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Fascination

Page 33

by Stephenie Meyer


  C'était un ordre. Tous deux se glissèrent sans bruit dans l'obscurité et disparurent aussitôt. Edward me tint la portière et attrapa ma main. M'attirant dans le cercle protecteur de ses bras, il m'entraîna rapidement vers la maison en balayant la nuit des yeux.

  — Quinze minutes, me rappela-t-il dans un souffle.

  — J'y arriverai, reniflai-je.

  Mes pleurs venaient de me donner une idée. Je m'arrêtai sur le perron et prit son visage entre mes paumes. Je plongeai férocement mon regard dans le sien.

  — Je t'aime, murmurai-je avec ardeur. Quoi qu'il arrive, je t'aimerai toujours.

  — Tout se passera bien, Bella, répondit-il sur un ton aussi intense.

  — Respecte le plan, d'accord ? Veille à la sécurité de Charlie pour moi. Il ne va pas m'aimer beaucoup, d'ici cinq minutes, et je tiens à garder une chance de m'excuser plus tard.

  — Vas-y, Bella. Nous n'avons pas beaucoup de temps.

  — Une dernière chose. N'écoute plus un seul des mots que je vais prononcer ce soir.

  Il était penché vers moi, et je n'eus qu'à me dresser sur la pointe des pieds pour embrasser ses lèvres glacées et surprises avec toute la force dont j'étais capable. Puis je me détournai et ouvris la porte d'une violente bourrade.

  — Fous-moi la paix ! hurlai-je à un Edward interloqué.

  Je me précipitai à l'intérieur en claquant le battant sous son nez.

  — Bella ?

  Charlie, qui tournait en rond dans le salon, se rua vers moi.

  — Toi, laisse-moi ! piaillai-je à travers mes larmes qui dégoulinaient à grands flots maintenant.

  Je courus dans ma chambre, où je m'enfermai à clé. Rapidement, je tirai mon havresac de sous le lit et la vieille chaussette contenant mon trésor de guerre secret de sous le matelas. Charlie frappait à coups redoublés.

  — Tu n'as rien, Bella ? Que se passe-t-il ? criait-il, complètement affolé.

  — Je rentre à la maison ! braillai-je, et ma voix se cassa juste au bon endroit.

  — Il t'a fait du mal ? gronda-t-il, en colère, cette fois.

  — Non ! rétorquai-je, quelques octaves plus haut.

  Je me tournai vers la commode. Edward y était déjà. Il arracha des brassées de vêtements au hasard et me les lança.

  — Il a rompu avec toi ? demanda Charlie, intrigué, à présent.

  — Non !

  J'étais un peu essoufflée, à force de me démener. Edward me jeta le contenu d'un nouveau tiroir. Mon sac était presque plein, maintenant.

  — Que se passe-t-il ? répétait mon père en martelant furieusement la porte.

  — C'est moi qui ai rompu avec lui ! hurlai-je en me débattant avec la fermeture Éclair de mon bagage.

  Plus habile que moi, Edward s'en chargea avant de passer soigneusement la sangle du sac par-dessus mon épaule.

  — Je t'attends dans ta voiture, souffla-t-il. Fonce !

  Et il sauta par la fenêtre. Je déverrouillai la serrure, repoussai brutalement Charlie et dévalai les marches, gênée par mon fardeau.

  — Mais qu'y a-t-il ? s'énerva mon père, sur mes talons. Je croyais que tu l'aimais bien...

  Dans la cuisine, il m'attrapa par le coude. Sa surprise n'amoindrissait en rien la fermeté de sa poigne. Il m'obligea à lui faire face, et je vis qu'il n'avait pas l'intention de me laisser partir comme ça. Je n'avais qu'un moyen de le persuader, mais cela allait tellement le blesser que je me haïs de seulement y songer. Malheureusement, j'étais pressée et je devais m'assurer qu'il ne risquerait rien. Je le fusillai du regard, mes larmes repartant de plus belle à l'idée de ce que je m'apprêtais à dire.

