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RÉVÉLATION

Page 4

by Stephenie Meyer


  En dépit de leur tribu, Tanya et ses sœurs étaient cependant seules. En deuil. Car, il y avait fort longtemps, elles avaient eu une mère. Je me représentais le vide que cette perte avait créé, et mille années n’y changeraient rien. J’avais tenté d’imaginer les Cullen sans Carlisle – leur créateur, leur centre, leur guide, leur père. En vain.

  Carlisle m’avait raconté l’histoire de Tanya lors d’une des nombreuses soirées où je m’étais attardée à la villa blanche, tâchant d’en apprendre le plus possible, me préparant du mieux que je pouvais à l’avenir que je m’étais choisi. La légende de la mère de Tanya n’était qu’un conte parmi tant d’autres qui illustrait une seule des règles dont il me faudrait être consciente quand j’aurais rejoint le monde des immortels. En réalité, il n’existait qu’une règle, qui se subdivisait en milliers de facettes : garder le secret.

  Cette expression recouvrait tout un tas de choses – mener une vie ordinaire comme les Cullen, déménager avant que les humains ne découvrent qu’ils ne vieillissaient pas. Ou bien, éviter carrément les humains, sauf à l’heure des repas, ainsi que les nomades tels James et Victoria l’avaient fait, comme continuaient de le faire les amis de Jasper, Peter et Charlotte. Cela impliquait de contrôler les éventuels nouveaux vampires que vous décidiez de créer, à l’exemple de Jasper du temps où il avait vécu en compagnie de Maria. A contrario de Victoria, qui avait échoué à gérer les siens.

  Cela supposait également de s’abstenir de fabriquer certaines créatures, parce qu’elles se révélaient totalement incontrôlables.

  — J’ignore comment s’appelait la mère de Tanya, avait admis Carlisle, dont les prunelles dorées avaient presque la couleur exacte de ses cheveux et qui s’étaient teintées de tristesse au souvenir de la douleur de son amie. Si elles peuvent l’éviter, les trois sœurs n’en parlent jamais. Et elles y pensent toujours avec réticence.

  » La femme qui a créé Tanya, Kate et Irina, qui les aimait, je suppose, vivait très longtemps avant ma naissance, à une époque où la Terre était en proie à une calamité, la peste des enfants immortels. Je n’arrive pas à saisir ce que ces anciens avaient en tête quand ils ont transformé en vampires des humains qui étaient à peine des enfançons.

  À cette description, j’avais été obligée de ravaler la bile qui m’était montée dans la gorge.

  — Ils étaient magnifiques, s’était empressé de poursuivre Carlisle en voyant ma réaction. Tellement attachants, tellement charmants, c’était inimaginable. Il n’était même pas utile de les côtoyer pour les aimer, c’était automatique.

  » Hélas, ils étaient rétifs à toute éducation. Ils étaient coincés à l’âge qu’ils avaient au moment d’être mordus. D’adorables gamins de deux ans avec des fossettes et des zozotements, capables de détruire la moitié d’un village par caprice. Il suffisait qu’ils aient faim pour qu’ils décident de se nourrir, et aucune mise en garde ne réussissait à les influencer. Les humains les virent, des histoires se mirent à circuler, la peur se répandit comme une traînée de poudre…

  » La mère de Tanya avait créé l’un de ces petits. Là encore, je ne suis pas capable de comprendre ses motivations. Naturellement, les Volturi eurent vent de l’affaire.

  La respiration de Carlisle s’était faite plus profonde, plus mesurée. La mention de ce nom avait provoqué un tressaillement chez moi, comme toujours. Il était toutefois naturel que la légion des vampires italiens – qui se prenaient pour une famille royale – se retrouvât au centre de cette histoire. Sans châtiment, il n’y avait pas de loi ; sans personne pour l’administrer, il n’y avait pas de châtiment. En l’occurrence, les vieux Aro, Caïus et Marcus, qui régnaient sur les troupes des Volturi. Je ne les avais rencontrés qu’à une brève occasion, mais elle avait suffi pour que j’eusse l’impression qu’Aro, avec son puissant pouvoir – rien qu’un effleurement, et il découvrait vos moindres pensées –, était le véritable chef de ce clan.

