Fascination

Home > Science > Fascination > Page 28
Fascination Page 28

by Stephenie Meyer

— Rosalie est celle qui a le plus de difficultés à... vivre notre condition, soupira-t-il. Elle a du mal à accepter qu'un étranger sache la vérité. Et puis, elle est un peu jalouse.

  — De moi ?

  Incrédule, je tentai d'imaginer un monde où une femme aussi époustouflante que Rosalie aurait un motif quelconque d'envier une gamine comme moi.

  — Tu es humaine. Elle regrette que ce ne soit pas également son cas.

  — Oh... Et Jasper ? Lui aussi, il...

  — C'est ma faute. Je t'avais expliqué qu'il était le plus récent d'entre nous. Je l'ai averti de garder ses distances, dans son propre intérêt.

  Précision qui m'arracha un frisson.

  — Esmé et Carlisle ? poursuivis-je rapidement pour qu'il ne s'en aperçoive pas.

  — Ils se réjouissent pour moi. D'ailleurs, Esmé se moquerait comme d'une guigne que tu aies un troisième œil ou les pieds palmés. Elle s'est tellement inquiétée, craignant qu'un élément essentiel ait manqué à mon accomplissement ou que j'aie été trop jeune au moment de ma transformation par Carlisle... Elle nage en plein bonheur. Chaque fois que je te touche, elle s'étrangle de joie.

  — Alice m'a semblé très... enthousiaste.

  — Elle a une façon bien à elle d'envisager les choses, susurra-t-il entre ses dents.

  L'espace d'un instant, nous nous comprîmes parfaitement sans avoir besoin de passer par les mots. Lui sentit que je devinais qu'il me cachait quelque chose ; moi, qu'il n'était pas prêt à me révéler quoi que ce soit, en tout cas pas maintenant.

  — Alors, qu'est-ce que t'a raconté Carlisle, tout à l'heure ? demandai-je pour changer de sujet.

  — Tu as aussi remarqué ça, n'est-ce pas ?

  — Bien sûr.

  Il me contempla pensivement avant de répondre.

  — Il voulait m'annoncer des nouvelles, et il ignorait si j'avais ou non envie de les partager avec toi.

  — Et ?

  — J'y suis forcé, dans la mesure où je vais devoir être... insupportablement protecteur dans les jours ou semaines à venir, et que je ne tiens pas à ce que tu me prennes pour un tyran né.

  — Que se passe-t-il ?

  — Rien de très inquiétant pour le moment. Alice a juste vu la prochaine arrivée de visiteurs. Ils savent que nous sommes ici et sont curieux.

  — Des visiteurs ?

  — Oui... ils ne sont pas comme nous. Pour ce qui concerne leurs habitudes de chasse, s'entend. Ils ne viendront même pas en ville, avec un peu de chance, mais je n'ai pas l'intention de te laisser sans surveillance tant qu'ils n'auront pas déguerpi.

  Je frémis, secouée.

  — Enfin une réaction rationnelle, murmura Edward. Je commençais à croire que tu n'avais aucun instinct de survie.

  Je ne relevai pas, préférant laisser mes yeux vagabonder à travers la grande pièce. Suivant mon regard, il ajouta, quelque peu blasé :

  — Pas ce à quoi tu t'attendais, hein ?

  — Non.

  — Ni cercueils, ni crânes empilés dans les coins. Il n'y a même pas de toiles d'araignée, à ma connaissance... Quelle déception ce doit être !

  — C'est tellement lumineux... tellement ouvert, m'émerveillai-je, insoucieuse de ses sarcasmes.

  — C'est un endroit où nous n'avons pas besoin de nous cacher, admit-il en recouvrant son sérieux.

  La berceuse qu'il jouait, mon morceau, s'acheva, les derniers accords plaqués dans une tonalité plus mélancolique. L'ultime note resta suspendue dans le silence, poignante.

  — Merci, chuchotai-je.

