Les chasseurs de mammouths

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Les chasseurs de mammouths Page 93

by Jean M. Auel


  Tous les Mamutoï avaient entre eux des liens très étroits. Chacun d’eux comptait au moins un parent ou un ami dans chaque Camp. A cause de ce qui venait de se passer, ces liens risquaient d’être rompus à jamais. Beaucoup de gens, comme Talut, en étaient catastrophés. Les Conseils s’étaient réunis, mais ils avaient été incapables de trancher et cela s’était terminé par une querelle générale. C’était une situation sans précédent et les Sœurs et les Frères n’avaient pas les moyens d’y remédier.

  Le chaud soleil de l’après-midi ne parvenait pas à chasser la sombre atmosphère qui régnait dans le campement. En remontant en compagnie de Whinney le sentier qui rejoignait le Camp de la Massette, Ayla découvrit l’endroit où on était venu chercher l’ocre rouge et cela lui rappela sa visite à la Hutte des Musiciens. Bien que les musiciens aient repris leurs répétitions et qu’une célébration soit toujours prévue après le retour des chasseurs, personne ne s’en réjouissait plus vraiment. Même l’enthousiasme qu’éprouvait Deegie à la veille de la Cérémonie de l’Union et celui que ressentait Latie à la pensée qu’elle n’allait pas tarder à devenir une femme avaient été considérablement refroidis par les dissensions qui menaçaient de faire éclater la Réunion d’Été.

  Ayla avait proposé de s’en aller. Mais Nezzie lui avait répondu que ça ne résoudrait rien. Ce n’était pas elle qui était à l’origine de ce problème. Son intervention avait fait apparaître au grand jour le désaccord profond qui existait déjà entre les deux factions. Le problème datait de l’époque où elle avait amené pour la première fois Rydag. Bien des gens continuaient à penser qu’on n’aurait jamais dû l’autoriser à vivre avec eux.

  Ayla se faisait du souci pour Rydag. Il souriait rarement et ne plaisantait plus, même avec elle. Il avait perdu l’appétit et devait mal dormir. Il appréciait qu’elle lui parle du Clan, mais se joignait rarement aux conversations.

  Au moment où elle installait Whinney dans l’abri, elle aperçut Jondalar dans la prairie en contrebas. Il montait Rapide et se dirigeait avec lui vers la rivière. Ces derniers temps, son attitude avait changé il était moins distant, mais semblait très triste.

  Sur un coup de tête, Ayla décida d’aller faire un tour au centre du campement. Le Camp du Loup avait indiqué que, comme il accueillait la Réunion d’Été de cette année, il ne pouvait pas prendre parti pour les uns ou pour les autres. Mais Ayla savait qu’ils soutenaient la position du Camp du Lion. Elle ne voulait pas avoir l’air de se cacher. Elle n’était pas un monstre, une abomination, les gens du Clan étaient des êtres humains, Rydag et Durc, aussi. Elle tenait à faire quelque chose, à ce qu’on la voie. Elle pouvait très bien rendre visite au Foyer du Mammouth, retourner à la Hutte des Musiciens ou aller discuter avec Latie.

  Elle s’engagea résolument vers le centre du campement, saluant de la tête ceux qui lui disaient bonjour et ignorant les autres, jusqu’à ce qu’elle aperçoive Deegie qui sortait de la Hutte des Musiciens.

  — Ayla ! Justement, je comptais aller te chercher ! On t’attend quelque part ?

  — Non, répondit-elle. J’ai simplement voulu m’éloigner un peu du Camp de la Massette.

  — Tu as très bien fait ! Je vais rendre visite à Tricie et voir son bébé. J’ai déjà essayé à plusieurs reprises de la voir, mais à chaque fois, elle était sortie. Kylie m’a dit que cet après-midi elle était au Camp du Loup. Tu m’accompagnes ?

  — Oui, répondit Ayla.

  Elles se dirigèrent toutes les deux vers la hutte de la Femme Qui Ordonne.

  — Nous sommes venues te rendre visite, Tricie, et voir ton bébé, annonça Deegie à l’entrée.