  — Les Volturi étudièrent les enfants immortels, chez eux à Volterra et partout dans le monde. Caïus décréta que les plus jeunes n’étaient pas en mesure de garder notre secret. Il fallait donc les détruire.

  » Je t’ai dit qu’ils étaient adorables. Des congrégations entières luttèrent jusqu’au dernier homme, furent totalement décimées, en tentant de les protéger. Le carnage ne fut pas aussi intense que lors des guerres qui eurent lieu au sud de ce continent-ci, mais encore plus dévastateur, à sa manière. Des familles de bonne renommée, de vieille tradition, des amis… Les pertes furent énormes. Pour finir, la pratique fut prohibée. Les enfants immortels devinrent indignes d’être mentionnés. Un tabou.

  » Du temps où je vivais avec les Volturi, j’ai rencontré deux de ces spécimens. Je sais donc de quoi je parle quand je dis qu’ils étaient envoûtants. Aro s’est intéressé à eux longtemps après la fin de la catastrophe qu’ils avaient involontairement provoquée. Tu connais sa curiosité. Il espérait réussir à les dompter. À la fin, cependant, la décision a été unanime. Il n’était pas envisageable d’autoriser ces créatures à vivre.

  J’avais tout oublié de la mère des sœurs de Denali quand le récit était revenu à elle.

  — Nul ne sait exactement ce qui s’est passé avec la mère de Tanya, avait repris Carlisle. Tanya, Kate et Irina ignoraient tout, jusqu’au jour où les Volturi ont surgi, détenant déjà leur créatrice et l’enfant qu’elle avait illégalement produit. Leur ignorance a sauvé les filles. En les touchant, Aro a constaté qu’elles étaient innocentes, et elles échappèrent à la punition.

  » Aucune d’elles n’avait jamais vu le garçon, n’avait seulement soupçonné son existence avant d’assister à son immolation dans les bras de leur mère. Je pense que cette dernière avait ainsi voulu les épargner. Mais pourquoi avait-elle créé l’enfant en premier lieu ? Qui était-il ? Qu’avait-il représenté à ses yeux pour qu’elle ose franchir la ligne jaune ? Ni Tanya ni ses sœurs n’ont jamais obtenu de réponse à ces questions, même si elles n’ont pu douter de la culpabilité de leur mère. Je ne crois pas qu’elles lui aient pardonné, d’ailleurs.

  » Malgré l’affirmation de leur innocence, Caïus voulait qu’on les brûle. Coupables par association. Elles ont eu de la chance qu’Aro ait été d’humeur miséricordieuse ce jour-là. On a pardonné aux filles, mais leurs cœurs ont été brisés pour toujours, et elles observent depuis un respect fort salutaire envers les règlements…

  J’ignore quand mes souvenirs se transformèrent en rêve. Alors que je me revoyais écouter Carlisle tout en le fixant avec attention, je me retrouvai soudain dans un champ nu et gris, sur lequel flottait une lourde odeur d’encens. Je n’y étais pas seule.

  Le groupe de silhouettes enveloppées dans des capes cendreuses au milieu du pré aurait dû me terrifier – il ne pouvait s’agir que de Volturi et, en dépit de ce qu’ils avaient ordonné lors de notre entretien, j’étais encore humaine. Mais j’avais conscience, comme cela se produisait parfois dans les rêves, d’être invisible.

  J’étais entourée de tas fumants. Identifiant l’arôme douceâtre qui s’en dégageait, je préférai ne pas examiner ces monceaux de trop près. Je n’avais aucun désir de voir les traits des vampires exécutés, à demi effrayée à l’idée de reconnaître quelqu’un dans ces bûchers.

