Les chasseurs de mammouths

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Les chasseurs de mammouths Page 82

by Jean M. Auel

— Bien moins que le Camp du Lion, dit-elle.

  Tulie en tombait d’accord. A son avis, le Camp du Lion avait eu l’avantage dans les transactions, mais il aurait été malséant de l’admettre. Elle changea de sujet.

  — Eh bien, nous vous attendrons là-bas avec impatience. Si nous le pouvons, nous essaierons de vous retenir une place.

  — Nous vous en serions reconnaissants, mais nous serons les derniers arrivés, je le crains. Nous devrons accepter ce qui restera. Mais nous vous retrouverons.

  Les deux femmes sortirent.

  — Nous partirons donc demain matin, déclara Tulie.

  Elles s’étreignirent, se donnèrent l’accolade. La Femme Qui Ordonne du Camp du Lion prit la direction des tentes.

  — Oh, Tulie, si je ne revois pas Ayla avant votre départ, redis-lui encore nos remerciements pour la pierre à feu, dit Avarie.

  Elle ajouta, d’un ton apparemment négligent :

  — Avez-vous déjà fixé pour elle un Prix de la Femme ?

  — Nous y songeons, mais elle a tant à offrir que c’est difficile. Tulie fit quelques pas, se retourna, sourit.

  — Elle et Deegie se sont liées d’une telle amitié qu’elle est pour moi presque comme une fille.

  En reprenant son chemin, elle avait peine à masquer une expression triomphante. Elle pensait bien avoir remarqué que Vincavec prêtait une attention particulière à Ayla. La question d’Avarie, elle le savait, n’avait rien de fortuit. C’était lui qui l’avait inspirée à sa sœur. Ce ne serait pas une mauvaise Union, se disait Tulie, et nouer des liens avec le Camp du Mammouth présentait des avantages. Certes, Ranec possédait un droit de priorité : après tout, ils avaient prononcé la Promesse. Mais, si un homme comme Vincavec faisait une offre, il ne serait pas mauvais de l’examiner. La valeur d’Ayla s’en trouverait pour le moins accrue. Oui, Talut avait eu une bonne idée en proposant de faire étape en ces lieux pour conclure quelques transactions.

  Avarie la suivait des yeux. Ainsi, Tulie va se charger elle-même de négocier le Prix de la Femme, se disait-elle. Je le pensais bien. Peut-être devrions-nous, en route, nous arrêter au Camp de l’Ambre. Je sais où la Mère cache la pierre brute. Si Vincavec doit essayer d’obtenir Ayla, il lui faudra tout ce qu’il pourra amasser. Je n’ai jamais connu de femme plus dure en affaires que Tulie, pensait Avarie, avec une admiration accordée à contrecœur. Elle n’avait pas auparavant d’estime particulière pour la grande Femme Qui Ordonne du Camp du Lion, mais, ces derniers jours, les deux femmes avaient eu l’occasion de se mieux connaître, et Avarie en était venue à concevoir pour Tulie du respect et même de la sympathie. Tulie avait travaillé dur avec eux tous. Elle n’épargnait pas les louanges quand elles étaient méritées, et, si elle se montrait redoutable dans les transactions, eh bien, après tout c’était son rôle. Pour tout dire, pensait Avarie, si elle-même avait été jeune et prête à conclure une Union, elle n’aurait pas trouvé mauvais d’avoir quelqu’un comme Tulie pour négocier le Prix de la Femme.

  En quittant le Camp du Mammouth, le Camp du Lion prit la direction du nord, en suivant la plupart du temps la rivière. Dans les parages des grandes voies d’eau qui sillonnaient le continent, le paysage changeait continuellement et montrait une grande variété de vie végétale. La marche des Mamutoï les faisait passer des ondulations rocheuses de la toundra et des plaines de lœss à des lacs de forêt peuplés de roseaux, des marécages grouillants de vie aux tertres balayés par le vent et aux prairies herbeuses émaillées de fleurs d’été. Les plantes de ces régions nordiques étaient souvent rabougries, mais leurs fleurs étaient fréquemment plus grandes, plus brillamment colorées que celles du Sud. Ayla en identifiait la plupart, sans toutefois en connaître toujours les noms. Quand elle se promenait à cheval ou à pied, il lui arrivait souvent d’en cueillir et de les rapporter à Mamut, à Nezzie, à Deegie ou à quelqu’un d’autre pour en apprendre les noms.