  — Entrez, leur proposa Tricie. Je viens juste de le coucher, mais il ne doit pas encore dormir.

  Alors que Deegie prenait le bébé dans ses bras pour lui parler et lui faire risette, Ayla s’était tenue un peu en retrait.

  — Tu ne veux pas le voir, Ayla ? demanda Tricie en la défiant du regard.

  — Bien sûr que je veux le voir, répondit-elle.

  Elle prit le bébé et l’observa un long moment. Sa peau était si blanche qu’elle semblait presque translucide et ses yeux d’un bleu si pâle qu’on aurait presque dit qu’ils n’avaient pas de couleur. Ses cheveux rouge orangé étaient bouclés, comme ceux de Ranec, et, de visage, il lui ressemblait tellement qu’Ayla se dit que ce petit Ralev ne pouvait être que le bébé de Ranec. Ranec avait mis cet enfant en train, aussi sûrement que Broud avait fait pousser Durc dans son propre ventre. Elle ne put s’empêcher de se demander si, quand ils seraient unis, Ranec et elle, elle aurait un bébé comme celui-là.

  Elle parla au bébé qu’elle tenait dans ses bras. Il leva la tête vers elle, intéressé, presque fasciné, lui sourit et se mit à rire de plaisir.

  — Tu ne trouves pas qu’il est beau, Ayla ? dit Deegie.

  — Il est beau, n’est-ce pas ? demanda Tricie à son tour, sur un ton coupant.

  — Non, il n’est pas beau, répondit Ayla, au grand étonnement de Deegie. Personne ne dirait une chose pareille. Mais j’ai rarement vu un bébé aussi adorable. Aucune femme ne pourra lui résister. Il n’a pas besoin d’être beau. Il a vraiment quelque chose de spécial. Tu as bien de la chance, Tricie.

  — C’est ce que je pense aussi, répondit celle-ci, soudain radoucie. C’est vrai qu’il n’est pas beau. Mais c’est un bébé extraordinaire. Soudain, elles entendirent courir et crier dehors, elles se précipitèrent.

  — Grande Mère ! se lamentait une femme. Ma fille ! Il faut que quelqu’un aille à son secours !

  — Que se passe-t-il ? demanda Deegie. Où est ta fille ?

  — Un lion l’a prise ! répondit la femme. Là, plus bas, dans le pré ! Faites quelque chose !

  — Un lion ? demanda Ayla. Non, c’est impossible.

  Quelques hommes armés s’étaient déjà mis en route et elle courut à leur suite.

  — Ayla ! Où vas-tu ? lui cria Deegie en essayant de la rattraper.

  — Je vais chercher la fillette, lui répondit-elle sans se retourner. Massée en haut du sentier, la foule était en train d’observer les hommes qui descendaient en hâte vers la rivière, une sagaie à la main.

  Bien en vue au milieu de la plaine verdoyante située de l’autre côté du cours d’eau, un énorme lion des cavernes, à l’abondante crinière rousse, était en train de tracer de larges cercles autour d’une fillette qui était trop terrorisée pour bouger. Ayla examina le lion pour être certaine de ne pas se tromper, puis elle se précipita vers le Camp du Lion. En la voyant, Loup bondit vers elle.

  — Rydag ! appela-t-elle. Viens garder Loup ! Il faut que j’aille chercher cette fille.

  Dès que Rydag fut sorti de la tente, elle ordonna à Loup : « Reste là ! », puis elle le confia à la garde de Rydag et alla chercher Whinney. Elle enfourcha la jument et descendit le sentier. Quand elle rejoignit la rivière, les hommes armés de sagaies étaient en train de traverser. Elle les contourna, et dès qu’elle se retrouva sur l’autre rive, lança Whinney au galop pour rejoindre le lion et la fillette.

  Ceux qui se trouvaient en haut du sentier l’observaient, très étonnés.

