RÉVÉLATION

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RÉVÉLATION Page 14

by Stephenie Meyer


  — Tu as déjà songé à sortir avec une fille, Quil ? demandai-je.

  — Quoi ?

  — Non, pas jaune ! brailla Claire.

  — Avec une vraie fille, s’entend. Juste pour le moment. Les soirs où tu n’es pas baby-sitter.

  Il me contempla avec des yeux ronds.

  — Cailloux ! Cailloux ! piailla la gamine quand elle constata qu’il avait cessé de jouer.

  Elle abattit son petit poing sur son crâne.

  — Excuse-moi, Claire. Que dis-tu de ce joli violet ?

  — Non ! rigola-t-elle. Caca !

  — Aide-moi, s’il te plaît. Je suis perdu, là.

  — Ve’t, consentit-elle à lâcher après quelques secondes de réflexion.

  Il se mit à examiner les galets, en ramassa quatre verts différents et les lui montra.

  — C’est bon ?

  — Ouais !

  — Lequel choisis-tu ?

  — Tous !

  Elle tendit ses mains en coupe et il versa les cailloux dedans. Rieuse, elle entreprit aussitôt de le cogner avec sur la tête. Faisant une grimace théâtrale, il se releva et se dirigea vers le parking. Il s’inquiétait sûrement qu’elle attrape froid dans ses vêtements mouillés. Il était pire qu’une mère paranoïaque et trop protectrice.

  — Désolé de t’avoir embêté avec cette histoire de fille, mec, m’excusai-je.

  — Non, non, pas de souci. J’ai juste été surpris. Je n’y avais pas pensé.

  — Je suis sûr qu’elle pigera. Quand elle sera grande. Elle ne t’en voudra pas d’avoir vécu ta vie pendant qu’elle portait encore des couches.

  — Je sais. Elle comprendra.

  Il n’ajouta rien, cependant.

  — Sauf que tu ne le feras pas, hein ?

  — Je n’arrive pas à l’envisager, murmura-t-il. Je ne l’imagine pas. Pour moi… je ne regarde personne de cette manière. Je ne remarque plus les filles, tu sais ? Je ne vois pas leurs visages.

  — Eh ben ! Ajoute le maquillage et la tiare, et c’est une autre forme de rivalité que Claire devra affronter.

  Quil s’esclaffa et m’adressa des baisers sonores.

  — Tu es libre vendredi, Jacob ? me lança-t-il.

  — Tu voudrais bien, hein ? ricanai-je. Oui, je suppose que je le suis, ajoutai-je avec une grimace.

  — Et toi, répondit-il après une brève hésitation, tu as songé à sortir avec des filles ?

  Je poussai un soupir. Je l’avais cherché.

  — Tu devrais peut-être te mettre à vivre un peu, Jake.

  Il ne l’avait pas dit sur le ton de la plaisanterie. Sa voix était pleine de compassion. Ce qui était pire.

  — Moi non plus, je n’arrive pas à l’envisager, Quil. Moi non plus, je ne vois pas leurs visages.

  Il soupira à son tour. Soudain, très loin, et trop faible pour que quiconque sauf nous le perçoive, un hurlement monta de la forêt.

  — Zut ! maugréa Quil. C’est Sam.

  Il leva les mains et toucha Claire, comme pour s’assurer qu’elle était toujours là.

  — Je ne sais même pas où est sa mère, enchaîna-t-il.

  — Je pars me renseigner. Si on a besoin de toi, je t’avertirai. Pourquoi ne la porterais-tu pas chez les Clearwater ? Sue et Billy s’occuperont d’elle. Si ça se trouve, ils savent ce qui se passe.

  — D’accord. File, Jake !