  Plus ils se rapprochaient du lieu où allait se tenir la Réunion d’Été, et plus Ayla trouvait de prétextes pour s’isoler du reste de la troupe. En été, elle avait besoin de solitude. D’aussi loin qu’elle pût s’en souvenir, il en avait toujours été ainsi. En hiver, elle acceptait de rester enfermée, dans les conditions qu’imposait le mauvais temps, que ce fût dans la caverne du clan de Brun, dans la sienne, dans sa vallée, ou dans la caverne des Mamutoï. Mais, en été, bien qu’elle n’aimât pas se trouver seule la nuit, elle avait souvent aimé s’écarter des autres durant la journée. C’était le moment où elle pouvait donner libre cours à ses propres pensées, suivre ses propres impulsions, enfin soulagée d’une trop grande surveillance imposée soit par la suspicion soit par l’amour.

  Lorsqu’ils faisaient étape, le soir, elle pouvait assez facilement prétendre qu’elle voulait chasser, ou bien identifier certaines plantes, et elle faisait l’un et l’autre : elle prenait sa fronde et le lance-sagaie pour rapporter de la viande fraîche. Mais, en réalité, elle avait simplement envie d’être seule. Sans bien comprendre pourquoi, elle redoutait le moment où ils arriveraient à destination. Elle avait maintenant rencontré bien des gens et elle avait été accueillie par eux sans grandes difficultés : son appréhension ne venait donc pas de là, elle le savait. Mais, plus ils se rapprochaient du but, plus Ranec devenait expansif, et plus Jondalar paraissait morose. Quant à elle, elle souhaitait de plus en plus pouvoir éviter cette assemblée des Camps.

  Le dernier soir du voyage, Ayla revint d’une longue promenade à pied avec un bouquet de fleurs. Elle remarqua qu’on avait aplani une petite surface près du feu. Jondalar y faisait des marques avec le couteau à dessiner. Tornec tenait un fragment de plaque d’ivoire. Il avait sorti un couteau acéré et il examinait les marques.

  — La voici, dit Jondalar. Ayla, mieux que moi, pourra te renseigner. Je ne suis pas sûr que je serais capable de retrouver mon chemin jusqu’à la vallée depuis le Camp du Lion mais je suis certain que cela me serait impossible à partir d’ici. Nous avons fait trop de tours et de détours.

  — Jondalar essayait de dresser une carte qui nous permettrait de retrouver la vallée où tu as découvert les pierres à feu, expliqua Talut.

  — Depuis notre départ, je n’ai pas cessé de regarder autour de moi et je n’en ai pas vu une seule, ajouta Tornec. J’aimerais bien aller faire un tour là-bas un de ces jours pour en rapporter. Celles que nous avons ne dureront pas éternellement. La mienne est déjà profondément creusée.

  — J’ai du mal à évaluer les distances, déclara Jondalar. Nous voyagions à cheval. Il est difficile de dire combien de jours prendrait la route, si on la faisait à pied. Et nous avons fait de nombreux crochets, nous nous arrêtions quand nous en avions envie et nous ne suivions pas de piste bien précise. A plusieurs reprises, j’en suis presque sûr, vous avons traversé la rivière qui passe dans votre vallée, plus au nord. Quand nous sommes retournés là-bas, c’était presque l’hiver, et beaucoup de points de repère s’étaient transformés.

  Ayla posa ses fleurs pour s’emparer du couteau à dessiner. Elle cherchait comment s’y prendre pour dresser une carte de la vallée. Elle commença de tracer un trait, hésita.