  — Que croit-elle pouvoir faire ? demanda quelqu’un d’une voix coléreuse. Elle n’a même pas de sagaie. La petite n’a pas l’air blessée. Mais foncer sur ce lion avec un cheval risque de l’exciter. S’il tue cette fillette, ce sera de sa faute.

  Jondalar avait entendu cette réflexion, comme la plupart des membres du Camp du Lion qui se tournaient maintenant vers lui d’un air interrogateur. Il préféra ne pas leur faire part de ses doutes et se contenta de regarder Ayla. Il n’était sûr de rien, mais elle, elle devait savoir ce qu’il en était. Sinon, jamais elle n’aurait emmené Whinney.

  Quand Ayla et Whinney arrivèrent à sa hauteur, le lion s’immobilisa en face d’elles. Il portait une cicatrice sur le nez, une cicatrice qu’Ayla reconnut aussitôt.

  — C’est Bébé, Whinney ! cria-t-elle en se laissant glisser sur le sol. Elle se précipita vers le lion sans penser un seul
instant qu’il risquait de ne pas se rappeler d’elle. C’était son Bébé. Elle était sa mère. Elle l’avait recueilli quand il n’était qu’un jeune lionceau, l’avait élevé et avait chassé avec lui.

  Le lion n’avait pas oublié cette femme qui n’avait jamais eu peur de lui. Il s’avança vers elle sous le regard horrifié de la fillette. L’instant d’après, Ayla se retrouvait plaquée sur le sol, serrant dans ses bras son cou épais, tandis qu’il drapait autour d’elle ses pattes antérieures pour l’étreindre.

  — Oh, Bébé, tu es revenu ! Comment as-tu fait pour me retrouver ? demanda-t-elle en essuyant les larmes de joie qui coulaient sur ses joues contre la crinière du lion.

  Elle finit par s’asseoir et sentit que le lion lui léchait le visage avec sa langue râpeuse.

  — Arrête ! dit-elle en souriant. Si tu continues à me lécher la figure, il ne va plus rien me rester.

  Elle le gratta aux endroits qu’il aimait et il se mit à grogner de plaisir, puis il se coucha sur le dos, lui offrant ainsi son ventre. La fillette les regardait en écarquillant les yeux. Elle était très grande pour son âge et avait de longs cheveux blonds.

  — Il me cherchait, lui expliqua Ayla. Je pense qu’il t’a prise pour moi. Tu peux t’en aller maintenant. Marche, mais ne cours pas !

  Ayla continua à caresser Bébé tandis que la fillette rejoignait un homme qui l’attendait et se jetait dans ses bras. L’homme poussa un soupir de soulagement et l’emmena en direction du sentier. Les autres reculèrent un peu, mais leurs sagaies étaient toujours pointées en direction du lion. Jondalar se trouvait parmi eux, son propulseur de sagaie prêt à entrer en action. Debout à côté de lui, il y avait un homme plus petit, à la peau noire. Talut était là, lui aussi, ainsi que Tulie.

  — Il faut que tu t’en ailles, Bébé. Je ne veux pas qu’on te fasse de mal. Même si tu es le lion le plus énorme de la terre, une sagaie peut t’arrêter.

  Pour s’adresser à lui, Ayla avait utilisé un langage bien particulier, composé de signes et de mots du Clan, ainsi que de sons d’animaux. Bébé avait l’habitude de ces sons et il connaissait parfaitement le sens de ces signes. Il roula sur le côté et se remit debout. Ayla l’attrapa par le cou et soudain, elle ne put y résister. Elle grimpa sur son dos et s’accrocha fermement à sa crinière. Ce n’était pas la première fois qu’elle faisait cela et elle savait comment Bébé allait réagir.

  Le lion banda ses muscles, il bondit en avant, et l’instant d’après il filait à toute vitesse, aussi vite que s’il pourchassait une proie. Bien qu’Ayla ait déjà chevauché le lion, elle n’avait jamais réussi à diriger sa course. Il allait où il voulait, l’autorisant simplement à s’y rendre avec lui. Cette chevauchée sauvage était toujours très exaltante et elle aimait cela. Accrochée à sa crinière, le visage fouetté par le vent, elle respirait avec délice son odeur forte d’animal des grands espaces.