  Les soldats Volturi formaient un cercle autour de quelque chose ou de quelqu’un. Leurs murmures me parvinrent, agités. J’allai à eux, incitée par mon rêve à découvrir ce qu’ils étudiaient avec autant d’intensité. Me faufilant prudemment entre deux colosses encapuchonnés mar monnant, je finis par distinguer l’objet de leur débat, sur un monticule.

  Il était magnifique, adorable, ainsi que l’avait décrit Carlisle. Le garçon avait dans les deux ans sans doute. Des boucles d’un brun clair encadraient son visage de chérubin aux joues rouges et aux lèvres pleines. Il tremblait, les yeux fermés comme s’il avait trop peur pour contempler la mort qui venait à lui, plus proche chaque seconde.

  Je fus soudain prise d’un tel b
esoin de sauver ce bel enfant apeuré que les Volturi, malgré la menace dévastatrice qu’ils représentaient, n’eurent plus d’importance pour moi. Je les écartai sans me soucier de savoir s’ils s’étaient aperçus de ma présence. Je me précipitai vers le petit… et m’arrêtai net en vacillant, quand je me rendis compte du matériau dont était constitué le monticule sur lequel il était assis. Ce n’était ni de la terre ni des pierres, mais un empilement de cadavres, exsangues, immobiles. J’eus le malheur de regarder leurs visages. Je les connaissais tous – Angela, Ben, Jessica, Mike… et, juste sous l’exquis garçonnet, les corps de mon père et ma mère.

  L’enfant ouvrit les paupières, révélant ses yeux rouge sang.

  3

  GRAND JOUR

  Mes propres yeux s’ouvrirent d’un seul coup.

  Pendant quelques minutes, je restai allongée dans mon lit tiède, frissonnante, haletante, encore en proie au rêve dont j’essayais de me libérer. À l’extérieur de la fenêtre, le ciel vira au gris puis au rose pâle, cependant que j’attendais que ralentissent les battements de mon cœur.

  Lorsque j’eus repris totalement conscience de la réalité de ma chambre familière et désordonnée, je m’agaçai de moi-même. Quel rêve idiot, la nuit précédant mes noces ! Voilà ce que je récoltais, à me tourmenter avec des histoires sordides au milieu de la nuit.

  Pressée d’oublier ce cauchemar, je me préparai et descendis à la cuisine bien plus tôt que nécessaire. Pour commencer, j’entrepris de nettoyer les pièces déjà propres du rez-de-chaussée, puis je servis son petit déjeuner à Charlie quand il fut levé. J’étais personnellement beaucoup trop énervée pour avaler quoi que ce soit, et je ne cessais de sautiller sur ma chaise.

  — N’oublie pas que tu dois passer chercher M. Weber à quinze heures, rappelai-je à mon père.

  — Je n’ai rien d’autre à faire que trimballer le pasteur, aujourd’hui ! Je ne risque pas de zapper.

  Charlie s’était octroyé une journée entière de congé pour le mariage, et il était effectivement désœuvré. De temps à autre, il jetait un coup d’œil furtif au placard où il rangeait ses cannes à pêche.

  — Je te signale que tu dois également t’habiller afin d’être présentable.

  Le nez dans son bol de céréales, il plissa le front et marmonna quelques paroles peu intelligibles sur son « costume de clown ». Tout à coup, on frappa sèchement à la porte.

  — Ne te plains pas, ajoutai-je en grimaçant. Alice va jouer à la poupée avec moi pendant des heures.

  Il acquiesça pensivement, manière de concéder que son épreuve était moins pénible que la mienne. En passant derrière lui, je lui embrassai vivement le sommet du crâne, et il rougit en grommelant tandis que j’ouvrais à ma meilleure amie et future belle-sœur.