  — Je l'aime bien, c'est tout le problème. Mais j'en ai marre de vivre ici. Je ne tiens pas à être enfermée comme maman dans cette stupide bourgade qui suinte l'ennui ! Je ne commettrai pas la même erreur qu'elle. Je déteste cet endroit. Je n'y resterai pas une seconde de plus !

  Sa main retomba comme si je l'avais électrocuté. Me détournant de son visage choqué et peiné, je filai vers le porche.

  — Bella ! Tu ne vas pas t'en aller maintenant, croassa-t-il, il fait nuit.

  — Je dormirai dans la voiture si je me sens fatiguée, ripostai-je sans le regarder.

  — Patiente encore une petite semaine, me supplia-t-il, encore sous le coup. Renée sera bientôt ici.

  — Quoi ? m'écriai-je, complètement prise au dépourvu.

  Devant mon hésitation, il continua sur sa lancée, soulagé, presque anxieux de vider son sac.

  — Elle a téléphoné pendant ton absence. Ça ne marche pas fort, en Floride. Si Phil ne trouve pas de contrat d'ici la fin de la semaine, ils rentreront en Arizona. L'entraîneur des Serpents à Sonnette dit qu'ils auraient peut-être besoin d'un deuxième arrêt court.

  Je secouai la tête, tentant de rassembler mes idées. Chaque seconde perdue mettait Charlie en danger.

  — J'ai une clé, marmonnai-je, la main sur la poignée de la porte.

  Il était trop près de moi, le bras tendu, l'air hébété. Je ne pouvais me permettre de perdre encore du temps à discuter. Tant pis, je lui ferai un peu plus de mal.

  — Laisse-moi partir, Charlie.

  C'étaient les derniers mots que ma mère lui avait lancés avant de franchir le même seuil tant d'années auparavant. Je les prononçai aussi méchamment que je pus avant d'ouvrir le battant.

  — Ça n'a pas marché, point. Je déteste vraiment, vraiment, Forks !

  Ma cruauté eut le résultat escompté. Interdit, Charlie se figea sur le perron, et je m'enfuis dans la nuit. La cour vide me flanqua une peur bleue. Je courus à toutes jambes jusqu'à la Chevrolet, imaginant déjà une ombre à mes trousses. Je balançai mon sac sur le plateau et ouvris vivement la portière. La clé était sur le contact.

  — Je t'appelle demain ! criai-je à Charlie.

  Je regrettais plus que jamais de ne pas pouvoir m'expliquer tout en sachant que ce serait à jamais impossible. Je démarrai et filai. Edward effleura mes doigts.

  — Arrête-toi, me dit-il une fois que la maison eut disparu derrière nous.

  — Je suis capable de conduire, rétorquai-je, les yeux noyés de larmes.

  Soudain, ses longues mains s'enroulèrent habilement autour de ma taille tandis que son pied poussait le mien loin de l'accélérateur. Il me tira sur ses genoux, m'arracha du volant, et je me retrouvai assise côté passager et lui à la place du chauffeur. La Chevrolet n'avait même pas tangué.

  — Tu ne retrouverais pas le chemin, expliqua-t-il.

  Tout à coup, des phares inondèrent la lunette arrière. Je me retournai, horrifiée.

  — Rien qu'Alice, me rassura-t-il.

  L'image de mon père pétrifié sur le seuil hantait mon esprit.

  — Le traqueur ? demandai-je.

  — Il a entendu la fin de ton numéro, reconnut Edward, sinistre.

  — Mais Charlie ? m'inquiétai-je aussitôt.

  — James nous a suivis. Il est en train de courir derrière nous, en ce moment.

  Je me statufiai.

  — On peut le semer ?

  — Non.

  Pourtant, il accéléra, et la voiture poussa un gémissement de protestation. Mon plan ne me semblait plus aussi génial, brusquement. J'étais en train d'observer les phares d'Alice quand la camionnette vacilla tandis qu'une silhouette noire s'accrochait d'un bond à la fenêtre. Mon hurlement de terreur ne dura qu'une fraction de seconde — Edward avait plaqué sa main sur ma bouche.

