by Jean M. Auel
— Mais Talut ou Wymez ne me feraient pas de mal. Pourquoi n’aurais-je pas le droit de leur parler seule à seul ?
— Les esprits mâles sont attirés vers la force de vie, de même que, tu vas le découvrir, les hommes seront désormais attirés vers toi. Certains esprits mâles sont jaloux de la puissance de la Mère. Ils peuvent tenter de t’en dépouiller, à cette époque où tu es vulnérable. Ils sont incapables de s’en servir pour créer la vie, mais c’est une force puissante. Sans les précautions qui conviennent, un esprit mâle peut entrer et, même s’il ne te dérobe pas ta force de vie, il pourrait l’endommager ou la dominer. Alors, il serait possible que tu n’aies jamais d’enfants, ou que tes désirs deviennent ceux d’un mâle, et, dans ce cas, tu souhaiterais partager les Plaisirs avec des femmes.
Latie ouvrait de grands yeux. Elle n’imaginait pas de tels dangers.
— Je ferai bien attention, je ne laisserai aucun esprit mâle m’approcher de trop près, mais... Mamut...
— Qu’y a-t-il, Latie ?
— Et toi, Mamut ? Tu es un homme.
Plusieurs des femmes pouffèrent. Latie rougit. Peut-être avait-elle posé une question stupide.
— J’aurais posé la même question, remarqua Ayla. La jeune fille lui lança un regard reconnaissant.
— C’est une bonne question, acquiesça Mamut. Je suis un homme, oui, mais, par ailleurs, je sers la Mère. Tu ne courrais probablement aucun danger en parlant avec moi à n’importe quel moment et, naturellement, pour certains rites où j’agis comme Celui Qui Sert, tu devras parler seule avec moi, Latie. Mais, à mon avis, mieux vaudrait toutefois ne pas venir me rendre simplement visite ou me parler à moins qu’une autre femme ne t’accompagne.
Latie acquiesça d’un signe de tête, le front plissé. Elle commençait à sentir combien il était délicat d’établir des rapports nouveaux avec des êtres qu’elle avait connus et aimés toute sa vie.
— Qu’arrive-t-il quand un esprit mâle dérobe la force de vie ? questionna Ayla.
Sa curiosité était éveillée par ces intéressantes croyances des Mamutoï, par certains côtés semblables et pourtant très différentes des traditions du Clan.
— On a alors un puissant chaman, dit Tulie.
— Ou un chaman malfaisant, ajouta Crozie.
— Est-ce vrai, Mamut ? demanda Ayla.
Latie avait l’air étonné, perplexe. Deegie, Tronie et Fralie elles-mêmes s’étaient tournées vers Mamut avec intérêt.
Le vieil homme rassembla ses pensées. Il s’efforçait de choisir soigneusement sa réponse.
— Nous ne sommes que Ses enfants, commença-t-il. Il nous est difficile de comprendre pourquoi Mut, la Grande Mère, choisit certains d’entre nous à des fins particulières. Nous savons seulement qu’Elle a Ses raisons. Peut-être, par moments, a-t-Elle besoin de quelqu’un qui possède un pouvoir exceptionnel. Certains naissent avec tel ou tel don. D’autres sont choisis plus tard. Mais personne n’est choisi sans Sa connaissance.
Plusieurs regards, subrepticement, se glissèrent vers Ayla.
— Elle est la Mère de tout ce qui existe, continua Mamut. Personne ne peut La connaître totalement sous tous Ses aspects. Voilà pourquoi le visage de la Mère est inconnu sur toutes les figures qui La représentent. Le chaman se tourna vers la femme la plus âgée du Camp.
— Qu’est-ce que la malfaisance, Crozie ?
— La malfaisance, c’est le mal commis avec une intention mauvaise, répondit la vieille femme avec conviction. La malfaisance, c’est la mort.