  — Ne cherche pas à la faire d’ici, fit Talut, d’un ton encourageant. Pense seulement à la façon d’y arriver à partir du Camp du Lion.

  Une intense concentration plissa le front de la jeune femme.

  — Je pourrais vous montrer le chemin à partir du Camp du Lion, je te sais, mais je ne comprends pas encore très bien les cartes. Je ne crois pas pouvoir en dessiner une.

  — Bon, ne t’inquiète pas, dit Talut. Nous n’avons pas besoin de carte si tu peux nous montrer le chemin. Peut-être, après notre retour de la Réunion d’Été, tenterons-nous de faire un tour là-bas.

  Il pointa vers les fleurs son menton barbu de roux.

  — Que nous as-tu rapporté, cette fois, Ayla ?

  — C’est ce que je vous demande de me dire. Je connais ces fleurs mais j’ignore comment vous les appelez.

  — Cette rouge-là est un géranium, déclara Talut.
Et cette autre est un pavot.

  — Encore des fleurs ? fit Deegie, qui arrivait.

  — Oui. Talut m’a dit les noms de ces deux-là.

  — Voyons un peu. Ça, c’est de la bruyère, et ça, des œillets sauvages. Deegie s’assit près d’Ayla.

  — Nous sommes presque arrivés. Demain dans la journée, a dit Talut. Je meurs d’impatience. Demain, je vais revoir Branag. Après ça, il ne s’écoulera pas beaucoup de temps jusqu’à notre Union. Je ne sais même pas si je vais pouvoir dormir cette nuit.

  Ayla sourit à son amie. Il était difficile de ne pas partager un tel enthousiasme, mais, en même temps, la jeune femme était amenée à se rappeler qu’elle aussi serait bientôt unie. En entendant Jondalar parler de la vallée et du moyen d’y retourner, elle avait senti renaître le douloureux désir qu’elle avait de lui. Elle l’avait observé à la dérobée et elle avait la très nette impression qu’il en avait fait autant de son côté. Sans cesse, leurs regards se croisaient fugitivement, avant de se détourner.

  — Oh, Ayla, il y a tant de gens que je veux te faire connaître et je suis si heureuse que nous devions être unies lors de la même cérémonie. C’est une chose que nous aurons toujours en commun.

  Jondalar se leva.

  — Il faut que j’aille... euh... dérouler mes fourrures de couchage, marmonna-t-il, avant de s’éloigner précipitamment.

  Deegie vit Ayla le suivre du regard et fut presque certaine de voir des larmes retenues. Elle secoua la tête. Ayla n’avait vraiment rien d’une femme qui allait s’unir à l’homme qu’elle aimait et fonder avec lui un nouveau foyer. Elle ne montrait aucune joie, pas le moindre enthousiasme. Quelque chose lui manquait. Quelque chose qui s’appelait Jondalar.

  31

  Au matin, le Camp du Lion reprit sa route vers l’amont, sur le plateau, apercevant de temps à autre sur la gauche le flot tumultueux de la rivière troublée par les eaux de fonte des glaciers et charriant des nuages de vase. Parvenus à une fourche, là où deux grands cours d’eau se rejoignaient, ils suivirent le bras de gauche. Après avoir passé à gué deux affluents, presque tout leur chargement entassé dans un bateau emporté à cet effet, ils descendirent vers les plaines inondables et continuèrent à travers les bois et les prairies de la vallée.

  Sans cesse, Talut examinait les creux et les ravins qui s’ouvraient dans la rive haute, de l’autre côté de la rivière. Il confrontait le véritable paysage aux symboles tracés sur l’ivoire, dont la signification demeurait encore assez brumeuse pour Ayla. Un peu plus loin, près d’un coude prononcé, se dressait le point le plus haut de la rive opposée : il s’élevait à quelque quatre-vingts mètres au-dessus de la rivière. Du côté des voyageurs, une large étendue d’herbe semée de bosquets se poursuivait sur plusieurs lieues. Ayla remarqua un cairn fait d’ossements, surmonté d’un crâne de loup. Des rochers étaient disposés à travers la rivière selon un aménagement bien précis, dans la direction que suivait Talut.