  Elle sentit qu’il ralentissait, les pointes de vitesse d’un lion ne duraient jamais longtemps. Contrairement au loup, il n’avait pas d’endurance. Puis il fit demi-tour et revint vers Whinney qui les attendait en broutant tranquillement. Elle hennit à leur approche et remua la tête. Aussi forte et inquiétante soit l’odeur du lion, elle n’en avait pas peur car elle avait aidé Ayla à l’élever et elle le considérait un peu comme son propre petit. Bien que Bébé soit plus grand qu’elle, plus long et plus lourd, elle savait qu’avec lui, elle ne risquait rien, surtout lorsqu’Ayla était là.

  Lorsque le lion s’immobilisa, Ayla se laissa glisser sur le sol. Elle le serra une dernière fois contre elle, puis elle leva le bras et le lança en avant, comme si elle lançait un caillou avec sa fronde, pour lui indiquer que le moment était venu de partir. Tandis que Bébé s’éloignait en balançant la queue, des larmes inondèrent son visage. Quand il grogna, un grognement qu’elle aurait reconnu n’importe où, elle lui répondit par un sanglot. A travers ses larmes, elle vit l’énorme félin disparaître dans les hautes herbes. Elle savait que jamais plus elle ne monterait sur son dos, qu’elle ne reverrait jamais plus ce fils sauvage et invraisemblable.

  Soudain, les grognements s’interrompirent et l’énorme lion des cavernes poussa un formidable rugissement qui s’entendit à des kilomètres alentour. Son adieu fit même trembler la terre.

  Ayla fit signe à Whinney et elle regagna le campement à pied. Elle ne voulait pas remonter tout de suite sur Whinney, elle désirait conserver le plus longtemps possible le souvenir de sa dernière chevauchée sur le dos du lion.

  Quand Jondalar réussit à détacher ses yeux de la scène qui venait d’avoir lieu, il regarda ceux qui se trouvaient autour de lui. Pour avoir déjà éprouvé le même genre de sentiment, il savait ce qu’ils étaient en train de penser. Des chevaux et même un loup, passe encore, mais un lion des cavernes ! Puis soudain, il eut un grand sourire, un sourire de fierté et de soulagement. Qui oserait maintenant mettre en doute ce qu’il racontait ?

  Les hommes s’engagèrent sur le sentier à la suite d’Ayla. Ils se sentaient un peu ridicules avec leurs sagaies qui n’avaient servi à rien. La foule, massée en haut du sentier, recula pour laisser passer la femme et la jument. Complètement abasourdis, les Mamutoï la regardèrent se diriger vers l’abri de Whinney avec un respect mêlé de crainte. Même ceux du Camp du Lion qui étaient pourtant au courant, grâce à Jondalar, avaient du mal à en croire leurs yeux.

  35

  On l’avait prévenue qu’il faisait parfois très froid la nuit, et Ayla avait soigneusement choisi des vêtements chauds pour la chasse. Ils allaient approcher le gigantesque mur de glace qui bordait le glacier. A sa grande surprise, Wymez lui avait apporté plusieurs pointes de sagaie particulièrement réussies, et il lui avait montré les avantages de celles qu’il avait spécialement conçues pour chasser le mammouth. C’était là un cadeau inattendu qui, ajouté à l’étrange comportement des Mamutoï et aux louanges excessives dont elle avait fait l’objet, commençait à causer quelque embarras à Ayla. Mais le sourire chaleureux de Wymez la mit à l’aise. Il lui expliqua qu’il avait prévu ce cadeau depuis qu’elle s’était promise au fils de son foyer. Elle demandait à Wymez d’emmancher les pointes à des hampes adaptées au propulseur quand Mamut entra sous la tente.

  — Les mamuti aimeraient te parler, Ayla, déclara-t-il. Ils veulent que tu les aides à invoquer l’Esprit du Mammouth pour qu’il nous assure une bonne chasse. Ils croient que si c’est toi qui lui demandes, il nous accordera davantage de mammouths.