— La Mère est toutes choses, Crozie. La face de Mut, c’est la naissance du printemps, la générosité de l’été, mais c’est aussi la petite mort de l’hiver. A Elle appartient le pouvoir de vie, mais l’autre face de la vie, c’est la mort. Qu’est-ce que la mort, sinon le retour vers Elle, en vue d’une nouvelle naissance ? La mort est-elle malfaisante ? Sans la mort, il ne peut y avoir de vie. La malfaisance est-elle un mal commis avec une intention mauvaise ? Peut-être, mais ceux-là même qui nous semblent malfaisants agissent selon les Raisons de la Mère. Le mal est une force qu’Elle contrôle, un moyen pour Elle d’accomplir Ses desseins. Ce n’est qu’une face inconnue de la Mère.
— Mais qu’arrive-t-il quand une force mâle dérobe à une femme la force de vie ? questionna Latie.
Elle n’avait pas besoin de philosophie : elle voulait simplement savoir.
Mamut la considéra d’un air pensif. Elle était presque femme, elle avait le droit de tout apprendre.
— Cette femme mourra, Latie. La jeune fille frissonna.
— Même si cette force lui a été dérobée, il peut lui en rester suffisamment pour créer une nouvelle vie. La force qui réside en une femme est si puissante que la femme peut ne pas prendre conscience qu’elle lui a été dérobée jusqu’à ce qu’elle mette un enfant au monde. Quand une femme meurt en couches, c’est toujours parce qu’un esprit mâle lui a dérobé sa force de vie avant qu’elle ait été ouverte. Voilà pourquoi il n’est pas bon d’attendre trop longtemps avant de célébrer la Cérémonie de la Féminité. Si la Mère avait voulu que tu sois prête au dernier automne, j’aurais proposé à Nezzie le rassemblement de quelques Camps pour faire la cérémonie : ainsi, tu n’aurais pas eu à passer l’hiver sans protection, même si cela t’avait privée d’une célébration à la Réunion d’Été.
— Je suis heureuse de ne pas avoir été obligée de manquer ça, mais...
Latie s’interrompit : la force de vie la préoccupait plus encore que la célébration.
— ... la femme meurt-elle toujours ?
— Non. Il arrive qu’elle lutte pour conserver sa force de vie et, si celle-ci est puissante, elle peut non seulement la sauver mais conserver en même temps la force mâle, en tout ou partie. Elle possède alors une double puissance dans un seul corps.
— Ce sont les êtres qui deviennent de puissants chamans, dit spontanément Tulie.
Mamut hocha la tête.
— Souvent, c’est vrai. Afin d’apprendre comment utiliser le double pouvoir viril et féminin, de nombreux êtres se tournent vers le Foyer du Mammouth pour être guidés, et nombre de ceux-ci sont appelés à Servir la Mère. Ce sont souvent Ceux Qui Guérissent, et ils sont excellents, ou bien des Voyageurs dans le monde mystérieux de la Mère.
— Qu’advient-il de l’esprit mâle qui dérobe la force de vie ? demanda Fralie.
Elle appuya contre son épaule son tout petit enfant, lui tapota doucement le dos. C’était là une question, elle le savait, que sa mère avait envie de poser.
— C’est celui qui est malfaisant, déclara Crozie. Mamut secoua la tête.
— Non, ce n’est pas exact. La force mâle est simplement attirée vers la force de vie d’une femme. Elle ne peut s’en empêcher, et les hommes, en général, ignorent que leur force mâle a dérobé la force de vie d’une jeune femme, jusqu’au moment où ils découvrent qu’au lieu d’être attirés vers les femmes, ils préfèrent la compagnie d’autres hommes. Les jeunes hommes sont vulnérables, alors. Ils ne désirent pas être différents des autres, ils ne veulent pas qu’on sache que leur esprit mâle a pu léser une femme. Souvent, ils éprouvent une honte profonde et, au lieu de venir au Foyer du Mammouth, ils essaient de la cacher.
— Mais il y a parmi eux des êtres malfaisants qui possèdent un grand pouvoir, insista Crozie. Le pouvoir de détruire un Camp tout entier.
