by Jean M. Auel
— Puisque tu as emmené les chevaux, pourquoi avoir laissé le loup au camp ? demanda Brecie.
— Loup est encore jeune, dit Ayla. Je ne suis pas sûre de son comportement en face des mammouths et je ne voulais pas risquer de le voir gâcher la chasse. Les chevaux, c’est différent. Ils nous aideront à rapporter la viande. Et puis, Rydag se sentira moins seul avec Loup. Ils me manquent tous les deux.
Brecie aurait bien voulu demander à Ayla s’il était vrai qu’elle avait mis au monde un fils affublé des mêmes tares physiques que Rydag, mais elle préféra s’en abstenir. C’était une question trop délicate.
Les jours suivants, ils poursuivirent vers le nord et le paysage changea. Les marais avaient disparu, et avec eux le tintamarre des oiseaux. Le sifflement du vent traversait les vastes plaines où aucun arbre ne poussait, brisant le silence de gémissements inquiétants et sinistres. Le ciel se couvrit de nuages gris qui empêchaient le soleil de percer et cachaient les étoiles, mais il pleuvait rarement. Au contraire, l’air devint plus sec et plus froid, et le vent coupant desséchait jusqu’à la buée exhalée par l’haleine. Parfois, en fin d’après-midi, dans la monotonie grisâtre des nuages, une brèche s’ouvrait laissant filtrer l’éclat resplendissant d’un coucher de soleil avivé par la réflexion sur les cieux saturés d’humidité. Sidérés par la beauté du spectacle, les voyageurs restaient sans voix.
C’était une terre aux vastes horizons. Les collines moutonnantes se succédaient sans plis rocheux pour en briser la perspective, ni la verdure des roseaux pour rehausser les gris, les bruns et les ors poussiéreux. La plaine semblait s’étendre dans toutes les directions, sauf au nord où un épais brouillard enveloppait l’horizon et effaçait les distances.
La nature du terrain était un mélange de vertes steppes et de toundra gelée. Des touffes d’herbes résistantes au gel et à la sécheresse, les herbacées aux racines profondes, les arbrisseaux nains de sauge et d’armoise mêlés à la bruyère cendrée, les rhododendrons miniatures, et les fleurs de myrtilles dominaient le pourpre délicat de la lande. Des buissons d’airelles, à peine hauts de dix centimètres, promettaient néanmoins une récolte abondante, et des bouleaux rampaient au sol comme des vignes.
Mais les deux types de climat n’étaient guère profitables aux arbrisseaux nains quelque peu clairsemés. Dans la toundra, l’été était trop froid pour la germination des graines. Dans les steppes, les vents hurlants, qui absorbaient l’humidité avant qu’elle ne se déposât, balayaient les plaines et contrariaient la pousse des arbres aussi efficacement que le froid. Soumise à la combinaison des deux, la terre restait à la fois gelée et aride.
Une contrée encore plus morne attendait les chasseurs à mesure qu’ils approchaient des épaisses brumes blanchâtres. Des rochers nus et des éboulis jonchaient le sol. Des lichens s’y cramponnaient, croûtes squameuses jaunâtres, grises, brunes et parfois orange vif, plus près de la pierre que de la plante. Quelques rares herbacées fleuries et des arbrisseaux nains persistaient, alors que l’herbe épaisse et les carex dessinaient de larges tapis verts. Même dans cette contrée sauvage et désolée, battue par des vents glacials et desséchants, la vie continuait.
Des contours se détachèrent bientôt de la brume opaque. Larges plaques de roches entaillées, longues traînées de sable, de pierres et de graviers, rochers tombés de nulle part, comme déposés par une invisible main géante. Le sol caillouteux était lavé par les eaux, menus ruisseaux ou torrents bouillonnant d’une manière anarchique, et plus les chasseurs avançaient, plus l’humidité de l’air était sensible. Des langues de neige sale subsistaient dans les recoins ombragés, et dans une dépression près d’un gros rocher, une couche de neige encerclait un petit bassin où des blocs de glace en suspension enrichissaient l’eau de vives couleurs bleutées.