  Je partis en courant. Délaissant le sentier entre les haies herbeuses, je coupai au plus court en direction de la forêt, sautant par-dessus les morceaux de bois flotté pour foncer dans les ronces. Les épines déchirèrent ma peau, je les ignorai. Les éraflures cicatriseraient avant même que j’aie atteint la ligne des arbres. Je passai derrière la supérette, traversai l’autoroute, où quelqu’un klaxonna. Une fois en sécurité sous les frondaisons, j’accélérai. Si j’avais galopé ainsi au vu et su de tous, les gens auraient été interloqués. Les humains normaux ne couraient pas à cette vitesse. Parfois, j’avais songé qu’il serait amusant de participer à des compétitions, les Jeux olympiques par exemple, rien que pour me régaler de la tête des autres athlètes quand je les aurais semés. Sauf que les tests sanguins qu’ils pratiquaient pour s’assurer que vous ne preniez pas de stéroïdes auraient sans doute révélé des anomalies dans mon sang.

  Dès que je fus au cœur de la forêt, loin des routes ou des habitations, je m’arrêtai et me débarrassai de mon short. Avec une rapidité acquise à force d’entraînement, je roulai le vêtement et le fixai au cordon de cuir attaché à ma cheville. Je terminais à peine la boucle que je commençai à me transformer. La brûlure envahit ma colonne vertébrale en déclenchant de petits spasmes dans mes membres. Une seconde suffit. La chaleur me submergea, et je sentis le miroitement silencieux qui faisait de moi quelque chose d’autre. Abattant mes grosses pattes sur le sol, je m’étirai longuement.

  La modification était facile, quand j’étais aussi concentré qu’à présent. Mon caractère emporté ne me donnait plus de soucis. Sauf quand la colère prenait le dessus. L’espace d’une demi-seconde, je me souvins ce qui s’était produit lors de cette mauvaise blague de mariage. J’avais été dans une telle fureur que je n’avais pas réussi à faire fonctionner mon corps correctement. J’avais été piégé par les tremblements et les brûlures, incapable d’accomplir la transformation et de tuer le monstre qui se trouvait à seulement quelques mètres de moi. Ç’avait été une expérience déroutante – l’envie de le tuer, la peur de la blesser, mes amis dans le chemin. Ensuite, quand j’avais réussi à prendre la forme que je voulais, l’ordre du chef était venu. L’édit de l’Alpha. S’il n’y avait eu sur place qu’Embry et Quil, pas Sam… aurais-je été capable de liquider l’assassin ? Je détestais que Sam nous impose ainsi sa loi. Je détestais l’impression de ne pas avoir le choix. D’avoir à obéir.

  Brusquement, je fus conscient de ne plus être seul, d’avoir un auditoire.

  Quel égocentrisme, pensa Leah.

  Ouais, ma vieille, je ne suis pas hypocrite, moi, rétorquai-je sur le même mode.

  Ça suffit, les gars ! ordonna Sam.

  Nous nous tûmes, et je devinai que Leah avait tressailli au mot « gars ». Toujours aussi susceptible. Sam fit semblant de ne rien avoir remarqué.

  Où sont Quil et Jared ?

  Quil s’occupait de Claire. Il la dépose chez les Clearwater.

  Bien. Sue s’en chargera.

  Jared devait aller chez Kim, intervint Embry. Il risque de ne pas t’avoir entendu.

  Un grognement sourd agita la meute. Y compris moi. Quand Jared finirait par débouler, il penserait encore à Kim. Or personne ne tenait à s’appuyer une rediffusion de ce qu’ils étaient en train de vivre en ce moment. Sam s’assit et lança un deuxième hurlement. Un signal et un ordre à la fois. La meute était rassemblée à quelques kilomètres à l’est de l’endroit où j’étais. Je bondis vers elle. Leah, Embry et Paul la rejoignaient également. Leah n’était pas très loin de moi, et je ne tardai pas à entendre le bruit de ses pattes. Nous avancions en lignes parallèles plutôt qu’ensemble – elle comme moi préférions cela.

  En tout cas, pas question de l’attendre toute la journée. Il devra se mettre au courant plus tard.

  Que se passe-t-il, chef ? demanda Paul.

  Il faut que nous discutions. Un événement s’est produit.