— La force du mâle et de la femelle dans un seul corps est très puissante. Si elle n’est pas gouvernée, elle peut se pervertir, devenir maligne et vouloir amener la maladie, le malheur et même la mort. Même sans posséder un tel pouvoir, l’être qui souhaite le malheur d’un autre peut le faire survenir. Quand on le possède, les conséquences sont presque inévitables, mais, bien dirigé, un homme qui possède les deux forces peut devenir tout aussi puissant qu’une femme dans le même cas et il prend souvent le plus grand soin de n’utiliser son pouvoir que pour le bien.
— Que se passe-t-il si un être comme celui-là ne désire pas devenir chaman ? questionna
Ayla.
Elle possédait peut-être des dons mais elle n’en avait pas moins le sentiment d’être poussée dans une voie qu’elle n’était pas sûre de désirer.
— Ils n’y sont pas obligés, répondit Mamut. Mais il leur est plus facile de trouver des compagnons, d’autres êtres qui leur ressemblent, parmi Ceux Qui Servent la Mère.
— Te rappelles-tu ces voyageurs sungaea que nous avons rencontrés il y a bien des années, Mamut ? demanda Nezzie. J’étais jeune, alors, mais n’y avait-il pas eu je ne sais plus quelle confusion, à propos d’un de leurs foyers ?
— Oui, je m’en souviens, maintenant que tu en parles. Nous revenions de la Réunion d’Été et nous étions encore plusieurs Camps à voyager ensemble quand nous les avons rencontrés. Personne ne savait trop à quoi s’attendre : il avait été question de pillages. Mais, finalement, nous avons fait avec eux un feu d’amitié. Certaines femmes mamutoï ont élevé des protestations parce que l’un des hommes sungaea voulait aller les rejoindre « chez leur mère ». Il a fallu de longues explications pour découvrir que le foyer que nous croyions composé d’une femme et de ses deux compagnons se composait en réalité d’un homme et de ses deux compagnes, mais l’une de celles-ci était une femme, et l’autre un homme. Les Sungaea disaient « elle » en en parlant. Il portait la barbe mais il était vêtu en femme et, bien qu’il n’eût pas de seins, il était la mère de l’un des enfants. Il se conduisait certainement comme sa mère. Je ne sais plus trop si l’enfant lui avait été donné par la femme de ce foyer ou par une autre, mais on m’avait dit qu’il avait connu tous les symptômes de la grossesse, toutes les douleurs de l’enfantement.
— Il avait dû vouloir à tout prix être une femme, dit Nezzie. Peut-être n’avait-il pas dérobé à une femme sa force de vie. Peut-être était-il né dans un corps qui ne lui était pas destiné. Ça arrive aussi.
— Mais avait-il mal au ventre à chaque lune ? s’informa Deegie. C’est le signe qu’on est femme.
Tout le monde éclata de rire.
— As-tu mal au ventre à chacune de tes lunes, Deegie ? Je peux te donner quelque chose, si tu veux, dit Ayla.
— Je viendrai peut-être te le demander, la prochaine fois.
— Quand tu auras eu un enfant, tu souffriras moins, Deegie, promit Tronie.
— Et, quand tu es grosse, tu n’as pas à te soucier de porter une protection absorbante et de t’en débarrasser comme il faut, dit Fralie. Mais tu as hâte d’avoir l’enfant, ajouta-t-elle, en souriant au visage endormi de sa fille, toute petite mais bien vivace.
Elle essuya un filet de lait au coin des lèvres du bébé, avant de demander à Ayla, avec une brusque curiosité :
— De quoi te servais-tu, quand tu étais... plus jeune ?
— De bandes de cuir souple. C’est très pratique, surtout pour le voyage, mais il m’arrivait de les replier plusieurs fois ou de les garnir de laine de mouflon, de fourrure et même de duvet d’oiseau. Parfois, du duvet de certaines plantes. Jamais, en ce temps-là, de bouse de mammouth séchée, mais c’est efficace, aussi.
Mamut possédait la faculté, quand il le voulait, de s’effacer, de se fondre dans le décor, de sorte que les femmes oubliaient sa présence et parlaient entre elles en toute liberté, comme elles ne l’auraient jamais fait devant d’autres hommes. Ayla, toutefois, ne l’avait pas oublié. Elle le regardait observer ses compagnes. Quand la conversation languit, il s’adressa de nouveau à Latie.