  Réalisant que j'avais les larmes aux yeux, je les essuyai, gênée. Edward effleura le coin d'une de mes paupières et attrapa une larme qui m'avait échappé. Il souleva son doigt, examinant la goutte de près. Puis, si vite que je crus avoir rêvé, il porta son doigt à sa bouche. Je l'examinai, déroutée, et il me fixa longuement avant de sourire.

  — Tu veux voir le reste de la maison ?

  — Pas de cercueils ? le taquinai-je sans parvenir à masquer la légère mais réelle anxiété que j'éprouvais.

  — Aucun, promis ! pouffa-t-il en me tirant par la main.

  Nous gravîmes l'imposant escalier, mes doigts s'attardant sur la rambarde lisse comme du satin. Le vestibule sur lequel nous débouchâmes était lambrissé de panneaux en bois couleur miel, de la même teinte que les planchers.

  — La chambre de Rosalie et Emmett... le bureau de Carlisle... les quartiers d'Alice... énumérait Edward en passant devant les portes.

  Il aurait continué sur sa lancée si je n'avais brusquement pilé net au bout du couloir, abasourdie devant l'objet accroché au mur, au-dessus de ma tête. Edward rigola devant mon air éberlué.

  — Tu as le droit de rire, lança-t-il. Sa présence est, en quelque sorte, ironique.

  Je ne ris pas. Ma main monta, mue par un réflexe, et je tendis le doigt vers la grande croix de bois dont l'antique et sombre patine tranchait sur le fond clair du mur. Je ne la touchai pas, cependant, bien que je fusse curieuse de sentir si la matière en était aussi douce qu'elle semblait l'être.

  — Elle est sûrement très vieille, dis-je.

  — Début du XVII e, admit Edward avec désinvolture. Environ 1630.

  — Pourquoi la gardez-vous ici ? demandai-je en me tournant vers lui.

  — Par nostalgie. Elle appartenait au père de Carlisle.

  — Il collectionnait les antiquités ?

  J'avais des doutes.

  — Non, il l'a sculptée. Elle était suspendue au-dessus du pupitre du temple où il prêchait.

  J'ignore si mon visage trahit mon étonnement mais, par précaution, je m'empressai de revenir sur la croix. Mentalement, je fis un rapide calcul — elle avait plus de trois cent soixante-dix ans. Le silence s'installa, pendant que je m'évertuais à prendre la mesure d'autant d'années.

  — Tout va bien ? s'inquiéta Edward.

  — Quel âge a Carlisle ?

  — Il vient de célébrer ses trois cent soixante-deux ans.

  Je pivotai vers lui, un milliard de questions dans les yeux.

  — Carlisle est né à Londres dans les années 1640, m'expliqua-t-il. Enfin, il pense. Les dates, à l'époque, n'étaient pas aussi précises que maintenant, du moins pour les gens du commun. C'était juste avant l'arrivée de Cromwell1.

  Tout en parlant, Edward m'étudiait attentivement, et je m'efforçai de ne pas trahir ma surprise. Le meilleur moyen de le faire était encore de feindre le scepticisme.

  — Il était le fils unique d'un pasteur anglican, poursuivait Edward, sa mère étant morte en le mettant au monde. Son père était un homme intolérant. Lorsque les protestants ont pris le pouvoir, il a persécuté avec beaucoup d'enthousiasme les catholiques et autres mécréants. Il croyait également dur comme fer à la réalité du mal. Il menait des chasses aux sorcières, aux loups-garous et... aux vampires.

  Je me figeai. S'il s'en aperçut, il n'en continua pas moins.