  — C'est Emmett !

  Il me libéra avant de me prendre par la taille.

  — Tout ira bien, enchaîna-t-il. Nous allons veiller sur toi.

  Nous foncions vers la nationale.

  — Je ne m'étais pas rendu compte que la vie de province t'ennuyait tant, poursuivit-il sur le ton de la conversation, pour me distraire évidemment. J'avais plutôt l'impression que tu t'adaptais très bien, surtout ces derniers temps. Je me suis peut-être flatté de t'avoir rendu l'existence plus passionnante.

  — J'ai été dure, avouai-je sans me dérider, l
a tête basse. Ma mère lui a dit la même chose quand elle l'a quitté. C'était un coup bas, en quelque sorte.

  — Ne t'en fais pas, il te pardonnera, souffla-t-il avec un faible sourire.

  Je levai les yeux, et il vit quelle terreur pure s'était emparée de moi.

  — Tout ira bien, Bella, répéta-t-il.

  — Pas quand je serai loin de toi.

  — Nous serons réunis d'ici quelques jours. C'était ton idée, ne l'oublie pas.

  — Tu parles d'une idée ! Et bien sûr, c'est moi qui l'ai eue.

  Son vague sourire se fana.

  — Pourquoi a-t-il fallu que ça arrive ? continuai-je d'une voix étranglée. Pourquoi moi ?

  — C'est ma faute, s'accusa-t-il en fixant sombrement la route. J'ai été idiot de t'exposer ainsi.

  La rage qui le secouait lui était tout entière destinée.

  — Ce n'est pas ça, persistai-je. J'étais là, d'accord. ça n'a pas eu l'air de gêner les deux autres. Pourquoi James a-t-il décidé de me tuer, moi ? Il y a des gens partout, pourquoi moi ?

  Il réfléchit un instant avant de répondre.

  — J'ai attentivement scruté son esprit, ce soir. Je ne crois pas que j'aurais pu l'éviter, à partir du moment où il t'avait vue. Tu es en partie responsable. Si ton odeur n'était pas aussi succulente, il aurait laissé tomber. Quand je me suis interposé... ça a aggravé les choses. Il n'a pas l'habitude d'être contrarié ; pour quoi que ce soit, d'ailleurs. Il ne s'envisage que comme prédateur, rien d'autre. Sa vie est entièrement dévouée à la traque, il n'en attend que des défis. Nous lui en avons brusquement lancé un très beau — un vaste clan de combattants aguerris tous voués à protéger un élément vulnérable. Tu n'imagines pas à quel point il est euphorique, en ce moment. C'est son jeu préféré, et nous venons de le rendre encore plus affriolant. (Il se tut, dégoûté.) D'un autre côté, reprit-il d'un ton morne, si je n'avais pas réagi, il t'aurait attaquée tout de suite.

  — Je croyais que... qu'il n'y avait qu'à toi que mon odeur faisait un tel effet ?

  — C'est juste. Ça ne signifie pas pour autant que tu ne les tentes pas. Si tu avais vraiment tourné les sens du traqueur, de n'importe lequel d'entre eux d'ailleurs, comme tu m'as enivré, la bagarre aurait éclaté là-bas. (Je frissonnai.) Il ne me reste pas d'autre solution que de le tuer, ajouta-t-il. Carlisle ne va pas beaucoup aimer ça.

  Au bruit des pneus, je devinai que nous traversions le pont, bien que je ne pusse voir la rivière dans l'obscurité. Nous arrivions. Je devais lui poser la question.

  — Comment tue-t-on un vampire ?

  Il me dévisagea de ses yeux insondables avant de me répondre d'une voix dure.

  — Le seul moyen efficace est de le réduire en pièces puis de le brûler.

  — Ses compagnons se rallieront-ils à lui ?

  — La femme oui. Laurent, je ne sais pas. Ils ne sont pas très liés. Il ne voyage avec eux que pour des raisons pratiques. Le comportement de James l'a embarrassé, dans le champ.