— L’un de ces prochains jours, tu voudras trouver un endroit où communier personnellement avec Mut. Prête attention à tes rêves. Ils t’aideront à découvrir le lieu convenable. Avant de t’y rendre, tu devras jeûner et te purifier, en saluant toujours les quatre directions, le ciel et le monde souterrain. Tu lui présenteras des offrandes et des sacrifices, particulièrement si tu désires Son aide ou Sa bénédiction. Ce sera plus important encore quand viendra le moment où tu désireras un enfant, Latie, ou lorsque tu apprendras que tu en attends un. Alors, tu devras te rendre à ce lieu sacré pour toi et faire brûler un sacrifice pour Mut, un don qui montera vers Elle avec la fumée.
— Comment saurai-je ce que je dois Lui donner ? demanda Latie.
— Il pourra s’agir de quelque chose que tu auras trouvé. Tu sauras si c’est le don qui convient. Tu le sauras toujours.
— Quand tu désireras avoir un homme en particulier, tu pourras aussi le Lui demander, fit Deegie, avec un sourire de connivence. Je ne peux pas te dire combien de fois je Lui ai demandé Branag.
Ayla lança un coup d’œil vers son amie et résolut d’en apprendre plus long sur les lieux de sacrifices personnels.
— Il y a tant à apprendre ! gémit Latie.
— Ta mère pourra t’aider, et Tulie aussi, dit Mamut.
— Nezzie me l’a demandé, et j’ai accepté d’être Gardienne cette année, Latie, déclara Tulie.
— Oh, Tulie ! Je suis si contente. Je me sentirai moins seule.
La Femme Qui Ordonne sourit à l’ardeur affectueuse de la jeune fille.
— Ce n’est pas tous les ans, dit-elle, que le Camp du Lion présente une toute nouvelle femme.
Latie, le visage assombri par la concentration, demanda à voix presque basse :
— Tulie, comment est-ce ? Dans la tente, je veux dire. Cette nuit-là ?
Tulie regarda Nezzie, sourit de nouveau.
— Es-tu un peu inquiète ?
— Un peu, oui.
— Ne te tourmente pas. On t’expliquera tout. Tu sauras à quoi t’attendre.
— Est-ce un peu comme lorsqu’on jouait, Druwez et moi, quand on était enfants ? Il rebondissait sur moi très fort. Il essayait de faire comme Talut, je pense.
— Non, ce n’est pas vraiment ainsi, Latie. Il s’agissait là de jeux d’enfants : vous faisiez semblant d’être adultes. Vous étiez tous les deux très jeunes, alors, trop jeunes.
— Oui, c’est vrai, nous étions très jeunes. Latie se sentait maintenant beaucoup plus âgée.
— Ces jeux-là sont pour les petits enfants, continua-t-elle. Il y a longtemps que nous n’y jouons plus. D’ailleurs, nous ne jouons plus du tout. Ces derniers temps, ni Danug ni Druwez ne veulent même me parler bien longtemps.
— Ils en auront bientôt envie, j’en suis sûre, déclara Tulie. Mais rappelle-toi bien : pour le temps présent, tu ne dois pas leur parler beaucoup et tu ne dois jamais rester seule avec eux.
Ayla tendit la main vers la grosse outre d’eau suspendue par une courroie de cuir à une cheville enfoncée dans l’un des piliers de soutènement. C’était la panse d’un cerf gigantesque, un mégacéros, qu’on avait traitée pour conserver son étanchéité naturelle. On l’emplissait par l’ouverture inférieure, qu’on repliait ensuite pour la fermer. On rainait sur tout le tour l’extrémité d’un os à moelle, percé au centre d’un trou naturel. Pour former un verseur, on attachait la paroi de l’estomac de cerf à l’os en enroulant bien serré une lanière autour de la partie rainée.