  — Il a mené au bûcher pas mal d'innocents, parce que les créatures qu'il cherchait n'étaient pas si faciles à attraper, naturellement. Sur ses vieux jours, il a transmis les rênes à son fils obéissant. Au début, Carlisle s'est montré décevant. Il n'était pas aussi prompt à voir des démons là où il n'y en avait pas. Mais il était acharné, et plus intelligent que son père, et il a fini par découvrir une bande de vrais vampires qui se dissimulaient dans les égouts de Londres et ne sortaient qu'à la nuit, pour chasser. Quand les créatures démoniaques n'étaient pas des mythes et des légendes, c'était ainsi que la plupart vivaient. Quoi qu'il en soit, le bon peuple a rassemblé fourches et torches (rire sombre) et s'est embusqué à l'endroit repéré par Carlisle, attendant que l'un des monstres apparaisse. Ce qui a fini par se produire. (Sa voix devint murmure, et je dus tendre l'oreille.) Il devait être extrêmement vieux et affaibli par la faim. Carlisle l'a entendu prévenir les autres en latin lorsqu'il a senti la présence de la foule. Il s'est enfui dans les rues, et Carlisle, qui n'avait alors que vingt-trois ans et courait vite, s'est rué derrière lui, prenant la têt
e de la traque. Le vampire aurait aisément pu les distancer ; mais d'après Carlisle, il avait tellement faim qu'il s'est retourné et a attaqué. Il s'en est d'abord pris à Carlisle, mais les renforts n'étaient pas loin, et il a été contraint de se défendre. Il a tué deux hommes et a déguerpi en en emportant un troisième, tandis que Carlisle se vidait de son sang sur le pavé.

  Il s'interrompit, et je devinai qu'il me taisait un détail.

  — Carlisle n'avait aucun doute quant aux mesures que prendrait son père. Les cadavres seraient brûlés, tout ce qui risquait d'avoir été infecté par la créature devrait être détruit. Par instinct, pour sauver sa vie, il a rampé loin de la ruelle où il gisait pendant que la foule poursuivait le monstre et sa victime, il s'est tapi dans une cave et s'est enfoui sous un tas de pommes de terre pourries durant trois jours. C'est un miracle qu'il soit parvenu à garder le silence, et qu'on ne l'ait pas repéré. Quand ça a été fini, il a compris ce qu'il était devenu.

  Je me trahis peut-être car, soudain, il me demanda comment je me sentais.

  — Très bien, affirmai-je.

  J'eus beau me mordre les lèvres, hésitante, il décela la curiosité qui me dévorait. Il sourit.

  — J'imagine que tu dois avoir des tas de questions à me poser.

  — Quelques-unes.

  Son sourire s'élargit, dévoilant ses dents luisantes. Me prenant par la main, il me ramena sur nos pas.

  — Dans ce cas, viens, je vais te montrer.

  1 Cromwell (Oliver) : 1599-1658. Après avoir mené une révolte populiste et renversé la monarchie (le roi Charles Ier fut exécuté en 1649), Cromwell instaura une république qui tourna vite à la dictature. Époque de grands troubles dominée par la montée du puritanisme et l'intolérance religieuse.

  16

  CARLISLE

  Edward me conduisit à la porte qu'il m'avait désignée comme étant celle du bureau de Carlisle. Il s'arrêta une seconde devant.

  — Entrez ! lança la voix de son père.

  La pièce était haute de plafond, dotée de vastes fenêtres qui ouvraient sur l'ouest. Là aussi, les murs étaient lambrissés, dans un bois sombre. Du moins, là où ils étaient visibles, car la plupart de l'espace était dissimulée par d'imposantes bibliothèques, beaucoup plus grandes que moi, qui contenaient la plus impressionnante collection de livres privée que j'eusse jamais vue.

  Carlisle était assis dans un fauteuil en cuir, derrière une énorme table d'acajou. Il plaça un marque-page dans l'épais volume qu'il était en train de lire. La pièce ressemblait exactement à l'antre d'un doyen d'université tel que je l'avais toujours imaginé, sauf que Carlisle était bien trop jeune pour coller à l'image.

  — Que puis-je faire pour vous ? s'enquit-il avec affabilité en se levant.

  — Je voulais montrer à Bella une partie de ton histoire, expliqua Edward. Enfin, ton histoire.

  — Pardonnez-nous de vous déranger, m'excusai-je pour ma part.

  — Mais vous ne me dérangez pas du tout, me rassura-t-il.