  Les pensées de Sam – mais aussi de Seth, de Collin et de Brady – résonnèrent dans mon cerveau. Collin et Brady, les petits nouveaux, avaient patrouillé avec Sam, aujourd’hui. Ils savaient donc à quoi il faisait allusion. J’ignore pourquoi Seth était déjà là-bas, au parfum lui aussi. Il n’était pas de garde.

  Dis-leur ce que tu as appris, Seth.

  J’accélérai encore, désireux d’y être. J’entendis Leah se dépêcher elle aussi. Elle n’appréciait pas du tout qu’on la dépasse. Être la plus rapide était sa seule gloire.

  Gloire toi-même, crétin ! siffla-t-elle en redoublant ses efforts.

  Plantant mes griffes dans la terre, je m’accrochai.

 
; Jake, Leah, arrêtez ça ! ordonna Sam, qui n’était visiblement pas d’humeur à supporter nos bêtises.

  Ni elle ni moi ne ralentîmes pour autant. Sam gronda, mais n’insista pas.

  Seth ?

  Charlie a téléphoné partout jusqu’à ce qu’il trouve Billy chez moi.

  Oui, je sais, ajouta Paul, je lui ai parlé.

  Une décharge électrique me secoua. C’était donc ça. L’attente avait pris fin. Je courus plus vite tout en m’efforçant de respirer, mes poumons donnant soudain l’impression d’être figés. Quelle histoire serait-ce, finalement ?

  Il flippe. Figurez-vous qu’Edward et Bella sont rentrés la semaine dernière, et…

  Dans ma poitrine, l’oppression s’amoindrit. Elle était vivante. Du moins, elle n’était pas encore morte. Je n’avais pas deviné la différence que cette distinction revêtirait à mes yeux. Je l’avais imaginée morte tout le temps, ce dont je ne me rendais compte que maintenant. Je n’avais pas cru un seul instant qu’il la ramènerait en vie. Ce qui n’avait pas d’importance, puisque je pressentais ce qui allait suivre.

  Tu as raison, frère. Voici les mauvaises nouvelles. Charlie lui a parlé, et elle n’est pas en forme. Elle prétend être malade. Carlisle a expliqué à Charlie que Bella avait attrapé une maladie rare en Amérique du Sud. Il l’a placée en quarantaine. Charlie devient fou, parce qu’il n’est pas autorisé à la voir. Il se fiche d’être contaminé, mais Carlisle refuse. Pas de visites. D’après lui, c’est grave, même s’il fait son possible. Voilà des jours que Charlie rumine, mais il n’a téléphoné à Billy qu’aujourd’hui. Pour lui annoncer que l’état de Bella avait empiré.

  Le silence qui suivit cette révélation fut lourd. Tous, nous en comprenions les implications.

  Ainsi, elle allait mourir de maladie. Si ce que racontait Charlie était vrai. L’autoriserait-il à se recueillir sur son cadavre ? Le corps pâle, parfaitement immobile, ne respirant plus ? Ils ne pourraient lui permettre de la toucher, car il risquerait de s’apercevoir à quel point sa peau froide serait dure. Ils devraient attendre jusqu’à ce qu’elle soit capable de rester tranquille, capable de ne pas tuer Charlie, ni les autres personnes en deuil. Combien de temps cela prendrait-il ? L’enterreraient-ils ? Se sortirait-elle seule de la tombe, ou les buveurs de sang viendraient-ils la libérer ?

  Les autres écoutaient mes réflexions sans intervenir. J’avais beaucoup plus réfléchi à cette éventualité qu’eux-mêmes.

  Leah et moi arrivâmes à la clairière à peu près en même temps. Elle s’arrangea quand même pour me précéder d’un museau. Elle s’affala près de son frère, cependant que je trottais m’installer à la droite de Sam. Paul se poussa pour me laisser la place.

  Je t’ai encore battu, pensa Leah.

  Je ne lui prêtai aucune attention.