Ayla ôta le bouchon – une mince bande de cuir, passée dans le trou et nouée plusieurs fois en un endroit. Elle versa de l’eau dans la corbeille étanche qu’elle utilisait pour faire son infusion du matin, replaça le nœud de cuir dans l’ouverture. La pierre chauffée à blanc grésilla lorsqu’elle la laissa tomber dans l’eau. Elle la déplaça à plusieurs reprises, afin d’en tirer le plus de chaleur possible, avant de la sortir de l’eau à l’aide de deux baguettes plates et de la remettre au feu. Avec les mêmes baguettes, elle saisit une autre pierre, la mit dans la corbeille. Quand l’eau commença à frémir, elle y fit tomber une quantité soigneusement mesurée de feuilles et de racines séchées, en particulier les tiges ligneuses du fil d’or, et laissa infuser le tout.
Elle avait toujours pris grand soin de boire régulièrement l’infusion secrète d’Iza. La puissante magie, elle l’espérait, serait aussi efficace pour elle qu’elle l’avait été, durant tant d’années, pour Iza. Elle ne voulait pas avoir un enfant dès maintenant. Elle n’était pas assez sûre de ce qui allait se passer.
 
; Après s’être habillée, elle versa la tisane dans sa coupe personnelle, s’assit sur une natte, près du feu, but une gorgée du breuvage très fort, un peu amer. Elle s’était habituée à ce goût, chaque matin. C’était le moment où elle se réveillait, un moment qui faisait partie de son emploi du temps de la matinée. Tout en buvant, elle songeait aux activités qui allaient se dérouler. Elle était arrivée, cette journée impatiemment attendue par tous, celle de la Fête du Printemps.
Pour Ayla, l’événement le plus heureux serait l’attribution d’un nom à la petite fille de Fralie. La minuscule nouveau-née avait grandi, grossi et prospéré. Sa mère n’avait plus à la garder au sein à tout moment : s’il lui arrivait encore d’utiliser le support qui avait été élaboré à la naissance, c’était par préférence personnelle. Le Foyer de la Grue était plus heureux, à présent, non seulement parce qu’on y partageait la joie de la présence de l’enfant, mais parce que Crozie et Frébec apprenaient à vivre ensemble sans se quereller constamment. Certes, il y avait toujours des difficultés, mais tous deux les affrontaient avec plus de sérénité, et Fralie elle-même jouait plus activement son rôle de médiatrice.
Ayla pensait encore à l’enfant de Fralie lorsqu’elle leva la tête et découvrit que Ranec l’observait. Ce jour était aussi celui où il voulait annoncer leur Promesse. La jeune femme, alors, se rappela brutalement ce que lui avait dit Jondalar – il allait partir. Elle se souvint soudain de la terrible nuit où Iza était morte.
« Tu ne fais pas partie du Clan, Ayla, lui avait dit Iza. Tu es née chez les Autres, ta place est parmi eux. Pars vers le nord, Ayla. Rejoins ton peuple. Trouve celui qui sera ton compagnon. » Trouve celui qui sera ton compagnon, pensait-elle. Elle avait cru naguère que Jondalar serait ce compagnon, mais il allait partir, il rentrait chez lui, sans elle. Jondalar ne voulait pas d’elle.
Ranec, lui, voulait s’unir à elle. Elle ne rajeunissait pas. Si elle voulait un enfant, elle ne devrait plus tarder à le concevoir. Elle but encore une gorgée de la tisane d’Iza, fit tourner au fond de la coupe le reste du breuvage et les fragments de végétaux. Si elle cessait de prendre la tisane d’Iza et si elle partageait les Plaisirs avec Ranec, cela l’aiderait-il à concevoir un enfant ? Elle pouvait essayer, afin d’en avoir le cœur net. Peut-être ferait-elle bien de s’unir à Ranec. Elle s’installerait avec lui, elle lui donnerait les enfants de son foyer. Aurait-elle de beaux petits à la peau sombre, aux yeux noirs, aux cheveux crépus ? Ou bien auraient-ils comme elle le teint clair et les cheveux blonds ? Les deux, peut-être.