Dans l’après-midi, le vent changea, et quand les chasseurs installèrent leur campement, une neige sèche s’était mise à tomber. Déroutés, Talut et les autres se réunirent pour analyser la situation. Vincavec avait invoqué plusieurs fois l’Esprit du Mammouth sans succès. Tous avaient espéré voir les mammouths bien plus tôt.
Cette nuit-là, allongée dans ses fourrures, Ayla entendit des bruits mystérieux qui semblaient émaner des entrailles de la terre : grincements, gargouillis, grognements. Elle n’arrivait pas à les identifier et ignorait totalement leur provenance, ce qui la rendait nerveuse et l’empêcha de s’endormir. Vers le matin, la fatigue l’emporta et elle sombra enfin dans le sommeil.
Lorsqu’elle se réveilla, elle devina qu’il était tard. La lumière était anormalement vive et tout le monde avait déserté la tente. Elle ramassa sa pelisse et s’apprêtait à sortir quand elle s’arrêta, bouche bée. Le vent avait nettoyé la brume qui descendait du glacier. Par l’ouverture de la tente, elle apercevait le gigantesque mur de glace qui s’élevait si haut que son sommet se perdait dans les nuages.
Sa taille le faisait croire plus proche qu’il n’était en réalité, mais d’énormes blocs, jadis arrachés à la muraille de glace, formaient des monticules à quelques centaines de mètres à peine. Autour des blocs de glace, plusieurs Mamutoï assemblés lui donnèrent une échelle de la véritable taille de l’immense barrière de glace. Le glacier offrait un spectacle d’une incroyable beauté. Dans la lumière du soleil – Ayla s’aperçut que les nuages ne cachaient plus le soleil – des millions de cristaux scintillaient de toutes les couleurs prismatiques, avec une dominante du même bleu irréel qu’elle avait vu la veille dans le bassin. Les mots manquaient pour décrire ce spectacle. On restait confondu devant tant de splendeur, de grandeur, et de puissance.
Comprenant qu’elle avait raté quelque chose d’important, Ayla acheva de s’habiller à la hâte. Elle se versa une coupe d’un liquide recouvert d’une mince pellicule de glace et qu’elle prit pour de l’infusion. Elle découvrit qu’il s’agissait d’un bouillon de viande, hésita, puis vida la coupe avec plaisir. Elle se servit ensuite une louche de céréales grillées sur une épaisse tranche de rôti froid, et rejoignit le reste des chasseurs à grandes enjambées.
— Ah, tu as fini par te lever ! remarqua Talut en la voyant arriver.
— Pourquoi ne pas m’avoir réveillée ? demanda-t-elle en avalant sa dernière bouchée.
— Il n’est pas sage de réveiller quelqu’un qui dort aussi profondément, sauf en cas d’urgence, rétorqua Talut.
— L’esprit doit prendre son temps pour ses voyages nocturnes, afin de revenir frais et dispos, intervint Vincavec qui s’était approché pour la saluer.
Il esquissa un geste pour lui prendre les mains, mais elle s’esquiva, frotta rapidement ses joues contre les siennes, et s’en fut examiner la glace.
A l’évidence, les énormes blocs avaient dû tomber avec fracas. Ils étaient profondément enfoncés et le sol portait encore les traces de leur chute. On devinait aussi qu’ils étaient là depuis des années. Du sable, moulu sur la roche par le glacier et déposé par les vents, recouvrait la surface d’une couche de poussière grisâtre, striée çà et là de langues de neige compacte. La surface elle-même était grêlée et rendue poreuse par les incessants gels et dégels. Quelques petites plantes tenaces s’étaient enracinées dans la glace.
— Monte, Ayla ! appela Ranec. Fais le tour, tu grimperas plus facilement.