  Contrairement à leur habitude, les cheveux courts d’Alice n’étaient pas hérissés, mais lissés et retenus par des barrettes pour former des accroche-cœurs autour de son visage de lutin, ce qui lui donnait un air de femme d’affaires plutôt étonnant. Elle salua à peine Charlie avant de m’entraîner dehors.

  Lorsque je fus assise dans sa Porsche, elle m’inspecta d’un œil critique.

  — Non mais regarde-moi un peu tes yeux, maugréa-t-elle avec des claquements de langue réprobateurs. Qu’as-tu fabriqué ? Tu ne t’es pas couchée ?

  — Presque.

  — J’ai consacré beaucoup de temps à te rendre fracassante, Bella, se fâcha-t-elle. Tu aurais pu prendre un peu mieux soin de mon matériau de base.

  — Personne ne me demande d’être fracassante. Le plus embêtant est que je risque de m’endormir pendant la cérémonie et de ne pas être en mesure de dire « oui » quand il le faudra. Compte sur Edward pour en profiter et se défiler.

  — Je te réveillerai à coups de bouquet au moment voulu, promit-elle en éclatant de rire.

  — Merci.

  — Enfin, tu auras tout le temps de dormir, demain dans l’avion.

  Je sourcillai. Demain. Si nous partions sitôt la réception finie et que nous étions encore dans l’avion le lendemain… eh bien, il était clair que notre destination n’était pas Boise, la capitale de l’Idaho. Edward n’avait laissé filtrer aucun indice. Le mystère ne me tracassait pas trop, mais je trouvais bizarre d’ignorer où je dormirais la prochaine nuit. Ou ne dormirais pas, avec un peu de chance…

  Comprenant qu’elle venait de lâcher une information, Alice se renfrogna.

  — Tes affaires sont prêtes, lança-t-elle, histoire de détourner mon attention.

  Ce qui fonctionna.

  — Alice ! J’aurais bien aimé boucler mes bagages toute seule.

  — Pas question ! Tu en aurais trop appris.

  — Je t’aurais surtout empêchée de dévaliser les magasins !

  — D’ici dix petites heures, tu seras officiellement ma sœur. Il serait temps que tu règles ton aversion ridicule pour les vêtements neufs.

  Le regard fixé sur le pare-brise, je boudai pendant presque tout le trajet jusqu’à la villa.

  — Est-il rentré ? finis-je par demander.

  — Ne t’inquiète pas, il sera là longtemps avant qu’ils envoient la musique. Mais interdiction de le voir, quelle que soit l’heure à laquelle il reviendra. Nous observerons les traditions.

  — Ben tiens ! ricanai-je.

  — Bon, d’accord, nature des mariés exceptée.

  — Tu sais bien qu’il aura déjà regardé la robe en douce.

  — Du tout ! Je suis la seule à l’avoir vue. J’ai pris grand soin de ne pas y penser quand il était dans les parages.

  — Nom d’un chien ! m’exclamai-je quand nous nous engageâmes sur le sentier. Tu as réutilisé les décorations de la soirée de remise des diplômes !

  Les quatre kilomètres de chemin étaient une fois encore ornés de centaines de milliers de petites ampoules clignotantes. Pour l’occasion, Alice y avait ajouté des nœuds de satin.

  — Il ne faut rien gaspiller. Et profite du spectacle, car tu n’auras pas le droit de voir les décorations de l’intérieur avant la cérémonie.

  Elle s’engouffra dans le garage caverneux situé sur le flanc nord de la maison. La grosse Jeep d’Emmett n’était pas là.

  — Depuis quand la future n’est-elle pas autorisée à admirer le décor ? m’indignai-je.

  — Depuis qu’elle m’a chargée de tout organiser. Je tiens à ce que tu prennes la pleine mesure des choses quand tu descendras l’escalier.

  Elle plaqua sa main sur mes yeux avant de me laisser entrer dans la cuisine, où un mélange d’odeurs m’assaillit.