  Qu’attendons-nous ? demandai-je.

  Personne ne répondit. Je décelai une hésitation générale.

  Hé ! Le traité a été rompu !

  Nous n’avons aucune preuve. Elle est peut-être vraiment malade…

  Oh ! Je t’en prie !

  Bon, d’accord, les circonstances sont troublantes, admit Sam, lentement. N’empêche… Es-tu sûr de toi, Jacob ? Est-ce ce qu’il faut faire ? Nous savons tous ce qu’elle voulait.

  Le pacte ne stipule rien au sujet des préférences de la victime !

  Mais est-elle une victime ? La qualifierais-tu ainsi ?

  Oui !

  Ils ne sont pas nos ennemis, Jake, intervint Seth.

  La ferme, le môme ! Ce n’est pas parce que tu as une espèce de vénération répugnante pour ce buveur de sang que ça change quelque chose à la loi. Ce sont nos ennemis. Ils sont sur notre territoire. Nous les liquidons. Je me fiche que tu aies eu du plaisir à être l’allié d’Edward Cullen, autrefois.

  Et que feras-tu quand Bella se battra avec eux, hein ? répliqua-t-il.

  Elle n’est plus Bella.

  C’est toi qui la tueras ?

  Je ne pus m’empêcher de tressaillir.

  Non, bien sûr que non ! poursuivit-il. Quoi, alors ? Tu chargeras l’un de nous de s’occuper d’elle ? Et ensuite, tu en voudras au responsable jusqu’à la fin de ta vie ?

  Je ne…

  Ben tiens ! Tu n’es pas prêt pour ce combat, Jacob.

  L’instinct prit le dessus, et je me plaquai au sol en grondant contre le loup couleur sable qui se tenait de l’autre côté du cercle.

  Jacob ! m’avertit Sam. Seth, tais-toi une seconde, s’il te plaît.

  Seth acquiesça d’un mouvement de sa grosse tête.

  Flûte ! lança Quil en arrivant à toute vitesse. Qu’est-ce que j’ai manqué ? J’ai entendu parler du coup de fil de Charlie…

  On va y aller, répondis-je. Et si tu filais chercher Jared chez Kim pour nous le rapporter par la peau du cou ? On aura besoin de tout le monde.

  Viens ici, Quil ! ordonna Sam. Nous n’avons encore rien décidé.

  Je grognai.

  Jacob, je suis obligé de prendre en compte l’intérêt de la meute. Il faut que je choisisse la méthode qui nous protégera tous au mieux. Les temps ont changé depuis que nos ancêtres ont signé le pacte. Je… franchement, je ne crois pas que les Cullen représentent un danger pour nous. Et nous savons tous qu’ils ne resteront pas longtemps ici. Ils disparaîtront sûrement après nous avoir servi leur histoire. Et nous, nous retrouverons une vie normale.

  Normale ?

  Si nous les défions, Jacob, ils se défendront.

  Tu as peur ?

  Et toi, es-tu prêt à perdre un frère ? Ou une sœur ?

  Je n’ai pas peur de mourir.

  Je sais. C’est la raison pour laquelle je me méfie de ton jugement.

  Je le regardai fixement.

  As-tu l’intention d’honorer le traité de tes ancêtres, oui ou non ?

  J’honore ma meute. Je fais ce qui est le mieux pour elle.

  Lâche !

  Son museau frémit, ses babines se retroussèrent sur ses crocs.

  Ça suffit, Jacob ! Ta décision est rejetée.

  La voix mentale de Sam avait pris l’étrange double timbre auquel nous n’avions pas le droit de désobéir. La voix de l’Alpha. Il interrogea des yeux l’ensemble des présents.

  La meute n’attaquera pas les Cullen sans avoir été provoquée, poursuivit-il. L’esprit du pacte demeure. Ils ne menacent pas notre peuple, ni les habitants de Forks. Bella Swan a choisi en connaissance de cause. Nous ne punirons pas nos anciens alliés à cause de sa décision.