  La rivière, à cet endroit, était large, sans grande profondeur et guéable de toute manière, mais quelqu’un avait rendu la traversée plus facile encore. On avait empilé de place en place des rochers, des graviers, quelques os, on avait aplati le sommet de ces monticules pour permettre de passer à sec.

  Jondalar s’arrêta pour regarder de plus près ce dispositif.

  — Quelle idée ingénieuse ! remarqua-t-il. On peut traverser la rivière sans même se mouiller les pieds !

  — Les meilleurs endroits où construire des huttes se trouvent de l’autre côté : ces trous profonds protègent bien du vent. Mais les meilleurs terrains de chasse sont de ce côté-ci, expliqua Barzec. Ce passage est emporté par les inondations, mais le Camp du Loup en reconstruit un nouveau chaque année. Ils se sont donnés du mal encore, cette année, on dirait, sans doute en l’honneur de leurs visiteurs.

  Talut donna l’exemple. Whinney, remarqua Ayla, était extrêmement agitée. Elle mit cette agitation sur le compte de la peur devant ce passage coupé d’espaces liquides. Pourtant, la jument la suivit sans incident.

  A plus de la moitié du chemin, le chef s’immobilisa.

  — Ici, dit-il, la pêche est bonne. Le courant est rapide, il y a plus de profondeur. Les saumons viennent jusqu’ici. Les esturgeons aussi. Et d’autres poissons, les brochets, les truites, les silures.

  Il adressait son discours à Ayla et à Jondalar, en particulier, mais aussi à ceux des jeunes qui n’étaient encore jamais venus en ce lieu. Le Camp du Lion dans son ensemble n’avait pas rendu visite au Camp du Loup depuis plusieurs années.

  Sur l’autre rive, Talut les conduisit vers un large ravin qui s’ouvrait sur près de huit cents mètres de haut. Ayla perçut un bruit étrange : on aurait dit un fort bourdonnement ou bien un rugissement assourdi. Lentement, les voyageurs poursuivaient leur ascension. A quelque vingt mètres au-dessus du niveau de la rivière, ils parvinrent au bas du large ravin. Ayla porta son regard en avant, et le spectacle lui coupa le souffle. Protégées par les murailles abruptes, une demi-douzaine de huttes s’alignaient confortablement au fond de la très longue cavité. Mais ce n’était pas la vue des huttes rondes qui avait causé la stupeur de la jeune femme.

  C’étaient les gens. De toute sa vie, Ayla n’en avait jamais vu un tel nombre. Plus de mille âmes, plus de trente Camps, s’étaient réunis pour la Réunion d’Été des Mamutoï. En longueur comme en largeur, toute la surface était occupée par des tentes. Il y avait là pour le moins quatre ou cinq fois plus de personnes qu’il ne s’en était trouvé au Rassemblement du Clan. Et tous ces gens la regardaient.

  Ou, plutôt, on regardait ses chevaux et Loup. Tout aussi épouvanté qu’elle, le jeune animal se serrait contre la jambe d’Ayla. Elle percevait l’affolement chez Whinney, et Rapide était sans doute dans le même état, La crainte qu’elle éprouvait pour eux l’aida à dominer sa propre terreur devant tant d’êtres humains. Elle leva les yeux, vit Jondalar : accroché à la longe, il luttait de toutes ses forces pour empêcher Rapide de se cabrer, tandis que Rydag, effrayé, se cramponnait à la crinière.

  — Nezzie, va chercher Rydag ! cria-t-elle.

  Nezzie avait déjà vu ce qui se passait, et l’injonction d’Ayla était presque superflue. Ayla aida Mamut à mettre pied à terre, avant de passer un bras autour de l’encolure de la jument et de la conduire vers le jeune étalon pour aider à le calmer. Le loup la suivit.