  D'une main légère, Edward me fit pivoter en direction de la porte que nous venions de franchir. Chacun de ses contacts, même le plus anodin, me provoquait des palpitations, à mon avis audibles. C'était des plus embarrassant, surtout en présence de son père. Le mur face auquel nous nous tenions différait des autres. Les étagères étaient remplacées par d'innombrables tableaux de toutes les tailles, certains bigarrés, certains tristement monochromes. Rapidement, je cherchai la logique de cette pinacothèque, un lien commun à ces œuvres multiples, n'en trouvai aucun.

  Edward me poussa sur la gauche et se posta devant une petite huile carrée au cadre en bois des plus banals. Elle passait inaperçue au milieu de toiles plus grandes et plus colorées ; cumulant diverses teintes sépia, elle représentait une ville miniature aux toits raides et nichés les uns contre les autres d'où émergeaient de délicates flèches plantées au sommet de tours éparses. En fond, une large rivière qu'enjambait un pont couvert d'édifices évoquant de minuscules cathédrales.

  — Londres dans les années 1650, annonça Edward.

  — Le Londres de ma jeunesse, précisa Carlisle, quelques pas derrière nous.

  Je tressaillis. Je ne l'avais pas entendu approcher. Edward serra ma main.

  — Veux-tu raconter ? demanda-t-il ensuite à son père.

  Je me retournai pour jauger la réaction de celui-ci. Il souriait.

  — Ce serait avec plaisir, mais je suis en retard. L'hôpital a téléphoné ce matin. Le docteur Snow est malade. De toute façon, tu connais les histoires aussi bien que moi.

  C'était un étrange mélange, dur à avaler — les soucis quotidiens du médecin de la ville interrompant une discussion sur sa jeunesse dans le Londres du XVII e siècle. Il était tout aussi dérangeant de savoir qu'il ne s'exprimait à voix haute que pour mon bénéfice. Sur un hochement de tête, Carlisle quitta la pièce.

  Je contemplai longuement la reproduction de sa ville natale.

  — Alors, que s'est-il passé, finis-je par dire en levant les yeux sur Edward qui me regardait, quand il a compris ce qu'il lui était arrivé ?

  Edward inspecta brièvement le mur de tableaux, et je notai qu'il s'arrêtait sur celui qui dépeignait un vaste paysage aux mélancoliques couleurs automnales, une clairière vide et ombreuse dans une forêt avec, au loin, des cimes rocailleuses.

  — Lorsqu'il a su ce qu'il était devenu, murmura-t-il, il a lutté. Il a essayé de se détruire avec acharnement. Hélas, ce n'est pas aussi simple.

  — Qu'a-t-il fait ?

  Sous le choc, les mots m'avaient échappé.

  — Il s'est jeté du haut de falaises, répondit Edward, impassible. Il a tenté de se noyer dans l'océan... Mais il commençait sa nouvelle vie et il était très fort. Il est incroyable qu'il soit parvenu à résister... qu'il ait tenu sans se nourrir, alors qu'il était néophyte. L'instinct est si puissant, au début, qu'il a tendance à l'emporter. Carlisle éprouvait cependant un tel dégoût envers lui-même qu'il a eu le courage de chercher à se tuer en se laissant mourir de faim.

  — C'est donc possible ?

  — Non. Il n'existe que très peu de façons de nous anéantir.

  Je faillis demander lesquelles, il ne m'en laissa pas le temps.

  — Bref, enchaîna-t-il, la dénutrition a fini par l'épuiser. Il se tenait le plus à l'écart de la populace humaine, conscient que sa volonté s'effilochait. Des mois durant, il a évité de sortir le jour, se réfugiant dans les endroits les plus désolés, se méprisant. Une nuit, un troupeau de cerfs est passé près de sa cachette. La soif l'avait rendu si enragé qu'il a attaqué sans réfléchir. Les forces lui sont revenues, et il a compris qu'il existait une alternative à la monstruosité. N'avait-il pas déjà dîné de gibier dans sa vie antérieure ? C'est ainsi que sa philosophie a pris naissance dans les mois suivants. Il pouvait exister sans être un démon. Il a eu l'impression de s'être retrouvé. Dès lors, il a commencé à faire meilleur usage de son temps. Il avait toujours été intelligent et avide de connaissances. Désormais, il avait l'éternité pour apprendre. Il étudiait la nuit, méditait le jour. Il a gagné la France à la nage et...