  — Qu’est-ce que c’est ? demandai-je, tandis qu’elle me guidait à travers la demeure.

  — C’est trop ? répondit-elle, soudain anxieuse. Tu es la première humaine à pénétrer ici. J’espère ne pas m’être trompée.

  — Au contraire, c’est merveilleux !

  Le parfum était enivrant, sans pour autant être trop lourd. L’équilibre entre les différentes fragrances était subtil, parfait.

  — Fleur d’oranger, récitai-je, lilas et… quelque chose d’autre. J’ai raison ?

  — Très bien, Bella. Tu as juste oublié le freesia et la rose.

  Elle me libéra une fois dans l’immense salle de bains de l’étage. Après avoir contemplé le long comptoir couvert d’un équipement digne d’un salon de beauté, je commençai à ressentir la fatigue de ma nuit blanche.

  — Est-ce vraiment nécessaire ? soupirai-je. Malgré tes efforts, j’aurai l’air banale comparée à lui.

  Elle m’obligea à m’asseoir sur un fauteuil rose.

  — Personne n’osera te traiter de banale quand j’en aurai terminé avec toi.

  — Ils auront trop peur que tu leur suces le sang, marmonnai-je.

  M’appuyant au dossier, je fermai les paupières, dans l’espoir de piquer un petit somme. Pendant qu’Alice s’activait – masque, lustre, polissage de la moindre parcelle de mon corps –, je somnolai effectivement par à-coups.

  Après le déjeuner, Rosalie nous rejo
ignit, vêtue d’une robe longue aux reflets argentés, ses cheveux dorés rassemblés en couronne sur le sommet de la tête. Elle était si belle que j’eus envie de pleurer. À quoi bon tenter de se pomponner quand Rosalie était dans les parages ?

  — Ils sont rentrés, annonça-t-elle.

  Aussitôt, mon puéril accès de désespoir s’évanouit. Edward était à la maison.

  — Qu’il ne vienne surtout pas ici ! s’exclama Alice.

  — Il ne prendra pas le risque de te fâcher aujourd’hui, la rassura sa sœur. Il tient trop à la vie. Esmé les a chargés de terminer les préparatifs dans le jardin de derrière. Tu as besoin d’aide ? Je pourrais m’occuper de sa coiffure.

  Ma mâchoire se décrocha, et je cherchai à rendre mon cerveau inviolable. Rosalie ne m’avait jamais beaucoup aimée. Pire encore, elle se sentait personnellement offensée par mon choix de vie. Sa beauté immatérielle, sa famille aimante, l’âme sœur qu’était Emmett, elle aurait volontiers troqué le tout pour redevenir humaine. Or j’étais là, prête à jeter aux orties, sans condition, tout ce qu’elle désirait dans l’existence, comme s’il s’agissait de déchets. Voilà qui ne me rachetait pas à ses yeux.

  — Avec plaisir, répondit Alice. Commence par les nattes. Le voile viendra ici, par-dessous.

  Ses mains entreprirent de peigner mes cheveux, les soulevant, les tordant, illustrant dans le détail ce qu’elle souhaitait. Celles de Rosalie prirent le relais, façonnant la coiffure avec un toucher léger comme une plume, cependant qu’Alice se concentrait de nouveau sur mon visage.

  Après avoir félicité Rosalie pour son travail, Alice l’envoya chercher ma robe, puis lui demanda de localiser Jasper, lequel avait été chargé de récupérer ma mère et Phil à leur hôtel. D’en bas me parvenaient les bruits d’une porte sans cesse ouverte et refermée. Des voix commençaient à monter jusqu’à nous.

  Alice me pria de me lever afin de m’habiller. Mes jambes tremblaient si fort que, tandis qu’elle agrafait l’alignement de boutons en perles qui couraient le long de mon dos, le satin s’agita en vaguelettes.

 

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