  — Je suis désolé, Ayla, dit Jondalar. J’aurais dû prévoir la réaction des chevaux devant tout ce monde.

  — Tu savais qu’ils seraient aussi nombreux ?

  — Je... je ne le savais pas, mais je pensais bien qu’il y en aurait à peu près autant qu’à une Réunion d’Été des Zelandonii.

  — Nous devrions, je crois, essayer de monter le Camp de la Massette un peu à l’écart, dit Tulie.

  Elle élevait la voix pour se faire entendre de tous.

  — Peut-être ici, près de la limite du campement. Nous serons un peu loin de tout, ajouta-t-elle en promenant son regard autour d’elle, mais un ruisseau traverse l’enceinte du Camp du Loup, cette année, et il fait un coude par ici.

  La réaction de tout le peuple Mamutoï était à la hauteur de ce qu’avait imaginé Tulie. On les avait vus traverser la rivière, et tous ceux qui se trouvaient là s’étaient assemblés pour l’arrivée du Camp du Lion. Mais elle n’avait pas prévu que les animaux pourraient être épouvantés par ce troupeau d’humanité.

  — Si nous nous installions là-bas, près de la muraille ? proposa Barzec. Le terrain n’est pas très égal, mais nous pourrons le niveler.

  — Ça me paraît parfait, déclara Talut. Y a-t-il des objections ?

  Il s’adressait plus précisément à Ayla. Elle et Jondalar se contentèrent de conduire les animaux vers l’endroit indiqué, pour les calmer au plus vite. Le Camp du Lion entreprit de débarrasser l’emplacement choisi des rochers et des broussailles, avant de l’aplanir pour y dresser leur vaste tente commune à double paroi.

  La vie sous une tente à deux couches de peaux était
beaucoup plus confortable. La couche d’air isolante qui se formait entre elles aidait à conserver la chaleur de l’intérieur, et l’humidité qui se condensait à la fraîcheur du soir ruisselait le long de la paroi extérieure, dans ce vide, pour se perdre dans le sol. Les peaux intérieures, glissées sous celles que l’on étendait sur le sol, arrêtaient les courants d’air. La structure ne constituait pas, et de loin, un logement permanent comme l’habitation semi-souterraine du Camp du Lion mais elle était plus résistante que la tente à une seule paroi où les Mamutoï passaient les nuits en voyage. Cette résidence d’été, ils l’appelaient le Camp de la Massette, pour la différencier, où qu’elle se trouvât, du site où ils passaient l’hiver, ce qui ne les empêchait pas de continuer à se considérer comme les membres d’un groupe appelé le Camp du Lion.

  La tente était divisée en quatre sections coniques qui ouvraient les unes sur les autres. Chacune avait son propre foyer et était soutenue par de jeunes arbres solides et flexibles qu’on aurait pu remplacer – et cela s’était fait – par des côtes de mammouth ou d’autres os longs. La partie centrale, la plus vaste, devait abriter le Foyer du Mammouth, le Foyer du Lion et le Foyer du Renard. La tente n’était certes pas aussi spacieuse que l’habitation semi-souterraine, mais on s’en servirait surtout pour dormir, et il était rare que tout le monde vînt y dormir en même temps. D’autres activités, personnelles, communes ou publiques, se dérouleraient dehors. Il fallait donc, quand on s’installait, définir les limites d’un territoire, autour de la tente. L’emplacement du Foyer de la Massette, la fosse à feu principale en plein air, avait une certaine importance.

  Pendant que les arrivants s’activaient à dresser leur tente et à jalonner leur aire, les centaines de gens venus pour la Réunion commençaient à se remettre du choc initial qui les avait réduits au silence. Ils s’étaient mis à parler entre eux avec agitation. Ayla finit par découvrir la source de cet étrange grondement sourd. Elle se rappelait son arrivée au Camp du Lion et le bruit qui l’avait frappée quand tout le monde s’exprimait en même temps. C’était, là encore, le même bruit, largement multiplié. C’étaient les voix mêlées de la foule tout entière.

 

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