Elle leva les yeux et l’aperçut debout en haut d’un bloc légèrement de guingois. Quelle ne fut pas sa surprise de voir Jondalar à ses côtés ! Ayla s’exécuta et gravit une série de dalles et de blocs. La poudre de roche qui recouvrait la glace rendait la surface moins glissante, et avec quelques précautions on pouvait escalader sans risque. Arrivée au sommet, Ayla se campa face au vent, les yeux fermés. Les rafales la poussaient comme pour tester sa résistance et le glacier proche grondait, craquait et menaçait. Elle leva la tête vers la lumière intense qu’elle voyait même à travers ses paupières closes et sentit sur sa peau la bataille cosmique que se livraient l’astre céleste et le froid glacial de la muraille gigantesque. L’air, lui-même, frissonnait, ind�
�cis.
Elle ouvrit les yeux. Le glacier envahissait l’espace. L’énorme, la formidable et majestueuse étendue glacée rejoignait le ciel et couvrait la terre à perte de vue. A côté, les montagnes paraissaient insignifiantes. La vision de l’extraordinaire glacier la remplit d’enthousiasme et lui inspira une crainte révérencielle. Jondalar et Ranec épiaient sa réaction.
— Je l’avais déjà vu, dit Ranec, mais je pourrais le voir autant de fois qu’il y a d’étoiles dans le ciel, je ne m’en lasserais jamais.
Ayla et Jondalar approuvèrent.
— Il faut prendre garde, cela peut être dangereux, ajouta Jondalar.
— Oui, le glacier bouge, précisa Ranec. Parfois il s’étend, d’autres fois il se retire. Ces blocs sont tombés quand il était là. Au début, ils étaient bien plus gros. Ils ont rétréci, comme le glacier. Tiens, il me semble qu’il était plus loin, la dernière fois. Sans doute avance-t-il de nouveau.
Perchée sur son promontoire, Ayla embrassa l’horizon du regard.
— Oh, regardez ! s’exclama-t-elle en pointant un doigt vers le sud-est. Des mammouths ! Un troupeau de mammouths !
— Où cela ? s’écria Ranec en proie à une grande agitation.
La fièvre embrasa les chasseurs. Talut, qui avait sursauté en entendant parler de mammouths, s’était empressé d’escalader le bloc de glace. Il atteignit le sommet en quelques enjambées et, la main en visière, scruta l’horizon dans la direction qu’avait indiquée Ayla.
— Elle a raison ! hurla-t-il, incapable de contenir son émotion. Les voilà ! Voilà les mammouths !
Ce fut une ruée. Tout le monde se bousculait pour voir les énormes bêtes aux défenses gigantesques. Ayla se poussa pour laisser sa place à Brecie.
Un incontestable soulagement accompagnait la fièvre qui s’était emparée des chasseurs. Les mammouths se montraient enfin. Pour des raisons qui resteraient mystérieuses, l’Esprit du Mammouth avait décidé d’autoriser ses créatures temporelles à se présenter devant celles que Mut avait choisies pour les chasser.
L’une des femmes du Camp de Brecie raconta à l’un des chasseurs qu’elle avait vu Ayla en haut des blocs de glace, les yeux clos, offrant son visage aux vents dans une Invocation muette. Et lorsqu’elle avait rouvert les yeux, les mammouths étaient apparus. L’homme prêta l’oreille d’un air entendu.
Ayla se préparait à descendre de la pile de glace quand Talut s’approcha. Elle ne l’avait jamais vu sourire avec une telle ferveur.
— Ayla, tu as fait de cet Homme Qui Ordonne le plus heureux des hommes, déclara le géant à la barbe rousse.
— Mais je n’ai rien fait, protesta Ayla. Je les ai aperçus, c’est tout.
— C’est beaucoup. Quiconque les aurait vus le premier aurait fait de moi un homme heureux. Mais je me réjouis que ce soit toi.
Ayla lui adressa un sourire de gratitude. Décidément, ce géant lui plaisait beaucoup. Elle le considérait comme un oncle, un frère ou un ami, et elle ne doutait pas qu’il éprouvât les mêmes sentiments envers elle.
