foyer de la cuisine. Il avait passé bien des nuits sans sommeil à le contempler. La honte et le remords l’obsédaient encore douloureusement, mais il ne ressentait pas, cette nuit-là, la brûlure du désir. Il avait beau s’en détester, il se remémorait le Plaisir de l’après-midi. Il Y songeait, récapitulait avec minutie chaque instant, revoyait en esprit chaque détail, le savourant lentement.
Il n’avait jamais été aussi détendu depuis l’adoption d’Ayla. Il laissa vagabonder son esprit dans un demi-rêve. L’ardeur de la jeune femme n’était-elle pas un pur produit de son imagination ? Oui, sûrement : il était impossible qu’elle l’eût désiré à ce point. Avait-elle vraiment pu réagir avec un tel élan, tendue vers lui comme si son propre désir répondait au sien ? En songeant à leur étreinte, il sentait un feu se répandre dans ses reins. Mais il s’agissait plutôt d’une douce chaleur : ce n’était plus la souffrance obsédante où se mêlaient le désir refoulé, l’amour démesuré,
la jalousie incandescente. Il pensait à lui apporter le Plaisir – il adorait lui apporter le Plaisir – et il fit un mouvement pour se lever, pour aller la retrouver.
Ce fut seulement lorsqu’il repoussa la fourrure et se redressa sur son séant, lorsqu’il commença à agir sur le coup de ses ruminations demi-éveillées, que les conséquences des événements de l’après-midi le frappèrent. Il ne pouvait aller partager son lit. Plus jamais. Il ne pourrait plus jamais la toucher. Il l’avait perdue. Ce n’était même plus une question de choix. Il avait détruit toute chance qu’elle pût le choisir. Il l’avait prise de force, contre sa volonté.
Assis sur ses fourrures, les pieds sur une natte, les coudes appuyés sur ses genoux relevés, il se prit la tête entre les mains, en proie à une angoisse atroce. De silencieuses nausées secouaient son corps tout entier. De toutes les fautes répugnantes qu’il avait commises dans sa vie, celle-ci était la pire.
Il n’existait pas de pire monstre – pas même l’enfant de sangs mêlés ou la femme qui lui donnait naissance – que l’homme qui prenait une femme contre son gré. La Grande Terre Mère elle-même condamnait cet acte, l’interdisait. Il suffisait, pour comprendre à quel point il était contre nature, d’observer les animaux de Sa création. Jamais aucun mâle ne prenait une femelle contre sa volonté.
Les cerfs, en saison, pouvaient combattre pour gagner le privilège de donner le Plaisir aux biches, mais, quand le mâle tentait de monter la femelle, il suffisait à celle-ci de s’éloigner, si elle ne voulait pas de lui. Il pouvait bien répéter ses assauts, mais la biche devait le lui permettre. Il ne pouvait pas la forcer. Il en allait de même pour tous les animaux. La louve, la lionne invitaient le mâle de leur choix. La femelle se pressait contre lui, lui donnait à respirer son odeur tentante, ramenait sa queue sur le côté quand il la montait. Mais, si quelque autre essayait de la monter contre son gré, elle s’en prenait à lui avec colère. Il payait chèrement son audace. Un mâle pouvait se montrer aussi insistant qu’il lui plaisait, le choix appartenait toujours à la femelle. Telle était la volonté de la Mère. Seul, un mâle humain était capable de forcer une femelle, un mâle humain monstrueux, contre nature.