  — Pardon ?

  — Les gens traversent la Manche à la nage tout le temps, Bella.

  — Ah, oui. C'est juste que ça sonne drôle, pour l'époque. Continue.

  — Nager ne nous est pas difficile...

  — Rien ne l'est, pour vous, rétorquai-je.

  Il patienta, amusé.

  — Je jure de ne plus t'interrompre.

  Avec un ricanement sombre, il acheva sa phrase :

  — Parce que, techniquement, nous n'avons pas besoin de respirer.

  — Vous...

  — Non, non ! Tu as promis, s'esclaffa-t-il en posant ses doigts froids sur mes lèvres. Tu veux entendre la fin de l'histoire, oui ou non ?

  — Oui, sauf que tu ne peux pas me balancer des choses pareilles sans t'attendre à ce que je ne réagisse pas, bougonnai-je.

  Il plaça sa main contre mon cou et, derechef, sa vivacité af
fola mon cœur.

  — Bon, insistai-je quand même, c'est quoi ces blagues ?

  — La respiration ne nous est pas une nécessité, juste une habitude.

  — Et vous pouvez tenir... longtemps ?

  — Indéfiniment, j'imagine. Je ne sais pas. Il est un peu inconfortable de se priver de son odorat.

  — Inconfortable, répétai-je.

  Quelque chose dans mon regard le rendit grave. Son bras retomba sur le côté, et il se raidit, sans cesser de me scruter. Le silence se prolongea. Son visage était de pierre.

  — Qu'y a-t-il ? demandai-je en effleurant sa joue marmoréenne.

  Il soupira, puis se détendit.

  — Je passe mon temps à guetter ça.

  — Quoi ?

  — Le moment où je t'apprendrai un détail, à moins que tu ne le remarques toi-même, qui sera trop dur à supporter, et où tu fuiras en hurlant. Je n'essaierai pas de te retenir, ajouta-t-il avec un demi-sourire triste. Je souhaite même que ça arrive, parce que je veux que tu survives. Et pourtant, j'ai envie d'être avec toi. Ces deux désirs sont incompatibles...

  Il s'interrompit, anxieux.

  — Je ne m'enfuirai nulle part.

  — On verra bien, commenta-t-il en retrouvant un semblant de bonne humeur.

  — Allez, poursuis. Carlisle a gagné la France à la nage.

  Ses yeux se posèrent sur un autre tableau, le plus bigarré de tous, au cadre le plus ornementé, le plus vaste aussi : il était deux fois plus grand que la porte à côté de laquelle il était accroché. Y pullulaient des personnages vêtus de toges multicolores et tourbillonnantes qui s'enroulaient autour de colonnes et se penchaient du haut de balcons en marbre. Je ne sus déterminer s'il s'agissait d'une scène de la mythologie grecque ou si les êtres flottant parmi les nuages dans la tranche supérieure de la toile étaient bibliques.

  — Une fois sur le continent, Carlisle a écumé les universités d'Europe. La nuit, il étudiait la musique, les sciences, la médecine — il avait trouvé sa vocation, sa pénitence, sauver des vies humaines. (Le visage d'Edward prit une expression respectueuse, presque révérante.) Je ne peux pas te décrire avec exactitude son combat. Il lui a fallu deux siècles d'efforts déchirants pour parvenir à exercer un total contrôle de lui-même. Aujourd'hui, il est presque immunisé contre l'odeur du sang humain et il est capable d'accomplir le travail qu'il aime sans souffrance. L'hôpital lui apporte une grande paix...

 

‹ Prev