— Tu étais sur le point de descendre, Ayla, mais que regardais-tu ? reprit Talut.
— Oh, rien. J’examinais la forme de cet amas de glace. Tu vois, là où nous sommes montés il s’incurve, et il repart de l’autre côté.
Talut jeta un bref regard circulaire, puis étudia plus attentivement l’agencement des blocs de glace.
— Ayla ! Tu as encore fait des tiennes ! s’écria-t-il alors.
— Qui ? Moi ?
— Oui, tu as rendu cet Homme Qui Ordonne très, très heureux ! Son rire était contagieux, elle y succomba à son tour.
— Et peut-on savoir ce qui te réjouit, cette fois-ci ? demanda-t-elle.
— Tu as attiré mon attention sur la forme particulière de ces blocs de glace. On dirait presque un cul-de-sac. Presque, mais nous pourrons l’améliorer. Ah, maintenant je sais comment nous chasserons ces mammouths !
Il n’y avait pas de temps à perdre. Les mammouths pouvaient décider de disparaître, le temps pouvait de nouveau changer. Les chasseurs ne devaient pas gaspiller leur chance. Les chefs se concertèrent et dépêchèrent immédiatement des éclaireurs étudier la configuration du terrain et l’importance du troupeau. Pendant ce temps-là, on bâtit un mur de glace pour fermer le canyon afin de former un enclos percé d’une seule entrée. Au retour des éclaireurs, les chasseurs se réunirent afin de mettre au point le meilleur plan pour attirer les mammouths dans le piège.
Talut expliqua comment Ayla, montée sur Whinney, les avait aidés à capturer un bison. On l’écouta avec intérêt, mais tout le monde arriva à la conclusion qu’un cavalier sur son cheval ne pouvait forcer à lui seul les mammouths à se diriger vers le cul-de-sac. Son aide serait utile, mais il fallait employer un moyen plus sûr.
Ce moyen, c’était le feu. A la fin de l’été, les orages embrasaient souvent les champs desséchés, et les mammouths, qui ne craignaient pas grand-chose, avaient du feu une peur salutaire. Toutefois, à cette saison il serait difficile d’enflammer l’herbe. Les chasseurs devraient effrayer les monstres avec des torches.
— Avec quoi fabriquerons-nous les torches ? demanda quelqu’un.
— Avec de l’herbe sèche et des bouses de mammouth liées ensemble, dit Brecie. Une fois trempées dans de la graisse, les torches s’enflammeront en un clin d’œil.
— Nous pourrons utiliser la pierre à feu d’Ayla pour les allumer, ajouta Talut au milieu de l’approbation générale.
— Il faudra allumer les feux à plusieurs endroits et dans un ordre précis, dit Brecie.
— Ayla a donné une pierre à feu à chaque foyer du Camp du Lion, expliqua Talut. Nous en possédons plusieurs. J’en ai une, Ranec aussi. Jondalar a la sienne.
Talut se prit à regretter l’absence de Tulie. Il savait qu’elle aurait apprécié le prestige que la possession des fameuses pierres accordait à son Camp, d’autant qu’elles étaient rares.
— Mais si nous réussissons à les effrayer, comment être sûrs que les mammouths fuiront vers le canyon ? demanda une femme du Camp de Brecie. La région est vaste.
Ils élaborèrent un plan simple et efficace. Avec des blocs de pierre et de glace, ils construisirent deux rangées de cairns qui partaient du canyon en s’élargissant. Avec son énorme hache, Talut brisa sans peine les blocs de glace en morceaux facilement transportables. Derrière chaque cairn, on disposa des torches en cas de besoin. Sur les cinquante chasseurs, certains choisirent de rester à l’abri des cairns pour recevoir le premier assaut. Les autres, les plus rapides – car en dépit de leur masse imposante, les mammouths couraient remarquablement vite sur de courtes distances –, se séparèrent en deux groupes pour encercler les monstres laineux.