  — James et la femme... ils vont essayer de te liquider, croassai-je.

  — Bella, je t'interdis de perdre ton temps à t'inquiéter pour moi. Ton unique préoccupation doit être de rester en vie et, je t'en supplie, de rester prudente.

  — Il nous suit toujours ?

  — Oui. Mais il n'attaquera pas la maison. Pas ce soir.

  Il tourna dans le chemin invisible, Alice derrière nous. Nous roulâmes jusqu'à la maison. Bien que la vaste demeure fût illuminée, les ténèbres de la forêt environnante restaient denses. Emmett ouvrit ma portière avant même que nous ne nous soyons garés. Il me souleva du siège et, me calant contre sa poitrine comme un ballon de rugby, fonça à l'intérieur. Nous déboulâmes dans la grande pièce blanche, Edward et Alice à nos côtés. Ils étaient tous là, déjà débout après avoir perçu nos pas. Au milieu d'eux, Laurent. Un grondement sourd roula dans la gorge d'Emmett lorsqu'il me posa près d'Edward.

  — Il nous traque, annonça celui-ci en gratifiant l'étranger d'un regard sinistre.

  — C'est ce que je craignais, avoua ce dernier, l'air malheureux.

  En quelques entrechats, Alice rejoignit Jasper. Elle chuchota quelque chose à son oreille, et ils grimpèrent ensemble l'escalier. Rosalie les observa avant de se rapprocher vivement d'Emmett. Ses yeux magnifiques étaient incandescents et, quand ils se posèrent sur moi, je tressaillis.

  — Que va-t-il faire ? demanda Carlisle à Laurent d'un ton glacial.

  — Je suis désolé. J'ai tout de suite compris en voyant votre fils la défendre qu'il ne s'arrêterait pas.

  — Pouvez-vous l'en empêcher ?

  — Non. Rien ne l'arrête lorsqu'il a commencé.

  — Alors, nous serons les premiers, jura Emmett.

  — Vous n'y arriverez pas. En trois cents ans d'existence, je n'ai jamais rien vu de tel. C'est un tueur. C'est pourquoi j'ai intégré sa bande.

  Sa bande ? Je sursautai. Évidemment. La hiérarchie affichée dans la prairie n'avait été qu'un manège. Secouant la tête, Laurent me détailla, perplexe.

  — Vous êtes certain que le jeu en vaut la chandelle ? s'enquit-il.

  Le rugissement outragé d'Edward secoua la pièce, et Laurent se tassa sur lui-même.

  — Vous allez devoir choisir, lui lança Carlisle avec gravité.

  L'autre comprit aussitôt. Il réfléchit un instant, nous observant tour à tour avant d'examiner la pièce dans son ensemble.

  — La vie que vous menez m'intrigue, finit-il par avouer. Mais je refuse de me retrouver au milieu de toute cette affaire. Si je n'éprouve nulle animosité à votre encontre, je ne m'opposerai pas non plus à James. Je crois que je vais gagner le Nord, ce clan de Denali. Ne le sous-estimez pas, ajouta-t-il après une brève hésitation. C'est un esprit brillant, et ses sens sont aiguisés. Il est tout aussi à l'aise que vous parmi les humains, et il n'attaquera pas de front... Je suis navré de ce qui vient de se produire, vraiment désolé.

  Il baissa la tête, ce qui ne m'empêcha pas d'intercepter un nouveau coup d'œil décontenancé à mon adresse.

  — Allez en paix, répondit Carlisle avec solennité.

  Après un ultime tour d'horizon, Laurent s'empressa de sortir. Le silence dura moins d'une seconde.

  — Où est-il ? demanda Carlisle à Edward.

  Esmé bougeait déjà. Elle effleura un clavier fixé au mur et, dans un gémissement, d'énormes volets métalliques se mirent à monter le long de la paroi vitrée. J'en restai coite.

  — À environ cinq kilomètres de la rivière. Il opère un contournement afin de retrouver la femelle.

  — Qu'avez-vous décidé ?