  — Mais, Mamut, je t’ai déjà dit que je n’avais aucun pouvoir particulier, protesta Ayla. Non, je ne veux pas parler aux mamuti.

  — Je sais, Ayla. Je leur ai pourtant affirmé que si tu possédais le don d’invoquer les esprits, tu n’avais pas d’expérience véritable. Mais ils ont insisté. Tu comprends, ils ont vu le lion te porter sur son dos, et ils t’ont entendue lui ordonner de partir. Alors, ils sont convaincus que tu pourrais influencer l’Esprit du Mammouth, même si on ne t’a pas appris à développer ton don.

  — Mais c’était Bébé, Mamut ! C’est moi qui l’ai élevé. Jamais je ne pourrais faire la même chose avec un autre lion !

  — Pourquoi parles-tu de ce lion comme si tu étais sa mère ? demanda une voix qui provenait de l’entrée.

  C’était Lomie, qui s’avança sur un geste de Mamut.

  — Serais-tu vraiment sa mère ? reprit-il.

  — D’une certaine manière, oui. C’était un bébé quand je l’ai recueilli. Il avait reçu un coup de sabot sur la tête, alors, je l’ai soigné, je l’ai élevé et je l’ai appelé Bébé. Le nom lui est resté même s’il a grandi depuis. Il faut me croire, Lomie, je ne sais pas commander aux animaux.

  — Alors comment expliques-tu que ce lion soit arrivé à ce moment crucial, comme par miracle ? demanda Lomie.

  — Il n’y avait rien de miraculeux, c’était un hasard. J’imagine qu’il avait senti mon odeur, ou celle de Whinney, et qu’il s’est mis à ma recherche. Lorsqu’il était parti avec la lionne qu’il s’était choisi, il revenait me voir de
temps en temps. Demande à Jondalar.

  — S’il n’est pas sous ton pouvoir, pourquoi n’a-t-il pas blessé la fillette ? Elle n’avait pourtant aucune relation maternelle avec lui. Elle a raconté qu’il l’avait renversée et elle croyait qu’il allait la dévorer. Mais il s’est contenté de lui lécher la figure.

  — Je pense qu’il l’a épargnée parce qu’elle me ressemble un peu. C’est avec moi qu’il a grandi, pas parmi les lions, et il considère les humains comme sa famille. D’ailleurs, quand il ne m’avait pas vue depuis longtemps, il sautait sur moi et, si je ne le retenais pas, il me renversait, c’était sa manière de jouer. Ensuite, il voulait que je le câline, que je le gratte.

  Pendant qu’Ayla parlait, la tente s’était remplie de mamuti. Dissimulant un sourire malicieux, Wymez fit quelques pas à l’écart. Ayla n’était pas venue à eux, ils étaient donc venus à elle. Il se crispa quand il vit Vincavec s’approcher d’Ayla. Ranec serait malheureux si elle décidait de s’unir à Vincavec. La demande d’Union de l’Homme Qui Ordonne avait foudroyé Ranec. Wymez ne l’avait jamais vu dans cet état. Et il dut s’avouer qu’il était lui-même bouleversé.

  Vincavec observait Ayla pendant qu’elle répondait aux questions. Il se laissait rarement prendre au dépourvu. Après tout, il était chef et mamut, familier des intrigues du monde matériel comme des déguisements des pouvoirs surnaturels. Mais comme les autres mamuti, il avait été élu par le Foyer du Mammouth à cause de sa passion pour l’exploration des domaines inconnus, sa soif de découvrir les raisons profondes qui régissent toutes choses au-delà des apparences, et les mystères auxquels il ne trouvait pas d’explication le troublaient, la manifestation évidente d’un pouvoir surnaturel l’inquiétait.

  Depuis leur première rencontre, Ayla l’intriguait. Il émanait d’elle un mystère, une force tranquille qui le fascinaient. On aurait dit que son courage s’était fortifié des épreuves qui avaient jalonné sa vie.

 

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