Brecie décrivit certains comportements des mammouths, ainsi que leurs points vulnérables, aux plus jeunes qui n’avaient pas encore eu l’occasion de les chasser. Ayla écouta attentivement et les suivit dans le canyon de glace. La Femme Qui Ordonne du Camp du Wapiti dirigerait l’assaut frontal de l’intérieur, et elle tenait à inspecter le piège et à choisir sa place.
En pénétrant dans l’enceinte de glace, Ayla remarqua le soudain refroidissement. Comme ils avaient allumé du feu pour faire fondre la graisse et qu’ensuite ils avaient transpiré à couper l’herbe et charrier les blocs de glace, elle ne s’était pas rendue compte du froid. Pourtant, ils étaient si près du grand glacier qu’au petit matin l’eau était recouverte d’une fine pellicule de glace, et chacun portait sa pelisse dans la journée. A l’intérieur de l’enclos l’air était glacial, mais Ayla était trop émerveillée par la beauté austère du lieu pour s’en soucier. On se serait cru dans un autre monde, un monde de glace où dominaient le bleu et le blanc.
Comme dans les canyons rocheux proches de sa vallée, de larges blocs, récemment arrachés des murailles glacées, jonchaient le sol, hérissé d’arêtes tranchantes et d’aiguilles d’un blanc étincelant qui prenaient dans les crevasses ou dans les coins ombreux de riches tons bleu vif qui lui rappelèrent soudain les ye
ux de Jondalar. La surface arrondie de pitons plus anciens ou de blocs éboulés, polie par le temps et recouverte de fins gravillons apportés par les vents, était une invite à l’escalade et à l’exploration.
Pendant que les autres cherchaient les endroits où se poster, Ayla se laissa tenter par l’escalade. De toute façon, elle n’attendrait pas les mammouths dans l’enclos. Whinney et elle, de même que Jondalar et Rapide, aideraient à pousser les créatures laineuses vers le piège de glace. La rapidité des chevaux serait fort utile, et Ayla et Jondalar prêteraient chacun sa pierre à feu à l’un des deux groupes de chasseurs. Ayla remarqua que les gens se rassemblaient devant l’entrée du canyon. Elle siffla Whinney qui sortait du campement avec Rapide et Jondalar. La jument accourut à l’appel de la jeune femme.
Les deux groupes de chasseurs partirent à la rencontre des mammouths en décrivant un large cercle pour les approcher par l’arrière sans se faire remarquer. Ranec et Talut s’étaient postés chacun derrière une rangée de cairns convergeant vers l’entrée du canyon, prêts à allumer les feux. En passant devant eux, Ayla salua Talut et adressa un sourire à Ranec. Vincavec avait pris place du même côté que Ranec. Ayla lui fit un signe amical.
Accompagnée par d’autres chasseurs qui observaient un silence tendu, elle marchait devant Whinney, sagaies et propulseur rangés dans un panier avec un jeu de torches sur le dos de la jument. Chacun se concentrait sur la chasse, priant avec ferveur pour sa réussite. Ayla se retourna vers Whinney, puis observa le troupeau devant elle. Les mammouths paissaient toujours dans le pré où elle les avait aperçus du haut de son promontoire. Tout s’était déroulé si vite qu’elle avait à peine eu le temps de réfléchir. Ils avaient abattu un travail considérable en peu de temps.
Elle avait toujours rêvé de chasser le mammouth et elle frissonna à l’idée de participer pour la première fois de sa vie à cette battue grandiose. Pourtant, en y réfléchissant, elle trouvait la situation grotesque. Comment des créatures aussi minuscules et fragiles osaient-elles s’attaquer aux énormes bêtes laineuses munies de défenses puissantes ? Et pourtant, simplement armée de quelques sagaies, Ayla était prête à affronter l’animal le plus colossal que la terre abritait. Oui, mais elle possédait aussi l’intelligence, et pouvait compter sur l’expérience et la solidarité des autres chasseurs. Et sur le propulseur de Jondalar.