  — Nous l'attirons ailleurs pendant que Jasper et Alice emmènent Bella vers le sud.

  — Et ensuite ?

  — Nous le chassons.

  La voix d'Edward résonnait d'accents meurtriers.

  — J'imagine que nous n'avons pas d'autre choix, admit son père avec morosité.

  — Monte avec elle et échangez vos vêtements, ordonna Edward à Rosalie.

  Elle le toisa, livide et ahurie.

  — Pourquoi ferais-je ça ? riposta-t-elle. Qu'est-elle pour moi ? Mis à part une menace... un danger que tu as décidé de faire peser sur nous tous.

  Un tel venin suintait de ces paroles que j'en tremblai.

  — Rose... chuchota Edward en posant une main sur son épaule.

  Elle se dégagea. Je surveillais Edward de près. Connaissant son tempérament colérique, je craignais le pire. Il m'étonna cependant en se détournant de sa sœur sans insister.

  — Esmé ? lança-t-il calmement.

  — Bien sûr, murmura cette dernière.

  Elle fut à côté de moi en un éclair. Me prenant sans effort dans ses bras, elle se rua dans l'escalier avant que j'aie eu le temps de réagir.

  — Que se passe-t-il ? demandai-je, essoufflée, quand elle m'eut reposée dans une pièce obscure du second étage.

  — Nous allons essayer de mélanger nos odeurs, m'expliqua-t-elle. Un pis-aller qui ne durera pas longtemps, mais
t'aidera peut-être à filer.

  J'entendis ses vêtements tomber par terre.

  — Je ne crois pas que nous ayons la même taille.

  Sans m'écouter, elle s'activait à passer ma chemise par-dessus ma tête. Renonçant à discuter, je me débarrassai de mon jean. Elle me tendit quelque chose, un chemisier (si mes doigts ne me trompaient pas) que je tâchai d'enfiler rapidement. Elle me passa ensuite son pantalon, il était trop long. Elle en roula aussitôt l'ourlet. De son côté, elle arborait déjà mes habits. Elle me ramena en haut des marches, où Alice m'attendait, un petit sac de cuir à la main. Toutes deux m'attrapèrent par le coude et me portèrent jusqu'en bas.

  En notre absence, tout avait été apparemment organisé. Edward et Emmett étaient prêts à partir, le second chargé d'un sac à dos qui semblait lourd. Carlisle remit un objet à Esmé puis, se tournant vers Alice, fit de même avec celle-ci. C'était un téléphone portable couleur argent.

  — Esmé et Rosalie prendront ta voiture, Bella, me dit-il en passant.

  Je hochai la tête en jetant un coup d'œil inquiet à la blonde sculpturale. Son regard n'était que reproches.

  — Alice et Jasper, utilisez la Mercedes. Les vitres teintées vous seront utiles, dans le Sud.

  Ils acquiescèrent.

  — Nous trois serons dans la Jeep.

  Je fus surprise d'apprendre que Carlisle avait l'intention d'accompagner Edward. Dans un élan de frayeur, je me rendis compte qu'ils avaient soigneusement planifié leur action.

  — Mordra-t-il à l'hameçon ? demanda Carlisle à Alice.

  Tout le monde se tourna vers elle tandis qu'elle fermait les yeux et se figeait de façon stupéfiante.

  — Il vous suivra, finit-elle par annoncer en rouvrant les paupières. La femme se chargera de la camionnette. Nous devrions pouvoir partir après.

  Elle paraissait sûre d'elle.

  — Alors, allons-y, déclara Carlisle en se dirigeant vers la cuisine.

  Au lieu de le suivre, Edward se précipita sur moi. Il me serra contre lui à m'en écraser, comme inconscient de la présence de sa famille autour de nous. Il hissa mon visage vers le sien, soulevant mes pieds de terre. Pendant la seconde la plus courte qui fût, ses lèvres glacées se posèrent durement sur les miennes. Puis ce fut fini. Gardant mon visage entre ses paumes, il plongea ses prunelles splendides et brûlantes dans les miennes et me reposa sur le plancher.

 

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