  Bravo ! lança Seth, ravi.

  Je croyais t’avoir dit de la boucler, Seth.

  Houps ! Désolé, Sam.

  Où vas-tu, Jacob ?

  Quittant le cercle, je m’étais tourné vers l’ouest, de façon à ne plus le voir.

  Je vais dire au revoir à mon père. Si j’ai bien compris, il est inutile que je traîne encore longtemps ici.

  S’il te plaît, Jake, ne recommence pas !

  La ferme, Seth ! s’écrièrent plusieurs loups à l’unisson.

  Nous ne voulons pas que tu partes, dit Sam, plus doux à présent.

  Alors, force-moi à rester. Enlève-moi ma volonté. Fais de moi un esclave.

  Tu sais que je ne m’y résoudrai pas.

  Dans ce cas, il n’y a rien à ajouter.

  Je m’éloignai à toute vitesse en m’efforçant de ne pas penser à ce que je comptais faire ensuite. Pour cela, je me concentrai sur le souvenir de mes longs mois dans ma peau de loup, quand j’avais quitté mon humanité pour devenir plus animal qu’humain. Vivant au jour le jour, mangeant quand j’avais faim, dormant quand j’étais fatigué, buvant quand j’avais soif, et courant, courant pour le plaisir de courir. Des désirs simples et des réponses tout aussi simples à ces désirs. La souffrance se manifestant sous des formes faciles à gérer. Celle de la faim, celle de la glace sous mes pattes, celle de s’arracher les griffes quand la proie était impétueuse. À chaque douleur, une réponse simple, et un acte évident pour y mettre fin.

  Rien à voir
avec l’état d’être humain.

  Pourtant, dès que j’arrivai non loin de la maison, je repris mon corps d’homme. Il fallait que je puisse réfléchir sans être dérangé. Dénouant mon short, je le remis et repartis à toutes jambes chez moi.

  J’avais réussi. J’avais dissimulé mes pensées, et il était désormais trop tard pour que Sam m’arrête. Il ne m’entendait plus. Il avait donné des ordres très clairs. La meute n’attaquerait pas les Cullen.

  Il n’avait pas mentionné d’acte isolé.

  Non, la meute ne s’en prendrait à personne aujourd’hui.

  Mais moi, si.

  9

  POUR LE COUP, JE NE L’AI PAS VUE VENIR, CELLE-LÀ

  Je n’avais pas vraiment l’intention de dire au revoir à mon père. Après tout, un rapide coup de fil à Sam, et la partie serait terminée. Ils m’intercepteraient, m’obligeraient à reculer. Ils essaieraient sans doute de me mettre en colère, voire de me blesser, afin de me forcer à muter pour que Sam puisse édicter un nouvel ordre de sa voix d’Alpha.

  Malheureusement, Billy m’attendait, ayant deviné que je serais dans tous mes états. Il était dans le jardin, assis sur son fauteuil roulant, les yeux fixant l’endroit même d’où j’émergeai de la forêt. En l’apercevant, je filai directement vers mon garage, à l’arrière de la maison.

  — Tu as une minute, Jake ?

  Je stoppai net, le regardai, me détournai.

  — Allez, fils ! Au moins, aide-moi à rentrer.

  À la réflexion, je jugeai qu’il risquait de me causer plus d’ennuis avec Sam si je ne prenais pas le temps de lui mentir.

  — Depuis quand as-tu besoin d’aide, vieux brigand ? demandai-je en serrant les dents.

  Il éclata de son rire rauque.

  — Mes bras sont fatigués. Je me suis poussé ici depuis chez Sue.

  — Tu parles ! C’est en pente.

  Je fis rouler son fauteuil sur la rampe que j’avais édifiée pour lui et l’installai dans le salon.

  — Tu m’as eu, là. Je crois que j’ai atteint les cinquante kilomètres à l’heure. C’était super.

  — Quand tu auras bousillé ton fauteuil, tu seras obligé de ramper sur tes coudes, tu sais ?

 

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